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IMPACT DE LA CULTURE DE COTON SUR LE BIEN-ETRE DES MENAGES AU MALI

Camille Thubin, Master 2 APE

Mémoire réalisé sous la direction de Denis Cogneau, Sandrine Mesplé-Somps et Anne-Sophie Robilliard

Abstract Ce mémoire a pour objectif de mesurer l'eet de la culture de coton sur le niveau de vie des ménages agriculteurs dans les régions cotonnières du Mali, en tenant compte de diérentes dimensions du bien-être. La démarche employée consiste d'une part à comparer des ménages cotonniers à des ménages agriculteurs aux caractéristiques similaires, et d'autre part à appliquer une méthodologie de diérence de diérence pour étudier la progression du niveau de vie dans les régions cotonnières par rapport à certaines régions témoin. On montre ainsi que les ménages cotonniers consomment d'avantage que les autres ménages agriculteurs, sont mieux pourvus en moyenne en biens durables et rattrapent leur retard en ce qui concerne l'éducation primaire.

On constate qu'une forte présence de ménages

cotonniers a un eet positif à la fois sur les ménages cotonniers et non-cotonniers.

On

détecte par ailleurs un eet de tendance positif dans les régions nouvellement cotonnières, surtout en comparaison des régions du vieux bassin cotonnier. On conclut que la culture de coton n'apporte pas en soi des bienfaits considérables, mais que ce sont probablement les avantages liés au système coton (mécanisme de prix garantis, accès aux intrants, au crédit, vulgarisation des techniques agricoles...) qui expliquent nos résultats. Tout l'enjeu est de pouvoir conserver ces avantages au moment où la culture de coton subit une désaection croissante de la part des producteurs.

1

1 Introduction: Déterminer l'impact causal du coton sur le bien-être des ménages 1.1 Contexte et objectifs de l'étude L'Afrique Subsaharienne est l'une des principales régions productrices et exportatrices de coton à l'échelle mondiale.

Un rapport de la Banque Mondiale

1 qui n'est pas encore paru évalue

négativement l'impact de la production de coton sur la croissance des pays producteurs et sur le niveau de pauvreté des populations. Il est à noter pourtant que la stratégie de développement des gouvernements et des bailleurs de fonds internationaux au Mali s'est principalement matérialisée sous la forme de subventions à la lière cotonnière. Rien qu'entre les années 1999 et 2003, l'AFD

2

consacre 26 Millions d'Euros à son soutien de la BNDA malienne , dont l'une des principales missions est d'appuyer la stratégie de développement de la lière cotonnière. Il peut donc être intéressant d'étudier si cette stratégie est protable au regard du montant des nancements consacrés au renforcement de la lière. On a parlé dans la foulée d'un rapport de la direction

3 du "paradoxe de Sikasso" pour décrire la situation des régions

nationale statistique du Mali

cotonnières au Mali. Depuis des décennies le coton a souvent été considéré comme "l'or blanc", permettant de tirer parti des avantages de l'Afrique en termes de compétitivité et de coûts de production pour imposer le coton africain sur le marché mondial et en faire l'un des moteurs du développement de ces régions. Le paradoxe de Sikasso décrit au contraire la principale région cotonnière du Mali comme l'une des plus pauvres du monde rural. A l'heure où le niveau des prix du coton subit un trend décroissant (gure 1), où le prix des intrants ne cesse d'augmenter en raison notamment des uctuations à la hausse du pétrole, et où les conditions actuelles sur la marché des produits agricoles mobilisent les énergies sur l'autosusance alimentaire des pays africains, il est important de dresser un bilan exhaustif des bienfaits qui peuvent découler de la production d'une culture d'exportation comme le coton. Il importe pour la Banque Mondiale et les principaux bailleurs de fonds de rééchir à la situation actuelle et de ne pas promouvoir des solutions hâtives qui se révèleront inadaptées par la suite.

Dans le passé, de nombreux

pays africains ont été tenus de développer leurs cultures d'exportation au détriment des cultures vivrières dans une période où les prix incitaient à ce type de politiques agricoles. Ils semblent en sourir aujourd'hui certaines conséquences. lorsque le marché envoie des signaux diérents?

Doit-on promouvoir des orientations inverses S'il n'existe pas de réponses simples à cette

question, le cas du Mali peut éventuellement donner un aperçu de la complexité des rapports

1 Coton and Poverty in Mali, Draft World Bank Working 2 Chires fournis par l'AFD 3 DNSI (2004),  Enquête Malienne sur l'évaluation de la

2

Paper pauvreté (EMEP), 2001. Principaux Résultats. .

liant culture du coton et bien-être.

