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des conflits armés, des catastrophes naturelles et d'autres crises. À chaque instant, sur le terrain, le Mouvement met en pratique les principes fondamentaux d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance qui sont le ciment de son unité et de son universalité. Prenant appui sur les relations fortes qu'il a nouées ...
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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à l’occasion du Sommet humanitaire mondial

Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Mouvement) se compose de 190 Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et du Comité international de la CroixRouge. Dans un contexte humanitaire houleux, politisé et complexe, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est un réseau humanitaire mondial unique en son genre qui a pour vocation de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances humaines. Il est le porte-drapeau d’une action humanitaire qui se doit d’être efficace et pertinente pour répondre aux besoins multiples des personnes qui souffrent des effets des conflits armés, des catastrophes naturelles et d’autres crises. À chaque instant, sur le terrain, le Mouvement met en pratique les principes fondamentaux d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance qui sont le ciment de son unité et de son universalité. Prenant appui sur les relations fortes qu’il a nouées avec les États ainsi que sur le vaste réseau de volontaires qu’il s’est constitué au sein de la population et qui incarne le principe de volontariat, le Mouvement agit de manière optimale aux niveaux local, national, régional et international. Extrait de la « Vision du Mouvement international de la CroixRouge et du Croissant-Rouge », Conseil des Délégués du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2015).

© Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève, 2016 Toutes les parties de cette publication peuvent être citées, copiées, traduites dans d’autres langues ou adaptées aux besoins locaux sans un accord préalable de la Fédération internationale, à condition de citer clairement la source. Toute demande de reproduction à des fins commerciales doit être adressée directement au Secrétariat de la Fédération internationale ([email protected]). Photo de couverture  : Stephen Ryan/IFRC

Istanbul et au-delà – Perspectives et engagements du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à l’occasion du Sommet humanitaire mondial 05/2016 F

Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements Table des matières

Table des matières Remerciements 5 Introduction 6 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse A. Conserver une approche guidée par les principes aux fins de l’accès et de la proximité

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B. Faire respecter les normes qui protègent les personnes dans la guerre

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C. Protéger et aider tous les migrants vulnérables et les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays

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D. Redevabilité à l’égard des personnes que nous servons

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E. Inclure tout le monde dans les interventions humanitaires

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F. Prévenir et réduire le risque de violence sexuelle et sexiste et répondre aux besoins des victimes/survivants

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G. Soutenir les volontaires et garantir leur sécurité

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2. Affirmer la complémentarité de l’action locale, nationale et internationale

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A. Réaliser la complémentarité  : l’exemple du Mouvement

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B. Le rôle important des acteurs nationaux, en particulier des Sociétés nationales

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3. Envisager les besoins des populations sur le long terme

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A. Renforcer la résilience des communautés

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B. Aider les personnes durant les conflits prolongés

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C. Veiller à la santé de tous, en particulier dans les situations de crise

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D. Aider les personnes en milieu urbain

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E. L'innovation axée sur les besoins

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4. Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action A. Mieux collaborer au sein d’un écosystème humanitaire d’une grande diversité

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B. Accélérer les progrès en matière de facilitation et de réglementation des interventions humanitaires en cas de catastrophe 36 C. Améliorer le financement humanitaire

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Conclusion 40 Références choisies

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Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements Remerciements

Remerciements Le présent rapport a été commandé par le Comité international de la CroixRouge (CICR) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération internationale), au nom du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Le CICR et la Fédération internationale tiennent à remercier Ed Schenkenberg et Marzia Montemurro, de HERE-Geneva, pour leur concours à l’élaboration du rapport. Ils souhaitent également remercier les nombreux représentants de Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour leurs contributions, notamment dans le cadre des échanges tenus durant l’atelier qui a eu pour hôte la Société du Croissant-Rouge turc, du 13 au 15 avril 2016 à Istanbul.

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Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements Introduction

Introduction Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (le Mouvement) est guidé par le pouvoir de l’humanité depuis plus de 150 ans. Du renforcement de la sécurité alimentaire des populations touchées par la sécheresse au Kenya, à la fourniture de soins aux personnes âgées en Australie, en passant par le traitement des malades et des blessés au Yémen, et la recherche de victimes des tremblements de terre de 2015 au Népal, nous œuvrons à prévenir et alléger les souffrances humaines en toutes circonstances. Notre modèle d’action, qui repose sur nos Principes fondamentaux, nos volontaires dans les communautés, notre relation particulière avec les gouvernements dans le domaine humanitaire, nos liens étroits avec les populations avec lesquelles nous travaillons, et nos réseaux internationaux de solidarité, a permis d’apporter protection et assistance à des millions de personnes en situation de crise.

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Malgré tout, nous nous trouvons, comme nombre de nos partenaires humanitaires, à un stade de réflexion. Nous sommes confrontés à des conflits armés d’une nature de plus en plus complexe, d’une durée de plus en plus longue et à l’impact de plus en plus important à l’échelle régionale et mondiale. Les catastrophes deviennent de plus en plus graves, en partie provoquées par les changements climatiques et rendues compliquées par la croissance et la densité de plus en plus élevées de la population. Le nombre de personnes déplacées par ces catastrophes et d’autres crises semblables n’a jamais été aussi élevé depuis la

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements Introduction

Seconde Guerre mondiale, et de nombreux migrants font face à des dangers et des difficultés extrêmes au cours de leur voyage. Dans le même temps, quelque 60 % des décès maternels et 53 % des décès d’enfants de moins de cinq ans évitables dans le monde se concentrent dans des contextes de conflit, de catastrophe et de déplacement. Les flambées de maladies à virus Ebola et à virus Zika ont récemment mis en évidence notre grande difficulté à contenir et contrôler les situations d’urgence sanitaire au niveau mondial. Le Sommet humanitaire mondial (Sommet) a suscité un dialogue mondial sur l’action humanitaire. Il nous a donné une excellente occasion d’étudier nos forces et nos faiblesses face aux besoins humanitaires rapidement croissants et évolutifs d’aujourd’hui. Dans son rapport en vue du Sommet, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a dégagé d’importants défis pour le secteur humanitaire et au-delà, et lancé des appels à l’action dans un ensemble de domaines pertinents pour le Mouvement. Il a notamment appelé à défendre et réaffirmer les principes humanitaires fondamentaux et le droit international humanitaire, à accroître les investissements dans la résilience et les capacités humanitaires locales, et à prendre des mesures concrètes en vue de répondre aux besoins humanitaires croissants des migrants et des personnes déplacées. Le présent rapport expose la perspective et l’expérience du Mouvement concernant ces sujets importants, ainsi que d’autres questions comme la sécurité des volontaires et les services de santé dans les situations de crise, qui devraient être au cœur des priorités humanitaires. Il énonce en outre nos engagements et nos appels à l’action, pour beaucoup tirés de résolutions adoptées à la XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, tenue en décembre 2015 à Genève. Ce forum unique, organisé tous les quatre ans, rassemble le Mouvement, les États parties aux Conventions de Genève et des partenaires humanitaires, et vise à prendre des engagements et à établir des orientations communes en vue d’améliorer les conditions de vie des personnes en détresse. Nous partons du principe que les engagements que nous prenons (ou rappelons) à l’occasion du Sommet ne nous lient à aucun mécanisme de compte rendu ou de suivi des Nations Unies. Le Mouvement privilégiera ses propres mécanismes, notamment la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, pour rendre compte des progrès réalisés. À la veille de la XXXIIe Conférence internationale, le Mouvement a adopté un « Message au Sommet humanitaire mondial » énonçant les quatre principaux sujets de préoccupation devant faire l’objet d’un débat à Istanbul (qui serviront de principes articulateurs du présent rapport) : • Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse • Affirmer la complémentarité de l’action locale, nationale et internationale • Envisager les besoins des populations sur le long terme ; et • Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action.

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Talia Frenkel/American Red Cross

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse

1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse La dignité de tous les êtres humains est au cœur du principe d’humanité. Respecter la dignité humaine signifie que nous devons être prêts et autorisés à apporter une protection et un soutien aux personnes en détresse. Nous œuvrons sur la base des besoins, sans discrimination aucune, dans l’objectif de ne laisser personne de côté, comme le demande M. Ban Ki-moon.

A. Conserver une approche guidée par les principes aux fins de l’accès et de la proximité Pour mener une action humanitaire efficace, il est essentiel d’avoir accès aux personnes en détresse et d’être à proximité. Être proche des réalités de la vie des populations permet de savoir exactement comment satisfaire au mieux leurs besoins divers. La proximité peut en outre contribuer à accroître notre redevabilité à l’égard des personnes en détresse. Pour le Mouvement, les principes humanitaires communs d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance sont cruciaux pour atteindre les objectifs d’accès et de proximité. Ils apparaissent comme le meilleur moyen de conserver la confiance des autorités compétentes et des communautés locales, démontrant que notre action est uniquement guidée par une évaluation objective des besoins humanitaires. Le Mouvement a en outre adopté trois autres principes propres à son modèle : volontariat, unité et universalité. Mis bout à bout, ces sept principes forment les Principes fondamentaux du Mouvement international de la CroixRouge et du Croissant-Rouge. Leur 50e anniversaire a été célébré l’an dernier. À l’occasion de cet anniversaire, le Mouvement a entamé une série de dialogues sur les enseignements tirés de l’application des Principes fondamentaux. Ces discussions ont révélé que les Principes requièrent des efforts constants et continus, et peuvent être très difficiles à suivre systématiquement. Ainsi, dans certaines circonstances, des actions qui sembleraient requises par un principe (comme la modération imposée par le principe de neutralité) pourraient paraître en contradiction avec celles requises par un autre principe (comme la volonté d’agir motivée par le principe d’humanité). Il est donc important de maintenir en toutes circonstances un équilibre prudent entre ces principes, et d’en faire une boussole éthique et un cadre opérationnel guidant notre action en fonction des contextes spécifiques dans lesquels nous opérons. Néanmoins, il ne fait aucun doute que les principes demeurent pertinents pour notre action. Il importe de reconnaître que tous les acteurs guidés par un esprit humain et de solidarité qui les pousse à venir en aide aux personnes en détresse n’agissent pas nécessairement en vertu des principes humanitaires. La famille, les voisins, les autorités locales, les groupes de la société civile, les groupes confessionnels, les membres de la diaspora, les entreprises et de nombreux autres intervenants

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse

spontanés et officiels se sont toujours mobilisés face aux souffrances humaines. De nombreux acteurs poursuivent des objectifs variés, qu’ils soient d’ordre politique, social ou économique. Au sein de cette diversité bienvenue, il reste essentiel de reconnaître la place particulière qu’occupent des organisations humanitaires neutres, indépendantes et impartiales – des acteurs qui s’abstiennent de mener des activités pouvant être perçues comme politiques ou antagoniques par une partie de la population. Dans ce contexte, le Sommet offre une nouvelle occasion de réaffirmer le rôle particulier des principes humanitaires et le respect de tous ceux qui viennent en aide aux personnes en détresse.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à poursuivre et à institutionnaliser davantage, au sein du Mouvement, un dialogue et des échanges d’expériences actifs concernant l’application des Principes fondamentaux et les difficultés rencontrées pour les mettre en œuvre. îî Nous nous engageons à poursuivre un dialogue actif avec les partenaires humanitaires extérieurs et les États sur l’utilité et l’importance de principes humanitaires communs.

