L'habitat des personnes âgées - EPFL

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L’habitat des personnes âgées

Déconstruire l’EMS

Florent Devaux et Mélissa Rissel Enoncé Théorique sous la direction de Professeur Vincent Kaufmann Directeur Pédagogique : Professeur Inès Lamunière Maître EPFL : Fiona Pia

1

Énoncé théorique de Master 2014-2015 Florent DEVAUX

Mélissa RISSEL

Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne

ENAC – Section d’architecture Prof. Vincent KAUFMANN Directeur pédagogique

Prof. Inès LAMUNIÈRE Maître EPFL Fiona PIA

2

1

1. INTRODUCTION 2. Les acteurs

TABLE DES MATIÈRES



2.1 Une population en augmentation



2.2 La question de la dépendance



2.2.1 Isolement social



2.2.2 Perte d’autonomie



2.2.3 Dépendances domestique et physique



25

3.1 Le soutien à domicile : contraintes et possibilités



3.1.1 Le maintien à domicile, une solution



préférée mais pas toujours adaptée



3.1.2 Adaptation du logement : premier outil du soutien à domicile



3.1.3 Soutien à domicile : aide extérieure



2

11

2.3 Quelles aspirations pour les personnes âgées?

3. Typologies de l’habitat des personnes âgées

3

3.2 Logements protégés, une solution intermédiaire



3.2.1 Foyers auto-gérés



3.2.2 Résidences protégées 3



3.2.3 Foyers inter-générationnels



3.3 Etablissements médico-sociaux



3.4 Habitat et dépendance, une relation directe



3.5 L’importance de l’habitat

6. Projet - EMS à South Kensington, Londres

6.1 Etude du site



6.2 Eléments programmatiques

127

7. CONCLUSION

141

71 4. Adapter l’architecture à la dépendance 4.1 Eléments programmatiques

8. ANNEXES

143



4.1.1 La salle à manger, centre de la vie collective



8.1 Bibliographie



4.1.2 Des salons ouverts : s’approprier l’espace pour faciliter l’interaction



8.2 Remerciements



4.1.3 Salles de bain et sanitaires



4.1.4 La chambre



4.1.5 Programmes auxiliaires



4.2 Détails de conception

4.2.1 Eclairage

4.2.2 Les seuils



4.2.3 Distributions verticales et horizontales

5. Organisation des espaces

5.1 Répartition des espaces publics et privés



5.2 La question de la chambre



5.3 Mixité programmatique



5.4 Comparaison de plans d’EMS

4

107

5

1.

INTRODUCTION

Le but premier de l’architecture, sur le plan physique, est de fournir un abri. En répondant aux besoins et aux des occupants, l’architecture trouve une fonction plus profonde en améliorant le bien-être et la qualité de vie. Elle crée ainsi une relation entre l’homme et la construction, elle change et améliore son quotidien.

INTRODUCTION

À une époque où le viellissement de la population s’accentue tandis que dans le même temps, l’hébergement traditionnel familial tend à disparaître, nous souhaitons nous interroger sur la conception d’un habitat adapté aux personnes âgées. Comment l’architecture peut-elle fournir à cette population particulière - plus ou moins dépendante, et globalement fragilisée par le vieillissement - des conditions de vue correspondant à leurs besoins physiques tout en répondant à leurs aspirations en terme d’habitat? “Le dramatique de la vieillesse, ce n’est pas qu’on se fait vieux, c’est qu’on reste jeune” - Oscar Wilde Pour ceux qui conservent intactes leurs facultés intellectuelles, la vieillesse est d’autant plus difficile à vivre qu’il se crée une dichotomie entre son corps, que l’on sent s’affaiblir, et l’image de soi qui reste stable.

6

7

Les qualités architecturales et urbaines de l’environnement et de l’habitat ont en effet une incidence directe sur le degré de dépendance d’une personne âgée. Par exemple, un milieu adapté peut diminuer l‘incapacité ou les conséquences d’un handicap. Du fait de l’augmentation sensible du nombre de personnes âgées, nous avons voulu nous intéresser dans le cadre de notre Projet de Master en Architecture à l’habitat que nous pouvons offrir à nos aînés car il nous semble que ce sujet est particulièrement d’actualité. En particulier, nous avons voulu étudier le cas des personnes âgées dont l’état de santé physique ou mental ne leur permettent plus de continuer à vivre dans un appartement non-spécifique, ou qui pour d’autres raisons choisissent d’habiter un logement adapté. Il s’agit d’une population très spécifique, plus fragile, avec des besoins et des attentes spécifiques en matière de logement. Nous allons donc tout d’abord nous intéresser de plus près à la population âgée, ses besoins, ses volontés, ses aspirations afin de mieux comprendre les enjeux.

logements sont construits : quels éléments programmatiques sont nécessaires, quelles spécificités ils requièrent pour s’adapter aux difficultés physiques ou mentales que peuvent rencontrer les résidents. Les éléments de programme étudiés peuvent s’agencer de différentes façons. A partir d’exemples d’EMS existants, nous allons ensuite nous demander comment les agencer entre eux, et particulièrement comment articuler les espaces privés (chambres) et les espaces collectifs. L’EMS peut également interagir avec l’extérieur. Nous nous intéresserons aux types de mixité programmatiques qui peuvent être mis en oeuvre pour apporter un caractère plus ouvert au projet. Enfin, nous allons esquisser les bases de notre Projet de Master : un complexe réfléchi sur le thème de l’habitat des personnes âgées, situé sur la gare de South Kensington à Londres. Nous y réfléchirons aux éléments programmatiques que nous souhaiterons mettre en oeuvre sur la base de notre recherche.

Dans un second temps, nous allons étudier les formes d’habitat existantes spécifiquement adaptées aux personnes âgées : quelles solutions existent déjà, en quoi elles consistent, comment elles répondent aux besoins de différentes catégories de personnes, et quels sont leurs atouts et leurs inconvénients. 8

Nous allons ensuite nous intéresser à la façon dont ces 9

1.

Une population en augmentation

Le vieillissement de la population est un phénomène démographique majeur des pays industrialisés. Si l’on prend le cas de la Suisse par exemple, l’analyse de la natalité depuis 1900 montre une très forte croissance de la natalité dans les années 1960 - le “baby-boom” - qui se traduit naturellement de nos jours par une explosion du nombre de personnes âgées.

LES ACTEURS

Etat et mouvement de la population. Naissances vivantes depuis 1803. [document électronique]. Neuchâtel, Office fédéral de la statistique, 2014, 1 page, http://www.pxweb. bfs.admin.ch/Dialog/ varval.asp?ma=px-f-012D10&path=../Database/ French_01%20-%20 Population/01.2%20 -%20Etat%20et%20 mouvement%20de%20 la%20population/&lang= 2&prod=01&openChild= true&secprod=2

Nombre de naissances vivantes annuelles en Suisse 130 000

110 000

90 000

70 000

50 000 1900

1910

1920

1930

1940

1950

1960

1970

1980

1990

2000

2013

On observe également une chute de la natalité par la suite. La conséquence directe est la proportion actuelle de personnes âgées par rapport à l’ensemble de la population. On constate ainsi que les personnes ayant entre 65 et 79 ans représentent 12.7% de la population et que celles ayant plus de 80 ans représentent 4.9%, soit un total de 17.6% de la population. 10

11

Par rapport à la population active - au vu du déclin de la natalité - cette proportion est encore plus importante. Le rapport de dépendance des personnes âgées - c’est-à-dire le nombre de personnes de 65 ans ou plus pour 100 personnes ayant entre 20 et 64 ans - a ainsi triplé au cours du dernier siècle, passant de 10% en 1900 à 28.4% en 2013.* Population résidente permanente selon l’âge Année 2013 en milliers

en %

8139.6

*

0 - 19 ans

1653.5

20.3

20 - 39 ans

2172.5

26.7

40 - 64 ans

2880.9

35.4

65 - 79 ans

1034.0

12.7

398.7

4.9

80 ans et plus

Par 100 personnes âgées de 20 à 64 ans

Evolution des rapports de dépendance

BESOINS A PARTIR DE 2014

EMS 2011. Point de situation - Enjeux Perspectives. [document électronique]. Genève, Département de la solidarité et de l’emploi - République et canton de Genève, 2014, 31 pages, https://www. ge.ch/deas/doc/ conferences/2011-0111/2011-01-11--EMSpresentation.pdf

Evolution des litsEvolution: planifiés par rapport à la démographie Lits "planifiés" / lits selon "démographie" 4907

5000

4761

4800

4621 4483

4600

4353

4400

4225

4200

4033

3800 3600 3400 3200

3807

3830

3834

2011

2012

2013

3900

3922

2015

2016

3967

3990

4012

4035

4057

3462

2008

2009

2017

2018

2019

2020

2021

2022

3000

65+ ans 20 - 64 ans

2010

+ 180 lits EMS

20

3945

3594 3456

2014

lits selon démographie

Rapport de dépendance des personnes âgées :

4094

3877

4000

30



+ 500 logements de type IEPA

lits planifiés

entre 2014 et 2022 Source:Direction rapportgénérale de planification 2010-2020 de l'action sociale Département de la solidarité et de l'emploi

10

1900

12

Etat et structure de la population - Indicateurs. Population résidante permanente selon l’âge. [document électronique]. Neuchâtel, Office fédéral de la statistique, 2014, 1 page, http://www.bfs. admin.ch/bfs/portal/fr/ index/themen/01/02/ blank/key/alter/gesamt. html

Le vieillissement de la population se double donc d’une augmentation sensible de la population de grand âge. Cela, en plus du changement des moeurs, explique le déclin de l’habitat traditionnel au sein de la cellule familial chez les personnes âgées. Or, alors que la population âgée augmente sensiblement d’année en année, le nombre de lits planifiés en EMS n’augmente lui que très peu. Nous allons donc vers une pénurie de place en EMS. La question de l’habitat que nous pouvons offrir à nos aînés se pose donc de plus en plus 31 de nos jours.

1910

1920

1930

1940

1950

1960

1970

1980

1990

2000

2013

13

2.

de la vie où l’on tend à se raccrocher aux choses du passé, préfèrent souvent dans la mesure du possible rester à leur domicile. Si elles ont en les capacités physiques, certaines personnes peuvent ainsi continuer à vivre chez elles, parfois jusqu’à la fin.

La question de la dépendance

Le passage à la retraite ne marque pas pour tous une perte totale d’autonomie. Avoir 70 ans de nos jours n’est pas la même chose qu’en 1950. Les conditions de vie des personnes âgées se sont radicalement transformées au fil du temps. Ainsi les progrès de la médecine ont contribué dans le même temps à l’allongement de l’espérance de vie et une amélioration des capacités. Le “vieillissement biologique” recule et la population âgée bénéficie d’un gain de durée de vie sans invalidité qui permet à un nombre d’individus de plus en plus important de connaître une existence active. On distingue à présent deux types de populations âgées : le 3ème âge, constitué essentiellement de personnes de 60 à 80 ans en bonne santé, et le 4ème âge, qui se compose des personnes de plus de 80 ans, souvent dépendantes. L’allongement de la durée de vie crée souvent des situations intéressantes où deux générations, parents et enfants, sont à la retraite et peuvent dans certains cas se retrouver ensemble en EMS. Toutefois les personnes du 3ème âge, ou âge d’or, sont essentiellement dynamiques et alertes, voyageant beaucoup et s’adonnant à de nombreuses activités culturelles et sociales.

Ce n’est donc pas à ces personnes que nous allons nous intéresser ici, mais plutôt à la fraction de la population qui, pour diverses raisons, ne peut continuer à poursuivre une vie dans des habitations normales. En effet, malgré tout, chez une portion de la population âgée peut s’installer avec le temps une dépendance ou une perte d’autonomie. Une autre catégorie de personnes qui peut se retrouver dans des établissements spécialisés est celles souffrant de leur isolement, notamment après un veuvage. Dehan, Philippe. L’habitat des personnes âgées: du logement adapté aux établissements spécialisés. Paris, Le Moniteur, coll «Collection techniques de conception», 2003,

Lieu de Résidence des personnes âgées souffrant de solitude ou de handicaps (Etude réalisée en 1995) Lieu de résidence

Refus de la solitude

Handicap partiel

Etablissement spécialisé

30%

30%

Dans la famille

33%

23%

A son propre domicile

37%

47%

100%

100%

Total

Pour ces personnes, nul besoin d’un habitat spécialisé puisqu’elles sont encore en très bonne santé. Pour elles, comme pour les personnes même plus âgées, à un moment 14

15

H

2.1 L’isolement social L’isolement social est associé à une qualité de vie et une santé physique et mentale moins bonnes. Chez les personnes âgées, l’isolement social est en particulier un facteur de risque indépendant d’inactivité physique et augmente de près de 60% le risque de devenir inactif sur un suivi de deux ans*. En d’autres termes, sans avoir à la base de problèmes de santé particuliers, les personnes âgées isolées tendent à sortir de moins en moins et à se confiner petit à petit, ce qui les rend alors de plus en plus vulnérables à une dégradation de leur état de santé. En Suisse, près de 5% de la population est âgée de plus de 80 ans*. Ce chiffre va augmenter de manière considérable ces prochaines années en raison du vieillissement démographique. Dans cette tranche d’âge, près de 42% des hommes et 87% des femmes vivent seuls, le plus souvent suite à un veuvage*. Par conséquent c’est un nombre croissant de personnes qui sont confrontées à l’isolement social. L’effondrement progressif du soutien intergénérationnel au cours des dernières décennies - en raison de l’évolution démographique et du vieillissement de la population - confronte de nombreuses personnes âgées à l’absence de descendants ou à des enfants incapables d’assumer des soins en raison de leur âge avancé et de leur propre état de santé, ou d’activités professionnelles et familiales. Une des conséquences de cette diminution du soutien intergénérationnel est l’augmentation du recours au voisinage pour de l’aide : 24% des personnes de 16

Vieillir et devenir vulnérable. [document électronique]. Genève, Revue Médicale Suisse, N°226, 2009, 1 page, http://revue.medhyg.ch/ article.php3?sid=34335

Etat et structure de la population - Indicateurs. Population résidante permanente selon l’âge. [document électronique]. Neuchâtel, Office fédéral de la statistique, 2014, 1 page, http://www.bfs. admin.ch/bfs/portal/fr/ index/themen/01/02/ blank/key/alter/gesamt. html

Philippe Dehan. L’habitat des personnes âgées: du logement adapté aux établissements spécialisés. Paris, Le Moniteur, coll «Collection techniques de conception», 2003, 323 pages.

Vieillir et devenir vulnérable. [document électronique]. Genève, Revue Médicale Suisse, N°226, 2009, 1 page, http://rms.medhyg.ch/ numero-226-page-2353. htm

plus de 80 ans bénéficiaires de prestations médico-sociales reçoivent, au moins une fois par semaine, un soutien du voisinage*. Toutefois quand celui-ci ne suffit plus, l’intégration de structures spécialisées est souvent la meilleure solution.

2.2 Perte d’autonomie

L’autonomie se définit par la capacité à prendre les décisions qui règlent sa conduite et ses actes et à évaluer les risques d’une situation par soi-même, sans se laisser influencer par une autorité extérieure. La perte de l’autonomie consiste donc en la disparition de la faculté d’agir par soi-même et est souvent liée à des troubles neuropsychiatriques. Qu’il s’agisse d’une démence d’origine vasculaire ou de la maladie d’Alzheimer, ces affectations cérébrales détériorent progressivement les fonctions intellectuelles et altèrent la personnalité. Les malades ont de plus en plus de mal à s’adapter à leur environnement. La démence se caractérise par la perturbation de la mémoire, le trouble du jugement, la désorientation dans le temps et dans l’espace, l’altération des facultés d’attention, des manifestations anxieuses ou encore un délire hallucinatoire. On observe également parfois des troubles du comportement : agitation, agressivité verbale voire physique, dénudation, cris répétés, déambulation. La perte de l’autonomie peut également résulter, y compris en l’absence de déficits cognitifs, d’une atteinte liée à l’expérience de la maladie. La perte de contrôle sur soi, l’isolement 17

profond, la dépendance à l’égard des autres, la crainte de la mort, et la perte des cadres de référence habituels (lors d’une hospitalisation par exemple), sont autant de facteurs qui peuvent porter atteinte à l’autonomie de la personne malade.

maison, au fauteuil ou même au lit, voire même ayant besoin d’aide pour des actes de la vie quotidienne tels que se lever, monter un escalier, manger, se laver. La dépendance ne constitue donc pas un état figé mais un spectre de situations. Pour penser la dépendance, il faut se placer dans une perspective évolutive correspondant à l’évolution des capacités physiques et intellectuelles de la personne comme de son adaptation à l’environnement. Il est important de prendre en compte le fait que non seulement il existe plusieurs types de dépendances, mais aussi qu’une personne est susceptible d’évoluer à travers plusieurs types de dépendances, avec une prise en charge nécessaire de plus en plus importante.

Dans de tels cas, il n’existe malheureusement pas de thérapie possible pour guérir ou freiner les symptômes. La seule issue possible pour les personnes touchées est la prise en charge à temps plein par un proche, ou par un établissement médico-social. 2.3 Dépendance physique ou domestique La dépendance est une notion plus complexe liée au besoin d’être aidé dans les actes quotidiens. Ces actes sont variés : se déplacer, manger, faire sa toilette, s’habiller, faire les courses, préparer les repas, entretenir la maison, faire la lessive, utiliser le téléphone, etc. Il faut distinguer deux degrés de dépendance : la dépendance domestique s’exprime par le degré d’aide nécessaire à la réalisation des tâches domestiques (courses, préparation des repas, ménage et gros entretiens). Elle concerne nettement plus d’individus que la dépendance physique : 70% des personnes de plus de 80 ans ont besoin d’aide, tandis que 27% seulement sont physiquement dépendantes*. La dépendance physique en revanche concerne les personnes ayant des difficultés à marcher, confinées à la 18



Prévention, aidants, coordination: comment passer du maintien au soutien à domicile des personnes âgées ? [document électronique]. Paris, Crédoc, coll «Cahier de recherche», N°C310, 2013, 67 pages, http://www.credoc.fr/pdf/ Rech/C310.pdf

19

3.

Quelles aspirations pour les personnes âgées?

Dans le cadre de notre recherche sur l’habitat des personnes âgées, nous nous sommes intéressés à ce à quoi elles aspirent réellement. La première conclusion à laquelle nous sommes parvenus est un grand attachement des personnes âgées à leur domicile : même les personnes très dépendantes continuent en majorité à habiter à leur domicile temps que cela leur est possible. On voit ainsi dans une étude sur le lieu de résidence des personnes âgées présentant une dépendance physique ou mentale ou souffrant d’isolement social que 37% des personnes souffrant de solitude, 47% de celle affligées d’un handicap partiel et 23 % de celles ayant un handicap total persistent à vivre à leur propre domicile malgré les difficultés rencontrées au quotidien. Lieu de Résidence des personnes âgées souffrant de solitude ou de handicaps Lieu de résidence

Refus de la solitude

Handicap partiel

Handicap total

Troubles du comportement

Etablissement spécialisé

30%

30%

47%

53%

Dans la famille

33%

23%

30%

27%

A son propre domicile

37%

47%

23%

20%

100%

100%

100%

100%

Total

Cette volonté s’explique par une volonté de conserver sa dignité en se prouvant que l’on est encore capable de subvenir à ses propres besoins. Il peut être difficile d’accepter l’arrivée de la vieillesse et de déficiences physiques perçues 20

Philippe Dehan. L’habitat des personnes âgées : du logement adapté aux établissements spécialisés. Paris, Le Moniteur, coll «Collection techniques de conception», 2003, 323 pages.

comme des faiblesses. Être obligé de quitter son domicile pour demander de l’assistance est perçu comme une perte de “ce qui reste de dignité” et n’est donc souvent envisagé qu’en dernier recours. Dans la mesure du possible, les personnes âgées préfèrent donc rester chez elles, quitte à adapter leur logement si besoin. Cette volonté de rester chez soi n’est toutefois pas simplement imputable à une question de fierté. La notion de stabilité est importante pour les personnes âgées. A une époque de leur vie où de nombreux changements se produisent tels que le passage à la retraite, l’apparition de problèmes physiques liés à l’âge, ou encore la disparition de proches, elles tentent ainsi de se raccrocher à des éléments connus, qu’il s’agisse de connaissances, d’activités ou d’objets, mais avant tout au logement. Le désir de ne pas quitter un lieu familier motive donc également des personnes âgées à rester à domicile. En outre, de nombreuses personnes âgées appréhendent le passage en maison de retraite ou en établissement médicosocial car la représentation qu’elles s’en font est celle d’un lieu impersonnel qui contraste fortement avec le sentiment d’être chez soi dont elles ont besoin. Paradoxalement, la peur de l’isolement est très courante chez les personnes âgées qui craignent de se retrouver seul, surtout après le décès d’un conjoint. On voit ainsi que 30% des personnes âgées craignant l’isolemement social décident d’intégrer un établissement spécialisé : la vie communautaire permet ainsi aux personnes seules d’interagir avec les autres résidents et avec le personnel, les protégeant de l’isolement. 21

Le suicide assisté est également une tendance révélatrice des aspirations des personnes âgées : lorsque les conditions de santé se dégradent trop, certaines personnes préfèrent mettre fin à leurs jours que continuer à vivre une vie pénible et douloureuse. L’assistance au suicide est sollicitée quand la vie ne paraît plus, aux yeux des personnes concernées, digne d’être vécue, la plupart du temps en raison d’une maladie somatique grave (G5). Les maladies initiales les plus souvent déclarées sont le cancer (44%), les maladies neurodégénératives (14%), les maladies cardiovasculaires (9%) et les maladies de l’appareil locomoteur 0,00 (6%). Le groupe des autres maladies comprend les syndromes douloureux, la multimorbidité et d’autres maladies. La dépression est citée dans 3% des cas, la démence dans 0,3% des cas.

