Nouvelles révélations sur la fin du monde - CNCres

30 nov. 2012 - Et il rapporte, en prime, des actualités fraîches sur l'ESS, ..... Mutuelle assurance des coMMerçants et industriels de France et des cadres et ...
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Édition spéciale

Novembre 2012 : nos prédictions sur Internet lemois-ess.org

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Novembre 2012 / numéro 2 >> Gratuit

À LA UNE

Nouvelles révélations sur la fin du monde

L’édito de Bruno Gaccio

L’apocalypse est-elle pour le 21 décembre 2012 ? Pour vérifier la prédiction, nous sommes partis sur la trace des Mayas, au cœur de la jungle mexicaine. Scoop : après le Mois de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), en novembre, nous pouvons espérer l’arrivée d’un nouveau monde !

E Pas besoin de calendrier maya pour suivre le Mois de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS)… Expos, conférences, portes-ouvertes ou ciné-débats, retrouvez le programme de votre région sur www.lemois-ess.org. Nous vous y prédisons de belles rencontres et des découvertes étonnantes !

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nfin, la pyramide maya ! L’itinéraire indiqué par les villageoises, en fin de compte, avait été précis… Après onze kilomètres au coupe-coupe à travers la jungle, il m’avait fallu franchir un pont en liane branlant, suivre une rivière infestée de crocodiles, esquiver un jaguar, et découvrir enfin, au sommet d’une colline, le temple sacré ! Il était là, colossal, avec son escalier central, cerné par la jungle immense. En revanche, aucun prêtre à l’horizon… Et si j’étais venu pour rien ? En approchant, pourtant, je distinguais une mélopée. Un rite sacrificiel peutêtre ? Un chaman en transe ? Ah, non : un tube de Shakira, grésillant sur un transistor. Un vieil homme en short rose et à la barbe en collier l’écoutait paisiblement assis sur sa chaise de camping. - Por favor señor, je cherche le prêtre maya qui officie ici… - C’est moi. Jesus Rodriguez, enchanté ! - Enchanté, mais… Vous n’êtes pas habillé en Maya ? - Caramba ! Les Mayas ont disparu voilà des siècles… Mais je suis un de leurs descendants, et je me déguise souvent en prêtre pour les touristes. Je suis le guide de la pyramide. Une petite visite señor ? Decepción, pensai-je en chassant un moustique. Mon scoop semblait se volatiliser. « Je suis journaliste, et je viens faire la lumière sur cette fameuse prédiction

maya qui annonce la fin du monde pour le 21 décembre 2012… Comment savoir si elle est exacte ? » D’un geste sec, Jesus Rodriguez coupa la radio. Un silence moite s’abattit sur

la jungle, tout juste entrecoupé des cris stridents d’un rapace. Je baissais la tête, les yeux fixés sur les tongs de mon interlocuteur. > Lire la suite page 2

Soutenir l’économie sociale et solidaire n’est pas soutenir une idée, c’est soutenir une évidence. Une logique du vivre ensemble. Dans les années 80, une idéologie s’est mise en place : tout pour le profit maximum. On peut, à condition d’être d’une mauvaise foi de trader sourd, dire que ça a fonctionné pendant dix ans : il y a effectivement eu des profits énormes pour certaines entreprises. Mais l’actionnaire est devenu la personne la plus importante du monde, alors que dans aucune constitution le mot « actionnaire » n’apparaît. Ce type d’effets pervers a tué ce système, qui vit aujourd’hui son crépuscule (l’enterrement est prévu dans les cinq ans). Changer les présidents, les ministres, les directeurs de FMI ou créer des « instances de régulation » n’a aucun sens si on ne change pas de logique. La bonne logique, c’est que l’argent - qui n’est qu’un moyen - serve l’économie réelle, circule, aille aux citoyens, aux PME, aux coopératives, etc. Qu’il fasse tourner le système pour le mieux du plus grand nombre (je ne dis pas de tous, je ne suis pas utopique), et que cela crée de l’harmonie et de la fluidité dans le « vivre ensemble ». C’est pourquoi je soutiens l’ESS, parce que c’est à la fois simple, juste et efficace.

