la femme est l' avenir de l' afrique

bonne santé sur le long terme. – Récit adapté du “Living Proof. Project” et de la Fondation Bill and. Melinda Gates. Recommandations aux dirigeants de ce ...
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LA FEMME EST L’ AVENIR DE L’ AFRIQUE

44%

Il y a actuellement

168

MILLIONS

des entreprises au Ghana sont dirigées par des femmes

43%

de femmes actives dans les économies africaines subsahariennes. Il est prévu que ce chiffre augmente de près d’un tiers au cours des 10 prochaines années

41% au Rwanda

En Afrique, les femmes produisent

80% de la

nourriture

le sont au Cap-Vert

AVANT-PROPOS

ONE est une organisation de campagne et de plaidoyer avec plus de 2 millions de membres engagés dans la lutte contre la pauvreté extrême et les maladies évitables, en particulier en Afrique. Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.ONE.org

LA FEMME EST L’ AVENIR DE L’ AFRIQUE

Dr Sipho Moyo

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Ma grand-mère paternelle (qui vécut 102 ans) était considérée par beaucoup comme une femme en avance sur son temps. Mon grand-père et elle eurent 7 enfants : 3 filles et 4 garçons.

Bien qu’elle fût maîtresse d’école et mon grand-père pasteur d’une église luthérienne, ils eurent une vie rurale relativement modeste. Mais en tant que femme instruite, elle avait une valeur qu’elle appliqua avec une grande fermeté dans sa famille : tous ses enfants (filles et garçons) devraient bénéficier des mêmes opportunités d’éducation. Heureusement, mes grands-parents furent capables de leur offrir ces opportunités. Cependant, on pouvait souvent entendre ma grand-mère dire que si un jour ils avaient des problèmes d’argent, en cas de mauvaises récoltes par exemple, elle utiliserait ce qui lui resterait pour l’éducation de ses 3 filles. C’est parce qu’elle croyait fermement que si enseigner à un petit garçon revenait à instruire un homme, enseigner à une petite fille revenait en revanche à instruire une nation entière. Aujourd’hui encore, cette conviction se transmet comme une évidence dans ma famille. Les histoires que vous lirez dans ce rapport – des histoires de courage, de résistance et de réussite dans des circonstances parfois extrêmement difficiles – ne représentent qu’un tout petit échantillon des femmes qui apportent leur pierre au développement de l’Afrique. Cependant, elles démontrent clairement qu’investir dans les femmes reste la chose la plus intelligente à faire, celle qui offre les plus importants retours sociaux sur investissement. Ce que ces histoires vous feront comprendre, c’est que les femmes d’Afrique constituent véritablement l’épine dorsale de leurs communautés et que l’avenir du continent dépendra de notre faculté à puiser dans cette source de richesse en capital humain qui demeure largement sous-utilisée, sous-appréciée et sous-estimée. Nous espérons que ces histoires fascinantes vous feront voir en quoi investir et puiser dans le potentiel des femmes est particulièrement crucial pour révéler le véritable potentiel économique de l’Afrique. Comme l’ont montré de nombreuses études, une femme instruite a plus de chances de créer de la richesse parce que son éducation se traduit par un investissement supplémentaire dans sa propre famille. Elle se traduit par une meilleure alimentation pour sa famille, une meilleure éducation pour ses enfants, une meilleure santé, et une meilleure qualité de vie en général. Tout ceci est moins susceptible de se produire lorsque c’est le sort d’un homme qui s’améliore. Dans ce dernier cas, l’argent a plutôt tendance à n’améliorer que le statut social de cet homme. Outre les retombées pour leur famille proche, les avantages sociaux de l’investissement dans les femmes contribuent presque toujours à la création de richesse parce que les femmes partagent les connaissances qu’elles ont acquises avec d’autres femmes de leurs communautés. Chez ONE, nous avons récemment été au contact d’un groupe de femmes entrepreneurs africaines qui nous ont raconté comment elles s’efforçaient de partager des renseignements avec leurs pairs sur ce qui a marché dans leur cas, parce qu’elles savent que ce sera mis en pratique et aidera d’autres familles de leurs communautés. Les histoires des femmes de ce rapport vous inspireront et vous déconcerteront en vous montrant les raisons pour lesquelles les femmes continuent de faire face à d’immenses défis, depuis le manque d’accès au financement pour leurs entreprises aux lois leur interdisant l’accès à la propriété. Et pourtant, si on leur donne ne serait-ce qu’une demichance, les femmes continueront de surmonter ces défis et de sortir leurs familles, leurs communautés et leurs nations de la pauvreté. Il est temps d’investir dans les femmes africaines pour créer un meilleur avenir pour l’Afrique.