Menschenwürdig leben - Menschenwürdig sterben. [document électronique]. Zurich, Dignitas, 2014, 2 pages, http://dignitas.ch/images/ stories/pdf/statistik-ftbjahr-wohnsitz-1998-2013. pdf

Répartition des maladies concomitantes au suicide assisté 1998/2009

Statistique des causes de décès 2009 Assistance au suicide et suicide en Suisse. [document électronique]. Neuchâtel, Office fédéral de la statistique, 2012, 4 pages, http:// www.bfs.admin.ch/ bfs/portal/fr/index/ news/publikationen. Document.154177.pdf

Cécité

Maladie du système musquosquelettique Maladie respiratoire Maladie cardiovasculaire

Diabète

Autres maladies Inconnue SLA* Parkinson Démence Autres

Cancer

Dépression

* SLA : Sclérose Latérale Amyotrophique

Statistique des causes de décès 2009 Assistance au suicide et suicide en Suisse. [document électronique]. Neuchâtel, Office fédéral de la statistique, 2012, 4 pages, http:// www.bfs.admin.ch/ bfs/portal/fr/index/ news/publikationen. Document.154177.pdf

Suicide assisté par âge et sexe 1998/2009 Nombre de cas 300 250 200 150 100 50 0 15-24

25-34 Femmes

35-44

45-54

55-64

65-74

75-84

85-94

95+

Hommes

La question de la dignité peut expliquer ce choix de mettre fin à ses jours: les personnes atteintes de maladies graves, particulièrement des troubles neurologiques, peuvent préférer mourir que vivre dans des conditions dégradantes ou en n’étant plus eux-mêmes. De plus, les personnes atteintes de certaines maladies, si elles ne peuvent pas être soignées, peuvent toutefois être traitées de façon à continuer à vivre parfois pendant des années. En plus du caractère dégradant d’une telle existence, cela représente également un lourd fardeau pour la famille et les proches, que la personne âgée peut préférer ne pas leur imposer. Le suicide assisté est légal en Suisse mais pas partout en Europe : en conséquence il y a un tourisme du suicide en Suisse : seuls 10.3% des suicides assistés sont Suisses.

L’essentiel des suicides assistés concerne des personnes de 65 ans et plus, notamment du fait que ces maladies se déclarent plus souvent chez les personnes âgées. 22

23

1.

Le maintien à domicile

1.1 Le maintien à domicile, une solution préférée mais pas toujours adaptée

TYPOLOGIE DE L’HABITAT DES PERSONNES ÂGEES

Etablissements médicosociaux (EMS). Chiffres clés. [document électronique]. Genève, Direction générale de l’action sociale (DGAS) République et canton de Genève, 2013, 1 page, http://www.ge.ch/ems/ chiffres_cles.asp

En grande majorité, les personnes âgées, même celles souffrant de difficultés physiques ou mentales liées à lâge, vivent chez elles, dans leur logement habituel. Cela s’explique par plusieurs raisons : d’un point de vue économique, le prix de pension en Etablissement Médico Social se situe entre 191 CHF et 267 CHF dans le canton de Genève*. Ce chiffre suffit à faire hésiter de nombreuses personnes à se faire prendre en charge, même si cela pourrait être préférable au vu de leur condition. D’un point de vue psychologique, l’entrée en maison de retraite est souvent perçu comme une marque de déchéance à éviter à tout prix. Accepter d’être pris en charge revient pour beaucoup à admettre leur faiblesse et leur incapacité à subvenir à leurs propres besoins, ce qui leur pose un problème d’estime de soi et de dignité. Il est particulièrement important pour ces personnes de conserver autant que possible leur autonomie et leur indépendance pour prouver - autant à eux-mêmes qu’à leur entourage - qu’ils en sont encore capables. À un âge où la mort est de plus en plus présente dans leurs pensées, du fait de la perte de proches et de leur propre vieillissement, le passage en institution peu être perçu comme

24

25

un pas symbolique vers la fin. Cette vision très négative de l’EMS que l’on cherche à éviter à tout prix crée un cercle vicieux  : seules les personnes dont la condition physique est particulièrement détériorée entrent en EMS, et par conséquent la durée moyenne du séjour en Etablissment Médico-Social dans le canton de Genève est de 37.7 mois*. Cela va donc encore accentuer chez les personnes âgées l’idée que l’EMS est un mouroir, et donc les décourager de se faire prendre en charge. D’un point de vue simplement affectif, nombreuses sont les personnes qui préfèrent continuer à vivre chez elles car elles sont attachées à leur domicile. Le passage à la retraite marque un changement radical du mode de vie et la perte des relations professionnelles. Plus tard, avec le temps, la disparition de proches représente également un important bouleversement. Souvent, les personnes âgées vont se raccrocher à leur domicile car il s’agit d’un endroit familier et plein de souvenirs, un élément de stabilité auquel se raccrocher à une époque de la vie pleine de changements. De plus, le placement en institution signifie souvent un déménagement loin des cercles d’amis, des activités et des lieux souvent fréquentés. En somme il s’agit d’une grande rupture, d’un véritable arrachement au milieu de vie auquel la personne était accoutumée. Ce passage est donc difficile, voire parfois inenvisageable pour certaines personnes, même si elles ont de grandes difficultés à se maintenir chez elles. Un autre cas particulier est celui des couples où l’une des deux personnes pert peu à peu ses facultés physiques 26

Etablissements médicosociaux (EMS). Chiffres clés. [document électronique]. Genève, Direction générale de l’action sociale (DGAS) République et canton de Genève, 2013, 1 page, http://www.ge.ch/ems/

Prévention, aidants, coordination : comment passer du maintien au soutien à domicile des personnes âgées ? [document électronique]. Paris, Crédoc, coll «Cahier de recherche», N°C310, 2013, 67 pages. http://www.credoc.fr/pdf/ Rech/C310.pdf Health and long-term care in the European Union. [document électronique]. Bruxelles, Eurobarometer European Commission, 2007, 247 pages, http:// ec.europa.eu/public_ opinion/archives/ebs/ ebs_283_en.pdf Nicolet, Laurent. «Les accidents domestiques sont encore trop nombreux». [document électronique]. Genève, Migros Magazin, N° MM13, 2013, 1 page, http://www. migrosmagazine.ch/ societe/entretien/ article/les-accidentsdomestiques-sontencore-trop-nombreux

et mentales, mais l’autre reste en bonne santé. Souvent, la personne en bonne santé va choisir de s’occuper de celle en perte d’autonomie ou dépendante le plus longtemps possible plutôt que de placer son ou sa conjoint(e) en institution pour conserver une certaine normalité dans leur vie. De plus, les places en EMS sont chères, et souvent réservées aux personnes réellement dépendantes. Le placement de la personne dépendante en institution signifie donc souvent une séparation : même s’il est bien sûr possible à la personne en bonne santé de venir rendre visite à son conjoint en institution quotidiennement, cela représente tout de même une distance entre les deux personnes. Pour toutes ces raisons, l’essentiel des personnes âgées préfèrent continuer à vivre chez elles, le cas échéant chez des proches. Parmi les personnes dépendantes, 61% continuent à vivre à leur domicile plutôt qu’en établissement*. Ce constat, s’il peut paraître a priori positif puisqu’il correspond aux attentes de la population âgée - près de 80% des citoyens européens déclarent préférer être pris en charge à domicile dans l’hypothèse où ils deviendraient dépendants* masque des situations complexes, voire dramatiques. En effet les conséquences d’un accident domestique sont beaucoup plus graves chez une personne âgée que chez des personnes plus jeunes. D’après le BPA - Bureau Suisse de Prévention des Accidents - “87% des chutes concernent les personnes âgées, qui sont pourtant prudentes et s’en méfient”. D’après l’étude du BPA concernant les chutes des aînés*, chaque année en Suisse un tiers des personnes âgées de plus 27

de 65 ans tombe au moins une fois par an et le risque de tomber augmente rapidement avec l’âge. L’étude montre que 45 % des personnes âgées concernées n’avaient aucun problème de santé avant la chute. Or, 37% des chutes répertoriées ont entraîné des contusions, 13% des plaies ouvertes, 8% des entorses et luxations, et 47% des fractures. Une chute signifie donc très souvent l’hospitalisation, si ce n’est le décès*. Or l’hospitalisation, autant que la chute, est un facteur de crise qui peut accélérer le processus de dépendance. Dans un entretien auprès de personnes âgées ayant fait une chute nécessitant des soins, on demande à l’une d’elles quelles conséquences, au-delà des séquelles physiques temporaires, le fait d’être tombée a eu sur elle. “C’est-à-dire que ça m’a enlevé beaucoup d’assurance en moimême [...]”, répond-elle. “J’ai quand même perdu beaucoup de force. Tout d’un coup j’ai perdu toutes mes forces. Après cet évènement”. La chute est donc à l’origine d’un grand affaiblissement, mais aussi d’une perte de confiance en soi qui risque petit à petit d’engendrer une dépendance accrue : plus peureuse et plus faible, la personne ayant chuté risque de moins avoir envie de sortir et de bouger, de réduire ses activités et d’avoir besoin de plus d’aide. La chute, et surtout l’hospitalisation dont la nécessité rend saillante la gravité des conséquences d’une chute, fragilise donc aussi la personne sur un plan psychologique. Ayant peur de tomber de nouveau, elle va s’isoler et bouger de moins en moins, ouvrant la porte à un niveau de dépendance de plus en plus important. De plus, l’inadaptation des logements rend la vie quotidienne plus difficile dès que survient une 28

dépendance, même partielle. L’étude du BPA révèle ainsi que 86% des accidents survenant à des personnes âgées ont lieu au domicile. Les principaux responsables en sont les sols, glissants ou irréguliers, les escaliers, et le mobilier, trop dense ou mal placé. Hubacher, Markus et al. Les accidents des personnes âgées de plus de 65 ans. Berne, Bureau Suisse de Prévention des Accidents, 1997, 174 pages.

Si le logement peut être dangereux avant la chute, il peut devenir tout simplement invivable après l’installation d’une dépendance physique. Ainsi, pour une personne ayant des difficultés à se déplacer, un appartement situé dans les étages supérieurs d’un immeuble sans ascenseur rend toute sortie extrêmement difficile, voire insurmontable. Pour éviter les problèmes liés à une dépendance physique, deux solutions sont alors possibles : le déplacement de la personne âgée dans un logement adapté, ou la transformation du logement existant en vue de réduire les dépendances matérielles. Si ce type de mesures est souvent mis en oeuvre suite à l’installation de la dépendance voire l’accident, il serait toutefois préférable de les entreprendre dès que la personne âgée commence à présenter les premiers signes de fragilité en temps que mesure de prévention. 1.2 Adaptation du logement : premier outil du soutien à domicile Les principaux risques d’accidents domestiques pour les personnes âgées viennent du fait que plus l’on vieillit, plus la vue et l’ouïe baissent tandis que dans le même temps, les 29



capacités physiques s’atténuent. Cela rend des situations sans difficulté pour des personnes plus jeunes beaucoup plus complexes car le danger n’est pas toujours perçu et les conséquences en sont beaucoup plus graves.

1.2.1 Faciliter la circulation

Pour éviter à la personne âgée de risquer de trébucher sur un objet ou un meuble mal placé on peut adapter le logement en sécurisant l’entrée, et en prenant soin à ce que la circulation ne soit pas gênée par des obstacles que la personne pourrait ne pas remarquer. Il est particulièrement important de ne pas laisser encombrés les axes et lieux de passage. Il faut avant tout faciliter la circulation entre chaque pièce. Les petits meubles, plantes vertes et objets décoratifs placés dans les lieux de passage sont ainsi à éviter. Il faut également éviter d’avoir des fils électriques - du téléviseur, des lampes ou du téléphone par exemple - qui dépassent. Les fils doivent être fixés au mur ou contenus dans des range-fils.

Acuité visuelle normale et acuité visuelle fortement diminuée

Ranger les fils électriques dans un range-fils pour éviter de trébucher

Parmi les principaux types d’accidents domestiques chez les personnes âgées figurent ainsi* : - chute en grimpant sur une chaise ou un escabeau pour attraper un objet difficilement accessible ou trop lourd;

- glisser sur un parquet, carrelage, baignoire;

- trébucher sur un obstacle (un meuble ou une plante dans le passage, des fils électriques par terre, les bords d’un tapis mal fixé...); - ou tout simplement perte de l’équilibre sans parvenir à se rattraper. Pour éviter ce genre d’accidents quelques ajustements au logement peuvent être mis en place. 30

«Personnes âgées / Conseils pour améliorer le quotidien de la personne âgée / Sécuriser le logement des personnes âgées». [document électronique]. Paris, Aidautonomie, 2013, 1 page, http:// www.aidautonomie. fr/informations-etconseils/les-dossiersaidautonomie/personnesagees/conseils-pourameliorer-le-quotidiende-la-personne-agee/ securiser-le-logementdes-personnes-agees



1.2.2 Eviter les sols glissants :

Pour éviter les chutes, il est préférables d’éviter les revêtements de sol glissants, comme le carrelage ou le 31

parquet. L’idéal est de privilégier l’utilisation de la moquette dans toutes les pièces de la maison, y compris les escaliers. D’autres matériaux anti-dérapants, comme certains types de linoléum, de carrelage ou de bétons, peuvent également être utilisés. Si des revêtements de sol glissants existent déjà et qu’il n’est pas possible de les remplacer, on peut les recouvrir avec des tapis anti-dérapants. Pour ce qui est des tapis et paillassons, il est conseillé de les fixer au sol avec de l’adhésif double-face. Dans la salle de bain, des tapis anti-dérapants ou de grosses pastilles déposées au fond de la douche ou de la baignoire évitent de glisser. Tapis fixé au sol avec de l’adhésif double-face et tapis de bain anti-dérapant

personne âgée se fatigue rapidement, on peut aussi installer des chaises ou fauteuils (pas trop profonds afin de pouvoir facilement se relever) dans les couloirs ou sur un palier d’escalier par exemple. Cela lui permet de prendre une pause et de reprendre des forces et évite de chanceler à cause de la fatigue. Dans le cas d’un logement sur plusieurs étages, si la rampe d’escalier n’est pas suffisante, l’installation d’un monteescalier peut être nécessaire si la personne souhaite tout de même rester à son domicile. Barres d’appui dans les WC et monte-escalier



1.2.3 Multiplier les points d’appui :

Une personne ayant des difficultés physiques peut éviter de tomber si elle a à disposition des points d’appui lui permettant de s’appuyer se reposer et se relever. On peut ainsi installer des barres à différents points stratégiques de la maison ou de l’appartement, notamment dans la salle de bains et les toilettes, les escaliers et les longs couloirs. Si la 32

1.2.4 Eviter les rangements difficiles d’accès :

Au sein de son habitation, la personne âgée doit veiller à bien ranger les ustensiles ou les objets qu’elle utilise régulièrement à des endroits spécifiques à portée de main. Il faut au maximum éviter d’être obligé d’avoir recours à une chaise ou un petit escabeau pour attraper quelque chose.

33



1.2.5 Eviter les zones d’ombre :

A un âge où la vue a tendance à baisser il est facile de manquer une petite marche ou de trébucher sur un objet dissimulé dans l’ombre. Par conséquent il est nécessaire que l’habitation soit la plus lumineuse possible. En particulier, il faut préférer les ampoules électriques de 75 voire 100 watts de longue durée de vie et éviter les lampes fluocompactes dont le temps d’allumage long laisse la pièce dans la pénombre pendant un certain temps avant de commencer à éclairer convenablement. On peut aussi installer des veilleuses dans l’appartement pour aider à se repérer la nuit.

1.2.6 Améliorer les équipements :

Afin de rendre le quotidien de la personne âgée plus confortable et moins dangereux, il faut penser à changer certains équipements. Réhausser la cuvette des WC permet de s’y asseoir plus confortablement. Installer un siège de baignoire ou si possible, une douche avec un bac peu profond, Utilisation d’un siège de baignoire

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voire avec un écoulement directement par le sol de la salle de bains facilite la toilette. En effet, ces dispositifs sont plus facilement accessibles à des personnes ayant des difficultés à soulever leurs jambes suffisamment : souvent l’accès à la baignoire ou au bac de douche traditionnels peut s’avérer difficiles voire dangereux pour elles. Il est également déconseillé d’utiliser des sièges trop profonds, au risque de plus pouvoir se relever. Il faut aussi privilégier une literie haute ou un lit médicalisé à hauteur variable avec barrières, afin de pouvoir se lever et se coucher normalement. Enfin, les prises électriques doivent être au même niveau que les interrupteurs, à portée de main, pour éviter d’avoir à se baisser outre mesure.

1.2.7 Adopter la téléalarme :

La téléalarme est un équipement d’une grande simplicité, tant pour son installation que pour son utilisation. Il s’agit d’un boîtier branché sur une prise électrique et une prise téléphonique, et d’un médaillon que la personne âgée porte autour du cou ou dans sa poche en permanence. En cas de difficultés elle peut presser le bouton sur le médaillon. En fonction du niveau de dépendance, il existe différentes formules : après avoir pressé le médaillon, la personne âgée peut être mise en contact avec un proche désigné, ou un plateau d’assistance médicalisé. Celui-ci assesse la situation et alerte, en fonction de la gravité, les proches, le médecin traitant ou les secours. Dans le cas où la personne âgée est dans l’impossibilité d’expliquer la raison de l’appel (par exemple si elle a perdu connaissance), les secours lui sont envoyés 35

directement pour lui porter assistance. Des équipements complémentaires peuvent être installés* : le boîtier peut aussi Equipement de téléalarme : médaillon, boîtier avec interphone et détecteur de chutes

comprendre un interphone (ou des interphones peuvent être installés dans chaque pièce) pour faciliter la communication. Un bracelet détecteur de chutes met la personne en relation automatiquement si une chute est détectée : en cas de nonréponse de la personne âgée, les secours sont alertés. En fonction des formules, la téléalarme peut aussi diminuer l’isolement social : la personne âgée est alors mise en relation avec un proche ou une personne d’une plateforme de services pour pouvoir discuter un moment. Ce système permet de conserver une certaine autonomie même pour des personnes très fragiles. Il leur devient en effet possible de rester à leur propre domicile et d’éviter le placement en institution spécialisée, tout en étant reliées directement aux secours en cas d’urgence. 36



«Sérénité Assistance». [document électronique]. Genève, Sérénité Assistance, 2013, 1 page, http://ch.sereniteassistance.com/6.html

1.2.8 Des solutions sur mesure :

Bien sûr, les différents aménagements mentionnés précédemment ne sont pas toujours nécessaires et l’adaptation du logement se fait au cas par cas en fonction des capacités de la personne âgée souhaitant rester à son domicile. Il est toutefois préférable de “sur-adapter” le logement plutôt que d’attendre la chute ou la dégradation de la condition physique de la personne pour commencer la transformation.

Informations recueillies lors de l’interview de l’association Pact-Arim. Pact-Arim est une association oeuvrant en faveur des personnes défavorisées, fragiles ou vulnérables dans le but de leur maintien à domicile. À cet effet elle propose des diagnostics d’accessibilité.

Pour établir quelles transformations sont nécessaires dans un logement on peut procéder en plusieurs étapes*: - Evaluation avec la personne âgée de l’ensemble de ses difficultés dans les actes de la vie quotidienne (toilette, cuisine, ménage, gros ménage, ouverture des fenêtres et des volets, courses, etc.). - Analyse minutieuse des problèmes rencontrés dans chaque pièce, à l’aide d’une grille très précise, afin de déterminer leur origine : la difficulté vient-elle de la porte, du seuil, d’une marche, du revêtement de sol, de l’éclairage, de la densité du mobilier? - Etude pièce par pièce de l’aménagement : évier, placard, buffets, armoires, WC, baignoire, douche, mais aussi interrupteurs, robinets, poignées de portes, afin de déterminer si les difficultés rencontrées sont dues à une mauvaise position (trop haut, trop bas, approche difficile...) ou à l’inadaptation fonctionnelle du meuble ou de l’aménagement. - Analyse de l’extérieur du logement, et observation systématique des difficultés d’accès à l’espace public et aux 37

38 Allée étroite gravillonnée avec main courante n’accompagnant pas les premières marches.

Circulation en légère pente et recouverte de gravillons.