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|FRANCE|

acteurs de changement

À LA UNE (suite de la page 1) « Non, la fin du monde n’est pas pour demain », finit-il par répondre en se grattant les mollets. « Les calendriers de mes ancêtres prévoient des quantités d’événements pour les millénaires à venir ! En revanche, vous pouvez vous attendre à voir surgir un nouveau monde… » Le moustique repartait à l’attaque. J’imaginais déjà mon titre : « Nouvelles prédictions mayas pour le 21 décembre ! » Qu’allait-il donc me révéler ? « Pas besoin d’être sorcier pour le savoir », me répondit-il en allumant un ordinateur portable, caché sous un costume de prêtre. Jesus cliqua sur un site d’informations. « Le progrès technologique, le confort matériel, c’est bien beau, mais regardez un peu ces actualités : ici, des licenciements, là, des sans-abri, et puis tenez, une marée noire dans le Golfe du Mexique… Vous pensez que ça peut durer encore longtemps ? » Je regardais mes pieds. « Euh, non ? », tentai-je. « Claro que no ! Vous pouvez, comme nous, construire un monde plus juste ! » Le moustique venait de me piquer. Et pendant une longue heure, Jesus Rodriguez m’ouvrit les portes de son Eldorado. Voilà des années, les habitants de son village avaient décidé de se serrer les coudes. Jusqu’ici, chaque paysan cultivait sur son lopin une poignée de maïs et de haricots. Et chacun partait seul les vendre aux grossistes, souvent pour une misère. Les agriculteurs avaient donc choisi de se regrouper en coopérative ; ainsi ils négociaient de bien meilleurs prix de vente, et s’épaulaient dans leur travail. Ils s’étaient ensuite liés avec des entreprises du commerce équitable :

PANORAMA

« Elles garantissent un tarif d’achat minimum, et en plus, nous aident à financer notre école ! », s’exclama Jesus. Enthousiasmées, des femmes avaient eu alors l’idée de créer une mutuelle. Tous les villageois y cotisaient, et l’argent rassemblé permettait de payer un médecin si l’un d’eux tombait malade. Une association de tourisme solidaire avait même été fondée, afin que les visites guidées de la pyramide rapportent à tout le village. « Tout ça, c’est de « l’économie sociale et solidaire ». Nous travaillons ensemble, dans l’intérêt de tous ! », conclut Jesus. J’étais ébahi - quoiqu’un peu perplexe. - « Vous pensez que cela peut fonctionner dans nos pays ? - Bien sûr ! L’économie sociale et solidaire marche déjà depuis des siècles en Europe ! Si vous voulez mieux vivre ensemble, il vous reste à la développer encore, et à la faire connaître… - Mais comment ? » Jesus Rodriguez se retourna vers la pyramide maya, et m’indiqua du doigt un détail sur un bas-relief. J’y distinguais une suite de signes étranges : 11.2012. ESS+++§. « Vous ne comprenez pas ? En novembre 2012 doit avoir lieu le Mois de l’Economie Sociale et Solidaire. Des manifestations partout en France, pour découvrir une économie qui a du sens… Et cet événement devrait rendre le monde un peu plus équitable. Cette prédiction-là, je vous la garantis ! » Le moustique m’avait laissé un petit bouton. Je venais d’attraper le virus de « l’ESS ».

L’ESS vue par Jesus Rodriguez Le guide donne sa définition de l’économie sociale et solidaire. Avec l’ESS, nous créons des entreprises pour nous serrer les coudes. Voilà pourquoi nous préférons former des associations, des mutuelles, des coopératives ou des fondations. De cette manière, nous pouvons travailler dans l’intérêt du groupe – et non au profit de quelques-uns. Nos décisions y sont prises collectivement, plutôt que par un seul homme. Enfin ces entreprises nous appartiennent ; elles ne se revendent pas entre propriétaires. Et caramba, ça marche ! Même les touristes se mettent à visiter nos coopératives et nos associations, plutôt que d’aller photographier la pyramide !

s causes à défendre.

Rien à vendre. Que de

> Olivier Bonnin

MICRO-TROTTOIR

“Moi aussi, je prépare un nouveau monde !” Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice pour rendre la planète plus solidaire : au travail ou par le sport, en étudiant ou en faisant ses courses… Quatre acteurs de changement racontent comment ils participent quotidiennement à un monde plus social et solidaire.