Dr Sipho Moyo

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INTRODUCTION

INTRODUCTION

LA FEMME EST L’ AVENIR DE L’ AFRIQUE

Si le monde est sérieux dans sa volonté de s’attaquer à l’extrême pauvreté et aux maladies, alors il est temps d’intensifier nos investissements dans les filles et femmes d’Afrique.

B

eaucoup doit encore être fait pour révéler le potentiel des 430 millions de filles et femmes africaines. Le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) des Nations Unies en septembre est le moment où le monde doit leur apporter tout son soutien.1 Nous savons ce qui est nécessaire pour révéler le potentiel des filles et femmes à travers le monde : de meilleurs hôpitaux, davantage de filles à l’école, des moyens plus simples pour créer et faire croître une entreprise, et davantage de possibilités pour les femmes d’accéder à des fonctions de direction. L’avenir de l’Afrique dépend de la faculté du continent à surmonter des défis apparemment impossibles au cours de la prochaine décennie : faire en sorte que les mères ne meurent plus en donnant naissance, se faire une place dans l’économie mondiale, aider les agriculteurs à cultiver assez pour nourrir leurs familles et leurs communautés, instruire la prochaine génération de dirigeants. L’Afrique n’y parviendra pas tant que nous n’investirons pas dans l’avenir de ses femmes, en tant qu’agricultrices, mères, médecins, entrepreneurs… et que nous ne leur permettrons pas de prospérer et de conduire le changement, depuis leurs foyers jusqu’au sommet des gouvernements. Les femmes présentées dans ce rapport, de la cultivatrice de patates douces tanzanienne à la directrice générale de la Commission boursière du Nigéria, sont les locomotives qui ont permis à l’Afrique de progresser au cours des dix dernières années, démontrant ce qu’il est possible de réaliser dans les communautés du continent tout entier. Nous savons que la femme est l’avenir de l’Afrique. Faisons en sorte que l’avenir soit brillant en accroissant notre investissement dans les filles et les femmes.

1. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sont un ensemble de buts visant à réduire les maladies et la pauvreté dans le monde d’ici 2015. Les dirigeants de 189 nations se sont engagés à atteindre ces objectifs en signant la Déclaration du Millénaire lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2000. Les progrès réalisés pour atteindre les OMD seront passés en revue lors du rassemblement des chefs d’Etat et de gouvernement à l’Assemblée Générale annuelle des Nations Unies en septembre 2010.

LA FEMME EST L’ AVENIR DE L’ AFRIQUE

Il est temps de changer.

Les femmes représentent 70% environ des personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde

Au cours des dix dernières années, la lutte contre la pauvreté s’est essentiellement axée sur la provision de solutions à fort impact, telles que la vaccination, les moustiquaires de lit pour protéger du paludisme, et les engrais pour augmenter la production agricole. Ces investissements ont donné des résultats impressionnants et doivent être poursuivis. Cependant, sans la mise en place des conditions à long terme pour le développement et l’autosuffisance (un pouvoir engagé et transparent, une économie forte), ces résultats ne dureront pas. Une nouvelle stratégie de développement, consistant à investir dans le potentiel des femmes africaines pour améliorer la gouvernance et créer une croissance économique équitable et durable, aidera l’Afrique à se mettre sur la voie de la réalisation des OMD d’ici 2015, éradiquer la pauvreté, et parvenir à la prospérité dans les années à venir. Les recommandations de ce rapport soulignent les mesures que tous les partenaires de développement devraient mettre en œuvre pour améliorer la gouvernance, créer des opportunités économiques et augmenter les investissements intelligents en vue d’atteindre les OMD d’ici 2015, particulièrement en puisant dans le potentiel des filles et des femmes pour stimuler le développement de leurs pays.