Figure1: Evolution des cours du coton (Cotlook A Index) Source: International Cotton Advisory Committee for nominal cotton prices; Deateur: IPC américain calculé par le US Bureau of Labor Statistics.

Le coton joue au Mali un rôle stratégique pour un secteur agricole qui rassemble les trois quarts de la main d'÷uvre et représente environ 45% du PIB. La lière cotonnière compte en eet pour plus de la moitié des exportations maliennes (entre 50 et 60%, selon les années), apportant à l'Etat des ressources scales et de devises importantes. En 2003-2004, le Mali se trouve être le premier producteur africain de coton et le 8e exportateur mondial

4 .

Depuis, à la suite

des dicultés nancières de la compagnie nationale CMDT et la désincitation des producteurs due à un prix d'achat du coton graine en baisse, le secteur va connaître une étape décisive de son développement, poursuivant sur sa lancée ou condamné à péricliter. Environ 3 millions de personnes dépendent plus ou moins directement de cette culture, et toute évolution majeure dans ce secteur peut avoir des conséquences dramatiques sur le bien-être des populations. Le rôle du coton va même au delà puisque la CMDT s'est depuis longtemps investie dans la construction des infrastructures, la supervision et le suivi des producteurs, la recherche...

Elle assiste une

majeure partie des agriculteurs dont les terres entrent dans son périmètre d'intervention.

Sa

privatisation peut donc avoir des répercussions importantes sur le développement du secteur rural malien. Ce mémoire a pour but d'éclairer ce débat et d'analyser la situation du bien-être des cotonniers vis-à-vis des autres agriculteurs au sein des régions cotonnières d'une part, ainsi que le niveau de bien-être des populations habitant en zones cotonnières vis-à-vis des autres ré-

4 Chires

tirés du Oxfam Brieng Paper, "Comment les agriculteurs sont exclus du marché du coton", 2007

3

gions d'autre part.

Cette double perspective doit permettre de distinguer le bénéce direct

lié à la culture coton impactant directement le revenu et le bien-être des ménages cotonniers ; des avantages indirects liés à l'environnement coton, et que l'on nommera par la suite les externalités de la culture coton puisqu'ils peuvent se transmettre aux ménages non-cotonniers. Peu de travaux empiriques se sont attachés à comparer les conséquences de la culture de coton sur le bien-être des populations en comparaison d'autres cultures. L'étude qui va suivre prend essentiellement appui sur une étude DIAL

5 menée sur le Mali et le Burkina Faso qui

nuance le discours pessimiste de la Banque Mondiale sur le paradoxe de Sikasso. Selon cette étude, le coton aurait un impact légèrement positif sur les régions cotonnières par rapport aux autres régions rurales, en termes de consommation alimentaire, de biens publics dans les zones de production et d'acquisition de biens durables. Il convient d'étendre les résultats de cette étude pour réaliser un diagnostic plus approfondi sur l'inuence réelle du coton sur les conditions de vie des populations, en insistant notamment sur la notion de double dividende du coton (impact direct du coton sur le niveau de vie des cotonculteurs et inuence de l'"environnement coton" sur les populations rurales du Mali). Pour résumer, on souhaitera distinguer les avantages spéciques à la culture coton que retirent les ménages cotonniers, des avantages liés au système coton dont peuvent également bénécier les ménages non-cotonniers. On peut donner quelques exemples des bénéces directs de la culture coton :



Revenus monétaires tirés de la production



Fertilisation des terres et eet résiduel bénéque (rotation des cultures)



Intensication des systèmes de production (équipement, déjections animales, vulgarisation des techniques)



Achats possibles de bétail (source de thésaurisation, amélioration des rendements par la fumure organique. . . ).

Quant aux  bénéces indirects  du coton, ils peuvent proter aux ménages non-cotonniers habitant en zone cotonnière:



Accès aux intrants fournis par la CMDT, facilités éventuelles de crédit



Infrastructures (routes, puits, forages. . . )



Centres d'alphabétisation

5 Coton

et pauvreté en Afrique de l'Ouest : Analyse comparée des conditions de vie des ménages au Mali et

au Burkina Faso

4



Eet multiplicateur des revenus cotonniers. . .