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux acteurs humanitaires déterminés à appliquer les principes humanitaires de doter eux aussi leurs employés des orientations politiques et de la formation nécessaires pour qu’ils puissent appliquer les principes de manière systématique et adaptée au contexte. • Nous demandons aux donateurs de veiller à ce que les conditions dont ils assortissent les financements n’aient pas d’effet négatif sur la capacité des acteurs humanitaires d’évaluer les besoins et de mettre au point des programmes de façon indépendante. • Nous demandons aux États de faire preuve de respect envers les principes humanitaires en créant l’environnement propice nécessaire à des interventions impartiales, notamment en permettant de dialoguer avec toutes les parties aux conflits armés.

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B. Faire respecter les normes qui protègent les personnes dans la guerre Les souffrances humaines et les besoins humanitaires qu’engendrent les conflits armés dans le monde seraient bien moins élevés si le droit international humanitaire (DIH) et d’autres normes humanitaires étaient dûment mis en œuvre avant et après l’apparition de ces situations. Le principal problème tient au non-respect généralisé de ces règles. L’un des défis humanitaires les plus pressants consiste à mettre en place des moyens de veiller à un respect accru du DIH dans les conflits armés. C’est ce que confirment les développements et les tendances des conflits armés contemporains, notamment l’étendue géographique des conflits, la multiplication des parties à ces conflits, la négation pure et simple du DIH par un certain nombre d’acteurs, la guerre dans des zones urbaines densément peuplées, menée avec des systèmes d’armes conçus à l’origine pour des champs de bataille dégagés, ou des objectifs politiques ou militaires liés à l’accès et à l’aide humanitaires. Les appels pressants lancés aux États, et réitérés en plusieurs endroits, pour qu’ils renouvellent leur engagement à respecter les règles du DIH, sont aussi bienvenus que nécessaires. Le renouvellement de cet engagement politique est d’une importance cruciale pour la réaffirmation du consensus humanitaire de base inhérent aux Conventions de Genève de 1949, universellement ratifiées. Il est en outre essentiel de rappeler aux États, même s’ils ne sont parties à aucun conflit armé, leur obligation de veiller au respect du DIH, et notamment d’exercer leur influence sur les parties aux conflits en vue de prévenir les violations du DIH et d’y faire face. Pour garantir un respect accru du DIH, il faut prendre des mesures résolues dans plusieurs domaines. Nombre de ces mesures ont été formulées par diverses Conférences internationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ; parmi elles figurent : le renforcement du respect du DIH, le renforcement des dispositions du DIH visant à protéger les personnes privées de liberté, la fourniture d’une aide humanitaire rapide et libre aux populations en détresse, la protection accrue de la

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Getty Images/ICRC

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse

fourniture des soins de santé, la prévention et la diminution du coût humain élevé de l’utilisation et de la prolifération de certains types d’armes, et le renforcement de la protection spécifique accordée à certaines catégories de personnes, notamment les femmes et les enfants. Le CICR entretient une longue tradition de coopération avec les États et d’autres acteurs dans les domaines relatifs au respect du DIH. Dans la pratique, sur le terrain, le CICR négocie au quotidien des accords fondés sur le DIH. Il peut s’agir d’aboutir à un accord sur la fourniture de l’aide humanitaire avec les parties à un conflit armé, d’obtenir d’elles que le CICR puisse exécuter des programmes garantissant des soins médicaux impartiaux à tous les blessés, y compris à des personnes associées à une partie adverse, ou encore de convaincre les porteurs d’armes de laisser passer les ambulances aux points de contrôle ou d’épargner les hôpitaux pendant des attaques. Tous ces exemples montrent qu’il est possible d’influencer les parties aux conflits armés de façon qu’elles prennent des mesures concrètes visant à épargner les victimes des conflits armés, conformément au DIH.

Le CICR et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge participent en outre massivement à la diffusion du DIH et à la formation en la matière. Ils promeuvent l’adhésion des États aux traités relatifs au DIH, contribuent à l’élaboration des législations nationales et coopèrent avec les gouvernements en vue de garantir le respect du DIH, organisent des manifestations sur la mise en œuvre du DIH avec des acteurs pertinents, et réalisent des séances et des séminaires de formation. En tant que Mouvement, nous partons du principe que le DIH reste important et pertinent pour la réglementation du comportement des parties aux conflits armés, tant internationaux que non internationaux, et pour la fourniture d’une protection et d’une assistance aux victimes de conflits armés.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à ne ménager aucun effort pour mettre en œuvre les résolutions relatives au DIH adoptées par la Conférence internationale, en particulier la XXXIIe Conférence internationale (2015), et le Conseil des Délégués. Cela inclut, notamment :

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Charlotte Hyest/Belgian Red Cross

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse

– la volonté du CICR et du Gouvernement suisse de co-faciliter la poursuite d’un processus intergouvernemental ouvert, conduit par les États, aux fins de parvenir à un accord sur les caractéristiques et les fonctions d’un éventuel forum des États sur le DIH, conformément à la résolution 2 de la XXXIIe Conférence internationale ; – la volonté du CICR de faciliter l’approfondissement des travaux des États sur le renforcement du DIH protégeant les personnes privées de liberté en relation avec un conflit armé, en particulier un conflit armé non international, conformément à la résolution 1 de la XXXIIe Conférence internationale ; – le redoublement des efforts visant à prévenir la violence sexuelle dans les conflits armés et à y faire face, conformément à la résolution 3 de la XXXIIe Conférence internationale. îî Nous nous engageons à continuer d’aider les parties aux conflits armés à mettre en pratique le DIH, en tant que partie intégrante de nos interventions humanitaires, conformément à nos man-

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dats découlant respectivement des Conventions de Genève et des Statuts du Mouvement.

Ce que nous demandons : • Nous demandons à toutes les parties prenantes de rappeler aux États et à toutes les parties aux conflits armés les obligations qui leur incombent en vertu du DIH. Le renouvellement de leur engagement à respecter ces règles est d’une importance cruciale pour la réaffirmation du consensus humanitaire de base inhérent aux Conventions de Genève de 1949, universellement ratifiées. • Dans ce contexte, nous rappelons aux États les résolutions de la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge auxquelles ils ont souscrit, et les encourageons vivement à ne ménager aucun effort pour les mettre en œuvre. • Nous demandons à toutes les parties prenantes de faire part des expériences positives d’organisations humanitaires, de la société civile et des

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse

médias, par exemple, afin de présenter des cas dans lesquels le DIH est respecté et de montrer que malgré des violations récurrentes, cet ensemble de règles a un réel impact.

C. Protéger et aider tous les migrants vulnérables et les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays La migration s’annonce comme l’une des caractéristiques déterminantes du XXIe siècle. Les gens choisissent de migrer pour nombre de raisons ou, souvent, ensembles de raisons, allant des conflits armés, de la persécution et de la pauvreté à l’espoir d’un avenir meilleur ou d’un regroupement familial. Nombre de personnes forcées de fuir de chez elles sont confrontées à des dangers et des difficultés considérables, de même, parfois, que celles qui font le choix de partir. C’est notamment le cas des personnes particulièrement vulnérables comme les enfants, les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées. Nous sommes de plus en plus alarmés par l’inadéquation des mesures en vigueur pour faire face à ces problèmes humanitaires, et par les pratiques empêchant les personnes de voyager et de parvenir à leur destination. Dans beaucoup de pays, le renforcement des contrôles aux frontières et les mauvaises conditions d’accueil portent gravement et inutilement atteinte à la sécurité, au bien-être et à la dignité des migrants. Les voies légales sûres et efficaces permettant d’accéder à une protection internationale sont de plus en plus restreintes, tandis que le principe de non-refoulement est de moins en moins respecté. Dans de nombreux pays, la stigmatisation et la xénophobie alimentent la violence des communautés à l’égard des migrants. Le Mouvement opère le long de routes migratoires du monde entier en vue de soutenir les migrants en détresse. L'action que mènent les Sociétés nationales en vue de renforcer la résilience des communautés vulnérables peut contribuer à atténuer les pressions susceptibles de conduire à une migration forcée. Le long des routes migratoires, la Fédération internationale, le CICR et les Sociétés nationales tentent de fournir des services, des informations et une protection de base. Une fois que les migrants parviennent à leur destination, la Fédération inter-

nationale, le CICR et les Sociétés nationales leur donnent des nouvelles de leurs proches, les aident à s’intégrer et les soutiennent en diffusant des messages visant à lutter contre la xénophobie. Pour apporter cet appui, il est essentiel que nous ayons accès aux migrants à tous les stades de leur voyage. Aux XXXe et XXXIe Conférences internationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, les États ont affirmé leur engagement à garantir et faciliter cet accès. Le Mouvement est déterminé à assurer la protection, la sécurité et la dignité de tous les migrants en détresse, quel que soit leur statut juridique. Dans le même temps, les divers cadres juridiques applicables aux migrants (y compris les réfugiés et les demandeurs d'asile) conservent toute leur importance. Ces cadres jouent un rôle crucial pour faire en sorte que les migrants reçoivent la protection à laquelle ils ont droit, et, en conséquence, nous nous attachons à en promouvoir la pleine mise en œuvre. À cet égard, toutefois, nous reconnaissons que la charge de l’accueil des réfugiés et demandeurs d’asile et de l’assistance est inégalement répartie entre les États, et nous soutenons l’appel de M. Ban Ki-moon, qui demande que les États mettent au point un système de partage des responsabilités plus complet et équitable. Nous soutenons également l’objectif de M. Ban Ki-moon de réduire considérablement le nombre croissant de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. Cependant, il faut veiller à éviter de s’attaquer aux déplacements internes par des mesures empêchant des personnes de rechercher l'asile à l’étranger. Certaines solutions visant principalement à réduire les flux migratoires peuvent entraîner des conséquences perverses pour le bien-être des personnes concernées. En outre, le lien entre déplacement interne et migration n’est pas systématique. Le sort particulier des personnes déplacées devrait être reconnu et traité à part entière. Cet objectif doit être atteint à la fois en résolvant la situation des personnes déjà déplacées, ce qui suppose de leur donner véritablement accès à des solutions durables, et en prévenant de nouveaux déplacements. Si dans les situations de catastrophe, les solutions à long terme appellent souvent des stratégies axées sur le développement, les travailleurs humanitaires peuvent améliorer les

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conditions de vie des personnes déjà déplacées en investissant davantage dans des solutions d’hébergement et d’habitat. Depuis 2007, le Mouvement a fourni un hébergement, un habitat et des articles non alimentaires liés au logement à plus de 22 millions de personnes déplacées. Nous avons en outre favorisé des approches facilitatrices comme la sensibilisation participative aux hébergements et habitats sûrs, les transferts monétaires au titre du logement, complétés par une assistance technique locale, et la promotion de la reconnaissance de diverses formes d’occupation. En ce qui concerne la prévention – un aspect central de la stratégie du Mouvement relative aux déplacements internes –, toute intervention stratégique efficace devrait comporter des mesures visant à réduire ou éliminer les causes de déplacement. Pour éviter des déplacements provoqués par les conflits, il est essentiel de promouvoir un respect accru du DIH par tous les États et toutes les parties à un conflit armé. Il est aussi possible de prévenir les déplacements en venant en aide aux communautés vulnérables, en rétablissant les services essentiels perturbés par un conflit et en renforçant la résilience de ces communautés. Dans le contexte des catastrophes, la prévention requiert des mesures juridiques et institutionnelles bien plus efficaces, qui permettent d’instaurer une planification urbaine et des codes de construction réalistes, comme le recommande la Liste de vérification sur la législation et la réduction des risques de catastrophe, adoptée à la XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à poursuivre nos efforts en vue d’apporter assistance et protection à tous les migrants vulnérables, sans discrimination. îî Nous nous engageons à poursuivre nos activités visant à réduire la violence, la stigmatisation et la xénophobie à l’égard des migrants au niveau communautaire.

