Newsletter 4

MARS 2016

Notre fin d’année 2015 a été très riche d’échanges et de débats à l’occasion des 3èmes Rencontres du Grand Forum des Tout-Petits qui se sont tenues à Nantes et à Montpellier en novembre et décembre derniers. Nous avons réuni des acteurs locaux de la petite enfance (professionnels de santé, puéricultrices, sages femmes, institutionnels, blogueurs, journalistes) particulièrement concernés par la période des 1 000 premiers jours de vie. Nous leur avons donné la parole afin de mieux faire connaître les actions de terrain réalisées en région. Durant ces évènements nous avons rencontré beaucoup de dynamisme, de créativité, et aussi de pragmatisme… Nos interlocuteurs locaux s’investissent en faveur de la prévention précoce ! Nous nous en réjouissons et nous les remercions de développer un accompagnement de proximité dont les jeunes parents peuvent bénéficier au quotidien. Pour continuer sur cette dynamique, en 2016 l’Association poursuit son approche pluridisciplinaire et a choisi d’orienter ses actions et messages autour d’une nouvelle thématique « Projet d’enfant, grossesse et hygiène de vie ». Dans ce cadre, nous lançons un appel à projet afin de récompenser ou encourager des initiatives de formation et de sensibilisation des professionnels de santé et du grand public autour des thèmes de prévention et d’éducation alimentaire de la femme enceinte et des futurs parents. De même, nous créerons cette année deux nouveaux groupes de travail :

• L’un sur les aspects économiques de la prévention précoce • L’autre sur la construction de messages et recommandations à diffuser aux mamans par les pharmaciens et les sages femmes

Enfin notre organisation évolue également. Je suis heureuse de vous annoncer que le Pr Philippe Deruelle, gynécologue obstétricien, vice-doyen du CHRU de Lille et secrétaire général du CNGOF, devient vice-président de l’Association. Nous accueillons également chaleureusement Monsieur Olivier Delamea, nouveau Directeur Général de Blédina, en remplacement de Monsieur Didier Lamblin. Bonne lecture à tous,

Catherine Salinier Vice-Présidente de l’association Le Grand Forum des Tout-Petits, Pédiatre et past-présidente de l’AFPA

SCIENCES

LE POINT SUR LES ÉTUDES La perte de poids chez l’homme obèse modifierait l’épigénome transmis par les spermatozoïdes Une étude publiée dans Cell Metabolism par l’équipe de Romain Barrès suggère que l’enfant d’un père obèse serait plus à risque de devenir obèse que celui d’un père mince, indépendamment du poids de la mère. Les auteurs ont analysé les marqueurs biochimiques issus de spermatozoïdes d’hommes minces (IMC=23) et d’hommes obèses (IMC=32).

Ils ont montré que les spermatozoïdes d’hommes obèses porteraient une signature épigénétique particulière. Chez eux, l’expression de certains ARN (small non coding RNAs) associés au comportement et à la prise alimentaire serait altérée (et transmissible à l’embryon) et des gènes impliqués dans la régulation de l’appétit seraient également différemment méthylés. Il apparait également que les processus de méthylation seraient régulés en fonction de la masse grasse et seraient modifiés après une perte de poids dans le cadre d’une chirurgie bariatrique. Ces résultats apportent de nouvelles connaissances sur la manière dont l’obésité pourrait se transmettre et amène la question de l’importance de l’héritage épigénitique paternel associé à un mode de vie. Donkin I, Versteyhe S, Ingerslev LR, Workman CT, Zierath JR, Barrès R : Obesity and bariatric surgery drive epigenetic variation of spermatozoa in humans. Cell Metabolism 23, 369–378, Feb. 9, 2016

Le rapport final de la Commission pour mettre fin à l’obésité de l’enfant* en phase avec la thématique des 1 000 jours Le 25 janvier 2016, un groupe international d’experts mandaté par l’OMS a présenté le rapport final de ses recommandations** à l’intention des gouvernements pour inverser la croissance du surpoids et de l’obésité chez les enfants de moins de 5 ans et ainsi, réduire les risques de diverses pathologies à l’âge adulte. La mise en œuvre de programmes favorisant une alimentation saine et l’activité physique est préconisée pour les femmes enceintes, les enfants et les adolescents, mais aussi pour les parents ayant un projet d’enfant. En effet, convaincue de l’importance de la période anténatale et de la grossesse pour la santé de l’enfant, la Commission souhaite le renforcement de la sensibilisation des

futurs parents à l’importance de leur propre nutrition, mais aussi du dépistage du diabète gestationnel et du gain de poids excessif chez la femme enceinte. Quant aux premières années de vie, la Commission les juge « cruciales pour la mise en place d’une alimentation et d’une activité physique permettant la réduction du risque d’obésité ». Le groupe d’experts recommande l’allaitement jusqu’à 6 mois et une alimentation variée et saine chez la mère allaitante et chez l’enfant, dès la diversification alimentaire. * voir Newsletter n° 2Qhttp://newsletter-grandforumdestoutpetits.fr/publicationsrecentes-periode-janvier-avril-2015/ ** WHO: Report of the commission on ending childhood obesity. En ligne ; (pdf, en anglais) Qhttp://www.who.int/end-childhood-obesity/final-report/en/

