Le Cinéma allemand

docteur Hans Mertens, qui essaye d'oublier les atrocités de la guerre avec .... chute du mur. Quelques-uns de ces films sont : Spur der Steine (Trace des Pierres).
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Le Cinéma allemand Publié : 9.02.2012 A l’occasion de la 62e Berlinale et du projet « Dialogue en perspective », l’OFAJ publie un dossier en français sur le cinéma allemand. Nous vous présentons un dossier sur le cinéma allemand qui n'a pas l'ambition de dresser un portrait détaillé du septième art en Allemagne, mais entend simplement en évoquer les périodes phare. Le choix des films n'a rien d'exhaustif et reste purement subjectif. LES TOUS DÉBUTS (1895-1912) Les frères Skladanowsky L’invention d’appareils permettant de projeter des « photographies animées » se produit presque parallèlement en France avec les frères Lumière et en Allemagne avec Ottomar Anschütz et Max Skladanowsky. La première projection publique du « Bioskop »,inventé par Skladanowsky, a lieu le 1 er novembre 1895 au « Wintergarten » de Berlin où il filme une danse paysanne italienne. Outre les effets de spectacle de foire et de variétés marquant ces débuts du cinéma, d’autres formes narratives apparaissent vite, comme par exemple le récit documentaire. Skladanowsky filme l’Alexanderplatz à Berlin, une alerte chez les pompiers et, comme les frères Lumière, l’entrée en gare d’un train. Dans les années 1911 à 1914 les films, souvent des séries de sketches avec de véritables mises en scène, durent une heure et emploient un langage cinématographique très varié. À ses débuts, le cinéma allemand se trouve pris entre l’obéissance à la hiérarchie et un esprit subversif utilisant les images pour une contre-culture publique. Ainsi, à cette époque on trouve ce qu’on appelle les « Preußenfilme » (comme par exemple en 1897 le documentaire sur le 100e anniversaire de l’Empereur Guillaume I). En même temps, certains intellectuels et enseignants ne reconnaissent au cinéma qu’une fonction éducative. L’ÂGE D’OR DU CINÉMA ALLEMAND (1920-1933) La première république allemande, la République de Weimar, débute en novembre 1918 et prend fin en 1933, l’année où Hitler accède au pouvoir. Pendant cette courte période, le cinéma allemand compte parmi les plus grands cinémas du monde et produit de très grandes œuvres. C’est, on peut le dire, par l’entremise de son cinéma que l’Allemagne, exclue après la guerre, va être redécouverte par le reste du monde. Le cinéma allemand des années vingt est un cinéma d’avant-garde d’une richesse extraordinaire, qui ouvre des voies, métamorphose de vieilles thématiques et rejoint entre autres le courant esthétique expressionniste.

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L’écran démoniaque C’est à cette époque que des réalisateurs comme Robert Wiene, Ernst Lubitsch, Fritz Lang, Friedrich-Wilhelm Murnau, Carl Mayer et G. W. Pabst inventent l'âge d'or du cinéma allemand. C’est selon Lotte Eisner, célèbre historienne du cinéma, la période de « l'écran démoniaque ». Les cinéastes allemands découvrent le pouvoir de la fascination et de l’hypnose et exploitent le filon des monstres de cauchemar et des héros de légende (Le Golem, Nosferatu, Caligari, le cycle des Nibelungen, etc.). L’esthétique expressionniste, violente et tourmentée, trouve alors son manifeste avec Das Kabinett des Dr Caligari (Le Cabinet du Dr. Caligari, Robert Wiene, 1920). Les films sont alors conçus comme à l'abri du monde, à la lumière exclusive du studio. Ils évoquent souvent des sujets lugubres et utilisent des contrastes saisissants d'ombres et de lumières pour bâtir un monde d'artifices, souvent à la limite de l'abstraction. La structure géométrique du décor, la pantomime crispée des comédiens sont autant d’éléments qui évoquent une menace latente. Fritz Lang et Friedrich Murnau dominent de très haut cette période. Les grands films de F. W. Murnau, Nosferatu (1922), Der letzte Mann(Le dernier des Hommes, 1924), Tartüff (1925) et enfin Faust (1926) sont aussi largement marqués par l’esthétique expressionniste, même s’ils ne sauraient s’y cantonner. Ils ont en commun de privilégier l’unité du plan à la narration, la composition au récit et de faire appel à une multitude de références picturales, littéraires, philosophiques. Le célèbre Nosferatu, réalisé en 1922, première adaptation à l'écran du roman d’épouvante Dracula de Bram Stoker, en est un bon exemple. Il devient entre les mains du réalisateur un chef-d’œuvre du cinéma, qui dépasse de loin les classiques de sa catégorie. Avec Fritz Lang, le cinéma allemand connaît certainement son apogée. Dans Metropolis, le réalisateur visionnaire dépeint dans un travail de composition d’une précision extrême une immense cité verticale, véritable mégalopole futuriste, séparée en deux parties. Dans la ville haute, les riches tiennent les commandes et mènent une vie paradisiaque. Dans les souterrains, un peuple misérable, en passe d’être remplacé par les machines, est réduit en esclavage. Le passage au sonore et la mise en parenthèse du cinéma allemand Les années trente sont aussi marquées par les débuts du cinéma parlant. Le film le plus connu de cette époque est sans nul doute Der blaue Engel (L’Ange bleu, Joseph Sternberg, 1930), dans lequel la star Emil Jannings se voit voler la vedette par la séduisante Marlene Dietrich qui ne séduit pas seulement le malheureux Professeur Unrat, mais aussi tout le public de l’époque. Hélas, quelques années plus tard, en janvier 1933, la prise du pouvoir par les nazis sonne le glas de la liberté artistique du cinéma allemand. De très nombreux techniciens, acteurs, réalisateurs fuient les persécutions raciales et politiques et vont enrichir les cinémas européen et américain. Le cinéma allemand 2

mettra des décennies à renaître : c’est seulement en 1962 que le manifeste Oberhausen lui donnera un nouveau souffle. Coups de projecteurs Das Kabinett des Doktor Caligari, 1920 (Le Cabinet du Dr. Caligari) Réalisateur : Robert Wiene Acteurs : Werner Krauss, Conrad Veidt, Lil Dagover, Friedrich Feher, etc. Synopsis : Deux hommes sont assis sur le banc d'un parc, à la tombée du jour. Le plus jeune, Franz, raconte à un vieil homme une terrible histoire. Celle-ci commence dans l'ambiance bigarrée de la foire d'Holstenwall. Parmi les attractions, un docteur aux allures inquiétantes, Caligari, exhibe dans sa roulotte un jeune somnambule qui dort dans un cercueil. Celui-ci prédit à l’ami de Franz la mort avant l’aube. La prédiction ne va pas tarder à se réaliser... 

En savoir plus : http://www.plume-noire.com/cinema/culte/caligari.html Nosferatu. Eine Symphonie des Grauens, 1922 (Nosferatu. Une Symphonie de l’Horreur) Réalisateur : Friedrich Wilhelm Murnau Acteurs : Max Schreck, Gustav Von Wangenheim, Greta Schroeder, Alexander Granach, etc. Synopsis :

Vers 1830, Jonathan Hutter, commis d'un agent immobilier, habite Brême avec sa jeune femme. Il est envoyé en Transylvanie chez un étrange châtelain des Carpates, le comte Orlock, afin de finaliser l'achat d'une propriété dans la ville. Son hôte se montre vite sous son vrai visage : il est la réincarnation du vampire Nosferatu, créature démoniaque qui ne peut vivre qu'en suçant le sang des humains. Dès lors, la terreur et la peste se répandent aux alentours… 

En savoir plus : http://www.plumenoire.com/cinema/culte/nosferatu.html Das Testament des Doktor Mabuse, 1932 (Le Testament du Docteur Mabuse) Réalisateur : Fritz Lang Acteurs : Rudolf Klein-Rogge, Oskar Beregi, etc. Synopsis :

Mabuse, savant illuminé, est interné dans un asile. Ses pouvoirs hypnotiques lui permettent de faire contrôler par le directeur, le professeur Baum, un gang de malfaiteurs qui sème la terreur. Aux deux hommes s'opposent un policier et un criminel repenti... 

En savoir plus : http://www.devildead.com/critique.php3?FilmID=769

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Zoom sur Fritz Lang (1890-1976) En 1924, Lang voit pour la première fois la ville de New York. La vue de cette ville de 8 millions d’habitants l’impressionne au point qu’il crée avec sa femme et scénariste, Thea von Harbou, Metropolis, la quintessence de la modernité mise en images, un univers de ville futuriste, unique dans son genre. Son œuvre est traversée par de nombreux thèmes comme la mort, la vengeance, le pouvoir, le surhomme, le double. 