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GOUVERNANCE

Les femmes jouent déjà un rôle crucial dans la promotion d’un pouvoir plus engagé et plus honnête en Afrique, probablement parce qu’elles et leurs familles bénéficieraient énormément d’une meilleure gouvernance.

P

our une famille africaine, moins de corruption signifiera ne pas avoir à payer de pot-de-vin pour louer une parcelle de terre, ou encore ne pas être confrontée à des prix exagérés pour obtenir des médicaments au dispensaire local. Des budgets transparents et accessibles signifieront que les parents pourront vérifier que les fonds alloués parviennent bien à l’école de leurs enfants, ou encore que les revenus de ressources naturelles telles que le pétrole sont bien investis dans la construction de routes ou de puits pour leur village. La paix et la stabilité signifieront que les femmes pourront travailler tard le soir sans avoir peur d’être harcelées, et des élections libres et justes que tous les citoyens auront une voix dans leur gouvernement et la possibilité de se présenter aux élections. Des dirigeants dévoués, responsables vis-à-vis de leurs citoyens, permettront de poser les fondations-clés du développement : une économie prospère, une société civile active, et des ressources efficaces pour lutter contre la pauvreté. L’amélioration de la gouvernance nécessitera de faire des femmes africaines des dirigeantes et des militantes, et de supprimer les barrières juridiques, administratives et traditionnelles qui entravent leur réussite. En tant que responsables politiques, les femmes peuvent apporter une perspective unique à la prise de décisions. A travers leur rôle de prestataires de soins dans leurs familles, les femmes ont un intérêt à s’assurer que les ressources pour des domaines tels que la santé et l’éducation sont dépensées intelligemment. Des études ont également montré que plus les femmes sont représentées dans les parlements, plus le niveau de corruption est bas.2 De plus, les pays ayant réussi à sortir du conflit, tels que le Libéria et le Mozambique, ont aussi montré que mettre les femmes à la tête de la réconciliation et du redressement peut transformer même les pays les plus appauvris en symboles de progrès dans la lutte contre la pauvreté.

GOUVERNANCE

OUGANDA

Dans 7 pays d’Afrique, les femmes occupent 30% ou plus des sièges dans les parlements...

RWANDA BURUNDI TANZANIE ANGOLA

MO ZA MB IQU E

6

AFRIQUE DU SUD

Un avenir bien gouverné Elles ne sont que 14% au Japon, 16% aux États-Unis, et 21% au RoyaumeUni 4

JAPON 14% ÉTATS-UNIS

16%

ROYAUME-UNI

21%

2. D. Dollar, R. Fisman et R. Gatti, «Are Women Really the ‘Fairer’ Sex? Corruption and Women in Government», Policy Research Report on Gender and Development, Working Paper Series, No. 4, Banque mondiale, octobre 1999, http://www.huntalternatives.org/download/169_womencorruption1999.pdf 3. R. Reinikka et J. Svensson, «Fighting Corruption to Improve Schooling: Evidence from a Newspaper Campaign in Uganda», Journal of the European Economic Association, 3 (2-3), avril-mai 2005, pp. 259-267, http://econ.lse.ac.uk/staff/rburgess/eea/svenssonjeea.pdf 4. Union interparlementaire, «Les femmes dans les parlements nationaux», 31 juillet 2010, http://www.ipu.org/wmn-f/classif.htm. 5. D. Dollar, R. Fisman et R. Gatti, op. cit. 6. UNIFEM, «Women’s Land and Property Rights», http://www.unifem.org/gender_issues/women_poverty_economics/land_property_rights.php 7. Union interparlementaire, «Les femmes dans les parlements nationaux», 31 juillet 2010, http://www.ipu.org/wmn-f/world.htm.