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux États de réaffirmer leur attachement au droit international des réfugiés, au droit international des droits de l’homme, au DIH et aux autres cadres juridiques applicables, car ce sont des instruments essentiels pour garantir la sécurité et la dignité des migrants et des personnes déplacées.

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• Nous demandons aux États d’accorder aux migrants, conformément aux obligations qui leur incombent, une protection internationale adéquate, ainsi que l’aide et les services dont ils ont besoin (comme le regroupement familial), notamment en laissant les organisations humanitaires accéder à eux. • Nous demandons aux États de considérer la réinstallation comme un instrument de partage des responsabilités et l’expression de leur solidarité avec les pays accueillant un grand nombre de réfugiés. • Nous demandons aux États d’assumer la responsabilité qui leur incombe au premier chef de prévenir les déplacements, de fournir protection et assistance aux personnes déplacées sur leur territoire, et de trouver pour elles des solutions durables dans leur pays. • Nous demandons aux États et aux parties aux conflits armés de respecter et de faire respecter le DIH, en particulier les règles visant à épargner aux civils les effets des hostilités, et l’interdiction expresse des déplacements forcés dans les conflits armés.

D. Redevabilité à l’égard des personnes que nous servons Nous reconnaissons que nous ne pouvons pas être efficaces sans la participation de ceux que nous servons et sans leur rendre compte. Le fait de communiquer les informations, d’écouter attentivement les communautés touchées et de les associer à la prise de décisions améliore la qualité et l’efficacité des services fournis et, à terme, contribue à renforcer la résilience des communautés. Donner à des individus la possibilité de formuler des avis accroît leur sentiment de bien-être, les aide à s’adapter aux défis qu’ils rencontrent et leur permet de jouer un rôle actif dans leur propre relèvement. Ces dernières années, les organisations humanitaires ont redoublé d’efforts pour nouer une relation avec les communautés touchées par des crises. Il existe de nombreux exemples de bonnes pratiques sur lesquels prendre appui, mais les recherches montrent que notre secteur échoue constamment à réaliser ses ambitions. De fait, les évaluations des interventions de grande ampleur révèlent systématiquement que leur principale faiblesse a trait au manque de communication avec les communautés touchées.

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Le Mouvement est déterminé à améliorer son efficacité et à renforcer sa redevabilité en matière d’exécution des programmes, en adoptant plus systématiquement et de façon mieux coordonnée une stratégie visant à nouer des liens avec les communautés, et en entretenant une communication et un dialogue réciproques en vue de la mise au point de solutions définies par les communautés. Nous reconnaissons que pour bâtir des communautés sûres et résilientes, il faut avoir une meilleure faculté d’écoute active et donner à différents groupes de personnes au sein des communautés, en particulier les plus vulnérables, des informations leur permettant d’accéder à des services et des ressources, de prendre part à leur propre relèvement et, à terme, de le diriger.

Ce que nous nous engageons à faire :

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux acteurs humanitaires de continuer à faire connaître leurs meilleures pratiques en matière de participation des communautés touchées et de redevabilité à leur égard dans les situations de crise humanitaire.

E. Inclure tout le monde dans les interventions humanitaires Les guerres et les catastrophes n’ont pas la même incidence sur les femmes, les hommes, les garçons, les filles, les personnes de différents âges, les personnes handicapées et celles dotées d’autres caractéristiques diverses. Ainsi, dans les conflits, ce sont le plus souvent des hommes qui sont blessés, arrêtés ou portés disparus. Les familles de ces hommes se retrouvent parfois sans soutien. En temps de crise, les femmes peuvent être forcées d'exercer

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îî Nous nous engageons à œuvrer de façon plus coordonnée en vue d’établir et d’entretenir une communication réciproque avec les personnes et les communautés, notamment en mettant en place des mécanismes de retours d’informations dotés d’un système efficace d’analyse des données et des informations.

îî Nous nous engageons à développer les capacités locales de traiter les commentaires des communautés en « temps réel » et à grande échelle, et de prendre les informations en compte dans des interventions adaptées à des besoins spécifiques.

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse

Reconnaître que selon leur sexe, leur âge, leur handicap et d’autres caractéristiques diverses, les individus ne sont pas touchés de la même manière par une crise, signifie que pour atteindre toutes les personnes vulnérables efficacement et de façon juste, non discriminatoire et équitable, une intervention humanitaire doit tenir compte de ces caractéristiques. Pour répondre efficacement aux besoins, il est nécessaire de comprendre non pas qui est le plus vulnérable, mais qui est le plus vulnérable face à quel risque particulier à quel moment donné. Nous reconnaissons en outre que les individus sont les agents de leur propre protection et de leurs moyens de subsistance, et pas seulement des bénéficiaires ou des victimes. En tenant compte des vulnérabilités spécifiques d’une personne et de sa capacité de faire face aux effets d’un conflit ou d’une catastrophe, nous pouvons faire en sorte que notre intervention ait l’impact le plus grand. Le Mouvement assure l’intégration des questions de genre, d’âge, de handicap et de diversité dans ses interventions humanitaires par le biais d’un cadre articulé autour de quatre domaines : la dignité, l’accès, la participation et la sécurité. En 2015, le Mouvement a adopté un nouveau Cadre stratégique relatif à l’intégration du handicap en vue de mettre en place une approche intégrant le handicap, de remettre en question les barrières empêchant les personnes handicapées d’accéder à nos services et programmes, et de tenter de changer les mentalités et les comportements en faveur de l’acceptation et du respect. Outre notre propre Cadre stratégique, nous avons activement participé à l’élaboration de la Charte sur l’intégration des personnes handicapées dans l’action humanitaire et saluons le lancement de cette initiative au Sommet.

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Turkish Red Crescent Society

de nouveaux rôles au sein de leur foyer ; il se peut qu’elles doivent commencer à travailler hors de la maison et assumer la responsabilité de leur foyer et de sa sécurité. Dans les familles qui ont perdu leur principal soutien, les enfants peuvent être obligés de travailler à partir d’un très jeune âge. Pendant la phase aiguë d’une crise, quand les populations sont parfois obligées de fuir, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées sont particulièrement susceptibles d’être laissés pour compte.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à intégrer les questions de genre, d’âge, de handicap et de diversité dans toutes nos opérations, notamment en mettant pleinement en œuvre nos Engagements standard minimums relatifs au genre et à la diversité dans les programmes d’urgence, et à signer la Charte sur l’intégration des personnes handicapées dans l’action humanitaire. îî Nous nous engageons à renforcer les capacités des Sociétés nationales en matière de questions de genre, d’âge, de handicap et de diversité. îî Nous nous engageons à entreprendre des recherches sur la façon dont les lois et politiques relatives à la gestion des risques de catastrophe traitent des questions de genre. îî Nous nous engageons à œuvrer pour que toutes les composantes du Mouvement adoptent une approche intégrant le handicap.

Ce que nous demandons : • Nous demandons à tous les acteurs humanitaires d’intégrer les questions de genre, d’âge, de handicap et de diversité dans la conception, la mise en œuvre et le suivi de leurs programmes.

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse

F. Prévenir et réduire le risque de violence sexuelle et sexiste et répondre aux besoins des victimes/survivants La violence sexuelle et sexiste est présente dans le monde entier, en temps de crise comme en temps de paix. Toutefois, pendant un conflit armé, une catastrophe et d’autres situations d’urgence, l'incidence de la violence sexuelle et sexiste augmente fortement. Pendant un conflit armé, le viol et d’autres formes de violence sexuelle sont systématiquement employés, avec une extrême brutalité. En outre, pendant un conflit armé, une catastrophe et d’autres situations d’urgence, des facteurs comme l’affaiblissement des mécanismes de protection communautaires et institutionnels, la perturbation des services et de la vie communautaire, la destruction des infrastructures, la séparation des familles ou le déplacement, ainsi que les inégalités structurelles entre les sexes, contribuent à accroître le risque de violence sexuelle et sexiste et l’impact de cette forme de violence. Si les femmes et les filles sont touchées de façon disproportionnée, tout le monde, hommes et garçons compris, peut être une victime/un survivant de la violence sexuelle et sexiste, et des facteurs comme l’âge, le handicap, la privation de liberté, le déplacement, la religion, l’appartenance ethnique, la race ou la nationalité, entre autres, sont susceptibles d’en augmenter le risque. Comme le reconnaît une résolution de la XXXIIe Conférence internationale consacrée à la question, pour s’attaquer comme il convient à ce problème humanitaire, il faut adopter des approches qui préviennent et réduisent efficacement le risque de violence sexuelle et sexiste, et répondent aux besoins des victimes/survivants de manière globale et pluridisciplinaire. En vertu de son mandat, le CICR s’attaque à un aspect spécifique de ces questions en se concentrant sur la violence sexuelle dans les situations de conflit armé. La Fédération internationale et les Sociétés nationales adoptent une approche plus générale vis-à-vis de la violence sexiste et s’investissent aussi dans la prévention de la violence dans le contexte des catastrophes naturelles.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à intensifier nos efforts en vue de contribuer à prévenir la violence sexuelle et sexiste, notamment en promouvant le DIH et d’autres cadres juridiques pertinents. îî Nous nous engageons à aider les communautés exposées à renforcer leur résilience en réduisant leur risque d’exposition aux menaces et aux stratégies de survie néfastes. îî Nous nous engageons à répondre aux besoins des victimes/survivants de la violence sexuelle et sexiste de manière globale et pluridisciplinaire. îî Nous nous engageons à poursuivre nos recherches sur la violence sexuelle et sexiste dans les situations de catastrophe.

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux États, en conformité avec la résolution 3 de la XXXIIe Conférence internationale, et aux acteurs humanitaires de poursuivre leurs efforts en vue de prévenir la violence sexuelle et sexiste et d’y faire face, et de veiller à ce que toutes les victimes/tous les survivants bénéficient d’un accès sûr aux services, et à ce que toute activité relative à la violence sexuelle et sexiste soit réalisée en conformité avec le principe « Ne pas nuire ».

G. Soutenir les volontaires et garantir leur sécurité Les volontaires sont la colonne vertébrale du Mouvement. Eux-mêmes souvent touchés par les crises dans le cadre desquelles ils sont appelés à intervenir, confrontés au danger et aux difficultés, ils incarnent le principe d’humanité. Ils fournissent des services variés, contribuent à renforcer la résilience des communautés, favorisent la cohésion sociale, prennent part à des processus civiques, et défendent vigoureusement les intérêts des personnes vulnérables. Ils nous permettent de rester ancrés dans les communautés que nous servons ; ils veillent à ce que nous soyons informés, guidés et gouvernés par elles. Le volontariat est l’un de nos sept Principes fondamentaux. Nous sommes déterminés à soutenir nos volontaires et à leur donner les outils et les ressources dont ils ont besoin pour répondre aux exigences et aux attentes élevées que nous – et nos partenaires – avons à leur égard. Il faut pour cela à

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Abdulaziz Al-droubi/Syrian Arab Red Crescent

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la fois de bons systèmes de gestion des volontaires et un environnement protecteur et favorable au fonctionnement et à la croissance du volontariat. Cependant, les volontaires sont trop souvent sousestimés et ne bénéficient pas d’une protection et d’un soutien suffisants pendant et après leur engagement volontaire. Reconnaissant certaines de ces lacunes, nous cherchons à renforcer notre capacité d’opérer dans des contextes sensibles et d’insécurité, et à accroître l’échelle et la portée du volontariat, aujourd’hui et dans une perspective d’avenir. Nous collaborons avec les gouvernements et d’autres partenaires en vue d’améliorer la sûreté et la sécurité des volontaires de l’humanitaire, en vertu d’une résolution de la XXXIIe Conférence internationale, et nous veillons à ce que les Sociétés nationales adoptent des dispositions adéquates définissant le statut ainsi que les droits et devoirs des volontaires. De plus, nous coopérons avec les gouvernements, le secteur privé, le monde universitaire et d’autres organisations humanitaires afin de réaliser des

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études plus approfondies, d’échanger des connaissances, des bonnes pratiques, des cours de formation et des stratégies, pour accroître collectivement l’investissement dans le volontariat et le soutien apporté aux volontaires. Par ailleurs, nous attachons une importance particulière à la promotion du volontariat par les jeunes et à la représentation des jeunes à tous les niveaux de la prise de décisions. Les jeunes constituent un groupe unique en son genre, aux besoins spécifiques. Souvent, ils sont aux avant-postes de notre fourniture de services et interagissent directement avec les personnes les plus vulnérables. Ils ont une excellente connaissance de la situation sur le terrain, dont les acteurs humanitaires devraient se servir plus souvent. C’est pourquoi nous saluons le Pacte pour les jeunes dans l’action humanitaire (Compact for Young People in Humanitarian Action) et nous réjouissons à la perspective de collaborer avec nos partenaires en vue de permettre une mobilisation constructive des jeunes dans l’action humanitaire.