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http://www.cineclubdecaen.com/realisat/lang/lang.htm Ernst Lubitsch (1892-1947) Dans un premier temps, Lubitsch est acteur et metteur en scène (courtes grotesques) de la vie quotidienne de Berlin, s’inspirant du slapstick. En 1922, il part aux Etats-Unis. En trente ans, Lubitsch tourne plus d’une cinquantaine de films qui témoignent d’un style très particulier, fait d’élégance et de légèreté, que l’on a qualifié de « Lubitsch-touch ». 

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http://archives.arte.tv/cinema/lubitsch/00.htm Friedrich Wilhelm Murnau (1888-1931) Docteur en philosophie, Murnau entre comme acteur dans la troupe de théâtre de Max Reinhardt qui, avec son travail sur le clair-obscur, pendant l’ère expressionniste, influença beaucoup de metteurs en scène de cinéma. De comédien, Murnau devient un metteur en scène et devient très demandé. Son film fantastique Nosferatu s’impose comme un classique du cinéma muet allemand. Son talent est remarqué aux Etats-Unis, où il se rend en 1926 pour réaliser L’Aurore (Sunrise), considéré comme son chef-d’œuvre. 

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http://www.arte.tv/fr/mouvement-de-cinema/cinemamuet/Tartueff/1125576,CmC=1128516.html http://cinema.murnau.bifi.fr/ http://www.murnau-stiftung.de/fr/01-05-00-murnau.html LE CINÉMA ENTRE PARENTHÈSES (1933-1945) A partir de 1933, les Nazis au pouvoir contrôlent de près la production cinématographique.« La loi sur le cinéma » du 16 février 1934, créée par la Chambre du cinéma du Reich (die Reichstagsfilmkammer), met en place la censure et l’étatisation de l’ensemble de l’industrie cinématographique. Les médias sont donc 4

entièrement placés sous le joug de l'Etat et toute forme de création privée disparaît. Plus de 2.000 techniciens, acteurs, réalisateurs fuient les persécutions raciales et politiques et vont enrichir les cinémas européen et américain. Le cinéma du IIIe Reich cultive d’abord les films de divertissement, les films documentaires au service de la propagande, mais de rares cinéastes réussissent à réaliser des films qui interrogent subtilement l’histoire allemande récente. Faire marcher les usines à rêves En 1933, le peuple allemand avait l’habitude d’un cinéma de qualité. L’industrie cinématographique nationale-socialiste disposait des budgets importants. Parmi les 1094 longs métrages produits sous le régime national-socialiste, on trouve d’abord des comédies (48%), des mélodrames (27%), des films de propagande (14%) puis des films d’action (11%). Des mélodrames féminins (Wunschkonzert, Eduard von Borsody, 1940; Die grosse Liebe, Rolf Hansen, 1942; Ich klage an, Wolfgang Liebeiner, 1941) évoquent des mères et des épouses vertueuses attendant patiemment le retour des hommes au front. Image qui contraste avec quelques stars féminines de l’époque, comme Zarah Leander, chanteuse de revue et actrice, représentant la femme indépendante, libre et même opposée à l’Allemande idéale. Le film documentaire et la propagande Peu à peu, à la demande d'Hitler qui se plaignait d'avoir « beaucoup de films patriotiques en général, mais pas de national-socialistes », les films deviennent ouvertement antisémites :Jud Süss (Le Juif Süss, Veit Harlan, 1940) et Der ewige Jude (Le Juif éternel, Fritz Hippler, 1940) en sont les plus célèbres exemples. La propagande s'exerce aussi dans le film historique à la gloire des héros de la germanité; la cinéaste la plus remarquée du régime est Leni Riefenstahl, qui magnifie les cérémonies nazies dans Triumpf des Willens (Le Triomphe de la Volonté, 1935) et Fest der Völker und Fest der Schönheit (Les Dieux du Stade, 1938). Les cinéastes et l’exil La prise de pouvoir par les nazis en 1933 oblige une grande partie des gens du cinéma à quitter le pays. La France accueille de nombreux réalisateurs, comme Max Ophüls, Robert Wiene, Georg Wilhelm Pabst, Fritz Lang, Billy Wilder en 1933. Le film noir, avec son éclairage contrasté, laissant de larges pans de l’écran dans l’obscurité, va être inventé par ces hommes qui vivaient l’isolement, le chaos de l’Europe et le pessimisme des exilés. À Hollywood sont produits les films antifascistes les plus connus par des Allemands exilés : To be or not to be (Jeux dangereux, 1942) de Ernst Lubitsch, et Hangmen (Les bourreaux meurent aussi, 1943) de Fritz Lang.

Coups de projecteurs 5

Filmprogramm "Illustrierter Film-Kurier" zum antisemitischen Propagandafilm der Nationalsozialisten, Herausgeber: Vereinigte Verlagsgesellschaft Franke und Co. KG, 29,8 x 22,8 cm, Berlin, 1940, DHM, Berlin, 1990/248 Jud Süß, 1940 (Le Juif Süss) Réalisateur : Veit Harlan Acteurs : Ferdinand Marian, Werner Krauß, Heinrich George, Kristina Söderbaum, etc. Synopsis : Un juif ambitieux, Süß Oppenheimer, devient le ministre des Finances du faible duc de Wurttemberg. Il convainc ce dernier de négliger son peuple afin d’établir une cour luxurieuse. Pour rembourser les dettes, on confie à Süß l’administration des routes du duché et des péages, ce qui provoque le mécontentement des habitants. Pour faire face à l’opposition grandissante, Süß suggère la répression violente de la menace d’une révolution. Finalement, Süß est condamné pour avoir abusé d’une jeune chrétienne, il est pendu en place publique. 

En savoir plus :

http://www.monde-diplomatique.fr/2001/09/RICHARD/15600 http://www.lepost.fr/article/2010/02/17/1946683_le-juif-suss-a-nouveaudans-les-salles-obscures.html Die große Liebe, 1942 (Le grand Amour) Réalisateur : Rolf Hansen Acteurs : Zarah Leander, Viktor Staal, Grethe Weiser, Paul Höbiger, Wolfgang Preiss, etc. Synopsis : Sur une scène de variétés berlinoise, le lieutenant en chef, Paul Wendlandt, voit pour la première fois la chanteuse danoise Hanna Holberg. C’est le coup de foudre. Mais le lendemain, Paul doit rentrer au front. Même si tous deux essayent à plusieurs reprises de se revoir au cours du film, le destin se montre cruel et les empêche de se retrouver. Ils se retrouvent finalement et Paul, blessé, demande à Hanna de l’épouser. Comme elle l’aime toujours, elle accepte. 

En savoir plus : http://www.cineartistes.com/ficheZarah+Leander.html?PHPSESSID=d272abaa830c1c5880d8d3323ea53 576

Zoom sur 6

Leni Riefenstahl (1902-2003) Aussi connue comme danseuse, actrice et photographe, Leni Riefenstahl s’associe au nazisme à partir de 1933. Ses films de montagne (Die weisse Hölle des Piz Palü, L’Enfer blanc du Piz Palü, 1929 ; Das blaue Licht, La Lumière bleue, 1932) avaient beaucoup impressionné Hitler et Goebbels qui commandent un film sur le congrès de 1934 du NSDAP à Nuremberg : Triumpf des Willens. Pour la réalisation, Riefenstahl obtient des moyens exceptionnels. Illustrées par la musique de Richard Wagner, les prises de vues jouent sur les émotions, la réalisatrice développe ce que Susan Sontag a décrit comme « une esthétique filmique fasciste ». 

En savoir plus : http://www.monde-diplomatique.fr/2002/10/RICHARD/16955

Helmut Käutner (1908-1980) Avec Wolfgang Staudte, Käutner est l’un des rares cinéastes de son époque à interroger l’histoire allemande récente. Loin du sentimentalisme des mélodrames grand public, il réalise des films subtilement critiques : Romanze in Moll (Romance en mineur, 1943),Unter den Brücken (Sous les ponts, 1944). Après la guerre, Käutner a travaillé pour la radio et a eu beaucoup de succès avec ses pièces radiophoniques. Il est aussi le réalisateur de deux films allemands très connus : Der Hauptmann von Köpenick, 1956, et Die Feuerzangenbowle, 1970. 

