Jesús Vallejo, l'âme de Saragosse Dix-huit ans. Un âge où ...

justement d'un Gerard Piqué, lui-même passé par la capitale de l'Aragon, dans une version peut-être plus offensive même. « Piqué par exemple est un crack, ...
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Jesús Vallejo, l’âme de Saragosse Dix-huit ans. Un âge où beaucoup de jeunes préparent leurs examens, pendant que d’autres entrent dans la vie active. Jesús Vallejo lui, vient de porter le brassard de capitaine du club de sa ville pendant les playoffs de montée de Liga Adelante. Le défenseur central est l’une des révélations de la saison de l’autre côté des Pyrénées.

Crédits : Marca.com On connait tous la difficulté qu’a l’Espagne à sortir de bons défenseurs. Depuis l’explosion de Ramos et de Piqué, aucun central n’est venu frapper fort à la porte de la Roja. Et pourtant, nombreux sont les jeunes joueurs qui semblaient de potentiels candidats à la zaga de la sélection. Marc Bartra est pour l’instant la seule alternative crédible au duo catalo-madrilène bien en place depuis longtemps, mais son manque de temps de jeu en club reste un handicap pour lui. Mikel San José a été appelé plusieurs fois par Del Bosque en 2015, mais est plutôt utilisé au milieu cette saison, tant en club qu’en sélection. Derrière, Íñigo Martínez ne semble pas progresser, Alvaro Botia n’a jamais été au niveau attendu, Alvaro Dominguez est bon à Gladbach mais ne semble pas convaincre le staff de la Roja etc... La liste est longue. Aujourd’hui, deux jeunes sont appelés à prendre la relève du Catalan et de l’Andalou. Le premier, Ruben Duarte, pépite de la cantera de l’Espanyol, polyvalent, qui a joué sur le flanc gauche cette saison mais qui est défenseur central de formation. Le deuxième est donc Jesús Vallejo, 18 ans, probablement moins connu à l’international mais tout aussi prometteur, si ce n’est plus. Une pépite dont le nom n’est sûrement pas étranger aux passionnés de Football Manager, et qui sort d’une saison exceptionnelle avec l’équipe de sa ville, le Real Zaragoza.

Un défenseur « à l’ancienne » Et si beaucoup d’espoirs reposent sur les épaules de Vallejo en Espagne, c’est parce qu’il a un profil différent de celui des défenseurs qui sortent actuellement. Un style de jeu qui se rapproche justement d’un Gerard Piqué, lui-même passé par la capitale de l’Aragon, dans une version peut-être plus offensive même. « Piqué par exemple est un crack, mais je pense que Jesús est plus rapide et plus vif que lui », confirme Ranko Popovic, coach des Maños, dans un entretien avec El Periódico de Aragón (http://www.elperiodicodearagon.com/noticias/deportes/ranko-popovic-la-promocion-seriapremio-luchamos-dificultades-enormes_1030667.html ). Là où la plupart des défenseurs préfèrent balancer devant en jouant la sécurité ou se contentent de décaler le jeu sur leurs latéraux ou leurs milieux de terrain pour les plus adroits d’entre eux, Vallejo n’hésite pas à monter jusqu’à la ligne médiane pour ensuite distribuer à la manière d’un vrai relayeur. https://www.youtube.com/watch?v=iO9iRDNZOZY Espagne U19 – Turquie U19 le 31 mai dernier, Vallejo était capitaine et a marqué un but « Il a les qualités d’un Baresi ou d’un Lucio. Ce genre de défenseurs centraux qui n’existent plus, puisqu’on les a tués comme les dinosaures », expliquait le technicien serbe en mai (http://www.elperiodicodearagon.com/noticias/deportes/popovic-compara-vallejo-baresilucio_1029817.html ). Un défenseur qui n’hésite pas à dézoner et à venir donner un coup de main à ses coéquipiers dans les derniers mètres, notamment sur coup de pied arrêté, où il excelle malgré sa taille relativement moyenne (1.82m). Un profil de joueur qui s’avère finalement toujours utile sur les phases offensives, Popovic en est convaincu : « Si un défenseur arrive de derrière, il déséquilibre toute la défense adverse, puisqu’elle est occupée avec les attaquants, les ailiers ou les latéraux. Personne ne compte sur les défenseurs centraux. Je veux qu’à l’avenir, tous nos défenseurs jouent comme ça. On ne sait pas si ça sera possible, mais pour l’instant on arrive plus ou moins à nos fins. Vallejo en est l’exemple même ».