Cette analyse ne peut conduire à la conclusion qu'il faut poursuivre ou pas la culture de coton au Mali: certains de ses bienfaits directs sont notamment possibles avec d'autres types de culture. Reste qu'il est toujours intéressant de distinguer l'impact direct de cette culture de son impact indirect qui touche l'ensemble du monde rural.

Le premier peut être identié en comparant

les ménages cotonniers et les ménages non-cotonniers au sein des zones cotonnières. Le second est plus dicile à cerner, et suppose de comparer les ménages non-cotonniers vivant en zones cotonnières et ceux vivant en zones non cotonnières, ou d'étudier l'eet d'une forte présence de ménages cotonniers sur le bien-être de leurs voisins non-cotonniers.

1.2 Méthodologie et principaux résultats La première section est consacrée à l'analyse des écarts de niveau de vie entre les ménages cotonniers et non-cotonniers. Déterminer l'impact causal de la culture de coton sur le bien-être des ménages cotonniers pose un certain nombre de problèmes.

Tout d'abord, il convient de

choisir de façon adéquate un groupe de ménages auquel comparer les ménages cotonniers. Le choix du coton s'il est inclus dans une régression se présente comme une variable endogène liée à diverses caractéristiques du ménage, qui ne peuvent être omises sous peine d'obtenir des résultats biaisés. On pense notamment à certaines caractéristiques démographiques (taille et structure du ménage, polygamie, conage...). Par ailleurs il n'est pas pertinent de comparer des ménages cotonniers à des ménages pour lesquels le choix du coton ne se pose même pas.

Il convient

donc de restreindre l'échantillon, ce qui est réalisé dans la section 3 sur les enquêtes 1994 et 2006 (l'information sur les cotonniers n'étant malheureusement pas disponible en 2001), pour aboutir à un cliché à l'instant t des écarts entre les ménages cotonniers avec les autres ménages agriculteurs habitant également en zones cotonnières. La robustesse de ces premiers résultats est testée en contrôlant par la suite le nombre d'unités de consommation au sein de chaque ménage. Il sera également intéressant de constater comment les écarts évoluent en fonction de la position des ménages cotonniers dans la distribution des revenus tirés du coton. Une première conclusion tirée de ces analyses est que les ménages cotonniers vivent mieux en moyenne que les autres ménages agriculteurs, si l'on tient compte de la taille, de la structure et de la composition des ménages. Une seconde partie sera consacrée à l'étude des externalités issues du système coton: externalités vers les ménages non-cotonniers d'une part, entre les ménages cotonniers d'autre part. Le risque dans l'interprétation des premiers résultats, qui reposent sur des comparaisons entre ménages aux caractéristiques relativement proches (ménages agriculteurs habitant en zones co-

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tonnières), est de négliger l'importance des interactions possibles et des externalités éventuelles provenant de la culture de coton: on pense à l'eet de spillover de la culture coton sur les ménages non-cotonniers et à l'avantage que peuvent retirer les ménages cotonniers du fait d'habiter dans des régions à forte concentration de cotonniers. Si on néglige le premier eet, on peut sousestimer l'avance en termes de bien être des ménages cotonniers sur les non-cotonniers au sein des zones cotonnières. La section 4 utilise une méthodologie d'eets xes cluster pour neutraliser cet eet et vérier si les écarts subsistent entre les cotonculteurs et les autres ménages.

On

introduira dans cette même section une nouvelle variable contrôlant la concentration de cotonniers dans l'environnement proche des ménages. Cette section permettra d'étayer l'hypothèse selon laquelle il existe bien des externalités du système coton qui rejaillissent sur le niveau de vie de tous les méanges habitant en zone cotonnière. La section 5 adopte une approche complètement diérente, dont l'objet est d'utiliser les diérentes années d'enquête disponibles et l'évolution temporelle du périmètre d'intervention de la CMDT, pour analyser la progression du niveau de vie des populations au sein des régions cotonnières, an de constater les bénéces (directs et indirects) engendrés grâce à la lière coton.

Cette démarche peut permettre de traiter le problème de l'endogénéité du choix du

coton d'une toute autre manière, en exploitant les conditions d'une expérience naturelle sur des populations habitant dans des régions passées récemment dans la zone d'intervention de la Compagnie Malienne, obtenant ainsi le nouveau statut de "zone cotonnière".