En savoir plus : http://www.premiere.fr/Star/Helmut-KAUTNER

LES ANNÉES D’APRÈS-GUERRE (1945-1949) Après la guerre, à partir de 1945, la production cinématographique se développe indépendamment en RDA et en RFA. À l’Ouest, ce seront essentiellement les Américains qui définiront la politique à mener. À l’Est, par contre, ce seront les Soviétiques. Les anciens studios de la UFA font partie du secteur soviétique, ils se trouvent à Berlin-Est. À L’EST Avant la fondation de la RDA, la zone d’administration soviétique ainsi que sa production cinématographique est réorganisée par la SMAD (Sowjetische Militäradministration Deutschland, Administration militaire soviétique en Allemagne). En 1945, de nombreux exilés communistes et des intellectuels se retrouvent à BerlinEst pour discuter de la reconstruction d’une nouvelle production cinématographique, animés par le profond désir de critique du national-socialisme et par la volonté de créer une société socialiste meilleure. Le 10 mai 1946, la compagnie DEFA (Deutsche Film Aktien AG, Société cinématographique allemande par actions) obtient une licence exclusive des Soviétiques. Ce sera le futur studio d’État de la RDA qui veillera sur la production de chaque œuvre cinématographique. Durant les premières années règne à la DEFA une ambiance stimulante, caractérisée par l’enthousiasme et l’engagement de ses fondateurs ainsi que par l’élan des émigrants de retour, même si la DEFA est soumise à la double influence de la SMAD et du nouveau parti socialiste unifié (SED, Sozialistische Einheitspartei Deutschlands). Très tôt, un sérieux travail d’analyse de 7

l’histoire allemande est entrepris à la DEFA. En effet, Die Mörder sind unter uns (Les Assassins sont parmi nous) de Wolfgang Staudte est le premier film allemand de l’après-guerre qui, déjà en 1946, pose la question de la culpabilité individuelle. Coups de projecteurs Die Mörder sind unter uns DEFA-Stiftung/Eberhard Klagemann Die Mörder sind unter uns, 1946 (Les Assassins sont parmi nous) Réalisateur : Wolfgang Staudte Acteurs : Hildegard Knef, Ernst Wilhelm Borchert, Arnold Paulsen Synopsis : 1945. Susanne Wallner, une jeune photographe, après avoir été internée dans un camp de concentration, rentre dans son appartement berlinois. Elle y trouve l’ancien soldat docteur Hans Mertens, qui essaye d’oublier les atrocités de la guerre avec l’aide de l’alcool. Tous deux s’accordent à partager l’appartement de Susanne et tombent amoureux. C’est le hasard qui mène Mertens à retrouver son ancien capitaine Ferdinand Brückner qui entre temps est devenu un homme d’affaires prospère. Mertens veut se venger au nom de toutes les victimes qui ont été tuées sous l’ordre de Brückner. Susanne comprend ses intentions et intervient : « Nous n’avons pas le droit de juger ». Mertens a compris : « Mais nous avons le devoir d’accuser, d’exiger réparation pour les millions d’innocents assassinés. »  

En savoir plus : http://www.cineclubdecaen.com/realisat/staudte/assassinssontparminou s.htm

Zoom sur Wolfgang Staudte DEFA-Stiftung Wolfgang Staudte (1906-1984) Venant d’une famille de comédiens, Wolfgang Staudte devient lui-même acteur spécialisé dans le doublage à partir de 1926, d’abord à la Volksbühne, puis dans la troupe de Max Reinhardt. A partir de 1933, il commence à réaliser ses premiers courts métrages et tient également des rôles secondaires dans divers films durant l’époque nazie. Avec le film Die Mörder sind unter uns (1946), il se penche sur son passé controversée – en 1940, il avait joué dans le film de propagande Jud Süß –, tout en créant le premier long-métrage de l’après-guerre qui pose la question de la culpabilité allemande et individuelle. De 1946 à 1953, il tourne cinq films au sein de la DEFA, tous caractérisés par un fort antifascisme et une critique radicale de la haute bourgeoisie. Der Untertan (Pour le Roi de la Prusse, 1951) d’après le roman de Heinrich Mann, en est un exemple très connu. Cette satire féroce du militarisme prussien et de l’esprit de soumission est interdite en RFA jusqu’en 1958. Après son film pour enfants Die Geschichte vom

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Kleinen Muck (Le petit Muck) en 1953, Staudte quitte la RDA pour s’installer définitivement en RFA où il travaille essentiellement pour la télévision.  

En savoir plus : http://www.cineclubdecaen.com/realisat/staudte/staudte.htm

À L’OUEST Tandis que le centre de production de films se trouve dans la zone orientale, l’infrastructure d’une production doit d’abord être créée à l’Ouest. Les Américains définissent les grandes lignes et exigent la création de plusieurs petits centres de production à Munich, Hambourg et Berlin-Tempelhof. Après la guerre, le paysage politique y est beaucoup plus complexe qu’à l’Est, et on est loin d’un consensus ou d’une réflexion commune à mener au sujet du passé chez les cinéastes. Certains réalisateurs ayant tourné pour les nationaux socialistes (Veit Harlan, Josef von Baky, Carl Boese) continuent après 1945 à tourner des films de distraction pour l’Allemagne de l’Ouest. En même temps, des réalisateurs qui avaient émigré, comme Fritz Lang ou Georg Wilhelm Pabst, reviennent et essayent de renouer avec le cinéma des années 20. Certains d’entre eux abandonnent pour rentrer aux EtatsUnis. La plupart des films d’après-guerre sont des films de distraction destinés à faire oublier le passé. À l’ouest, la majorité des réalisateurs de cette époque sont encore incapables d’aborder le passé récent et se réfugient dans des sujets sentimentaux et rassurants. Ainsi commence la période des Heimatfilme, des films de famille ou des films nostalgiques.

LE CINÉMA EN RDA (1949-1990) Les années 50 Après le départ euphorique que laissaient présager les années 40, le parti montre clairement sa puissance en définissant le film comme « outil » pour éduquer le peuple au niveau idéologique et impose des valeurs propres au réalisme socialiste soviétique. Certains réalisateurs, comme Wolfgang Staudte, fuient le régime et laissent en crise la DEFA. Les réalisateurs restants se plaignent d’un trop grand nombre de règles et d’obligations. En 1951 se produit le premier cas de censure : Das Beil von Wandsbek de Peter Harnack est interdit par la commission de la DEFA. La mort de Staline en 1953 introduit une courte période de décontraction qu’on appelle aussi« Tauwetter » (le dégel). La réalisation du film Berlin – Ecke Schönhauser (Berlin – Carrefour Schönhauser, 1957) de Gerhard Klein, qui met l’accent sur l’individu en représentant des jeunes inadaptés contredisant les autorités et dansant sur de la musique américaine, n’est possible que dans cette période où la réglementation idéologique est relâchée dans le sens où plus de responsabilité est donnée à l’artiste et où le dogmatisme et la bureaucratie sont diminués. En 1959, Konrad Wolf réalise Sterne (Etoiles), l’un des films les plus remarquables sur le génocide juif. La coproduction est-allemande-bulgare a reçu de nombreuses distinctions internationales, dont le Prix spécial du Jury au Festival de Cannes en 1959.

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Zoom sur Konrad Wolf (1925-1982) Konrad Wolf est le fils du romancier Friedrich Wolf et le frère de l’espion Markus Wolf. En 1933, sa famille a émigré en France et ensuite à Moscou pour demander la nationalité russe. Déjà tout jeune, Wolf est en contact avec le film soviétique : à l’âge de 10 ans, il joue un petit rôle dans le film Borzy. A l’âge de 17 ans, Wolf fait son entrée à l’Armée rouge. Il fait partie des troupes, qui, en 1945, libéraient l’Allemagne. Il décrira ces expériences personnelles dans le film Ich war neunzehn (J’avais dixneuf ans, 1967). De 1949 à 1955, Wolf apprend le métier de cinéaste à Moscou. En 1965, il devient Président de l’Académie des Beaux Arts de RDA. Au sein de la DEFA, il réalise des films souvent très critiques, parmi les plus connus l’on peut citer : Der nackte Mann auf dem Sportplatz (L’Homme sur le Terrain de Sport, 1974), Mama, ich lebe (Maman, je vis, 1976), et Solo Sunny (1979). Ce dernier a été réalisé en collaboration avec le scénariste Wolfgang Kohlhaase et montre la vie marginale d’une jeune artiste berlinoise.  