Panorama 2012 de l’ESS en France et dans les régions Réalisé par l’Observatoire national de l’économie sociale et solidaire - CNCRES, cette nouvelle édition du « Panorama de l’ESS en France et dans les régions » sort en novembre 2012 ! Voici un nouvel outil gratuit et indispensable qui permettra aux curieux de découvrir ce qu’est cette autre façon d’entreprendre, sa présence dans tous les secteurs d’activité, et ce qu’il représente dans notre société. Les plus avertis y trouveront les dernières données officielles sur l’économie sociale et solidaire : nombre d’entreprises, de salariés, poids par secteurs d’activités, répartition territoriale, innovation et cohésion sociale.

Christophe, 48 ans Gérant de coopérative Saint-Antonin-Noble-Val (Midi-Pyrénées)

Nicole, 68 ans Retraitée Rennes (Bretagne)

Lucas, 26 ans Etudiant Paris (Ile-de-France)

Aurélie, 42 ans Artiste-peintre Montpellier (Languedoc-Roussillon)

« Je viens de transformer mon entreprise de production de films en « Société coopérative et participative » (Scop). Cela correspond à notre manière de travailler en équipe. Je suis le gérant, et si mes deux associés sont en désaccord avec moi, leur décision l’emporte. On a tous à s’apporter ! Et puis, nous profitons ainsi de l’entraide des autres coopératives. A mon niveau, je ne vais pas résoudre tous les problèmes de la planète. Mais avec l’ESS, je peux déjà œuvrer autour de moi pour faire avancer les choses dans le bon sens. »

« Auparavant je travaillais dans le domaine sportif. J’y ai découvert une association qui utilise le sport comme vecteur d’insertion, auprès de personnes en rupture sociale… Je l’ai rejointe il y a deux ans, en tant que secrétaire générale bénévole. Nous organisons des activités physiques pour des SDF et des migrants, ou encore pour des jeunes défavorisés. Et nous favorisons leur intégration professionnelle par des formations aux métiers du sport. L’activité physique est un merveilleux outil d’insertion. Chacun doit y avoir droit ! »

« Dès le début de mes études, j’ai recherché une façon d’être plus utile socialement. J’ai adhéré à une mutuelle étudiante ; et depuis, j’en suis devenu vice-président… Au nom des autres assurés qui m’ont élu, je dois faire face à des choix importants pour la santé des étudiants. Toutes les questions sont abordées : sexualité, nutrition, ou encore addictions. Nous inventons des solutions au profit de tous, en alliant notre légitimité de représentants des assurés à l’expérience de professionnels de santé. »

« Pour le café, le chocolat, ou le riz, je préfère acheter des produits équitables. C’est un petit peu plus cher, mais cela donne davantage de marge aux agriculteurs. Et cela limite les intermédiaires. L’industrie agroalimentaire est très puissante dans le monde, il faut un contre-pouvoir ! Pour acheter mes légumes, j’évite également les intermédiaires : j’achète directement à un producteur. C’est très bon, c’est de saison, et pas cher. Et sans transports polluants ! Acheter local, pour moi, c’est ça aussi le commerce équitable. »

acteurs de changement

Trois autres bâtisseurs du nouveau monde Le Mois de l’Economie Sociale et Solidaire a ses habitués. Zoom sur trois fidèles, qui pourraient bien changer votre existence !

Des idées sociales et solidaires pour toute la France

Même sans prêtre maya, les initiatives foisonnent dans le pays ! Pour créer des emplois, améliorer notre santé, ou faire pousser des légumes bio, l’économie sociale et solidaire invente des solutions qui donnent du sens à notre quotidien. Rendez-vous au Mois de l’ESS, en novembre, pour les découvrir !

Notre coopérative fabrique des emplois Sa recette : accompagner et réunir des créateurs d’entreprises… tout en les salariant !