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à coopérer avec les États et les partenaires en vue de soutenir l'élaboration de politiques, lois et pratiques sociales créant un environnement favorable au volontariat. îî Nous nous engageons à fournir à nos volontaires des informations, des orientations, des formations, des équipements de protection, un soutien psychologique et une couverture d’assurance de la meilleure qualité, dans la limite de nos moyens. îî Nous nous engageons à favoriser la compréhension et l’acceptation, par le public, du rôle des volontaires de l’humanitaire, et à collaborer avec les gouvernements afin de mettre en place des mesures visant à protéger la sûreté et la sécurité des volontaires. îî Nous nous engageons à veiller à ce que les jeunes soient représentés à tous les niveaux de la prise de décisions, notamment en travaillant avec les partenaires pour mettre en œuvre le Pacte pour les jeunes dans l’action humanitaire.

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux États d’examiner leurs lois et politiques pertinentes et de s’assurer qu’elles soutiennent les volontaires et sont adéquates pour promouvoir la sécurité et la protection des volontaires. • Nous demandons à toutes les organisations ayant recours à des volontaires de prendre toutes les mesures nécessaires pour promouvoir leur sécurité. • Nous demandons aux États de promouvoir le volontariat en adoptant des mesures visant à encourager la mobilisation citoyenne et à intégrer les questions relatives au volontariat à tous les niveaux des plans nationaux d’intervention d’urgence.

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Majda Shabbir/IFRC

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 2. Affirmer la complémentarité de l’action locale, nationale et internationale

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 2. Affirmer la complémentarité de l’action locale, nationale et internationale

2. Affirmer la complémentarité de l’action locale, nationale et internationale En tirant parti de la complémentarité des rôles et des forces des acteurs humanitaires locaux, nationaux et internationaux, nous augmentons notre portée et l’efficacité de notre action collective. Cette complémentarité est inhérente au réseau du Mouvement, de l’échelon local au niveau mondial, à l’accent qu’il met sur la solidarité mondiale et à ses modes d’action. Si cette approche est évidemment plus simple à mettre en œuvre au sein d’un seul et même mouvement, nous pensons qu’en valorisant les différentes activités de renforcement réalisées par les intervenants à tous les niveaux, elle peut aussi être bénéfique pour l’ensemble du secteur humanitaire. Dans le même temps, nous reconnaissons que les acteurs locaux sont curieusement négligés dans le secteur humanitaire. Si certains contextes nécessitent une aide internationale (en particulier les contextes polarisés, dans lesquels une intervention humanitaire guidée par les principes met les acteurs locaux en danger), les intervenants locaux sont souvent les mieux placés pour apporter à leur communauté une assistance humanitaire rapide, culturellement appropriée et durable. Cependant, l’investissement dans leurs capacités et le soutien à leur leadership dans l’action humanitaire ont été très limités. Le Sommet donne l’occasion de traiter ces deux problèmes.

A. Réaliser la complémentarité : l’exemple du Mouvement Depuis ses débuts, le Mouvement est un partenariat entre acteurs internationaux et nationaux. Il n’effectue pas de va-et-vient entre les zones de crise. Il est constamment présent, à l’échelle mondiale et locale. Ce n’est que grâce à la coopération et la coordination de toutes les composantes du Mouvement, à l’alliance de leurs forces, que nous pouvons atteindre nos buts collectifs. Des mandats qui se soutiennent mutuellement sont le fondement de la complémentarité des composantes du Mouvement : les Sociétés nationales sont des auxiliaires des pouvoirs publics dans le domaine humanitaire. Elles s’emploient à prévenir la propagation des maladies et à promouvoir la santé et la protection sociale. Elles apportent des secours d’urgence en cas de conflit armé ou de catastrophe naturelle et dans d’autres situations d’urgence. Le CICR, dont le mandat spécifique a été établi par les Conventions de Genève, s’attache à fournir protection et assistance aux victimes de conflits armés ou de troubles internes, et facilite la coordination opérationnelle des interventions du Mouvement. À travers le dialogue et des formations, il promeut le respect du DIH, souvent en partenariat avec les Sociétés nationales. La Fédération internationale, en tant qu’organisation dont les Sociétés nationales sont membres, s’emploie à renforcer les capacités de ses membres, facilite leurs actions collectives de sensibilisation ou de diplomatie humanitaire, et garantit une coordination opérationnelle efficace en cas de catastrophe naturelle et dans d’autres situations d’urgence non liées à un conflit.

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 2. Affirmer la complémentarité de l’action locale, nationale et internationale

Ce n’est pas en dépit, mais plutôt en raison de ces rôles distincts mais interdépendants que nous augmentons notre portée et notre impact collectif, ainsi que notre capacité d’intervenir dans des situations d’urgence humanitaire de plus en plus complexes et variées. Notre histoire commune (plus de 150 ans d’action de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) et nos Principes fondamentaux accroissent la force combinée de notre Mouvement. Mais le Mouvement n’est pas, bien sûr, à l’abri des tensions, des malentendus et des frictions qui peuvent empêcher les partenaires d’être en phase. Nous avons constaté qu’il faut donc adopter des procédures claires, et mettre en place un dialogue et des mesures concrètes, qui doivent tous être actualisés régulièrement. Tout récemment, nous avons adopté un Plan d’action biennal visant à renforcer la coordination et la coopération au sein du Mouvement, en vue de tirer un meilleur parti de la complémentarité des différentes composantes, au profit des communautés touchées.

Ce que nous nous engageons à faire :

Benoit Matsha Carpentier/IFRC

îî Nous nous engageons à mettre en œuvre le Plan d’action adopté en vue de renforcer la coordination et la coopération au sein du Mouvement,

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pour tirer un meilleur parti de la complémentarité des forces des différentes composantes du Mouvement.

Ce que nous demandons : • Nous demandons à toutes les parties prenantes de reconnaître et renforcer la complémentarité des rôles des acteurs locaux, nationaux et internationaux afin de satisfaire les besoins des populations touchées par toutes sortes de situations d’urgence humanitaire.

B. Le rôle important des acteurs nationaux, en particulier des Sociétés nationales Les acteurs locaux, dont les Sociétés nationales, sont porteurs de nombreux avantages pour l’action humanitaire. Ils 1) comprennent très bien les risques, les vulnérabilités, la culture et les réalités politiques au niveau local ; 2) interviennent rapidement, étant donné qu’ils sont au plus près de leur propre communauté ; 3) jouissent d’une acceptation, d’une confiance et d’un accès considérables auprès des populations touchées  ; 4) favorisent

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 2. Affirmer la complémentarité de l’action locale, nationale et internationale

la cohérence, l’apprentissage et la mobilisation des communautés face aux crises, dans la durée, puisqu’ils accompagnent leur communauté avant, pendant et après les crises ; et 5) sont parfaitement bien placés pour lier les efforts de préparation et d’intervention à des approches plus globales en matière de réduction des risques de catastrophe et de renforcement de la résilience. En découle, comme le décrit le Rapport sur les catastrophes dans le monde 2015, la volonté de promouvoir un rôle accru des acteurs locaux, maintes fois réitérée dans des organes internationaux chargés de l’élaboration des politiques, comme le Conseil économique et social et le Comité permanent interorganisations. Toutefois, l’écart entre la rhétorique et la réalité est considérable dans ce domaine. Dans la pratique, on voit souvent des acteurs humanitaires internationaux occuper une position dominante, alors même que les acteurs nationaux seraient évidemment bien placés pour jouer un rôle central dans une intervention humanitaire. De plus, seule une part négligeable des fonds humanitaires internationaux est acheminée vers les acteurs nationaux selon des modalités respectant pleinement leur aptitude à assumer un rôle de chef de file (au lieu d’en faire des sous-traitants d’organisations internationales). Il ne sera certainement pas aisé de remédier à cette situation, compte tenu des capacités très variées des acteurs locaux et des pressions que subissent les donateurs pour assurer un suivi et rendre compte de l’utilisation des fonds humanitaires. Les solutions reposeront sur des investissements à long terme visant à renforcer les capacités locales, plutôt que sur des palliatifs. En ce sens, à l’occasion du Sommet, la Fédération internationale, le CICR et les gouvernements intéressés visent à lancer conjointement un nouveau Fonds de placement pour les Sociétés nationales, alliant des investissements matériels dans les capacités opérationnelles et fonctionnelles et une assistance technique adaptée. Ce mécanisme est conçu pour permettre à chaque Société nationale concernée de se développer, d’innover et de croître sur la voie qu’elle a choisie. Outre un investissement soutenu, il est nécessaire de changer les attitudes et les attentes concernant le rôle des acteurs locaux dans les opérations humanitaires. Comme d’autres acteurs nationaux, il est fréquent que les Sociétés nationales soient écar-

tées par les organisations étrangères qui affluent en cas d’intervention internationale. De nombreux accords de partenariat continuent de faire des acteurs nationaux, y compris les Sociétés nationales, de simples sous-traitants. Au lieu d’investir dans ces organisations avant une catastrophe et de leur permettre de se développer, le soutien au renforcement des capacités est actuellement en grande partie axé sur l’amélioration des capacités d’intervention dans l’immédiat. Le Mouvement est entièrement favorable à ce que les acteurs nationaux jouent un rôle central dans l’action humanitaire, et approuve les efforts visant à appuyer et renforcer les capacités des acteurs nationaux et locaux à assumer ce rôle.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à considérablement intensifier les efforts déployés par les Sociétés nationales pour développer leurs capacités, selon les besoins, en vue d’assumer un rôle plus central dans de futures interventions et d'être des organisations nationales viables et pertinentes. îî Nous nous engageons à soutenir les Sociétés nationales dans leur relation avec les partenaires internationaux extérieurs au Mouvement, notamment dans le contexte de processus de coordination internationale.

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux donateurs de soutenir le nouveau Fonds de placement pour les Sociétés nationales et les autres efforts visant à renforcer et accroître la viabilité à long terme des acteurs locaux. • Nous demandons aux donateurs d’accroître la part globale des fonds internationaux mise à la disposition des acteurs locaux selon des modalités leur permettant de jouer un rôle central dans les interventions humanitaires dans leur pays. • Nous demandons à toutes les parties de donner aux acteurs locaux et nationaux guidés par les principes, notamment les Sociétés nationales, les moyens de mener sans entrave une action humanitaire guidée par les principes, y compris dans les situations de conflit armé.