En savoir plus : http://www.avoir-alire.com/mot-cine.php3?id_mot=110355

1965 « Kahlschlag » Les années 60 sont marquées par la construction du mur de Berlin (13 août 1961) ainsi que par les problèmes de stabilité économique grandissants. La DEFA souffre des restrictions imposées par le parti et demeure « paralysée » à partir de 1965, date à laquelle le comité central du SED se réunit. Lors du 11ème Congrès du SED, les professions artistiques et culturelles sont particulièrement attaquées et la moitié des œuvres cinématographiques produites cette année-là, plus tard dénommées Kaninchenfilme (« films de lapins ») est censurée. La plupart de ces films, qui critiquent ouvertement l’Etat, ne sont montrés qu’après la chute du mur. Quelques-uns de ces films sont : Spur der Steine (Trace des Pierres) de Frank Beyer avec Manfred Krug, acteur très populaire en RDA ; Berlin um die Ecke (Berlin au Coin de la Rue) deGerhard Klein, Wenn du groß bist, lieber Adam (Quand tu seras grand, cher Adam) de Egon Günther ; Karla de Herrmann Zschoche ; Jahrgang ’45 (Année 45) de Jürgen Böttcher ; Der verlorene Engel (L’Ange perdu) de Ralf Kirsten ;Ritter des Regens (Le Chevalier de la Pluie) de Egon Schlegel et Dieter Roth. Ces films sont aujourd’hui les plus connus de l’héritage cinématographique est-allemand, étant donné qu’ils reflètent une certaine révolte envers le régime et la vie en RDA. En revanche, ils ne sont pas représentatifs de la production cinématographique est-allemande. Coups de projecteurs

Das Kaninchen DEFA-Stiftung/Jörg Erkens

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Das Kaninchen bin ich, 1965 (Le Lapin, c’est moi) Réalisateur: Kurt Maetzig Acteurs: Angelika Waller, Alfred Müller, Ilse Voigt, etc. Synopsis: Maria Morzeck a 19 ans et travaille comme serveuse dans un restaurant. Elle ne peut pas faire ses études comme prévu parce que son frère Dieter a été arrêté et condamné à 3 ans de prison. Maria tombe amoureuse d’un homme plus âgé, Paul Deister. Elle apprend plus tard que c’est Paul, en tant que juge, qui a condamné Dieter. Maria, qui n’a jamais compris le jugement, veut alors connaître toute la vérité. Paul Deister se révèle être un carriériste ambitieux qui n’arrive pas à justifier son jugement. Maria le quitte. 

En savoir plus: http://www.evene.fr/cinema/films/le-lapin-c-est-moi23896.php

La vie quotidienne sur grand écran En 1971, Erich Honecker remplace Walter Ulbricht et devient secrétaire général du SED ainsi que président du Conseil d’État de la RDA. Ce moment de transition dans la direction politique est d’une grande importance pour la production cinématographique du pays : dans cette situation particulière où aucun dirigeant n’est clairement en place, le réalisateur Heiner Carow saisit sa chance pour réaliser le film culte de la RDA : Die Legende von Paul und Paula (La Légende de Paul et Paula) en 1973. Il s’agit d’une histoire d’amour pleine de charme, de fraîcheur et de fantaisie qui révèle les ambitions et les espoirs des réalisateurs de l’époque. Angelica Domröse devient l’icône de la jeunesse est-allemande qui s’identifie à Paula. Par son individualisme, sa liberté et la quête du bonheur qu’on y trouve, le film est emblématique de la période. Les films de l’époque se concentrent sur la vie quotidienne en RDA et commencent à mettre plus l’accent sur le destin individuel. Ainsi, le film Der Dritte (Le Troisième, 1972) de Egon Günther raconte l’histoire de la mathématicienne Margit Fließer (Jutta Hoffmann), qui casse toutes les conventions en se mettant à la recherche d’un homme, avec même une parenthèse homoérotique. Les années 70 sont aussi propices aux adaptations littéraires, un genre très réputé de la DEFA. En 1975, Frank Beyer reprend le roman de Jurek Becker Jakob der Lügner (Jacob le Menteur). Le film n’est pas seulement vivement accueilli en RDA, mais rencontre un succès international. Trois ans plus tard, Frank Beyer réalise l’ambitieux Geschlossene Gesellschaft (Huis clos), qui connaîtra un tout autre destin et marquera la rupture définitive du réalisateur avec la RDA. Comme il critique de manière trop ouverte les conditions de vie en RDA, Geschlossene Gesellschaft est interdit par le parti. Par conséquent, les acteurs principaux, Jutta Hoffmann et Armin Müller-Stahl expriment leur mécontentement en quittant le pays pour s’installer à l’Ouest. Ainsi, la RDA perd à nouveau deux de ses meilleurs acteurs. En 1976, suite à « l’Affaire Biermann » durant laquelle un grand nombre d’artistes estallemands avait signé une pétition pour manifester contre l’expatriation du chanteur contesté Wolf Biermann, Manfred Krug avait lui aussi quitté la RDA. Coups de projecteur Die Legende von DEFA-Stiftung/Herbert Kroiss

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Paula

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Die Legende von Paul und Paula, 1973 (La Légende de Paul et Paula) Réalisateur : Heiner Carow Acteurs : Angelica Domröse, Winfried Glatzeder, Eva-Maria Hagen, etc. Synopsis : Paul a fait carrière en tant que fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, sa vie privée est marquée par la routine et l’échec de son mariage. Paula, quant à elle, vit seule avec ses deux enfants. Lors de leur première rencontre, ils tombent amoureux l’un de l’autre. Pour Paula cet amour devient sa seule raison de vivre. Paul, par contre, est perturbé et angoissé et essaye à tout prix de garder le contrôle. L’accident mortel du fils de Paula est un moment décisif. Alors que Paula commence à le repousser, Paul comprend que son amour pour Paula est la chose la plus importante de sa vie. Paul commence à camper devant la porte de l’appartement de Paula et prend finalement les choses en mains. Sous les yeux des voisins, il casse la porte avec une hache et reconquiert ainsi Paula. Pourtant, cette histoire d’amour ne durera pas longtemps. Paula meurt suite à l’accouchement de l’enfant qu’elle attendait de Paul. 

En savoir plus: http://www.fragil.org/focus/1055

Crise économique, morale, politique « L’Affaire Biermann » a profondément changé la relation entre les artistes et le régime. Pour la première fois, des questions comme celle de la liberté d’opinion circulent ouvertement en RDA. La DEFA en souffre : la qualité des films pâtit du trouble semé chez les réalisateurs et par conséquent les films attirent de moins en moins de spectateurs. La RDA essaie de ralentir la chute de fréquentation des salles de cinéma en ouvrant le marché intérieur aux productions occidentales. Des superproductions hollywoodiennes (Kramer gegen Kramer, Kramer Vs. Kramer, Robert Benton, 1979), les films musicaux ouest-allemands avec Peter Alexander, la série danoise Die Olsenbande, ainsi que les films français avec Louis de Funès connaissent un grand succès en RDA dans les années 80. Au sein de la DEFA arrive toute une nouvelle génération de réalisateurs, dont des réalisatrices comme Evelyn Schmidt et Iris Gusner. Ils souffrent de la méfiance de la direction et sont sans cesse obligés de faire preuve de leur loyauté envers le système socialiste. Leur frustration fait écho au mécontentement grandissant de la population qui souffre de la grave récession et qui, grâce à la télévision, a l’impression qu’un autre monde est possible à l’ouest. En 1987, 110 000 hommes quittent la RDA. Dans les films des années 80, le « héros positif » disparaît au profit de l’individu en crise. Les cinéastes se concentrent sur des problématiques auparavant ignorées, comme la maladie, la vieillesse, le divorce. Dans Die Beunruhigung (L’Inquiétude, 1982) de Lothar Warneke, une femme apprend lors d’un examen de dépistage que les médecins soupçonnent chez elle un cancer du sein et qu’elle doit se faire opérer le lendemain. Dans les 24 heures qui suivent et sous une tension psychologique énorme, Inge réfléchit à sa vie et trouve un nouveau point de départ, malgré l’inquiétude permanente de la maladie. Avec les grands mouvements réformateurs de glasnost qui se déclenchent à partir de 1985 en U.R.S.S., la chute du régime est-allemand n’est plus qu’une question de temps. Fin 12

