J'ai couru le marathon « international » de Casablanca !

Ce matin nous sommes 4.000 à nous élancer depuis la corniche, non loin de la Grande Mosquée de Casablanca. La majorité d'entre eux se contenteront, ...
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J’ai couru le marathon « international » de Casablanca !

Ce dimanche matin dernier, j’ai réglé au moins trois réveils pour être sûr d’être sur la ligne de départ, en compagnie des coureurs de Casablanca. Pas de samedi soir enflammé pour eux, non ! Ce soir, je me suis couché dans le calme vers 22h... car le lendemain il faudra être debout pour 5h30 ! Ils sont nombreux à s’y rendre en groupe avec un ami, de la famille, des collègues. Une sorte de pacte moral les obligent mutuellement à être d’attaque. Difficile de se mettre dans la tête de ces aficionados du tarmac qui ont décidé de se faire mal pendant plus d’1h30 ! Ce matin nous sommes 4.000 à nous élancer depuis la corniche, non loin de la Grande Mosquée de Casablanca. La majorité d’entre eux se contenteront, comme moi, de 21km et quelques d’effort ; d’autres en tenteront le double ! Juste avant le départ, j’ai le temps de jeter un coup d’œil à l’échantillon de coureurs qui m’environne. Il y a beaucoup d’hommes, en majorité de la trentaine ou de la quarantaine, mais pas seulement. On trouve aussi des femmes qui représenteraient le quart des participants ainsi que quelques jeunes de 10 à 25 ans ! Or très vite l’analyse s’interrompt et le signal de départ est lancé. Les plus téméraires se replacent en tête de peloton. Les autres gèrent consciencieusement leur rythme afin de garder des forces pour la deuxième partie de la course. Tout au long de l’effort, on se sent paradoxalement seul et entouré à la fois. Généralement on se concentre sur sa musique, sur ses sensations ou on tente d’oublier la fatigue en regardant le public, venu par centaines sur les bords de route. Parfois, on est

amené à trouver un compagnon de route, avec qui le tempo est compatible. J’ai trouvé le mien, mais je crois qu’il m’a vite quitté pour faire le double de mon effort. Je comprends mieux sa grimace lorsque je lui ai annoncé que nous n’étions qu’au 12 e kilomètre ! Heureusement que mon portable est là pour m’annoncer la distance restante… Une douleur au ventre vient me rendre le dernier tiers de la course difficile. L’objectif est clair pour moi : il s’agira surtout de passer la ligne d’arrivée. Une fois l’arrivée en vue, je lis 1h40 sur le chronomètre. J’en profite alors pour placer une ultime accélération. Les jambes sont lourdes, le souffle est court, la tête tourne mais la fierté est intacte ; j’ai terminé le Marathon de Casablanca ! Pour moi l’image qui incarne le mieux l’esprit de cette course est représenté par ce père et son fils de dix ans qui ont fait la course devant moi.



Un marathon international ?

Quand je vois cet état d’esprit qui pousse ces coureurs à se surpasser, je me dis que cet évènement ne leur a pas fait suffisamment honneur. Je pense parler au nom de nombreux coureurs si j’affirme haut et fort que cet évènement a été décevant. Certes, nous sommes loin des moyens et de la renommée d’un marathon comme celui de Paris, de Boston. Je trouve cependant bien prétentieux de s’afficher comme un marathon international avec tous ces couacs d’organisation. Le speaker n’a cessé de mentionner le nom des sponsors, mais j’en déduis qu’ils n’ont pas été si impliqué que cela. On voit bien le coup de com’ recherché par Casa Events à l’occasion du lancement de la marque la ville. Abdelmajid Mekkaoui, un des organisateurs, m’a pourtant affirmé que la coopération avec CasaEvents, la Métropole et la wilaya avaient donné un second souffle à l’évènement. Il est certain que les Marocains ont encore plus de raisons d’hésiter à payer les 150dh ou 200dh de participation. Sur la page Facebook de la course, peu fréquentée, j’ai pu récolter des avis qui confirment mon sentiment. Les maillots sont de piètre qualité. Je n’ai d’ailleurs pas pu récupérer le mien la veille de la course car l’emplacement du village a été changé sans information précise. Heureusement que le commentaire d’un internaute sur le changement de lieu de départ avait changé, sinon je n’y aurais pas participé ! En arrivant sur place, avec un autre participant, nous cherchons une consigne pour poser nos sacs et trouver des toilettes, tout cela manque ! Les membres du staff se renvoyaient la balle. J’ai fini par cacher

mon sac dans un arbustre... Durant la course, les pépins d’organisation étaient encore évidents. Il n’y avait pas la moindre indication kilométrique, imaginez l’effet psychologique ! Sur cinq stands du semi-marathon, un seul n’avait que de malheureux raisons secs à manger. J’espère que les marathoniens avaient les poches pleines, autrement il n’est pas possible de dépasser le fameux mur du Marathon, la fringale du 30e kilomètre… Enfin, le meilleur pour la fin, les conditions de sécurité n’étaient pas assurées. Les bénévoles et policiers, en nombre trop limité, ont essayé tant bien que mal de tenir en laisse le manque de patience et d’esprit sportifs des automobilistes de Casablanca ! Vers la fin, pour certains cela ressemblait plus à un dangereux slalom entre les voitures. Un marathon international, j’en doute fortement ! Il y a beaucoup d’efforts à faire pour que les coureurs casaouis et la ville toute entière aient la course qu’ils méritent. WR