On verra dans

cette section que ces nouvelles zones cotonnières se comportent relativement mieux en termes de progression du niveau de vie que les vieilles régions régions cotonnières entre 2001 et 2006. On vériera grâce aux données de l'enquête 1994 si l'inclusion dans le périmètre de la CMDT induit pour ces régions une rupture de tendance attribuable au développement accéléré de la culture de coton. On s'interrogera dans une dernière section sur l'avenir de la production de coton au Mali au regard d'une certaine désaection des producteurs qui délaissent leurs champs pour se consacrer parfois exclusivement aux céréales (les agriculteurs concernés par cette tendance sont pour l'instant les gros producteurs qui peuvent se passer des crédits intrants et de façon générale des avantages du système coton, mais également les petits producteurs surendettés à cause de

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l'augmentation du coût des intrants et de la baisse du prix du coton graine ). Doit-on poursuivre les eorts pour xer les prix au delà de niveaux soutenables pour les producteurs? Les avantages tirés du système coton ne protent-ils qu'à une minorité de gros producteurs, ou sont-ils indispensables pour soutenir l'eort de développement rural au Mali?

6 Enseignements

tirés de l'Oxfam Brieng Paper

6

2 Description des enquêtes et du traitement des données Cette étude utilise trois enquêtes représentatives au niveau national et régional, menées par la direction nationale de la statistique malienne sur 3 années: l'EMCES (1994), l'EMEP (2001) et l'ELIM (2006).

Ces enquêtes sont de qualité inégale et n'obéissent pas au même canevas;

il est cependant possible d'eectuer certaines comparaisons à condition de réaliser un travail d'harmonisation des données, an d'obtenir une base d'informations exploitable fusionnant les trois années d'enquête. L'enquête de 1994 ne renseigne pas par exemple l'autoconsommation des ménages, ce qui a pour conséquence de biaiser les résultats en faveur des ménages qui autoconsomment une faible partie de leur production.

Il faudra toujours tenir compte de cette limite: on exclura

ainsi l'autoconsommation des ménages de nos variables de 2006 dans la section 5, par souci d'harmonisation des données. Par ailleurs l'enquête de 2001 ne renseigne pas ce que produisent les ménages agricoles, ce qui pose problème dans la mesure où l'on s'intéresse aux ménages producteurs de coton.

Il est possible néanmoins de savoir en 2001, comme pour les autres

années d'enquête, si le ménage enquêté habite ou non en zone cotonnière. On envisagera donc de suivre entre les diérentes années l'évolution de certains indicateurs du bien-être des ménages agrégés au niveau des zones cotonnières et non cotonnières. On peut se rassurer sur la représentativité des enquêtes 1994 et 2006 lorsque l'on compare le nombre total de ménages cotonniers maliens, extrapolé à partir de la pondération des diérents clusters, au nombre d'exploitations que la CMDT déclare encadrer.

Cette pondération, du

moins pour les ménages cotonniers, semble donc produire une représentativité satisfaisante. Il est cependant montré dans l'étude DIAL que la production de coton à partir des données de l'enquête 2006 est quelque peu sous-estimée. Cette faiblesse n'est pas extrêmement importante pour notre propos dans la mesure où l'on se servira essentiellement pour nos analyses de la distribution du revenu cotonnier et de la répartition des ménages en quartiles (il faut donc supposer que la distribution n'est pas faussée par un biais qui serait plus prononcé pour certaines parties de la distribution). Certains indicateurs de bien-être monétaire et non monétaire sont disponibles pour les trois années de l'enquête.

Il s'agit pour commencer de la consommation totale des ménages,

désagrégée en plusieurs catégories de dépenses. Pour pouvoir utiliser ce type d'indicateur pour les trois années, il faut prendre un référentiel de prix commun (ici, les prix de Bamako) et tenir compte de l'ination entre ces trois années pour certaines analyses. Ensuite, on tient compte de l'acquisition par le ménage de certains biens durables (vélo, vélomoteur, charrette, réfrigérateurs. . . ) ainsi que des conditions d'accès à l'eau et à l'électricité du foyer. Enn on recueille

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dans les bases de données le niveau d'éducation primaire des membres de plus de 15 ans de chaque ménage. L'enjeu est de mobiliser des indicateurs de bien-être de court, moyen et long terme.

