La morsure de la corruption

quotidienne, Mexique, système et corruption, institutions, pots-de-vin, ...... et sous une approche systémique, car les actions individuelles « hors de la norme ».
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Université Bordeaux Montaigne Mémoire ISIC – Master Recherche : Images Médias Intermédialités

La morsure de la corruption La communication publique autour de la corruption quotidienne : le cas du Mexique et de la mordida

Emmanuelle NADIN USSELMANN Sous la direction de Jean-Jacques CHEVAL

Jury M. Jean-Jacques CHEVAL

Professeur, Université Bordeaux Montaigne, MICA

Mme. Elizabeth GARDERE Professeur, Université de Bordeaux, MICA

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Sommaire Sommaire ............................................................................................................................ 3 Remerciements ................................................................................................................... 5 Résumé et mots clés .......................................................................................................... 6 Résumé ......................................................................................................................................... 6 Mots clés ...................................................................................................................................... 6

Abstract and keywords ..................................................................................................... 7 Abstract ........................................................................................................................................ 7 Keywords ..................................................................................................................................... 7

Introduction ........................................................................................................................ 8 I.1.

Eléments de cadrage ..................................................................................................... 8

I.2.

L’intérêt spécifique de ce sujet ................................................................................. 11

I.3.

Éléments de définition : ............................................................................................. 15

I.4.

Questionnements des éléments en interaction ..................................................... 21

I.5.

Question de recherche................................................................................................ 22

I.6.

Hypothèses de recherche ........................................................................................... 22

I.

Première partie - La mordida de nos jours : faits observés autour de la

corruption quotidienne .................................................................................................. 23 I.1.

Historique et définitions de la pratique de la corruption quotidienne............ 23

I.2.

Les échanges de liquidités au Mexique contre faveurs d’agents et facilités

administratives ......................................................................................................................... 31 Conclusions de la première partie ........................................................................................ 43

II.

Deuxième partie - Le contexte des communications publiques autour de la

corruption quotidienne au Mexique ............................................................................ 44 II.1.

Le rôle de la communication autour de la corruption : analyse des politiques

publiques ................................................................................................................................... 44

-3-

II.2.

Communications et politiques publiques contemporaines................................ 51

Conclusions de la deuxième partie ....................................................................................... 59

III. Troisième partie - Les communications anticorruption et la réponse des usagers : résultats et limites ........................................................................................... 61 III.1.

La communication au quotidien : observations de terrain et dénonciations par

les usagers et leurs témoignages ........................................................................................... 61 III.2.

Limites de la lutte contre la corruption : un système généralisé........................ 64

Conclusions de la troisième partie ....................................................................................... 67

Conclusion générale ........................................................................................................ 68 Table des matières ........................................................................................................... 70 Bibliographie .................................................................................................................... 73 Webographie .................................................................................................................... 81 Annexes ............................................................................................................................. 88 Table des Annexes ......................................................................................................... 109

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Remerciements Je tiens à adresser mes plus sincères remerciements à toute l’équipe pédagogique et administrative de l’UFR STC de l’Université Bordeaux Montaigne, pour cette année de cours et de suivi dans des sujets divers et très intéressants. Je tiens à nommer tout particulièrement mon directeur de mémoire, Jean-Jacques Cheval, qui a su être patient et disponible pour me recadrer dans cette recherche, et qui a su me sensibiliser et m’intéresser aux enjeux des sciences de la communication des médias et de la radio lors de ses cours. J’adresse aussi mes remerciements à Elizabeth Gardère d’avoir accepté d’être le second jury pour juger ce travail de mémoire, mais aussi pour avoir accepté de travailler avec moi sur de futurs projets de recherche. Je remercie aussi mes collègues et amis en charge des salles informatiques de l’Université qui ont su être arrangeants concernant mes horaires et ma charge de travail afin que je puisse me concentrer au mieux sur ce travail. Enfin je souhaite remercier mon mari pour sa patience et son soutien au cours de mes années d’études, parfois très difficiles.

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Résumé et mots clés Résumé En tant que pays généralement considéré comme étant corrompu, les relations entre agents et usagers de la fonction publique au Mexique sont souvent teintées d’échanges d’argent liquides contre faveurs. Les partis politiques, les différents niveaux du gouvernement, les organisations internationales et les institutions communiquent autour des thèmes de la corruption, et donc de la pratique spécifique de la mordida. Ils le font avec un enjeu, celui de vouloir mettre en avant les réformes souhaitant s’attaquer à ces pratiques qualifiées de corruption. Les communications considèrent la corruption dans son ensemble, sans pour autant différencier les pratiques. Ce mémoire souhaite d’abord différencier les pratiques et en dégager les petites corruptions quotidiennes qui touchent le plus grand nombre d’usagers et d’agents, tout en observant l’impact et la pertinence des actes de communication publique et politique qui s’y attaquent.

Mots clés Communication

des

organisations,

communication

politique,

corruption

quotidienne, Mexique, système et corruption, institutions, pots-de-vin, relations de guichet, fonctionnaires, police.

-6-

Abstract and keywords Abstract The communications between public servants and the population in Mexico, considered as a very corrupted country, are usually tainted by cash exchanging hands for favors to be obtained. Different groups, such as political parties, the different government levels, international organizations and the country’s institutions communicate strongly about corruption, including the specific local practice: the mordida. These communications are made and lay out the possible reforms these different groups want to tackle this particular practice included into the corruption-system of the country. However these groups communicate without differenciating the practices that are observed and consider corruption as a whole, a homogeneous ensemble of behaviors. This master’s thesis wishes to dig into the concepts of different practices labelled under corruption, to study the daily corruption which is the one that affects the most people, both in the population and the public servants, all while observing the impact and the relevance of the communication acts which target this practice.

Keywords Organization’s communication, political communication, daily corruption, Mexico, system and corruption, institutions, bribes, relationship at the window, public workers, police

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Introduction I.1. Eléments de cadrage Dans le film « La Ley de Herodes »1 la mordida, petit billet passé de main à la main entre usagers et agents du service public (ici, entre la patronne d’une maison close « clandestine » et le nouveau maire du village fraichement « élu »), est largement intégrée et présente dans la vie quotidienne. Dès que le nouveau maire est « nommé » par les autorités du Parti, et qu’il souhaite fermer la maison close illégale du village, la tenancière de celle-ci lui propose un pot-de-vin pour qu’il laisse son établissement tranquille. Ce n’est qu’un exemple de ce que coûte la corruption au Mexique, coût qui prend une part non négligeable du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays2. C’est un des thèmes phares des campagnes électorales, publicitaires, et ces pratiques « gangrènent » le pays3. Au Mexique, la population se confronte très jeune à ce type de pots-de-vin, que ce soit en voiture avec un agent de police ou lors des passages dans les services publics (écoles, compagnie téléphonique ou de l’eau, contrôles routiers, transports en commun). Elle a même un jargon spécifique et propre, des questions-réponses, des parodies et autres satires que l’on retrouve dans les revues et caricatures du pays. Avec bon nombre de témoignages mis en ligne et devenus de plus en plus

1

« La Ley de Herodes », film mexicain de Luis Estrada, 1999

2

Source de la première édition de l’Índice Global de Impunidad (l’Indice Général de l’Impunité), reprise

dans les journaux : http://e-consulta.com/nota/2015-04-20/economia/cuesta-corrupcion-15-porciento-del-pib-en-mexico-udlap 3

VARGAS LLOSA, Mario, « Vargas Llosa: la corrupción es una gangrena en Latinoamérica »

http://www.martinoticias.com/content/guadalajara-mexico-feria-libro-vargas-llosa-corrupcion/29800.html

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accessibles grâce aux nouvelles technologies, le phénomène devient de plus en plus visible et discuté de manière plus ouverte pas les acteurs y prenant part. Cependant, dès que l’on parle de corruption au Mexique, les associations et les recherches les plus courantes concernent soit les personnalités et partis politiques, soit les cartels et la drogue, soit les institutions et hauts fonctionnaires. Ainsi une recherche d’articles de presse traitant du Mexique et de la corruption parlent principalement de hauts fonctionnaires, les appels d’offres arrangés avec l’entreprise du beau-frère, ou encore la corruption et la loi de « plata o plomo »4 concernant le trafic de drogues. Cependant malgré l’importance de ce type de corruption à grande échelle traitant de grosses sommes d’argent, ce n’est pas la seule présente dans le pays. Bien entendu, un pot de vin de 50 pesos (environ 2€50 au taux de change, ou environ l’équivalent d’un Big Mac5) n’a pas le même poids que les 325 millions de pesos (environ 18 millions d’euros) payés par un Cartel à l’État du Michoacán chaque année en pots-de-vin.6. Pourtant c’est ce billet de 50 pesos auquel il faut s’intéresser car ce sont ces 50 pesos en plus ou en moins dans le pouvoir d’achat des intéressés. Et ce billet représente beaucoup de paiements à beaucoup d’agents, que les usagers doivent parfois budgétiser pour pouvoir mener à bien leurs procédures administratives et leurs demandes auprès des agents. C’est donc

4

L’argent ou le plomb, c’est-à-dire s’enrichir ou mourir (citation connue du baron de la drogue

colombien Pablo Escobar) 5

La conversion en devise simple ne permettant pas de juger le pouvoir d’achat que représente un

billet de 50 pesos, l’utilisation de l’Indice Big Mac de Juillet 2014 permet de se faire une meilleure idée. Voici les informations de l’Indice Big Mac de Juillet 2014 : Price: €2.41 (Peso 42.00) ; Raw index: undervalued by 34.4% ; Actual exchange rate: 17.41 ; Implied exchange rate: 11.42 : http://www.economist.com/content/big-mac-index 6

Article de journal : « 25 millions de dollars payés par un Cartel à l’État du Michoacan en pots de

vins » : http://noticias.lainformacion.com/policia-y-justicia/soborno/cartel-paga-25-millonesdolares-en-sobornos-al-ano-en-michoacan-segun-diario_affThOWErjZOKrYDjpUEv7/

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des paiements ponctuels de petites sommes, répétées tout au long de l’année par une très grande partie7 des ménages du pays. La petite corruption, la corruption au niveau de l’usager commun est bien plus courante et visible dans le pays. Elle coûte une somme non négligeable aux ménages8, et les touristes y sont pour ainsi dire confrontés dès leur entrée dans le pays. Les guides touristiques et sites internet avertissent les visiteurs à propos de la mordida9. Dès que l’on parle du Mexique et de sa corruption, l’on parle principalement d’une corruption politique ou de cartels10. Pourtant, pour un voyageur quelconque, dès la descente de l’avion, et pour la majorité des séjours, la corruption quotidienne est la seule à laquelle il sera confronté. C’est de cette petite corruption dont les voyageurs et la population se plaignent le plus et donnent le plus de témoignages, et pourtant, elle n’est que peu prise en compte par la majorité des organismes internationaux. Les incidents filmés prolifèrent sur Internet11. Toute la population n’est pas forcément confrontée à la corruption politique et à la corruption liée aux trafics de drogue, mais toute famille mexicaine a déjà donné un billet, main dans la main, à un employé d’un service public ou à un agent de l’État. Ce qu’il est important de noter est que les communications publiques, politiques, des organisations et des médias s’adressent avant tout à la totalité de la population. Observer et réfléchir sur la communication

7

D’après le Global Corruption Barometer de 2010, 31% des mexicains sondés ont avoué avoir payé un pot-de-

vin. En ligne : https://www.transparency.org/country#MEX_PublicOpinion 8

Ce coût peut s’élever jusqu’à 33% des revenus des ménages les plus précaires d’après le rapport de

l’INCBG, page 6 http://www.tm.org.mx/wp-content/uploads/2013/05/01-INCBG-2010-InformeEjecutivo1.pdf 9

Exemple d’un guide allemand : http://sipse.com/novedades/advierten-a-turistas-alemanes-sobre-

la-mordida-en-guia-turistica-20248.html 10

Pots-de-vins des cartels envers les policiers

http://www.laht.com/article.asp?CategoryId=14091&ArticleId=362206 11

Un exemple de mordida filmée et dont la vidéo a été ainsi publiée sur YouTube :

https://www.youtube.com/watch?v=xozUwPxFFfw

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de masse envers le plus grand nombre, dans le but de traiter la corruption la plus présente et la plus ancrée dans le quotidien et les bases mêmes du système administratif et institutionnel du pays. C’est pourquoi parler de la corruption quotidienne entre les ménages et les agents des services publics, qui sont pour ainsi dire tous concernés, est plus pertinent que d’étudier les détournements de fonds ou le népotisme. C’est bien entendu envers ces publics que s’adressent particulièrement les communications publiques et politiques, mais aussi médiatiques.

I.2. L’intérêt spécifique de ce sujet Ce sujet, et le traitement du thème sous l’angle des sciences de l’information et de la communication, relèvent un intérêt tout particulier pour plusieurs champs d’application et de recherche ; il s’agit d’une approche large

I.2.1.

Traiter de la corruption

quotidienne comme objet d’étude à part entière La corruption est un sujet qui passionne les chercheurs et penseurs de tous bords ; sociologues, anthropologues, politologues, journalistes… Il s’agit d’une variable souvent prise en compte en ce qui concerne d’autres objets d’études (la croissance12, la sécurité, une religion donnée13, le terrorisme, l’économie, etc…). L‘étude de la corruption avait d’abord comme but d’étudier le fonctionnement des

12

MAURO, Paolo, « Corruption and Growth », The Quarterly Journal of Economics, vol. 110 / 3, août

1995, p. 681‑712. 13

TALAHITE, Fatiha, « Économie administrée, corruption et engrenage de la violence en Algérie »,

Tiers-Monde, vol. 41 / 161, 2000, p. 49-74.

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démocraties représentatives, en science politique et en sociologie, dans un cadre politique et de sociologie du vote (vote-sanction envers les politiques corrompus)14. Mais dans ce cas-ci, le but est d’en faire le cœur de l’étude, l’observer comme fait neutre existant dans la société mexicaine, d’en comprendre les mécanismes et les tenants et aboutissants. L’augmentation du niveau de vie de la population lui permet d’avoir un revenu supérieur à dépenser dans d’autres biens et services que le strict minimum pour assurer la survie. Ce revenu disponible supplémentaire est sujet à beaucoup de convoitises (épargne, consommation…). Ainsi, la corruption devient viable, excusable, défendable ; les ménages ont des revenus supplémentaires. Les besoins en consommation augmentent, offrant plus d’opportunités pour le versement de pots-de-vin. Les usagers ayant collectivement un meilleur niveau de vie ils sont donc plus enclins à chercher à éviter par exemple la mise à la fourrière de leur véhicule en payant l’officier. Les organisations internationales considèrent que la corruption est un mal qu’il faut combattre, qui gangrène les sociétés et empêche le développement des pays en captant les ressources15. Pourtant la corruption peut être observée comme un facilitateur de l’économie, générant des richesses et permettant certaines populations d’avoir plus de revenus. Mais est-ce un réel levier pour la mobilité sociale de la population, moteur de l’économie de son pays, ou est-ce que les catégories concernées ne se retrouvent-elles pas avec des dépenses équivalentes ou supérieures à ces gains ? La corruption prive ainsi certaines populations des revenus, les forçant par exemple à verser certains de leurs gains pour obtenir les autorisations administratives, les

14

BEZES Philippe et LASCOUMES Pierre, « Percevoir et Juger la « corruption politique » » Enjeux et

usages des enquêtes sur les représentations des atteintes à la probité publique », Revue française de science politique, 2005/5 Vol. 55 15

EU Anti-corruption Report http://ec.europa.eu/dgs/home-affairs/e-

library/documents/policies/organized-crime-and-humantrafficking/corruption/docs/acr_2014_en.pdf

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parts de marché, les marchés publics, ou même des accès aux services publics qui sont normalement accessibles gratuitement.

I.2.2.

Le choix du Mexique corrompu

Le Mexique a un intérêt tout particulier lorsque l’on veut étudier un grand pays avec un Etat et des moyens lui permettant de communiquer régulièrement sur ce qu’il se passe sur son territoire. C’est un pays avec une croissance stable, malgré un hiatus dû aux crises économiques récentes. Une partie de cette croissance se redistribue auprès de la population, mettant en valeur une promotion sociale de la population. Il s’agit d’un pays de premier plan, partenaire privilégié de la France. En 2014, sa croissance est estimée par le FMI à 2,4%, et elle devrait atteindre 3.5% en 2015. L’intérêt du pays réside aussi dans son appartenance à l’ALENA et son placement géographique particulier. Par contre le pays est particulièrement concerné par la corruption. Les scandales, rumeurs, mais aussi rapports officiels16, enquêtes, questionnaires et entretiens indiquent tous que la corruption prévaut dans le pays. Ce n’est pas juste une caractéristique du système du Mexique, mais elle est le système. La corruption et la mordida sont parfois considérées comme étant le sport national17. Obtenir de manière régulière et anonyme un acte administratif, sans avoir à faire jouer ses relations ou à devoir certaines faveurs, sans pot-de-vin, est une exception et non pas la règle. Ainsi la confiance économique du pays faiblit et ne permet pas investissements et croissances à cause de l’existence de la corruption18. Les études sur les différents types de corruption dans le pays sont menées à plusieurs niveaux.