Même si le régime est-allemand tente d’abord de bloquer tout changement, les voix d’artistes s’élèvent de plus en plus fort pour réclamer plus de liberté, de confiance et la suppression de la censure, que l’écrivain Christoph Hein décrit en 1987 comme « inutile, paradoxale, inhumaine, illégale et délictuelle ». La fin de la DEFA s’annonce sur fond de crise économique, de renforcement des activités de la Stasi (ministère de la Sécurité d’Etat) et d’émergence de l’insatisfaction du peuple qui peu après n’hésite pas à descendre dans la rue pour l’exprimer. À Dresde comme à Leipzig se déroulent d’importantes manifestations pour la liberté, qui donnent lieu à des affrontements avec la police. Die Architekten (Les Architectes, 1989/90) de Peter Kahane a été tourné à cette époque précise et constitue une parabole politique où une équipe de jeunes architectes devient le symbole de tous ceux qui, au moment où rien ne semble plus possible, souhaitent changer les choses et s’exprimer librement. Trop tard. Par la touchante histoire de Daniel Brenner, le spectateur voit s’approcher la fin du système. En novembre 1989, le mur tombe, ouvrant la frontière entre Berlin-Est et BerlinOuest. Ce moment est pérennisé dans le film documentaire Die Mauer (Le Mur, 1990) de Jürgen Böttcher. Ce film tendant vers le cinéma expérimental, est consacré entièrement aux derniers jours du mur de Berlin. Il offre au spectateur par ses collages visuelles et sonores la possibilité de plonger pendant un moment dans l’atmosphère particulière qui régnait à Berlin après la chute du régime communiste. Quelques mois plus tard, la réunification de l’Allemagne a lieu (octobre 1990) et la même année, la DEFA devient une société privée. En 1992, elle est vendue à la Compagnie Générale des Eaux (aujourd’hui Vivendi-Universal) pour être de nouveau vendue en juillet 2004 aux FBB, les Filmbetriebe Berlin Brandenburg. Coups de projecteur

Die Architekten DEFA-Stiftung/Christa Köfe Die Architekten, 1989/90 (Les Architectes) Réalisateur : Peter Kahane Acteurs : Kurt Naumann, Rita Feldmeier, Uta Eisold, Jörg Schüttauf, etc. Synopsis : Daniel Brenner est un architecte plein d’idées qu’il n’arrive pas à mettre en œuvre. Vers la fin des années 80, il vit avec sa femme Wanda et leur fille à Berlin-Est, derrière le rideau de fer, en attendant ce qui va changer sa vie : la commande d’un gigantesque projet de construction dans la banlieue berlinoise. Rempli d’enthousiasme, il part alors à la recherche des meilleurs architectes qu’il compte parmi ses amis pour former une équipe capable de réaliser ce projet. Pourtant, les critères du parti socialiste brident rapidement leurs rêves d’innovation architecturale. Tandis qu’au début les architectes se disputent encore avec l’administration estallemande, ils finissent par échouer. Wanda et l’enfant quittent la RDA en laissant Daniel seul, amer et sans perspectives. 

En savoir plus : http://web.mac.com/...

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Zoom sur Jürgen Böttcher DEFA-Stiftung/Thomas Plenert Jürgen Böttcher (1931) Böttcher, alias Strawalde, est l’un des artistes les plus importants de la RDA. Pendant toute sa vie, le documentariste s’est trouvé entre l’expression libre de son art et la censure politique. Même si un certain nombre de ses films ont été interdits (Drei von vielen, 1961 ;Barfuß ohne Hut, 1964 ; son seul long métrage Jahrgang’45 de 1965, Der Sekretär, 1967), Jürgen Böttcher a été de loin le plus connu des metteurs en scène de films documentaires, genre prédominant en RDA. Après la douloureuse expérience de la Seconde guerre mondiale, Böttcher s’installe en 1949 à Dresde et y entame des études de peinture. Entre 1955 et 1960, il fait ses études à la Hochschule für Filmkunst à Potsdam-Babelsberg et travaille ensuite dans la section « Actualité et documentaire » de la DEFA. Parmi ses films les plus connus comptent Stars (1963), Im Lohmgrund, (1976), Martha (1978), Potters Stier, Venus nach Giorgione, Frau am Klavichord (1981), Rangierer (1984) et Die Mauer(1990).    

En savoir plus : http://www.goethe.de/kue/flm/prj/kub/flm/fr3947235.htm En savoir plus sur le cinéma de RDA : http://www.espacestemps.net/document372.html

LE CINÉMA EN RFA (1949-1990) À partir de 1949, le cinéma de la RFA, entièrement orienté vers les productions les plus commerciales, essentiellement préoccupé par la satisfaction d’un marché intérieur, est, jusque dans les années 1960, un cinéma voué aux genres les plus stéréotypés. C’est le triomphe de l’opérette filmée et du Heimatfilm (idylle campagnarde et patriotique véhiculant une idéologie conservatrice), du film de guerre tendant à dédouaner la Wehrmacht de son passé récent ou des bluettes sentimentales à la Sissi. À l'exception de quelques films de Helmut Käutner (Die letzte Brücke, Le dernier Pont, 1954 ; Des Teufels General, Le Général du Diable, 1954), il faut attendre le « manifeste d'Oberhausen » en 1962 pour que naisse un nouveau langage cinématographique. À partir de 1949, le cinéma de la RFA, entièrement orienté vers les productions les plus commerciales, essentiellement préoccupé par la satisfaction d’un marché intérieur, est, jusque dans les années 1960, un cinéma voué aux genres les plus stéréotypés. C’est le triomphe de l’opérette filmée et du Heimatfilm (idylle campagnarde et patriotique véhiculant une idéologie conservatrice), du film de guerre tendant à dédouaner la Wehrmacht de son passé récent ou des bluettes sentimentales à la Sissi.

1962-1980 : Le jeune cinéma allemand 14

L’héritage d’Oberhausen et l’affirmation d’un cinéma d’auteur Il est d’usage de considérer que les années soixante, suite à la signature du Manifeste d’Oberhausen par vingt-six jeunes cinéastes en 1962, marquent le début du « Nouveau Cinéma allemand ». Avec des préoccupations parfois plus idéologiques qu’esthétiques, les cinéastes s’inspirent de la Nouvelle Vague française. Leurs thèmes de prédilection sont la quête de la terre natale, la recherche d’identité, la marginalité et de nombreux sujets de société. Les œuvres réalisées par les nouveaux venus rencontreront immédiatement un grand succès critique, parfois même un relatif succès public, tels Der junge Törless (Les Désarrois de l’Elève Törless) de Volker Schlöndorff, primé au festival de Cannes, et Abschied von Gestern (Anita G.) d’Alexander Kluge, couronné à Venise. Ce film évoque, à travers le personnage de la juive de RDA Anita G. qui ne parvient pas à s’intégrer dans la société de l'Allemagne fédérale, le poids du passé sur la société contemporaine de la fin des années soixante. En 1979, Alexander Kluge réalisera aussi Die Patriotin (La Patriote), dont le sujet, ambitieux, est l’Histoire. Le cinéaste est aujourd’hui aussi écrivain (Chronique des sentiments - collection « L´Imaginaire » de Gallimard), homme de radio et de télévision. Si les pionniers d’Oberhausen ont permis l’émergence d’un cinéma d’auteur soutenu par les institutions et reconnu par l’opinion, l’apogée du jeune cinéma allemand se situe dans les années soixante-dix, avec des réalisateurs majeurs comme Wim Wenders, Werner Herzog, Volker Schlöndorff et bien sûr Rainer Werner Fassbinder. Coups de projecteur Im Lauf der Zeit, 1975 (Au Fil du Temps) Réalisateur : Wim Wenders Acteurs : Rüdiger Vogler, Hanns Zischler, Lisa Kreuzer, Rudolf Schündler, Marquard Bohm, etc. Synopsis : Bruno Winter, un itinérant solitaire allemand habitant dans un camion de déménagement, travaille comme réparateur de projecteurs de cinéma. En Allemagne de l’Est, il fait la connaissance de Robert Landner, un pédiatre qui, souffrant de la séparation d’avec sa femme, erre dans les rues avec une valise vide. Devenus amis, ils poursuivent ensemble un voyage qui bouleversera la vie de chacun d’entre eux…  

En savoir plus : www.arte.tv/fr/cinema-fiction/wim-wenders/906530.html www.cinemotions.com/modules/Films/fiche/15488/Au-fil-du-temps.html fr.wikipedia.org/wiki/Au_fil_du_temps_%28film%29 Berlin Alexanderplatz, 1979/1980 Réalisateur : Rainer Werner Fassbinder 15

Acteurs : Günter Lamprecht, Hanna Schygulla, Barbara Sukowa, Gottfried John, etc. Synopsis : Tourné pour la télévision, le film basé sur le célèbre roman d’Alfred Döblin, consiste en 14 épisodes, qui décrivent la vie des bas-fonds à Berlin pendant les jours les plus sombres de la République de Weimar. Franz Biberkopf, qui a tué son amie Ida, vient de sortir de la prison Berlin-Tegel. Désormais il prévoit de mener une nouvelle vie honnête, mais dans les années 1927-1928 à Berlin, il n’est pas aisé de mettre ce plan en pratique… 

En savoir plus : www.berlinalexanderplatz.carlottafilms.com/ www.zerodeconduite.net/berlinalexanderplatz/

Die Blechtrommel, 1978 (Le Tambour) Réalisateur : Volker Schlöndorff Acteurs : Mario Adorf, Angela Winkler, David Bennent, Daniel Olbrychski, Katharina Thalbach, Heinz Bennent, etc. Synopsis : Dantzig, 1924, le petit Oscar, enfant surdoué, voit le jour. À l'âge de 3 ans, ne voulant pas accéder au monde des adultes qui le répugne, il décide de mettre brutalement fin à sa croissance. De son tambour et de sa voix qui brise le verre, Oscar commente l'histoire de sa famille, de sa ville natale et de la Pologne menacée et envahie par Hitler... 

