Michela Valentini - IV B LS - Convitto Nazionale Vittorio Emanuele II

où il a vécu, tous travaillent dans les miniers, et c'est horrible, mais la ... dit qu'il y en a beaucoup dans cette région, dont la plupart travaille dans les salines.
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La nouvelle Marianne Quand mon ami Bartolomeo m'a proposé de partir pendant l'été, je n’ai pas pu refuser. Il m'a dit qu'il avait un ami qui travaillait en France et il aurait pu nous aider à trouver un emploi aux salines. C'était l'opportunité de gagner un peu plus d'argent et il s'agissait seulement d'un mois. Je ne pouvais pas renoncer, et, même si je devais laisser ma mère et mes sœurs seules, j'ai accepté. Nous avons pris le train et le voyage s'est passé en tranquillité, nous avons dormi la plupart du temps. Nous avons aussi parlé avec un homme qui s'appelle Gianni, qui a plus ou moins trente ans. Il est né à Gènes et il est musicien, il joue du violon. Ça fait 10 ans qu'il est parti de l'Italie pour nécessité, comme nous. Toutefois, il aime le type de vie qu'il fait. Il a vécu partout : en Autriche, en Corse, en Amérique, au Brésil. Il en sait beaucoup du monde! Il nous a raconté des histoires merveilleuses sur ses voyages en bateau, dont le dernier a été en Amérique. Il nous a dit que là ils font des contrôles et les immigrants doivent rester dans une île, Ellis Island, jusqu'au moment où on décide qu'ils peuvent passer. Il a déjà été en France, aussi. Il nous a raconté qu'en Lorraine, où il a vécu, tous travaillent dans les miniers, et c'est horrible, mais la majorité des gens est accueillante. J'en étais sure, je savais que la France était bien différente des autres pays. Ils ont fait la Révolution! Et les gens dans les rues criaient "Liberté, Egalité, Fraternité"! Quand nous sommes arrivés à la gare d' Aigues-Mortes l'ami de Bartolomeo nous a amené aux cabanes où il vit avec d'autres italiens. Gianni, sur le train, nous avait déjà dit qu'il y en a beaucoup dans cette région, dont la plupart travaille dans les salines. Heureusement nous n'avons pas eu de problèmes à obtenir le travail, car nous sommes jeunes et en santé. En outre les autres italiens nous ont expliqué qu'ils croient que nous sommes plus forts que les français et nous acceptons un salaire plus bas. En effet notre condition physique nous aide beaucoup, car nous travaillons à la tache, c'est-à-dire que plus de sel nous transportons, plus nous gagnons.

Nos baraques sont terribles, nous dormons amassés comme des animaux, et le travail, qui serait fatigant dans des conditions normales, est encore plus épuisant à cause du chaud et nous avons peu d'eau douce à boire. Donc souvent on commence à se disputer, et quelque fois des gens ne peuvent pas boire pour une journée entière. Un jour on a eu une dispute, un garçon italien, un des plus jeunes entre nous et sans aucun doute le plus maladroit, a lavé son mouchoir plein de sel dans l'eau douce que nous aurions dû boire. Nous étions tous vraiment fâchés, parce que l'eau est indispensable et précieuse pour supporter le chaud ; les trimards ont commencé à l'insulter et le tabasser et quand nous l'avons défendu, ils nous ont menacés. Nous passons à la saline tout le jour ; le sel doit être tout transporté rapidement, avant que la pluie arrive et le fasse fondre, c'est pourquoi ils ont besoin de main d'œuvre . Il y a 1500 hommes qui travaillent tout le jour, tous les jours, mais il y a une quantité énorme de sel : quelqu'un a dit qu'il y en a 90000 tonnes. Le soir, fatigués et affamés, nous allons à une boulangerie, qui se trouve près de notre logement et où nous achetons des baguettes chaudes que Madame Fontaine, la boulangère, prépare seulement pour nous. Quelqu'un m'a dit qu'il y a plus de 500 italiens parmi les travailleurs et la plupart d'eux vient du Piémont comme moi. Les français qui travaillent dans les salines sont appelés "ardéchois" et "trimards". Les "ardéchois" sont pour la plupart des agriculteurs qui laissent leurs champs pendant cette période, alors que les "trimards" sont des vagabonds. Ici ce n'est pas comme j'imaginais, mais mes camarades m'ont dit que c'est normal et la situation semblait plutôt calme, finalement. Toutefois, dans la saline il y a une ambiance de grande tension. Les insultes sont à l'ordre du jour et nous recevons des menaces, aussi. Les français nous haïssent, car nous sommes plus forts et plus résistants, donc nous gagnons plus qu'eux. Ils pensent que c'est notre faute si quelque français n'a pas été employé.

