La Plaine, concentré de tout Marseille

1 août 2018 - avec l'expo Bad girls go to hell à partir du. 31 août. Où manger ? A la Casa No Name, en contre bas de la place, rue André. Poggioli. Au menu,.
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La Marseillaise / Mercredi 1er août 2018

provence / l'été de La Marseillaise

u e i l n u , r u o j un Que faire ? Boire, selon l’heure, un café ou un pastis à un prix imbattable sur la terrasse du Petit Nice avec un bon bouquin.

Que voir ? Art Cade, la galerie des bains douches de la Plaine, au 35 rue de la Bibliothèque avec l’expo Bad girls go to hell à partir du 31 août.

Où manger ? A la Casa No Name, en contre bas de la place, rue André Poggioli. Au menu, tapas délicieuses (et abordables) et bons vins. Le tout servi avec le sourire dans un cadre chaleureux

La figure du quartier Hélène, serveuse au bar Jean-Jaurès Le marché de la Plaine qui a lieu trois fois par semaine est une institution mais il va être remanié avec des travaux qui doivent débuter à la rentrée. Photo MRd

l « Deux Ricard et un

demi ! » Voilà 14 ans qu’Hélène sert ses clients au bar Jean -Jaurès au bas de la place. 14 ans qu’elle voit défiler du monde. Les forains qui grugent une place au marché, les voitures emportées à la fourrière, les marginaux et les toxicos, elle a tout vu. « Et pourtant, je l’aime ce quartier, j’y suis née et depuis je ne l’ai jamais quitté », explique t-elle en servant un pastis. « Ici c’est familial, tout le monde se connaît », se réjouit-elle. « C’est un quartier vivant, il faut venir au carnaval, au 1er mai, à la la fête de la musique ou aux sardinades, ça c’est la Plaine ! », s’enthousiasme t-elle. Et les travaux de réaménagement ? « Bien sûr ça va nous impacter mais on aura peut-être une place un peu plus belle et un peu plus propre », croit-elle avant de conclure : « Il ne faut pas toujours avoir peur du changement ». M.R.

Demain retrouvez les Sablettes à La Seyne

La Plaine, concentré de tout Marseille Quartier Située en surplomb du Vieux-Port, à la croisée des quartiers, la Plaine est un concentré de tout Marseille. Hétéroclite, populaire et festive, la place est à l’aube de grands changements.

L

a place Jean Jaurès. On y monte par la rue Adolphe Thiers. L’Histoire française a de l’humour. Peu importe, ici, tout le monde l’appelle « la Plaine » cette place. Curieux nom pour un lieu qui a plus l’allure d’un plateau que d’une plaine. « Ma foi, j’en sais rien ! », rigole ce riverain croisé sur place. D’après l’historien Pierre Gallocher, l’expression vient en fait d’une mauvaise traduction du nom provençal du lieu : « Plan Saint-Michel » « plan » signifiant « plateau » en provençal. Remarque sémantique effectuée, il convient d’observer

les lieux. Force est de constater que le béton a pris ses aises depuis l’époque où elle servait de plate-forme d’accueil pour les monarques. Il se murmure que François Ier y aurait été reçu triomphalement après la bataille de Marignan. Voilà pour l’anecdote historique. Au centre, un parc pour enfants, le square Yves-Montand et quelques grands arbres entourés de barrières. Ici, on est à la croisée des chemins : Cours Julien, Noailles, Chave, la Timone, les Réformés, il suffit de choisir. La Plaine est une plaque tournante, un gros rond-point où l’on s’installe et où l’on croise la ville entière. Quatre fois par semaine, c’est marché. Mardi, jeudi, samedi c’est fruits, légumes et forains. Le mercredi, c’est marché aux fleurs. Sauf pour Omar, maraîcher « 6 jours sur 7, depuis 20 ans ». Ce matin là, il n’a pas pu installer son étalage à son emplacement habituel. Des voitures y sont garées, comme partout sur le site. Il faut en convenir, la Plaine est aussi un gigan-

tesque parking dont seuls les touristes semblent payer le ticket de stationnement. « La ville s’en fout, ils laissent la Plaine à l’abandon avant de lancer les travaux », se désole Omar. Le quartier est sur le quivive. De grands changements sont annoncés. A la rentrée, le réaménagement de la Plaine devrait, après moultes péripéties, débuter. Les places dédiées au marché vont être réduites et 115 arbres sur 202 vont être abattus.

Des soirées qui peuvent être endiablées

L’heure de l’apéro y est sacrée. Les terrasses ne manquent pas tout autour de la place. C’est à la fois le point de départ et le point d’arrivée des soirées. Jeunes et moins jeunes s’y attablent avant de se disperser au Cours Julien, à la Friche ou au Vieux-Port. Puis de s’y retrouver en fin de soirée pour un combo canette-banc. C’est grâce à ces visiteurs du soir que « le banc de la Plaine » a acquis ses lettres de

noblesse. Ce n’est qu’un banc et pourtant tout le monde le connaît. Il est situé en haut de la place. Il n’a rien de spécial. Il est simplement posé là, n’offrant pour seul panorama que la place et ses quatre arbres. Pourtant, il est gravé dans la légende du quartier et même floqué sur des t-shirts, vendus au Molotov sur le Cours Julien. Le coin a ses légendes qui ne s’expliquent pas. La Plaine, c’est aussi une grande scène. Batucadas et autres fanfares s’y produisent sauvagement au hasard des soirées, été comme hiver. Sans autorisation, sans ticket d’entrée. Cela fait partie des surprises du quartier. Tapage nocturne ? Ce motif de plainte ne semble pas s’appliquer ici. Tout le monde cohabite, y compris les policiers qui avaient eux aussi leur QG au Montana Blues, avant sa fermeture il y a quelques années. En attendant l’arrivée des bulldozers, les nuits d’été risquent bien de se prolonger. Marius Rivière