3 Analyse comparative des ménages cotonniers vis-à-vis des autres ménages Comparer le niveau de vie des ménages cotonniers vis-à-vis des autres agriculteurs suppose des choix méthodologiques qui doivent satisfaire au minimum trois exigences :



Avoir un bon indicateur du bien-être des ménages. Les économistes travaillant sur la pauvreté s'accordent à penser que le revenu des ménages n'est pas un indicateur susamment pertinent à cause de dicultés liées notamment aux erreurs de mesure, au caractère uctuant et aléatoire du revenu, aux omissions par rapport à certaines activités informelles... Il semble préférable alors de prendre comme indicateur de base les dépenses de consommation des ménages, qui se trouvent être correctement mesurées dans les enquêtes utilisées dans ce rapport. On peut proter en eet de la bonne qualité des relevés de consommation pour les enquêtes de 2001 et 2006 (les mêmes mesures sont à prendre avec beaucoup plus de précautions pour 1994). Le choix précis de la variable doit absolument tenir compte des écarts de prix régionaux et de l'ination constatée entre les diérentes années de l'enquête. On doit se contenter en revanche d'un relevé de consommation au niveau du ménage, sans détenir d'information sur l'allocation des ressources au sein du ménage (la pauvreté relative de certaines catégories de la population, femmes, personnes âgées..., ne pourra donc pas être étudiée). La consommation privée des ménages constitue au mieux un indicateur de court terme du bien-être qui peut uctuer énormément en fonction des aléas climatiques et des chocs idiosyncratiques. Il faut donc également prendre en compte d'autres dimensions du bien-être représentées par des indicateurs de  long terme , c'est-à-dire la possession par le ménage de biens durables et le niveau d'éducation de ses membres.



Prendre en compte l'hétérogénéité des ménages. On peut montrer notamment que les ménages cotonniers ont tendance à être de taille plus importante et sont d'avantage concernés

7

par le conage et l'hébergement de main d'÷uvre extérieure . Ils peuvent également différer des autres ménages au niveau des actifs qu'ils détiennent. Comme ces caractéristiques peuvent également avoir un impact sur le niveau de vie, il faut les inclure dans les régressions. Ne pas tenir compte de l'importance de la culture coton dans le revenu des ménages

7 Résultats

de l'étude DIAL

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est également néfaste dans la mesure où la variable COTON renseignée pour les enquêtes de 1994 et de 2006 prend la valeur 1 dès que le ménage déclare produire du coton. Il faut de manière générale se rapprocher d'un contrefactuel valable pour les ménages cotonniers : à caractéristiques similaires, un ménage cotonnier vit-il mieux qu'un ménage rural ne produisant pas de coton ?



Tenir compte de la structure des enquêtes (clustering). Comme on l'a vu celles-ci enquêtent des ménages au niveau d'un ensemble de clusters aléatoirement répartis dans les diérents arrondissements du Mali. Il y a donc un risque d'externalités et de corrélations des erreurs dans les régressions si on ne prend pas la mesure des eets xes au niveau du cluster ou de l'arrondissement.

Etant donné le faible nombre d'observations au sein de chaque

cluster, l'arrondissement est choisi comme découpage géographique de référence, ce qui est également le cas lorsque l'on dénit les zones cotonnières. Mais dans la mesure où les corrélations risquent d'être plus importantes au niveau du cluster, il sera également tenu compte de ce découpage plus n. Toutes ces analyses seront menées dans la section 4.

Dans cette section, on analysera dans un premier temps les écarts de niveaux de vie entre les ménages cotonniers et les autres ménages agriculteurs au sein des zones cotonnières, qui nous semble être le groupe de comparaison le plus pertinent. La taille et la structure des ménages seront prises en considération pour contrôler leur hétérogénéité. Des tests de robustesse seront eectués en prenant des variables de consommation tenant compte des échelles d'équivalence et des économies d'échelle au niveau du ménage. On verra par la suite si ces résultats sont toujours valables lorsque l'on élargit l'échantillon à l'ensemble des ménages habitant en zone cotonnière, puis à l'ensemble des ménages n'habitant pas à Bamako. Enn on désagrégera les résultats en fonction du quartile d'appartenance du ménage dans la distribution des revenus tirés du coton et dans la distribution de la part que représente le coton dans le revenu global du ménage. Les diérentes régressions menées avec les échantillons correspondants sont détaillées dans le tableau ci-dessous. Les résultats les plus importants pour notre analyse sont insérés dans le texte; on peut trouver les autres résultats dans les tableaux gurant en annexes.

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Tableau 1: Description des régressions menées dans la section 3

Variables de contrôle:



Nombre de personnes du ménage réparties en fonction des classes d'âge suivantes: 0-5 ans, 6-14 ans, 15-39 ans, 40-64 ans, plus de 65 ans



Autres variables caractéristiques du ménage: nombre de femmes du chef de ménage, nombre de personnes conées, nombre de travailleurs extérieurs au ménage



Nombre de têtes de bétail que possède le ménage



Niveau d'éducation primaire du chef de ménage.