16

Transparency Agency

17

Un sport presque national : http://www.diariopresente.com.mx/column-page/4961/escala-

critica/cochupo-deporte-(casi)-nacional-inegi-mordidas/ ; confirmé par les différentes discussions et expériences sur place 18

Indice de liberté économique du Mexique, http://www.heritage.org/index/country/mexico

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Les observations qui sont faites sur le territoire national, Etat par Etat19 sont particulièrement importantes et utiles pour comprendre les différents niveaux de corruption.

I.2.3.

Les communications de la

corruption Une enquête menée par Transparency International, le Baromètre Mondial de la Corruption (de 2013) s’est penché sur la perception qu’ont les populations de la corruption, et cela a permis de mettre en avant la présence de celle-ci dans le quotidien de tous. En ce qui concerne le Mexique, deux entités sont perçues comme étant les plus corrompues par la population20 : la police et les institutions politiques (avec 90% des interrogés considérant que ces catégories sont corrompues), suivis de très près par les institutions judiciaires et les fonctionnaires des services publiques. Cette perception de la corruption se voit corroborée par d’autres études de Transparency International plus détaillées (mais aussi plus anciennes ; de 2001 à 2010). Les études et rapports détaillés sur les pots-de-vin sont courants, qu’elles soient menées par les gouvernements, les commissions parlementaires, des organisations non gouvernementales ou les universitaires. Les actes de communications et d’information sont réguliers sur le sujet. Les publications de Transparency International sont les plus nombreuses et fournissent ainsi des données particulièrement intéressantes à étudier. De plus, la mordida, ce pot-de-vin

19

Le Mexique est une république fédérale, composée de 32 entités fédérales : 31 Etats et le District

Fédéral. Le nom complet du pays est « Etats-Unis du Mexique ». 20

Global Corruption Barometer, 2013, par Transparency International :

http://www.transparencia.org.es/BAROMETRO_GLOBAL/Bar%C3%B3metro_Global_2013/Global_ Corruption_Barometer_2013.pdf

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spécifique, est un acte courant et parfois revendiqué par ses pratiquants, contrairement à la grande corruption qu’il est difficile d’étudier. Ceci est bien résumé par Ángel Gurría, secrétaire de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), en ce qui concerne les Pays du Sud : « L’existence d’une classe moyenne croissante et conséquente est un signe positif pour les perspectives économiques de l’Amérique latine. Toutefois, la population latinoaméricaine qui dispose de revenus moyens est confrontée à de sérieux obstacles en matière de pouvoir d'achat, d'éducation et de sécurité de l'emploi. Cette couche de la population a encore du chemin à faire pour être entièrement comparable aux classes moyennes des économies plus avancées21. » On peut donc observer une politique, ou au moins un discours de lutte anti-corruption dans les pays concernés, de la part des différents groupes concernés. Les discours au Mexique mettent en avant des détails qui seront analysés lors de ce travail.

I.3. Éléments de définition : Des définitions sont indispensables pour comprendre le sens du travail et s’assurer que les termes utilisés tout au long de l’argumentaire font référence à des concepts bien précis. Les termes sur lesquels nous devons travailler sont, bien entendu, la corruption quotidienne que l’on souhaite cibler, c’est-à-dire la mordida, mais aussi les différents outils et méthodes de communications sur lesquels nous allons nous baser pour analyser les faits de communication que l’on peut observer dans le pays.

21

Site de l’OCDE : vulnérabilité de la classe moyenne en Amérique Latine :

http://www.oecd.org/dev/middleclassinlatinamericaeconomicallyvulnerable.htm

- 15 -

I.3.1.

La corruption et la mordida

I.3.1.1.

La corruption publique

Le terme de corruption a un poids moral indéniable, lié au mot même : « bonne corruption » semble contradictoire. Cartier-Bresson22 avait explicité la définition de la corruption en mettant en avant ce poids moral en parlant de « perversion » et de « destruction de l’intégrité », héritage du XIXème. La corruption de manière générale fait référence à des abus ; ceux-ci peuvent être unilatéraux la part d’agents de l’État (détournements de fonds, népotisme, potsde-vin divers), mais il peut s’agir d’autres types d’abus, tels que ceux liés à des acteurs publics et privés (subornation, extorsion, trafic d’influence et fraude de tous types, favoritisme de contrats). La définition légale et juridique de la corruption ne pourra pas être utilisée dans ce travail, puisque chaque pays possède sa propre législation. Une autre définition, plus précise, est celle que Michael Johnston donne : « La corruption, c’est l’abus de confiance, généralement de quelqu’un impliqué dans les pouvoirs publics, pour bénéfice personnel, qui parfois mais pas toujours apparaît sous forme d’argent.»23 Il faut mettre en valeur les gains obtenus par l’usager qui corrompt, et c’est pourquoi c’est cette définition qui sera retenue pour ce travail. En effet l’usager y gagne quelque chose de substantiel en donnant une incitation à l’agent de l’état de manière à ce que celui-ci agisse en sa faveur. Ce sont donc des actes d’abus spécifiques et précis, par des individus donnés. Ces actes sont perpétrés autant par

22

CARTIER-BRESSON Jean. « Éléments d'analyse pour une économie de la corruption ». In: Tiers-

Monde. 1992, tome 33 n°131. P.587 23

Michael JOHNSTON, professeur de sciences politiques à l’Université Colgate, Hamilton, NY,

chercheur sur les thèmes de la corruption, de la démocratisation et du développement. Citation de son œuvre Johnston, « Syndromes of Corruption: Wealth, Power, and Democracy », Cambridge University Press, 2005, page 12

- 16 -

ceux qui ont les accès aux fonctions publiques que par ceux qui cherchent à en tirer profit.

I.3.1.2.

La petite corruption et la mordida

La mordida est un acte de soborno spécifique : celui-ci consiste, pour l'usager, à donner un billet à un agent. Il s'agit d'une expression mexicaine, à traduire par « morsure », que l’on traduit difficilement aussi par « corruption »

ou

« subornation » (soborno) ou encore pot-de-vin ou bakchich. Pour Klitgaard, la corruption est définie comme étant un échange entre deux acteurs, l’un qui offre des incitatives ou récompenses illégales (cadeaux ou argent) pour manipuler en sa faveur la décision ou le jugement d’un fonctionnaire public, qui lui, agit en accord à la demande du premier et lui offre le bénéfice souhaité24. Le but est donc de corrompre un fonctionnaire pour éviter une pénalité plus importante (telle une amende), pour faciliter et raccourcir les délais administratifs formels, ou pour obtenir un gain quelconque de la part de l'agent qui a été mordu (ne pas couper le téléphone, demander à l'inspecteur sanitaire de repasser plus tard...). Lorsque l’on parle de mordida, on parle de petite corruption entre usagers et fonctionnaires. Nous ne parlons donc pas de la grande corruption, souvent politique et dissimulée à l’usager moyen, qui consiste d’appels d’offres arrangés, de postes de très haut rang, des monopoles ou d’entreprises de grande envergure. Il est possible d’utiliser les définitions d’Amalia KOSTANYAN, pour différencier la petite corruption de la grande corruption : « La « petite» corruption est celle que le citoyen moyen affronte régulièrement dans sa vie de tous les jours, alors que la « grande» est moins visible et, par conséquent, plus difficile à détecter. La première se situe à une échelle relativement réduite et se cantonne aux pots-de-vin versés aux agents de la circulation, aux inspecteurs des impôts, aux douaniers, aux professeurs d’université, aux

24

KLITGRAAD, Robert « Controlling Corruption » University of California Press, 1988

- 17 -

médecins des hôpitaux, etc. Elle est devenue à présent un élément de la vie de la population dans un assez grand nombre de pays25.» Il est ainsi généralement considéré que la mordida est un acte isolé et répété par les usagers et les agents concernés. Les agents abusent ainsi de leur pouvoir, en prenant un pot-de-vin pour leurs faveurs ou leur absence de pénalisation. Cette gratification, ce petit billet, est la mordida. Le détournement de fonds publics n’est ainsi pas direct, mais il s’agit d’arrangements avec l’agent de guichet pour être mieux placé dans la file d’attente (dossiers de logements, de bourses, d’inscriptions scolaires...), pour avoir un meilleur service ou un service plus rapide, ou pour éviter une pénalité, et c’est pourquoi généralement, la mordida est considérée comme étant inévitable par les populations qui la budgétisent et s’en acquitte, se considérant bénéficiaires. La mordida en tant qu’extorsion est un autre cas qui lui est bien décrié comme étant des abus inacceptables et les tentatives de dénonciations sont plus courantes. Une ligne est à tracer entre la mordida volontaire et acceptée des deux parties qui sont toutes les deux complices dans la demande et le détournement (quand l’usager est fautif, par exemple), et la mordida extorsion et le harcèlement des agents envers les usagers des services publics qui n’ont d’autre choix que d’accepter de payer.

I.3.1.3.

La corruption non traitée par ce sujet

Il est important de noter qu’un certain nombre d’actes de corruption ne sont pas concernés par ce travail de mémoire seront la subornation publique, le népotisme, la fraude et l’appropriation de fonds publics. Ces actes ne concernent

25

KOSTANYAN Amalia « La corruption dans le Sud-Caucase » Le Courrier des pays de l'Est, 2003/2

n° 1032, p. 47-55

- 18 -

pas la majorité de la population26, concernent généralement des sommes d’argent par acte plus importantes27. Dans un souci de précision, la corruption publique dans son ensemble n’est pas traitée dans ce sujet. La mordida peut être soit un arrangement volontaire entre fonctionnaires et usagers du service public, ou de l’extorsion, mais d’autres types de corruptions sont aussi très présents au Mexique. Il faut noter l’existence de la corruption entre agents publics, élus et entreprises privées en ce qui concerne les appels d’offre au nom de l’Etat pour des services ou des biens dont il a besoin ; certaines entreprises feront appel à la corruption dans le but d’être choisies et mandatées par l’Etat pour un ou plusieurs contrats. Nous parlons en français de pots-de-vin et en anglais de kickback pour ce type d’arrangements, mais en espagnol nous distinguons ce soborno en le qualifiant de soborno en contratos públicos28. La dynamique est fondamentalement différente de la mordida : moins commune elle ne concerne pas la majorité des usagers directement (bien que la population soit affectée par ce manque de transparence).

Nous ne parlons pas non plus de

corruption envers, par exemple, les agents du fisc qui font un contrôle fiscal et qui accepteraient un pot-de-vin de la part d’un riche contribuable. Ne seront pas non plus concernés les actes de népotisme, c’est-à-dire le fait d’utiliser sa position pour engager ou faire engager famille et amis à des postes au sein de la fonction publique29, car cette corruption n’impliquent pas non plus directement les usagers ; et enfin ne sont pas concernés non plus les malversations et détournements de

26

Le détournement de fonds et la malversation ne fait pas appel aux usagers

27

Sauf concernant le népotisme, qui consiste à faire engager des amis ou de la famille pour des postes réels ou

des postes fantômes. 28

En espagnol, nous ne parlons pas de mordida entre les entreprises et les décideurs dans ce cas, mais bien de

soborno en contractos publicos. Les hispanophones précisent car soborno, que l’on traduit soit par subornation ou pot-de-vin, est le terme légal pour parler de la mordida. 29

Ces postes peuvent être des réels postes ou des postes fantômes, et le népotisme est une pratique courante

partout dans le monde, y compris en France ; on parle d’avoir un piston.

- 19 -

fonds, pourtant concernant des sommes d’argent de toutes tailles, elles n’impliquent pas non plus les usagers de tous les jours. Seule sera traitée, pour pouvoir être plus précis, la petite corruption quotidienne entre usagers, agents de guichet (avec ou sans guichet physique), pour des

sommes

d’argent

généralement

considérées

comme

étant

faibles

individuellement, qui affectent les usagers des services publics.

I.3.2.

Outil de communication autour de

la corruption : de l’analyse des politiques publiques aux communiqués gouvernementaux et internationaux L’analyse de la politique publique est l’outil permettant d’observer la communication autour du sujet le plus pertinent pour ce travail. En effet, tout comme le sujet lui-même, le travail à la croisée des disciplines. Les politiques publiques sont importantes pour l’étude de notre sujet puisqu’elles sont, de fait, composées d’actions stratégiques qui sont mises en places et menées par une ou plusieurs autorités publiques, dans le but de modifier à la baisse où à la hausse l’occurrence de phénomènes qui se manifestent dans la population. L’analyse des politiques publiques se situe au carrefour de savoirs déjà établis auxquels elle emprunte ses principaux concepts. En tant que science de l’action publique, elle est régulièrement présentée comme des méthodologies de révision pour les décideurs, plus que d’une discipline académique avec un corps de savoir théorique bien constitué. Cette analyse touche aussi forcement à la question du comment communiquer et comment analyser ces communications, en ce qui concerne le phénomène que l’on souhaite altérer : la mordida. Pour ce travail, nous parlerons de communication publique. Celle-ci consiste en un ensemble de phénomènes et d’actes qui produisent, qui traitent et qui diffusent des informations qui s’échangent entre les différentes parties prenantes, - 20 -

ce qui va mener à des débats et des échanges d’idées à propos d’enjeux considérés comme publics. La communication publique désigne à la fois la réalité et l’étude de la façon dont sont discutés les enjeux sociaux et animés les débats publics, ce qui rend le champ d’études particulièrement large. Certaines communications des organisations, ayant lieu dans l’espace public tel que défini par Habermas30, entrent dans ce milieu, mais pour ce travail, la communication publique générale sera prise en compte. En communication publique, les activités de communication ne sont pas envisagées pour elles-mêmes ou en tant qu’objet concret en se demandant en quoi elles consistent. Elles sont plutôt abordées en fonction d’une préoccupation formelle de recherche : en se demandant comment elles sont utilisées comme instruments pour tenter de faire prévaloir un point de vue dans l’espace public et comment elles concourent à la controverse sociale. Comme champ de recherche, la communication dans l’espace public est marquée par une très forte multidisciplinarité, et les enjeux autour de ces pratiques touchent tous les champs de recherche.

I.4. Questionnements des éléments en interaction L’étendue de la présence de la pratique de la mordida n’est pas anodine et les traitements médiatiques et objets communicationnels du sujet sont particulièrement pertinents à observer. Pourquoi est-ce que la pratique est perçue et considérée comme étant inévitable ? Quels leviers d’action sont à utiliser, s’il y en a ? Est-ce de la mordida telle qu’elle est comprise et vécue par la population est de la corruption telle qu’elle est considérée par les organisations et les autorités gouvernementales et

30

HABERMAS, Jürgen, « “L’espace public”, 30 ans après », Quaderni, vol. 18 / 1, 1992, p. 161–191.

- 21 -

internationales ? Quels sont les enjeux de la communication autour des sujets de la corruption et pourquoi la corruption est-elle un sujet si important à traiter ?

I.5. Question de recherche Suite à tous ces questionnements en ce qui concerne la corruption, la petite corruption, les politiques publiques et les communications qui y sont liées, une problématique bien particulière se dégage. Comment est-ce que les acteurs concernés, c’est à dire l’Etat, les institutions, les politiques et les usagers communiquent à propos de ce type de corruption en particulier et quelles sont les limites de ces efforts ? Tout d’abord en première partie ce travail se posera des questions concernant ce qu’est de manière plus précise la mordida. La seconde partie se concentrera sur l’analyse des politiques publiques et des communications publiques autour du sujet de la petite corruption. Enfin, la troisième partie traitera des réponses des citoyens et des disfonctionnements de terrain de ces actes de communication.

I.6. Hypothèses de recherche Les hypothèses de départ sur ce travail sont l’inadéquation des politiques publiques et des communications des organismes par rapport au sujet qui les préoccupe ; les communications ne s’attaquent pas à la corruption en l’ayant proprement définie, ni même en ayant différencié les différentes branches et les différentes pratiques. L’alternance politique qui a eu lieu en l’an 2000 aurait eu un impact fondamentalement positif dans les actes de corruption dans le pays.

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I. Première partie La mordida de nos jours : faits observés autour de la corruption quotidienne Sans aucun doute, avec le taux d’incidence le plus élevé des pays de l’OCDE, la corruption est particulièrement présente dans la société mexicaine, mais dans quelle mesure, comment et pourquoi ? Le but de cette partie est d’observer les situations actuelles autour de la pratique de la mordida sur les usagers et acteurs concernés. Tout d’abord nous travaillerons sur l’historique et définitions de la pratique de la mordida au Mexique (I.1) puis les échanges de liquidités au Mexique (I.2).

