La consultation sur le développement énergétique du

De nouveaux barrages et le gaz ou l'efficacité énergétique et l'éolien? Des choix à venir vite. Par Harvey Mead. La consultation sur le développement ...
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De nouveaux barrages et le gaz ou l’efficacité énergétique et l’éolien? Des choix à venir vite Par Harvey Mead La consultation sur le développement énergétique du Québec, qui a lieu actuellement à l’Assemblée nationale, cible des enjeux tout à fait déterminants à plusieurs égards pour l’avenir de la société. Le contexte fourni par la commission parlementaire est plutôt général et inapproprié pour une analyse en profondeur de ces enjeux complexes, et le ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs a présenté un document d’orientation sans vision en ce qui les concerne. Par ailleurs, les parlementaires auront entendu à travers une dizaine de sessions une grande diversité d’intervenants présentant des préoccupations à caractère local, régional, provincial et même international. Tout porte à croire que le gouvernement va prendre des décisions importantes dans les prochains mois comportant des conséquences dont les enjeux n’auront été qu’effleurés par la consultation, ou soulevés à travers une multitude d’autres interventions. Trois enjeux sont cruciaux et représentent des préoccupations de l’UQCN depuis fort longtemps. 1. L’énorme potentiel de l’efficacité énergétique, sans lobby Il n’y a à toutes fins pratiques aucun groupe qui pourrait être considéré comme le « lobby » pour l’efficacité énergétique, et cela paraît. En dépit de l’existence de l’Agence d’efficacité énergétique (AEÉ), sous-financée et sans mandat important depuis sa création en 1997, c’est Hydro-Québec qui est la cible de toute intervention dans le domaine. Cet accent semble être mis sur le mauvais intervenant, à juger par le mandat de cette société d’état, qui est d’assurer l’approvisionnement en électricité pour la province; les résultats obtenus par un recours à Hydro-Québec à cet égard sont encore plus concluants, cette « filière » ayant été presque complètement délaissée par elle depuis des années, sans que l’AEÉ ne puisse prendre la relève. Le potentiel est énorme, estimé de façon très conservatrice à peut-être 11 TWh; Hydro-Québec a répondu à une demande de la Régie de l’énergie en 2004 en proposant un objectif risible de 0,75 TWh, que le gouvernement a monté à 3 TWh. Cette filière comporte de nombreux bénéfices sociaux, économiques et environnementaux, et constitue la première à exploiter « dans une perspective de développement durable », parce qu’elle élimine tout simplement une consommation non nécessaire, avec toutes ses implications. Il faudrait une intervention majeure de ce coté de la part du gouvernement, mais « personne » n’existe de la taille correspondante à sa valeur pour pousser. Plusieurs mesures de gestion de la pointe permettraient, dans le cadre d’un programme d’envergure d’efficacité énergétique au sens large, de réduire sinon éliminer les pressions pour de nouvelles