Alimentation et risque de diabète gestationnel Une étude observationnelle sur des femmes ayant développé un diabète gestationnel a été publiée dans le British Medical Journal en janvier 2016. Cette étude prospective d’une cohorte de 15 600 femmes, sur 10 ans, a permis d’évaluer l’impact de consommation avant la grossesse de plus de 5 portions de pommes de terre par semaine sur le risque de diabète gestationnel (gestationnel diabetes metillus : GDM). 854 cas de GDM sur près de 21 700 grossesses ont été signalés. Après ajustement de nombreuses variables liées à l’âge, au nombre d’enfants et à d’autres facteurs alimentaires et non-alimentaires, il apparaît que ce régime serait associé à une augmentation du risque de GDM. L’index glycémique élevé de la pomme de terre et la haute digestibilité de l’amidon pourrait expliquer ces résultats.

De plus, une diminution hebdomadaire de la consommation de pommes de terre au profit de fruits et légumes permettrait de réduire ce risque de 9 à 12 %. Les résultats de cette étude démontrent encore une fois l’importance d’une alimentation variée et équilibrée pour une future maman afin d’éviter les risques de complications caractéristiques de la grossesse. Bao W, Tobias DK, Hu FB, Chavarro JE, Zhang C :Pre-pregnancy potato consumption and risk of gestational diabetes mellitus: prospective cohort study. BMJ 2016;352:h6898

ACTUALITÉS

QUOI DE NEUF POUR LES TOUT-PETITS ? « Projet d’enfant, grossesse et hygiène de vie. Du bien-être individuel aux enjeux de santé publique » : nouvelle thématique de l’année et appel à projet En 2016, les enjeux d’accompagnement et de prise en charge des futurs parents avant et pendant la grossesse seront au cœur des actions du Grand Forum des Tout-Petits. Fidèles à l’esprit d’interdisciplinarité de notre Association, nous associerons cette année à nos travaux les dimensions scientifiques, médicales, sociologiques, psychologiques, économiques et médiatiques du projet d’enfant et de la grossesse. Nous renforcerons notre attention sur le travail de terrain et le milieu associatif, notamment par le lancement d’un appel à projet « Projet d’enfant, grossesse et hygiène de vie » auprès des associations, des professionnels de santé et des collectivités territoriales. Pour trouver toutes les informations relatives à l’appel à projet, Qrendez-vous sur le site internet de l’association.

Lancement du Grand Forum 4 À l’automne 2016, les 4èmes rencontres du Grand Forum rassembleront à Paris des experts du monde scientifique, des professionnels de santé d’horizons différents, des associations de terrain, des élus et des institutions, des bloggeurs et des journalistes sur le thème « Projet d’enfant et grossesse, du bien être individuel aux enjeux de santé publique ».

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QUESTIONS à Tristan Fournier, chercheur au CNRS, spécialiste en socio-anthropologie de l’alimentation 1/ En tant que sociologue, vous vous êtes spécialisé dans la période des 1000 premiers jours de vie : en quoi les sciences sociales peuvent-elles rejoindre cette thématique ? Par l’intervention de phénomènes épigénétiques, la santé future d’un enfant serait influencée par l’alimentation de ses parents avant, pendant et après la grossesse. Sur cette base, un programme de santé publique est actuellement élaboré en France pour sensibiliser les couples ayant un projet d’enfant, les femmes enceintes et les jeunes parents au rôle de la nutrition infantile et intra-utérine (le volet 1 000 jours qui va intégrer le PNNS). Au-delà de l’engouement scientifique que suscite la thématique des 1 000 premiers jours de vie et de la promesse médicale qu’elle porte, d’importants enjeux sociaux, éthiques et politiques (sur-responsabilisation des parents, culpabilisation des mères ou médicalisation de l’alimentation) doivent être pris en compte. D’autant plus que les connaissances scientifiques ne sont pas encore stabilisées ! Pour éviter la diffusion de recommandations qui pourraient être inefficaces voire contre-productives, un dialogue entre les sciences sociales, la médecine et les sciences de la vie doit émerger et accompagner la question des 1 000 jours.