LA FEMME EST L’ AVENIR DE L’ AFRIQUE

Les femmes composent 56% du Parlement rwandais, ce qui représente le pourcentage le plus élevé de législateurs femmes au monde 6

Une étude réalisée par la Banque mondiale dans 100 pays a montré que plus les femmes sont représentées dans les parlements, plus le niveau de corruption est bas 5

Les hommes sont 4 fois plus nombreux que les femmes dans les législatures du monde 7

80

%

24% 1999

2006

Proportion des bourses parvenant aux écoles dans une communauté ougandaise en 1999 et en 2006 respectivement, après qu’une campagne d’information dans les journaux a informé les parents des sommes que leurs écoles étaient censées recevoir 3

7

8

GOUVERNANCE

GOUVERNANCE

Un avenir bien gouverné

Recommandations aux dirigeants de ce monde

Améliorer la gouvernance

Combat pour une réforme au Nigéria

Tous les partenaires de développment doivent faire davantage pour s’assurer que les pays donateurs et les pays africains mettent en place des politiques qui éliminent la corruption et maximisent l’impact des investissements de développement. En 2010 et au-delà, les partenaires de développement devraient collaborer en vue d’atteindre les objectifs suivants :

Arunma Oteh sait que le changement n’est pas toujours facile. Mais lorsqu’elle est devenue directrice générale de la Commission boursière du Nigéria (SEC) début 2010, elle a su qu’un changement important était nécessaire. A cette époque, le Nigéria essayait toujours de se redresser de la crise financière mondiale, et, abritant la deuxième plus grande bourse d’Afrique, le pays luttait contre une réputation de forte corruption.

P

our Arunma, lorsqu’un investisseur met de l’argent sur le marché, qu’il s’agisse d’un groupe de femmes créant une nouvelle entreprise au Nigéria ou d’une grande société à l’étranger, il doit avoir confiance dans le fait que son argent sera traité de manière équitable, sans tromperie. Il était donc temps de faire savoir à tout le monde qu’un comportement inapproprié ne serait pas accepté. «Dans mon pays, l’esprit entrepreneurial est tout simplement remarquable», déclare Arunma. «Il y a des personnes vraiment travailleuses qui souhaitent réellement changer les choses, et les marchés leur offrent les moyens d’augmenter leur capital et d’investir. C’est pourquoi, à la SEC, nous devons appliquer une tolérance zéro vis-à-vis des

LA FEMME EST L’ AVENIR DE L’ AFRIQUE

comportements inappropriés quels qu’ils soient, parce que les marchés financiers reposent sur la confiance.» Au cours des 6 derniers mois, Arunma a travaillé dur pour lutter de front contre la corruption afin que tout le monde entende un message clair : le Nigéria est un excellent endroit pour investir. «Les investisseurs locaux et internationaux doivent comprendre que les choses ont changé.» Au début de l’année, elle a promis une régulation plus stricte des marchés financiers du Nigéria. Elle a également lancé des enquêtes pour restaurer la confiance et régler des problèmes de responsabilité et de mauvaise gestion financière. Elle a permis aux directeurs de faire part de préoccupations portant sur la manière de diriger justement.

• Récompenser la bonne gouvernance :

Elle travaille à la mise à jour du code de gouvernance institutionnelle de la SEC, en y ajoutant des règles telles que «pas plus de deux membres de la même famille ne peuvent siéger au conseil d’administration d’une société pour en garantir l’indépendance.» Elle a conscience que lorsque le monde fera confiance au Nigéria en tant que marché de classe mondiale, il voudra y investir. Et lorsqu’il y investira, cela signifiera plus d’emplois, une base d’impôts plus solide, et par conséquent de meilleures écoles, de meilleures routes, et un meilleur accès à l’eau potable pour sa communauté et son pays. Arunma réalise de grandes avancées dans la réforme des pratiques de gouvernance institutionnelle au Nigéria.

Dans les pays ayant réalisé des progrès en matière de gouvernance et ayant démontré un engagement envers le développement, la transparence et la lutte contre la corruption, les donateurs devraient fournir le soutien flexible qui est nécessaire pour construire des systèmes et une infrastructure durables, ainsi que des politiques de promotion des investissements et des incitations commerciales ciblées. Dans les pays souffrant de problèmes de gouvernance (en particulier les États post-conflit et les États fragiles), les donateurs devraient investir dans le secteur social et fournir une aide au développement qui soutienne les efforts visant à augmenter la transparence et la responsabilité, et à renforcer la société civile.