On notera qu’il a marqué deux buts lors des trois matchs de qualification à l’Euro U19 disputés en mai. Et si l’occasion se présentait, nul ne doute que Vallejo serait en mesure de jouer à un poste plus avancé, au milieu de terrain notamment. Une maturité à toute épreuve Ce n’est pas un hasard si le jeune espagnol bat des records de précocité. Il a débuté en Liga Adelante en aout dernier après avoir fait le grand saut en passant des U19 à l’équipe A, sans avoir joué le moindre match avec l’équipe B (qui évoluait cette saison en D3), par où les jeunes ont l’habitude de transiter avant d’intégrer l’équipe première. On parle d’un défenseur qui à 18 ans porte déjà le brassard de capitaine son équipe et qui est l’idole de toute une ville. Sans pour autant faire partie des cadors espagnols, Saragosse reste un club qui a pesé dans l’histoire du football ibérique, et ses supporters sont particulièrement exigeants. Pas évident donc d’assumer cette pression, surtout à un poste où chaque erreur est fatale et où le manque d’expérience peut couter cher. Un brassard qu’il porte également avec l’équipe U19 de la sélection espagnole. Un rôle de capitaine qui ne lui est pas monté à la tête, bien au contraire. « C’est un peu compliqué d’assimiler tout ce qui s’est passé en si peu de temps. Il faut avoir la tête bien meublée et les pieds sur terre. Le brassard ne t’accorde pas de pouvoirs, mais il te donne de l’énergie supplémentaire. Un capitaine représente son équipe et doit tout donner sur le terrain pour défendre ses coéquipiers, ses entraîneurs, les supporters et le club. C’est ce que j’essaie de faire à chaque match », expliquait l’intéressé dans un entretien publié sur le site de Marca (http://www.marca.com/2015/06/17/futbol/equipos/zaragoza/1434540730.html).

Crédits : realzaragoza.com Et si sa carrière a démarré sur les chapeaux de roues, Vallejo n’a pas quitté les rangs de l’école. Il a passé la selectividad (équivalent espagnol du bac) une semaine avant le match aller des finales playoffs ! En plein entre la demi-finale et la finale ! « J’ai bien réussi mes examens. Je n’aurai pas les meilleures notes mais ça devrait être suffisant pour passer et pouvoir faire des études de droit », confiait-il, toujours au quotidien espagnol. « J’ai dû m’organiser pour être un peu partout. Quand on a joué à Ponferrada par exemple, on a fait le déplacement un vendredi, et comme j’avais un examen le lundi j’ai demandé une salle pour pouvoir étudier. Entre les cours, Saragosse et la sélection, j’essaie de prendre du temps sur mes jours de repos et pendant les voyages en autobus ou en train. Je fais partie de ceux qui pensent que tout est possible si tu t’organises bien et que tu es responsable ». Des déclarations qu’on n’entend pas souvent dans la bouche de jeunes de cet âge, encore moins dans le monde du football.

Et maintenant ? Et la saison de Vallejo a logiquement attiré du monde au balcon. Rien de concret encore, mais les grosses écuries espagnoles avaient régulièrement des superviseurs en tribunes à la Romareda, et un intérêt du Real Madrid a été évoqué plus tôt dans la saison. Du côté de Saragosse, tout le monde est conscient que la pépite ne restera pas au club à vie. « J’espère qu’il pourra être à Saragosse le plus longtemps possible, jusqu’à ce que le club puisse le vendre à un gros club pour très cher, ce serait super économiquement pour le club », explique Ander Herrera (http://deportes.elpais.com/deportes/2015/06/16/actualidad/1434476954_618228.html ), lui aussi formé à Saragosse et admirateur du jeune défenseur. Comme beaucoup de clubs de Liga Adelante, Saragosse ne roule pas sur l’or, vous vous en doutez. Le club paie encore les pots cassés de la gestion catastrophique d’Agapito Iglesias, ancien président, et doit environ 30 millions d’euros au Trésor Public. Si le départ de Vallejo serait une perte énorme sur le plan sportif et émotionnel, il permettrait de renflouer les caisses et d’assurer la pérennité économique du club. Seul problème, sa clause libératoire n’est que de 1.5M€, une somme dérisoire pour un joueur avec un tel potentiel. Forcément, il était compliqué de prévoir une explosion aussi fulgurante lorsqu’il a paraphé son premier contrat. En cas de départ, club et joueur trouveront sûrement un accord pour signer un nouveau contrat avec une nouvelle clause plus élevée, afin qu’il parte à un prix raisonnable. Reste maintenant à savoir si Vallejo veut franchir le pas et jouer dans l’élite dès la saison prochaine, ou s’il privilégiera une deuxième saison à Saragosse en Liga Adelante. Pour l’instant, il s’est montré assez évasif concernant son avenir, se contentant d’expressions toutes faites et des lieux communs habituels lorsque l’avenir d’un joueur est en question (http://www.elperiodicodearagon.com/noticias/realzaragoza/jesus-vallejo-lo-siento-muchoaficion_1035076.html). Une chose est sûre, il fera partie des joueurs à surveiller de très près en Europe pendant ces prochaines années, et il ressuscitera peut-être un secteur défensif assez pauvre en Espagne ces derniers temps.