En savoir plus : http://archives.arte.tv/thema/19991205/ftext/programme1.htm Aguirre, der Zorn Gottes, 1972 (Aguirre, la Colère de Dieu) Réalisateur : Werner Herzog Acteurs : Klaus Kinski, Cecilia Rivera, Ruy Guerra, etc. Synopsis :

En 1560, un groupe d’Espagnols s’engage dans la forêt vierge dans l’espoir de découvrir l’Eldorado. « C’est une sorte de farce, d’opéra bouffe, les gens meurent comme à l’opéra. Cependant il y a deux façons de mourir : les Indiens ont la leur qui comporte beaucoup de dignité. Bien sûr c'est aussi un film politique : le rôle de l’église, la condition des Indiens. » (W. Herzog, 1975) 

En savoir plus : http://www.cadrage.net/films/aguirre.htm

Zoom sur Werner Herzog (1942), le cinéaste de l’indicible Reconnu dès 1967, Herzog est l’une des figures centrales du « jeune cinéma allemand ». 16

Avec Jeder für sich und Gott gegen alle (Chacun pour soi et Dieu contre tous– L’Enigme de Kaspar Hauser, 1974), qui obtient plusieurs prix à Cannes, Werner Herzog connaît son premier succès international. La portée visionnaire de ses films, qui mettent en scène des personnages d’exception, est une constante chez le cinéaste. Dans Aguirre, der Zorn Gottes (Aguirre, la Colère de Dieu, 1972), il dresse le portrait d’un conquérant de l’inutile à la recherche de l'Eldorado. Aguirre, l’aventurier mégalomane assoiffé de puissance et d’absolu, finira seul sur un radeau à la dérive, perdu dans l’univers amazonien. 

En savoir plus sur le réalisateur : www.allocine.fr/personne/fichepersonne.html?cpersonne=201

Rainer Werner Fassbinder (1945-1982) R. W. Fassbinder est un réalisateur particulièrement prolifique, qui a produit une quarantaine de longs métrages et de téléfilms en treize ans. Ses œuvres originales et subversives, à l’image de Martha (1972), posent un regard à la fois critique et humain sur la société et évoquent de nombreux sujets tels que l’exploration du fascisme ordinaire, l’aliénation féminine, la discrimination et la marginalité. Dans ses films, le réalisateur prend souvent le parti des opprimés et des déshérités, que ce soient des prolétaires dans Händler der vier Jahreszeiten (Le Marchand des quatre Saisons, 1971), des immigrés dans Angst essen Seele auf (Tous les autres s’appellent Ali, 1973) ou des homosexuels dans Faustrecht der Freiheit (Le Droit du plus fort, 1974).   

En savoir plus sur le réalisateur : www.arte-tv.com/cinema/fassbinder/ftext/index.htm

Alexander Kluge (1932) Critique acerbe de la société contemporaine et du cinéma commercial, Alexander Kluge est l'un des cinéastes et auteurs majeurs de l'Allemagne de l'après-guerre. Cet ancien assistant de Fritz Lang est adepte de l'expérimentation visuelle, en particulier dans le montage de ses films. Abschied von Gestern (1966), adapté de sa nouvelle. Anita G. conte les mésaventures d'Anita, une jeune allemande de l'est errant de petits larcins en vocations avortées, qui enchaîne les déconvenues lorsqu'elle tente sa chance à l'Ouest. L'œuvre littéraire de Kluge comprend de nombreuses nouvelles, essais critiques et textes philosophiques dont les thématiques rejoignent celles de son cinéma. 

En savoir plus sur le réalisateur : http://www.goethe.de/INS/fr/lp/kue/flm/fr2062574.htm

Le cinéma au féminin 17

En 1974, des femmes réalisatrices fondent la revue Frauen und Film, un lieu de réflexion sur les sujets comme le pouvoir masculin et l’image de la femme au cinéma. À cette époque, le mouvement de femmes est très fort. De nombreuses femmes font leur entrée dans le monde cinématographique. Margarethe von Trotta (née en 1942), l’épouse de Volker Schlöndorff, sort en 1978 son premier long métrage Das zweite Erwachender Christa Klages (Le deuxième Réveil de Christa Klages) en s’intéressant tout au long de son œuvre à des destins de femmes. Dans Rosa Luxemburg (1985), elle trace un portrait sensible de la grande socialiste. Helma Sanders-Brahms (née en 1940) décrit dans ses films le monde du travail en RFA et, avec Shirins Hochzeit (Les Noces de Shirin, 1975) le statut des femmes turques en Allemagne. C’est avec le film Deutschland bleiche Mutter (Allemagne, Mère blafarde) de 1979, qu’elle obtient un succès international important. Apfelbäume (Pommiers, 1991) est l’un des premiers films après la chute du mur qui ait pour sujet la relation inter-allemande. Helke Sander (née en 1937), reprend dans son film Die allseitig reduzierte Persönlichkeit – Redupers (Personnalité réduite de toutes parts) de 1977 la formule utopique de l’Etat est-allemand « la personnalité socialiste entièrement développée » pour expliquer la situation des femmes en RFA, prises entre travail, enfants et désirs de créativité. D’autres réalisatrices de l’époque sont Ulrike Ottinger, Elfie Mikesch, Monika Treut. La trilogie Heimat L’œuvre importante « Heimat », une trilogie en 30 épisodes, est une chronique filmée du XXe siècle en Allemagne et raconte la vie quotidienne de trois familles allemandes à travers quatre générations.

Heimat. Eine deutsche Chronik, 1980-1984 Le feuilleton met en scène la vie quotidienne des habitants de Schabbach (petit village de Rhénanie) entre 1919 et 1982. Au centre du film se trouve la famille Simon avec leurs trois enfants. Zweite Heimat. Chronik einer Jugend, 1986-1992 Le film accompagne le fils Hermann Simon de son baccalauréat jusqu’à ses études à Munich et son retour à Schabbach en 1970. L’accent est mis sur la vie des étudiants à Munich dans les années 60.

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Heimat 3. Chronik einer Zeitenwende, 2002/2003 Le film se passe dans le Hunsrück et rassemble de nouveau les protagonistes des autres films Heimat. La chute du mur de Berlin en 1989 est choisie comme point de départ. 

En savoir plus : www.heimat123.de

La dépression des années 80-90 Dans les années 80-90, la génération de Oberhausen du Nouveau Cinéma allemand continue à exister et à produire, mais la jeune génération commence à s’opposer au« cinéma à problèmes », sans cependant trouver de nouveaux sujets intéressants. Des cinéastes comme Doris Dörrie cherchent du côté de l’humour. C’est l’époque de la nouvelle comédie allemande. D’autres réalisateurs comme Sönke Wortmann avec Das Superweib (Supernana, 1996) ou Der bewegte Mann (Des mecs, 1998) remplissent avec leurs « Beziehungskomödien » (comédies« relationnelles ») les salles de cinéma. LE CINÉMA ALLEMAND CONTEMPORAIN Après le tournant politique de 1989/90, le cinéma allemand semble renaître de ses cendres. La production de films est en hausse, le cinéma allemand fait à nouveau parler de lui sur le plan international, notamment grâce au succès de films tels que Lola Rennt, (Cours Lola cours, 1998), Halbe Treppe (Frites Et Folie, 2001), Good Bye Lenin(2003), Der Untergang (La Chute, 2005), Das Leben der anderen(La Vie des Autres, 2006), Auf der anderen Seite (De l’autre Côté, 2007).