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IFRC

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 3. Envisager les besoins des populations sur le long terme

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 3. Envisager les besoins des populations sur le long terme

3. Envisager les besoins des populations sur le long terme En tant qu’acteurs humanitaires, nous sommes de plus en plus souvent amenés à répondre à des besoins sur le long terme. L’expérience montre que les catastrophes et les conflits armés ont un impact à long terme sur les individus et qu’ils influent sur les vulnérabilités avant, pendant et après toute crise majeure. Les conflits prolongés, les crises chroniques, la vulnérabilité extrême aux changements climatiques et les situations de déplacement durable obligent les États touchés, les organisations humanitaires et leurs donateurs à adopter une vision sur le long terme. Il est donc important de privilégier des formes d’investissement qui répondent aux besoins humanitaires et protègent les acquis du développement en renforçant la résilience des personnes, des communautés et des pays. Cette évolution en faveur de la résilience requiert un soutien actif et un investissement prévisible, continu et flexible. Elle nous obligera également à nous adapter à des contextes en évolution, en particulier dans les milieux urbains, et à être bien plus innovants dans la façon dont nous nous efforçons de nous préparer aux catastrophes et aux crises, d’y répondre et d’en réduire les risques.

A. Renforcer la résilience des communautés

La résilience peut et doit être renforcée à divers niveaux, des personnes aux communautés, de l’échelle locale à l’échelle nationale. Elle comporte de multiples facettes et s’appuie sur la cohésion sociale, un environnement naturel sain, l’économie et la communauté, la connaissance et l’éducation, des infrastructures et des services sociaux solides, ainsi que des activités spécifiques de gestion des risques de catastrophe. Il s’agit moins d’une finalité que d’un processus, que les communautés doivent s’approprier et diriger elles-mêmes.

Jarkko Mikkonen/Finnish Red Cross

Comme le souligne à juste titre M. Ban Ki-moon, le secteur humanitaire ne doit plus se contenter de répondre aux crises. Il doit aussi, dans le respect des principes humanitaires, contribuer dans la mesure de ses moyens à fortement réduire les besoins humanitaires. Aider les communautés à devenir plus résilientes aux chocs futurs est au cœur de cette approche.

Par conséquent, il est évident qu’aucune organisation – ou même le secteur humanitaire en général – ne peut fournir seule le soutien nécessaire pour que toutes les communautés puissent développer au maximum leurs capacités de résilience. Nous devons travailler en partenariat et de manière concertée. Nous devons aussi agir sur une échelle bien plus

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ambitieuse que par le passé pour pouvoir espérer contrer les tendances actuelles, qui vont dans le sens de besoins humanitaires incontrôlables et en croissance rapide. Comme l’a affirmé la XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la Coalition d’un milliard pour la résilience (Coalition), appuyée et facilitée par la Fédération internationale, est notre instrument central pour bâtir ces partenariats et avoir l’impact voulu. L’objectif de la Coalition est de mobiliser, d’ici à 2025, un milliard de personnes pour qu’elles prennent des mesures afin de renforcer leur résilience. La Coalition se fonde sur la conviction que, avec le soutien adéquat, les groupes vulnérables du monde entier collaboreront et veilleront au bien-être des leurs et des autres. Elle est conçue comme un réseau de coalitions et d’outils qui relie les personnes, les communautés, les organisations, les entreprises et les gouvernements, avec pour objectif de mettre à profit, de renforcer et d’étendre les initiatives existantes en faveur de la résilience des communautés. Les personnes et les institutions membres de la Coalition pourront s’appuyer sur des outils visant à les mettre en contact, à donner une impulsion aux initiatives et à bénéficier des réseaux et des compétences des autres. La Coalition repose sur cinq plateformes : un écosystème numérique pour la mobilisation du public, une plateforme de poursuite des activités, une plateforme de partenariat pour les organisations de la société civile, une plateforme de sensibilisation et une plateforme des opérations. Ces plateformes faciliteront la création des connexions nécessaires et le partage des informations et des outils, et nous serviront de base pour mobiliser collectivement un milliard de personnes. En tirant pleinement parti du potentiel de nos réseaux collectifs et de notre capacité de mener des actions de grande ampleur et en coordonnant nos ressources partagées, nous avancerons vers un monde dans lequel les personnes seront plus en sécurité, en meilleure santé et capables de prospérer, même dans l’adversité.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à collaborer avec nos partenaires pour bâtir la Coalition d’un milliard pour la résilience, avec pour objectif d’aider un milliard de personnes à prendre des mesures pour renforcer leur résilience d’ici à 2025.

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Ce que nous demandons : • Nous demandons à tous les acteurs œuvrant en faveur de la résilience d’unir leurs efforts, de mettre en commun leurs réseaux et de se soutenir mutuellement. • Nous demandons à tous les acteurs menant des activités de soutien à la résilience de mobiliser les communautés et leurs dirigeants locaux pour parvenir à des résultats durables. Les communautés à risque et les acteurs locaux doivent être les principaux moteurs du changement, et leur voix doit être au cœur de processus décisionnels qui prennent appui sur les connaissances, les capacités et les mécanismes de retour d’informations locaux existants. • Nous demandons aux États de créer un environnement juridique et institutionnel favorable à des lois, des politiques et des pratiques tenant compte des risques, et d’intégrer la réduction des risques de catastrophe dans les stratégies nationales de lutte contre la pauvreté, dans les plans de développement durable et dans les plans d’adaptation aux changements climatiques. • Nous demandons aux donateurs d’atteindre l’objectif visant à affecter un pour cent de l’aide extérieure au développement à la réduction des risques de catastrophe et de garantir que des fonds suffisants sont alloués aux pays et aux communautés les plus vulnérables.

B. Aider les personnes durant les conflits prolongés Des millions de personnes doivent faire face à des conflits armés pendant une grande partie de leur vie. Nous portons assistance à des personnes dans des lieux agités par la violence et les conflits pendant 40 des 60 dernières années. La durée accrue des conflits et d’autres crises complexes, lourds de conséquences, a depuis longtemps mis à mal l’idée selon laquelle l’action humanitaire dans une situation de conflit ou de violence peut être éthiquement ou efficacement de courte durée. C’est particulièrement vrai dans le cas des régions où le conflit est chronique ou de faible intensité. La situation peut changer du jour au lendemain, et la violence éclater, causant des souffrances immédiates et créant de nouveaux besoins. Ces besoins s’ajoutent bien souvent à des situations

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ICRC

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déjà précaires, dans lesquelles les personnes sont appauvries et vulnérables et les progrès accomplis rapidement anéantis par de nouvelles violences. Au fil du temps, l’impact cumulé des conflits et de la violence prolongés, qui nuisent aux services essentiels et à l’efficacité des mécanismes de survie, peut considérablement aggraver les conséquences humanitaires des situations de faible intensité. De telles situations posent d’énormes défis, et pas seulement aux organisations humanitaires. Des risques accrus en matière de sécurité font fuir les acteurs du gouvernement et du développement, qui jouent un rôle indispensable dans la fourniture à long terme de services durables.

nationaux, complexes et interconnectés, tels que les systèmes d’approvisionnement en énergie et en eau et d’évacuation des eaux usées, afin de répondre aux besoins de centaines de milliers de personnes. En investissant dans des infrastructures indispensables et des ressources humaines qualifiées, le CICR aide à préserver les acquis en matière de développement. Conformément à l’approche complémentaire du Mouvement, le CICR coopère souvent étroitement avec les Sociétés nationales, dont les volontaires constituent une force indispensable pour mener à la fois des opérations de secours immédiates et des stratégies de long terme en faveur de la résilience.

C’est pourquoi les acteurs humanitaires ont dû ajuster leurs approches en vue de mener des activités qui combinent assistance vitale et interventions à plus long terme pour protéger les moyens de subsistance des personnes, reconstruire les infrastructures essentielles et créer des environnements plus sûrs. Par exemple, dans des villes comme Alep et Kaboul, en plus de fournir des soins médicaux d’urgence et des colis alimentaires, le CICR a œuvré au maintien de systèmes municipaux, et même

Il ne fait aucun doute que cette approche combinée, qui vise à répondre aux besoins immédiats et globaux, est une façon plus responsable et efficace par rapport aux coûts de mener des actions, mais elle n’est pas sans difficulté. En particulier, dans de nombreuses situations, nous faisons face à des besoins d’importance égale et disposons d’un budget limité. En outre, trouver les bons partenaires peut se révéler complexe lorsque l’insécurité et le manque de financement prévisible font qu’il

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est difficile pour les autres organisations humanitaires, de développement ou d’investissement d’assurer une présence. Il n’est pas toujours possible de travailler directement avec elles d’une manière guidée par les principes.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à continuer à élaborer des solutions adaptées au contexte dans les situations de conflit prolongé et chronique en répondant aux besoins immédiats dans une perspective de long terme, dans la mesure du possible. îî Nous nous engageons à adapter les processus de planification et de mise en œuvre des programmes de façon à mieux refléter notre approche combinée, notamment en améliorant les évaluations et les comptes rendus pour qu’ils portent sur les résultats qualitatifs des activités plutôt que sur les produits.

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux donateurs d’accorder, dans le contexte des conflits prolongés, des financements pluriannuels afin de les aligner sur l’investissement à long terme des acteurs humanitaires. • Nous saluons les efforts déployés par les institutions financières internationales et les acteurs du développement pour accroître les investissements ciblés sur le développement dans ces contextes, étant donné que le maintien des services et des infrastructures de base est essentiel à la réduction des effets d’un conflit et des déplacements massifs de populations. Nous demandons aux États et aux acteurs du développement de veiller à ce que les plus vulnérables aient accès aux services indispensables et soient visés, comme il convient, par ces interventions.

C. Veiller à la santé de tous, en particulier dans les situations de crise L’intensité et la fréquence des pandémies, des épidémies et des autres menaces sanitaires mondiales sont sources d’inquiétude. La récente épidémie d’Ebola, avec quelque 30 000 cas et plus de 11 000 morts, a mis en évidence les failles des systèmes nationaux et internationaux existants de surveillance et d’intervention. Elle a aussi et surtout mis en avant le rôle essentiel que jouent les travailleurs

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sanitaires et les volontaires locaux en garantissant aux ménages l’accès à des services de santé, d’orientation et de suivi au sein de leurs propres communautés. Ces travailleurs sanitaires et ces volontaires sont à même d’aider les communautés à définir des solutions locales à de graves problèmes de santé dans des contextes complexes, contribuant ainsi à la résilience locale et communautaire. De telles approches couvrent tous les aspects de la résilience, de la préparation à l’intervention en passant par le relèvement et le développement à long terme. Cependant, l’accès adéquat à des produits et des services de soins de santé de base et de survie reste difficile pour nombre de personnes, de ménages et de communautés. Même si des progrès considérables ont été accomplis ces dix dernières années dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement touchant à la santé, de trop nombreuses communautés ont été laissées pour compte, et la fracture sanitaire s’est creusée dans beaucoup de régions du monde. Dans nombre de zones de conflit armé, l’accès aux soins de santé est menacé, les parties belligérantes ayant transformé les hôpitaux et les dispensaires en zones de combat. En Afghanistan, par exemple, le CICR a constaté que les attaques visant le personnel et les établissements médicaux avaient augmenté de 50 % en 2015 par rapport à l’année précédente, ce qui représente un incident tous les trois jours, sans tenir compte des incidents qui ne sont pas signalés. Afin d’enrayer ce phénomène, le Mouvement et d’autres organisations professionnelles internationales et nationales de la santé mènent depuis 2011, dans le cadre de l'initiative « Les soins de santé en danger », des activités pour sensibiliser le public au problème de la violence contre les patients, les personnels de santé, les structures médicales et les moyens de transport sanitaire. Cette initiative vise à prévenir la violence et à garantir un accès sûr aux soins de santé et la fourniture de soins, à travers la mise en œuvre de mesures pratiques et d'interventions adaptées aux niveaux national et local dans les conflits armés et autres situations d’urgence. Outre ces contraintes liées à la sécurité, il existe des restrictions que de nombreux donateurs s’imposent pour éviter les risques inhérents au financement des interventions en matière de soins de

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IFRC

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santé de base, de la vaccination aux soins maternels, dans des régions en proie à des conflits prolongés. Cependant, dans la mesure où les taux de mortalité dans le monde sont les plus élevés dans ces contextes, cette façon de procéder ne tient pas compte des risques considérables liés à l’inaction. Il n’y a pas de santé sans santé mentale, et pourtant, les soins de santé mentale et le soutien psychosocial sont souvent sous-financés, stigmatisés et, lorsqu’ils sont disponibles, fournis essentiellement dans des institutions et peu axés sur la communauté. Nous remarquons un besoin croissant de faire face aux conséquences psychologiques des conflits armés et de la violence. Celles-ci découlent du fait que les populations subissent des conflits prolongés, une violence extrême, le déplacement, la disparition d’êtres chers, etc. Il faut aussi soutenir les aidants (volontaires et employés travaillant dans des environnements difficiles).