• Soutenir les initiatives de gouvernance mondiales : Tous les pays ont un rôle à

jouer dans l’élimination de la corruption mondiale et l’amélioration de la transparence. Les gouvernements peuvent contribuer à faire en sorte que les investissements dans le secteur privé en Afrique soient réalisés de façon transparente et honnête, en soutenant des initiatives de promotion de la transparence et de lutte contre la corruption telles que l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), la Charte des Ressources Naturelles, et la Convention des Nations Unies contre la corruption. Les gouvernements devraient aussi fermer leurs banques aux avoirs ayant pu être obtenus de manière illicite par des politiciens corrompus, tout en aidant à ce que

tout avoir volé existant soit retourné aux pays qui en ont besoin en soutenant l’Initiative pour la restitution des avoirs volés (StAR).

• Etablir un budget pour le développement :

Les gouvernements africains devraient s’engager à financer eux-mêmes la réduction de la pauvreté, honorer cet engagement, et garantir que leurs budgets soient accessibles au public pour que leurs citoyens puissent contrôler les ressources dirigées vers les priorités de développement.

• Soutenir les groupes de citoyens en Afrique : Les citoyens africains doivent

avoir les moyens de défendre leurs propres priorités de développement. Les gouvernements africains devraient s’assurer que les organisations de la société civile disposent de l’espace nécessaire pour s’engager, ainsi que de la protection et de l’accès aux informations dont ils ont besoin pour être efficaces. Les donateurs peuvent jouer un rôle important pour renforcer leur voix en leur fournissant une assistance technique et financière. En raison du rôle central joué par les femmes dans leurs communautés en tant que mères, enseignantes, infirmières et prestataires de soins, elles peuvent être des dirigeantes efficaces pour encourager une réponse plus responsable et la mise en place de politiques améliorant la santé et l’éducation.

• Garantir un cadre légal pour l’égalité :

Les gouvernements devraient s’assurer que tous les citoyens disposent d’une protection, de chances et de droits identiques selon la loi. Des politiques visant à garantir que les femmes aient la possibilité de participer à la gouvernance de leur pays, d’accéder aux crédits, de posséder et d’hériter de propriétés doivent être mises en œuvre par les dirigeants à tous les niveaux pour garantir que les femmes puissent jouer un rôle actif dans leurs communautés et dans l’économie de leurs pays.

9

10

CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Les femmes sont une force motrice de l’économie africaine, dirigeant environ 48% des petites et moyennes entreprises et cultivant 80% des aliments.8

B

ien que le travail des femmes soit un moteur majeur de la croissance économique en Afrique, elles font face à des obstacles importants lorsqu’il s’agit d’accéder à l’éducation, de posséder une propriété, et d’obtenir un crédit et des services financiers.

Les opportunités économiques, surtout pour les femmes, sont essentielles pour que les familles africaines se fraient un chemin hors de la pauvreté et pour que les pays génèrent les revenus dont ils ont besoin pour subvenir à leurs propres besoins. Lorsque les femmes ont accès à l’enseignement supérieur, qu’elles peuvent posséder des terres et des propriétés et gérer leurs propres actifs financiers, les économies prospèrent. En outre, les avantages de la croissance économique ont aussi plus de chances d’atteindre des familles entières lorsque les femmes sont impliquées : les femmes investissent 90% de leurs revenus dans la santé, l’éducation et le bien-être de leurs familles, contre seulement 30 à 40% dans le cas des hommes.9 La croissance économique des pays est alimentée par le commerce et l’investissement, mais les personnes les plus pauvres du monde s’intéressent moins à la politique économique qu’aux opportunités qui leur permettront, à elles et à leurs familles, de sortir de la pauvreté. Pour saisir ces opportunités, les femmes africaines ont besoin d’accéder à l’enseignement secondaire et à des formations professionnelles pour se préparer à de futurs emplois. Les propriétaires de petites entreprises et les agriculteurs africains, dont la majorité sont des femmes, ont aussi besoin d’accéder aux services financiers et aux capitaux pour développer leurs entreprises et investir dans de nouvelles activités. Pour vendre leurs biens sur différents marchés, les propriétaires d’entreprises ont aussi besoin de réglementations commerciales équitables, de procédures douanières simples, de routes en bon état, d’une provision en électricité fiable, et d’un accès aux technologies telles que la téléphonie mobile et l’Internet.

CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Il y a actuellement

168 millions de femmes

Les chances de survie d’un enfant augmentent de 20% lorsque les revenus du foyer sont gérés par la mère plutôt que par le père 17

HOMMES

actives dans les économies d’Afrique subsaharienne. Il est prévu que ce chiffre augmente de près d’un tiers au cours des 10 prochaines années 11

Lorsque les filles et les femmes ont des revenus, 90% de cet argent est réinvesti dans leurs familles, alors que les hommes n’en réinvestissent que de 30 à 40% 16

90% FEMMES/FILLES

Un avenir prospère

75% des femmes dans le monde ne peuvent pas effectuer d’emprunts bancaires parce qu’elles ont des emplois non rémunérés ou précaires et qu’elles ne possèdent pas de propriété 10

44%

des entreprises au Ghana sont dirigées par des femmes

43%

41% au Rwanda12

8. Société financière internationale, «IFC Supports Women Entrepreneurs», 24 août 2007, http://www.ifc.org/ifcext/africa.nsf/Content/MainStory_GOWE_August2007 ; ICRW, R. Mehra et M. Hill Rojas, «Women, Food Security, and Agriculture in a Global Marketplace», 2008, http://www.icrw.org/files/publications/A-Significant-Shift-Women-Food%20Security-and-Agriculture-in-a-Global-Marketplace.pdf 9. C. Fortson, op. cit. 10. PNUD, «Gender and Poverty», http://www.undp.org/poverty/focus_gender_and_poverty.shtml 11. FAO, Base de données statistiques de la FAO, http://faostat.fao.org/DesktopDefault.aspx?PageID=550&lang=fr#ancor 12. Banque mondiale, Doing Business: Women in Africa, http://www.doingbusiness.org/documents/Women_in_Africa.pdf 13. Africa Partnership Forum, NEPAD, «Gender and Economic Empowerment in Africa», 22-23 mai 2007, http://www.oecd.org/dataoecd/57/53/38666728.pdf

LA FEMME EST L’ AVENIR DE L’ AFRIQUE

30-40%

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Les opportunités limitées d’emploi et d’éducation pour les femmes en Afrique réduisent la croissance annuelle par habitant de 0,8%. Si cela n’avait pas été le cas, les économies d’Afrique auraient doublé en taille au cours des 30 dernières années 13

Seuls 25% des internautes africains sont des femmes 14

le sont au Cap-Vert

8 femmes actives sur 10 en Afrique subsaharienne ne reçoivent pas de salaire officiel 15

14. International Center for Research on Women, Kirrin Gill et al., Bridging the Gender Divide: How Technology Can Advance Women Economically, 2010, http://www.icrw.org/files/publications/Bridging-the-GenderDivide-How-Technology-can-Advance-Women-Economically.pdf 15. OIT, «Global Employment Trends for Women», mars 2008, http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/documents/publication/ wcms_091225.pdf 16. C. Fortson, op. cit. 17. Thomas, Duncan, «Intra-Household Resource Allocation: An Inferential Approach», The Journal of Human Resources, 4, 1990.

12

CROISSANCE SECTION TITLEÉCONOMIQUE

CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Un avenir prospère

Faire des affaires au Rwanda Janet Nkubana et Joy Ndunguste, deux sœurs, n’auraient jamais imaginé faire un jour des affaires avec Macy’s.

Recommandations aux dirigeants de ce monde

Créer des opportunités économiques

L

orsqu’elles créent leur entreprise de paniers, sous un arbre, dans le village isolé de Gitarama, elles n’emploient que 27 vannières. Elles achètent des matériaux grâce aux gains d’un concours de projet commercial de la Banque mondiale et ouvrent une petite boutique à Kigali après avoir vendu une propriété, ce que les femmes rwandaises ne pouvaient pas faire avant 1999. C’est alors que les «paniers de la paix», fabriqués par des femmes Hutu et Tutsi, se retrouvent dans les pages du magazine Marie Claire. Plus de 1 000 commandes sont placées. Peu après, c’est dans le magazine Oprah que ces paniers apparaissent. Et lorsque l’entreprise reçoit le soutien d’USAID pour participer à un salon commercial à New York, elle prend une dimension internationale. Les deux sœurs signent un contrat avec le grand magasin américain Macy’s, s’associent à une société de commerce et de marketing américaine et, avant de le savoir, leurs paniers de la paix se retrouvent dans de nombreux foyers à travers les États-Unis.