Tapis brosse en morceaux de moquette scotchés.

Terrasse en béton en très mauvais état.

Escalier en rondins et gravillons peu stable et dangereux avec maincourante bois, légère et mal fixée.

Sonnette-cloche sur le portail. Le portail frotte de façon importante.

Extérieur

Tapis brosse en morceaux de moquette scotchés.

Prises de courant peu accessibles et pas assez nombreuses.

Absence de blocage des persiennes.

Raide et mal éclairé. Sans main courante.

Robinetteries mélangeuses trop dures.

Escalier inérieur

Robinetteries mélangeuses ou séparatives toutes assez dures et vétustes.

Baignoire .

Sol glissant.

Salle de bain

Installer un WC avec cuvette réhaussée.

Inverser le sens d’ouverture de la porte.

WC

Illustration basée sur une image fournie par l’association Pact-Arim

Installer un va-et-vient électrique.

Remplacer les fenêtres par des modèles plus légers et faciles à ouvrir. Installer un volet roulant.

Installer un deuxième téléphone dans la chambre.

Installer une moquette neuve et une barre de seuil.

Ajouter des prises de courant au même niveau que les interrupteurs

Assise trop basse.

Porte du WC ouvrant à l’intérieur et accès au WC étroit.

WC

Illustration basée sur une image fournie par l’association Pact-Arim

Chambre

Gazinière avec bouteille.

Cuisine

Baignoire.

Sans main courante.

Robinetteries mélangeuses ou séparatives toutes assez dures et vétustes.

Sol glissant.

Raide et mal éclairé.

Escalier inérieur

Salon

Robinetteries mélangeuses trop dures.

Gazinière avec bouteille.

Cuisine

Salle de bain

Pas de va-et-vient électrique.

Persiennes lourdes.

Solutions possibles

Extérieur

Allée étroite gravillonnée avec main courante n’accompagnant pas les premières marches.

Circulation en légère pente et recouverte de gravillons.

Terrasse en béton en très mauvais état.

Escalier en rondins et gravillons peu stable et dangereux avec maincourante bois, légère et mal fixée.

Sonnette-cloche sur le portail. Le portail frotte de façon importante.

Extérieur

Extérieur

Un seul téléphone dans le couloir.

Moquette en mauvais état et absence de barre de seuil.

Fenêtres difficiles à ouvrir.

Chambre

Salon

Diagnostic d’accessibilité

39

services qui prolongent l’habitat : boîte aux lettres, poubelles, cave, escalier, ascenseur, cour, jardin, etc. Enregistrement du détail de chaque problème : temps de minuterie, éclairage trop faible, marche, seuil, porte trop lourde, poignée ou serrure inadaptée, rampe trop raide, sol inégal ou glissant, etc. - Suite à ce diagnostic, on peut établir des prescriptions d’aménagement tenant compte de leur faisabilité technique et financière.

1.3 Soutien à domicile : aide extérieure

Le maintien à domicile requiert souvent plus qu’un simple réménagement de l’appartement. Une personne qui a du mal à se déplacer ou simplement à soulever des objets lourds aura également des difficultés à réaliser certaines tâches de la vie quotidienne, et peut nécessiter une attention médicale. Il existe pour ces personnes des services dont le but est de faciliter la vie de la personne âgée pour lui permettre de rester chez elle. Ces services concernent essentiellement deux domaines : les soins et l’aide ménagère. Souvent, les services de la vie courante peuvent être rendus par des voisins ou des proches : changer une ampoule, faire de grosses courses, acheter le journal ou du pain. Toutefois, pour les personnes n’aynt personne pour les aider ou des tâches dépassant l’aide pouvant être aisément dispensée par des proches, il existe différentes associations, à but lucratif ou non, dont le but est de fournir des services aux personnes âgées ou dépendantes, notamment en Suisse l’Association Suisse des services d’aide et de soins à domicile, ou par des Centres Médicaux-Sociaux. 40



«Pour la prévention, l’aide et les soins à domicile». [document électronique]. La Broye, ABSMAD, 2013, 6 pages, http://www. absmad.ch

1.3.1 Aide ménagère :

En fonction du degré de dépendance physique, les personnes âgées peuvent avoir besoin de différents degrés d’aide à domicile : par exemple, elles peuvent avoir besoin d’aide au ménage hebdomadaire*, ou bien être suffisamment capables pour faire le ménage elles-même mais avoir besoin d’aide une ou deux fois par an pour un grand nettoyage (laver les vitres, les étagères en hauteur, etc). Il existe donc différentes formules et prestations adaptées à chaque cas. Les aides peuvent intervenir pour le ménage, les repas et la lessive. Ces services peuvent être complétés par des prestations tels que la livraison de courses à domicile ou le portage de repas*. Les repas sont préparés dans les cuisines d’institutions régionales (hôpital, EMS, sociétés chargées de la restauration scolaire, etc.) et leur livraison est organisée par les Centres Médico-Sociaux (CMS). Les CMS peuvent également organiser des transports pour les personnes* qui se déplacent difficilement en raison de problèmes de santé et qui ne peuvent pas prendre les transports publics ou conduire une voiture. Pour ce faire, le CMS collabore avec les services bénévoles, les compagnies de taxi et les transporteurs spécialisés de la région. Une visite d’un professionnel permet d’évaluer les besoins et de définir quel est le fournisseur de transport le plus adéquat. Le CMS organise ensuite des transports ponctuels ou réguliers, quelle que soit leur destination : courses thérapeutiques (chez le 41

médecin, à l’hôpital, etc.), déplacements de la vie quotidienne (chez le coiffeur, à la poste, à la banque, dans un magasin, etc.), activités socioculturelles (dans la famille, au cinéma, au théâtre, etc.). Les services à domicile sont donc bien développés. Il existe pourtant toujours des freins culturels : certaines personnes âgées les perçoivent comme une atteinte à leur vie privée. De plus, l’aide à domicile peut être vécue comme un premier pas vers la dépendance. Nombreux sont ceux qui, de la même manière qu’ils veulent à tout prix éviter la maison de retraite, pensent qu’ils doivent se débrouiller seuls. Bien qu’indispensables, les services peuvent avoir des effets pervers, par exemple augmenter le confinement de la personne chez elle. Il est donc essentiel qu’ils ne soient pas conçus comme des actes strictement fonctionnels, mais qu’ils intègrent une dimension relationnelle. Dans cette optique, certaines approches tentent d’offrir des services qui ne se substituent pas aux relations tissées avec l’environnement (solidarités, entraides de voisinage) mais cherchent à faire sortir les personnes âgées de chez elles plutôt que de tout leur apporter à domicile. C’est ainsi le cas des aides ménagères qui vont accompagner la personne âgée pour faire ses courses, aller à la banque ou à la poste plutôt que de leur ramener leurs courses chez elles et de repartir avec le courrier à poster.

«Pour la prévention, l’aide et les soins à domicile». [document électronique]. La Broye, ABSMAD, 2013, 6 pages, http://www. absmad.ch

1.3.2 Soins à domicile

Les services de soin sont particulièrement importants pour le soutien à domicile des personnes âgées malades ou dépendantes. Ces services sont souvent dispensés par les mêmes organisations que l’aide ménagère* : Les Centres Médico-Sociaux évaluent les besoins de la personne âgée et assurent à son domicile les soins infirmiers nécessaires, par exemple : -  contrôle de santé, prise de tension, prise de sang, glycémie,injections, pansements, - gestion des médicaments, - suivi de symptômes de santé mentale, tels que des troubles de la mémoire ou des symptômes dépressifs, - soins palliatifs (identification et traitement de la douleur), accompagnement en fin de vie - soins techniquement complexes (chimiothérapie, dialyse péritonéale, etc.) - conseils de santé et instruction. Soins à domicile



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Des aides-soignantes du CMS peuvent également fournir des soins d’hygiène et de confort en apportant des conseils, du soutien ou de l’aide pour les soins d’hygiène, la mobilisation et la prise des repas. Parmi les services proposés figurent de l’aide pour se lever le matin et/ou se coucher le soir, pour faire sa toilette, s’habiller et se déshabiller, manger ou faire un peu d’exercice en faisant quelques pas dans l’appartement ou à l’extérieur.

«Maintien à domicile, le guide pratique». [document électronique]. Paris, Comprendre Choisir, 2013, 1 page, http:// maintien-a-domicile. comprendrechoisir.com/ comprendre/maintien-adomicile-essentiel

D’autres types de soins, tels que soins pour la santé mentale, kinésithérapie ou ergothérapie, peuvent également parfois être dispensés à domicile.

1.3.3 Médicalisation du domicile

Parfois, dans le cas des personnes très dépendantes souhaitant rester à leur domicile, il est nécessaire d’introduire du matériel médical à l’intérieur du logement : il peut s’agir de matériel aidant au déplacement, tels que déambulateurs, monte-escaliers ou scooters électriques ou d’équipement aidant à l’hygiène et à la toilette, comme WC réhaussés, chaises percées, ou équipements pour la douche ou la baignoire (fauteuil, élévateurs, sièges, tabourets, poignées, marchespied, portes spécifiques, baignoires à porte...).* Du matériel d’aide au positionnement peut également être nécessaire : ceinture de maintien, oreillers ergonomiques, décharge talonnière ( qui prévient contre l’équinisme du pied et l’escarre calcanéenne, et favorise aussi le retour veineux), fauteuils de repos spécialisés ou fauteuils roulants. 44

«Maintien à domicile, le guide pratique». [document électronique]. Paris, Comprendre Choisir, 2013, 1 page, http:// maintien-a-domicile. comprendrechoisir.com/ comprendre/maintien-adomicile-essentiel

Pour les personnes âgées malades, l’hospitalisation à domicile est possible, quoique soumise à conditions* : le médecin traitant doit confirmer que l’état de la personne doit rendre l’hospitalisation possible et une assistante sociale doit vérifier que l’appartement soit adapté. L’intérêt de l’hospitalisation à domicile est de permettre de favoriser le maintien à domicile de la personne et d’éviter ou de raccourcir une hospitalisation dans un établissement. Il s’agit d’une structure de soins alternative ou complémentaire à l’hospitalisation qui a pour vocation d’assurer des soins médicaux et paramédicaux importants au domicile du patient. Cette formule est envisageable dans le cas de plusieurs types de pathologie tels que cancérologie, orthopédie, neurologie, cardiologie, psychiatrie. Les types de soins pouvant être reçus vont des soins ponctuels (maladie non stabilisée, soins techniques et complexes tels que chimiothérapie ou antibiothérapie) aux soins de réadaptation au domicile (après la phase aiguë d’une maladie cardiaque ou neurologique ou un traitement orthopédique) aux soins palliatifs et l’accompagnement en fin de vie. Dans ce cadre les personnes vulnérables, malades ou âgées ont besoin de matériel médicalisé adapté à leur domicile. Ces différents équipements les aident à retrouver une partie de leur autonomie et à accomplir certains gestes de la vie quotidienne tout en améliorant leurs conditions de vie. Parmi ces équipements on peut citer : - lit médicalisé et les différents accessoires y afférents : lit avec hauteur variable électrique, lit avec barrière bois coulissante, 45

lit avec barrière potence et relève jambe électrique ; - fauteuils roulants ou de repos ; - table de lit à hauteur variable assistée ; - sangle lève personne ; - planche de bains ; - chaise-toilettes et/ou le surélévateur de toilettes ; - déambulateur ; - panier et pied à sérum ; - broncho-aspirateur ; - pompe à perfusion ; - crochet poche à urine ; - seringue électrique ; - régulateur de débit (alimentation entérale) ; - appareil de mesure de la glycémie capillaire. En fonction des pathologies d’autres équipements peuvent également être nécessaires. Des médecins, infirmiers et aidesoignants viennent au domicile. Les personnes optant pour l’hospitalisation à domicile sont souvent des personnes vivant encore avec leur conjoint(e) ou chez des proches et préférant rester dans leur domicile, dans un contexte familier. Il arrive que des personnes seules choisissent l’hospitalisation à domicile mais cela leur est plus difficile étant donné l’ampleur de l’aide qui peut leur être nécessaire.

46

2.

Logements protégés : une solution intermédiaire

On l’a vu, souvent, les personnes âgées préfèrent rester à leur domicile que d’être placées dans un établissement spécialisé. Toutefois, tous les logements ne peuvent pas être adaptés à une dépendance physique : une maison à la campagne loin de tout ne peut pas toujours bénéficier d’aide à domicile car ce serait trop coûteux pour les compagnies qui les proposent, un appartement dans les étages supérieurs d’un immeuble sans ascenseur peut rendre toute sortie impossible pour la personne âgée, un logement trop exigu ne peut pas forcément accueillir le matériel médical nécessaires au maintien au domicile. De plus, toutes les personnes âgées ne peuvent ou ne veulent pas conserver leur domicile : suite au départ des enfants, le logement peut devenir trop grand pour une ou deux personnes. Après le passage à la retraite, on peut vouloir déménager dans un appartement plus petit mais mieux placé, en centre-ville par exemple, pour pouvoir bénéficier de la proximité de plus d’activités. Les jeunes retraités ne sont souvent pas encore concernés par la dépendance et ont encore de belles années devant eux, ils ne sont donc pas encore aussi attachés à un endroit particulier que des eprsonnes du quatrième âge. La volonté d’être “chez-soi”, par opposition à être en institution, n’exclut pas la possibilité de déménager. Pour ces personnes en bonne (ou relativement bonne) santé, il existe une solution intermédiaire entre leur propre 47

domicile et un Etablissement Médico-Social : les appartements protégés. Il s’agit d’immeubles de logement collectif où les personnes ont chacun leur appartement propre, mais où il existe également des locaux collectifs favorisant la socialbilité et la convivialité, et où il est possible de bénéficier facilement de services complémentaires si besoin est : aide au ménage, soins, etc.

Un exemple particulièrement intéressant de ces foyers auto-gérés est le foyer des Babayagas à Montreuil-sous-Bois en France, car il s’agit d’un projet pionnier dans son genre. L’idée est de vivre ensemble, selon un mode de vie solidaire. Le nom de Babyagas, qui fait référence à des sorcières dans les contes slaves, est représentatif de l’idée du projet : avec un brin d’ironie et d’auto-dérision, les fondatrices de ce projet veulent apporter un nouveau regard aur la vieillesse.





2.1 Les Foyers auto-gérés:

Les foyers auto-gérés sont des immeubles ou même quatriers d’appartements protégés, c’est-à-dire adaptés à des personnes âgées même très physiquement dépendantes, construits et gérés par les résidents. Il s’agit de quelque chose qui devient de plus en plus répandu de nos jours. Le concept de ces foyers est d’être un projet de vie ou plutôt de vieillesse - à part entière puisqu’on y emménage assez jeune, généralement entre 60 et 70 ans (après la retraite) et qu’on y reste en principe jusqu’à la fin de ses jours, même si une dégradation de l’état de santé physique ou surtout mentale peut nécessiter dans certains cas un transfert à l’EMS. L’idée est d’accueillir des personnes du troisième et quatrième âge dans un même projet, où les personnes les plus jeunes peuvent rendre des services aux personnes plus âgées, et où l’on peut donc vieillir sans crainte de se retrouver seul et sans aide puisque les générations plus jeunes prendront la relève.

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La Rocca, Jean Marc. La Maison des Babayagas. De l’utopie à l’innovation sociale. [Vidéo]. Montreuil, La Mairie de Montreuil et l’Office HLM, 2009, http://gensol.arte. tv/babayagas

“Nous voulons changer le regard des vieux et des vieilles sur eux-mêmes et sur la société et surtout le regard de la société sur la vieillesse”, explique Thérèse Clerc, la personne à la base de ce projet. “La maison des Babayagas est une expérience d’innovation sociale, c’est un projet politique qui, au bout de treize longues années de combat, a enfin pu voir le jour. Nous sommes les semeuses du futur car mourir vieux c’est bien mais vieillir bien c’est mieux. D’ici 2050, un tiers de la population française aura plus de 60 ans. A l’avenir, il faudra davantage de projets d’autogestion des vieux.”

La maison des babayagas : de l’utopie à l’innovation sociale. [document électronique]. Montreuil, Office public de l’habitat montreuillois, 2011, 5 pages, http:// www.ophmontreuillois. fr/index.php/content/ download/1844/27408/ file/Babayagas_Dossier_ PresseOPHM_2011_14 nov.pdf

Ce projet utopique ne peut fonctionner sans bonne volonté et coopération de la part des résidents : la maison fonctionne selon un mode démocratique, avec simplement une médiatrice en cas de conflits. Il y a donc des conditions d’entrée très particulières : tout d’abord, le projet est réservé aux femmes. En effet, ce sont les femmes qui sont le plus touchées par la précarité dans leur vieillesse : du fait de la différence d’espérance de vie entre les hommes et les femmes, elles se retrouvent plus souvent veuves. De plus, ajoute Thérèse Clerc, fervente militante féministe, “les hommes ne restent pas veufs, 49

ils trouvent généralement une seconde épouse plus jeune pour s’occuper d’eux. Le regard de la société est différent envers les femmes : passé un certain âge nous ne sommes plus considérées”. Le projet s’adresse donc à des femmes de plus de 60 ans dont les revenus sont modestes. le loyer des studios, de 430€ par mois, permet ainsi à ces personnes de trouver un logement abordable. De plus une caisse collective est mise en place pour aider les plus défavorisées. Ce ne sont toutefois pas les seules conditions pour pouvoir rentrer : il faut également partager une idéologie féministe et avoir milité au sein d’une association ou d’un collectif. Pour Thérèse, qui a également fondé la Maison des Femmes de Montreuil, il est fondamental d’avoir eu une expérience de groupe. Autre bémol, la maison n’étant pas médicalisée, les aspirantes Babayagas doivent être en bonne forme morale et physique. D’ailleurs, chaque membre doit désigner une personne extérieure qui prendra les décisions nécessaires en cas d’incapacité de sa part.

Plans de la maison des babayagas, Montreuil.

Le plan de l’étage ressemble à celui d’un immeuble HLM classique

Le projet se présente sous la forme de logements à loyers modérés classiques : en effet, faute de moyens et surtout de soutien de l’Etat, les Babayagas ne sont pas médicalisées. Image issu de: “La maison des babayagas : de l’utopie à l’innovation sociale”. [document électronique]. Montreuil, Office public de l’habitat montreuillois, 2011, 5 pages, http://www. ophmontreuillois.fr/ index.php/content/ download/1844/27408/ file/Babayagas_Dossier_ PresseOPHM_2011_14 nov.pdf

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Le rez-de-chaussée avec tous ses espaces collectifs, fait la spécificité du bâtiment

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Pas de personnel soignant ou de matériel spécialisé donc dans cette résidence, car ce projet était unique lors de son développement depuis 2005 et n’a pas pu bénéficier d’aides de la Sécurité Sociale. Ce qui fait sa spécificité, le distingue d’un logement classique et le rend plus apte à accueillir des personnes âgées est son rez-de-chaussée où se trouvent de nombreux espaces communs : services tels que la buanderie, mais surtout un potager, un jardin, 2 grandes salles communes et une tisannerie. Ce rez devient ainsi le coeur du projet où se déroulent toutes les activités : en plus des activités conventionnelles auxquelles s’adonnent souvent les personnes âgées (jeux de cartes, séances de films ou simplement partage d’un moment à l’heure du thé), Thérèse Clerc a tenu à développer des projets plus inhabituels. Elle tient particulièrement à la mise en place d’une université populaire, qui devrait prochainement voir le jour. Parce qu’”il faut secouer les vieux, qu’ils arrêtent de ne jouer qu’au Scrabble et à la crapette”, elle a tenu à faire des deux salles communes du rez-de-chaussée un lieu d’activité intellectuelle et de bien être. Conférences et interventions du cercle de réflexion féministe Émilie du Châtelet, séances de gym douce, ergothérapie, massages… tout est mise en oeuvre pour faire des Babayagas un lieu où les personnes âgées peuvent rester alertes, autonomes et confortables. Le foyer des Babayagas est donc une maison autogérée par et pour des personnes âgées, dont la spécificité réside finalement autant dans les personnes elles-même et leur philosophie que dans le bâtiment favorisant les échanges 52

et le partage.