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à poursuivre notre initiative visant à protéger les patients, les personnels de santé, les structures médicales et les moyens

de transport santaire, et à garantir à tous l’accès à des interventions sanitaires vitales, ainsi qu'énoncé dans la résolution 4 adoptée à la XXXIIe Conférence internationale. îî Nous nous engageons à intensifier l’utilisation de formes variées de stratégies de communication des risques et de promotion de la santé aux fins d’atteindre, d’influencer, d’autonomiser et de mobiliser différents groupes des communautés touchées et nos partenaires. L’objectif est d’encourager et de maintenir des activités visant des changements sociaux et de comportement et de favoriser une appropriation accrue, par les communautés, de toute initiative communautaire liée à la santé. îî Nous nous engageons à faire preuve d’innovation en utilisant des informations tenant compte du contexte local dans nos approches à base communautaire de la santé pour mener des actions vitales et promouvoir des compétences et des pratiques saines là où se produisent des crises aiguës ou prolongées. îî Nous nous engageons à étayer, étudier et faire connaître les stratégies d’intervention efficaces dans les contextes de crise aiguë ou prolongée.

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 3. Envisager les besoins des populations sur le long terme

îî Nous nous engageons à développer les capacités et à garantir des possibilités de ressources financières et techniques pour renforcer le continuum des soins de santé, du niveau communautaire au niveau national. îî Nous nous engageons à renforcer les programmes relatifs à la santé mentale et au soutien psychosocial à base communautaire et à mener des actions pour lutter contre la discrimination et satisfaire les besoins en protection des personnes atteintes de troubles mentaux.

Ce que nous demandons : • À titre prioritaire, nous demandons aux États et aux autres acteurs de mettre en œuvre une série de mesures visant à protéger les blessés et les malades ainsi que les services de soins de santé dans les conflits armés et autres situations d’urgence, conformément au DIH et aux législations nationales. • Nous demandons aux donateurs de soutenir les initiatives relatives à la communication des risques et à la préparation en vue de la mobilisation des communautés, notamment par le biais de l’autonomisation des acteurs locaux et du développement de leurs capacités sur le long terme. • Nous demandons à toutes les parties prenantes concernées d’apporter un appui au rôle vital que jouent les volontaires/travailleurs de la santé communautaire, qui garantissent aux ménages l’accès à des services de santé, d’orientation et de suivi. Cet appui doit comprendre des possibilités de formation et des ressources financières et techniques accrues. • Nous demandons à toutes les parties prenantes concernées de relier les services de santé à la sensibilisation des communautés, qui est cruciale pour sauver des vies et qui va de pair avec la sécurité des volontaires, du personnel de santé communautaire, des employés et des personnes. • Nous demandons à toutes les parties prenantes concernées de renforcer les interventions sanitaires face aux crises, tout en maintenant les services essentiels pour les populations non touchées. • Nous demandons aux donateurs et aux organisations humanitaires d’accroître l’investissement dans les programmes de santé mentale et de soutien psychosocial, notamment dans la recherche sur les interventions dont l’efficacité dans des conditions difficiles a été démontrée.

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D. Aider les personnes en milieu urbain De nos jours, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des zones urbaines, une proportion qui devrait atteindre 70 % en 2050. Cette urbanisation rapide, souvent non planifiée, s’est traduite par un changement fondamental dans les défis auxquels sont confrontés les acteurs humanitaires au moment de faire face à une crise dans ce contexte, qu’il s’agisse d’un conflit armé ou d’une catastrophe naturelle. Les villes sont des systèmes complexes qui obligent les acteurs humanitaires à utiliser des approches très différentes de celles adoptées plus traditionnellement dans les zones urbaines. L’interaction avec d’autres défis mondiaux, par exemple les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, ou encore les déplacements de populations et la migration, contribue à accroître la portée, la complexité et l’impact des crises humanitaires en milieu urbain. De nombreux conflits armés contemporains sont des conflits internes et asymétriques non conventionnels, qui donnent lieu à des combats dans des zones urbaines densément peuplées. La guerre en milieu urbain met en danger un grand nombre de civils et elle a de lourdes conséquences sur les infrastructures et les services essentiels. L’emploi d’armes explosives à large rayon d’impact aggrave encore ces conséquences. Qu’elle résulte d'un conflit ou d'une catastrophe naturelle, la destruction des routes, des réseaux de transports publics, des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement ainsi que des marchés risque de toucher bien plus de personnes dans la mesure où les zones sont plus densément peuplées. Cela signifie que les approches humanitaires traditionnelles, qui sont centrées principalement sur la fourniture de services de base et mises en œuvre essentiellement dans les camps, ne conviennent pas en milieu urbain. Les intervenants humanitaires devront mettre au point des approches qui soutiennent ou renforcent les systèmes existants tout en continuant à répondre aux besoins urgents. En tant que Mouvement, nous nous attachons à améliorer notre savoir-faire en matière d’interventions en milieu urbain. Nous continuerons à renforcer notre connaissance, au niveau opérationnel et des politiques, de ce qui est nécessaire dans ces contextes. En 2010, la Fédération internationale a

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IFRC

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mis l’accent sur les risques urbains dans son Rapport sur les catastrophes dans le monde. Depuis, elle travaille avec de nombreuses Sociétés nationales pour mieux comprendre les aspects urbains de la réduction et de la gestion des risques de catastrophe. De même, le CICR a dégagé des ressources pour mieux comprendre comment fournir des services en milieu urbain. Ses recherches sont résumées dans un rapport récent intitulé « Urban services during protracted armed conflict », qui énonce les enseignements tirés de nature à aider le Mouvement et d’autres acteurs humanitaires à améliorer leurs pratiques opérationnelles dans ces contextes. Étant donné que les défis qui se posent en milieu urbain dépassent les connaissances et les capacités de tout acteur ou de toute organisation, la création du groupe d’experts durant la préparation du Sommet humanitaire mondial est une avancée bienvenue pour garantir que les problèmes urbains reçoivent l’attention nécessaire au Sommet. Les préparations ont également donné lieu à l’établissement de l’Alliance mondiale pour les crises urbaines (Alliance), qui sera officiellement lancée

durant une session spéciale du Sommet. L’Alliance rassemble divers acteurs tels que des organismes humanitaires, des instituts professionnels de l’environnement bâti et les acteurs essentiels que sont les représentants municipaux, qui travailleront ensemble pour donner des orientations aux pratiques politiques et opérationnelles. L’Alliance devra prouver qu’elle peut contribuer à l’élaboration de stratégies et d’outils aptes à renforcer l’efficacité et l’adaptation des interventions en cas de crise humanitaire en milieu urbain. Le but est de travailler en partenariat pour atteindre des objectifs communs, améliorer l'efficacité des actions et aider à éliminer les cloisonnements traditionnels.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à développer et à adapter davantage nos propres approches de la réduction des risques et de la gestion des situations d’urgence pour prendre en compte les spécificités des milieux urbains, et à continuer à renforcer notre capacité logistique et technique de relever les défis posés par ces environnements complexes.

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îî Nous nous engageons à coopérer avec d’autres acteurs pour soutenir le renforcement de la préparation et de la résilience en milieu urbain en temps de crise, notamment par le biais de l’Alliance mondiale pour les crises urbaines, dont la Fédération internationale est membre et auprès de laquelle le CICR a le statut d’observateur, et de la Charte des crises urbaines. îî Tout en continuant à répondre aux besoins urgents, nous nous engageons à soutenir le maintien, la résilience et la continuité des infrastructures et des services à grande échelle d’approvisionnement en énergie et en eau et d’évacuation des eaux usées dans des villes touchées par un conflit armé.

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux partenaires humanitaires ou autres de soutenir les activités menées par l’Alliance mondiale pour les crises urbaines, de collaborer avec elle et/ou de signer la Charte des crises urbaines. • Nous demandons aux parties à un conflit armé d’éviter d'employer des armes explosives à large rayon d’impact dans des zones peuplées. • Nous demandons aux donateurs et aux institutions financières internationales d’accroître leurs investissements dans les zones urbaines fragilisées et en proie à un conflit armé pour permettre l’existence de services résilients pour tous.

Le Mouvement encourage une innovation axée sur les besoins des personnes touchées par des crises – nous ne considérons pas l’innovation comme une fin en soi et nous ne sommes pas motivés uniquement par les avantages potentiels des nouvelles technologies. Nous identifions et soutenons les atouts et les capacités extraordinaires qui existent au sein des communautés. Nous recherchons ce qui fonctionne déjà avant de définir de nouvelles solutions. Notre approche de l’innovation vise tout autant à permettre aux personnes touchées de faire face aux crises qu’à améliorer notre efficacité et notre impact. Toutes les initiatives innovantes que nous soutenons sont régies par nos Principes fondamentaux, ce qui signifie que nous privilégions les solutions centrées sur l’être humain et favorables aux personnes que nous aidons et protégeons, quels que soient leur sexe, leur âge, leur nationalité, leur appartenance ethnique, leurs croyances religieuses, leur classe sociale ou leurs opinions politiques. Au bout du compte, l’innovation ne doit pas influencer négativement l’action humanitaire ni faire plus de mal que de bien.

Notre monde change à une vitesse sans précédent et, comme lui, la nature et la portée des catastrophes d’origine naturelle et humaine. Les défis humanitaires ne peuvent que s’intensifier, menaçant les progrès durement réalisés en matière de développement humain à travers le monde. Dans cette nouvelle réalité interdépendante, interconnectée et en évolution constante, il nous faut innover pour être à même de faire face à la nature changeante des conflits et des catastrophes naturelles et être à la hauteur des attentes des personnes touchées. L’innovation peut nous aider à gagner en efficacité et à mieux répondre aux besoins des personnes que nous cherchons à aider et à protéger.