Clin d’œil à la RDA L’humour semble être une manière adéquate d’aborder le sujet du passé allemand récent. En 1999, Leander Haußmann crée avec Sonnenallee (1999) une comédie sur la vie quotidienne en ex-RDA et avec Herr Lehmann (2004) une comédie dont l’histoire se termine avec la chute du mur. Good Bye Lenin (2004) de Wolfgang Becker raconte l’effondrement de l’Allemagne de l’Est au moment de la chute du mur, et ce avec tendresse, humour et lucidité.D’autres films se servent de la RDA comme toile de fond. Ainsi Alles auf Zucker (2004) de Dani Lévy et NVA (2005) de Leander Haußmann. En 2006, Das Leben der anderen (La Vie des Autres) de Florian Henckel von Donnersmarck reçoit de nombreuses récompenses, dont l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Films sur le passé allemand Si le douloureux passé de l’Allemagne continue aujourd’hui à inspirer nombre de cinéastes, ceux-ci semblent désormais porter un regard

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nouveau, plus distancié et finalement plus décomplexé, sur l’histoire de leur pays. Le sujet de la Seconde Guerre mondiale est abordé dans des films tels que Der Untergang(La Chute, 2005) de Oliver Hirschbiegel ; Sophie Scholl. Die letzten Tage (Sophie Scholl. Les derniers Jours, 2005) de Marc Rothemund ; Die Fälscher (Les Faussaires, 2006) de Stefan Ruzowitzky, Am Ende kommen Touristen (Et puis les Touristes, 2007) de Robert Thalheim, Une perspective humoristique est proposée par le réalisateur suisse Dani Lévy dans Mein Führer – Die wirklich wahrste Wahrheit über Adolf Hitler(Mon Führer – La vraie véritable Histoire d’Adolf Hitler, 2007). Mais d’autres aspects du passé allemand trouvent aussi le chemin du grand écran, dont l’« automne allemand ». En 2007, le réalisateur Uli Edel rassemble les grands acteurs allemands pour raconter dans Der Baader-Meinhof-Komplex (La Bande à Baader) les premières années de la RAF, organisation révolutionnaire d’extrême-gauche ouest-allemande. Le documentaire Black Box BRD de Andreas Veiel avait été distingué en 2001, sur le même sujet, par le Prix du cinéma européen et par le Prix du film allemand en 2002. Avec plus que 3 millions de spectateurs, Das Wunder von Bern (Le Miracle de Berne, 2003) de Sönke Wortmann, long-métrage sur le parcours miraculeux de l’équipe d’Allemagne de football lors de la Coupe du Monde de 1954, est un grand succès commercial du cinéma allemand. Nouveaux réalisateurs En dehors du célèbre réalisateur d’origine turque Fatih Akin, qui depuis ses débuts connaît un énorme succès en Allemagne et à l’étranger, un grand nombre de jeunes réalisateurs et réalisatrices aux origines pluriculturelles font leur entrée sur la scène du cinéma allemand. « Le cinéma des immigrés » ne se limite cependant pas aux portraits de certains milieux, comme des films tels que Kanak Attack (Lars Becker, 2000), Lost Killers (Dito Tsintsadze, 2000) ou Status Yo (Till Hastreiter, 2004) pourraient le suggérer. Originaire de Corée du Sud, Cho Sung-hyung présente avec son film documentaire Full Metal Village (2005/06) un portrait du festival de musique métal allemand « Wacken Open Air ». Au centre du film se trouvent les habitants du petit village qui accueillent chaque année environ 60 000 fans de musique métal avec qui ils coexistent pour une période de quelques jours. Shasheen Dill-Riaz montre dans son documentaire Eisenfresser de 2008 la démolition navale à Chittagong en se focalisant sur la situation des ouvriers indiens démantelant des épaves. Son film a été distingué par de nombreux prix internationaux, dont le premier Prix du festival international du film d’environnement (2007) ainsi que le Prix Adolf Grimme en 2010. Nouveaux sujets Naturellement, la nouvelle génération de cinéastes n’hésite pas pour autant à aborder des thématiques résolument contemporaines, parfois critiques de la société. Avec Die fetten Jahre sind vorbei (The Edukators, 2004), Hans Weingartner choisit 20

le sujet de la mondialisation, de la précarisation du travail et de la résistance de la jeune génération. Les conflits d’une société multiculturelle sont abordés dans le cinéma allemand intitulé « Cutural Clash » avec des représentants comme Fatih Akin (Gegen die Wand, 2004 et Auf der anderen Seite, 2007) ou Hans Christian Schmid. Lichter (Au loin les lumières, 2003) relate de façon presque documentaire plusieurs tentatives d'immigration de la Pologne vers la ville de Francfort-sur-l’Oder en ex-RDA et pose ainsi de façon très concrète la question du rapport de l'Allemagne aux pays de l’Est. La réalisatrice Sylke Enders (Kroko, 2003) traite dans ses films la situation des gens marginaux qui vivent dans les zones urbaines sensibles de Berlin. Avec Allein (2004), Thomas Durchschlag décrit les problèmes d’une jeune étudiante qui souffre d’une personnalité« borderline ». « Neue Berliner Schule » Une autre tendance de la production cinématographique actuelle est le phénomène de la« Neue Berliner Schule ». Depuis quelques années, une jeune génération de réalisateurs, tels que Thomas Arslan, Christian Petzold et Angela Schanelec semble renouveler la « Berliner Schule » des années 90. Les films tels que Marseille (2004) de Angela Schanelec ; Gespenster (2005) de Christian Petzold ; Schläfer (2005) de Benjamin Heusenberg ; Aus der Ferne (2006) de Thomas Arslan et Sehnsucht (2006) de Valeska Grisebach se caractérisent par de très longs plans, peu de dialogues, un jeu neutre, voire inexpressif, des acteurs, et une action pauvre. Il n’est pas surprenant que cette nouvelle tendance artistique soit peu populaire. Seul Die innere Sicherheit (2000) de Petzold a réussi d’attirer 120 000 spectateurs. Coups de projecteurs Das Leben der anderen, 2006 (La Vie des Autres) Réalisateur : Florian Henckel von Donnersmarck Acteurs : Martina Gedeck, Ulrich Mühe, Sebastian Koch, Ulrich Tukur Synopsis : En Allemagne de l'Est, au début des années 80, Gerd Wiesler accepte de collecter des informations contre un auteur de théâtre et sa compagne, pour le compte de la police secrète. La mission de surveillance tourne à l'obsession et les certitudes de Gerd vacillent quand il s'attache à l'homme qu'il doit détruire. 

En savoir plus : http://www.lemonde.fr/cinema/article/2007/01/30/la-vie-des-autres-autemps-de-la-rda-et-du-soupcon_861418_3476.html

La Bande à Baader Der Baader Meinhof Komplex, 2008 (La Bande à Baader) Réalisateur : Uli Edel Acteurs : Bruno Ganz, Moritz Bleibtreu, Martina Gedeck,

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Alexandra Maria Lara Synopsis : Ce film d’Uli Edel et de Bernd Eichinger met en scène l’histoire de la RAF, fraction armée rouge, organisation révolutionnaire d’extrême gauche qui se développe suite à l’essor des mouvements étudiants en Allemagne. Le film retrace la formation de la RAF autour d’Andreas Baader (Moritz Bleibtreu), Ulrike Meinhof (Martina Gedeck) et Gudrun Ensslin (Johanna Wokalek) et sa radicalisation. Il s’étend de la mort de l’étudiant Benno Ohnesorg en juin 1967 au détournement de l’avion« Landshut » de la Lufthansa jusqu’à l’assassinat du patron des patrons Hanns Martin Schleyer en octobre 1977. 

En savoir plus : http://www.excessif.com/cinema/critique-la-bande-abaader-4708514-760.html

Picture-alliance/DPA Das weiße Band, 2009 (Le Ruban blanc) Réalisateur : Michael Haneke Acteurs : Susanne Lothar, Ulrich Tukur Synopsis : À la veille de la Première Guerre mondiale, l’été 1913 est marqué par une série d’étranges accidents. Un médecin est victime d’un violent accident de cheval. La femme d’un paysan meurt. L’histoire des enfants et adolescents de la chorale dirigée par l’instituteur du village est racontée. 