2.2 Résidences protégées

Les appartements protégés sont des appartements construits de façon à être entièrement adaptés à la dépendance (voir partie 4). Contrairement aux foyers auto-gérés, il s’agit d’immeubles dont les appartements sont mis en location et gérés par une organisation extérieure, publique ou privée. L’intérêt de ce mode de gestion par rapport à un foyer autogéré est qu’il s’agit d’un projet ouvert à tous, indépendamment du mode de vie ou des convictions personnelles. Si le partage et l’échange sont encouragés, ils n’ont pas de caractère obligatoire et une personne au caractère plus solitaire peut vivre dans son appartement sans avoir à participer à la vie collective. Les appartements sont destinés à des personnes de plus de 60 ans, seules ou en couple. L’idée est de continuer à vivre normalement, mais dans un appartement prévu pour pouvoir accomoder la plupart des problèmes physiques qui pourraient se développer par la suite. Si l’adaptation architecturale du bâtiment à la dépendance joue un rôle dans cette accomodation, les services proposés par l’immeuble sont particulièrement importants : aide au ménage hebdomadaire ou annuelle, infirmière pour recevoir des soins ou aide-soignante pour une aide à la toilette par exemple sont autant de services qu’un résident peut choisir de demander si besoin est. L’intérêt de l’appartement protégé est ainsi double : d’une part, il est plus simple d’emménager dans un appartement adapté pendant que l’on est encore en bonne 53

santé, et de bénéficier de l’adaptation en cas de dégradation des capacités physiques par la suite, que de devoir déménager ou complètement adapter son propre logement une fois la dépendance installée. D’autre part, la concentration de nombreux appartements protégés au même endroit permet de diminuer la charge financière que représente l’aide ménagère et aux soins en supprimant le temps de déplacement entre différents appartements. Selon les cas, le personnel soignant et d’entretien peut être externe ou travailler exclusivement à la résidence. La configuration du bâtiment hexagonal, très particulière, est très appréciée par les résidents. Elle permet d’avoir une variété de logement de une à trois pièces organisés autour d’un hall central comprenant l’escalier, illuminé par un puits Plan de la résidence la Gradelle, ChêneBougeries.

de lumière zénithal. La variété d’appartements est un point très positif car on peut être amené à changer d’appartement : ainsi, Simone, une résidente, nous explique-t-elle qu’à son arrivée à La Gradelle, son mari et elle partageaient un appartement de trois pièces. Toutelfois, après le décès de son mari, elle a choisi de déménager dans un appartement plus petit dans la résidence. La forme non-orthogonale du bâtiment plaît beaucoup car cela donne des pièces plus vivantes et à l’aspect moins standardisé : on se sent plus chez-soi et moins en institution. Seuls bémols : la place trop importante prise par le grand escalier central alors que la plupart des résidents sont obligés de prendre l’ascenseur, et le fait que les studios une pièce, occupés par des personnes seules et souvent trop dépendantes pour beaucoup bouger, soit orientés au Nord. “Ce sont les personnes les plus fragiles et elles ne voient jamais le soleil. Il aurait suffi d’une simple rotation du bâtiment pour que ce soit parfait”conclut Simone. Les résidences protégées ne sont toutefois pas de simples immeubles d’appartements adaptés. Elles possèdent également des espaces collectifs permettant d’établir des échanges entre les résidents et d’améliorer encore leur qualité de vie. Ainsi, à la résidence la Gradelle à Genève, on trouve au rez-de-chaussée une cafétéria où se retrouvent beaucoup les résidents. Comme chacun a sa propre cuisine, il faut prévenir à l’avance pour pouvoir y manger. Toutefois cet espace, loin d’être réservé à la cafétéria, est utilisé toute la journée comme un salon où prendre le thé, discuter et se rencontrer et est un véritable lieu de sociabiltité. Autre lieu d’échanges : le hall d’entrée, très spacieux et les boìtes aux lettres.

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“Les habitants aiment descendre chercher leur courrier et passer du temps à bavarder”explique Simone, une résidente. Une salle polyvalente en haut du bâtiment, avec sa grande terrasse, est également un des grands lieux de sociabilité où sont régulièrement organisées de nombreuses activités : lectures à voix haute, réceptions, fêtes. “Les résidents sont très actifs et organisent eux-même de nombreuses activités”, ajoute Mme Cramer, directrice de la résidence. Ainsi avaient été organisés un troc de vêtements, la fête d’anniversaire d’un petit-enfant de l’un des résidents auquel avaient été conviés tous ses camarades de classe, et une soirée crêpes. “Si nous regrettons une chose par rapport à ces espaces communs, c’est de ne pas avoir de coin cuisine plus grand.” explique Simone. En effet, à la cafétéria comme à la cafétéria se trouvent un petit espace avec de la vaisselle, un évier, un lave vaisselle et une bouilloire et une machine à café, mais une légère addition à cet espace pourrait permettre de cuisiner ensemble de temps à autre, par exemple pour une soirée crêpes. “Quand nous organisons ce genre d’évènements, nous cuisinons chacun dans notre appartement, puis on descend à la cafétéria ou on monte à la salle polyvalente pour manger ensemble” ajoute-telle. D’autres espaces collectifs, tels qu’une salle de fitness, la buanderie, des caves et un garage viennent compléter les services fournis par l’immeuble. A l’extérieur, un jardin aménagé, qui sera partagé avec l’EMS et la crèche du Nouveau-Prieuré en fin de construction, vient compléter l’espace. 56

2.3 Foyers intergénérationnels :

Un autre concept d’habitat collectif pour personnes âgées réside dans le foyer inter-générationnel : des immeubles ou groupements d’immeubles dont une partie sont réservés aux personnes âgées, et le reste à des couples ayant des senfants en bas âge. Daure, Pierre Henri . «Au sein du quartier Val Sully à Saint Apollinaire (Bourgogne, France), l’espace “Générations “. L’intergénération ne se décrète pas, elle se crée, elle se vit ». [document électronique]. Washington, AARPInternational, 2012, 1 page, http:// www.aarpinternational. org/resource-library/ resources/generations--fr

“La philosophie de cet habitat d’un genre nouveau est de créer dans un même lieu, différents services”, explique PierreHenri DAURE Directeur des établissements de la FEDOSAD (Fédération des Œuvres de Soutien à Domicile), qui a imaginé le projet Générations à St-Apollinaire, France.” Ces différents espaces s’intègrent dans une même philosophie. Ils forment un ensemble cohérent et adapté aux besoins de chacun, un espace pour l’intergénération. [...] Grâce à ces différents services, les générations se rencontrent, participent à des activités communes. Mais l’intergénération ne se décrète pas : elle se vit.” Le projet Générations à St-Apollinaire est ainsi constitué de 76 logements, dont la moitié sont des appartements loués à des personnes de plus de 60 ans. Le reste des appartements est dédié à des jeunes couples ayant de jeunes enfants. Tous les acteurs sont égaux. Ceci assure une mixité générationnelle au sein d’un bâtiment, et empêche une stigmatisation des aînés. Tous les locataires doivent en effet signer à leur arrivée une charte “Bonjour Voisin” qui constitue un engagement moral d’entraide entre générations. 57

Plans de la résidence Saint-Apollinaire, près de Dijon. Copyright JeanYves Guillemin architecte

dépendantes. Il s’agit d’un lieu de vie de type familial pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés. Un domicile collectif pour quatorze personnes âgées dépendantes physiquement fait également partie du projet. Cette petite unité assure un accompagnement et des soins nécessaires aux personnes par la présence de professionnels. Deux places d’hébergement temporaire ou d’accueil de nuit réparties sur chacune des petites unités de vie permettent d’accueillir des personnes âgées vivant à domicile dont les proches ont besoin d’un moment de répit. Enfin, il existe un accueil de jour pour treize personnes âgées atteintes d’une maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés, vivant à domicile dans l’agglomération dijonnaise. Différents services viennent s’ajouter au programme pour faire du quartier un lieu riche et varié (crèche, salle de quartier, etc.). En proposant un programme diversifié, le projet favorise l’interaction entre les générations et incite les liens sociaux. La plupart des espaces collectifs ne sont pas uniquement dédiés aux habitant du quartier, mais sont également mis à la disposition des non-résidents, procurant un rayonnement de ce lieu jusque dans ses environs.

A gauche : logements pour les familles. A droite : logements pour les personnes âgées de plus de 60 ans

Aux logements pour personnes retraitées s’ajoutent des unités pour personnes âgées souffrant de dépendances physiques ou mentales. On trouve ainsi dans le projet un domicile protégé pour six personnes âgées psychiquement 58

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atteintes de pathologies psychiatriques.

3.

Etablissements Médico-Sociaux

Quand l’état de santé de la personne âgée ne lui permet plus de rester chez elle ou en appartement protégé, il lui est possible d’entrer en Etablissement Médico-Social. Cela peut aussi être un choix si la personne ne veut plus rester seule chez elle et préfère ce système à celui d’un appartement protégé. Il s’agit de lieux de vie médicalisés offrant des prestations sociales, hôtelières, de soins et d’animation. Si l’hébergement en long séjour reste le plus courant en EMS, d’autres services sont proposés : ainsi, une personne âgée peut opter pour un court séjour en EMS le temps de se remettre d’une maladie. L’accueil temporaire de personnes dépendantes, par exemple pour permettre à la personne qui s’en occupe d’habitude de prendre des vacances ou simplement de se reposer et de se délester d’une charge qui peut être lourde pour un temps, figure également parmi les prestations proposées. Les EMS peuvent être des établissements de plus ou moins grande ampleur (la capacité d’accueil peut varier de 10 lits à 150 lits) qui peuvent avoir différents types de missions : - la gériatrie somatique pour des personnes âgées atteintes de troubles physiques. - la psychogériatrie pour des personnes âgées souffrant de troubles psychiques (exemple : la maladie d’Alzheimer). 60

- la psychiatrie pour des personnes jeunes ou âgées



- les soins palliatifs pour les personnes en fin de vie.

Les EMS permettent d’accueillir des personnes même en très grande perte d’autonomie ou extrêmement dépendantes. Les bâtiments sont donc adaptés en conséquence (voir partie 4), et du personnel soignant est en permanence présent. Il s’agit parfois d’infirmières et aide-soignantes externes, mais la plupart du temps le personnel est propre à l’EMS. “Les établissements où le personnel soignant est externe rencontrent souvent des problèmes avec les patients atteints de démence”, explique Earl Elliott, directeur de l’EMS St-John’s Wood à Londres. “Ces personnes ont particulièrement besoin de stabilité et peuvent devenir angoissés voire violents lorsqu’ils sont perturbés par trop de changements. Ici, le personnel soignant appartient à l’EMS et dans la mesure du possible, les patients atteints de démence sont toujours suivis par les mêmes personnes de façon à les rassurer et les mettre en confiance.” On a vu que l’essentiel des personnes âgées essaie au maximum de parvenir à se maintenir à domicile et à éviter d’être placées en établissement médico-social. Pour que les personnes dont les capacités physiques ou mentales se sont trop dégradées pour pouvoir continuer à vivre chez eux puisse se sentir chez elles en EMS, la personnalisation des éléments de leur vie quotidienne est un facteur très important. “Avant l’entrée en EMS des personnes âgées, elles viennent souvent plusieurs fois passer une journée ici, seules ou avec leurs proches, pour pouvoir mieux imaginer à quoi leur vie 61

ressembera ici et s’y préparer”, explique Earl Elliott. “Ensuite, une fois la décision prise, il y a encore tout un processus d’aménagement de la chambre avant l’entrée à l’EMS.” Le futur résident peut en effet complètement personnaliser sa chambre avant de s’y installer : couleur des murs et de la porte, installation de leur propre mobilier (sauf le lit, qui doit être médicalisé), affichage de leurs tableaux, photos, et objets décoratifs. A l’EMS St-John’s Wood une attention particulière est donnée aux préférences personnelles des résidents : en effet le couloir entre les chambres est un espace très animé et de nombreux résidents préfèrent garder leur porte ouverte pour profiter de l’animation et pouvoir discuter avec les personnes passant dans le couloir, tandis que d’autres préfèrent garder leur porte fermée. “Nous gardons une liste des préférences de nos résidents, de cette façon les infirmières et aide-soignantes peuvent s’en rappeler et refermer la porte ou la laisser ouverte après leurs visites”. Une chambre de l’EMS Eynard-Fatio : la résidente a apporté son mobilier et sa décoration

L’autre partie importante de la personnalisation se trouve au niveau des repas. Hormis les personnes qui bénéficiaient du système de repas portés à domicile, les résidents avaient l’habitude de préparer leurs repas avant leur entrée en EMS, et pouvaient donc choisir de manger ce qui leur plaisait. C’est pourquoi la plupart des établissements proposent un menu varié et à choix : généralement deux menus principaux et un menu végétarien, et peuvent éventuellement adapter les repas pour les résidents intolérants à des aliments particuliers. D’autres établissements proposent des repas sous la forme de buffet ou de self-services, transformant la salle-à-manger en véritable service de restauration. Earl Elliott, explique ainsi : “Il est vraiment important pour les résidents de pouvoir choisir ce qu’ils mangent. Comme pour la personnalisation de la chambre, cela leur donne l’impression d’être tout de même chez eux. Ils sont là parce qu’ils ont besoin d’aide, mais ils doivent tout de même avoir l’impression d’être libres et de faire

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leurs propres choix. En particulier, les personnes qui suivent un régime spécifique (pour des raisons médicales ou de choix personnels) font très attention à ce qu’ils mangent et il est très important de pouvoir leur servir quelque chose qui leur corresponde. Nous poussons plus loin le choix des menus en ajoutant une variété de snacks et de petits plats simples que l’on prépare tous les jours, et pour lesquels les résidents peuvent opter s’ils le souhaitent.”

décorées de façon différente à chaque étage pour apporter un caractère plus personnel à ces espaces. L’aménagement et la décoration sont dans un langage familier et confortable, auxquels les résidents peuvent s’identifier. Deux exemples de salles à manger à l’EMS St-John’s Wood.

Dans le cas des personnes atteintes de démence, la personnalisation est plus complexe car la communication n’est pas possible et les goûts de la personne peuvent évoluer. “Il est toujours difficile de savoir ce que les personnes atteintes de démence aiment manger, surtout si elles n’ont pas de proches qui la connaissaient avant l’installation de la maladie,” explique M.Wood. “Nous procédons par essais : en fonction de la réaction de la personne à chaque type de nourriture, nous pouvons nous faire une idée de ce qu’elle mange et ne veut pas manger. Le repas doit être un moment agréable, et il ne faut pas forcer ces personnes particulièrement fragiles et vulnérables à manger quelque chose qui ne leur convient pas. La clef pour s’occuper des personnes atteintes de démence est d’établir une relation de confiance avec le personnel. S’efforcer de leur proposer des plats adapter participe à cette confiance.” L’atmosphère est également importante pour mettre les personnes à l’aise et donner l’impression d’un “chez-soi” plutôt que de ressembler à un univers hospitalier. A l’EMS St-John’s Wood cela est traduit par des salles-à-manger 64

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4.

Type de logement et dépendance, une relation directe

Du maintien à domicile à l’EMS se trouve donc toute une gamme de possibilités de logement, qui permet d’accomoder des personnes de degrés de dépendance variés. Une dépendance faible demande une adaptation du logement, tandis que l’isolement social ou la nécessité de déménager peut pousser une personne âgée à opter pour un foyer auto-géré, un logement protégé ou un foyer intergénérationnel. Le choix d’une de ces solutions dépend d’une part des préférences et convictions de la personne, mais aussi de ses capacités : un logement protégé offre plus d’aides et de services et peut être adapté pour des niveaux de dépendance même élevés. Enfin, lorsque le niveau de dépendance devient trop important ou suite à une perte d’autonomie (démence, maladies neurologiques), l’EMS devient la solution la plus adaptée. Même au sein de l’EMS, le niveau de dépendance a une influence : une personne initialement admise à cause d’une sévère dépendance physique peut devoir être transférée dans une unité psychiatrique dans le cas de l’apparition d’une démence, ou en soins palliatifs si rien de plus ne peut être fait. Toutefois, franchir chacun de ces “paliers” peut être difficile à vivre pour une personne âgée qui doit faire face au déclin de ses facultés, rendu évident par le besoin de changer de logement. Nous avons vu que la plupart des personnes âgées étaient déterminées à éviter l’EMS tant qu’il leur était possible de faire autrement. C’est donc souvent à contre-coeur, après une sévère dégradation des capacités, qu’elles finissent par intégrer l’EMS. Une situation qui peut avoir des 66

conséquences très graves. “Le passage à l’EMS peut avoir des conséquences sévères sur l’état de santé des résidents”, explique Earl Elliott.”Ces personnes ont résisté jusqu’au bout en essayant de tout faire par elles-même. Quand il devient évident qu’elles ne sont plus capables de s’occuper de tout et qu’elles arrivent ici, elles s’arrêtent complètement de tout faire, même des choses qu’elles auraient encore théoriquement la capacité de faire”. Le but de notre projet sera donc de chercher à introduire une transition plus douce entre ces différentes possibilités : nous souhaiterions travailler sur l’aménagement d’un centre qui accueillerait des logements adaptés, et un EMS afin d’éviter au maximum à la personne vieillissante d’être déplacée. Des logements normaux seraient également intégrés, réservés en priorité à des couples avec enfants pour créer un ensemble inter-générationnel, et à la famille des résidents souhaitant pouvir continuer à s’en occuper tout en bénéficiant de l’aide du personnel soignant. “Si un projet de ce type pouvait être développé, il aurait probablement beaucoup de succès”, nous a confirmé Earl Elliott lorsque nous avons mentionné cette idée. “Parmi les résidents dont nous nous occupons en EMS, environ la moitié ont été amenés par des proches qui ont dit avoir fait de leur mieux pour s’en occuper mais ne veulent plus poursuivre. Ils placent la personne dans l’EMS et considère qu’elle est à présent notre responsabilité. Par contre, dans d’autres cas les proches aimeraient continuer à être impliqués dans la vie de la personne âgée, mais ne peuvent pas tout gérer seuls. Certaines personnes viennent tous les jours rendre visite à un parent ou un conjoint, parfois à l’heure des repas pour les nourrir eux-mêmes par exemple. Pour ce genre de personnes, avoir la possibilité d’habiter juste à côté de l’EMS serait une belle opportunité”. 67

5.

L’importance de l’habitat

La question des types de logement et de services adaptés et répondant au mieux aux besoins et à la condition physique et mentale d’une personne âgée fragilisée est, on l’a vu, d’une importance primordiale. Toutefois, le logement ne représente qu’un espace physique restreint, un bâtiment ou une portion de bâtiment, dans laquelle la personne va habiter. Cet élément immobile est à inscrire dans un contexte plus large, celui de l’environnement dans lequel il se situe : on parle alors d’habitat, qui s’intéresse au cadre de vie en plus du simple logement. Le quartier, sa morphologie, ses habitants et ses activités, vont ainsi avoir des répercussions sur le mode de vie d’une personne âgée vivant à domicile : un voisinage accueillant et serviable qui peut aider à faire quelques courses peut ainsi permettre à des personnes dépendantes de se mainenir à domicile. On a vu l’importance de sortir de chez soi et de ne pas se sentir isolé pour que la personne

âgée reste en bonne santé : l’environnement est un facteur qui peut encourager à sortir, par exemple un quartier agréable et vivant, avec des commerces et des activités de proximité, ou au contraire être un obstacle : une topographie accentuée avec de nombreux escaliers ou pentes raide risque de décourager une personne physiquement dépendante de sortir de chez elle. L’environnement naturel - paysage, parcs, promenades et aménagements (présence de bancs, de rampes sur les escaliers, etc) - donne aussi envie ou non de sortir et joue aussi un rôle sur la santé et l’activité de la personne âgée. 68

L’accessibilité joue également un rôle important. Il est plus simple pour les personnes vivant en ville de rester à leur domicile qie pour les personnes habitant dans des endroits plus reculés car les services d’aide à domicile, par exemple le portage de repas chauds ou le passage régulier d’une infirmière pour des soins récurrents sont plus difficiles à organiser et ne sont parfoir simplement pas proposés si la personne habite trop loin. De plus, les personnes âgées dépendantes physiquement ne peuvent ou ne veulent plus conduire. Il est donc impératif pour elles d’habiter à proximité de commerces et d’activités accessibles à pied ou du moins en transports en commun. Pour les personnes vivant en résidence protégée ou en EMS, l’accessibilité est moins importante car les repas, soins et activités sont fournis sur place. Toutefois, les amis des résidents n’habitant pas avec eux sont souvent aussi des personnes âgées ne pouvant pas toujours conduire. Il leur est donc plus aisé de venir rendre visite à leurs amis en résidence ou EMS si celui-ci se situe dans une zone accessible en transport en commun, de préférence en centre-ville pour ne pas avoir à faire de trop grands trajets. Une implémentation urbaine est donc préférable pour encourager les visites aux résidents. L’habitat est donc un facteur à prendre en compte lorsque l’on réfléchit à des solutions pour loger les personnes âgées : une localisation urbaine à proximité de parcs, des transports en publics et d’activités est à privilégier.

69

1.