sources d’énergie strictement pour permettre de répondre à la demande durant les quelques jours de très grande consommation en hiver. 2. L’un ou l’autre : le développement de l’éolien, sans lobby, ou de nouveaux barrages Concernant de nouvelles sources d’énergie qui peuvent s’avérer nécessaires ou souhaitables, la société en attend depuis plusieurs années ayant des impacts moins dommageables que ceux des sources actuelles. Ces sources sont en très grande partie les combustibles fossiles, mais également les équipements de production d’hydroélectricité installés sur de nombreuses rivières de la province. L’éolien est la « nouvelle énergie » la plus attendue et il est déjà opérationnelle ailleurs. L’année 2004 a été charnière pour cette filière, maintenant rendue à maturité à un prix très compétitif. Par ailleurs, l’éolien comporte la qualité précieuse de se prêter à un jumelage avec un réseau hydraulique possédant de grands réservoirs; le développement important de cette filière, en complémentarité avec le réseau existant d’Hydro-Québec, offre donc l’occasion de sécuriser les approvisionnements québécois par le jumelage qui permettrait de maintenir plus élevé le niveau des réservoirs, la source de notre hydroélectricité. Puisqu’il s’agit d’une nouvelle filière, il va presque sans dire qu’il n’existe à peu près pas de « lobby » pour faire la promotion d’un programme de construction d’éoliennes pouvant atteindre sur dix ans quelque 17 000 MW, la moitié de la capacité actuelle d’Hydro-Québec, cela selon les experts de l’Institut de recherche d’Hydro-Québec elle-même. Les discours des intervenants gouvernementaux, dont le Premier ministre et le ministre de l’Énergie, suggèrent que s’il n’y a pas de décisions déjà prises d’aller de l’avant avec un nouveau programme de construction de grands barrages (Rupert-Eastmain et Romaine, pour ne nommer que ceux-là), il existe une volonté ferme d’y procéder. Si une telle décision est prise, le gouvernement ne pourra pas procéder en même temps au développement important de la filière éolienne. Le résultat serait les impacts des nouveaux ouvrages hydroélectriques sur de nouvelles rivières et sur les écosystèmes aquatiques de la province, la perte définitive de l’occasion de se doter d’une filière qui diversifierait et sécuriserait les sources d’approvisionnement actuelles, et le maintien, en plus grand, d’un réseau hydraulique fragile face aux aléas du climat. 3. L’un ou l’autre : une pénétration accrue du gaz, avec lobby, ou l’éolien Les mêmes intervenants gouvernementaux qui prônent un recours accru à l’hydroélectricité laissent croire aussi que le Québec devrait procéder à la construction des équipements permettant une pénétration accrue de la filière du gaz naturel. Pour le moment, il s’agit de deux projets de ports méthaniers dans l’estuaire en aval de Québec dont chacun doublerait la capacité actuelle de la province à importer ce combustible fossile. Le recours à la filière du gaz comporte des émissions de gaz à effet de serre, et le débat sur le Suroît en 2004 a démontré l’importance que les Québécois accordent à la menace des changements climatiques qui y sont associées. La filière du gaz constitue le troisième enjeu crucial concernant laquelle des décisions semblent imminentes, sans que la commission parlementaire n’ait réussi à en présenter adéquatement les implications.

Union québécoise pour la conservation de la nature De nouveaux barrages et le gaz ou l’efficacité énergétique et l’éolien? Des choix à venir vite —2—

Les implications négatives nous apparaissent de deux sortes, majeures. D’une part, rien ne permet de penser que l’arrivée de nouvelles sources de gaz ne relance l’intérêt des promoteurs pour de nouvelles Suroît, des centrales thermiques qui seront faussement appelées « de cogénération »; les promoteurs des deux ports étaient les promoteurs des deux centrales thermiques débattues en 2004, la Suroît et la Bécancour, et la population a démontré qu’elle veut son électricité de sources qui n’empirent pas les changements climatiques. La nouvelle capacité ne pourra s’écouler dans le marché de la chauffe dans les nouveaux bâtiments et son rôle comme remplaçant des sources actuelles est aléatoire, une question de marchés. D’autre part, l’utilisation de ce gaz entrera en concurrence inévitable avec le marché qui pourrait être visé pour l’électricité produite par la nouvelle filière éolienne. Tout comme de nouvelles grandes centrales hydroélectriques, une pénétration accrue du gaz naturel aura comme conséquence la réduction ou l’élimination du marché potentiel de l’éolien et l’abandon de cette filière. Non seulement le Québec aurait choisi d’augmenter ses émissions de gaz à effet de serre, mais il l’aura fait en décidant d’éliminer l’éolien, une nouvelle source d’énergie renouvelable dont le potentiel est énorme et dont les impacts sont dramatiquement moindres. Il serait pertinent de passer à une évaluation du besoin d’une nouvelle source de gaz naturel pour les utilisations actuelles (qu’on voudrait voir diminuer avec le temps). Cela prendra une intervention autre que celle visant à déterminer les emplacements à prioriser; tout ce qu’on nous offre pour le moment est deux projets de ports qui équivaudrait chacun à peut-être quatre nouvelles Suroît….

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