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E. L'innovation axée sur les besoins

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Par le biais du Laboratoire humanitaire mondial, lancé par le CICR et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), auxquels se sont joints la Fédération internationale, Médecins sans frontières et le Programme alimentaire mondial ainsi que les Gouvernements suisse et australien, nous mobiliserons et rassemblerons les énergies d’innovateurs, qu’ils soient des entrepreneurs réfugiés, des informaticiens ou des volontaires en ligne, pour imaginer, élaborer, mettre à l’essai et appliquer des solutions – de l’imprimante 3D à de nouveaux modèles opérationnels et nouvelles façons de mener des activités.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à favoriser le dialogue avec les communautés et leur participation à l’élaboration d’innovations locales, ainsi qu’à soutenir l’innovation guidée par les communautés. îî Nous nous engageons à construire un écosystème de partenaires animés par des valeurs pour concevoir et réaliser toutes les étapes de l’innovation, de l’évaluation des besoins à l’adoption finale. îî Nous nous engageons à mettre au point de nouvelles approches afin que notre propre processus d’innovation soit plus rapide, plus efficace par rapport aux coûts et plus collaboratif.

Ce que nous demandons : • Nous demandons à toutes les parties prenantes concernées d’intensifier leur collaboration dans tout le secteur et de communiquer à la fois leurs réussites et leurs échecs en matière d’innovation dans le domaine de l’action humanitaire. • Nous demandons à tous les donateurs d’apporter un financement suffisamment flexible pour permettre l’innovation et autoriser l’échec.

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ICRC

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 4. Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action

Hawa Jollah, Ebola survivor and Red Cross nurse in Kenema, Sierra Leone. Tommy Trenchard/IFRC

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 4. Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action

4. Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action Des appels ont été lancés, à juste titre, pour améliorer la coordination et le partage d’informations, réduire les doublons et définir des moyens de réduire les coûts dans le secteur humanitaire. Des progrès peuvent et doivent être faits dans ces domaines. À ce sujet, le grand compromis, auquel le CICR et la Fédération internationale participent, vise à rendre plus flexibles, transparentes et efficaces les ressources financières allouées à l’action humanitaire. Qui plus est, la coopération dans les opérations internationales humanitaires peut être considérablement améliorée par le biais de lois, de normes et de mécanismes plus efficaces pour la gestion de l'assistance internationale. Cependant, il est important, au moment de mettre en œuvre de nouvelles solutions, de ne pas perdre de vue la diversité du secteur humanitaire et les avantages considérables qu’elle apporte à son efficacité.

A. Mieux collaborer au sein d’un écosystème humanitaire d’une grande diversité Pour le Mouvement, il n’y a pas un seul « système humanitaire », mais un écosystème présentant une grande diversité, dans lequel cohabitent de nombreux acteurs, chacun ayant ses spécificités et ses méthodes. Dans ce contexte, les approches descendantes et uniformes ne peuvent qu’échouer. Comme nous l’avons souligné plus haut, l’expérience a montré que la complémentarité des composantes locales, nationales et internationales du Mouvement est l’une de ses plus grandes forces. D’autres caractéristiques spécifiques du Mouvement, par exemple nos volontaires dans les communautés, la relation privilégiée des Sociétés nationales avec les pouvoirs publics dont elles sont les auxiliaires dans le domaine humanitaire, notre histoire et notre mandat particuliers et nos Principes fondamentaux, présentent aussi des avantages dans la réponse aux besoins humanitaires. Cependant, nous avons nos propres contraintes et limites qui peuvent être surmontées par les avantages complémentaires d’autres systèmes d’intervention tels que les Nations Unies, les consortiums d’ONG et les organisations régionales. La diversité et la complémentarité doivent être entretenues et respectées. Cela signifie que les solutions à certaines des lacunes constatées dans le secteur ne devraient pas reposer sur des approches excessivement centralisées. Nous sommes préoccupés par le fait que certaines des suggestions formulées avant le Sommet humanitaire mondial (par exemple, appeler à un « seul et même chef de file » dans le secteur ou demander instamment que toutes les évaluations des besoins soient menées conjointement par tous les acteurs) ne vont pas dans ce sens. Il ne faut pas comprendre que l’aide humanitaire devrait être désorganisée et que la coordination et le partage ne peuvent pas être améliorés. Les Sociétés nationales, la Fédération internationale et le CICR continueront à s’associer avec d’autres acteurs humanitaires, notamment les institutions des Nations Unies, les

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 4. Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action

ONG et d'autres acteurs humanitaires, et à coordonner leurs activités avec eux. À titre d’exemple, le CICR et la Fédération internationale participent de longue date au Comité permanent interorganisations en tant qu’invités permanents et sont déterminés à poursuivre leur collaboration. La Fédération internationale joue un rôle actif en sa qualité de coprésidente, avec le HCR, du Groupe sectoriel mondial sur le logement. Des composantes du Mouvement participent régulièrement à des mécanismes de coordination dirigés par les Nations Unies au niveau national, bien que le CICR ait décidé qu’il ne pouvait pas devenir membre à part entière du système des groupes sectoriels et risquer de compromettre son indépendance et, dans certains contextes, la perception de sa neutralité par le public.

B. Accélérer les progrès en matière de facilitation et de réglementation des interventions humanitaires en cas de catastrophe

Pendant plus de dix ans, la Fédération internationale et les Sociétés nationales ont collaboré avec des États pour promouvoir des normes et des procédures plus efficaces en matière de gestion de l’assistance internationale en cas de catastrophe.

Madeline Wilson/IFRC

Un autre grand moyen d’améliorer la coopération tout en respectant les avantages de la diversité est de veiller à l’existence d’un recueil de normes

claires relatives aux interventions internationales en cas de catastrophe. La fréquence et l’impact accrus des catastrophes naturelles et leurs conséquences humanitaires ont ouvert la voie à un recours toujours croissant au soutien international dans les interventions, y compris dans des pays ayant une expérience limitée de l'assistance internationale. Il a été amplement démontré qu’un manque de normes claires relatives à la facilitation et à la réglementation des interventions internationales en cas de catastrophe (« droit international des interventions en cas de catastrophe » ou IDRL) aboutit souvent à des restrictions inutiles et des retards dans les opérations de secours, ainsi qu’à des lacunes en matière de coordination et de qualité. Il empêche également les autorités nationales de prendre la direction des interventions dans leur propre pays. L’absence de cadre juridique constitue un obstacle à la confiance et à une complémentarité accrue des efforts nationaux et internationaux dans les opérations de secours de grande ampleur.

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 4. Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action

En 2007, après des recherches et une documentation approfondies, la XXXe Conférence internationale a adopté les « Lignes directrices relatives à la facilitation et à la réglementation nationales des opérations internationales de secours et d’assistance au relèvement initial en cas de catastrophe » (également connues sous le nom de « Lignes directrices IDRL »), guide non contraignant pour l’élaboration de lois et normes internationales. Depuis, les Sociétés nationales ont mené dans plus de 50 pays des projets formels d’assistance technique qui ont conduit à l’élaboration de nouvelles lois ou normes dans plus de 20 pays à ce jour. De nombreux États, dont certains ont récemment fait face à des catastrophes majeures, n’ont toutefois pas encore de réglementation claire en la matière, et une enquête mondiale réalisée en 2015 montre que les difficultés réglementaires constituent toujours un frein important à l’efficacité des opérations de secours. Compte tenu de cette situation, nous avons pris un certain nombre de mesures, dont l’une consiste à aider les États qui le demandent à analyser leurs lois en vigueur relatives à tous les aspects de l’intervention en cas de catastrophe. Une autre mesure consiste à poursuivre, comme l'a demandé la XXXIIe Conférence internationale, les consultations sur les moyens d'accélérer les progrès, y compris la possibilité de renforcer les cadres juridiques internationaux et/ou régionaux. L’importance des Lignes directrices IDRL est elle aussi clairement ressortie de toutes les consultations régionales en vue du Sommet, en particulier dans la mesure où elles soulignent le rôle central des États touchés dans la coordination, la facilitation et la supervision des opérations internationales de secours. Selon les besoins et les demandes des États, le Mouvement est disposé à leur fournir un appui et des conseils pour atteindre cet objectif.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à continuer à fournir un soutien et des conseils aux États, selon que de besoin, en vue de l’élaboration de lois et de procédures efficaces relatives à la gestion des interventions internationales en cas de catastrophe (IDRL). îî Nous nous engageons à favoriser le dialogue sur des moyens d’accélérer les progrès en vue de résoudre les problèmes de réglementation dans les interventions internationales d'urgence, y

compris les efforts au niveau national et la possibilité de renforcer encore les cadres juridiques internationaux et/ou régionaux.

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux États de veiller à ce que des lois, des normes, des procédures et des arrangements institutionnels soient en place pour faciliter et réglementer les interventions internationales en cas de catastrophe. • Nous demandons aux États et aux partenaires humanitaires d’examiner la question de savoir si le renforcement des cadres régionaux ou internationaux pourrait améliorer la coopération dans les interventions internationales en cas de catastrophe.

C. Améliorer le financement humanitaire L’écart entre l’étendue des besoins humanitaires dans le monde et les ressources disponibles pour y répondre n’a jamais été aussi grand. Dans ce contexte, la réforme de l’architecture actuelle du financement humanitaire bénéficie d'un nouvel élan. Ce sont non seulement le volume mais aussi la qualité du financement existant qui doivent être améliorés en vue d’assurer une assistance et une protection humanitaires plus efficaces. Les changements doivent, de manière concrète, mener à l’amélioration des services et du soutien fournis aux communautés et aux personnes vulnérables. L’action humanitaire prolongée dans le cadre de situations de conflit à long terme et/ou de catastrophes saisonnières récurrentes pose des défis dans les modèles actuels de financement humanitaire. Elle requiert des synergies accrues entre les approches humanitaires et de développement, reconnaissant que ce qui importe, c’est d’adapter les réponses aux besoins en évolution des personnes, ce que facilite le financement. Il faut aussi disposer d’un financement futur pluriannuel parfaitement prévisible. Il est possible que des obstacles apparaissent, sous la forme d’un financement fragmenté et à court terme, du manque d’harmonisation dans les exigences des donateurs en matière de compte rendu, de l’affectation des fonds, de coûts élevés des transactions et de l’absence d’accès des acteurs locaux à un financement.

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Dans le cadre des discussions sur le grand compromis, les donateurs ont fait part de leur souhait de voir les organisations humanitaires réduire les coûts de gestion et les doublons, accroître la transparence dans l’utilisation des fonds humanitaires et trouver des moyens de transmettre une part accrue des fonds aux acteurs nationaux et locaux. En tant que Mouvement, nous avons commencé à mettre au point des pratiques plus efficaces par rapport aux coûts, et nous sommes prêts à aller plus loin. Par exemple, aux fins de l’échange d’informations et d’enseignements tirés concernant l'efficacité et la réduction des coûts, nous nous employons à mettre en place des évaluations CroixRouge et Croissant-Rouge conjointes des besoins. Nous sommes disposés à examiner la possibilité de faire rapport selon la norme de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA), sans perdre de vue le fait que la capacité actuelle de certains de nos membres serait probablement mise à l’épreuve. Comme indiqué plus haut, nous sommes prêts également à redoubler d’efforts pour encourager l’investissement dans les capacités et le leadership des Sociétés nationales, notamment par le biais du nouveau Fonds de placement pour les Sociétés nationales. Nous sommes convaincus que les transferts monétaires sont presque toujours moins coûteux, offrent plus de choix aux communautés touchées, préservent leur dignité et favorisent la transparence. Pour le Mouvement, les transferts monétaires sont un moyen efficace de couvrir un large éventail de besoins des communautés touchées dans une situation d’urgence, ou de soutenir les moyens de subsistance et contribuer au relèvement économique. Toutes ces questions ont été abordées au cours des discussions relatives au grand compromis, sur lequel se fondent les engagements suivants.

