Le partage et l'externalisation du réseau se généralisent

26 févr. 2013 - Dans des contextes de marché difficiles, le partage d'infrastructures réseaux s'impose aux opérateurs comme une solution efficace pour ...
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Marchés mobiles 2012 > 2013 / Bilan et perspectives

Le partage et l’externalisation du réseau se généralisent

Dans des contextes de marché difficiles, le partage d’infrastructures réseaux s’impose aux opérateurs comme une solution efficace pour réduire leurs coûts réseaux et ainsi améliorer leurs marges. Sous des formes différentes, il a fait ses preuves et se généralise à la fois dans les pays développés et émergents.

Des économies nécessaires sur le déploiement et la gestion du réseau Le réseau d’accès représente une charge importante de dépenses : de 1/6 à 1/3 des coûts totaux des opérateurs européens1. Dans le contexte financier actuel, les opérateurs cherchent donc des leviers d’économies et réduisent les budgets réseaux, notamment via des opérations de partage ou d’externalisation.

Pertinence de la stratégie Dans les pays développés, la couverture mobile apporte moins de différenciation (hors 4G). Les opérateurs se focalisent plus sur l’amélioration de la qualité du réseau (débits 3G/3G+) que sur le déploiement de nouveaux sites. Ainsi, mettre en commun les éléments passifs (sites, alimentation, entretien, etc.) fait sens puisque cela n’influe pas sur les éléments différenciants des opérateurs : QoS, CRM, etc. De plus, les zones à faible trafic ne justifient pas la présence de plusieurs opérateurs. Soumis par les régulateurs à des obligations de couverture, ils ont intérêt à mutualiser les coûts de déploiement et optimiser la rentabilité de ces zones. Les pays émergents sont particulièrement concernés par cette problématique.

Des modèles de partage différents La mise en place d’un partage de réseau ou d’une externalisation peut se faire au travers d’accords entre opérateurs – le plus souvent sous forme de joint venture – ou bien en

sous-traitant à une Tower Co (voir interview ci-contre). L’accord portera ensuite sur différents éléments du réseau : éléments passifs, actifs ou radio (spectre). Plus la forme de partage est avancée et plus les économies sont importantes. Il en va également des risques associés : perte de contrôle du déploiement, de l’exploitation et de la qualité du réseau. Le modèle et la portée du partage de réseau vont donc varier selon les contextes de marché et les objectifs des opérateurs. Par ailleurs, ces initiatives sont parfois encouragées voire imposées par les autorités locales pour améliorer le secteur des TIC (développement, performance) et réduire les coûts globaux associés. Au Kenya par exemple, le réseau 4G sera déployé et géré par un partenariat publicprivé incluant opérateurs mobiles et équipementiers. Il sera ensuite exploité en mode « open access ». N’importe quel opérateur pourra alors avoir accès au réseau, ce qui permettra à des petits acteurs d’offrir du LTE.

Une tendance qui devrait se poursuivre en 2013 Le mouvement de partage et d’externalisation du réseau s’est accéléré en 2011 avec près d’une cinquantaine d’accords, et s’est poursuivi en 2012, majoritairement en Europe de l’Ouest et en Asie. L’Afrique, qui était la zone la plus active en 2011, a en revanche connu un fort ralentissement. Les opérateurs devraient accentuer cette stratégie en 2013 avec le déploiement du LTE dans les pays développés et les zones rurales à très

faibles ARPU dans les pays émergents.

Europe : multiplication des mises en place de joint venture dans le cadre des déploiements LTE La prochaine génération de réseau est très coûteuse et représentera la première dépense mobile des opérateurs2. À ces coûts, vient également s’ajouter une incertitude liée au modèle économique. Les opérateurs sont donc plus que jamais incités à faire appel au partage de réseau pour optimiser la rentabilité financière du LTE. Dès 2009, Tele2 et Telenor en Suède ont créé une coentreprise, avec un lancement effectif mi-novembre 2010. Plus récemment, Vodafone et Telefónica ont intensifié leur partenariat et créé une joint venture au Royaume-Uni (juin 2012) pour le déploiement des réseaux 4G. Les deux opérateurs devraient réduire d’au moins 25 % leurs dépenses réseaux pour une économie totale d’environ 1,23 Md€3. Au-delà des économies, ils cherchent à accélérer le déploiement pour rattraper le retard pris sur EE. Ce dernier a été autorisé à utiliser son spectre 2G (fréquence 1800 MHz) pour offrir du LTE alors que les enchères de licences 4G n’ont pas été lancées4.

Après le réseau, les achats Par ailleurs, ce genre d’initiative est également utilisé pour la fibre et on voit aujourd’hui apparaître des collaborations plus poussées entre opérateurs comme BuyIn, joint venture entre Orange et Deutsche Telekom sur la mutualisation des achats.

Sofrecom, The Know-How Network

14 > 15

Olivier Mugnier et Pascal Poireault Directeur des Réseaux haut-débits et Infrastructures réseaux

Directeur des Réseaux mobiles

Interview

 ouvez-vous nous expliquer les P spécificités des marchés européens et africains au regard des nombreuses opérations de partage et d’outsourcing ? O. M. : En Afrique, les conditions sont assez particulières. Par exemple, les opérateurs sont à la recherche de solutions permettant de réduire leurs OPEX très élevés à cause des carences en infrastructures énergétiques. Les sites sont alimentés en fuel, ce qui implique des contraintes importantes : coût d’acheminement, approvisionnement régulier mais aussi problèmes de surconsommation inexpliquée. L’énergie peut représenter à elle seule plus d’un tiers des coûts OPEX des infrastructures passives ! P. P. : En Europe, les problématiques sont bien différentes. Outre les considérations budgétaires, les opérateurs rencontrent d’autres types d’obstacles lorsqu’il s’agit de déployer de nouveaux équipements. Par exemple, ils vont être bloqués pour des raisons sanitaires ou de génie civil – obtention de permis de construire – : il est de plus en plus difficile et coûteux d’implanter de nouveaux sites. La mise en commun de certains éléments du réseau est une réponse à cette problématique. Ce partage passif n’est certes pas récent mais l’arrivée du LTE et les pressions financières très fortes poussent les opérateurs à poursuivre dans cette voie et mettre en place des collaborations plus poussées.

« En Europe […] il est de plus en plus difficile et coûteux d’implanter de nouveaux sites. La mise en commun de certains éléments du réseau est une réponse à cette problématique. »

 ue font les opérateurs africains Q pour réduire ces OPEX ? O. M. : Dans une majorité des cas, la démarche est la suivante : un opérateur vend son infrastructure passive (tours, générateurs, etc.) à une « Tower Co ». Dans un premier temps, cela lui permet de dégager du cash pour investir dans ses réseaux 3G ou 4G (infrastructures actives (antennes, BSS, etc.)). Ensuite il va louer un emplacement sur les tours à cette Tower Co qui se chargera de toute la gestion du site (énergie, sécurité, entretien). Avec les économies d’échelle et une meilleure efficacité opérationnelle, elle pratiquera des prix qui permettront à l’opérateur de réduire ses OPEX. Elle peut notamment espérer réduire de 30 % les dépenses liées à l’énergie. De plus, l’opérateur pourra étendre sa couverture à moindre coût puisque les Tower Co rachètent généralement les infrastructures de plusieurs opérateurs sur un même marché et proposent un réseau plus dense et plus étendu.

différents types de partage Génie civil, alimentation, sécurité

Antennes, BTS, BSC, etc.

Partage passif Partage actif Partage de ressources radio

Sofrecom, The Know-How Network

Degré de partage Spectre radio Économies réalisées