J'en ai parlé avec Madame Fontaine, la boulangère. Elle est très gentille et si elle veut savoir quelque chose sur la saline elle demande à moi, car je suis le seul italien qui parle un peu de français. Donc nous avons commencé à parler quelque fois quand je finis mon travail. Elle m'a parlé de son enfance, de son mariage, de la naissance de ses enfants et enfin de la mort de son mari. Elle ressemble à ma mère, elle me fait sentir protégé. Elle n'était pas surprise de cette situation, elle m'a dit que ça s'était toujours passé. "Mon mari était un homme sage, il me l'avait dit, il le savait. Il était un homme de culture, il s'est nourri des pensées des philosophes des Lumières et il était bouleversé par le fait que l'intolérance pourrait s'enraciner an France. Il me disait toujours que si tous avaient lu le Traité sur la tolérance de Voltaire, on n'aurait plus eu ce type de problème.". Je ne connaissais pas ce Voltaire, mais j'avais honte de lui demander qu’il était. Elle a compris sans que je ne lui dise rien, comme ma mère. "Il était un des philosophes des Lumières, des hommes qui se sont battus pour la liberté et la justice, mais sans armes, sans morts, sans victimes, seulement avec leurs idées. Et ils se sont beaucoup intéressés à la tolérance. Imagine que Voltaire a écrit un traité sur cela et Kant, qui était allemand, a écrit un Projet de paix éternelle où il a affirmé qu'un des trois principes fondamentaux pour obtenir la paix est l'hospitalité." Je serais resté là toute la journée en l'écoutant. Je l'écoutais comme un enfant auquel on raconte des contes des fées, et ce que j'entendais était à mes oreilles les histoires de héros, sans chevaux, mais avec des plumes et le courage d'écrire. Et chaque jour je me faisais expliquer leurs idées, comme s'elles étaient les actions de nobles chevaliers. Après une semaine Madame Fontaine m'a apporté aussi des livres, et elle m'en a lu des extraits. Je ne connaissais la plupart des mots, mais elle me les expliquait avec calme et patience, et je comprenais. Elle m'a lu les œuvres de Rousseau, de Voltaire et quelques articles de l'Encyclopédie de Diderot. J'ai aimé aussi les tableaux qu'elle m'a montrés représentants l'esprit de la Révolution: la liberté et la justice.

Et alors que ces émotions s'enracinaient dans mon âme, le reste du monde continuait comme auparavant, en effet il devenait pire chaque jour. Les insultes se multipliaient : nous étions sales, parasites, voire envahisseurs de leur patrie. Madame Fontaine m'a montré aussi les journaux français. Ils étaient pleins d'insultes, les mêmes que nous sentions aux salines : "les italiens vous ôtent le pain", "c'est une invasion !". Le 16 aout les trimards et les ardéchois sont devenus violents, leur haine envers nous était devenue si grande, qu'ils nous voulaient tous morts. Les français qui n'ont pas obtenu le travail aux salines ont commencé, puis les autres se sont unis. J'ai su que tout a commencé avec une dispute, mais rien de plus qu'une petite bagarre comme s'était déjà passé auparavant. Quand ils sont venus aux mains, ce qui arrivait souvent aussi, quelques trimards sont allés dans leurs baraques et ont fait passer le mot que les italiens avaient tué un français. On peut imaginer la rage avec laquelle ils sont venus pour nous punir et venger leur camarade. Enfin ils avaient un prétexte. Ils ont utilisé des couteaux, mais aussi des fusils. Ils ont commencé par nos baraques où il y avait plus au moins cent personnes et où j'étais aussi quand ils sont arrivés. Bartolomeo a été tué là, tandis que nous échappions, il a été frappé par derrière. Il ne l'a même pas vu arriver. Et comment sa mère pourra manger, avec quel argent? Et ses sœurs ? Il était le seule homme dans sa famille dès que son père était mort il y a un an. Puis, tandis que je voyais le corps sans vie de mon meilleur ami, j'ai pensé à ma mère, mes sœurs et mon petit frère et j'ai décidé que je devais me sauver pour eux. Nous nous sommes enfuis, mais nous ne savions pas où nous refugier. Nous courions mais sans une destination, sans pouvoir penser à un abri. Partout je sentais des cris et des insultes "Mort aux italiens!", "Porcs d'italiens!". J'ai vu mes compatriotes jetés dans le canal et d'autres par terre blessés. Et pendant que je courais, je pensais à ces philosophes. Ils avaient beaucoup parlé, beaucoup écrit, mais pourquoi ? Quel a été le but de dire de si beaux mots et écrire des phrases pleines d'idées et de morale, si on doit assister à ces massacres ? Ils ont passé une vie entière à se battre et on les a déjà oubliés, rien n'est resté d'eux.