I.1. Historique et définitions de la pratique de la corruption quotidienne L’histoire de la pratique au Mexique est complexe, et pour pouvoir en observer les communications, développer plus profondément les définitions données en introduction. Tout d’abord, les origines historiques documentées seront observées afin de comprendre l’ancrage actuel de la pratique (I.1.1), puis nous nous interrogerons sur la pratique sous le point de vue anthropologique du don et du contre-don (I.1.2), afin de pouvoir prendre en compte l’ensemble de la corruption et de la diviser en plusieurs pratiques différenciées (I.1.3).

- 23 -

I.1.1.

Quelques origines historiques et la

place de la police de la corruption Les origines de l’extorsion au Mexique remontent à l’installation des conquistadores dans le pays. Les officiers achetaient le poste auprès du Roi d’Espagne et ils devaient extraire de la population et des terres leurs propres revenus, en un temps limité. Ce système a été maintenu suite à la guerre d’indépendance du Mexique (1810-1821), principalement dans le but de compenser un salaire insuffisant résultant de la faible pression fiscale du pays (et d’une capacité limitée à lever ces impôts). Ces origines sont importantes pour comprendre la présence et le poids de cette pratique sur tout le territoire mexicain. Le système de l’encomienda en est la preuve ; les espagnols, sous le règne de Charles Quint (qui avait interdit la pratique avant de l’accepter), ont mis en place ce système auprès des indigènes. L’encomienda31 consistait en un semi-servage et aux travaux forcés des indigènes. Cortez a donc assigné à son armée les différentes parcelles de terres et indigènes concernés dans le but d’établir un contrôle et une colonisation. Chaque encomendado, Espagnol assigné de la sorte, gérait ainsi son domaine et récoltait ainsi des taxes et impôts. Le manque de communications, l’absence de registres, ainsi que la taille considérable du territoire ont rendu les évasions et « petits arrangements entre voisins » faciles à mettre en place. Le vice-roi du Mexique a mis en place des alcabalas, c’est-à-dire des douanes internes ; les personnes traversant ces postes de douanes avec des marchandises se voyaient dans l’obligation de payer la taxe pour pouvoir continuer leur chemin. Sans surprise, un grand pourcentage de ces prélèvements n’était jamais payé et les douaniers gardaient pour eux les pots-de-vin. Ces pratiques ont perduré faute de pouvoir les empêcher, face aux grandes distances et aux autres occupations de l’Espagne lors de l’époque coloniale.

31

Détails sur l’encomienda : http://www.gabrielbernat.es/espana/esclavitud/html/encomienda.html

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Dans l’histoire plus récente du pays, surtout en ce qui concerne la police, l’historien Pablo Piccato revient sur les raisons de la méfiance et sur les pratiques de corruption de cette dernière32. Il y démontre que sur la durée, le nombre de crimes relevés diminue ; il y a moins d’inculpations formelles. Il y a donc eu de moins en moins de crimes au cours du XXème siècle. Pourtant la sphère publique parle de plus en plus des crimes et le sentiment d’insécurité augmentent. Piccato explique dans la première partie de son interview33 : « j’ai constaté que la "note rouge", c’est ainsi que l’on désigne les nouvelles de la police, critiquait l’État, dénonçait l’incapacité de la police, l’absence de lien entre les crimes et leur châtiment, et la routine de l’impunité – le fait que les tueurs, ces professionnels du crime, n’étaient jamais punis car ils jouissaient d’influences politiques. Ceci est très clair surtout à partir des années 1940. » Le questionnement à propos de la police ressort alors, pour tenter d’expliquer le paradoxe entre le fait qu’il y ait moins de crimes dénoncés et traités par le système judiciaire. C’est la principale préoccupation de la population civile et le premier point sensible entre l’Etat et cette dernière. Le problème vient de l’impunité et de la corruption. Pour Piccato, le principal problème vient de la valorisation du métier de policier : mal payé et non reconnu, le taux de turn-over était très élevé, sans possibilité de promotions internes. Cette mobilité a encouragé fortement les relations informelles des policiers avec les marges de la société. Il parle aussi de la mordida en ces termes : « [la] mordida était à la base d’un système dans lequel les agents travaillant dans la rue payaient à leur tour leurs chefs de délégation, qui payaient eux-mêmes l’inspecteur : une pyramide d’argent soutenue par les contraventions, mais aussi par les infractions commises par des vendeurs ambulants, par l’exploitation de prostituées, et d’autres affaires disons plus

32

PICCATO, Pablo, « Cutting a deal with the Mexican police », Books & ideas, [En ligne :

http://www.booksandideas.net/Cutting-a-deal-with-the-Mexican.html]. 33

Ibid. première vidéo.

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capitalisées, jouissant d’une indéniable protection policière depuis le début du siècle ». D’un autre côté, l’historien Lorenzo Meyer explique que le regain de visibilité de la corruption quotidienne a eu lieu suite au départ du PRI34. La mordida existait auparavant, mais elle n’était pas aussi visible de tous avant les élections de 2000, qui ont mis fin au règne de plus de soixante-dix ans du PRI au pouvoir. Il indique qu’« au Mexique, la nouvelle oligarchie issue des privatisations a asséché la capillarité sociale et la possibilité de promotion. Seul le trafic de drogues laisse une chance d’ascension aux pauvres. » Ainsi pour la population générale, et ce malgré l’alternance de 200035, les gens cherchent toujours un moyen de parvenir à vivre, quitte à prendre des chemins illicites lorsque les procédures légales et légitimes ne sont pas accessibles. La mordida apparait alors comme un chemin plausible pour traiter avec les officiers de police pour régler les soucis de la vie quotidienne en tant que conducteur et en cas de non-respect de certaines normes, comme par exemple dans les tianguis (les marchés, la vente en rue et tout ce qui est lié à la gestion des emplacements) la première activité tertiaire du pays36. La police est alors constituée non pas d’enquêteurs cherchant à résoudre des affaires, mais en recherche d’aveux. L’existence de différents corps de polices avec différents chefs et différentes logiques n’aide en rien à donner une direction efficace dans les missions qui leurs sont attribuées car elles sont non seulement en compétition, mais aussi cloisonnées et refusent le partage d’informations. Tous ces éléments mis ensemble rendent la population particulièrement méfiante de la police37, et donc en découle aussi une méfiance envers le système judiciaire dans

34

MEYER, Lorenzo : « La chute du PRI a entraîné l’indépendance des cartels de la drogue, qui étaient

contrôlés par la classe politique mexicaine », ouvrage « El Espejismo Democratico », Océano, 2007 35

Plus de détails dans la section I.2.2.2 de ce travail.

36

Institut national de statistiques du Mexique, www.inegi.org.mx

37

Voir Annexe 11

- 26 -

son ensemble38. Ainsi suite à ce passif, l’imaginaire et les œuvres littéraires comme celles Carlos Fuentes39 dénoncent ces pratiques de corruption au sein de la police qui sont non pas des facilitateurs de la vie civile mais bien des obstacles.

I.1.2.

La pratique du don et contre-don

dans les échanges informels d’argent La pratique du don, souvent étudié et réévalué, participe du système de l'échange en général. Allemand indique qu’il s’agit d’un échange indispensable autant à la vie politique que dans la vie sociale et aux échanges entre individus 40. Mauss, chercheur ayant observé et étudié le premier cette pratique en Polynésie, désignait aussi ces circulations de dons sans contrepartie immédiate et la qualifie d’échange généreux ; la condition principale pour que cette générosité s’exerce est que chacun s’y retrouve, avec une participation équitable des deux parties, sans pour autant que cette participation soit équivalente. En ce qui concerne les différentes pratiques de la mordida, le don et la pratique du don au Mexique intervient dans la prise de décision des agents et des usagers, pour créer une possibilité d’alliance comme dans le conflit, dans la relation de pouvoir et dans sa légitimation. La mordida est régulièrement considérée par les agents et par les usagers comme étant inévitable et endémique. Dans ces sociétés où la corruption est dite endémique41, comme au Mexique, les mécanismes socioculturels sont de portée

38

Voir Annexes 12 et 13

39

LA VANGUARDIA, « Carlos Fuentes: “Necesitamos policías sin escrúpulos para acabar con los

narcos” », [En ligne : http://www.lavanguardia.com/magazine/20110923/54219454180/carlos fuentes-necesitamos-policias-sin-escrupulos-para-acabar-con-los-narcos.html]. 40

ALLEMAND, Sylvain, « Entre l’intérêt et le don », Sciences Humaines, vol. 23, Décembre 1998.

41

THOMI, Ivan, « L’articulation morale de la petite corruption à la grande dans les discours

populaires grecs », Champ pénal/Penal field [En ligne], Vol. X | 2013 [En ligne : http://champpenal.revues.org/8472]

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plus large que dans les sociétés où cette pratique est réservée à un groupe spécifique de personnes (une sous-culture, un milieu en particulier). Il s’agit d’un levier que les usagers et fonctionnaires ont à leur disposition pour huiler les rouages de la bureaucratie du pays, pour gérer le manque de personnel et pour traiter les dossiers. La pratique de la mordida soulève donc des questions et relève des théories développées autour des questions de la politique du guichet, y compris lorsque le guichet physique n’existe pas entre les agents de l’Etat et les usagers des services publics concernés. Il faut analyser ces politiques du guichet en tant qu’actes de communication, et les travaux de Bierschenk et Olivier de Sardan dans leur ouvrage collectif42 explicitent comment les institutions sont formées par les personnes les composant. Ainsi les fonctionnaires utilisent des techniques propres afin de faire marcher les rouages de l’institution dont ils font partie ; nous le retrouvons dans toutes les pratiques des entreprises et des organisations sous le nom de « culture d’entreprise ». Les conditions d’exercice des fonctionnaires ne leur permettent pas d’appliquer les règles de manière stricte et ils se voient donc obligés de faire appel à des mécanismes dans le but de pouvoir répondre aux missions qui leur sont confiées. La mordida est donc l’un de ces mécanismes mis en place, autant pour gérer les flux des demandes et des missions mais aussi pour répondre au mieux aux demandes qui émanent de toutes parts. Au Mexique, nous retrouvons plusieurs des conditions qui favorisent la pratique, décrites par Olivier de Sardan en ce qui concerne certains pays d’Afrique43. Le pluralisme des référentiels moraux, la personnalisation des rapports, le coût supposé de l’intégrité, facilitent la mise en place de ces arrangements. Les raisons observées par Olivier de Sardan, c’est-à-dire d’un dû, la

42

BIERSCHENK, Thomas, and OLIVIER DE SARDAN, Jean-Pierre « States at Work: Dynamics of

African Bureaucracies » (Boston: Brill Academic Publishers, 2014) 43

OLIVIER DE SARDAN Jean-Pierre., 1996, L’économie morale de la corruption en Afrique, Politique

Africaine, 63, 97-116.

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bienséance, la pression sociale ou encore le mimétisme s’observent tout autant dans le contexte mexicain. La passation du petit billet (ou du gros billet) fait sens dans un contexte où la lettre de la loi est incertaine ou trop compliquée à suivre et où l’on peut observer une différence entre les coutumes familiales et géographiques sont différentes, mais aussi où la pauvreté mène beaucoup de gens au bricolage quotidien. L’aspect culturel et historique de la pratique de ces échanges d’argent donne lieu à plusieurs interprétations différenciées. Il s’agit de stratégies de contournement, mais en appuyant sur le sentiment d’obligation de rendre, les usagers faisant appel à la mordida s’attendent, peut-être pas ouvertement, à un retour de la part de l’agent.

I.1.3.

Un ensemble hétérogène de

pratiques Comme nous l’avons déjà vu, de manière générale, la mordida concerne une petite corruption généralement bureaucratique ou administrative et concerne principalement les policiers. Cependant, les représentations de ces pratiques les différencient selon les buts et les agents concernés. Plusieurs types de corruptions sont alors à voir et à considérer séparément, bien que toutes labélisées sous le terme de mordida. Je propose donc ici de faire une observation et une nomination des différents types de pratiques. Sous la dénomination mordida, nous retrouvons la gratification, qui est généralement une transaction considérée comme étant spontanée. Nous pouvons la comparer à une pratique semblable aux étrennes. Au Mexique, ces remerciements et gratifications sont légalement considérés comme de la corruption, mais peu observés et peu pris en compte lors des discours et des différentes communications parlant de la corruption. A l’inverse, lorsque l’on négocie avec l’agent pour qu’il ferme les yeux sur une infraction (ou une lourdeur administrative), on parle de commission. Celle-ci

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concerne une grande partie des mordidas faites dans le pays. Ces paiements négociés concernent principalement l’oubli d’infractions ou la demande de délais supplémentaires non justifiés (« repassez plus tard, pour me laisser plus de temps pour payer la facture », à l’agent du service électrique pour qu’il ne coupe pas l’électricité). Il s’agit d’une demande de faveur supplémentaire illégale ou immorale. Au Mexique, on peut appeler ces actes de la subornation ; le nom en espagnol est le soborno. Enfin, le péage ou le tribut, est l’une des mordidas les plus répandues, et contrairement aux premières qui se font par choix des deux parties concernées. Ici, nous parlons d’extorsion claire des agents envers les usagers, en menaçant et en détournant la loi en leur faveur. C’est le cas de policiers qui forcent des automobilistes à l’arrêt en prétextant un feu rouge ou un panneau stop, et les menacent de fourrière (et donc de lourdeurs administratives et de temps perdu)44. Ce sont ces mordidas qui sont les plus souvent dénoncées et décriées par la population et par les communications publiques sur le sujet de la corruption quotidienne, car en plus d’être illégales et immorales, ce sont des abus flagrants qui ne profitent à personne. Ces procédures concernent presque toutes des actes et demandes liées à l’automobile, que ce soit pour les procédures liées au changement de propriétaire, passer le contrôle technique, ou encore les trois procédures les plus sujettes à la corruption que nous avions déjà cité ; celles liées à la fourrière, les infractions et les parkings. Les quelques autres procédures concernées par de fort taux de corruption qui ne sont pas liées à l’automobile concernent l’utilisation des voies publiques et du sol45 (les tianguis), les contrôles non routiers (faire quelque chose à travers les douanes et autres frontières46) mais aussi la procédure pénale de manière générale,

44

Voir Annexe 17 ; il s’agit de la cause de mordida la plus courante, et c’est généralement aux infractions

routières auxquelles on pense lorsque l’on discute de paiements de pots-de-vin avec la population mexicaine. 45

Voir Annexe 1 ; procédures 23, 25 et 29

46

Voir Annexe 1 ; procédure 32

- 30 -

qui fait souvent appel à un pot-de-vin pour réussir à mener une procédure judiciaire47. Cet ensemble de pratiques ne rentre en jeu que lorsque l’on observe plusieurs facteurs présents simultanément. Sans ces éléments la mordida ne peut avoir lieu. Ces éléments complémentaires sont les prérogatives de l’agent concerné qui pourra les monnayer, un certain laxisme ou manque de contrôle de la part de l’administration de laquelle il dépend, et qui assure la logistique nécessaire pour mener à bien les détournements, et bien entendu, un usager client de l’administration qui cherche à obtenir un service, qu’il soit légal ou non.

I.2. Les échanges de liquidités au Mexique contre faveurs d’agents et facilités administratives Afin de pallier aux défauts des institutions mexicaines, les usagers se voient dans l’obligation de payer la mordida à l’agent sous payé et surchargé de travail dans le but d’obtenir un service satisfaisant. Tout d’abord il faut comprendre comment ce don d’argent liquide mène à des échanges de services et qu’il s’agit d’une pratique de bonne entente particulière au quotidien (I.2.1) puis observer le coût économique qu’à cette pratique sur la vie des ménages au jour le jour (I.2.2), et enfin de voir à quel point la pratique est considérée comme inévitable et ancrée dans le quotidien de la population (I.2.3)

47

Voir Annexe 1 ; procédures 26 et 30

- 31 -

I.2.1.

La mordida au quotidien en tant

qu’échange de services Afin de mieux comprendre la présence de ce phénomène, nous observerons d’abord un bref état de fait de cette pratique (I.2.1.1) puis nous verrons quelles mesures ont été mises en place pour lutter contre la corruption et la mordida en particulier (I.2.1.2).