LA FEMME EST L’ AVENIR DE L’ AFRIQUE

«[Parmi mes vannières], j’ai des survivantes, j’ai des veuves, j’ai des femmes dont les maris sont en prison», déclare Janet. «Les voir assises tissant sous le même toit et faisant des affaires ensemble est un énorme accomplissement... ces femmes sont ensemble maintenant, et elles gagnent un revenu. C’est extraordinaire.» La société de Janet et Joy, Gahaya Links, emploie désormais plus de 4 000 femmes, et, en 2007, l’entreprise a produit 35 000 paniers, réalisant des ventes annuelles de 300 000 dollars. En fait, Gahaya Links est maintenant le plus grand exportateur de ces paniers rwandais uniques en leur genre dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (qui permet l’entrée d’exportations rwandaises exemptées de taxes sur le marché américain). Mais l’entreprise n’a pas seulement changé les vies de Joy et de Janet, elle a aussi offert un avenir meilleur à des milliers de mères, filles et sœurs défavorisées dans tout le Rwanda. Les femmes employées

par Gahaya Links ont acquis de nouvelles compétences dans le cadre du programme de formation rigoureux de la société. Les recettes de la vente des paniers ont aidé plus de 18 000 enfants à aller à l’école. Le groupe a créé une banque communale. Et les femmes disent qu’elles sont maintenant traitées avec plus de respect dans leurs communautés. Bien sûr, cela ne signifie pas que les deux sœurs ne font face à aucune difficulté. Les coûts d’expédition restent élevés, et cela peut prendre des mois pour faire parvenir de la teinture biologique et des matériaux d’expédition, même à partir des pays voisins. Mais elles ont déjà développé de nouveaux produits (bijoux et textiles), et elles espèrent gagner de nouveaux marchés : l’Europe et le Canada. Janet et Joy travaillent à employer leur communauté et leur pays pour le long terme. – Récit adapté du rapport de 2008 «Doing Business: Women in Africa» de la Société financière internationale et de la Banque mondiale

La croissance économique peut contribuer au développement et à la réduction de la pauvreté. S’assurer que cette croissance aide les plus pauvres à sortir de la pauvreté nécessitera des investissements et des changements politiques de la part de tous les partenaires de développement. En 2010 et au-delà, les partenaires de développement devraient collaborer dans le but d’atteindre les objectifs suivants :

• Etendre l’accès aux services financiers et à la technologie : Un

accès à des services financiers fiables et abordables est crucial pour que les familles et les entreprises puissent investir dans de nouvelles opportunités et se protéger des chocs imprévus. Les femmes en particulier devraient être ciblées par ces services et la technologie nécessaire pour en tirer profit, telle que la téléphonie mobile. Le soutien aux micro-entreprises peut conduire à une meilleure productivité économique, mais il est encore plus crucial de soutenir les petites et moyennes entreprises, qui constituent la majorité des sociétés africaines et sont souvent dirigées par des femmes.

• Renforcer l’infrastructure : Le commerce au sein des pays africains ainsi qu’avec des partenaires commerciaux africains et internationaux requiert des outils pour transférer l’information et transporter les biens. Des infrastructures renforcées pour l’énergie, la communication et le transport amélioreraient la faisabilité et la rentabilité du commerce régional et international. Les pays développés peuvent contribuer à soutenir la croissance économique à travers des investissements dans des institutions telles que la Banque africaine de développement, qui soutient la croissance de «couloirs économiques» régionaux à travers l’amélioration des infrastructures. • Encourager l’investissement :

Les opportunités d’investissement privé augmentent à travers l’Afrique dans des secteurs émergents tels que les télécommunications et les sources d’énergie renouvelable. Les pays développés et en voie de développement devraient se servir des opportunités internationales, telles que la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la réalisation des OMD et les Sommets du G20, comme d’une plateforme pour accroître

la connaissance des opportunités d’investissement en Afrique et pour encourager l’investissement dans le continent. Pour renforcer les moyens de subsistance dans les régions rurales (où vivent et travaillent près de 75% des Africains), les partenaires de développement devraient particulièrement encourager les investissements publics et privés dans la productivité agricole et l’agroindustrie.