L Nous développons l’emploi dans l’ESS L’économie sociale et solidaire occupe déjà près de 10% des salariés français. Mais des postes sont encore à pourvoir, par des candidats désireux de travailler autrement ! Le site ressourcessolidaires.org met en lien ces entreprises et ces postulants. Et il rapporte, en prime, des actualités fraîches sur l’ESS, et le monde du travail. Plus d’infos sur : www.ressources-solidaires.org

Nous offrons des terrains aux agriculteurs Chaque année nos villes s’étalent un peu plus. Et les terres agricoles deviennent de plus en plus chères ! Résultat, les paysans soucieux d’environnement peinent à s’y installer… Terre de liens se charge de leur louer des terrains. Elle parvient à les acheter ellemême, grâce à l’épargne et aux dons de citoyens motivés. La finance solidaire fait ainsi pousser l’agriculture bio… Plus d’infos sur : www.terredeliens.org

Nous fournissons de l’électricité verte Comment profiter de l’électricité sans recourir au nucléaire ou au charbon ? Enercoop a la solution : s’approvisionner uniquement auprès de producteurs d’énergies renouvelables. Et pour rendre l’énergie aux citoyens, cette entreprise a décidé d’être une coopérative : elle appartient ainsi à ses clients, autant qu’à ses fournisseurs ou à ses salariés. Plus d’infos sur : www.enercoop.fr

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e charbon appartient au passé de la ville d’Alès (Gard). Pourtant, la capitale des Cévennes a découvert sur son sol un gisement encore inconnu : la « Mine de talents » ! Cette structure, créée en 2005, offre un abri inédit aux créateurs d’entreprises. Non seulement elle les accompagne dans leur aventure professionnelle, mais en plus… elle leur offre la sécurité du salariat. Elle est ce qu’on appelle une « coopérative d’activités et d’emploi » (CAE). Sylvie Catelan, gérante et fondatrice, se charge d’aider les entrepreneurs à démarrer. « Nous accueillons tout type de public : des jeunes, des personnes de plus de 50 ans ayant subi un licenciement économique, beaucoup de femmes se retrouvant seules avec leurs enfants ... » Ils sont une vingtaine aujourd’hui, intéressés par les métiers de l’artisanat, l’informatique et la communication, ou encore le bien-être… Les premiers mois, la coopérative les aide à peaufiner leur projet. Puis, dès que leurs activités commencent à se développer, les entrepreneurs deviennent salariés de la CAE. « On démarre douce-

22 novembre Codolet (Gard) depuis trois ans, salarié de la CAE depuis 2006, cet informaticien y a découvert les valeurs de l’économie sociale et solidaire et du travail en réseau : « Avec d’autres membres aux compétences complémentaires, nous avons créé un département informatique, ce qui nous permet désormais de répondre à des commandes qui ne seraient tout simplement pas à la portée d’un professionnel isolé. » Une démarche que Mine de talents encourage : un nouveau département « bien-être et développement durable » sera inauguré lors de ce Mois de l’ESS… > Andrea Paracchini

ment, avec une dizaine d’heures salariées par mois. Au bout de deux ans en moyenne les membres arrivent à gagner plus d’un mi-temps, avec pour certains jusqu’à 3 500 euros par mois ! », explique Julie Potiquet, comptable. Aujourd’hui, la coopérative compte soixante-quinze salariés. Certains pour-

Notre mutuelle rend le sourire

5 novembre Strasbourg

Ici, pas d’actionnaire à payer : seul compte l’accès aux soins pour tous…

ront bientôt décider de partir développer leur activité à l’extérieur, ou encore de changer de voie. D’autres, en revanche, savourent cette façon d’entreprendre autrement… Ils peuvent alors s’engager dans la coopérative, et en devenir associés. C’est le cas de Xavier Féard. Coopérateur

EN SAVOIR PLUS : « Entreprendre autrement, est-ce possible ? » Porteurs de projets et grand public peuvent venir à la rencontre des entrepreneurs de Mine de talents pour tout savoir sur la CAE. Le 22 novembre, de 10 heures à 18 heures, au Centre municipal de Codolet. Infos : 04 66 56 51 26, [email protected]

L’ESS se partage au-delà des frontières

17 novembre Genève

Une coopération franco-suisse s’instaure pour développer l’économie sociale et solidaire.