I.2.1.1. La corruption quotidienne d’aujourd’hui omniprésente à chaque coin de rue

:

Bien qu’il y ait plusieurs types de corruption, que nous allons détailler cidessous, il s’agit bien du soborno, le pot-de-vin, qui fut le premier reconnu comme étant une violation de la loi48 dans l’histoire de l’humanité. Alors que la corruption est souvent observée et liée aux problèmes du trafic de drogues, le problème a des racines plus profondes encore. En ce qui concerne le Mexique, d’après Claudio Lomnitz-Adler, la corruption a été une force vivante dans la société depuis les temps coloniaux49. Il témoigne50, lorsqu’il s’est intéressé au sujet dans les années 1970, et explique que bien que tout le monde mentionne les potsde-vin et accable les fonctionnaires qui les prennent, ces mêmes personnes feraient la même chose s’ils étaient à la place des agents. De plus, les personnes interrogées se rendent bien compte que les finances municipales étaient au plus bas et que la

48

Archive Assyrienne datée de 3400 ans à propos d’employés acceptant des pots -de-vin :

« 3,400-year-old site unearthed », [En ligne : http://www.apnewsarchive.com/1997/3-400-Year-OldSite-Unearthed/id-c6bfc990dd2b0e3a9fa6ed220d2235ca] 49

LOMNITZ-ADLER, Claudio, Exits from the Labyrinth - Culture & Ideology in the Mexican National

Space, Édition : First Edition, Berkeley, University of California Press, 1993, 396 p. 50

HARMS, William, « Lomnitz: Understanding history of corruption in Mexico », [En ligne :

http://chronicle.uchicago.edu/951127/lomnitz.shtml].

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seule solution pour que les agents accomplissent leur fonctions impliquait forcément des contournements des normes. C’est ce scénario qu’est souvent observé dans la culture populaire, en ce qui concerne les employés de mairie, que ce soient dans les films, les parodies, les caricatures, et le vocabulaire utilisé. On le retrouve dans le film cité en introduction, « La Ley de Herodes », le maire se retrouve pris dans le système de la corruption alors que son but était d’amener l’électricité au village. Ainsi ces échanges illicites de faveurs et d’argent ont servi autant pour que les fonctionnaires mettent du beurre dans leurs épinards mais aussi pour mener à bien certaines politiques publiques51. Cette économie parallèle s’est développée avec des attentes et un vocabulaire donné : agir de manière régulière en suivant les normes formelles n’est pas dans le cadre du pensable pour la majorité de la population mexicaine qui apprend très vite ces ficelles informelles. L’histoire de cette corruption, principalement au sein des structures institutionnelles du pays, sont notées et explicités comme étant liée à l’identité de parti unique. Ces faits sont expliqués dans le « Que Sais-je ? » sur le Mexique en ces termes : « Ce régime de parti unique déguisé reposait sur le clientélisme, la corruption et l’émiettement des autres structures politiques, qui recueillaient un nombre réduit de voix lors d’élections plus ou moins truquées »52. La majorité de la petite corruption concerne les délits, cependant tous les actes et procédures administratives sont affectés. Ainsi, l’indice national de corruption et de bonne gouvernance (Índice Nacional de Corrupción y Buen Gobierno INCBG, soutenu par Transparencia Mexicana, la branche locale de Transparency

51

STOCKER, Frederick, Surveying Mexico’s Anti-Corruption Landscape, Policy Analysis, Août 2012,

Manufacturers Alliance for Productivity and Innovation (MAPI) : https://www.mapi.net/system/files/PA-110_0.pdf 52

MUSSET, Alain, Le Mexique, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2010, p. 109

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International53), indique que pour 100 procédures administratives, 10 ont dû faire appel ou impliquer la mordida54. Par exemple, pour l’inscription dans les programmes d’assistance sociale, il faut verser un petit quelque chose au fonctionnaire dans un cas sur vingt. Ces chiffres ont régulièrement augmenté dans l’ensemble, sur les dernières années, et ce malgré l’alternance politique de l’an 2000. Certains actes ont vu leur incidence diminuer De même, certains Etats fédérés présentent des résultats plus encourageants alors que d’autres ont leurs résultats qui empirent. Les raisons de ces différences puisent sont à trouver dans le contexte économique et social des différentes localités, mais aussi dans l’actualité. Lorsque l’on observe certaines coutumes, le fait de donner de l’argent liquide à des fonctionnaires en remerciement ou en échange de services rendus est un acte récurrent dans plusieurs pays55. Cependant la plupart du temps ce don n’a pas pour vocation de faire accélérer la procédure administrative normale, ni d’accéder à un service ou à une prestation pour lesquels l’usager n’est normalement pas éligible, mais bien une sorte de remerciement ou de pourboire56. En France, pourtant, la pratique des étrennes a parfois posé problème en ce qui concerne les attentes des usagers les donnant et c’est pourquoi certaines communes les ont interdites57. Au Mexique, ne pas donner d’argent aux éboueurs, pourtant salariés de la ville, mène

53

Site de la fonction publique mexicaine avec les rapports de l’INCBG :

http://www.funcionpublica.gob.mx/index.php/transparencia/transparencia-focalizada/indicesanticorrupcion.html#11 54

« En 10.3 de cada 100 ocasiones en que se realizó un trámite o accedió a un servicio público, los

hogares pagaron “mordida” » communiqué de presse de Transparencia Mexicana, 10 mai 2011, http://www.tm.org.mx/wp-content/uploads/2012/07/COMUNICADO_INCBG_2010.pdf 55

GERDEMAN, D. “Are you paying a tip or a bribe?” http://hbswk.hbs.edu/item/7090.html

56

“The Connection Between Tipping and Corruption (and Tribalism)”

http://staffanspersonalityblog.wordpress.com/2013/05/17/the-connection-between-tipping-andcorruption-and-tribalism/ 57

Les étrennes interdites à Paris : http://www.paris.fr/accueil/actualites-municipales/etrennes-de-

fin-d-annee-quete-et-vente-de-calendriers-interdites/rub_9656_actu_91816_port_23785

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régulièrement à des soucis lors de la collecte des ordures58 (le camion refusant de prendre les ordures des foyers qui n’ont pas payé la mordida ou qui n’ont pas assez donné lors des étrennes). Pourtant ce n’est pas parce que la mordida et la corruption ont toujours été très présentes dans le pays que les gouvernements et institutions n’ont pas tenté de mettre en place des politiques publiques de lutte contre ces phénomènes, parfois avec l’aide des institutions internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale. Pour Magnouloux59, il s’agit de « speed money » dont le but est d’accélérer le processus de décision, et Huntington y applique le laissez-faire libéral, alors que cette « huile dans les rouages » d’économies sous-développées permet d’équilibrer le marché et les transactions parfois trop rigides. Cependant bien que la corruption quotidienne permette une meilleure circulation d’argent liquide, encourage la consommation, ce qui revitalise de manière éphémère la croissance du pays, les conséquences sur la société ne sont pas négligeables, c’est pourquoi la corruption est généralement considérée comme étant quelque chose de néfaste et que plusieurs politiques publiques ont été mises en place.

I.2.1.2.

Les politiques publiques de lutte contre

la corruption Afin de comprendre l’impact et la présence de la corruption, il faut aussi comprendre et observer ce que l’état et les institutions internationales mettent en place comme programmes de lutte. Les programmes de lutte se sont tout d’abord attaqués à la corruption aux frontières du pays, principalement causées par les cartels et trafics de drogue et d’êtres humains. Les Etats du nord du pays sont les premiers visés de par la

58

Beaucoup de témoignages et de dénonciations de ces prati ques existent. En voici une :

http://ciudadanosenred.com.mx/envozalta/tema/camion-recolector-de-basura-se-niega-a-trabajar/ 59

MAGNOULOUX, Hervé : « La corruption » Centre de Recherche en Ethique Economique et des

Affaires et Déontologie Professionnelle, librairie de l'université d'Aix en Provence, éd 2005, p. 56.

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frontière commune avec les Etats-Unis. Il s’agissait aussi d’une lutte économique : les « maquiladoras »60, ces usines dans les villes jumelles qui font le travail manuel sur certains produits, du côté mexicain de la frontière, pour être réexportés aux Etats-Unis. Pour le président de 2003 de Transparencia Internacional, Peter Eigen, les réformes entreprises par le Mexique concernant ses programmes de lutte anticorruption, sont un premier pas. Les réformes à entreprendre se doivent d’être inscrites dans le long terme. Guillermo Haro Bélchez, membre du CLAD (Centro Latinoamericano De Administracion Para El Desarrollo, c’est-à-dire le centre latinoaméricain d’administration du développement), soit rajoute même qu’il s’agit d’un effort non pas individuel mais bien public, administratif, institutionnel. Plusieurs rapports font état de l’avancée du pays en ce qui concerne les mesures de lutte anti-corruption, comme par exemple le rapport publié par la 21ème réunion du comité d’experts du mécanisme de suivi de la convention interaméricaine contre la corruption61. Ce rapport précisément, daté du mois de mars 2010 traitant des actions réalisées par le Mexique en matière de lutte anticorruption62, analyse les avancées en ce qui concerne l’implantation des réglementations. Nous observons donc avec ce type de rapports que les programmes de lutte anticorruption sont traités et observés comme des politiques publiques, dont les résultats ne sont créés que selon les approches liées aux aléas des systèmes d’évaluation de la politique ou de l’action publique.

60

« A Tijuana, la mauvaise fortune des maquiladoras » 2009 : http://www.monde-

diplomatique.fr/2009/11/VIGNA/18379 61

“Acta De La Vigésima Primera Reunión Del Comité De Expertos Del Mecanismo De Seguimiento De

La Implementación De La Convención Interamericana Contra La Corrupción”, www.oas.org/juridico/docs/XXI_acta.doc 62

Rapport complet : http://www.oas.org/juridico/english/mec_avance_mexXVI.pdf

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Le programme de lutte anticorruption du gouvernement Mexicain63 contient plusieurs propositions et caractéristiques intéressantes à analyser pour en comprendre la portée. Le but de ce programme se tient en quelques points64. Ces points sont entre autres : -

éviter l’utilisation des ressources publiques et programmes sociaux à des fins personnelles ou électoralistes ;

-

mettre en place plus de transparence et favoriser la légalité des actions menées par la fonction publique ;

-

prévenir et punir les comportements contraires aux normes, à l’éthique ou encore à l’intégrité du service.

Cette proposition officielle, tout comme celles des années précédentes, reconnait principalement l’importance des salaires et de la stabilité de l’emploi des fonctionnaires de l’administration publique. Ainsi il est considéré que des salaires bas et un faible niveau de qualification facilitent le recours à la corruption ou l’acceptation de pots-de-vin par les fonctionnaires concernés. Ces deux facteurs sont aussi indicatifs de qualité du travail accompli. Cependant les employés les plus rémunérés sont aussi sujets à la corruption et donc le niveau de salaire n’est pas le seul indicatif. C’est pourquoi un choix pertinent d’employés doit se faire lors du recrutement des fonctionnaires. Plus que le salaire des individus, leur éducation éthique et morale, la peur du gendarme et la satisfaction générale de l’employé sont des facteurs plus importants pour éviter le recours aux pots-de-vin et à la mordida65.

63

Secretaria de Desarrollo Social, « Guía Anticorrupción » 2014,

http://www.semarnat.gob.mx/sites/default/files/documentos/guia_anticorrupcion_2014.pdf 64

Ibid. page 8

65

WORLD BANK, « Improving Governance and Controlling Corruption: Towards a par ticipatory and

action-oriented approach grounded on empirical rigor », [En ligne : http://go.worldbank.org/6NIZ653OU1].

- 37 -

La Banque Mondiale66 met en lumière des points particulièrement importants qui consistent à travailler sur les facteurs internes et externes et à proposer de différentes stratégies de réformes pour les services publiques. Plusieurs de ces réformes proposées concernent les structures mêmes des institutions de service public. La décentralisation et la privatisation sont des solutions préconisées par la BM, en plus de réformes internes précédemment citées concernant une rémunération plus adéquate et des conditions de travail créant satisfaction dans le poste. Les politiques publiques de lutte anticorruption sont l’une des étapes clef pour essayer d’enrayer le phénomène, pourtant la population ne considère pas que les politiques en cours soient efficaces et améliorent le quotidien des ménages. Le Mexique est d’ailleurs le pays avec le taux le plus élevé d’opinion concernant le fait qu’aucune politique publique n’a amélioré le quotidien des habitants.

I.2.2.

Les ménages : enlisement

économique et pouvoir d’achat attaqué Le coût de la mordida représente selon les études de l’INCBG, une part de revenu importante pour les ménages. Ainsi, le rapport de 2010 de cette étude de l’INCBG67 montre que les paiements illicites ont couté en moyenne 14% du revenu des Mexicains. Cependant ce montant s’élève à près de 33% des revenus des familles les plus démunies. Dans d’autres pays, les ménages dont le revenu est supérieur au revenu médian du pays ayant déclaré avoir payé des pots-de-vin sont plus nombreux que les ménages dont le revenu est inférieur au revenu médian. Pourtant, au Mexique,

66

Ibid, voir article de SHAND, D et SOHAIL, S. « The Role of Civil Service Reform in Combating

Corruption » p107 67

Rapport de l’INCBG de 2010, p.6 : http://www.tm.org.mx/wp-content/uploads/2013/05/01-

INCBG-2010-Informe-Ejecutivo1.pdf

- 38 -

l’effet de la mordida et de la petite corruption a un effet régressif important sur le pouvoir

d’achat

des

ménages68.

Les

populations

se

retrouvent

donc

économiquement déclassés, forcés de budgétiser leurs revenus pour pouvoir avoir accès aux services dans des délais raisonnables. Ils ne peuvent ni épargner ni investir, ce qui bloque leur ascension sociale, inter ou intragénérationnelle. Ceci affecte forcément la capacité des enfants de ces ménages déclassés d’obtenir un meilleur statut social que leurs parents. Le Mexique est de plus en plus inégal dans son accès à l’éducation, ainsi seuls 1% des indigènes ayant entrepris des études primaires ont pu accéder aux études supérieures69. Les ménages les plus pauvres, payant une part très importante de leurs revenus en mordidas se voient confrontés à une ascension sociale particulièrement limitée, ce qui les enlise et les maintient dans la pauvreté. D’après le FMI, à travers ses rapports des affaires fiscales, la corruption sous toutes ses formes, y compris et surtout à travers la petite corruption, accroit les inégalités de revenus et la pauvreté. Pour Michael Johnston, les liens entre la pauvreté et la corruption ont des effets notables sur les individus et les entreprises. Les alternatives économiques à la corruption sont peu nombreuses et la confiance est difficile à obtenir dans les sociétés corrompues70. Les gains de rapidité et « arrangements » ne s’appliquent pas pour les classes les plus défavorisées : elles se retrouvent privées du choix, car elles ont besoin d’accéder aux services de l’État, et ne peuvent le faire avec les délais acceptables et attendus de par leur position. Sans choix et sans concurrence, la mordida pour que le dossier soit bien placé est de fait une extorsion et non plus un simple soborno (pot-

68

Global Corruption Barometer, 2013, par Transparency International

69

Croissance des inégalités dans l’accès à l’éducation http://contralinea.info/archivo-

revista/index.php/2010/02/28/educacion-en-mexico-cada-vez-mas-pobre-y-desigual/ 70

La pauvreté et la corruption (anglais) Michael Johnston :

http://www.forbes.com/2009/01/22/corruption-poverty-development-biz-corruption09cx_mj_0122johnston.html

- 39 -

de-vin). C’est pourquoi le jugement des organisations internationales telles que le FMI71 ou la Banque Mondiale en ce qui concerne le rôle de la mordida auprès des foyers classiques est valide : de fait, la corruption quotidienne et les paiements illicites envers les agents de l’état corrompus sont un poids indéniable pour les ménages du pays et ceci est particulièrement visible sur les ménages les plus précaires du pays. L’ascension sociale des ménages se voit donc empêchée par le paiement de la mordida. Les ménages sont donc soumis à plafond de verre au mieux, ou à une descension sociale au pire, selon la part de leurs revenus qui est avalée par ces dépenses. Mais quid des fonctionnaires bénéficiant de cet argent supplémentaire ? Les gains monétaires constitués par ces agents qui touchent la mordida leur permet de consommer et d’épargner plus facilement, participant à la vie économique du pays de manière plus fluide et en compensant leurs salaires très bas. Mais ces gains, bien qu’ils permettent une consommation plus importante de biens et services, servent aussi à reverser les mordidas nécessaires au fonctionnement du ménage du fonctionnaire ayant reçu la mordida. En effet l’agent de la mairie en charge des permis de construire ayant reçu des pots-de-vin pour appuyer certains dossiers reversera certainement tout ou partie de ses gains à ses propres démarches et procédures administratives. Il s’agit donc pour les agents de l’Etat d’une opération qui est économiquement neutre dans le meilleur des cas.

71

« Does Corruption Affect Income Inequality and Poverty ? » Fiscal Affairs Department of the IMF,

Working Paper, 1998 http://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/wp9876.pdf

- 40 -

I.2.3.