Ce que nous nous engageons à faire : îî Nous nous engageons à promouvoir un meilleur soutien financier et technique aux capacités des Sociétés nationales, notamment par le biais du nouveau Fonds de placement pour les Sociétés nationales (tel que décrit dans la partie II, b). îî Nous nous engageons à accroître rapidement le recours au financement fondé sur les prévisions météorologiques 1) en faisant en sorte que la couverture de ce mécanisme soit multipliée par deux au sein du Mouvement d’ici à 2018, et 2) en

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Sebastian Noel Niepoort/IFRC

Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 4. Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action

envisageant son intégration dans les outils de financement mondiaux relatifs à la gestion des risques de catastrophe. îî Nous nous engageons à chercher d’autres moyens de réduire encore les doublons et les coûts de gestion. îî Nous nous engageons à intensifier l’utilisation des programmes de transferts monétaires quand les circonstances le permettent, en élaborant un modèle d’intervention monétaire prévisible qui puisse garantir les capacités mondiale, régionale et nationale de mettre en œuvre des programmes de transferts monétaires là où ils sont le plus nécessaires. îî Nous nous engageons à rechercher et allouer des ressources pour examiner la possibilité pour les diverses composantes du Mouvement de faire rapport selon la norme de l’IITA.

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements 4. Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action

Ce que nous demandons : • Nous demandons aux donateurs de veiller à ce que l’argent investi dans l’assistance humanitaire soit de « l’argent de qualité », c’est-à-dire, prévisible, à long terme, sans affectation spéciale et non assorti de conditions et d’obligations redditionnelles inutiles. • Nous demandons aux donateurs de faire en sorte qu’une part accrue des fonds internationaux humanitaires soit accessible aux intervenants locaux et nationaux. • Nous demandons aux donateurs de redoubler d’efforts pour fournir aux acteurs humanitaires un financement anticipé en vue d’interventions plus efficaces et pour accroître la mise en œuvre de pratiques qui ont fait leurs preuves, comme le financement fondé sur les prévisions météorologiques. • Nous demandons à toutes les parties prenantes concernées de respecter la diversité et l’indépendance des structures financières humanitaires et de promouvoir, dans la mesure du possible, la cohérence entre les financements liés à l’action humanitaire, au développement et au climat.

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements Conclusion

Conclusion Le Sommet humanitaire mondial constitue, pour le secteur humanitaire, une occasion notable de mener une réflexion, mais surtout la possibilité d’amorcer un changement. Son résultat tiendra une part importante dans le débat plus vaste qui a été entamé au cours du processus de consultation et qui doit se poursuivre bien après le Sommet. Le processus de consultation de grande ampleur qui a précédé le Sommet a créé une dynamique puissante et apporté l’espoir que nous pouvons nous améliorer. Cette dynamique tire sa force des immenses progrès accomplis l’année dernière dans les secteurs du développement et de l’humanitaire, notamment le Cadre d’action de Sendai, l’Accord de Paris, les Objectifs de développement durable et les résolutions de la XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. À travers ces processus, nous avons établi de nouvelles normes et nous sommes convenus que nous ne pouvions pas tolérer qu’autant de besoins humanitaires ne soient pas satisfaits. En ce qui concerne le Mouvement, nous reconnaissons que nous pouvons faire plus et faire mieux. Nous avons énoncé dans le présent rapport nos engagements en vue du renforcement de notre action dans des domaines prioritaires spécifiques. Plus généralement, nous nous engageons à tirer parti au mieux de notre portée locale, nationale et internationale pour réduire la vulnérabilité et alléger les souffrances. Nous nous engageons à être à l’écoute des personnes touchées et à mener nos activités en fonction de leurs préoccupations. Nous nous engageons enfin à agir conformément à nos Principes fondamentaux afin d’atteindre les plus vulnérables et de leur venir en aide. Nous reconnaissons toutefois que nous ne pouvons pas répondre seuls aux besoins actuels, qui augmentent de façon vertigineuse. Nous aurons besoin du soutien et de la collaboration des gouvernements et de nos partenaires et devrons, en échange, nous engager à coopérer avec eux. Nous avons salué l’ambition de M. Ban Ki-moon et l’avons rejoint sur un certain nombre de ses appels à l’action. Qui plus est, nous avons nous-mêmes lancé plusieurs appels à l’action en faveur des personnes les plus vulnérables, à la réaffirmation et à la mise en œuvre des normes internationales clés et des réformes nécessaires dans la manière dont nous concevons, entre autres, l’action humanitaire locale, le volontariat, l’égalité hommes-femmes, les crises urbaines et les conflits prolongés. Nous avons aussi, dans le même temps, affirmé que nous croyons fermement aux avantages de la diversité et de la complémentarité dans le secteur humanitaire et au rôle spécifique de l’action humanitaire guidée par des principes. À mesure que nous adoptons de nouvelles approches, nous devons préserver les avantages déjà existants. C’est pourquoi nous appelons tous les participants au Sommet humanitaire mondial à chérir et à respecter cette diversité, tout en tirant le meilleur parti possible de nos différents avantages comparatifs. Si la collaboration au sein de notre écosystème humanitaire changeant est efficace, et si les forces des uns peuvent compléter les faiblesses des autres, alors nous sommes convaincus que nous serons à même de relever les défis d’aujourd’hui et de demain.

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements Références choisies

Références choisies (Les liens vers les références ci-après sont accessibles à l’adresse www.ifrc.org/whs)

Introduction « Message du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge au Sommet humanitaire mondial », résolution 3, Conseil des Délégués du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2015)

1. Protéger la dignité de tous les êtres humains et améliorer l’accès humanitaire aux personnes en détresse XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2015) — Résolution 1 : « Le renforcement du droit international humanitaire protégeant les personnes privées de liberté » (32IC/15/R1) — Résolution 2 : « Le renforcement du respect du droit international humanitaire » (32IC/15/R2) — Résolution 3 : « La violence sexuelle et sexiste : action commune en matière de prévention et d'intervention » (32IC/15/R3) — Résolution 5 : « La sûreté et la sécurité des volontaires de l'humanitaire » (32IC/15/R5) — Engagement conjoint Fédération/CICR  : «  Traduire les engagements en une action renforcée en vue de la mise en œuvre de la résolution 3, Migration : garantir l’accès, la dignité, le respect de la diversité et l’intégration sociale » (décembre 2015). — « Rapport sur les travaux de la Commission A : Les Principes fondamentaux en action » (décembre 2015) — Document de référence : « Les Principes fondamentaux en action : un cadre éthique, opérationnel et institutionnel unique » (octobre 2015) — Document de référence : « Le droit international humanitaire et les défis posés par les conflits armés contemporains » (octobre 2015) Autres références — Résolution 4 : « Adoption du Cadre stratégique pour l’intégration du handicap par le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge », Conseil des Délégués du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2015) — Résolution 7 : « Déclaration du Mouvement sur la migration : assurer une action collective pour protéger les migrants et répondre à leurs besoins et à leurs vulnérablités », Conseil des Délégués du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2015) — Fédération internationale, « Engagements standard minimums relatifs au genre et à la diversité dans les programmes d’urgence » Version pilote (2015) — Fédération internationale, La violence sexiste dans les situations de catastrophe : on ne la voit pas, on n’en parle pas (2015) — Fédération internationale, Étude mondiale sur le volontariat : rapport (2015). — Fédération internationale et PNUD, Liste de vérification sur la législation et la réduction des risques de catastrophe (2015) — Résolution 3 : « Migration : garantir l’accès, la dignité, le respect de la diversité et l’intégration sociale », XXXIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du CroissantRouge (2011) — « Politique relative à la migration », 17e session de l’Assemblée générale de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2009) — Résolution 5 : « Politique du Mouvement relative au déplacement interne », Conseil des Délégués du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2009)

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Istanbul et au-delà Perspectives et engagements Références choisies

2. Affirmer la complémentarité de l’action locale, nationale et internationale XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2015) — Résolution 7 : « Le renforcement de la réponse du Mouvement international de la CroixRouge et du Croissant-Rouge à des besoins humanitaires croissants » (32IC/15/R7) — Document de référence : « Le renforcement de la réponse du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à des besoins humanitaires croissants » (octobre 2015) — Principes et règles régissant l’assistance humanitaire de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (approuvés dans la résolution 7) Autres références — Résolution 1 : « Renforcer la coordination et la coopération au sein du Mouvement : optimiser la réponse humanitaire du Mouvement » (CD/15/R1) — Résolution 11 : « La Vision du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge » (CD/15/R11) — Rapport sur les catastrophes dans le monde 2015, Les acteurs locaux au cœur d’une action humanitaire efficace (2015)

3. Envisager les besoins des populations sur le long terme XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2015) — Résolution 4 : « Les soins de santé en danger – Continuer ensemble à protéger la fourniture des soins de santé » (32IC/15/R4) Autres références — CICR, Protecting Health Care : Key Recommendations, (avril 2016). — CICR, Emploi d’armes explosives en zones peuplées, Fiche d’information (février 2016) — CICR, Urban Services during Protracted Conflict : A Call for a Better Approach to Assisting Affected People (septembre 2015) — Fédération internationale, La coalition d’un milliard pour la résilience (2015) — Fédération internationale, Cadre de la Fédération internationale relatif à la résilience des communautés (2014)

4. Reconnaître l’existence des différents systèmes humanitaires et leur donner des moyens d’action XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2015) — Résolution 6 : « Renforcement des cadres juridiques applicables aux interventions en cas de catastrophe, à la réduction des risques et aux premiers secours » (32IC/15/R6) — Document de référence : « Renforcement des cadres juridiques applicables aux interventions en cas de catastrophe, à la réduction des risques et aux premiers secours » (octobre 2015)

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Autres références — Document conjoint du Mouvement international de la Croix-Rouge et du CroissantRouge sur le grand compromis (2016). — Fédération internationale, Ready or Not? Third Progress Report on the Implementation of the Guidelines for the Domestic Facilitation and Regulation of International Disaster Relief and Initial Recovery Assistance (2015) — Résolution 4 : « Adoption des Lignes directrices relatives à la facilitation et à la réglementation nationales des opérations internationales de secours et d'assistance au relèvement initial en cas de catastrophe », XXXe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2007)

Les Principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Humanité Né du souci de porter secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sous son aspect international et national, s’efforce de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes. Il tend à protéger la vie et la santé ainsi qu’à faire respecter la personne humaine. Il favorise la compréhension mutuelle, l’amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples. Impartialité Il ne fait aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance politique. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes. Neutralité Afin de garder la confiance de tous, le Mouvement s’abstient de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d’ordre politique, racial, religieux et idéologique.

Indépendance Le Mouvement est indépendant. Auxiliaires des pouvoirs publics dans leurs activités humanitaires et soumises aux lois qui régissent leur pays respectif, les Sociétés nationales doivent pourtant conserver une autonomie qui leur permette d’agir toujours selon les principes du Mouvement. Volontariat Il est un mouvement de secours volontaire et désintéressé. Unité Il ne peut y avoir qu’une seule Société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge dans un même pays. Elle doit être ouverte à tous et étendre son action humanitaire au territoire entier. Universalité Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, au sein duquel toutes les Sociétés ont des droits égaux et le devoir de s’entraider, est universel.

Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Comité international de la Croix-Rouge

Boîte postale 303 CH-1211 Genève 19 Tél. : +41 (0)22 730 4222 Fax : +41 (0)22 730 4200 [email protected] www.ifrc.org

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