L

C

haque année, 210 000 personnes fréquentent les 29 services de santé de la Mutualité française Alsace (MFA). « J’y viens pour la qualité des soins, et aussi pour les tarifs, et la pratique du tiers-payant », apprécie Henri Kuster, qui fréquente ces centres de santé depuis près de trente ans, et a entraîné sa famille dans son sillon. De fait, les véritables mutuelles possèdent un avantage précieux : elles n’ont aucun but lucratif ! En ouvrant des magasins d’optique ou des cabinets généralistes, « nous sommes au cœur de la philosophie mutualiste : proposer au plus grand nombre un accès à des soins de qualité », souligne Jacques Rumpler, qui dirige ces services à la MFA. La mutuelle modère donc ses tarifs, et multiplie ses implantations, au plus près des populations. Ainsi, au centre dentaire de Mulhouse, la patientèle est éclectique. Personnes en précarité, ou à pouvoir d’achat plus élevé,

mais aussi migrants. « Nous pouvons accueillir les patients en français, en arabe, et en turc », commente Jacques Rumpler. « Et en 2013, nous allons former les personnels des centres dentaires à mieux appréhender la relation aux soins de ces usagers. » Au total, la MFA accueille chaque jour 450 patients dans ses 8 centres dentaires. Nombre d’entre eux ne pourraient se permettre de payer un dentiste classique… Preuve que l’ESS rend le sourire ! > Audrey Reinhardt

EN SAVOIR PLUS : « Forum sur la Basse vision » La MFA informe sur la baisse de la vision avec l’âge, et sur les moyens de conserver son autonomie. Le 5 novembre après-midi, au Centre socio culture Le Galet, 1A rue de Balzac, Strasbourg. Infos : www.alsace.mutualite.fr, rubrique agenda

’économie sociale et solidaire s’échafaude aussi avec nos voisins… En 2007, une « Chambre de l’ESS » devient pleinement opérationnelle dans le canton de Genève, après plus de deux ans de réflexion. « Dès le lancement de ce projet, les responsables suisses ont sollicité notre Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress) de Rhône-Alpes. Nous avons participé à leur assemblée constituante », raconte Julie André, chargée de mission à Lyon. Entre ces deux promoteurs de l’ESS se créent alors des échanges, et des liens. « Ils participent aux événements que nous organisons, comme les forums de l’emploi », rapporte Julie André. Et les deux structures s’inspirent bientôt mutuellement… Ainsi les Suisses copient-ils le modèle français de la « CAE » (voir ci-dessus), pour développer leurs premiers incubateurs de l’ESS. Les Français, eux, reprennent l’exemple de la coopérative d’habitants. Les deux homologues ont fini par s’associer avec la Cress de Franche-Comté, et la Chambre de l’Economie Sociale et Solidaire du canton de Vaud, nouvellement créée. Grâce à des fonds européens, les quatre ont initié « l’Observatoire ESSpace », afin de mieux échanger de part et d’autre des frontières. Celui-ci sera formellement lancé le 17 novembre, lors d’une rencontre transfrontalière : « Quelles contributions de l’économie sociale et solidaire au territoire franco-valdo-genevois ? » « Cette manifestation est à la fois issue de la volonté politique des autorités genevoises de valoriser l’ESS dans leur futur contrat d’aggloméra-

tion, et un prétexte pour travailler ensemble », souligne Julie André, qui insiste sur les coopérations transfrontalières existantes entre la France et la Belgique, ou le RoyaumeUni. « Cela contribue à montrer la force de nos réseaux, et à mieux les faire connaître. » Les quatre structures planchent sur ce projet depuis juin 2011 avec des approches différentes. « Il faut apprendre à se connaître. Ce n’est pas facile d’arriver à construire quelque chose qui remplisse les attentes des quatre organisations. Nous n’avons pas la même approche de l’ESS des deux côtés de la frontière. Les Suisses, comme les Québécois avec qui nous travaillons aussi, sont plus pragmatiques, et opérationnels. Ils ne s’embêtent pas avec l’aspect protocolaire et ont un rapport aux élus plus facile. » De quoi inspirer, peut-être, l’ESS française ? > Audrey Reinhardt

EN SAVOIR PLUS : « Quelles contributions de l’ESS au territoire franco-valdo-genevois ? » Une rencontre transfrontalière avec 300 acteurs de l’ESS. Le 17 novembre, de 9 heures à 17 heures, à Uni Mail, bd du Pont-d’Arve 40, Genève. Infos : +41 76 213 01 88

acteurs de changement

Un chantier lancé sur toute la planète !

LA TRIBUNE DE

Nous réinventons le troc

Jean Louis Cabrespines, président du CNCRES, organisateur du mois de l’Economie Sociale et Solidaire.