La mordida et sa perception

comme étant inévitable voire nécessaire. Ce

qui

est

nécessaire

concerne

les

éléments

indispensables

au

développement. Quand on définit la mordida à travers la corruption, on y impute forcément une connotation négative et illégale. Tout comme il est courant de payer des étrennes en France, pour une partie des usagers mexicains, payer la mordida, cela va de soi, même si des voix s’élèvent contre cette pratique72. Payer l’amende au policier, que ce soit « au policier » ou « à l’Etat » revient strictement au même, l’attente, les formulaires et la fourrière en moins. Le degré de confiance dans les services de police est d’ailleurs particulièrement bas au Mexique, en comparaison avec la confiance accordée par les Brésiliens et les Vénézuéliens envers leur propre police73. La corruption est considérée comme un état de fait pour la population qui admet que l’état et les institutions ne peuvent pas vraiment agit contre le phénomène, et ce même si la population considère que la corruption n’est pas le problème le plus important du pays74. A titre d’exemple, nous allons observer les trois « services » ou « procédures » (trámites) les plus affectés par la mordida, tels que décrits dans le rapport de l’INCBG de 201075. Ces trois services sont, en ordre croissant par taux d’obtention avec mordida, « éviter qu’un agent emmène votre voiture à la fourrière/sortir la véhicule de la fourrière », « stationner sur des lieux de la voie publique contrôlés par des personnes qui se

72

Le Pape François est l’une de ces voix, il condamne ouvertement la pratique de la mordida :

http://www.excelsior.com.mx/global/2013/11/09/927624 73

Voir Annexe 3

74

Voir Annexe 8

75

Rapport de l’INCBG de 2010 : http://www.tm.org.mx/wp-content/uploads/2013/05/01-INCBG-

2010-Informe-Ejecutivo1.pdf

- 41 -

les approprient » et « éviter d’être arrêté ou verbalisé par un agent de la circulation » 76. Entre 59% (pour la fourrière) et 68% (pour les agents de la circulation) de ces trois procédures n’ont pu être réalisées qu’avec une mordida, et deux d’entre-elles concernent des fonctionnaires. Il s’agit donc d’un élément indispensable pour la population pour mener à bien bon nombre de procédures journalières face à des fonctionnaires donnés : les policiers. La mordida, inévitable77, occupe donc une place particulièrement importante ; si elle empêche l’ascension sociale des ménages, et prend une part non négligeable du PIB du pays, il y a un nombre assez important de fonctionnaires qui bénéficie de cet argent supplémentaire. Elle a même souvent été considérée comme étant inévitable à échelle plus grande, pour les sociétés dites « en transition ». Scott en parle comme étant un « mal nécessaire »78. De plus dans un système fortement bureaucratisé, la corruption et les billets de la main à la main permettent d’huiler les engrenages de l’économie. Dans leur ouvrage, « A qui profite la cocaïne », Sauloy et Le Bonniec expriment l’idée que « les trafiquants de drogue, les policiers corrompus et les banquiers se livrant au blanchiment maintiennent en vie le système monétaire »79. Selon eux, la corruption est un carburant indispensable à l’économie, et sa disparition aurait des conséquences non mesurées. Les théories libérales poussées à l’extrême mettent parfois en avant les bienfaits de la corruption, facilitant croissance et emploi. Ceci

76

Ibid. page 11 ; ce tableau est recopié en Annexe 1, il s’agit des procédures 33, 34 et 35 du tableau.

77

Voir Annexe 8 et Annexe 9; la population admet que la corruption est un problème à traiter, et que

c’est un souci de premier ordre, cependant elle ne considère pas que l’Etat puisse traiter le problème. La corruption est loin derrière les problèmes de santé ou de délinquance en ce qui concerne les préoccupations de la population. 78

SCOTT, J., « Comparative Political Corruption », Prentice Hall, 1972

79

SAULOY, Mylène et LE BONNIEC, Yves, À qui profite la cocaïne?, CALMANN LEVY ., Paris,

Calmann-Lévy, 1994, 408 p.

- 42 -

est particulièrement important pour les pays en voie de développement, créant de l’argent rapide et assouplissant les prises de décisions et de consommation, ce qui ensuite permet des ajustements plus souples par les agents. Il faut aussi bien noter, comme l’indiquent régulièrement les différents journaux du pays, que «l’abondance de pratiques et de cas concrets de corruption révèle des causes profondes et structurelles, peu souvent considérées malgré leur importance»80.

Conclusions de la première partie Cette partie a mis en avant les différents facteurs qui expliquent l’existence de la mordida au Mexique. Nous avons pu avoir un survol de l’histoire de la pratique de la corruption institutionnelle entre usagers et agents de l’Etat, en tant qu’import de la colonisation et de la gestion de la couronne d’Espagne. Nous avons aussi explicité la pluralité de la pratique de la petite corruption quotidienne, d’un point de vue culturel et anthropologique. Enfin, l’inévitabilité et la forte présence de ces pratiques les ont rendu inévitables, tellement que la population l’a intégré dans la vie quotidienne, sans même le considérer comme un problème qui ne disparaitra jamais. En l’absence de cheminement légitime accessible, la mordida est le seul moyen que la population a d’obtenir accès à un service de qualité, ou au moins de ne pas faire face à une bureaucratie et à un manque de volonté des agents sous-payés. Cette mordida a un réel coût sur les ménages, et surtout sur les plus démunis qui se retrouvent enlisés dans la pauvreté.

80

PÉREZ ROCHA, Manuel, « Reforma educativa y corrupción », [En ligne :

http://www.jornada.unam.mx/2013/10/03/opinion/024a2pol].

- 43 -

II.

Deuxième partie -

Le contexte des communications publiques autour de la corruption quotidienne au Mexique La communication sur des sujets tels que la corruption, la criminalité ou le terrorisme n’est pas en option. C’est obligatoire pour les institutions, les organisations, mais aussi les différentes parties prenantes sur ces actes. Tout d’abord nous observerons un état de l’art des actes de communications sous l’angle des analyses des politiques publiques (II.1) puis enfin nous observerons de manière étendue les actes de communication faits par les différentes parties prenantes (II.2).

II.1.

Le rôle de la

communication autour de la corruption : analyse des politiques publiques L’importance de la communication ressort lorsque l’on réfléchit aux enjeux des analyses des politiques publiques. Une politique publique fera appel à la communication publique dès sa naissance, puisque c’est par la communication que celle-ci sera éventuellement considérée comme étant digne d’être mise à l’agenda des gouvernements en place dans le but de s’attaquer au problème selon les enjeux des différentes parties prenantes concernées de près ou de loin par le sujet. - 44 -

Pour observer l’importance de ces communications, il faut observer d’abord la pression des communications sur le sujet depuis l’étranger et les organismes et observateurs internationaux (II.1.1), puis d’analyser l’importance et les outils de mise en place des différentes actions publiques au Mexique (II.1.2).

II.1.1.

La pression internationale à

travers les communications et avis des observateurs internationaux sur la pratique Pour les observateurs de l’OCDE et le PNUD, les actes et faits de corruption, y compris ceux de la mordida, sont inscrite à l’agenda politique puisqu’il s’agit d’un problème qui est généralement perçu comme ayant une place légitime dans le débat public et demande l’intervention des autorités. Cette considération est l’agglomérat de souhaits variés de plusieurs agents aux objectifs différenciés, ce qui rend l’application d’une politique publique compliquée. Les actes de communication autour de ces politiques publiques Pour la mise en place des politiques publiques, les actes de communication ont pour but d’informer autant que possible les personnes qui sont des parties prenantes dans le système. Dans le cas de la petite corruption quotidienne, il s’agit de s’adresser au public au général. Ces actes de communication se doivent d’aider à associer des valeurs aux pratiques que font les personnes concernées. Les organismes se doivent de disséminer leurs messages pour rechercher l’adhésion du public ciblé s’ils souhaitent affecter et encourager la lutte contre la corruption. Ainsi, en ce qui concerne la pratique de la mordida, la communication cherche avant tout à imprégner dans la population le fait que celle-ci est, de fait, de la corruption, malgré les justifications et les usages de la pratique. Les politiques publiques traitant de la corruption s’axent autour de deux grands axes, l’axe de la prévention et l’axe de la répression. L’axe de la prévention est certainement le plus important mais aussi le plus complexe à mettre en œuvre car cette politique

- 45 -

publique touche plusieurs champs d’action : l’éducation des enfants, les incitations, et les luttes contre le fatalisme des populations, usagers et corrompus eux-mêmes. De fait, la corruption est banalisée. Pour la population, les entrepreneurs, les agents de l’Etat, les pratiques de corruption sont considérée non seulement avec fatalisme, mais jusqu’à la considérer comme partie intégrante de la culture du pays. Au même titre qu’en Allemagne la plupart des transactions financières se font en argent liquide81, ou aux Etats-Unis l’acte de donner un pourboire est indispensable car les serveurs ont un salaire minimum dérisoire82, au Mexique l’acte de donner un billet à un agent est tout à fait commun. Les décisions publiques et les règles officielles concernant les marchés, les taxes, la marche à suivre pour les procédures administratives se négocient au Mexique, et d’un autre côté certains droits que l’on souhaite exercer ou obtenir certains papiers administratifs dans des délais raisonnables se monnaient tout autant. La pratique de la mordida est un fait observable facilement, à travers les différents comportements et attitudes des personnes concernés. Les organismes internationaux cherchent donc à communiquer de manière globale contre les symptômes de la corruption, sans différencier les pratiques des unes des autres83. L’action publique est l’outil principal que ces organismes mettent en avant pour endiguer les pratiques de corruption dans leur ensemble, sans les spécifier ni différencier les pratiques coutumières, suivi de près par la volonté de ces organismes de mener le public général à avoir une prise de conscience et à ne plus considérer ces pratiques comme étant culturellement immuables.

81

Etude de la Deutsche Bundesbank sur les utilisations des moyens de paiement en Allemagne en 2011 : le

paiement en argent liquide est la règle. https://www.bundesbank.de/Redaktion/EN/Downloads/Publications/Bulletins_and_surveys/payment_b ehaviour_in_germany_in_2011.pdf?__blob=publicationFile 82

Aux Etats-Unis le salaire minimum fédéral pour les serveurs est de 2,13 dollars par heure. Tipping is not

optional : http://money.cnn.com/2003/05/15/commentary/everyday/sahadi/index.htm 83

Toute la terminologie que l’on retrouve dans ces papiers parle de « corruption » sans pour autant

différencier les pratiques et les approches des usagers face à ces pratiques.

- 46 -

Le message passe auprès de la population générale : ainsi, en parlant de manière globale et en sondant la population de plusieurs pays, y compris au Mexique, la « corruption » est considérée comme étant quelque chose de néfaste et de négatif84. Cependant lorsque l’on reformule la question et l’on demande quels sont les problèmes principaux du pays, au Mexique, la corruption n’est pas le problème principal85.

II.1.2.

L’analyse des politiques publiques

et sa réception par la population dans son contexte politique Les politiques publiques mexicaines du gouvernement mexicain concernant la lutte contre la corruption sont très fragmentées. De fait, les campagnes anticorruption, les commissions, les organismes d’étiques, les conférences diverses et variées, la création d’une mille-feuille législatif et autres vont avoir des effets fragmentés et limités. Les politiques publiques se définissent généralement du point de vue de la décision du gouvernement, de manière à ce que celui-ci donne des réponses et des solutions aux problèmes qui surgissent dans la société. La corruption est l’un des problèmes mis à l’agenda et elle est considérée comme étant l’un des grands enjeux du pays. Pour répondre à ces problèmes, le gouvernement met donc en place des politiques publiques qu’il juge adéquats. Ces politiques publiques incluent un volet communication et transparence de par les accords signés par le pays, suite aux conférences et conventions passés avec les organismes internationaux tels que la Banque Mondiale et le FMI86. La communication autour de ces sujets, c’est-à-dire la communication publique, relève de l’analyse des politiques publiques de manière à

84

Voir Annexe 8

85

Voir Annexe 9

86

Ceci sera développé dans la partie II.2.

- 47 -

ce que le gouvernement entre dans un système de vérification et d’ajustements des politiques menées. Beaucoup d’énergie, d’efforts et de moyens sont mis en œuvre par les différentes parties prenantes pour lutter contre un aspect spécifique, mais les résultats restent limités car la mise en œuvre de ces décisions n’est pas efficiente. Souvent, les politiques publiques concernées sont en fait des expédients politiques qui sont des réponses à des pressions forces localisées et dues aux contextes et au gré des actualités. La population réagit de manière diverse aux différents actes de communications présentés, mais de manière générale, le contexte politique, qu’il soit local, régional ou national, décourage fortement la confiance et la réception des messages du gouvernement face à des politiques publiques. La défiance fait suite aux mouvements politiques du pays des trente dernières années. Nous observons aussi qu’au Mexique, le succès des politiques publiques est très limité, sauf en ce qui concerne les actions prises en faveur de la santé publique et pour l’éducation et la scolarisation des enfants87. Le Mexique est l’un des seuls pays où la population répond de manière significative « aucune » concernant l’amélioration de la vie quotidienne des personnes grâce aux politiques publiques88. Le PRI89 a été au pouvoir pendant près de soixante-dix ans avant que l’alternance électorale n’ait lieu en 2000, lorsque Vincente Fox, candidat du PAN, a été élu. Le PAN est resté aux affaires jusqu’en 2012, lorsque le candidat du PRI, Enrique Peña Nieto, a gagné l’élection présidentielle et les majorités aux deux chambres. Cette alternance inédite au niveau fédéral du pays a pu permettre une approche différente dans le but de mettre en place des politiques de luttes

87

Voir Annexe 2.

88

Confirmé par le Latinobarometro déjà cité [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp] et par les

expériences personnelles. 89

Parti Révolutionnaire Institutionnel, anciennement Parti National d e la Révolution.

- 48 -

anticorruption que nous avons déjà étudiés90. Les gouvernements successifs de l’alternance ont annoncé et/ou tenté de nouvelles approches de lutte contre la corruption. A partir de l’an 2000, avec les différents mouvements civils et l’apparition des réseaux sociaux et des nouvelles technologies, la corruption a non seulement diminué mais elle a pu être aussi plus être filmée. En 2000, suite à la première alternance politique de l’histoire récente du pays avec l’élection de Vincente Fox, les faits de corruption ont pu diminuer, à cause de la création d’incertitude électorale (et du chantage et pressions possibles par les opposants qui peuvent effectivement gagner les élections). Le degré de confiance dans les partis politiques, les gouvernements et les branches du pouvoir s’en voit d’ailleurs très amoindri91 et ce malgré les discussions concernant la transparence et la bonne gouvernance du pays. Les mexicains considèrent alors que la corruption, de manière générale, est un problème, mais c’est un problème de grande échelle ; la mordida est un acte quotidien à faire, sans gravité et sans impact. Cette alternance inédite du pays a pu permettre une approche différente des luttes contre la corruption. Les gouvernements successifs de l’alternance ont tenté des approches de lutte contre la corruption différentes, ou au moins ils les ont annoncées, et chaque parti annonce sa volonté de travailler contre ce qu’il considère être un fléau. Une baisse de la perception de la corruption a pu être observée à partir de l’an 2000 pour plusieurs raisons : l’alternance étant officiellement possible, les hommes et partis politiques ont commencé à douter de la pertinence des abus qu’ils commettaient auparavant, de peur de ne pas être réélus ou de subit du chantage de la part de l’opposition92. Malheureusement cette baisse de la corruption ne concernant que le monde politique marginalement et n’a été observée que durant les premiers mois suivant l’alternance de l’année 2000. La corruption administrative

90

Voir 1 ère partie, I.2.1.2 « les politiques publiques de lutte contre la corruption ».