2/À ce titre, vous avez participé aux Rencontres du Grand Forum. Selon vous, quels sont les apports de ce type d’événement ? Ces rencontres permettent justement de décloisonner les savoirs. Elles rendent possible le débat interdisciplinaire et lui donne une visibilité auprès du grand public et des professionnels : ils peuvent ainsi se faire leur propre opinion sur le sujet.

3/La prévention précoce est un thème difficile à communiquer aux parents. Quelle serait votre recommandation à ce sujet ?

Au programme de ce moment de partage : les dernières données scientifiques, des recommandations pratiques utiles à la prise en charge des futurs parents, des témoignages de terrain inspirants ainsi que la remise des prix de l’appel à projet. D’autres informations seront transmises lors de la prochaine newsletter.

J’inviterais à la prudence. Dans le domaine de la prévention, on sait que les tentatives de modification des habitudes alimentaires basées sur l’acquisition de connaissances nutritionnelles sont peu efficaces pour conduire à des changements effectifs et durables. L’intérêt de cette question des 1000 jours n’est pas de créer une énième recommandation de santé publique. Celle-ci risquerait de ne s’adresser qu’à une petite partie de la population, déjà surinformée et en bonne santé, et de culpabiliser celles et ceux qui n’arriveraient pas à la mettre en application. L’intérêt est plutôt d’alerter les pouvoirs publics et les informer sur des risques qu’ils auraient la capacité - et le devoir - d’anticiper. Ils pourraient par exemple agir sur la législation en termes d’alimentation et d’agriculture ou sur la formation du personnel médical et de la petite enfance.

OUTILS

AGENDA

DEUX NOUVEAUX GROUPES DE TRAVAIL ET DES OUTILS EN LIGNE Les groupes de travail lancés en 2016 1 Une équipe d’experts travaillera sur une modélisation des économies pouvant être réalisées grâce à la prévention précoce durant les 1 000 premiers jours de vie. 2 Une équipe pluridisciplinaire aura pour mission de mettre au point des outils d’information à destination des femmes enceintes relayés par les pharmaciens et les sages-femmes.

Nouveau : les outils des groupes de travail sont tous en ligne Un des premiers chantiers de l’association en 2013 a été l’animation de 3 groupes de travail. Ces groupes ont construit des outils variés, simples et didactiques qui sont à présent disponibles sur notre site dans la rubrique « nos réflexions et actions ».

Qwww.legrandforumdestoutpetits.fr/reflexions-actions U  n programme •« Fruits et Légumes » adapté aux crèches

 es fiches pratiques • L(grossesse, allaitement, diversification alimentaire) du groupe de travail « Alimentation et Précarité »

 a bande dessinée de la Petite Charlotte issue de la vidéo • Lréalisée avec le groupe « 1 000 jours ».

MARS 2016

Manifeste des 1 000 jours : la suite ! Dès 2014, notre Manifeste pour les 1 000 premiers jours de vie mettait en lumière les enjeux d’une meilleure prévention précoce. Ce document, destiné aux pouvoirs publics et décideurs, a été co-signé par 13 sociétés savantes et associations. Dans la perspective de la mise en place d’un nouveau Programme National Nutrition et Santé (PNNS) fin 2016, le Conseil d’Administration travaille avec ses cosignataires à une suite de ce Manifeste sous forme de propositions concrètes. Ces recommandations seront présentées cet été pour alimenter les réflexions associées au PNNS4.

ASSOCIATION LE GRAND FORUM DES TOUT-PETITS www.legrandforumdestoutpetits.fr [email protected]

Du 7 au 9 avril 2016 21èmes journées de la médecine fœtale

Palais des congrès Morzine (74) Informations et inscription en ligne Programme Qhttp://www.medecine-foetale.com/

Le 3 mai 2016 Assemblée Générale (10h – 12h) de l’association le Grand Forum des Tout-Petits , avec le témoignage exceptionnel du médecin-explorateur Jean-Louis Etienne Inscription sur :

[email protected] Salon Régus 26-28 rue de Londres 75009 Paris

Du 18 au 20 mai 2016 Congrès de la Société Française de Pédiatrie

Lille Grand Palais Lille-Eurallile (59) Information et inscription en ligne Programme Qhttp://www.pediatrie2016.org/

Le 6 juin 2016  Journée du Conseil National des SagesFemmes de France : « Le suivi de la grossesse : rôle de la sage-femme »

ASIEM - Paris (7e ) Préprogramme et informations pour l’inscription Qhttp://www.cnsf.asso.fr/

Du 15 au 17 juin 2016  Journée nationale d’études des puéricultrices

Futuroscope - Poitiers (86) Information et inscription en ligne Programme Qhttp://www.congres-puericultrices.com/

Du 17 au 19 juin 2016 23ème congrès national de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire

Vinci - Centre des congrès - Tours (37) Informations et inscription en ligne Programme Qhttp://www.afpa.org