Un nouveau système d’échange a été imaginé au Canada. Depuis, il a été imité en Europe et au-delà…

A

en croire certaines unes de la presse, les jours de l’euro seraient comptés. Si la monnaie commune ne devrait pas disparaître du jour au lendemain, il est vrai que de plus en plus d’Européens se passent des devises officielles dans leur vie quotidienne… C’est qu’ils ont été séduits par les systèmes d’échange locaux (Sel). Créés dans les années 1980 à Vancouver (Canada), les Sel remettent le troc au goût du jour. Quoi de plus efficace, quand on se retrouve les poches vides, dans l’impossibilité d’acheter quoi que ce soit ? Le système est relativement simple : « Je donne une heure de cours de guitare à un membre du Sel ; j’ai droit en retour à une heure de ménage, une séance de yoga, ou trois pots de confiture, d’un autre adhérent… Mais je peux aussi être payé en coupons. Je peux alors m’en servir pour acheter auprès de commerces et d’entreprises affiliés au réseau. »

Il n’est pas surprenant que le concept ait rapidement franchi les frontières du pays et même traversé l’océan, pour conquérir l’Afrique, ou le Vieux continent. Dans les années 1990, nos voisins italiens lançaient les premières Banche del tempo (Banques du temps) et allaient jusqu’à approuver en 2000 une loi encourageant les communes à ouvrir ces établissements. En Autriche, dans la région du Vorarlberg, un Sel a réussi à gagner la confiance des institutions locales : là-bas, 2 000 personnes échangent environ 30 000 heures par an, et certains règlent jusqu’à 75 % de leurs impôts locaux en coupons. Ailleurs, la crise a remis au cœur du débat ces alternatives à la monnaie. En Espagne, un blog, vivir sin empleo (vivre sans emploi), a fait une cartographie des Sel : il en existerait aujourd’hui près de trois cents dans le pays, et leur nom-

bre ne cesse de s’accroître. En Grèce, au plus dur de la crise, un millier d’habitants de la ville de Vólos ont lancé leur Sel ; une quinzaine d’autres localités ont suivi. Et en France ? On recense cinq cents Sel - certains très actifs, avec une centaine de membres, et d’autres en sommeil. Chez nous, l’innovation s’exprime surtout par la création de monnaies complémentaires. Mais les nouvelles expériences autour du troc ne manquent pas. C’est le cas par exemple des Accorderies, une déclinaison du Sel inventée au Québec. Spécifiquement conçues pour venir en aide aux habitants des quartiers populaires, elles ont fait leur apparition à Paris et Chambéry dès 2011. Alors, on échange ?

Elise Depecker, 36 ans, ancienne volontaire pour l’association Asmae, témoigne :

"Je suis partie en volontariat" « Après quatre années en entreprise, je suis partie en volontariat aux Philippines de 2001 à 2003 avec l’association Asmae - Sœur Emmanuelle. J’y ai accompagné des jeunes issus de la rue vers le travail, et l’autonomie. Dès la fin de mes études de commerce, j’avais cette envie de partir dans un pays en développement, de consacrer deux ans au service de l’intérêt général. Cette mission a fondé ma manière de concevoir mon métier. Je pourrais difficilement travailler dans une entreprise ou sur un projet qui n’a pas une finalité sociétale ! J’ai finalement rapporté des Philippines les clés pour intégrer du sens à ma vie professionnelle… Je suis aujourd’hui directrice opérationnelle d’une agence qui œuvre pour le développement de l’ESS. » > Andrea Paracchini