91

Voir Annexe 4, 5, 6 et 7

92

HIERRO BERRONDO, Diana, « La estrategia de combate a la corrupción en México », 2002, [En

Ligne : http://www.revistaprobidad.info/017/014.html]

- 49 -

n’a pas été affectée par l’alternance démocratique du pays93 et c’est pourquoi, suite à l’inexpérience du PAN en tant que parti au pouvoir, le PRI a pu obtenir à nouveau la majorité et la présidence94. Avec des systèmes de contrôle défaillants, les normes que l’on trouve dans les administrations publiques sont peu respectées que ce soit au sein de celles-ci ou avec les personnes extérieures95. La confiance de la population envers les partis politiques et dans le système administratif est fortement amoindrie96, surtout lorsque la population considère à près de soixante-quinze pour cent que l’Etat a les moyens de lutter contre les problèmes de société mais ne le fait pas97. Pourtant ces personnes interrogées (à 62%) ne considèrent pas que la corruption en tant que telle es le problème principal du pays, ni même que l’Etat puisse traiter ce problème98. Il s’agit du taux le plus élevé d’Amérique Latine en ce qui concerne le jugement de la population à lutter contre la pratique de la corruption, mais aussi le pays où le moins de personnes considèrent que la corruption est une grande partie du problème (sinon tout le problème). La confiance dans les actions publiques du gouvernement en ce qui concerne la lutte contre la corruption est donc particulièrement faible 99. Nous observons ainsi qu’au Mexique, le succès des politiques publiques est très limité, sauf en ce qui

93

Rapport RAND “Mitigating Corruption in Government Security Forces: The Role of Institutions,

Incentives, and Personnel Management in Mexico”, 2011, [En ligne : http://www.dtic.mil/cgibin/GetTRDoc?Location=U2&doc=GetTRDoc.pdf&AD=ADA549079 ] 94

VOLPI, Jorge, « La estrategia del camaleón », [En ligne :

http://noticias.terra.com.mx/mexico/politica/jorge-volpi-la-estrategia-delcamaleon,8001e3265d448310VgnVCM4000009bcceb0aRCRD.html] 95

MORRIS, Stephen D., « Corruption and the Mexican political system: Continuity and change », Third

World Quarterly, vol. 20 / 3, juin 1999, p. 623‑643. 96

Voir Annexe 2

97

Voir Annexe 10

98

Voir Annexe 8

99

Voir Annexe 2

- 50 -

concerne les actions prises en faveur de la santé publique et pour l’éducation et la scolarisation des enfants100. Le Mexique est l’un des seuls pays où la population répond de manière significative « aucune » concernant l’amélioration de la vie quotidienne des personnes grâce aux politiques publiques101. Nous observons de plus le biais des sondages et des questions qui sont posées. En réponse ouverte (« quel est le problème ? »), la corruption est peu citée spontanément. Néamoins, lorsque l’on interroge la population concernant la corruption, elle est rapidement considérée comme un problème très important, mais que l’Etat ne peut le régler. C’est donc un problème tellement ancré et tellement évident, qui va de soi pour la population, que ce n’est même pas la peine de le citer lorsqu’on demande une liste de problèmes.

II.2.

Communications et

politiques publiques contemporaines Les

différents

groupements

mettent

en

avant

des

moyens

de

communications mettant en avant les enjeux que ces groupements approchent de manière unique. Ces groupements sont d’un côté les organismes internationaux qui ont déjà été cités précédemment, ainsi que les groupements privés (II.2.1), et de l’autre côté, du gouvernement, des partis politiques et parlementaires (II.2.2).

100

Voir Annexe 2.

101

Confirmé par le Latinobarometro déjà cité [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp] et par les

expériences personnelles.

- 51 -

II.2.1.

La voix des organismes

indépendants et des groupements internationaux Plusieurs groupements indépendants, qu’ils soient de la société civile ou des branches des organismes internationaux tels que le FMI ou la Banque Mondiale, s’intéressent au sujet de la corruption publique. Ces groupements s’expriment dans le but de faire front commun aux différentes pratiques catégorisées de corruption. Parmi ceux-ci nous pouvons parler du Partnership Against Corruption Initiative noté PACI102, qui fait écho aux Principles for countering bribery, qui ont été développés au fur et à mesure de l’inscription à l’agenda public du problème par plusieurs Etats. Plusieurs parties prenantes ont été mises à contributions pour la rédaction de ces principes, formant un groupe de travail multinational, composé d’entreprises travaillant avec le Forum Economique Mondial, l’ONG Transparency International et le Basel Institue of Governance. Ces principes ont pour objectif d’offrir un cadre de travail aux entreprises afin qu’elles mettent en place des pratiques de bonne gouvernance et développent des stratégies de gestion des risques efficaces. Ces principes ont pour objectif d’offrir un cadre de travail aux entreprises afin qu’elles mettent en place des pratiques de bonne gouvernance et développent des stratégies de gestion des risques efficaces pour les groupements concernés pour qu’ils réagissent face aux actes de corruption (et ne les causent pas eux-mêmes). Les organisations internationales telles que le FMI, la Banque Mondiale et des ONG telles que Transparency International font des études et recommandations en rapport avec la corruption. Ces recommandations s’associent parfois à des sanctions internationales lorsque les Etats ne se plient pas aux demandes en ce qui concerne les traitements et les efforts pour diminuer l’incidence de ces actes, que ce

102

Informations obtenues sur le site justice.gouv.fr d’une étude sur la corruption nommée « Les

référentiels de la lutte contre la corruption », en ligne : http://www.justice.gouv.fr/art_pix/1_1_EtudeCORRUPTION200609partie4.pdf

- 52 -

soit sur le volet de la prévention ou de la répression de ces actes. La branche mexicaine de Transparency International, Transparencia Mexicana, a été fondée en 1999, et ses premières études sur la corruption et sa transparence au Mexique ont été publiées en 2001. Les différentes études menées par cet organisme, dont nous avons repris les derniers résultats de 2010 pour avoir des données quantitatives concernant les procédures, les montants et les populations concernées, sont des enquêtes auprès d’un échantillon significatif de la population dans tous les Etats qui composent le pays. Ces études permettent principalement de cerner le problème afin de cibler les actions publiques, dans une optique de réforme et de prévention, mais sans faire de recommandations directes. Les études de Transparency International sont reprises à des fins de recherche. La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la corruption103, organisée et signée à Mérida au Mexique en 2003 puis mise en application en 2005, fut l’un des actes de communication publique les plus importants dans le pays dans la recherche de la lutte anticorruption. Il s’agit du premier instrument multilatéral et juridiquement contraignant à l’échelle mondiale pour traiter des actes de corruption. Les dispositions de prévention sont les plus intéressantes et les premières mises en avant sur la convention, dès le chapitre deux du document. Cette convention met aussi l’emphase sur la communication des mesures. Dès les premiers articles, la création et le partage de compte rendus sont demandés par les Etats signataires, mais un article en particulier, l’Article 10, met en avant la communication publique dans un but de transparence auprès de la population générale. Ainsi, les publications d’informations publiques facilement accessibles sont nécessaires, surtout en ce qui concerne les risques de corruption dans ses propres institutions publiques. Que ce soit à travers les rapports ou les communiqués et documents de travail que cette convention peut fournir aux différents Etats, dont le

103

ONU, « Convención De Las Naciones Unidas Contra La Corrupción », [En ligne :

http://www.unodc.org/documents/treaties/UNCAC/Publications/Convention/04-56163_S.pdf].

- 53 -

Mexique, l’ONU, via ses organismes, communique sur le côté néfaste de la corruption sous toutes ses formes104 et la nécessité de la diminuer et de la contrôler. La participation de la société civile et des individus est particulièrement mise en avant par la Convention105, pour renforcer la responsabilité individuelle dans la présence de cette pratique. Ceci peut poser question, dans un monde interconnecté et sous une approche systémique, car les actions individuelles « hors de la norme » ne peuvent pas toujours faire fondamentalement changer les choses. D’autres groupements tels que le Réseau pour la Responsabilité106 (La Red por la Rendición de Cuentas) organisent des réunions de travail et des conférences pour offrir aux parties prenantes du matériel journalistique ou encore des chercheurs pour réfléchir aux enjeux de la corruption et de la transparence. Leurs communications relèvent plus des recommandations. Ce réseau, dont le nom en espagnol met en avant le fait de rendre des comptes, ce qui favorise et renforce les connotations de transparence et de retour, de contrôle et de feedback, d’observation des résultats d’actions publiques, est un réseau transdisciplinaire et versatile. Cette approche, globale, manque cependant de moyens pour réformer les fondamentaux du système, si l’on considère qu’un tel travail est possible en dehors des livres et des manuels théoriques.

104

Ibid, dès la préface de Kofi Annan, un champ lexical négatif est rapidement mis en avant pour

associer les pratiques de la corruption comme étant quelque chose de fondamentalement mauvais pour les pays, spécifiquement pour les pays en développement (plaga, saquear la riqueza nacional, desvio). 105

Les « individus » (personas) sont cités une trentaine de fois dans le document en tant que parties

prenantes de la corruption, et l’Article 13 met en avant spécifiquement les mesures pour favoriser et pour encadrer la participation de la société dans son ensemble. 106

« 2014 Seminario Internacional | RRC » [En ligne : http://congreso.rendiciondecuentas.org.mx/].

- 54 -

En ce qui concerne d’autres organismes faisant appel à la sensibilisation de sphère privée aux enjeux de la corruption, l’initiative PACI107 a présenté lors du Word Economic Forum de 2004, quatre objectifs distincts pour l’appréciation et l’approche de la corruption au sein de l’entreprise et dans les relations public-privé. Ces objectifs sont : • Offrir une plate-forme de coordination neutre pour les différentes mesures de lutte contre la corruption des entreprises impliquées; • Mettre en œuvre des mesures concrètes et efficaces de lutte contre la corruption; • Favoriser la coopération avec des experts indépendants, des organisations non gouvernementales (ONG) et les autorités; • Inciter un maximum d’entreprises à adopter des mesures anticorruption. De plus, les entreprises signataires se sont engagées à participer et à être actives dans la lutte contre la corruption. Plusieurs efforts précis sont exigés des entreprises signataires de cette initiative, dans un effort pour améliorer la transparence et la lutte contre la corruption au niveau des affaires108. Les efforts attendus des signataires sont : • lutter activement contre la corruption; • rendre public leur engagement contre la corruption; • mener leurs activités dans la transparence et l’intégrité; • ne tolérer en leur sein aucune forme de corruption;

107

Informations obtenues sur le site justice.gouv.fr d’une étude sur la corruption nommée « Les

référentiels de la lutte contre la corruption » : [En ligne : http://www.justice.gouv.fr/art_pix/1_1_EtudeCORRUPTION200609partie4.pd f ] 108

PACI, sur le forum mondial de l’économie : http://www.weforum.org/community/partnering-against-

corruption-initiative-0

- 55 -

• contrôler le respect de ces directives au moyen d’un programme interne. La pression des organismes internationaux et leurs communications sur la nécessité de la lutte contre la corruption, avec les outils qu’ils ont à disposition concernant la réputation et les aides disponibles pour les pays visés (plans d’ajustements, taux de conversion de devises, représentation et présidence des organismes tels que le G20…) est donc comprise et prise en compte par les gouvernements, et plus particulièrement par les gouvernements des pays considérés comme les bons élèves des pays émergents, comme le Mexique. L’appréciation de ces différentes initiatives répondent à des acteurs différents, mais parlent de la corruption de manière générale, sans différencier les différentes pratiques concernées. Les actes de communication ne proposent ainsi que peu ou pas de solutions pratiques et tangibles que les agents et usagers puissent mettre en pratique de manière immédiate.

II.2.2.

Les conférences du

gouvernement, des groupes de travail de parlementaires et des partis politiques La petite corruption est souvent dessinée, filmée ou caricaturée. Les gouvernements locaux ou nationaux font appel à plusieurs outils afin de communiquer concernant ce type d’échange d’argent ; il peut s’agir de spots publicitaires, de conférences de presse, de déploiement de communication autour d’arrestations ou de personnalités « incorruptibles ». La reconnaissance du problème comme étant un problème est établie et prise en compte. Pour accompagner l’action publique concernant les pratiques de la mordida, le gouvernement se doit de mettre en avant les informations à travers différents outils mis à sa disposition : les conférences et communiqués de presse, les articles et les annonces de prises de position. Ces informations passent généralement par les organes de presse (télévision, journaux et radios) et sont faites

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par des représentants choisis qui sont alors les communicants ou rapporteurs du gouvernement. En ce qui concerne la petite corruption, elle est intégrée dans les plans de corruption générale109 et le gouvernement favorise les annonces et les conférences de presse. Les prises de paroles de groupes parlementaires pour étudier et faire des rapports sur le sujet sont courantes au Mexique110. Celles-ci mettent avant tout en avant un esprit et une volonté d’unité des élus face au problème général de la corruption, sans pour autant définir clairement les pratiques desquelles ceux-ci parlent. En ce qui concerne les parlementaires, sénateurs ou députés, leur avis n’est pas perçu comme étant légitime par la population générale car le groupe « hommes politiques » est l’un de ceux considérés comme étant les plus corrompus. Les scandales dévoilés par la presse fragilisent ainsi la légitimité des élus face à cette problématique, et leurs communications sont surtout dirigées aux instances supérieures et aux organismes internationaux dans le but de mettre en avant des réflexions et des travaux liés à la transparence, pour atteindre les objectifs fixés par les politiques publiques qui ont été mises en place par ces mêmes groupes. Ces objectifs de réformes et d’instauration de transparence se font non pas pour lutter contre la corruption en tant que telle, même s’il peut s’agir d’un souhait sincère des politiques concernés, mais bien dans le but de ne plus avoir l’image stigmatisante liée aux pratiques observées dans le pays. Les exigences internationales sont aussi l’un des facteurs qui demandent de la part des élus et du gouvernement des preuves de bonne volonté et des travaux sur le sujet. La recherche de la transparence et de communiquer sur cette transparence est l’un des premiers pas que tentent de prendre les différentes branches du gouvernement mexicain en rapport avec leur lutte contre la corruption.

109

Annonces de moyens de lutte contre la corruption par le président du Mexique Enrique Peña Nieto,

3 février 2015 : https://www.youtube.com/watch?v=R2CXB5lVYOM 110

Voir par exemple les conférences du sénateur mexicain Ricardo Garcia Cervantes, Etica y

Corrupcion https://www.youtube.com/watch?v=-Fl_GJXatJM

- 57 -

L’intégration des différentes recommandations des organismes spécialisés est primordiale, et les gouvernements communiquent sur ces différentes aides et travaux à réaliser auprès du public. Le but est donc de rendre le service public efficace et transparent en permettant ainsi de diminuer les risques de clientélisme et de népotisme. Ces réformes et efforts sont reconnus et augmentent ainsi la crédibilité et la volonté du pays d’améliorer sa situation et sa réputation de pays corrompu. Les avancées concernant les programmes de transparence sont rendues publiques à travers des rapports sont communiqués à la presse et aux parties prenantes. La volonté de la part des différents groupes politiques de communiquer en tant qu’un bloc est claire : au-delà des idéaux politiques, les parlementaires et l’exécutif s’affichent comme étant d’accord sur le problème qu’est la pratique de la corruption. Le front commun est de mise depuis l’alternance historique qui a eu lieu lors des élections présidentielles de 2000. Ainsi, plusieurs systèmes ont été créés à tous les niveaux du pouvoir, multipliant les organes de lutte corruption, comme le récemment

fondé

Système

National

Anti-corruption

(Sistema

Nacional

Anticorrupción)111 mis en place par le parti du PAN112. Bien que tous soient unis dans le message de lutte anticorruption, le gouvernement et les partis politiques ne sont pas unis dans leur approche du problème et dans les propositions de résolutions ; c’est pourquoi plusieurs initiatives sont proposées, au sein de campagnes électorales. Il s’agit donc pour les partis politiques de proposer un programme qui sera mieux reçu de la part des électeurs avant tout, et non pas de proposer des réformes crédibles et faisables concernant la lutte contre la corruption et contre les pratiques quotidiennes.

111

Explication du Système Anticorruption mis en avant par le PAN : PAN, « Sistema Nacional

Anticorrupcion », [En ligne : http://www.pan.org.mx/wpcontent/uploads/downloads/2014/10/ANTICORRUPCION.pdf]. 112

Parti Action Nationale, d’idéologie démocrate chrétienne ; voir l’Annexe 16 pour la répartition du

pouvoir par parti politique et par Etat.

- 58 -

L’administration, quant à elle, a mis à disposition de la population des formulaires et des contacts113 afin que ceux-ci puissent se plaindre et dénoncer des actes de corruption dont ils ont été victimes ou dont ils ont été témoins. Les moyens de contacts sont divers, ouverts et se veulent transparents : il ne s’agit pas de formulaires répondant à des normes compliquées, et les populations y répondant ne se retrouvent pas enlisés dans une bureaucratie qu’ils ne comprennent pas. L’absence totale de bureaucratie et de normes rend les communications diverses et difficiles à classer, mais il s’agit d’un choix délibéré pour que les agents puissent traiter et classer ces demandes selon la diversité des cas de corruption. Pourtant, sans formulaire, même simple, la population se voit dans l’obligation de faire appel à un récit, et ceci rend le traitement et l’appréciation des plaintes très compliqués par les agents ; des oublis peuvent avoir lieu facilement s’il n’y a pas de guide sur les informations nécessaires à fournir auprès des agents en charge de traiter ces demandes.

