Le devoir d’impertinence des médiateurs …
Morceaux choisis, par Gabrielle Planès, de l’intervention de Monsieur Jean-‐Paul DELEVOYE, Président du CESE, jeudi 17 janvier 2013 lors du colloque organisé par le Club des médiateurs de services au public.
Métamorphose… « Notre société n’est pas en crise mais plutôt en métamorphose. Nous assistons non pas à un choc de compétitivité mais bien à un choc culturel. Or, la destruction – douloureuse -‐ précède toujours la construction. » Nous, médiateurs, nous avons la capacité de dépasser, en toute indépendance, les torpeurs administratives et donc d’apporter des réponses nécessaires à la société. Devoir d’impertinence… La médiation a une responsabilité particulière : celle d’aider le politique à ouvrir le débat dont la finalité est la remise en cause de son pouvoir. « La douleur du changement est sans doute supérieure à celle de l’immobilisme mais il est indispensable d’interpeller le système sinon rien ne se fera. C’est un véritable devoir d’impertinence. » Génie de la créativité En période difficile, bien se loger, bien se nourrir et bien se soigner deviennent les fondamentaux de la vie. En même temps, en se métamorphosant, le monde se transforme en un formidable booster libérant la créativité. « Or, cette créativité est le génie de la France. C’est elle qui permettra, en prenant des chemins de traverse, de fertiliser et donc de lutter contre la stérilité collective. » Le médiateur par son regard et son écoute, redonne du sens, « ré-‐enchante la vie » des personnes qui jusqu’alors n’existaient plus aux yeux des autres. « Le changement de système permettra le passage de la performance à l’épanouissement de l’Homme, et celui de ‘ l’avoir plus ‘ à ‘l’être plus’ » Vision du futur/dictature du court terme… Prendre le cap du changement est un sujet lourd en soi. Il nécessite de définir des méthodes et d’anticiper et/ou circonvenir les conflits. En fait, tout changement se construit dans et par le dialogue. Il est donc utile de construire la confiance dans le système « La génération actuelle vit une crise d’identité et d’estime de soi. Pour retrouver le chemin de la confiance et faciliter le passage du ressentiment au sentiment, il importe d’avoir une vision du futur. » Ce changement du rapport au temps, cette lecture du futur devrait engendrer des réponses politiques durables en contrepoint à « la dictature du court terme. » Société du futur… De cette nécessaire vision à moyen terme jaillit un rêve, construire « la maison du futur » dans laquelle la parole citoyenne fait renaître « le champ des espérances disparues ». Les médiateurs sont les acteurs qui régulent cette force d’expression citoyenne. Ils font passerelle vers le siècle de l’altérité.
Les sociétés vivent parfois des évènements dramatiques (Exemple : Fukushima, massacre en Norvège). « La vitalité sociale et la résilience sont nécessaires pour qu’elles se reconstruisent. » Nos sociétés ont besoin de morale, d’équité, de crédit (il se construit comme la confiance). Par son indépendance, son exemplarité et son impertinence, le médiateur, acteur responsable, participe à la réalisation de ce choc culturel nouveau permettant la mise à égalité des personnes. « La médiation est un correcteur d’inéquité, bouleversant le rapport entre faible et fort. »² Chaque citoyen devient acteur et non consommateur de la République.