En savoir plus : http://www.lerubanblanc.com/

© farbfilm verleih Schlafkrankheit, 2011 (La maladie du sommeil) Réalisateur : Ulrich Köhler Acteurs : Pierre Bokma, Jean-Christophe Folly, Jenny Schily Synopsis : Aujourd’hui, Ulrich Köhler est au seuil d’une reconnaissance internationale. Coproduction germano-française, "Schlafkrankheit / Maladie du sommeil", s’affranchit totalement de la tutelle de « l’école de Berlin », l’autre étiquette dont s’était vue affublée la jeune génération de cinéastes. Schlafkrankheit s’attache en premier lieu à Ebbo, un médecin allemand qui dirige près de Yaoundé un programme consacré à la maladie du sommeil. Il ne veut pas se résoudre à l’insistance de sa femme, qui le presse de rentrer en Allemagne, un pays qui lui est maintenant étranger. Quelques années plus tard, Alex, un médecin français d’origine congolaise partira à la rencontre d’Ebbo. Et ne trouvera sur place qu’un fantôme. Ni condescendant, ni complaisant envers l’Afrique, Köhler pointe l’extrême difficulté qu’il y a à trouver sa place sur ce continent aujourd’hui. Il poursuit ici, sur un mode majeur, son travail sur la notion de territoire, préoccupations qui traversaient déjà ses deux premiers films. 

En savoir plus : http://www.arte.tv/fr/3708854,CmC=3708856.html 22

© Digitale Leinwand PINA – Tanzt, tanzt sonst sind wir verloren, 2011 (PINA Dansez, dansez sinon nous sommes perdus) Réalisateur : Wim Wenders Acteurs : L’ensemble du Tanztheater de Wuppertal Synopsis : Film dansé en 3D, porté par l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal et l’art singulier de sa chorégraphe, Pina Bausch, disparue à l'été 2009. Ses images nous invitent à un voyage au cœur d'une nouvelle dimension, d’abord sur la scène de ce légendaire Tanztheater Wuppertal, puis hors du théâtre, avec les danseurs, dans la ville de Wuppertal et ses environs. Totalement au service des chorégraphies organiques et radicales de Bausch, le film – parfois âpre de par son intransigeance – s’articule notamment autour de ballets majeurs comme le « Sacre du Printemps », « Full Moon » et « Café Müller »), de l’artiste et de témoignages – racontés en mots et en pas de danse - de ses danseurs. « Pina » sort la danse des lieux clos prouvant ainsi que sa vraie place est en liberté. 

En savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pina_%28film%29

Zoom sur Fatih Akin © Nicolas Genan Fatih Akin (1973) Après ses études de Sciences de l’information et de la communication à la Hochschule für bildende Künste (Ecole Supérieure des Arts) à Hambourg, Akin entre comme stagiaire à la maison de production « Wüste » où il devient scénariste, réalisateur et acteur. Pendant ses études d’art audiovisuel à la Hamburger Hochschule für Bildende Künste, il tourne ses deux premiers courts-métrages. Il se fait remarquer par son premier long-métrage Kurz und schmerzlos (L’Engrenage, 1998) ainsi que, deux ans plus tard, par Im Juli (Julie en juillet, 2000). Akin reçoit l’Ours d’or en 2004 pour son drame sur l’immigration Gegen die Wand (Head-On). En 2005, le réalisateur germano-turc réalise un documentaire sur la musique en Turquie : Crossing the Bridge – The Sound of Istanbul. Il remporte le Prix du scénario au Festival de Cannes en 2007 pour le film Auf der anderen Seite (De l’autre Côté). Sa comédie Soul Kitchen lui vaut le Prix spécial du jury à Venise en 2009. 

En savoir plus : http://www.allocine.fr/personne/ fichepersonne_gen_cpersonne=28280.html

Andreas Dresen © Petr Novák

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Andreas Dresen (1963) Le réalisateur est célèbre pour ses films réalistes basés sur l’improvisation et ses documentaires. Après avoir été stagiaire aux studios de la DEFA en tant qu’assistant réalisation, Dresen entame des études de mise en scène à la Hochschule für Film und Fernsehen Konrad Wolf à Potsdam Babelsberg. Le moment-clé de sa carrière est son film Nachtgestalten de 1999 : tous les films qu’il réalise après deviennent de grands succès. En 2002, il décrit avec Halbe Treppe (Frites et Folie) la grisaille de la vie de deux couples à Francfort-sur-l’Oder. Son documentaire Denk ich an Deutschland… Herr Wichmann von der CDU (2003) montre la solitude d’un homme politique pendant sa campagne électorale dans le Brandebourg. D’autres films importants sont Sommer vorm Balkon (Un Eté à Berlin, 2005) et Wolke Neun (Septième Ciel, 2008). 

En savoir plus : http://www.allocine.fr/personne/ fichepersonne_gen_cpersonne=17985.html

Liens utiles       

www.deutsches-filminstitut.de/dframe12.htm : L’Institut du film allemand www.filmportal.de : Internet-Portal zum Deutschen Film www.berlinale.de : 61ème Festival International du Film de Berlin www.deutschesfilmmuseum.de : Musée du film allemand www.studiobabelsberg.com : Les studios de Babelsberg www.bavaria-filmtour.de : Bavaria : une ville et des studios de cinéma au sud de Munich www.magazine-deutschland.de : Numéro spécial "Cinéma allemand" – Janvier 2009

Version actualisée par Antje Kirsten (2010) et Lara Janitza (2011).

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Glossaire A acteur/-trice, m/f angle de prise de vue, m appareil de projection cinématographique, m, voir aussi projecteur, m arrière-plan, m avancer

Darsteller/in, Schauspieler/in, m/f Aufnahmewinkel, m Filmprojektor, m

Hintergrund, m Vorspulen

B bande annonce, f bande-son, f bobine, f, m de film bruitage, m

Trailer, m Soundtrack, m, Tonspur, f Filmrolle, f Geräuschkulisse, f

C cadre, m caméraman, m voir aussi cadreur, -euse caméra, f subjective cinéma, m, ciné, m comédie, f contre-plongée, f court-métrage, m critique cinématographique, f

Bildeinstellung, f Kameramann, -frau, m/f Subjektive Kameraführung, f Kino, n Komödie, f Froschperspektive, f, Untersicht, f Kurzfilm, m Filmkritik, f

D détail, m distribution de films, f documentaire, m doublage, f DVD, m

Detailaufnahme, f Filmverleih, m Dokumentarfilm, m Nachvertonung, Synchronisation, f DVD, f

f,

E (grand) écran, m échelle, f de plan

Leinwand, f Einstellungsgröße, f

F figurant/e, m/f film, m, voir aussi pellicule, f film d’action, m film d’amour, m film fantastique, m film d’horreur, m flash-back, m focale, f

Statist/in, m/f Film, m Actionfilm, m Liebesfilm, m Fantasyfilm, m Horrorfilm, m Rückblende, f Brennweite, f 25

G générique, m de début générique, m de fin gros plan, m

Vorspann, m Abspann, m Großaufnahme, f

H hors-cadre, m

Off-screen, m

I insertion, f

Einblendung, f

L long-métrage, m

Spielfilm, m

M mise en scène, f montage, m montage, m parallèle musique, f de film

Regie, f Schnitt, m Parallelmontage, f Filmmusik, f

O objectif, m grand-angle ouverture, f en fondu

Weitwinkelobjektiv, n Aufblende, f

P panoramique, m pellicule, f plan, m plan, m américain plan, m d’ensemble plan, m moyen plan, m moyen rapproché plan, m rapproché plan-séquence, m plongée, f policier, m première, f premier plan, m prise de vue, f prix, m producteur, m projecteur, m profondeur, f de champ

Panoramaschwenk, m Übersichtschwenk, m Film, m Einstellung, f Amerikanische Aufnahme, f Totale Aufnahme, f Halbtotale Aufnahme, f Halbnahe Aufnahme, f Nahaufnahme, f Plansequenz, f Obersicht, f , Vogelperspektive, f Krimi, m Premiere, f Vordergrund, m Aufnahme, f Filmpreis, m Produzent, m Filmprojektor, m Schärfentiefe, f

R réalisateur/ -trice, m/f rembobiner

Regisseur/in , m/f Zurückspulen

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S scénario, m son, m sortie, f d’un film spectateur/ -trice, m/f star, f

Drehbuch, n Ton, m Erstaufführung, f, Uraufführung, f Zuschauer/in , m/f Star, m

T téléfilm, m ticket, m tournage, m travelling, m  

avant arrière

Fernsehfilm, m Eintrittskarte, f Dreh, m Kamerafahrt, f  

vorwärts rückwärts

V vidéo, m voix-off, f

Video, n Off-Stimme, f

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