ADAPTER L’ARCHITECTURE À LA DÉPENDANCE

ELEMENTS PROGRAMMATIQUES

Pour des personnes dont l’activité est souvent très réduite et qui passent beaucoup de temps assises, les espaces de vie communautaires sont particulièrement importants. Par leur conception, ils apportent confort et stimulation, et favorisent les échanges entre les résidents ainsi qu’une ouverture sur l’extérieur. Tout l’intérêt du logement collectif - au-delà de la question médicale pour les personnes très malades ou dépendantes - réside dans la possibilité d’intéragir avec d’autres personnes, qu’il s’agisse des autres résidents ou du personnel, et donc d’éviter l’isolement. Il est donc particulièrement important de veiller à ce que ces espaces collectifs soient bien conçus, agréables et confortables, mais aussi du point de vue de leur implantation facilement accessibles afin d’encourager les résidents à quitter leur chambre.

1.1 La salle à manger, centre de la vie collective



Le repas collectif a une fonction sanitaire car il permet d’assurer l’équilibre diététique des résidents. Toutefois il s’agit surtout d’un élément clef du développement des sociabilités. Ainsi, même dans les établissements où les résidents peuvent choisir de manger dans leur chambre s’ils préfèrent, le service de restauration est toujours très utilisé. En effet, même les personnes plus dépendantes qui préfèrent rester allongées dans leur chambre toute la journée vont souvent faire l’effort 70

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de se déplacer pour le repas afin de profiter d’un moment de convivialité et de profiter de l’occasion pour faire un peu d’exercice et sortir de leur chambre. Même les habitants d’appartements protégés, encore assez mobiles et sociaux et ayant la possibilité de cuisiner dans leur appartement, sont très attachés à la cafétéria : on peut prendre ainsi l’exemple de la Résidence la Gradelle, dont la cafétéria, pour des raisons d’économie, doit être déplacée dans l’EMS du Nouveau-Prieuré adjacent à la fin de sa construction. Les résidents, pourtant capables de cuisiner et de manger leur repas chez eux et ayant de nombreuses autres occasions de rencontres sociales, ont réagi très violemment à cette nouvelle et font tout pour essayer de conserver leur cafétéria qu’ils considèrent comme un véritable espace de vie collective. Selon eux, son déplacement au Nouveau-Prieuré entraînerait une baisse de qualité de l’espace, d’une part en raison du trajet beaucoup plus long pour y parvenir, et d’autre part parce qu’ils ne veulent pas prendre leurs repas avec les résidents de l’EMS, dont l’état de santé est très mauvais. “Ce n’est pas que nous ne voulons pas voir les patients de l’EMS” explique Simone, résidente de la Gradelle. “Nous savons bien que cela leur fait plaisir de voir du monde et d’avoir un peu d’animation. Je serais d’accord pour aller prendre mes repas là-bas une ou deux fois par mois, mais tous les jours, c’est trop. Nous n’avons pas envie de voir des personnes dans cet état tous les jours, c’est déprimant et ça nous rappelle que nous non plus, nous ne sommes pas tous jeunes”. 72

Cet attachement à préserver la cafétéria montre

l’importance fondamentale de ce lieu de rencontre et de partage, et soulève également la question de la séparation des résidents. Pour des personnes âgées mais encore en relativement bonne santé, être dans la même salle à manger que les personnes très dépendantes ou démentes constitue un spectacle peu réjouissant et particulièrement déprimant car cela leur rappelle qu’elles pourraient développer une infirmité ou démence similaire. Dans le cas d’une grande salleà-manger unique, des partitions fixes ou mobiles peuvent être mises en place pour créer des ensembles d’une vingtaine de places. Si la salle-à-manger tient aussi lieu de salle polyvalente il faut privilégier des partitions mobiles faciles à enlever et à installer afin de pouvoir facilement recréer un seul grand espace. Toutefois, la solution souvent privilégiée est de mettre en place des salles-à-manger réparties dans les unités. Si c’est le cas il est préférable de laisser le choix de leur salle-à-manger aux résidents. En effet il peut arriver qu’un couple soit à l’EMS, mais dans des unités différentes : par exemple, l’EMS St-John’s Wood accueille un couple dont le mari est physiquement dépendant mais reste en relativement bonne santé tandis que son épouse est atteinte de la maladie d’Alzeihmer. Le couple réside dans des unités différentes car en raison de sa démence, la femme ne reconnaît plus son mari et s’était montrée violente lors d’une tentative pour les placer dans la même chambre. Néanmoins, le mari vient souvent lui rendre visite à l’heure des repas pour l’aider à manger et lui tenir compagnie. De la même façon, Mme Schneider, directrice de l’EMS Eynard-Fatio à Genève, nous a parlé d’un couple qui, bien que placés dans des unités différentes du fait de l’état de santé de la femme qui requérait des soins beaucoup plus intensifs, continuaient à passer beaucoup de temps ensemble, 73

notamment les repas. Si la séparation des salles-à-manger est donc préférable pour les résidents, la possibilité de choisir de changer de salle est également importante pour les personnes ayant un proche dans une autre unité. Dans certains cas une salle-à-manger principale accueille les résidents qui le souhaitent (généralement ceux en relativement bonne santé) et des personnes extérieures : famille ou amis du résident, mais aussi dans certains cas le grand public. Ainsi, à l’EMS du Eynard-Fatio, il est possible de prendre ses repas dans la cafétéria même si l’on est externe à l’EMS. Cela apporte de l’animation et de la vie dans l’EMS, et permet aux résidents d’être en contact avec des personnes plus jeunes. Cette grande salle-à-manger principale est alors complétée par des salles-à-manger plus petites dans chaque unité.

En ce qui concerne l’aménagement, il faut prendre en compte la nécessité de contact social différente selon les cas : les personnes âgées sont souvent assises par groupe de deux, quatre ou six personnes mais il est bon de prévoir aussi quelques tables individuelles pour celles qui souhaitent manger seules tout en restant en contact avec la collectivité. Des prolongements extérieurs sous forme de terrasse équipée de tables et de parasols peuvent aussi permettre aux résidents de profiter des beaux jours. Dans ce cas, il faut veiller à ce que la terrasse soit parfaitement accessible à niveau, sans aucun seuil : dans l’EMS Eynard-Fatio, des terrasses sont accessibles depuis certains espaces communs. Toutefois, la présence d’une marche assez importante empêche la plupart des résidents de sortir. Une tentative d’installer une rampe permet plus facilement de franchir cette différence de niveau mais le passage reste trop difficile pour de nombreux résidents.

La cafétéria de l’EMS Eynard-Fatio est ouverte au public

Les cannes utilisées par les résidents pour se déplacer jusqu’aux tables peuvent faire trébucher et tomber quelqu’un si on les laisse posées par terre : on peut pour éviter cela Fixation pour les aides à la marche

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prévoir des fixations pour les aides à la marche à proximité des tables. Les cannes doivent pouvoir être fixées de manière à être faciles à saisir au moment de repartir.

destinées aux fauteuils roulants et aux déambulateurs. Pour permettre aux résidents de se lever seuls en s’aidant de leur déambulateur, il faut prévoir les surfaces de stationnement à proximité des sièges. Les surfaces de manœuvre entre les tables peuvent se chevaucher, mais doivent être suffisamment grandes et toujours dégagées.

Afin de rendre la salle-à-manger accessible à tous, il est nécessaire de disposer de surfaces de stationnement et de manœuvre suffisantes, adaptées au nombre de résidents et Exemple de disposition des tables avec dimensions

Illustration basée sur les dessins de: Jeannottat, Beatrix et al. Mesures constructives pour la prévention des chutes dans les établissements médico-sociaux. [document électronique]. Berne, BPA, coll. «Documentation technique», n° 2.103, 2013, 108 pages, http:// www.bfu.ch/sites/assets/ Shop/bfu_2.103.02_ Documentation%20 technique%202.103%20 du%20bpa%20 %E2%80%93%20 Mesures%20 constructives%20 pour%20la%20 pr%C3%A9vention%20 des%20chutes%20 dans%20les%20EMS.pdf

D’un point de vue acoustique, il faut veiller à ce que le niveau sonore reste agréable même lorsque la salle-àmanger est occupée par un grand nombre de personnes : les personnes souffrant de déficits auditifs doivent pouvoir converser à leur table sans être gênées par de mauvaises conditions sonores. Un niveau sonore élevé peut désorienter et troubler les résidents, qui auront alors besoin de se lever et de quitter la pièce rapidement.



1.2 Des salons et salles d’activités : s’approprier l’espace pour faciliter l’interaction

Si dans certains établissements la salle-à-manger fait aussi office de salle polyvalente la plupart ont une ou plusieurs pièces dédiées spécifiquement au reos et aux activités. Ces espaces sont particulièrement importants car ils permettent aux résidents d’entretenir des relations sociales, de se divertir et de se détendre. La plupart des EMS ont une salle de cinéma où les résidents peuvent regarder des films ensemble. On trouve

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beaucoup au Royaume-uni des salles multi-sensorielles (“snoezelen”) dont la vocation est de détendre les occupants grâce à un décor apaisant, des jeux de lumières et de la musique relaxante. Snoezelen au Fairways Care Center, Pays de Galles

d’accueillir des évènements importants : ainsi durant notre visite de l’EMS St-John’s Wood Care Center à Londres la salle accueillait-elle des artistes pour un concert privé. Une ou plusieurs autres salles moins importantes peuvent accueillir les autres activités. Une salle servant de lieu de culte peut permettre d’assurer les offices des différentes confessions. Elle peut prendre la forme d’un véritable lieu sacré ou celle plus neutre d’une salle banalisée pour mieux répondre à sa vocation oecuménique. Des activités sont organisées dans les salles réservées à l’EMS Appletree Court Care Home

Les activités, qu’il s’agisse de sessions de bricolage, de lectures, ou d’activités musicales par exemple, sont très importantes dans la vie des résidents car elles permettent de les occuper et de les maintenir en éveil. “Notre philosophie consiste à encourager les résidents à entreprendre les activités qui leur plaisent, avec notre aide si besoin”, explique Patricia Waldron, directrice de l’EMS Appletree Court Care Home à Londres. “Nous essayons de créer une relation très étroite avec le résident et ses proches pour mieux comprendre ce qui lui plaît et l’aider à s’épanouir”. Pour ces activités, des salles dotées de l’équipement approprié doivent être mises à disposition. Une salle polyvalente (qui peut être la salle-à-manger ou une salle séparée) permet 78

Dans les résidences et appartements protégés, où il n’y a pas de besoin d’encadrement, la présence d’une salle polyvalente reste importante pour permettre aux résidents de mettre en place leurs propres activités : bien que souhaitant vivre en autonomie dans leurs propres logements, ces personnes restent ravies de participer à des activités avec la communauté. Ainsi, à la résidence la Gradelle, des évènements 79

tels que l’organisation de fêtes et réceptions, des séances de lecture ou projections de films par exemple sont souvent organisées.

1.3 Salles de bain et sanitaires

Si en appartement protégé ou en foyer auto-géré les habitants n’ont pas forcément besoin d’aide à la toilette, les sanitaires doivent être adaptés en prévision d’une éventuelle baisse des capacités physiques dans le futur et pour d’autres résidents futurs plus mal en point. Par conséquent, les sanitaires y sont relativement similaires à ceux d’un EMS, à cela près que l’on a généralement une salle de bains par appartement en résidence. En EMS en revanche, l’utilisation de salles de bains individuelles diminue au profit de petites salles de bain dans chaque chambre, comprenant des toilettes et un lavabo, et des douches et bains collectifs. En effet, la plupart des résidents en EMS ne sont plus capables de se laver sans aide. La salle de bain individuelle complète n’a donc plus de sens et a donc été abandonnée pour gagner de la place dans de nombreux EMS. Il faut tenir compte des capacités physiques diminuées des résidents lors de la conception des sanitaires : pour les rendre plus faciles à repérer par une personne malvoyante, les toilettes doivent se distinguer du revêtement des murs et du sol par un contraste de luminosité et de couleurs. Ils devraient être placés de façon à préserver la sphère intime même quand la porte reste ouverte. Il faut respecter les dimensions prescrites pour la profondeur entre le mur et le 80

bord avant de la cuvette des WC et la distance minimale entre l’axe et le mur latéral (voir schéma). Dans le cas d’un toilette dans une chambre privative, la hauteur du siège des WC doit être contrôlée à chaque fois qu’une chambre est réattribuée pour l’adapter au mieux aux besoins de l’occupant. De plus il faut éviter d’avoir des portes s’ouvrant vers l’intérieur dans les toilettes des chambres privatives. “Nous avons choisi d’installer des portes coulissantes” explique Mme Dupont, intendante de l’EMS Eynard-Fatio. “Cela permet de gagner de la place, mais surtout c’est plus sûr pour les résidents par rapport à une porte s’ouvrant vers l’intérieur: en cas d’accident ou de malaise dans les toilettes, le résident pourrait tomber juste derrière la porte. On serait alors obligé de pousser la porte contre le résident pour pouvoir ensuite lui porter assistance.” Il faut prévoir, d’un côté au moins, suffisamment de place pour les transferts depuis un fauteuil roulant ou pour un soignant. Il faut aussi veiller à ce qu’il y ait des dispositifs d’appui à proximité des WC, au minimum une poignée de maintien en forme de «L» accrochée à la paroi sur le côté. Dans les sanitaires collectifs, s’il n’y a pas de toilettes séparées pour les personnes en chaise roulante, il faut veiller à ce que le lavabo ne soit pas trop haut pour permettre une utilisation pour les personnes debout comme par celles en fauteuil roulant. Il faut prévoir suffisamment d’espace libre audessous du lavabo pour qu’une personne en fauteuil roulant puisse y accéder; le siphon doit être encastré dans le mur ou 81

fixé près du mur. Le miroir fixé au-dessus du lavabo devrait être rabattable, de façon à pouvoir être adapté à la position assise ou debout de ceux qui l’utilisent. L’éclairage ne doit pas comporter de risque d’éblouissement. Des sanitaires collectifs doivent bien sûr être prévus à proximité de tous les espaces collectifs : salons, salle-à-manger, salles d’activités... Dimensions nécessaires pour un toilette

Illustration basée sur les dessins de: Jeannottat, Beatrix et al. Mesures constructives pour la prévention des chutes dans les établissements médico-sociaux. [document électronique]. Berne, BPA, coll. «Documentation technique», n° 2.103, 2013, 108 pages, http:// www.bfu.ch/sites/assets/ Shop/bfu_2.103.02_ Documentation%20 technique%202.103%20 du%20bpa%20 %E2%80%93%20 Mesures%20 constructives%20 pour%20la%20 pr%C3%A9vention%20 des%20chutes%20 dans%20les%20EMS.pdf

la douche est plus facile à reconnaître si elle se distingue du reste du sol par un contraste de luminosité et de couleurs. On doit pouvoir y accéder sans passer de ressaut ou de marche  les résidents ont souvent de la peine à grimper dans une douche traditionnelle et cet exercice peut s’avérer dangereux. Par conséquent la douche doit se constituer d’un siphon de sol à niveau, avec une pente très faible (maximum 2%) pour l’écoulement des eaux. Il doit être placé de façon à ce qu’un tabouret de douche puisse y être posé et garantir une bonne stabilité. Le revêtement de sol doit être antidérapant, même lorsqu’il est mouillé. Enfin, il faut qu’il y ait, au moins d’un côté, suffisamment de place pour les transferts depuis un fauteuil Illustration basée sur les dessins de: Jeannottat, Beatrix et al. Mesures constructives pour la prévention des chutes dans les établissements médico-sociaux. [document électronique]. Berne, BPA, coll. «Documentation technique», n° 2.103, 2013, 108 pages, http:// www.bfu.ch/sites/assets/ Shop/bfu_2.103.02_ Documentation%20 technique%202.103%20 du%20bpa%20 %E2%80%93%20 Mesures%20 constructives%20 pour%20la%20 pr%C3%A9vention%20 des%20chutes%20 dans%20les%20EMS.pdf

Dimensions nécessaires pour une douche

Les blocs de douche et de bains doivent eux aussi bénéficier d’une attention particulière : la surface réservée à 82

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roulant et pour le personnel soignant qui aide à la toilette. Pour les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas prendre de douche, il y a aussi la possibilité de prendre un bain dans une baignoire adaptée. La baignoire pose un problème particulier : en effet, il est souvent difficile pour une personne âgée de rentrer dans la baignoire. Si installer des poignées aidant à se relever et une barre horizontale fixée au mur peuvent suffir pour des personnes légèrement dépendantes, cela n’est de loin pas suffisant pour un EMS où on trouve des personnes extrêmement dépendantes voire invalides.

baisser pour laver la personne et donc de devoir travailler en position courbée, très désagréable et douloureuse. Toutefois cela ne résout pas la question de l’accès au bain. Ce type de baignoire doit donc s’accompagner d’un lève-malade, dispositif relativement encombrant et mal pratique. Dehan, Philippel. L’habitat des personnes âgées : du logement adapté aux établissements spécialisés. Paris, Le Moniteur, col. «Techniques de conception» , 1997, 323 pages.

Il existe différentes solutions permettant à ces personnes dépendantes de prendre des bains. Les baignoires à portes étanches rendent l’entrée dans le bain très simple. Néanmoins, elle présentent aussi le grand inconvénient du prolongement de la durée du bain : il faut entrer avant de faire couler l’eau, et attendre que toute l’eau soit évacuée pour pouvoir sortir. Baignoire à portes étanches

Les baignoires à hauteur variable permettent de surélever la baignoire après que la personne âgée soit entrée dans le bain : cela évite ainsi aux aides-soignants d’avoir à se 84

Baignoire à hauteur variable et lève-malade

Dehan, Philippel. L’habitat des personnes âgées : du logement adapté aux établissements spécialisés. Paris, Le Moniteur, col. «Techniques de conception» , 1997, 323 pages.

Parmi les solutions proposées pour éviter à l’aidesoignant de se baisser figure celle d’avoir un décaissement de quelques marches d’un côté de la baignoire permettant à l’aide-soignant debout d’être à la bonne hauteur pour laver la personne sans se pencher. Toutefois cela n’est possible qu’en rez-de-chaussée, s’il n’y a pas de sous-sol et la solution dans les autres cas est donc de placer la baignoire sur un podium. Néanmoins cela présente l’inconvénient de devoir faire monter ces marches à la personne âgée, et ne permet à l’aide-soignant de’aider à la toilette que depuis un seul côté. Deux dispositifs que nous avons pu observer permettre de résoudre ce problème : lorsque les personnes âgées peuvent encore se tenir assises, la baignoire à siège élévateur intégré et pivotant répond bien au problème. Un siège avec 85

accoudoirs est placé sur la partie arrière de la baignoire. La personne âgée s’y assoit, puis l’aide-soignant l’aide à relever les jambes au-dessus de la baignoire pendant que le siège pivote. Puis le siège redescend dans la baignoire. Dehan, Philippel. L’habitat des personnes âgées : du logement adapté aux établissements spécialisés. Paris, Le Moniteur, col. «Techniques de conception» , 1997, 323 pages.

Baignoire à siège élévateur

On peut aussi utiliser un lit élévateur fonctionnant sur le même principe pour les personnes ne pouvant pas rester assises. L’intérêt de ces dispositifs est que l’aide-soignant peut remonter la personne le temps de la savonner et ainsi éviter d’avoir à se pencher.

1.4 La chambre

La chambre nécessite une attention particulière car il s’agit de l’espace privé du résident. Souvent meublée et décorée par le résident, il faut néanmoins l’équiper d’un lit médicalisé permettant à la personne âgée de rentrer et de sortir du lit en toute sécurité et aidant les infirmières et aides-soignants pour les soins. Le lit a en effet une hauteur variable, ce qui facilite les transferts et prévient les douleurs dorsales des aidants. Le relève-buste et le relève jambe permettent d’obtenir une position confortable pour la personne âgée. Enfin, le lit sur roulettes permet les transferts d’urgence.

Baignoire à lit élévateur

Lit médicalisé 86

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Il faut prévoir une porte suffisamment large pour permettre le passage d’un lit ou d’une civière. Cette porte peut être une porte simple doublée d’un deuxième battant si nécessaire, ou une porte très large : cette dernière solution était préférée en Angleterre dans les EMS visités car cela permet une plus grande ouverture sur le couloir et son animation.

1.5 Programmes auxiliaires :

Si un EMS se constitue essentiellement des chambres privées et des espaces collectifs, un certain nombre de programmes auxiliaires permettent son bon fonctionnement. On a ainsi besoin d’une laverie pour le linge de table et de lit, mais aussi tout le linge des résidents. La laverie doit être conçue de façon à respecter une chaîne afin de ne jamais entreposer le linge propre et le linge sale au même endroit. La

laverie peut se doubler d’un atelier de couture pour repriser du linge si besoin est. Il faut également prévoir de grandes surfaces de stockage : pour entreposer les produits d’entretien mais aussi les décorations pour les évènements, du linge et des couverts de rechange ou d’avance, des matériaux pour les différentes activités qui peuvent être proposées. Dans chaque section résidentielle de l’EMS, des pièces techniques doivent être prévues pour entreposer le matériel d’entretien et pour accueillir la machine permettant de stériliser les récipients souillés. Suite au décès d’un résident, l’EMS conserve les affaires de la personne jusqu’à ce que les héritiers puisse venir les récupérer : comme cela peut prendre un certain temps, les meubles et les affaires peuvent rester plusieurs Local de stockage des affaires des personnes décédées de l’EMS Eynard-Fatio

Laverie de l’EMS Eynard-Fatio : machine à repasser les draps

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mois voire années. le local doit donc être suffisamment grand pour accueillir les affaires de plusieurs résidents.

travaux d’entreposer son matériel et d’effectuer certaines des réparations.