concours vidéo

> Andrea Paracchini

"L’ESS se structure dans le monde" L’année 2011 a vu l’émergence de nombreux bouleversements politiques et sociaux auxquels il a fallu apporter des réponses différentes dans des pays en recherche de nouvelles références. Dans ce contexte, le modèle économique dominant a trouvé ses limites. Dès lors, les pays dans lesquels les peuples l’ont rejeté ont développé un modèle existant mais renouvelé où l’engagement des populations se fait sur des critères économiques citoyens : celui de l’économie sociale et solidaire (ESS). En France même, ces changements sont notoires avec des engagements forts du Président de la République, la nomination d’un Ministre délégué à l’Economie Sociale et Solidaire, Benoît Hamon, un travail approfondi sur une loi pour l’ESS qui verra le jour en 2013, des groupes parlementaires (Assemblée Nationale et Sénat) fortement impliqués. 2011 a été marquée par des rencontres internationales qui ont permis des échanges entre les représentants de cultures et de sociétés diverses. Que ce soit au Forum International de l’Economie Sociale et Solidaire (FIESS) à Montréal ou aux Rencontres du Mont Blanc (RMB) à Chamonix, nous avons pu comprendre combien le concept et la réalité de l’ESS sont des éléments tangibles de construction d’une autre société. Rio+20 a permis aux acteurs de

l’ESS de se retrouver pour tenter de rendre leurs initiatives visibles par le plus grand nombre en donnant une dimension mondiale à cette autre économie. C’est pourquoi, en 2012 le CNCRES s’engage de manière pragmatique dans cette internationalisation, suite aux demandes de certains participants à ces rencontres. Dans ce contexte, l’importance du secteur coopératif est comprise et valorisée dans tous les pays. l’ONU a d’ailleurs proclamé 2012, Année Internationale des Coopératives . Le modèle coopératif est celui choisi par de nombreux acteurs car regroupant des personnes autour d’un projet économique commun avec des valeurs partagées. Ce formidable focus sur une des formes de l’ESS la plus répandue dans le monde rejaillira sans nul doute sur toute l’ESS et lui permettra de faire désormais figure d’acteur mondial. Plusieurs évènements relaieront cette année internationale des coopératives au cours du MOIS de l’ESS. L’internationalisation de l’ESS est une donnée majeure pour la promotion d’un autre modèle, un modèle dans lequel les Hommes comptent plus que les capitaux, dans lequel le développement économique s’accompagne d’un accompagnement social, dans lequel se reconnaissent de plus en plus de peuples en quête d’une société de justice et de fraternité.

REMERCIEMENTS

« Merci à Olivier, Audrey, Andrea, Aurel, Loran, Pascale, Lucile, Yves, Fred, Virgile, Stéphane, Philippe, Pascal, Alex et à tous les acteurs de changement qui s’engagent au quotidien ici et ailleurs pour bâtir une économie plus solidaire. »

lumières sur

l’habitat solidaire

votez pour vos vidéos préférées jusqu’au 30 novembre 2012

Projet imaginé et produit par :

Soutenir l’économie sociale et solidaire La Caisse des Dépôts soutient le développement économique des territoires et l’économie sociale et solidaire (ESS).

Éditeur de la publication : CNCRES, 24 rue du Rocher 75008 Paris Directeur de publication : Jean-Louis Cabrespines président du CNCRES Concepteur du projet : ECONOVIA - Julie Schwarz RédactEUR en chef : Olivier Bonnin Contributeurs : Bruno GACCIO, Audrey REINHARDT, Andrea PARACCHINI, AUREL, les CRES(S). Création & conception graphique : Agence le Piment Graphique - Crozon - Nantes Imprimeur : I.C.O imprimerie 17-19 rue des Corroyeurs 21 000 Dijon

> 27 000 entreprises et 700 structures de l’ESS financées chaque année en lien avec les réseaux partenaires > 100 M€ dédiés à l’ESS dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir

dailymotion.com/contest/macif

Direction du développement territorial et du réseau Développement économique et économie sociale 72, avenue Pierre Mendès France - 75914 Paris cedex 13 01 58 50 00 00 - www.caissedesdepots.fr

Mutuelle assurance des coMMerçants et industriels de France et des cadres et salariés de l’industrie et du coMMerce. société d’assurance mutuelle à cotisations variables. entreprise régie par le code des assurances. siège social : 2 et 4, rue pied de fond 79000 niort.

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Septembre 2012

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La rédaction d’Acteurs de Changement ne saurait être tenue responsable des reports ou des annulations de spectacles, animations, sorties du Mois de l’Économie Sociale et Solidaire. Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs : les membres de la rédaction pour les pages France, les CRES(S) pour les pages régions. Copyright © 2012 ECONOVIA. Tous droits réservés.

crédits Photos : Fotolia

> Près de 38 000 associations accompagnées par 105 Dispositifs Locaux d’Accompagnement (DLA) depuis 2002