Mal au cou et à l'épaule - La Revue du Praticien

particulier au niveau de la colonne cervicale et de l'épaule droite. L'examen neurologique est normal, les réflexes ostéotendineux des membres supérieurs sont ...
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C AS CLINIQUE

Par Michel Bismuth, Pierre Bismuth, Pierre Boyer, Brigitte Escourrou, Stéphane Oustric*

Mal au cou et à l’épaule Monsieur S, âgé de 60 ans, sans antécédent particulier, consulte pour des douleurs cervicales qui irradient dans l’épaule droite. À l’interrogatoire, on ne retrouve aucun traumatisme ni facteur déclenchant. Il est hyperalgique depuis 48 heures, avec une douleur devenue insomniante ce jour. Pas de déficit des mobilités articulaires, en particulier au niveau de la colonne cervicale et de l’épaule droite. L’examen neurologique est normal, les réflexes ostéotendineux des membres supérieurs sont présents et symétriques. Un premier traitement symptomatique est prescrit, associant anti-inflammatoires et antalgiques. Le patient revient 15 jours plus tard. À l’examen, on note un syndrome déficitaire avec atrophie des fosses sus- et sous-épineuses, une diminution de la force au niveau de la rotation externe et de l’abduction de l’épaule. Les radiographies de la colonne cervicale – face, profil, trois-quarts – sont normales. L’électromyographie prescrite par le rhumatologue montre un tracé évoquant une atteinte des muscles sus-, sous-épineux et deltoïde avec ralentissement de la conduction de l’influx nerveux sur les contingents moteurs respectant les contingents sensitifs. Il existe des signes en faveur d’une réénervation en cours et donc d’une amélioration qui devrait être progressive. Le diagnostic est posé : syndrome de Parsonage-Turner.1

DISCUSSION Il s’agit d’une neuropathie périphérique d’étiologie inconnue, impliquant le plexus brachial. Elle a été décrite par Parsonage et Turner en 1948 à partir de 136 cas.2 L’incidence est estimée approximativement à 1 cas pour 60 000 avec un pic situé entre la 3e et la 5e décennie et une légère prédominance pour le sexe masculin. * Département universitaire de médecine générale, faculté de médecine, 31062 Toulouse Cedex. [email protected]

Il faut penser à ce syndrome (certes rare) devant un motif de consultation fréquent : douleur scapulaire aiguë et/ou cervicalgies. Signes à rechercher : une douleur brutale de la région de l’épaule suivie, quelques jours plus tard, d’une amyotrophie et d’une faiblesse musculaire parfois importante. La douleur est soudaine, aiguë, insomniante, au niveau de l’épaule et/ou de la région cervicale. Elle peut durer de quelques heures à 15 jours. Cette douleur est suivie d’une paralysie flasque de quelques muscles de la ceinture scapulaire. Sont touchés les muscles de la coiffe des rotateurs, le biceps, le triceps, parfois les extenseurs du poignet. L’atteinte musculaire est généralement rapide et sévère. Chez certains patients, le déficit musculaire, important, s’accompagne d’une flaccidité complète. Plusieurs nerfs et racines (C4 à C7) peuvent être touchés. Les nerfs musculo-cutanés, radial, médian sont volontiers atteints. Le phrénique est rarement concerné. Le diagnostic positif repose sur l’électromyographie et sur la discordance entre la fonte musculaire et la dénervation de muscles innervés par le même nerf ou encore sur une dénervation musculaire non uniforme au niveau de muscles innervés par plusieurs nerfs ou par un tronc nerveux provenant du plexus brachial... L’étiologie demeure inconnue. Différents facteurs précipitants ont été évoqués : infection qui semble être retrouvée dans 25 % des cas, certaines maladies virales (à virus Coxsackie B, grippe),2 traumatisme locorégional, exercice intense, intervention chirurgicale récente même éloignée de la région scapulaire, immunisation (vaccination), maladies auto-immunes. Diagnostic différentiel. Au niveau cervical : arthrose cervicale, névralgie cervico-brachiale, tumeur compressive par exemple. Au niveau de l’épaule : anomalies de la coiffe des rotateurs, périarthrite scapulohumérale, tendinite calcifiante, capsulite rétractile. Le traitement est symptomatique et repose sur les analgésiques et la kinésithérapie. Le pronostic est généralement favorable et la guérison complète dans les 2 années suivant l’apparition de la maladie. En effet, ce syndrome est spontanément résolutif mais souvent incomplètement et il persiste dans certains cas un déficit résiduel. ● RÉFÉRENCES

1. Kolev I. Parsonage-Turner syndrome. Orphanet Encyclopedia. July 2004. 2. Hussey AJ, O’Brien CP, Regan PJ. Parsonage-Turner syndrome-case report and literature review. Hand(NY) 2007;2:218-21.

Message clé Une douleur soudaine, aiguë, au niveau cervical et scapulaire est un motif fréquent de consultation en médecine générale. Réaliser un examen clinique rigoureux à la recherche de signes d’amyotrophie des muscles de l’épaule conduisant à la prescription d’une électromyographie permet de faire le diagnostic de syndrome de Parsonage-Turner.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 25 l N° 872 l DÉCEMBRE 2011

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Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.

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