Mais tout au coup, dans cette folie, j'ai entendu une voix de femme que j'ai reconnue immédiatement. Je me suis tourné envers cette voix et pendant une seconde le temps s'est arrêté. C'était la Marianne, la liberté guidant le peuple. Elle n'avait pas le drapeau et le fusil, mais c'était elle dans le corps d'une simple et inconnue boulangère d'un petit village. Elle représentait tout ce que la France avait bâti et que la Francemême était en train d'oublier. Elle était Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot et tous les autres philosophes que le monde entier a jamais connu, elle les avait ramenés tous. C'était comme regarder la France dans les yeux. "Venez! Vite! Entrez!" criait Madame Fontaine devant son magasin, cherchant à faire entrer plus de gens possibles au dedans. Quand elle m'a vu, elle m'a regardé comme si elle devait s'excuser pour ce qui était en train de se passer, mais en même temps elle avait l'expression déterminée de ceux qui ne renoncent pas. Je suis entré dans la boulangerie où il y avait presque trente personnes, tous amassés. Quelqu'un priait, quelqu'un pleurait et quelqu'un fixait des planches de bois sur les fenêtres, en suivant les indications de Madame Fontaine; entre-temps elle restait devant la porte, pour empêcher aux français d'entrer. Personne n'osait la toucher et en ce manière elle nous protégeait. C'est en ce moment que, comprenant qu'ils ne pouvaient pas entrer par la porte, les français ont lancé un bâton en feu au dessus de la tête de Madame Fontaine. Nous l'avons vu et nous avons pris un seau plein d'eau pour éteindre l'incendie. Alors Madame Fontaine est rentrée, a fermé la porte et elle nous a dit de la bloquer avec des planches. C'est comme ça que ma Marianne nous a sauvé. Nous sommes restés dans la boulangerie pour 27 heures. Nous étions complètement barricadés à l'intérieur, mais ils ont continué à essayer d'entrer. Quand les attaqueurs sont devenus silencieux, Madame Fontaine nous a dit, plutôt elle nous a ordonné, de nous calmer. Nous avions peur et nous avions vu nos camarades, nos compatriotes morts ou blessés, mais nous l'avons écouté. Elle avait les larmes aux yeux, pas parce qu'elle avait peur, mais parce qu'elle été fâchée.

"J'implore votre pardon. Pardonnez-eux car ils n'ont seulement oublié d'être français, mais ils ont oublié qu'ils sont des êtres humains et que vous l'êtes aussi. Pardonnez la France car elle les a déçus, elle les a affamés, en les rendant ce qu'ils vous montrent aujourd'hui. "Qu’est-ce que la tolérance ? C’est l’apanage de l’humanité" disait Voltaire." Maintenant les larmes coulaient, mais sa voix restait ferme. Elle m'a regardé et elle est allée dans l'arrière de la boulangerie. Elle a pris le Traité sur la tolérance et elle me l'a donné. "Prend-le, je veux que tu le lit et que tu le comprend. Tu doit le comprendre vraiment, tu ne doit pas le laisser sur la dernière étagère; tu a vu ce qui se passe quand on laisse ce genre de livres à se couvrir de poussière." Ce sont les dernières mots qu'elle m'a dit, puis les gendarmes ont chassé les français qui étaient encore devant le magasin et nous ont libéré. Ils nous ont amené à la gare et ils sont restés avec nous pour s'assurer que nous n'étions plus attaqués. Madame Fontaine nous a suivi. Avec nous il y avait aussi les dix corps de nos compatriotes tués, parmi eux j'ai vu le visage pâle de Bartolomeo. Nous étions une centaine et une heure plus tard nous sommes partis pour retourner chez nous, pour rassurer nos familles et pour sauver notre vie. Je suis monté sur le train, avec Voltaire dans mes mains et j'ai regardé pour la dernière fois ma Marianne.