Les doléances des gilets jaunes recueillies en mairies

2. DÉBAT PUBLIC. Annoncée par Emmanuel. Macron sous la pression des gilets jaunes, la grande consultation nationale s'organise dans les communes de la.
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La Marseillaise / mardi 8 janvier 2019

L’ÉVÉNEMENT

Piloté par Chantal Jouanno, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, le grand débat national prévoit quatre thématiques : la transition écologique, la fiscalité, l’organisation de l’État et des collectivités publiques, la démocratie et la citoyenneté. PHOTO M.RI.

Les doléances des gilets jaunes recueillies en mairies DÉBAT PUBLIC Annoncée par Emmanuel Macron sous la pression des gilets jaunes, la grande consultation nationale s’organise dans les communes de la région. Justice fiscale, augmentation du Smic, remise en place de l’ISF, les revendications ne manquent pas.

L

imiter à 25 le nombre d’élèves par classe, revaloriser les pensions de retraite, développer la voiture à hydrogène, augmenter le Smic de 300 à 500 euros, baisser les salaires des députés, restaurer l’ISF, etc... Dans le cahier des doléances mis à disposition des habitants dans le hall de l’hôtel de ville de Martigues, on lit de tout. « Depuis le 19 décembre, on recense 72 contributions sur place ou sur notre site internet », affirme-t-on du côté de la mairie. Ce recueil a été mis en place par le maire PCF Gaby Charroux dans le cadre de la consultation nationale annoncée par Emmanuel Macron sur

quatre thématiques : la transition écologique, la fiscalité, l’organisation de l’État et des collectivités publiques, la démocratie et la citoyenneté. « Je n’y crois pas beaucoup. Mais au moins, j’aurais essayé. », sourit Richard, retraité de la pétrochimie, venu coller deux feuilles de doléances rédigées au nom de l’association des riverains de l’Avera. « Gouverner, ce n’est pas facile, mais écouter les gens, c’est primordial. Macron a décidé d’agir seul, il est sûr de ce qu’il raconte, il a tort. Ce débat c’est du pipeau », lâche-t-il.

Du côté des gilets jaunes du rond-point « du chat noir » situé à quelques centaines de mètres de là, le débat national ne soulève pas un enthousiasme délirant. « C’est une façon de gagner du temps jusqu’aux élections européennes », déclare sans hésiter Vincent, agent de sécurité. « Ça fait deux mois qu’on exprime des revendications chaque samedi et qu’on ne nous entend pas, je ne vois pas pourquoi ils nous écouteraient maintenant », ajoute-t-il. « Si seulement il suffisait d’un cahier de doléances pour obtenir

Le Conseil économique et social centralise les contributions « Avec ou sans gilet jaune, citoyennes et citoyens, exprimez-vous ». C’est par ces mots que le Conseil économique et social (Cese) invitait les citoyens à poster en ligne leurs revendications du 15 décembre au 4 janvier. De l’interdiction des animaux dans les cirques à la suppression du CICE pour les grandes entreprises en passant par la réduction des dépenses de l’Élysée ou l’annulation du mariage pour tous, plus de 9 000 doléances ont été publiées en ligne. Les membres de cette assemblée nationale consultative sont désormais chargés de faire le tri puis d’analyser et de synthétiser ces propositions jusqu’au 15 janvier. Ensuite, le Cese prévoit de rendre un rapport récapitulatif qu’elle soumettra à un vote dans le courant du mois de mars. M.Ri.

des avancées, ça se saurait », lâche un autre.

Dans le Var, des doléances très diverses aussi

Donner la parole aux citoyens est un exercice qui se pratique depuis longtemps de ce côté-ci de la rade. La Seyne, Hyères ou la Cadière d’Azur ont, elles aussi, mis en place un cahier de doléances. Pour les maires de ces communes, cette consultation ne peut être un succès que si la majorité prend sa part de coups. « Dans le cadre du grand débat, je serai sollicité et questionné sur les choix de politique nationale que je n’approuve en aucune façon. Il faudra donc que les parlementaires de cette majorité et les représentants de l’État soient présents dans ces temps de participation citoyenne », explique Marc Vuillemot (ex-PS), maire de la Seyne. Comme le plaide l’adjoint PCF seynois, Christian Barlo : « Ouvrons les mairies ! ». Dans le cahier des doléances de la Ville, on retrouve certaines revendications des gilets jaunes, mais pas seulement : « Nous voulons un service public de proximité », « l’ISF doit être remis en place et une réforme fiscale plus juste doit être votée », « je

veux un boulot », y lit-on en vrac. Une VIe République ou la mise en place d’une Constituante figurent aussi parmi les revendications. Ici, doléances riment avec 1789. À la Cadière d’Azur, dirigée par le maire PCF René Jourdan, les questions de transports pour se rendre à Marseille ou Toulon occupent une large place. « Comment faire sans voiture ? », interroge un anonyme. Les questions de pouvoir d’achat et le sentiment de reconnaissance ressortent le plus. Charges sociales trop élevées ou propos proches de l’extrême droite sont aussi lisibles. Et Toulon, gérée par Hubert Falco (LR) ? « Nous avons offert une salle municipale mais les gilets jaunes ne veulent pas faire de politique », juge le maire. Si le débat national ne fonctionne pas, si le gouvernement reste sourd aux manifestations, comment se faire entendre ? « En bloquant le CAC 40. Si Macron ne nous entend pas, il devra bien changer de ligne quand l’économie sera bloquée. C’est l’argent qui l’a élu, c’est l’argent qui le fera plier », avance Michèle, retraitée et gilet jaune de la première heure. M.Ri. et G.ST.V.