Conclusions de la deuxième partie Ces communiqués mettent donc en avant la pression internationale précédemment citée et une volonté de répondre aux exigences internationales, le pays faisant partie du G20 mais aussi du traité de libre-échange signé avec les EtatsUnis et le Canada. Il se doit donc de tenter de répondre aux demandes, ou au moins de montrer une volonté d’efforts dans ce sens. En ce qui concerne la volonté de transparence et de traitement des plaintes des usagers, le gouvernement n’offre pas un cadre facile de manière à les recueillir et à les traiter de manière efficace. Cependant, le gouvernement n’a pas le monopole de l’action et de la mise en œuvre des politiques publiques ; sans réponse et sans participation des autres parties prenantes, même la meilleure des réformes ne peut

113

Sur le site de la fonction publique mexicaine :

http://www.funcionpublica.gob.mx/index.php/temas/quejas-y-denuncias.html

- 59 -

être appliquée. On constate la naissance de plusieurs niveaux de définitions, de décision et de la mise en application de la politique publique. Le contexte de la mise en œuvre des politiques publiques est donc un poids, un frein pour la lutte contre la corruption, et ce malgré la bonne volonté des usagers et des agents individuels. Le fait que ces politiques publiques différencient les usagers et les agents concernés est toutefois un point positif, mais ils ne différencient pas les pratiques individuelles et n’analysent pas les tenants et aboutissants, les raisons de l’existence de ces pratiques. Les enjeux de communication dans un pays composé d’Etats fédérés sont particuliers, surtout en ce qui concerne la capacité des autorités à redonner confiance aux citoyens et aux usagers des services publiques dans les institutions qui semblent de plus en plus lointaines et inhumaines et ce alors que des volontés de régionalisations et de localisation, décentralisation des compétences sont mises en avant. C’est pourquoi le contexte des pressions et des raisons des politiques publiques concernant ce sujet est si important à comprendre, qu’il s’agit d’une action venant de l’extérieur et des exigences internationales. Les communiqués répondent en tous points à ces demandes extérieures, mais la réalité de la volonté des différents groupements locaux de faire chance

- 60 -

III. Troisième partie Les communications anticorruption et la réponse des usagers : résultats et limites Nous avons pu observer ce qu’était la mordida et ce qu’elle n’était pas en première partie, puis nous avons pu observer en seconde partie les stratégies de communications adoptées par les différents groupes et parties prenantes. Cette troisième partie se concentrera sur les résultats, les succès et les échecs de ces actes. Tout d’abord nous observerons les moyens mis à disposition par les usagers pour dénoncer et communiquer sur les actes de corruption auxquels ils sont confrontés et leur intégration comme partie prenante du problème (III.1) puis nous nous questionnerons sur l’approche de la corruption à la marge et non en tant que partie intégrante d’un système (III.2)

III.1.

La communication au

quotidien : observations de terrain et dénonciations par les usagers et leurs témoignages La question de la représentation et du vécu des usagers face à la mordida sous ses différents labels est importante, surtout avec la prolifération des téléphones portables et des vidéos sur les plateformes de réseaux sociaux. Ces dénonciations

- 61 -

publiques liées aux avancées technologiques114, documentées et publiées sont particulièrement prenantes pour comprendre l’ampleur du phénomène. Elles ont ainsi permis une mise à l’agenda et à la conscience publique plus forte, ainsi qu’une mobilisation de plus en plus importante. La typologie des différentes formes de corruption au Mexique ne permet pas une communication homogène et générale ; chaque pratique nécessite sa propre approche unique et différenciée. Ainsi, le vocabulaire employé avec un agent de police lorsqu’on est en voiture n’est pas du tout le même que le vocabulaire employé avec les agents venant couper l’électricité en cas d’impayés. Dans le premier cas la négociation se fera en nombre de « jours de salaires » de l’agent de police face à une faute (réelle ou non) et un langage mettant en avant la bonne foi et la compréhension mutuelle, alors que dans le second cas, l’usager proposera un « soda » (refresco) dans l’attente de régler la facture ; il s’agit d’une négociation de délai supplémentaire. Le temps en sursis obtenu par les usagers est représenté par le temps que prendra l’agent à « aller boire un soda ». Les usagers communiquent régulièrement sur la mordida, mais généralement ces dénonciations ne concernent que les mordidas qui entrent dans la catégorie d’extorsion. Ainsi, depuis quelques années, la population et les usagers des services publics peuvent communiquer et dénoncer ces extorsions. Ils le font de plusieurs manières : en postant des vidéos ou des témoignages de la corruption, communiquent régulièrement sur la petite corruption locale dont ils sont soit les témoins soit les victimes. La dénonciation courante et habituelle se fait auprès des médias traditionnels et des médias participatifs et nouveaux ; les premiers sont les journaux, les émissions de radio, les émissions télévisées, des manifestations et grèves ou encore

114

Comme par exemple l’application de smartphone qui permet de vérifier en direct le montant de l’amende

réelle que les automobilistes doivent payer en cas d’infraction, afin de ne pas avoir à payer la mordida si le policier ment : http://www.animalpolitico.com/2015/03/una-app-para-evitar-las-mordidas-de-la-policiamexicana/

- 62 -

des pétitions, alors que les seconds seront plutôt des blogs personnels et forums de discussion en ligne, ou avec des vidéos YouTube. Dans les deux cas, le souhait et de faire un scandale et un buzz suffisamment importants pour faire changer les pratiques à la marge, en faisant pression sur les supérieurs hiérarchiques des agents spécifiques concernés ; c’est donc une action locale qui s’attaque aux pratiques d’un service local par des agents spécifiques, et il s’agit donc d’une approche micro, à street-level, d’un problème généralisé. Un nouveau mode de dénonciation a été mis en place, dans le système et dans l’approche générale mise en place dans un élan de transparence et d’accountability, les citoyens peuvent alors se plaindre115. La transparence et les moyens de contact sont variés, et offrent donc une accessibilité importante pour la population qui souhaite faire part des mordidas, en tant que témoins ou victimes (en cas d’extorsion, car en cas d’arrangements souhaités l’usager est peu propice à se dénoncer). Cependant les moyens de contact et le traitement des plaintes, sans formulaire, sont trop « libres » pour un traitement efficace de la part des agents en charge de leur réception. Un récit libre de la part des usagers laisse place à trop d’erreurs ou d’oublis, mais aussi ne permettent pas de facilement classer et compartimenter les diversités de la corruption. Un arbre de choix rendrait la saisie et le traitement de ces plaintes plus efficientes, et surtout donneraient l’impression d’être prises en compte sérieusement par le gouvernement et l’agence en charge de traiter ces dénonciations.

115

http://www.funcionpublica.gob.mx/index.php/temas/quejas-y-denuncias.html

- 63 -

III.2.

Limites de la lutte contre

la corruption : un système généralisé Les réformes fondamentales à faire et à envisager pour endiguer les phénomènes localisés de corruption ne peuvent pas être du plâtre sur une jambe en bois. Il faut penser et communiquer sur les fondamentaux et le système qu’est la corruption quotidienne généralisée dans le pays afin de mieux en saisir les enjeux. Le fait de culpabiliser uniquement le secteur public et les usagers comme étant à l’origine des causes principales du mal n’est pas fondé. Nous pouvons parler du lobbying privé qui aura une action et une partie prenante toute aussi importante sur l’action publique qui donc influencera les groupes en charge de l’application de ces politiques publiques : les institutions étatiques. Le problème de gouvernance est aussi à relever. L’approche des phénomènes de Palo Alto à travers un système est l’approche retenue lorsque l’on souhaite observer un phénomène aussi complexe que les interactions humaines116. L’ensemble du système doit être observé afin de comprendre les tenants et aboutissants du phénomène. Son système complet doit être considéré à cause du fait qu’il s’agisse d’actions répétées avec des codes donnés au niveau des échanges117, plus précisément, dans le cas de l’étude de la corruption quotidienne et répétée, entre l’agent et l’usager. Ces questionnements mettent donc en avant le problème de fond de la corruption quotidienne, c’est-à-dire son imbrication dans un système plus large et plus complexe. L’exemple des agents de terrain de la police est particulièrement parlant pour observer la mordida. Non seulement il s’agit du service considéré le plus corrompue

116

PICARD, Dominique, L’école de Palo Alto, Presses universitaires de France, 2013

117

Ibid, mais voir aussi : MARC, Edmond, L’école de Palo Alto, Retz, 1992

- 64 -

par la population mexicaine, après les institutions politiques, mais en plus il s’agit d’un bras de l’Etat particulièrement présent dans la vie quotidienne, confronté tous les jours à cette corruption quotidienne à petite échelle. Les fonctionnaires de police sont très sujets au versement de mordidas car ses contacts avec les usagers sont très courants et quotidiens. Les pots-de-vin aux policiers mexicains sont aussi très documentés de par l’importance de la pratique, mais aussi à cause du symbole que représente l’autorité policière. Les relations de ce style entre les usagers et les fonctionnaires en ce qui concerne la street-level bureaucracy sont documentés dans les approches de sociologie politique. Cette autonomie par rapport aux institutions qu’ils représentent permet aux agents de mettre en place de systèmes alternatifs, à l’insu des usagers et des supérieurs hiérarchiques. Au Mexique mais aussi dans d’autres pays, la petite corruption quotidienne est un moyen comme un autre de contourner le système ou de le rendre plus digérable, autant par les agents que par la population118. Si autant de moyens doivent être déployés pour faire fonctionner la société et les institutions, la faiblesse de conception des institutions et des problèmes profonds sont certainement à l’origine de ces pratiques. Ce n’est donc pas une question culturelle ou coutumière, mais bien l’absence de cheminement légitime accessible autant par la population que par les fonctionnaires. Les gains monétaires constitués par les fonctionnaires recevant la mordida leur permet de consommer et d’épargner plus facilement, participant à la vie économique du pays de manière plus fluide. Mais ces gains, bien qu’ils permettent une consommation plus importante de biens et services, servent aussi à reverser les mordidas nécessaires au fonctionnement du ménage du fonctionnaire ayant reçu la

118

Voir Annexes 14 et 15 ; les citoyens sondés admettent que les règles ne sont pas ou peu

respectées, mais indiquent que les groupements qui ne respectent pas les règles sont tout aussi fautifs sinon plus. Avec un système aussi défectueux, eux-mêmes ne souhaitent pas respecter des règles qui ne leur apporteront rien de plus qu’une bonne conscience, alors autant payer la mordida plutôt que de passer par toute la bureaucratie et par la fourrière par principe.

- 65 -

mordida. En effet l’agent de la mairie en charge des permis de construire ayant reçu des pots-de-vin pour appuyer certains dossiers reversera certainement tout ou partie de ses gains à ses propres démarches et procédures administratives. Ce surplus est souvent considéré comme étant indispensable pour faire fonctionner le système ainsi observé. S’attaquer à l’existence de la mordida dans l’un ou l’autre service ne peut se faire sans dérégler le système mis en place ; la dépendance au chemin est telle qu’il est donc impossible de faire des réformes douces sur le sujet. Des réformes plus dures et plus générales sont bien plus compliquées et risquées à mettre en place politiquement de par leur nature globale et macro. Pourtant, quelques exemples de réformes généralisées pour lutter contre la corruption, surtout en ce qui concerne les pots-de-vin entre policiers et usagers de la route, ont réussi119. Des questionnements concernant la faisabilité de ces réformes à l’échelle d’un pays aussi grand et aussi impliqué internationalement que le Mexique peuvent se poser. Il faut aussi bien noter, comme l’indiquent régulièrement les différents journaux du pays, que «l’abondance de pratiques et de cas concrets de corruption révèle des causes profondes et structurelles, peu souvent considérées malgré leur importance»120. Cette approche et cette reconnaissance des causes profondes, de la structure à l’origine des actes quotidiens qui concernent la corruption. Nous soulevons alors des questionnements concernant la reconnaissance des causes profondes et de la structure à l’origine des actes quotidiens qui laissent place à la naissance des pratiques de corruption. Quelles sont alors la nature et les interactions au sein de ce système, qu’il est éventuellement possible de modéliser dans le cadre d’une recherche plus approfondie.

119

Spécifiquement, en Géorgie, tous les policiers en charge du trafic routier ont été licenciés en 2006.

http://successfulsocieties.princeton.edu/sites/successfulsocieties/files/Policy_Note_ID126.pdf 120

Reforme Éducative et Corruption (article de journal) :

http://www.jornada.unam.mx/2013/10/03/opinion/024a2pol

- 66 -

Conclusions de la troisième partie Cette

troisième

partie

nous

a

permis

d’observer

comment

les

communications de l’Etat sont acceptées et prises en compte par la population, et comment celle-ci communique dans une logique bottom-up. Ces communications et ces échanges ne sont que peu compris des différentes parties concernées, mais des efforts sont faits et pistes sont explorées avec des résultats encourageants. D’autres pays ont mis en avant des réformes couplées à des campagnes de communications qui pourraient inspirer le pays. Pourtant il est possible de considérer que les actes de communication proposés sont vides de sens et de volonté, ou au moins ces actes sont considérés comme tels par une population désabusée, qui bien sans mettre le doigt sur le problème précisément, se rend bien compte que les efforts proposés malgré l’alternance politique entre 2000 et 2012. Cette alternance a montré l’existence d’un système, car lors de la période du PAN au pouvoir, le nombre de meurtres et de scandales d’enlèvement a augmenté et le système corruptionnel mis en place sous le régime du PRI a bougé. L’alternance a chamboulé le système et l’instabilité générale a permis au PRI de revenir au pouvoir, remettant en place un nouveau système. L’importance de l’approche systémique en ce qui concerne les relations humaines et les échanges tels que les échanges du même type que celui de la mordida bénéficient amplement de cette approche. Une modélisation est possible en ce qui concerne l’existence et le traitement de la corruption quotidienne.

- 67 -

Conclusion générale Les hypothèses de recherche ont été partiellement vérifiées en ce qui concerne la gestion de la communication sur la corruption en traitant la totalité de la corruption comme une unique entité. Cependant, l’alternance politique de l’an 2000 n’a pas autant affecté que prévu la lutte contre les pratiques de corruption dans le pays ; le pays revient d’ailleurs peu à peu aux mains du parti au pouvoir historique, le PRI, au niveau local, régional, et enfin fédéral avec l’élection de Peña Nieto à la présidence du pays. La pression internationale et la volonté de répondre aux demandes extérieures avait été sous-estimée dans les hypothèses de départ, mais en observant les communiqués et les demandes d’efforts des organismes tels que le FMI et la présence du Mexique dans l’ALENA le poids de l’image internationale du pays a pu être revu à la hausse. Nous pouvons voir que l’acte de corruption quotidienne spécifique qu’est la mordida, que ce soit celle qui est souhaitée de la part des deux parties concernées ou celle qui est déguisée en tant qu’extorsion, est traitée et considérée comme le reste de la corruption par les actes de communications des différents organismes concernés. L’approche just say no, qui est le même que celui en ce qui concerne la drogue, ne permet pas une lutte efficace contre ces pratiques, car simplement refuser de payer la mordida (extorsion ou non) à l’agent de police qui menace d’emmener votre véhicule à la fourrière (légitimement ou non) ne changera pas les pratiques de tout le système du pays. L’existence de la petite corruption quotidienne répond à un système qui pourrait éventuellement être modélisée. Une fois ce modèle fait pour chaque typologie de corruption, des travaux plus approfondis menant à des réformes adaptées, couplées à des actes de communication efficients pourront avoir lieu. Ainsi, le travail de définition solide permettra de poser des bases durables et sérieuses pour de futures recherches dans le champ de la communication organisationnelle.

- 68 -

Les limites principales des efforts de lutte contre la corruption viennent du fait qu’on parle d’une lutte générale contre une corruption qui n’est pas différenciée. La reconceptualisation et la redéfinition des termes et des approches du problème semble être ce qui manque afin de mettre en œuvre des politiques publiques et des communications pertinentes qui permettront l’application de réformes dont le pays a fortement besoin pour lutter contre la corruption qui, de fait, gangrène et affecte la vie quotidienne des habitants du pays. Enfin, la compréhension des pratiques de corruption, et plus spécifiquement des deux pratiques que nous observé (la mordida volontaire et l’extorsion), doit se faire à travers une modélisation précise des tenants et aboutissants de la pratique afin de pouvoir mettre en place des actes de communication pertinents et efficients.

- 69 -

Table des matières Sommaire ............................................................................................................................ 3 Remerciements ................................................................................................................... 5 Résumé et mots clés .......................................................................................................... 6 Résumé ......................................................................................................................................... 6 Mots clés ...................................................................................................................................... 6

Abstract and keywords ..................................................................................................... 7 Abstract ........................................................................................................................................ 7 Keywords ..................................................................................................................................... 7

Introduction ........................................................................................................................ 8 I.1.

Eléments de cadrage ..................................................................................................... 8

I.2.

L’intérêt spécifique de ce sujet ................................................................................. 11

I.2.1.

Traiter de la corruption quotidienne comme objet d’étude à part entière .................... 11

I.2.2.

Le choix du Mexique corrompu.......................................................................................... 13

I.2.3.

Les communications de la corruption ................................................................................ 14

I.3.

Éléments de définition : ............................................................................................. 15

I.3.1.

La corruption et la mordida ................................................................................................ 16

I.3.1.1.

La corruption publique .............................................................................................. 16

I.3.1.2.

La petite corruption et la mordida ............................................................................ 17

I.3.1.3.