La cuisine représente également une installation très importante : en plus de la cuisine elle-même, qui doit séparer les plats chauds des plats froids et desserts, il doit y avoir différentes pièces réfrigérées à différentes températures pour les fruits et légumes et la viande, ainsi que des pièces de stockage pour les denrées ne nécessitant pas d’être réfrigérées. La plonge doit également être conçue de façon à séparer la vaisselle propre et la vaisselle sale.

Des vestiaires, douches et casiers doivent être aménagés pour le personnel, ainsi que des salles de repos et bureaux pour le personnel soignant.

Dans un EMS, il y a toujours une ampoule à changer, un meuble à réparer, des petits travaux à effectuer. Un atelier de réparation permet à la personne responsable de ces Local de réparation de l’EMS Eynard-Fatio

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Enfin, un EMS est un établissement où des personnes âgées en très mauvaise santé viennent finir leurs jours. La morgue est donc un programme à part entière qui pose une question particulière : en effet, certains EMS en font un programme important, accessible à tous, placé par exemple près de la chapelle afin de célébrer le service funéraire avec les résidents. Toutefois, on trouve souvent que ce genre de service peut avoir un effet très négatif sur le moral des résidents à qui cela rappelle la perspective de leur propre décès. Cela est très mal vécu par certaines personnes, et la morgue est donc souvent un programme “caché”, loin des espaces collectifs. On essaie d’y amener le corps le plus discrètement possible, et souvent la sortie de la morgue se fait par la porte arrière, le plus loin possible de la vue des résidents.

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de sécurité se trouve également renforcé dans les EMS qui disposent d’un bon éclairage des pièces et espaces.

2.

DETAILS DE CONCEPTION 4.1 Eclairage

En plus des symptômes et des diminutions de capacités à l’origine de l’entrée en EMS, les résidents souffrent aussi, pour une grande partie d’entre eux, d’une baisse de l’acuité visuelle. Ainsi, comme les problèmes de vue constituent l’une des principales causes de chute chez les personnes âgées, il s’avère nécessaire, pour prévenir les chutes, de procéder à une adaptation ciblée de l’aménagement en termes de lumière, de couleurs et de contrastes dans tous les espaces d’habitat et de séjour de l’établissement. Pour y parvenir, il faut faire appel, au stade de la planification, à un spécialiste des questions d’éclairage disposant également de connaissances approfondies dans le domaine des soins. En effet, l’environnement approprié pour les établissements dispensant des soins à des personnes âgées diffère par exemple de celui qui s’avère adéquat pour les personnes atteintes d’une forme de démence. La lumière facilite l’orientation et l’identification des obstacles. Elle revêt de ce fait une grande importance pour la prévention des chutes. Par ailleurs, le sentiment subjectif 92

Christiaen, MariePaule et al. Voir en EMS. [document électronique]. Genève, Association pour le Bien des Aveugles et malvoyants, 2004, 34 pages. http://www. abage.ch/aba/ch/fr-ch/ file.cfm?contentid=2

Avec l’âge, on perçoit moins bien les contrastes, d’une part, et de l’autre, on devient plus sensible à l’éblouissement. Une étude a montré que dans les établissements genevois pour personnes âgées, plus de la moitié des résidents doivent être considérés comme présentant une déficience visuelle si l’on applique les critères de classification de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) permettant de conclure qu’une personne «présente une déficience visuelle». Le risque de chute augmente sensiblement lorsqu’il y a diminution de l’acuité visuelle. Comme la baisse de l’acuité visuelle ne constitue généralement pas la raison déterminante pour une entrée en EMS, il y a très peu de chances qu’elle soit détectée par les personnes concernées, le personnel soignant ou d’autres personnes. De ce fait, si l’on veut rendre les obstacles visibles pour les personnes présentant une déficience visuelle et contribuer ainsi à prévenir les chutes, il est indispensable d’opter pour un aménagement adéquat en termes de lumière. Et par là on entend un usage ciblé de l’éclairage, mais aussi des contrastes de luminosité et de couleurs. Ainsi, les principaux escaliers d’accès devraient être généreusement éclairés par la lumière du jour et par de la lumière artificielle. Les surfaces vitrées doivent être disposées de façon à éviter tout éblouissement direct pour les utilisateurs de l’escalier. L’éclairage doit être suffisant et ne doit, à aucun moment, comporter un risque d’éblouissement. A cet effet, il 93

est possible d’avoir recours à une proportion élevée de lumière indirecte, éventuellement complétée par un éclairage dirigé vers le bas à partir de la main courante. Quant à la lumière directe, elle fait res- sortir la forme de l’escalier, et les ombres créées de manière ciblée permettent aux utilisateurs de mieux distinguer chacune des marches. Lorsque la lumière du jour ne suffit pas, la lumière devrait rester allumée en permanence. La nuit, un éclairage de base doit être assuré. Afin de garantir que la lumière ne s’éteigne pas lorsque quelqu’un reste dans l’escalier pendant un certain temps, on peut installer unun détecteur de présence. Il faut alors adapter la durée d’éclairage aux besoins des résidents. En haut : éclairage direct En bas, ombres portées de chaque marche

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Illustration basée sur les dessins de: Jeannottat, Beatrix et al. Mesures constructives pour la prévention des chutes dans les établissements médico-sociaux. [document électronique]. Berne, BPA, coll. «Documentation technique», n° 2.103, 2013, 108 pages, http:// www.bfu.ch/sites/assets/ Shop/bfu_2.103.02_ Documentation%20 technique%202.103%20 du%20bpa%20 %E2%80%93%20 Mesures%20 constructives%20 pour%20la%20 pr%C3%A9vention%20 des%20chutes%20 dans%20les%20EMS.pdf

Lorsque l’œil a été ébloui, sa capacité de voir est momentanément limitée. Il a ensuite besoin de temps pour se réadapter à un niveau d’éclairage plus faible. Pendant ce laps de temps, la personne court un risque accru de trébucher ou de chuter. Avec l’âge, il faut plus de temps à l’œil pour s’adapter à des conditions de lumière changeantes, ce qui signifie que le risque de chute dure plus longtemps encore lorsque la personne a été éblouie. Il importe donc de veiller à ce qu’il n’y ait pas de différences d’éclairement lumineux trop importantes entre deux pièces voisines, particulièrement dans le cas d’une zone de transition entre l’extérieur et l’intérieur. En particulier, il convient d’accorder une attention spéciale à l’entrée de l’EMS, qui devrait être particulièrement bien éclairée, du fait qu’il s’agit d’une zone de transition entre la forte luminosité de l’extérieur et l’obscurité relative de l’intérieur du bâtiment. Avec l’âge, les contrastes deviennent de plus en plus difficile à percevoir. Il faut donc privilégier un éclairage avec une forte intensité lumineuse et une proportion élevée de lumière indirecte. Les visages des personnes doivent être faciles à reconnaître, de façon aussi à ce que les paroles prononcées puissent être lues sur les lèvres par les personnes Un éclairage intense sans éblouir permet de mieux distinguer les visages

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Suivant l’orientation du bâtiment et la disposition des surfaces vitrées, il peut arriver que certaines zones reçoivent trop ou trop peu de lumière. Pour réguler la lumière du jour, il est possible d’installer des stores et des rideaux ou de travailler avec élé- ments qui redirigent et diffusent la lumière du jour. La lumière directe du soleil et l’éclairage artificiel direct font apparaître des ombres, lesquelles créent de la plasticité et permettent d’identifier plus facilement les obstacles et les différences de niveau, telles que les seuils ou les marches. C’est pourquoi la lumière directe utilisée de manière ciblée constitue un instrument essentiel pour la prévention des chutes. Il s’agit toutefois de vérifier au cas par cas que les ombres créées ne risquent pas de désorienter les résidents et qu’elles ne masquent pas les endroits dangereux. Enfin, pour aider les résidents à mieux se repérer, on peut travailler sur les contrastes de couleurs et de luminosité entre deux surfaces voisines, qui permettent de reconnaître et de distinguer des objets dans une pièce. Seule la combinaison de ces deux sortes de contrastes permet aux personnes présentant une déficience visuelle de percevoir les obstacles lorsque les conditions de luminosité ne sont pas bonnes. Si la couleur contribue à créer une ambiance, elle peut aussi faciliter l’orientation dans l’espace et permettre de mieux repérer les endroits dangereux. En effet, la perte de transparence oculaire et le jaunissement du cristallin modifient et altèrent sensiblement la perception des couleurs chez les personnes âgées. Des études montrent que les personnes d’un certain âge ne perçoivent certaines couleurs que de manière atté96

nuée et qu’elles ne sont plus capables de distinguer toutes les couleurs. En principe, plus la couleur choisie est claire, plus la surface réfléchira de la lumière. Les plafonds et les murs doivent être aussi clairs que possible, de façon à maximiser le rendement d’éclairage de la lumière indirecte. Il faut éviter les changements de couleurs prononcés et les contrastes forts dans un même revêtement car ils peuvent désorienter les personnes ayant des problèmes de perception ou souffrant de démence. Pour les espaces de séjour, les corridors et les chambres, il est recommandé d’utiliser des revêtements de sol qui ne présentent que peu de contrastes entre eux. Mur, sol et poignées de maintien contrastés

Il faut en particulier veiller à avoir des contrastes bien visibles entre : - le sol et les murs - les meubles et les murs 97

- la douche, les WC, le lavabo et les murs

présente aucun problème ou difficulté, il peut représenter un obstacle beaucoup plus considérable pour des personnes ayant du mal à soulever les pieds. On privilégie donc des seuils de plain-pied. Dans le cas ou cela ne serait pas possible, les ressauts inévitables doivent de préférence être munis de seuils métalliques bombés ou de cales.

- les nez de marches - les mains courantes, les poignées de maintien et les murs - les interrupteurs, les prises électriques et les murs - les obstacles et l’espace environnant Ces mesures d’éclairage et de colorimétrie, mises en oeuvre correctement, peuvent grandement améliorer la qualité de vie et la sécurité des résidents. Il faut donc veiller lors de la construction d’un EMS à favoriser l’éclairage naturel tout en le régulant, à limiter les différences d’intensité d’éclairage entre pièces au maximum, à priviliégier un éclairage indirect intense et les contrastes, tant de luminosité que de couleur.

4.2 Les seuils et transitions

Un EMS comporte de nombreux espaces, pièces et circulations, tant verticales qu’horizontales qui s’articulent entre eux. Pour encourager les résidents à se déplacer, il va convenir de rendre les transitions entre espaces aussi fluides que possibles. Ainsi, les personnes atteintes de démence peuvent percevoir une différence de couleur de revêtement de sol comme un seuil marqué, pouvant entraver leur mobilité. On priviligie donc souvent des revêtements entre les pièces relativement similaires en ce qui concerne la couleur et la luminosité, dans des couleurs claires. De plus, les seuils entre les pièces sont souvent marqués par une petite baguette au sol, souvent métallique ou en bois de 2cm d’épaisseur au maximum. Si pour des personnes en bonne santé ce seuil ne 98

Illustration basée sur les dessins de: Jeannottat, Beatrix et al. Mesures constructives pour la prévention des chutes dans les établissements médico-sociaux. [document électronique]. Berne, BPA, coll. «Documentation technique», n° 2.103, 2013, 108 pages, http:// www.bfu.ch/sites/assets/ Shop/bfu_2.103.02_ Documentation%20 technique%202.103%20 du%20bpa%20 %E2%80%93%20 Mesures%20 constructives%20 pour%20la%20 pr%C3%A9vention%20 des%20chutes%20 dans%20les%20EMS.pdf

Une cale sur un ressaut ou un seuil de plain-pied sont plus adaptés

Des marquages visuels peuvent également être disposés de façon à permettre aux personnes de se repérer lors de transitions entre pièces ou étages. En plus de cela, des marquages tactiles peuvent aider les personnes malvoyantes, par exemple sur les rampes. Informations tactiles sur une rampe

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D’autres informations tactiles permettent aux malvoyants de se repérer le long d’un couloir, comme les plinthes sur les murs qui peuvent être suivies avec la canne ou le déambulateur.



Enfin, dans les espaces extérieurs, il faut marquer une différence claire entre le chemin et la pelouse ou autre végétation. Cette différence doit être simple à distinguer y compris de nuit et par des personnes malvoyantes. On utilise à cet effet un revêtement de sol dont la couleur contraste suffisamment avec les environs, un éclairage suffisant et des informations tactiles au sol. A gauche : Informations tactiles latérales dans un couloir A droite : traitement des extérieurs

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Illustration basée sur les dessins de: Jeannottat, Beatrix et al. Mesures constructives pour la prévention des chutes dans les établissements médico-sociaux. [document électronique]. Berne, BPA, coll. «Documentation technique», n° 2.103, 2013, 108 pages, http:// www.bfu.ch/sites/assets/ Shop/bfu_2.103.02_ Documentation%20 technique%202.103%20 du%20bpa%20 %E2%80%93%20 Mesures%20 constructives%20 pour%20la%20 pr%C3%A9vention%20 des%20chutes%20 dans%20les%20EMS.pdf

4.3 Distributions verticales et horizontales

Une attention particulière doit être apportée aux distributions pour encourager les résidents à quitter leur chambre et à se déplacer. Le couloir desservant les chambres est souvent critiqué pour sa connotation hospitalière impersonnelle. Néanmoins, il est souvent inévitable en fonction de la configuration des lieux et de la forme de la parcelle sur laquelle le bâtiment s’implante. Toutefois, on peut aussi transformer le couloir en espace agréable et vivant. Ainsi, à l’EMS St-John’s Wood, il devient un véritable lieu de vie où les personnes alitées dans leur chambre interpellent les résidents ou membres du personnel passant devant leur porte et discutent avec eux. Certains EMS offrent une niche dans le mur devant chaque chambre, permettant à chaque résident de personnaliser son entrée avec des fleurs, des photos ou des souvenirs. Le couloir se transcende ainsi en une véritable rue entre maisons. Le couloir peut être vu comme un obstacle difficile à franchir. Pour encourager les résidents à se déplacer, des Sièges dans le couloir à l’EMS Eynard-Fatio

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rampes et des sièges peuvent y être installés, facilitant la circulation tout en pernettant de s’asseoir, se reposer et discuter, transformant le couloir en véritable lieu de sociabilité. Si les escaliers peuvent être considérés comme des espaces de rééducation qui favorise le maintien de la force musculaire (de fait, les EMS de plain-pied ont souvent un escalier dans leur salle de physio-thérapie), ils restent rarement empruntés sur plus d’un étage par les résidents. Pour encourager les résidents à effectuer plus souvent cette activité bonne pour leur santé, l’escalier doit être centralisé, bien éclairé, bien balancé et avoir des paliers fréquents. Sur les paliers, on peut placer un siège pour permettre de se reposer. Des mains-courantes doivent être placées de chaque côté. Aucun meuble ni aucune décoration ne doivent être déposés dans l’escalier, sous peine de faire trébucher ceux qui l’empruntent. L’espace compris entre la volée d’escalier et le mur doit être suffisamment petit pour qu’un pied ne puisse pas s’y glisser. Un contraste marqué entre l’escalier et le mur accroît la sécurité. Les contre-marches doivent être pleines pour éviter aux résidents de se prendre les pieds dedans ou de trébucher et tomber. On peut toutefois avoir une légère avancée du nez de marche pour accentuer l’ombre sur la marche du dessous et la rendre plus lisible. Cela peut aussi se faire en optant pour un nez de marche de couleur différente pour attirer l’attention et permettre de bien comprendre les volumes. Le balancement de l’escalier est le rapport entre la largeur et la hauteur de chaque marche. Le balancement idéal est 102

lorsque deux fois la hauteur plus le giron = 63 à 65cm. Il s’agit de la formule idéale du point de vue ergonomique pour les logements destinés aux personnes âgées, qui apprécieront les escaliers conçus de la sorte. Cela donne un giron d’au moins 29cm pour une marche suffisamment large, et une hauteur de moins de 17cm pour éviter d’avoir à lever les pieds trop haut. Les escaliers peuvent présenter un danger pour les personnes en fauteuil roulant malvoyantes qui pourraient ne pas le voir et tomber. Pour éviter cela, on peut placer des portes ou portillons à chaque étages évitant la chute accidentelle. Portillon d’escalier à l’EMS Eynard-Fatio

Enfin, les escaliers qui font saillie dans une pièce (p. ex. dans les garages souterrains ou les sous-sols), et sous lesquels 103

il est possible de s’engager depuis les côtés ou l’arrière doivent être signalés par une délimitation tactile, de façon à être détectables avec la canne blanche pour les personnes présen- tant une déficience visuelle. Leurs bords doivent être signalés par des contrastes – à la hauteur des personnes qui se déplacent à pied et de celles qui sont assises dans un fauteuil roulant. Dispositifs de protection et marquages pour un escalier sous lequel il est possible de s’engager

Si la pratique de l’escalier est à encourager chez les résidents, l’ascenseur reste le moyen principal de se déplacer entre deux étages. Il dit donc avoir une position centrale et facile d’accès. Placer un siège dans la cabine peut aider les personnes ayant du mal à rester debout. Des sièges peuvent également être placés à chaque palier, permettant aux résidents de s’asseoir en attendant l’ascenseur ou de discuter avec les personnes 104

Illustration basée sur les dessins de: Jeannottat, Beatrix et al. Mesures constructives pour la prévention des chutes dans les établissements médico-sociaux. [document électronique]. Berne, BPA, coll. «Documentation technique», n° 2.103, 2013, 108 pages, http:// www.bfu.ch/sites/assets/ Shop/bfu_2.103.02_ Documentation%20 technique%202.103%20 du%20bpa%20 %E2%80%93%20 Mesures%20 constructives%20 pour%20la%20 pr%C3%A9vention%20 des%20chutes%20 dans%20les%20EMS.pdf

qui passent, en faisant un réel lieu de sociabilité. Un détail important est la taille de la cabine, qui doit être suffisamment grande pour y placer une civière. En effet, à la résidence la Gradelle, la cabine est trop petite pour cela. En consquence, nous a expliqué une résidente, cela crée des problèmes lors d’accidents ou de décès puisqu’on ne peut pas tenir la personne allongée. Il faut donc la garder debout pendant la descente, ce qui peut s’avérer délicat, par exemple dans le cas d’une personne devant être évacuée et hospitalisée suite à une chute ayant occasionné une fracture.

Illustration basée sur les dessins de: Jeannottat, Beatrix et al. Mesures constructives pour la prévention des chutes dans les établissements médico-sociaux. [document électronique]. Berne, BPA, coll. «Documentation technique», n° 2.103, 2013, 108 pages, http:// www.bfu.ch/sites/assets/ Shop/bfu_2.103.02_ Documentation%20 technique%202.103%20 du%20bpa%20 %E2%80%93%20 Mesures%20 constructives%20 pour%20la%20 pr%C3%A9vention%20 des%20chutes%20 dans%20les%20EMS.pdf

L’ascenseur doit avoir des mains-courantes de chaque côté pour permettre de s’y reposer, et doit être équipé d’un tableau de contrôle à gros boutons pour les personnes malvoyantes. En outre, il faut prévoir au minimum deux ascenseurs par EMS, pour qu’il y n’y ait pas de problèmes de circulation en cas de panne ou de maintenance d’un ascenseur. Main-courantes de chaque côté de l’ascenseur et tableau de contrôle

105

1.

ORGANISATION DES ESPACES

REPARTITION DES ELEMENTS PRIVES / PUBLICS

L’organisation interne d’un EMS pose la question de l’équilibre entre la recherche de confort et d’intimité pour les résidents dans les chambres et salles de bain et la favorisation de la sociabilité dans les espaces communs. Dans une résidence d’appartements partagés la question de la répartition des espaces privés a moins d’importance en raison du relativement bon état de santé des résidents qui de fait ont à disposition leur propre cuisine, salle à manger et salle de bain. Par conséquent, chacun peut conserver son intimité en vivant dans son appartement et ne se rendre dans les espaces collectifs et participer à la vie communautaire que s’il le souhaite. De plus, il est leur est possible de maintenir une vie sociale en dehors de la résidence et les espaces communs, bien qu’importants, n’ont pas le caractère délicat qu’ils peuvent revêtir dans un établissement médico-social où les résidents ont peine à sortir de leur lit et doivent être assistés dans l’essentiel des actes de la vie quotidienne. Si l’espace privé de la chambre est bien défini la question de l’espace “public” est plus complexe car celui-ci se décline en différents niveaux : une grande cafétéria ouverte au public, un parc extérieur, une salle polyvalente destinée à tous les résidents, des salles d’activités, des petits salons d’étage voire de groupement de chambres et même les couloirs et ascenseurs sont tous des lieux collectifs mais présentent des

106

107

degrés de passage, d’animation, d’échanges et d’intimité différents. Hormis le cas particulier des personnes qui vivaient auparavant en appartement protégé où se déroule normalement une certaine vie communautaire, l’essentiel des personnes en EMS habitaient précédemment chez eux ou chez un proche. La confrontation abrupte à la vie collective peut donc être perturbante pour une personne âgée et fragilisée.

