Marseille : un nouvel élu propriétaire d'un taudis

12 déc. 2018 - provence territoire. En séance, le débat sur l'habitat indigne va croissant. Prélude au conseil métropolitain de demain, le conseil de territoire.
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mercredi 12 décembre 2018 / La Marseillaise

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provence Le conseil municipal reporté au 20 décembre Initialement prévu lundi, le conseil municipal a été annulé par Jean-Claude Gaudin par crainte de « débordements ». Le maire a finalement annoncé hier matin sur France Bleu Provence que le conseil aura lieu le jeudi 20 décembre. M.Ri.

Territoire

En séance, le débat sur l’habitat indigne va croissant Prélude au conseil métropolitain de demain, le conseil de territoire Marseille-Provence (CT-MP) s’est réuni hier après-midi au Pharo. Cent dix-huit rapports ont été votés en 1h30. Plusieurs concernaient l’éradication de l’habitat indigne. Jean Montagnac, président (LR) du CT-MP, a renvoyé le fond du débat à la Métropole où sera évoquée la stratégie de lutte contre l’habitat indigne concoctée, il y a deux semaines, par la présidente Martine Vassal. Mais, Jean Montagnac s’est surtout distingué par un propos tout aussi indigne. « Ils sont logés. Ils sont nourris matin, midi et soir. Alors peut-être qu’ils ont des croissants et ils ne savaient pas ce que c’était », s’est agacé le maire de Carry-le-Rouet en parlant des relogés marseillais suite au drame de la rue d’Aubagne. Tollé immédiat dans l’opposition. « Je dis la vérité », s’enfonce-til. Un quart d’heure plus tard, il s’excusera et demandera à ce que ses propos soient retirés. Un rétropédalage qui ne masque pas la déconnexion voire le mépris de certains élus envers une partie de la population. Auparavant, Muriel Prisco (PS) avait lancé le débat. « Pourquoi les relogements tardent tant ? », questionne-telle, enjoignant, « face à la colère », « à montrer que nous sommes des élus responsables qui apportent des réponses justes ». Yves Moraine, chef de file de la majorité LR à la Ville, a défendu la municipalité : « On reloge en priorité ceux dont on sait qu'ils ne pourront pas être réintégrés dans leur logement, indique-til, nous attendons avec impatience le débat au conseil municipal, nous avons envie de répondre aux contrevérités. » Christian Pellicani (PCF) a, lui, demandé le retrait des cinq rapports liés à l’habitat indigne, « pour une remise à plat de la politique du logement ». En vain. F.C.

Marseille : un nouvel élu propriétaire d’un taudis Logement indigne Propriétaire d’un appartement situé dans un immeuble déclaré en « péril imminent », Thierry Santelli, vice-président du conseil départemental et conseiller municipal, a remis ses délégations hier. Depuis le 5 novembre, c’est le troisième élu local épinglé.

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t d e t r o i s. T h i e r r y Santelli, est donc le troisième élu local (LR) à être mis en cause pour possession d’un appartement déclaré en péril imminent après Xavier Cachard, ancien viceprésident de la Région Sud, et Bernard Jacquier, ex viceprésident de la Métropole. Comme l’ont révélé nos confrères de Marsactu hier, Thierry Santelli, vice-président du conseil départemental et conseiller municipal, est propriétaire d’un appartement situé au premier étage du 24, rue du Jet d’Eau dans le quartier de Saint-Mauront (3e), dont les occupants ont été évacués le 13 novembre. L’expert ne laisse aucun doute sur l’état de l’immeuble : « linteaux en bois [...] très altérés par des infiltrations d’eau persistantes [...] marche effondrée sur la première volée de l’esca-

Thierry Santelli (en médaillon) louait son bien à une mère de famille avec un enfant de deux ans. Elle a été évacuée le 13 novembre dernier après une visite des pompiers. Photo Google street view et conseil départemental

lier du bâtiment et risque d’effondrement de la volée d’escalier au rez-de-chaussée ». Nous avons tenté de joindre Thierry Santelli hier par téléphone, sans succès.

Administrateur à Marseille Habitat

Dans les colonnes de Marsactu, il se dit « surpris » de cet arrêté, pour «  deux marches d’escalier qui bougent et un plafond qui se craquelle ». Il affirme que 25 000 euros de travaux ont été votés par les copropriétaires le 7

décembre. Après avoir assuré hier matin qu’il n’avait « rien à [se] reprocher dans cette histoire », il a rendu, hier aprèsmidi, ses délégations à JeanClaude Gaudin et démissionné de son mandat de vice-président du conseil départemental. « C’est une décision conforme à mon souhait de voir des règles claires et strictes s’appliquer dans le contexte lié à l’habitat indigne et dégradé sur notre territoire », a sobrement indiqué Martine Vassal, présidente du conseil départemental et de la Métropole Aix-Marseille dans

un communiqué. E n r ev a n c h e, T h i e r r y Santelli est à ce jour toujours administrateur de Marseille Habitat, société d’économie mixte de la ville, chargée, entre autres, de résoudre l’habitat insalubre. La société était aussi propriétaire de l’immeuble situé au 63, rue d’Aubagne. Et Kévin Vacher, membre du collectif du 5 novembre de résumer : « Les élus qui votent des mesures pour résoudre l’habitat indigne sont les mêmes qui possèdent des taudis ». Marius Rivière

L’ex-Espace Culture squatté avant une expulsion sous les huées de la foule Occupation Vendredi dernier, un immeuble vide de 760 m² appartenant à la Ville de Marseille a été réquisitionné par des associatifs pour y loger des migrants à la rue. La police les en a expulsés hier après-midi.

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ans la nuit de vendredi à samedi, et en toute discrétion, progressivement, des militants associatifs, quelques gilets jaunes et des migrants sans hébergement se sont glissés dans cette exvitrine de la Ville, vide depuis 2016. Soit 760 m² sur 4 étages à l’angle de la rue de Rome et de la Canebière, à deux pas de l’immeuble des Feuillants, destiné à l’hôtellerie de luxe, à l’entrée du quartier Noailles. Une ré-

A 16h30, hier, les forces de l'ordre ont expulsé les squatters qui avaient pris possession de l'ex-Espace Culture, vide depuis 2016. Photo M.G.

quisition citoyenne pour faire face à l’urgence sociale à laquelle les pouvoirs publics ne répondent pas. Des personnes arrivent les bras chargés de sacs de vêtements, de couvertures. Le ri-

sotto qui réchauffe trouve vite des amateurs. Dans chaque pièce, des matelas sont installés pour « des familles expulsées de Noailles, des mineurs isolés, des exilés sans toit... », invitent les occupants. Les premiers héber-

gés viennent de l’évacuation de la cité Corot ou de la gare Saint-Charles. L’immeuble est rebaptisé « Hôtel des luttes 4 étoiles ». Emmaüs Pointe rouge, Médecins du Monde et la Fondation Abbé Pierre ont apporté leur soutien moral. En 2017, 23 000 demandes d’hébergement ont été refusées faute de places. Les fatidiques 48 heures sont passées. La police ne peut plus évacuer sans une décision de justice, croit-on savoir. Mais la loi Elan a changé la donne. La Ville, pourtant incapable de reloger les évacués, n’hésite pas. à 16h, des policiers escaladent les échafaudages de l’immeuble voisin et débarquent par le toit. Ils évacuent les occupants sous les huées de plus de 500 personnes. Un plancher, qui jusqu’en 2016 avait accueilli sans ciller des conférences de presse, serait incertain. M.G.