La corruption non traitée par ce sujet ....................................................................... 18

I.3.2.

Outil de communication autour de la corruption : de l’analyse des politiques publiques

aux communiqués gouvernementaux et internationaux ............................................................... 20

I.4.

Questionnements des éléments en interaction ..................................................... 21

I.5.

Question de recherche................................................................................................ 22

I.6.

Hypothèses de recherche ........................................................................................... 22

- 70 -

I.

Première partie - La mordida de nos jours : faits observés autour de la

corruption quotidienne .................................................................................................. 23 I.1.

Historique et définitions de la pratique de la corruption quotidienne............ 23

I.1.1.

Quelques origines historiques et la place de la police de la corruption ........................ 24

I.1.2.

La pratique du don et contre-don dans les échanges informels d’argent ..................... 27

I.1.3.

Un ensemble hétérogène de pratiques ............................................................................... 29

I.2.

Les échanges de liquidités au Mexique contre faveurs d’agents et facilités

administratives ......................................................................................................................... 31 I.2.1.

La mordida au quotidien en tant qu’échange de services ............................................... 32

I.2.1.1.

La corruption quotidienne d’aujourd’hui : omniprésente à chaque coin de rue 32

I.2.1.2.

Les politiques publiques de lutte contre la corruption .......................................... 35

I.2.2.

Les ménages : enlisement économique et pouvoir d’achat attaqué ............................... 38

I.2.3.

La mordida et sa perception comme étant inévitable voire nécessaire. ........................ 41

Conclusions de la première partie ........................................................................................ 43

II.

Deuxième partie - Le contexte des communications publiques autour de la

corruption quotidienne au Mexique ............................................................................ 44 II.1.

Le rôle de la communication autour de la corruption : analyse des politiques

publiques ................................................................................................................................... 44 II.1.1.

La pression internationale à travers les communications et avis des observateurs

internationaux sur la pratique ........................................................................................................... 45 II.1.2.

L’analyse des politiques publiques et sa réception par la population dans son contexte

politique ............................................................................................................................................... 47

II.2.

Communications et politiques publiques contemporaines................................ 51

II.2.1.

La voix des organismes indépendants et des groupements internationaux ................ 52

II.2.2.

Les conférences du gouvernement, des groupes de travail de parlementaires et des

partis politiques ................................................................................................................................... 56

Conclusions de la deuxième partie ....................................................................................... 59

III. Troisième partie - Les communications anticorruption et la réponse des usagers : résultats et limites ........................................................................................... 61

- 71 -

III.1.

La communication au quotidien : observations de terrain et dénonciations par

les usagers et leurs témoignages ........................................................................................... 61 III.2.

Limites de la lutte contre la corruption : un système généralisé........................ 64

Conclusions de la troisième partie ....................................................................................... 67

Conclusion générale ........................................................................................................ 68 Table des matières ........................................................................................................... 70 Bibliographie .................................................................................................................... 73 Webographie .................................................................................................................... 81 Annexes ............................................................................................................................. 88 Table des Annexes ......................................................................................................... 109

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- 87 -

Annexes

Annexes 1. Les 35 procédures teintées de pots-de-vin

- 88 -

Annexes

Les 35 procédures sont classées par incidence, de la moins sujette à la mordida à la plus sujette à la mordida.

Rapport de l’INCBG de 2010 Source : http://www.tm.org.mx/wp-content/uploads/2013/05/01-INCBG-2010Informe-Ejecutivo1.pdf

- 89 -

Annexes

2. Enquête : quelles politiques publiques ont amélioré votre vie ? Pays de l’étude TOTAL Brésil

Mexique

Venezuela

Santé

39,00%

25,80%

51,00%

40,20%

Education

32,40%

26,20%

33,30%

37,80%

Logement

16,20%

24,30%

16,10%

8,10%

Justice

4,80%

8,30%

3,50%

2,50%

Lutte contre la délinquance

6,40%

9,70%

5,10%

4,40%

5,00%

9,50%

3,50%

1,90%

Lutte contre le trafic de stupéfiants

4,20%

3,90%

6,00%

2,70%

Lutte contre la corruption

5,20%

7,10%

5,70%

3,00%

26,80%

33,60%

17,60%

29,10%

Ne sait pas

0,90%

-

1,10%

1,70%

Ne répond pas

1,00%

0,30%

0,30%

2,20%

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Lutte contre la dépendance à la drogue

Aucune

(N)

- 90 -

Annexes

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 91 -

Annexes

3. Degré de confiance envers la police Pays de l’étude TOTAL Brésil

Mexique

Venezuela

5,20%

5,80%

2,70%

7,20%

Plutôt...

21,40%

28,90%

16,20%

19,10%

Peu

38,10%

36,40%

35,20%

42,80%

Aucune

34,80%

28,70%

45,30%

30,40%

Ne répond pas

0,10%

-

0,10%

0,20%

Ne sait pas

0,40%

0,20%

0,50%

0,30%

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Totalement police

(N)

confiance

dans

la

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 92 -

Annexes

4. Degré de confiance envers l’administration publique Pays de l’étude TOTAL Brésil Mexique Totalement confiance

Venezuela

5,4%

3,2%

3,7%

9,2%

Plutôt...

26,2%

28,7%

23,1%

26,9%

Peu

39,2%

40,9%

38,5%

38,2%

Aucune

26,0%

26,2%

28,8%

22,9%

Ne répond pas

1,0%

0,2%

0,8%

1,9%

Ne sait pas

2,3%

0,7%

5,1%

1,0%

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

(N)

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 93 -

Annexes

5. Degré de confiance envers les municipalités/le gouvernement local Pays de l’étude TOTAL Brésil

Mexique

Venezuela

6,10%

3,70%

6,00%

8,60%

Plutôt...

27,30%

24,50%

25,00%

32,40%

Peu

38,50%

38,60%

37,80%

39,00%

Aucune

26,40%

32,80%

27,50%

18,70%

Ne répond pas

0,40%

0,20%

0,40%

0,70%

Ne sait pas

1,40%

0,20%

3,30%

0,60%

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Totalement confiance

(N)

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 94 -

Annexes

6. Degré de confiance envers le gouvernement (fédéral) Pays de l’étude TOTAL Brésil

Mexique

Venezuela

Totalement confiance

12,40%

6,10%

4,80%

26,10%

Plutôt...

28,30%

33,20%

26,40%

25,20%

Peu

34,80%

36,50%

40,20%

27,80%

Aucune

24,10%

23,90%

28,10%

20,30%

Ne répond pas

0,20%

0,10%

-

0,40%

Ne sait pas

0,20%

0,20%

0,50%

0,10%

(N)

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 95 -

Annexes

7. Degré de confiance envers le pouvoir judiciaire Pays de l’étude TOTAL Brésil

Mexique

Venezuela

6,2%

6,2%

4,2%

8,0%

Plutôt...

27,7%

32,8%

21,4%

29,0%

Peu

37,8%

38,0%

37,8%

37,5%

Aucune

25,9%

21,1%

32,8%

23,7%

Ne répond pas

0,5%

0,2%

0,3%

1,0%

Ne sait pas

1,9%

1,7%

3,4%

0,7%

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Totalement confiance dans le pouvoir judiciaire

(N)

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 96 -

Annexes

8. Les problèmes de la vie courrante : La corruption est-elle le problème ? Pays de l’étude TOTAL Brésil

Mexique

Venezuela

23,70%

33,80%

8,60%

28,60%

32,10%

37,00%

25,70%

33,60%

.. d’une partie infime du problème

24,00%

14,90%

32,00%

25,20%

L’Etat ne peut résoudre ce problème

17,70%

13,00%

30,00%

10,20%

Ne répond pas

0,90%

0,40%

0,70%

1,50%

Ne sait pas

1,60%

0,80%

3,10%

0,90%

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Il s’agit de tout le problème .. d’une problème

(N)

partie

importante

du

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 97 -

Annexes

9. Enquête : Quel est le problème le plus important du pays d’après vous ? Pays de l’étude Brésil

Mexique Venezuela Argentine Colombie Honduras

Les bas salaires

1,30%

0,30%

-

1,70%

0,10%

-

Les transports

0,20%

0,20%

-

0,10%

0,10%

0,20%

-

0,30%

-

-

9,10%

-

0,20%

0,10%

0,20%

0,70%

*

0,20%

9,30%

3,50%

0,30%

8,60%

2,50%

4,10%

L’inflation/augmentation des prix

0,30%

0,70%

2,70%

4,20%

0,70%

3,40%

Le chômage

8,60%

14,80%

10,20%

18,30%

22,80%

24,40%

-

0,30%

0,10%

0,40%

0,20%

-

0,70%

-

2,20%

0,40%

0,20%

*

26,00%

0,20%

0,80%

1,30%

0,20%

0,20%

Les problèmes de l’environnement et de la pollution

0,50%

1,60%

0,10%

1,90%

3,90%

1,30%

La corruption

7,10%

5,20%

2,70%

0,20%

1,10%

-

Le trafic de stupéfiants

3,90%

3,10%

0,20%

4,00%

12,20%

4,60%

La délinquance et sécurité publique

6,60%

38,50%

61,00%

0,60%

1,00%

0,60%

La pauvreté

4,70%

5,70%

0,60%

34,30%

14,50%

29,80%

Le terrorisme L’instabilité de l’emploi Les problèmes l’éducation

de

La violation des droits de l’homme Les problèmes de logement Les problèmes de santé

- 98 -

Annexes La consommation stupéfiants

de

6,20%

1,80%

0,80%

5,00%

6,70%

9,50%

La discrimination raciale

-

0,10%

-

1,70%

1,50%

0,50%

L’essence

-

0,20%

-

0,10%

-

-

1,70%

3,70%

3,10%

0,10%

-

-

-

0,10%

1,00%

0,10%

0,10%

0,40%

2,60%

0,40%

-

5,20%

0,60%

1,50%

L’économie et les problèmes financiers

1,50%

13,70%

4,70%

1,50%

2,80%

0,30%

L’absence ou la déficience des services de base (eau, électricité…)

0,50%

0,20%

1,00%

6,10%

3,40%

9,80%

10,70%

1,90%

0,90%

0,20%

0,30%

0,20%

Autre

1,70%

-

4,30%

0,10%

0,20%

-

Aucun

0,40%

0,50%

0,30%

0,70%

12,50%

5,40%

Ne répond pas

0,30%

0,80%

1,90%

-

1,80%

-

Ne sait pas

5,00%

2,20%

0,70%

0,60%

0,30%

0,40%

La situation/problèmes politiques Les problèmes l’énergie

liés

La redistribution l’injustice sociale

Les violences et gangs

à

et

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 99 -

Annexes

10.

Enquête : L’Etat a-t-il les moyens pour

lutter contre les problèmes de la société ? Pays de l’étude TOTAL Brésil

Mexique

Venezuela

Oui il a les moyens

78,90%

78,40%

72,50%

85,70%

Non il n’a pas les moyens

17,40%

16,90%

25,30%

9,90%

3,70%

4,70%

2,20%

4,30%

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Ne sait pas/Ne répond pas (N)

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 100 -

Annexes

11.

Satisfaction de la population dans la

manière de fonctionner de la police Pays étudié Totaux Brésil

Mexique

Venezuela

Très satisfait

4,10%

2,90%

2,60%

6,90%

Plutôt satisfait

18,60%

21,20%

15,80%

19,00%

Peu satisfait

45,30%

42,20%

46,20%

47,50%

Pas du tout satisfait

31,40%

33,20%

34,40%

26,60%

0,50%

1,10%

0,10%

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Ne sait pas ou ne répond 0,50% pas (N)

(3.604)

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 101 -

Annexes

12.

Satisfaction de la population dans la

manière de fonctionner du système judiciaire Pays étudié Totaux Brésil

Mexique

Venezuela

Très satisfait

3,90%

1,70%

3,40%

6,60%

Plutôt satisfait

22,60%

25,80%

18,90%

23,20%

Peu satisfait

44,90%

44,40%

45,60%

44,80%

Pas du tout satisfait

26,70%

25,70%

30,40%

24,20%

2,30%

1,70%

1,20%

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Ne sait pas ou ne répond 1,70% pas (N)

(3.604)

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 102 -

Annexes

13.

Enquête accord/désaccord : le système

judiciaire punit les coupables Pays étudié Totaux Brésil

Mexique Venezuela

Très en accord

10,50%

11,90%

5,90%

13,60%

Plutôt d’accord

30,80%

31,10%

27,50%

33,60%

En désaccord

34,10%

29,90%

41,60%

30,90%

Pas du tout d’accord

19,80%

21,40%

19,10%

18,80%

5,60%

5,90%

3,00%

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Ne sait pas ou ne répond 4,90% pas (N)

(3.604)

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 103 -

14.

Enquête accord/désaccord : les citoyens

obéissent-ils aux lois ? Pays étudié Totaux Brésil

Mexique

Venezuela

Oui, ils obéissent scrupuleusement

6,60%

6,60%

4,50%

8,90%

Oui, ils obéissent plutôt

22,70%

30,70%

14,50%

22,80%

Ils obéissent un peu

57,50%

54,90%

66,90%

50,80%

Ils n’obéissent pas du tout

12,10%

7,30%

13,80%

15,20%

Ne sait pas ou ne répond pas

1,10%

0,50%

0,30%

2,30%

(N)

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

Annexes

15.

Enquête accord/désaccord : Quels groupes

obéissent le moins aux lois ? Pays de l’étude TOTAL Brésil

Mexique

Venezuela

55,40%

55,30%

61,80%

49,00%

La classe moyenne

7,10%

6,60%

7,60%

7,10%

Les pauvres

7,30%

5,90%

9,90%

6,10%

Les femmes

2,90%

2,00%

3,90%

2,80%

Les retraités

3,40%

1,90%

5,30%

2,90%

Les entreprises

17,90%

16,90%

22,70%

14,20%

Les politiques

56,30%

68,70%

57,80%

42,00%

Les millionnaires

42,30%

54,20%

42,50%

30,10%

Les médias

11,40%

6,30%

15,20%

12,70%

Les autorités

30,00%

32,10%

34,60%

23,50%

Les parlementaires

23,20%

36,50%

13,20%

19,50%

Les étudiants

3,90%

1,50%

4,30%

5,80%

Le clergé

6,70%

4,50%

10,80%

4,90%

Les employés

2,60%

1,20%

4,30%

2,40%

(3.604)

(1.204)

(1.200)

(1.200)

Les riches

(N)

- 105 -

Annexes

Source : site du Latinobarometro [En ligne : http://www.latinobarometro.org/lat.jsp]

- 106 -

Annexes

16.

Cartes des gouverneurs des Etats au Mexique

Carte électorale des gouverneurs après les élections de 2012. Chaque état a ses propres élections.

Les partis représentés sont le PRI, le Parti Vert (en coalition avec le PRI), le PAN, le PRD et le Mouvement Citoyen (en coalition avec le PAN, le PRD, le Parti du Travail). Source : résultats des élections : http://www.eleccion2012mexico.com/partidospoliticos/mapa-de-gobiernos-por-estado

- 107 -

Annexes

17.

Carte des Etats selon leur taux de mordida

des policiers en charge de la circulation

Données de Transparency International 2010 Carte de http://www.economist.com/blogs/dailychart/2011/05/bribery_mexico

- 108 -

Annexes

Table des Annexes Annexes .............................................................................................................................. 88 1. Les 35 procédures teintées de pots-de-vin ..................................................................................... 88 2. Enquête : quelles politiques publiques ont amélioré votre vie ? ................................................ 90 3. Degré de confiance envers la police ................................................................................................ 92 4. Degré de confiance envers l’administration publique ................................................................. 93 5. Degré de confiance envers les municipalités/le gouvernement local ....................................... 94 6. Degré de confiance envers le gouvernement (fédéral) ................................................................. 95 7. Degré de confiance envers le pouvoir judiciaire ........................................................................... 96 8. Les problèmes de la vie courrante : La corruption est-elle le problème ? ................................. 97 9. Enquête : Quel est le problème le plus important du pays d’après vous ? ............................... 98 10. Enquête : L’Etat a-t-il les moyens pour lutter contre les problèmes de la société ?................ 100 11. Satisfaction de la population dans la manière de fonctionner de la police ............................. 101 12. Satisfaction de la population dans la manière de fonctionner du système judiciaire ............ 102 13. Enquête accord/désaccord : le système judiciaire punit les coupables ................................... 103 14. Enquête accord/désaccord : les citoyens obéissent-ils aux lois ? ............................................. 104 15. Enquête accord/désaccord : Quels groupes obéissent le moins aux lois ? ............................. 105 16. Cartes des gouverneurs des Etats au Mexique............................................................................ 107 17. Carte des Etats selon leur taux de mordida des policiers en charge de la circulation ............. 108

Table des Annexes ........................................................................................................... 109

- 109 -