Plan de l’ems La paix du soir, Le Mont-surLausanne. Copyright Boschetti architectes

Une configuration souvent adoptée pour les EMS est celle où l’espace collectif est fédérateur et regroupe tous les résidents. L’espace commun principal se trouve donc souvent au centre de la résidence, ce qui offre un avantage supplémentaire : pour des personnes ayant des difficultés à se déplacer, il faut minimiser autant que possible la distance de couloir à parcourir. Le placement de l’espace collectif au centre de la résidence est donc logique tant par son côté pratique que par sa symbolique d’espace unificateur : l’EMS devient comme un village dont les couloirs sont les rues et l’espace commun la place centrale. La configuration adoptée par l’EMS de la Paix du Soir à Mont-sur-Lausanne, dessiné par Boschetti architectes, retranscrit parfaitement cette idée. L’immeuble se replie sur trois côtés autour d’un jardin central. Le tronçon du milieu contient à chaque étage les espaces collectifs intérieurs tandis que les ailes abritent les logements individuels. Les espaces collectifs se prolongent ainsi à l’extérieur - tant visuellement que physiquement au rez-de-chaussée - et se posent véritablement comme éléments centraux du projet autour desquels gravitent les autres espaces. 108

EMS La Paix du Soir, Boschetti architectes : Plan du rez

Cette même idée d’espace central fédérateur peut se retranscrire différemment en fonction du contexte : ainsi, pour l’EMS la Clef des Champs à Mont-sur-Rolle, les architectes ARCHITRAM s’adaptent à la configuration du terrain en pente lors du dessin de l’EMS : là aussi, on trouve un espace commun dont la position est centrale par rapport à l’EMS, mais ici la lecture de cet espace se fait en coupe : le troisième étage est le niveau permettant l’accès depuis l’arrière du bâtiment, et donne sur une terrasse extérieure à l’avant. Il s’agit d’un espace 109

public, et dans certains cas les EMS peuvent organiser des visites par des écoles ou crèches, voire des animaux. Dans ce cas, les espaces communs sont aussi l’interface avec le monde extérieur pour des personnes dont l’état de santé ne leur permet pas toujours de sortir.

fluide et animé, offrant la possibilité de sortir du bâtiment ou de rencontrer des personnes extérieures de part l’accès à la rue à l’arrière, ou de profiter de la vue et du soleil tout en restant au calme sur la terrasse extérieure. Par ce plan, l’EMS acquiert deux dimensions d’espaces collectifs tout en regroupant tous les locaux communs au même étage.

Malgré l’importance de cette “place du village” que peut représenter l’espace commun principal, de plus petits espaces de sociabilité sont également nécessaires : les personnes âgées apprécient souvent les petits espaces de rencontre au détriment des grands espaces collectifs. En effet, si ces derniers permettent de profiter de l’animation et de voir beaucoup de monde, la petite échelle est plus favorable aux échanges - ainsi les petits séjours d’unités de vie ou les salles d’activités ou salons de coiffure sont ils très appréciés.

Plan de l’ems La Clef des Champs, Lausanne. Copyright Architram

Ainsi l’EMS St-John’s Wood Care Center à Londres offre-til de petits espaces communs à chaque étage : salle-à-manger, salon, salle d’activités, au lieu d’un grand espace centralisé. Si une salle polyvalente au rez accueillant des évènements tels que concerts, repas collectifs ou visite d’enfants d’une école

EMS La Clef des Champs, ARCHITRAM : coupe transversale et plan niveau 3

Les espaces communs comme séjour ou salle à manger jouent donc le rôle de places regroupant les personnes et favorisant les rencontres et l’identification à la notion de groupe ou de communauté. Ils ont également une grande importance en cela qu’ils représentent l’espace de rencontre avec des visiteurs extérieurs, qu’il s’agisse de famille ou connaissances, ou de personnes extérieures : dans le cas des cafétérias ouvertes au public il s’agit d’un lieu d’animation 110

Plan de l’ems St-John’s Wood, Londres

St-John’s Wood Care Center, DHA : plan d’un étage type 111

avoisinante, Earl Elliott, directeur de l’établissement, explique que la configuration en petits espaces séparés est préférable selon lui pour la vie de tous les jours : “les résidents ont la possibilité d’aller dans les salons ou salles à manger aux autres étages ou dans la salle polyvalente, mais pour la plupart ils ne le font pas : chaque étage accueille une catégorie de personnes différente : personnes ayant besoins de soins infirmiers mais encore en relativement bonne santé, personne physiquement dépendantes mais ayant une bonne santé mentale, personnes atteintes de démence et polyhandicapés. Pour une personne âgée, voir des personnes dans un état de santé plus mauvais que le sien est très difficile à vivre, donc la plupart du temps ils préfèrent ne pas les voir.” Une solution intermédiaire est celle proposée à l’EMS du Nouveau-Prieuré à Genève : le rez-de-chaussée contient de nombreux espaces collectifs : salles d’activités, cafétéria, salle de conférence, jardin sensoriel organisés autour du jardin central partagé par l’EMS et la crèche. Ce lieu est l’espace de rencontres et d’échanges le plus important mais pas le seul : en effet, les chambres sont organisées par groupement de sept ou huit partageant un petit espace collectif, comme une colocation. Chaque “appartement” contient ainsi des terrasses et un petit salon et salle-à-manger où les résidents peuvent prendre leurs repas au lieu de la cafétéria. Ces groupements permettent d’apporter un sentiment de collectivité et d’établir des échanges plus importants au sein de l’appartement. Une variante de ce système est la proposition faite par TRIBU architecture pour l’EMS Orme II à Lausanne : en effet, 112

Plan de l’ems Le Nouveau Prieuré, Chêne-Bougeries. Copyright DL-A

Nouveau-Prieuré, Devanthéry-Lamunière : Plan du rez

Nouveau-Prieuré, Devanthéry-Lamunière : Groupement de chambres (dans les étages) 113

les chambres sont réunies par groupes de quatre et partagent deux salles de bain. Cela a pour but d’entretenir les relations de voisinage comme sur un palier dans un immeuble. Le désavantage de type de groupement est l’absence de réel espace collectif de rencontre. De plus, le groupement à quatre est délicat en raison du taux de mortalité dans les EMS : la durée de vie moyenne en EMS est d’environ 3 ans*. Le regroupement de chambres crée donc des relations sociales plus étroites entre résidents, et de fait, particulièrement dans le cas ou un espace collectif pour le groupe existe, les personnes vont avoir tendance à ne jamais quitter l’appartement et rester toujours avec ses voisins. Toutefois cela signifie que le décès de l’un d’entre eux est d’autant plus difficile à supporter que le cercle de connaissances de chaque résident est très étroit et se limite essentiellement à ses voisins. Un groupement de chambres plus important comme au Nouveau-Prieuré est donc préférable car cela crée une communauté de taille intermédiaire, suffisamment petite pour entretenir des relations sociales mais suffisamment grande pour que le décès d’une des personnes soit moins douloureux. Dans cette optique, certains résidents que nous avons pu interroger affirmaient préférer des chambres individuelles et une vie communautaire

dans des petits salons et salles d’activités afin d’avoir un cercle de connaissances plus étendu et moins souffrir du décès d’un autre résident.

Etablissements médicosociaux (EMS). Chiffres clés. [document électronique]. Genève, Direction générale de l’action sociale (DGAS) République et canton de Genève, 2013, 1 page, http://www.ge.ch/ems/ chiffres_cles.asp

Plan du groupement de chambres, ems orme II, Lausanne. Copyright Tribu Architecture

Outre les salles communes, les couloirs et lieux de passage peuvent constituer des lieux riches en rencontres et en échanges : la question du couloir est donc particulièrement controversée : doit-on à tout prix les éviter et les raccourcir du fait de la mobilité réduite des résidents ou au contraire les favoriser? Pour les personnes pouvant se déplacer mais avec difficulté, ils représentent en effet un obstacle qui peut être vu comme insurmontable et inciter à rester dans sa chambre. Toutefois, lors de notre visite de l’EMS St-John’s Wood à Londres nous avons pu constater l’importance que pouvait avoir le couloir : les personnes devant rester alitées gardent en effet leur porte ouverte, et discutent avec les résidents, membres du personnel ou visiteurs qui passent. De plus, les couloirs peuvent être aménagés de façon à permettre aux personnes âgées de s’aider d’une main courante pour marcher, et de se reposer en plaçant des bancs régulièrement. Le couloir se pose alors en véritable lieu d’échange où deux personnes fatiguées peuvent s’asseoir sur une banquette et discuter avant de reprendre leur route. Ainsi l’EMS Ellesmere Nursing Home, dessiné par HLM Architects à Londres, offre-t-il le long des couloirs une main-courante qui se plie pour accueillir par intermittence des banquettes confortables le long de la fenêtre, qui invitent à s’installer et prendre une pause.

Orme II, TRIBU Architecture : Groupement de chambres 114

115

2.

Ellesmere Nursing Home, HLM : photo du couloir aménagé

L’ascenseur et ses abords et les boîtes aux lettres sont aussi des lieux de sociabilité : s’il est recommandé d’installer un banc ou au moins une chaise dans l’ascenseur pour permettre aux personnes plus fragiles de se reposer, les bancs devant l’ascenseur et les boîtes aux lettres sont en plus un véritable lieu de rencontre car il y a beaucoup de passages à ces endroits: on peut s’y asseoir un moment avant de reprendre son chemin, ou même venir s’y installer simplement pour discuter avec les personnes qui y passent.

116

LA QUESTION DE LA CHAMBRE

Pour un résident, la chambre représente avant tout le véritable lieu d’intimité, de repli et d’individualité. On l’a vu, les personnes arrivant à l’EMS n’ont souvent pas l’habitude d’une vie communautaire, et la chambre est donc pour elles comme un refuge où se retrouver seul. Toutefois, il s’agit d’une chambre d’EMS et non de maison : elle n’offre pas un complet repli car elle souffre de l’intrusion de tiers : personnel infirmier, aides-soignants, personnel de maison. La chambre a donc un statut particulier car il ne s’agit pas d’une chambre de maison, mais elle a tout de même un statut différent d’une chambre d’hôtel ou d’hôpital du fait de la durée du séjour beaucoup plus importante. De fait, il lui est souvent possible de l’aménager à son goût, avec ses effets personnels et ses meubles pour devenir un “chez-soi”. Pour accentuer l’impression de “chez-soi”, la chambre peut intégrer les différents éléments faisant référence à la sphère domestique : l’espace d’entrée, soit le pas de la porte et éventuellement un petit couloir d’entrée, l’espace de séjour, soit un lieu d’accueil et de convialité, l’espace de sommeil et de repos, l’espace de rangement des effets personnels et l’espace des soins du corps. Ces différentes structures sont plus ou moins intégrées et séparées selon les cas, avec le séjour et le lit souvent organisés en un seul espace.

117

La chambre peut devenir avec le temps le lieu de vie principal du résident, particulièrement si son état de santé se détériore et s’il devient trop faible ou fatigué pour sortir de son lit ou participer à des activités. Il faut donc apporter une attention particulière à l’organisation de la chambre : ainsi, placer la salle de bain à l’entrée de la chambre permet d’avoir une isolation phonique par rapport au couloir et crée un petit couloir d’entrée qui renforce l’impression d’intimité. Toutefois, il faut veiller à ne pas entièrement couper le résident de l’animation du couloir : la possibilité de garder la porte de la chambre ouverte et d’avoir une suffisamment bonne vue sur le corridor peut permettre au résident de participer à la vie communautaire sans sortir de son lit. La fenêtre est également un élément important puisqu’elle doit apporter un maximum de lumière - pour des personnes âgées dont la vue baisse un bon éclairage est primordial - mais aussi une vue vers l’extérieur : qu’il s’agisse d’une vue sur le paysage ou sur l’animation de la rue, le regard vers l’extérieur est important pour le résident. La fenêtre doit donc être assez grande pour apporter assez de lumière, et suffisamment basse pour permettre au résident d’apprécier la vue depuis son lit ou une chaise. En outre, dans le cas d’EMS en ville, il faut veiller à préserver l’intimité du résident par rapport à la rue : les personnes âgées en EMS ont souvent un très mauvais état de santé et offrent un spectacle peu engageant au passant. Au-delà de ce que les personnes en bonne santé peuvent ne pas vouloir voir, certains résidents ayant des problèmes de santé mentale peuvent s’exhiber dans des postures ou tenues dans lesquels ils n’auraient pas voulu être vus. Il s’agit donc également de préserver leur dignité. 118

3.

MIXITE PROGRAMMATIQUE

Lors de la construction de l’EMS du Nouveau-Prieuré, aux abords de la Résidence la Gradelle et de l’EMS EynardFatio existants, les résidents ont été interrogés pour savoir s’ils étaient gênés par le chantier. Leur réponse, pour le moins surprenante, était que loin de les déranger, les travaux étaient intéressants à suivre et à observer. “C’est fascinant de constater leurs progrès au jour le jour”, nous a confié une résidente de la Gradelle, dont la fenêtre donne directement sur le chantier. Les résidents ont ainsi demandé s’il serait possible de remplacer les panneaux opaques protégeant le chantier par des panneaux transparents qui leur permettraient de mieux suivre l’évolution du bâtiment au fil de sa construction. De façon générale, l’animation est quelque chose qui plaît aux personnes âgées : ainsi, nombreux sont les EMS qui accueillent des enfants une ou plusieurs fois par semaine pour permettre aux résidents d’échanger avec eux et amener de la vie à l’établissement. “Nous accueillons des enfants d’une école primaire du quartier trois fois par semaine” explique Earl Elliott, directeur de l’EMS St-John’s Wood à Londres. “Certains lisent des livres aux résidents, d’autres discutent avec eux, et certains ne font que jouer entre eux. Même s’ils ne font qu’observer les enfants sans interagir avec eux, on sent une réelle différence chez ces personnes lorsqu’elles sont au contact d’enfants : on les sent s’éveiller et sortir de leur 119

enfants, particulièrement lorsqu’ils jouent à l’extérieur. La composition sous forme de bâtiments organisés autour d’une place du village renforce ces relations visuelles. Cette place du village fonctionne sur deux niveaux : le rez est un espace partagé par la crèche et l’EMS et accessible au public. Il s’agit donc du véritable lieu d’échanges et de rencontres inter-générationnelles. Toutefois, les résidents de l’EMS atteints de démence ne sont pas aptes à sortir de l’enceinte du bâtiment sans surveillance et ne peuvent pas être mis en contact direct avec les enfants ou le public, tant pour protéger les personnes extérieures - les personnes démentes peuvent parfoisse montrer violentes - que les patients eux-mêmes qui pourraient être déstabilisés ou pour une question de dignité. Au Nouveau-Prieuré, une promenade circulaire au premier étage surplombant à cet effet la place du village au rez permet aux personnes démentes de sortir et d’avoir une relation visuelle avec l’animation sans contact direct.

torpeur, et ces rencontres font partie des meilleurs moments de leur semaine.” De la même façon, l’EMS accueille souvent des animaux de compagnie, essentiellement des chiens et des chats. “Cela ramène toujours une lumière dans leurs yeux”, explique-t-il. L’animation est donc quelque chose de positif qui doit être encouragé. C’est pourquoi on tend de plus en plus à intégrer d’autre programmes qui permettent d’avoir des interactions tend physiques que visuelles. Ainsi le NouveauPrieuré se targue-t-il d’une place du village autour de laquelle s’articulent un EMS et un foyer pour personnes âgées mais aussi des appartements étudiants, des appartements locatifs, une crèche et un restaurant. Du fait de la diversité des logements (personnes âgées, familles, étudiants) on ontient ainsi un espace intergénérationnel dont les relations sont exacerbées par le fait que les étudiants sont des étudiants en médecine et des étudiants des professions sociales et de la santé qui se voient proposer un contrat de travail dans l’EMS ou au Foyer. Le restaurant permet d’entretenir des relations intergénérationelles directes car il est ouvert au public et est donc fréquenté autant par les résidents de l’EMS et du foyer que par les étudiants, les personnes travaillant dans le quartier ou les parents venus déposer leurs enfants à la crèche. 120

La crèche enfin permet aux résidents de regarder les

Eberhard, Philippe et Tripod, Elisabeth. Dossier de presse. Le Nouveau Prieuré . [document électronique]. Genève, Bureau Central d’Aide Sociale, 2012, 12 pages, http://bcas.ch/ BCAS-pages/documents/ Dossierdepresse_ Nouveau_Prieure.pdf Copyright DL-A

Le Nouveau-Prieuré : lieu d’échange de part son programme 121

4.

COMPARAISON D’EMS

La comparaison des plans des différents EMS que nous avons étudiés montre que malgré les différentes configurations et implantations possibles, dépendant aussi bien de la forme de la parcelle que des choix architecturaux mis en oeuvre, le rapport entre la surface totale de l’EMS est relativement constante en Suisse (entre 60 et 70 m2 par personne). Les EMS comme le Nouveau-Prieuré et Eynard-Fatio ont un ratio plus important du fait que de nombreuses tâches sont traitées en interne (notamment la buanderie et la cuisine) alors qu’elles sont souvent réalisées par des entreprises externes (laveries extérieures, cuisines centralisées qui préparent les repas de l’EMS mais aussi d’écoles etc). De plus, la cafétéria du Nouveau-Prieuré dessert également la crèche, le foyer ClairBois pour personnes poly-handicapées et est aussi ouverte au public, prenant de faite une plus grande importance. De même, la cafétéria d’Eynard-Fatio est ouverte au public, et des locaux tels que la chaufferie desservent d’autres bâtiments. L’EMS St-John’s Wood fait exception du fait qu’il est plus petit par rapport au nombre de résidents que les autres. Cela est dû à un facteur culturel (chambres généralement plus petites au Royaume-Uni qu’en Suisse) et au fait qu’il s’agit d’une réaffectation d’un ancien bâtiment, ce qui a contraint l’architecte dans ses choix. 122

Le Nouveau-Prieuré, Genève Designlab-architecture SA

Eynard-Fatio, Genève Tschumi - Heurteux

SBP : 12 800 m2 Capacité : 144 résidents Surface / personne : 88 m2 Surface / chambre : 20 m2 Organisation : cafétéria ouverte au public, salles d’activités et jardins ouverts au rez, salles à manger-salon dans chaque groupe de chambres aux étages Services : le bâtiment comporte en sus de l’EMS une crèche, un foyer pour polyhandicapés et des logements étudiants. La cafétéria et les jardins sont ouverts au public

SBP : 7130 m2 Capacité : 100 résidents Surface / personne : 71.3 m2 Surface / chambre : 15 m2 Organisation : grande cafétéria ouverte au public au rez, salles d’activités et petits salons et salles-à-manger à chaque étage Services : la cafétéria est ouverte au public. La chaufferie alimente d’autres bâtiments environnants

A gauche : plan du rez et plan d’étage de l’ems Le Nouveau Prieuré. Copyright DL-A A droite : plan du rez de l’ems Eynard-Fatio.

123

Paix du Soir, Mont-sur-Lausanne

Boschetti Architectes

SBP : 5900 m2 Capacité : 86 résidents Surface / personne : 68.6 m2 Surface / chambre : 15 m2 Organisation : espaces privés dans les ailes, autour du jardin et du bloc d’espace communs central

124

La Clef des Champs, Lausanne

ARCHITRAM

SBP : 3060 m2 Capacité : 50 résidents Surface / personne : 61.2 m2 Surface / chambre : 14.4 m2 Organisation : espaces collectifs principaux au rez, salons et salles supplémentaires dans les étages

A gauche : plan-type de l’ems, La Paix-du-Soir. Copyright Boschetti architectes

A gauche : plan du rez et plan d’étage de l’ems Orme II. Copyright Tribu Architecture

A droite : plan du rez et plan d’étage de l’ems La Clef-des-Champs. Copyright Architram

A droite : plan-type de l’ems St-John’s Wood. Copyright Dwa Architects

Orme II, Lausanne Tribu Architecture

St-John’s Wood, Londres DWA Architects

SBP : 1880 m2 Capacité : 30 résidents Surface / personne : 62.7 m2 Surface / chambre : 14.4 m2 Organisation : espaces collectifs centralisés au rez, les chambres aux étages sont organisées par groupes de 4

SBP : 2280 m2 Capacité : 42 résidents Surface / personne : 54.3 m2 Surface / chambre : 12 m2 Organisation : salle à manger, salon et salle d’activité à chaque étage, salle polyvalente au sous-sol

125

1.