• Donner la priorité à un accord sur des politiques commerciales mondiales soutenant le développement : Les pays en voie

de développement font face à des difficultés pour accéder aux marchés mondiaux (souvent en raison de taxes ou de quotas), surmonter les effets des subventions agricoles, et résoudre les contraintes liées aux approvisionnements. Les partenaires mondiaux débattent depuis près de 10 ans au sein du Cycle de négociations commerciales de Doha sous l’égide de l’OMC, mais ne sont encore parvenus à un accord sur aucun des domaines politiques prioritaires qui pourraient véritablement bénéficier aux plus pauvres.

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14

INVESTIR POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS – SANTÉ

Les femmes jouent un rôle majeur dans la réalisation des trois Objectifs du Millénaire pour le Développement concernant l’amélioration de la santé mondiale, dont les buts sont de réduire la mortalité infantile et maternelle, ainsi que la propagation du VIH/sida, du paludisme et d’autres maladies infectieuses.

INVESTIR POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS – SANTÉ

1/4 800

L

es femmes africaines sont les plus frappées par des maladies telles que le VIH/sida et le paludisme, et ce sont elles qui souffrent le plus du manque de personnel soignant formé, d’accès de base à des services de santé et aux installations médicales. Mais, en tant que mères, elles constituent des forces motrices pour améliorer la santé de leurs enfants. Équiper une femme des bons outils et connaissances, par exemple pour prévenir le VIH/sida, décider de la taille de sa famille et de l’espacement entre ses accouchements, donner naissance de manière sûre dans un établissement médical et protéger ses enfants contre les maladies évitables telles que la diarrhée et le paludisme, contribuera aussi à garantir que les familles s’élargissent dans de bonnes conditions de santé. Et comme les femmes occupent des postes d’infirmières, de professionnelles de santé et de prestataires de soins pour leurs voisins et les membres de leur famille souffrant du VIH/sida, leur action profite à la santé de l’ensemble de leurs communautés.

1 22

LA FEMME EST L’ AVENIR DE L’ AFRIQUE

Les enfants qui perdent leurs mères ont cinq fois plus de chances que les autres de mourir pendant leur enfance 19

Un futur en bonne santé Les complications durant la grossesse ou l’accouchement sont la cause principale de décès chez les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans dans les pays en développement 27 Chaque année, entre 10 et 15 millions de femmes souffrent de maladies ou de handicaps sévères ou durables du fait de complications survenues durant la grossesse ou l’accouchement 23

18. UNICEF, «The State of the World’s Children Statistical Tables», 2009, http://www.unicef.org/ publications/files/SOWC_Spec_Ed_CRC_Statistical_Tables_EN_111809.pdf 19. S. Brown, UNICEF, «Working Together for Maternal and Newborn Health», http://www.unicef.org/sowc09/docs/SOWC09Panel-5.1-EN.pdf 20. Global Coalition on Women and AIDS, Keeping the Promise: An Agenda for Action on Women and AIDS, 2006, http://data.unaids.org/pub/Booklet/2006/20060530_FS_ Keeping_Promise_en.pdf

Dans les pays en voie de développement, 25 à 50% des filles deviennent mères avant l’âge de 18 ans 24

En Afrique du Sud, les jeunes femmes ont trois fois plus de chances d’être infectées par le VIH que les jeunes hommes 26

En Afrique subsaharienne, les femmes ont 1 chance sur 22 de décéder lors de l’accouchement (contre 1 sur 4 800 aux États-Unis) 18

15

75

%

des jeunes porteurs du VIH en Afrique sont des filles 20

Seulement 50% des femmes africaines ont accès à des sagesfemmes qualifiées 25