Etude du site 1. South Kensington, un quartier au coeur de Londres

Le site choisi pour réaliser notre projet est celui de South Kensington Station à Londres. Situé au coeur de la ville (zone 1 du métro londonien), cet emplacement se caractérise en effet par le fait qu’il s’agisse d’un vaste espace quasiment entièrement non-bâti en centre-ville, la gare se situant en soussol mais à ciel ouvert. Ce site présente donc un fort potentiel que nous souhaiterions développer.

Projet : EMS à South Kensington, Londres

En effet, nous avons vu que la situation idéale pour un EMS était en centre-ville à un emplacement bien desservi par les transports en commun afin de permettant à des visiteurs ne pouvant plus conduire d’y accéder. Or South Kensington est une gare de métro et en outre un noeud de communication puisque 3 lignes de métro (Circle, District et Piccadilly Lines) et de nombreuses lignes de bus y convergent. Projets d’atelier LAMU, EPFL 2002 Extraits de fo(u)r cities, Inès Lamunière

Exemple de projets sur le site 126

127

Waterloo & City Docklands Light Railway

London’s London’s Rail & Tube Rail & Tube services services

Aylesbury

Willesden Junction

Greenford

Alperton

Perivale

London Tramlink

Extrait du plan de l’Underground londonien.

Emirates Air Line Abellio Greater Anglia

Warwick Avenue

Chiltern Railways Hanger Lane

c2c First Great Western Great Northern

ZONE

6

Heathrow Connect Heathrow Express London Midland Southern Southern (limited service)

3

West Drayton

ZONE

Park Royal

ZONE

5

4

Hayes & Harlington

Drayton Green

Southall

North Ealing Ealing West Broadway Ealing

Hanwell

Southeastern (limited service)

Ealing Common

Southeastern high speed South West Trains

South Ealing

Thamkeslink Boston Manor

Interchange stations

Emirates Air Line

Hounslow Central

Kew Bridge

Hatton Cross

Brentford

Archway

Heathrow Terminals 1, 2, 3

Syon Lane Isleworth

Station in both fare zones Tramlink fare zone Emirates Air Line fare zone

Heathrow Terminal 5

Pay as you go fares are available between all Towards Staines stations within the black broken for est très peu bâti Vue satellite : online voitexcept que l’îlot travel on: • Southeastern high speed, 128 • Heathrow Express and Towards

Circle

Bayswater Ruislip

London Overground

London Tramlink London Tramlink West Turnham Stamford Ravenscourt Emirates Air Line Emirates Air LineKensington Park Green Brook Abellio Greater Anglia

Abellio Greater Anglia

Chiltern Railways

Chiltern Railways

Great Northern

c2c

Gardens

St. John’s Wood

Moor Park

Great Baker Street PortlandNor Northwood Street West Ruislip Northwood Hills

Ruislip Edgware Ickenham Road Ruislip Manor

Ruislip Warre H Pinner Ruislip Stre Manor Regent’s North Harrow Park Eastcote East Ruislip Harro Gardens Rayners Lane on-the

Bond Oxford Street South Ruislip Circus West Harrow

South Harrow

High Street Kensington Northolt

Northolt Park Green

Chesham Aylesbury ZONE

Piccadilly Circus

Sudbury Town

9

Greenford

Sloane Square ZONE

8

A

A

Alperton

9

St. James’s Park

A

South Greenford Watford

ZONE

ZONE

88

B

South Greenford Watford

Hanger Croxley ZONE Lane

A

B

ZONE ZONE Perivale

7

Towards West Chalfont Towards Chalfont Aylesbury Brompton & LatimerAylesbury PimlicoChesham & Latimer Chesham

AZONE

Greenford

Sudb

Westminster

Victoria

Chesham ZONE Perivale

South Kensington Amersham

Amersham

Tottenha

Sudbury Hill Ro Court Harrow Northolt Park Sudbury & ParkNortholt Sudbury Hill Sud Harrow Road

Knightsbridge Gloucester A Road Towards

South Harro

Marble Arch

Hyde Park Corner

2

7

Mo

Croxley

Rickmansworth Moor Park

Lancaster Notting South Ruislip Gate Hill Gate Queensway

ZO

Watford

Swiss Cottage

Hillingdon

1

Ca

Chorleywood

Marylebone

Westbourne Park

Towards Aylesbury

Chalfont & Latimer Croxley

Ickenham Uxbridge

Ladbroke Grove

7

Watford

Paddington ZONE

88

Finchley Road

ZONE

8 9 9 5 946 85 947 7 1 3

ZO

7

Hanger L ZONE ZONECroxley Waterl

B

88 88 3 7 7

Castle Bar Park Castle Bar Park a Towards Fulham Towards Towards Chorleywood Chorleywood First Great Western1 Towards 1 Aylesbury Waterloo E HighAylesbury Amersham High Chesham AmershamChesham Broadway Park Royal ZONE P ZONE ZONE ZONE ZONE ZONE Moor ZONE ZONE ZONE ZONE Moor ZONE ZONE Wycombe Wycombe Great Northern Rickmansworth Rickmansworth Park Park ZONE ZO

West Watford Watford Drayton Green Drayton Green Acton Imperial Amersham Amersham Northwood Nor North Ealing No Chalfont Heathrow Express Wharf &Chalfont West Ruislip West ZONE Ruislip ZO Latimer & Latimer Battersea Croxley Northwood Vauxhall Acton Ealing Croxley Watford Watford Hillingdon Hillingdon London Midland London Midland Hills Park West West West Broadway Main West B Hayes & Hayes & Chalfont Towards Towards Chorleywood Chorleywood Parsons Green Drayton Harlington Chalfont Southall Drayton Hanwell Ealing Southall HanwellRuislip Line Ealing Southern Southern Harlington Ruislip H & Latimer & Latimer High Uxbridge High Ickenham Uxbridge Ickenham ZO Pinner Kew Gardens Croxley Croxley Ruislip Ruislip Wycombe Wycombe Rickmansworth Rickmansworth Southern (limited service) Southern (limited service) Moor Park Moor Park Putney Bridge Towards Towards Manor Manor Bakerloo Bakerloo Acton Towards Towards Chorleywood Chorleywood Slough Slough Southeastern Southeastern Queenstown Central North Harrow Barnes Bridge High High Central Central Northwood Nor River Thames Eastcote East Road (Battersea) Wycombe Wycombe Rickmansworth Rickmansworth Southeastern (limited service) Southeastern (limited service) Moor Park Moor Park Ealing West Ruislip West Ruislip Ruislip Ruislip Oval Circle Circle Northwood Common SouthHarroC Gardens Gardens Hillingdon Hillingdon Rayners North Southeastern high speed Southeastern high speed Hills Lane on-the Acton District District Northwood Nor Wandsworth Barnes Sheen Clapham Junction South West Trains South West Trains Ruislip West Ruislip West Ruislip Ruislip SH Acton Road South Ruislip South Ruislip Uxbridge Ickenham Uxbridge Ickenham District (limited service) District (limited service) Northwood South West Harrow Pinner Town Ruislip So Hillingdon Hillingdon Ruislip Thamkeslink Thamkeslink Putney Hills South Harrow South Harro Ealing Ea Wandsworth RichmondHammersmith Clapham High Street Manor Manor Bakerloo Bakerloo & City Mortlake Hammersmith & City Town Boston Manor Boston Manor Ruislip Ruislip East Putney H North Harrow Northfields Northfi Uxbridge Ickenham Uxbridge Ickenham Sudbury Hill Clapham North Central Central Jubilee Jubilee Interchange stations Interchange stations Pinner RuislipEastcote Chiswick RuislipEast Harrow Turnham St Ruislip Osterley Manor Ruislip Osterley Manor Bakerloo Bakerloo Circle Circle Metropolitan Metropolitan Airport Airport Park Clapham Green Northolt Northolt Southfields Earlsfield Harro Gardens Gardens Rayners LanePark Park North Harrow on-the Sudbury & Sud Common Sudbury Hill Wandsworth Northolt Northolt Hounslow Hounslow Central services Central services District District Northern Northern Riverboat Riverboat Eastcote East Harrow Road East Common East Wimbledon Park Haydons Ruislip Ruislip Clapham South South Ruislip South Ruislip Circle (limited Circle (limited District service) District service) Emirates Piccadilly Piccadilly Emirates Air Line Air Line West Harrow Harro Hounslow Hounslow Gardens Gardens Road Rayners Lane South Harrow South Harro Balham on-the Central Central District District Hammersmith &Wimbledon City Hammersmith & City Victoria Victoria Sudbury Town Sudb Gunnersbur Hounslow Hounslow South Ruislip South Ruislip West Harrow Sudbury Hill District (limited District (limited Jubilee Jubilee & Cityservice) Waterloo & Cityservice) Waterloo West West Kew TootingBridge HarrowSouth Harro South Harrow Greenford Greenford Hatton Hatton Hammersmith & City Hammersmith & City Metropolitan Metropolitan Northolt Northolt Bec Alperton Cross Cross Dundonald Park Park Sudbury & Docklands Light Railway Docklands Light Railway Sudbury Hill Sud Sudbury Hill ZON Northolt Northolt Jubilee Jubilee Northern Northern Road Tooting Brentford Harrow RoadBre Harrow London Overground London Overground Broadway Metropolitan Metropolitan Piccadilly Piccadilly Northolt Heathrow Heathrow Northolt Perivale Perivale Raynes Park Park Park Sudbury London Tramlink London Tramlink Terminals Terminals Syon Northolt Lane Syon &Lane Sudbury Hill Sud Northolt Kew Garden Northern Northern Victoria Victoria 1, 2, 3 1, 2, 3 Sudbury Town Sudb Harrow Road

Heathrow Connect Chiswick Heathrow Express

Heathrow Connect

1 3 1

2

1

Key to lines and Keysymbols to lines and symbols

Heathrow Terminal 4 St. Margarets Hounslow

Feltham

Central

c2c Gunnersbury First Great Western

Hounslow West

4

Bakerloo

Central

London’s London’s Rail & Tube Rail & Tube London’s London’s services services London’s London’s Rail & Tube Rail & Tube6 Rail &and Tube Rail &andTube Key to lines Key symbols to lines symbols services services services services

Chiswick Park

Hounslow East

Riverboat services

2

3

Bakerloo

2

West Ruislip Hillingdon

ZONE

London Overground

Northfields

Osterley

Airport

Edgware Road

Circle Latimer Road District District North Shepherd’s Acton White City Main District (limitedActon service) District (limited service) Bush Line Hammersmith & City Hammersmith & City Holland East Jubilee Wood Park ActonJubilee Lane Acton Metropolitan Metropolitan Central Northern Northern Shepherd’s Kensington Piccadilly Bush Piccadilly Market (Olympia) 2 South Victoria Victoria Acton Goldhawk Road Waterloo & City Waterloo & City Acton Earl’s Barons Town Hammersmith Court Docklands Light Railway Docklands Light Railway Court

Towards Slough

Southeastern

Special fares

West Acton

9

Amersham

Ch

ZONE ZONE

ZONE

Chorleywood Kilburn1 Towards South High Road High Hampstead Wycombe Rickmansworth

Key to lines and Keysymbols to lines and symbols Uxbridge ZONE

8

Chesham

ZONE

Chalfont & Latimer

Royal Oak

Castle Bar Park

9

ZONE

Brondesbury

Amersham

Queen’s Park

Kilburn Park 1 Towards High Maida Vale Wycombe

South Greenford

ZONE

Kensal Rise

Kensal Green

London Overground

Park Aylesbury Chesham

Twickenham Whitton Strawberry Hill

Key to lines and Keysymbols to lines and symbols 2

2

Situation sur le plan de métro londonien

Special fares Special fares

2 4

2 4

Merton Park

129

3

Plan réalisé à partir de données OpenStreetMap

Plan réalisé à partir de données OpenStreetMap

Situation par rapport à la ville

Situation par rapport au quartier

Le quartier de South Kensington se situe au centre de Londres, légèrement à l’ouest. Il est encadré au sud par la Tamise, et au Nord par Hyde Park, le plus grand parc de Londres qui permettra aux résidents de s’y promener.

quelques minutes à pied de quelques uns des plus grands musées de la ville (Victoria and Albert Hall, Natural History Museum, Science Museum), d’une grande salle de concert (Royal Albert Hall) et d’une grande université (Imperial College). En plus des activités que cela peut procurer aux personnes âgées, cela signifie que le quartier et la gare elle-même sont traversés par des flux importants ce qui apporte de l’animation.

Le site se trouve dans un environnement très urbain, ce qui est un aspect très positif pur notre EMS par rapport à une implantation traditionnelle à l’extérieur de la ville du fait de l’animation que cela apporte. En effet, la gare se trouve à 130

131

Illustration basée sur les dessins de la brochure: easyBed.london. La ville doux cauchemar ou rêve tragique. EPFLLausanne, Chaire du Professeur Lamunière, 2002, 55 pages. Entrée

Entrée

Station de Métro

On voit assez clairement que l’îlot de la gare est très discontinu, formant une rupture dans le tissu urbain. La surface totale est de 7790m2. Nous estimons avoir un potentiel d’environ 18 500m2 (en conservant une épaisseur de 12m environ sur le tour de la parcelle) si nous construisons sur 5 étages, ce qui correspond au gabarit des bâtiments du quartier. Nous conserverons sans doute les bâtiments existants mais viendrons compléter la couronne avec notre projet. L’épaisseur de 12m permet un apport de lumière mais aussi une vue sur les quais de la gare et les trains, ce qui représente une animation supplémentaire pour l’EMS. 2. Photos du site :

Quais

Plan de situation : zone d’intervention 132

Vue Générale 133

Entrée principale

Train arrivant sur le quai

Hall d’entrée de la gare

Vue du quai

134

135

2.

DESCRIPTIF DU PROJET

Suite à notre recherche, nous nous rendons compte que le caractère rébarbatif que les EMS peuvent avoir aux yeux de la population âgée vient essentiellement de la peur de vieillir et de la volonté de se prouver que l’on parvient encore à subvenir à ses besoins, mais aussi d’un attachement à son propre appartement et son quartier. Notre proposition cherche à apporter une transition plus douce entre un habitat indépendant et un EMS en ayant sur le même site un EMS et des appartements protégés bénéficiant des services et du personnel soignant de ce dernier. Une personne retraitée souhaitant déménager, par exemple parce que son appartement est désormais trop grand, peut ainsi emménager en appartement protégé dans le complexe. Au fil du temps, si des problèmes de santé se déclarent, le personnel soignant et de nettoyage de l’EMS peuvent venir l’aider ponctuellement si besoin est. Si son état de santé se dégrade trop pour continuer à vivre en appartement protégé, le transfert en EMS se fait ainsi de manière beaucoup plus douce puisqu’il ne s’agit plus que d’un simple changement de chambre dans un même quartier. La personne conserve ainsi son cercle d’amis, ses activités et ses habitudes : en tant qu’habitante de la résidence protégée, elle aura en effet déjà utilisé la cafétéria de l’EMS ouverte au public, et mêmes certaines activités de l’EMS. Ayant déjà eu besoin de soins et d’aide par le passé avant l’entrée en EMS, elle 136

connaîtra également déjà une partie du personnel. Au lieu d’être un complet dépaysement et un bouleversement des habitudes, qui nous l’avons vu entraîne souvent des effets très négatifs sur la santé de la personne âgée après son entrée en EMS, la transition se fera ainsi de manière fluide sous la forme d’une assistance de plus en plus importante au fil du temps, d’abord dans l’appartement, puis dans l’EMS. En plus de ce programme dédié aux personnes âgées nous souhaiterions introduire d’autres programmes afin d’attirer des visiteurs et des personnes extérieures dans le complexe. Nous avons vu en effet qu’être confronté uniquement à d’autres personnes âgées peut avoir un effet déprimant sur les résidents en EMS ou en appartements protégés : en particulier, voir en permanence autour de soi des personnes en plus mauvaise santé inspire la peur de se retrouver dans le même état. A cet effet, la cafétéria ouverte au public permet d’introduire un espace de rencontre et d’échanges. Les personnes âgées les plus malades, en particulier celles atteintes de troubles neurologiques ne pouvant pas forcément manger au même endroit que le grand public, on pourrait imaginer une cafétéria double, entretenant une relation visuelle à travers une vitre par exemple mais sans contact direct, avec une salle réservée aux patients de l’EMS plus gravement atteints ou préférant cette salle, ainsi qu’à leurs familles lors des visites, et une salle accueillant les autres résidents de l’EMS et des appartements protégés qui le souhaitent et le grand public. Nous aimerions également introduire des logements supplémentaires afin de donner un caractère inter-générationnel 137

au complexe. Une partie de ces logements serait libre et accessible à tous mais une autre partie seraient réservée à la famille des personnes habitant en appartement protégé ou en EMS dans le complexe. Interrogé sur le sujet, Earl Elliott, directeur de l’EMS St-John’s Wood, affirmait en effet que de nombreuses personnes ayant un parent en EMS ne pouvaient plus s’en occuper seuls, mais ne voulaient pas l’abandonner pour autant et parcouraient parfois de grandes distances quotidiennement pour leur rendre visite. Un système leur permettant d’habiter dans le même complexe serait donc particulièrement utile dans ce cas. On pourrait donc imaginer 4 générations de la même famille habiter dans le complexe, avec par exemple une personne retraitée de 65 ans habitant en appartement protégé dont les parents seraient en EMS et les enfants et petits-enfants habiteraient dans les appartements réservés dans le même complexe. Afin de faciliter ce système, une crèche permettrait d’accueillir les enfants des familles habitant dans le complexe. La crèche, l’EMS et les appartements protégés pourront entretenir une relation visuelle, mais on pourra également plus facilement avoir des relations directes : les personnes âgées aiment le contact avec les enfants mais ont souvent peur de s’en occuper en raison de leur état de santé. Ce système permettrait ainsi aux résidents de venir s’occuper de leurs petits-enfants (voire arrière-petits-enfants) à proximité de chez eux, tout en étant sous la supervision du personnel de la crèche, ce qui leur apportera une sensation de sécurité et de confiance. 138

quartier très passant à proximité d’une gare, des commerces seront implémentés. Nous avons estimé à environ 18 500 m2 la surface disponible constructive. Nous avons esquissé un programme possible pour notre complexe : Programme

Nombre d'habitants

m2/hab

EMS

60

88

5280

Appartements protégés

30

80

2400

Logements associés

20

80

1600

Logements libres

30

100

3000

Crèche

-

-

600

Surface comerciale

-

-

2000

Infrastructure existante

-

-

1600

Infrastructure transport

-

-

1200

Restauration

-

-

600

Surface totale (approximative)

Surface (m2)

18280

Estimation de la répartition programmatique

Notre complexe, réfléchi autour de l’EMS, cherche ainsi à mettre en place une transition douce entre l’appartement indépendant et une prise en charge de plus en plus importante avec le temps, ainsi que des relations inter-générationnelles à travers une diversité programmatique et l’introduction de logements familiaux.

Enfin, pour favoriser l’animation et s’intégrer dans un 139

1.

Conclusion

140

CONCLUSION

Cette recherche nous a beaucoup appris sur l’habitat des personnes âgées et la façon de le concevoir. A travers la littérature et au contact des différents acteurs - personnes âgées vivant chez elles, en résidence protégées ou EMS, mais aussi directeurs, intendants et personnel soignant nous avons pu mieux comprendre les besoins auxquels il faut répondre lors de la conception d’un établissement pour personnes âgées : tant les besoins physiques que la dimension psychologique, les aspirations et les volontés des personnes âgées, et la question technique des détails architecturaux et programmatiques à mettre en oeuvre. En tant qu’architectes cela a été une expérience enrichissante d’être en contact direct avec la population ciblée pour penser un bâtiment adapté.

141

1.

BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

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2.

REMERCIEMENTS Voici la liste des personnes que nous avons interviewées  :

Nom

Position

Anne-Lise SCHNEIDER

Directrice de l'EMS Eynard-Fatio, à Genève

Maria DUPONT

Intendante de l'EMS Eynard-Fatio, à Genève

Brigitte CRAMER

Directrice de la Résidence La Gradelle, à Genève

Simone CHAIX

Résidente à La Gradelle, à Genève

Earl ELLIOTT

Directeur de l'EMS St-John's Wood Nursing Home, à Londres

Patricia WALDRON

Infirmière en Chef de l'EMS Appletree Court Care Home, à Londres

PACT-ARIM

Association spécialisée dans les diagnostics d'accessibilité

Un grand merci à toutes ces personnes, ainsi qu’aux personnes âgées rencontrées en EMS qui préfèrent conserver l’anonymat, pour leur temps, leur patience, leur gentillesse et leurs conseils qui nous ont été d’une aide précieuse pour l’élaboration de ce rapport. Nous tenons également à remercier l’équipe EPFL qui nous a suivi : le Professeur Vincent KAUFMANN, Directeur d’Enoncé Théorique, la Professeure Inès LAMUNIÈRE, Directeur Pédagogique, et Fiona PIA, Maître EPFL.

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