3.1 Comparaison des cotonculteurs avec les autres ménages agriculteurs habitant en zones cotonnières 3.1.1

Description des variables incluses dans la régression

Deux types de variables dépendantes sont inclus dans les régressions : la dépense de consommation totale et la consommation alimentaire par tête d'une part, et des variables correspondant au bien-être de long terme d'autre part, indiquant le niveau d'équipement des ménages (variables égales à 1 si le ménage déclare posséder une bicyclette/vélomoteur, un réfrigérateur, une radio/télévision, une charette) ainsi que leur niveau d'éducation (représenté ici par le nombre

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d'années eectuées à l'école primaire pour les personnes âgées de plus de 15 ans: cette variable nous semble pertinente dans la mesure où le secondaire et le supérieur concernent une faible proportion d'individus). Toutes les variables sont relevées au niveau du ménage, excepté le niveau d'éducation primaire. Les variables de long terme incluent également l'accès à l'éléctricité du ménage (la variable ELEC égale à 1 si le ménage utilise l'électricité) et l'accès à l'eau (la variable WATER égale à 1 si le ménage utilise un robinet, une fontaine ou un puits, à 0 s'il a recours à une eau de surface). Les consommations sont valorisées aux prix de Bamako: ce référentiel de prix est utilisé à la fois pour les dépenses réelles des ménages et leur autoconsommation. L'ination sur la période 1994-2006 n'a pas d'importance si on raisonne en termes de pourcentage d'écart entre les niveaux de consommation (le problème se posera lorsqu'on analysera la croissance de ces variables entre 2001 et 2006 dans les zones cotonnières et non cotonnières). En ce qui concerne les variables indépendantes, il est pertinent d'inclure la taille des ménages puisqu'il a été constaté que les ménages cotonniers ont une taille relativement plus importante. Ce phénomène est partiellement lié au fait que les ménages cotonniers sont parfois regroupés dans des concessions qui ne comptent que pour un seul ménage pour l'enquêteur. La structure des ménages semble par ailleurs diérer systématiquement entre les ménages cotonniers et les autres ménages. Il est dicile a priori de dénir un sens de causalité précis entre la taille ou la structure d'un ménage et son niveau de vie, mais on doit envisager l'hypothèse qu'un ménage plus aisé connaît naturellement une croissance interne plus forte (sous forme de polygamie) et une croissance externe (sous forme de conage ou d'accueil de main d'÷uvre extérieure), cette dernière étant également liée au besoin accru de main d'÷uvre des ménages cotonniers par rapport aux autres ménages agriculteurs. Sans trancher sur l'une ou l'autre de ces hypothèses, deux méthodes peuvent être utilisées pour tenir compte de la taille et de la structure du ménage. La première consiste simplement à inclure les composantes démographiques du ménage dans la régression. La seconde revient à ne plus considérer la consommation par tête au sein de chaque ménage, mais à utiliser des échelles d'équivalence pour diviser la consommation totale du ménage par le nombre d'unités de consommation. Cette méthode part du principe que les enfants et les adultes autres que le chef de ménage sont supposés consommer moins que celui-ci, et que la taille accrue d'un ménage l'amène à bénécier d'économies d'échelles, essentiellement pour des dépenses non alimentaires telles que le logement, le transport, l'équipement. . .

L'échelle

d'Oxford considère ainsi que le chef de ménage compte pour une unité de consommation, les autres adultes pour 70%, et les enfants de moins de 14 ans pour 50%.

On obtient ainsi un

nombre d'unités de consommation adapté aux mesures de consommation alimentaire. Pour la consommation totale, on peut choisir de prendre la racine carrée de ce nombre total d'unités de

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consommation pour tenir compte des économies d'échelle. Par ailleurs, il semble que la possession de têtes de bétail soit également liée à la culture de coton (qui dégage des revenus monétaires susceptibles d'être "épargnés" sous forme de cheptel), tout en inuant sur le niveau de vie des ménages (cette forme d'épargne peut permettre de faire face aux chocs de revenu et de lisser la consommation). C'est pourquoi on inclut le nombre de têtes de bétail par ménage dans les régressions.

Par ailleurs la variable charrette constitue

également une forme de proxy pour le capital productif dont disposent les ménages, mais elle doit être prise avec précaution dans la mesure où nous ne disposons pas d'information sur les fonctions de production de la culture coton ou des autres cultures vivrières. On l'utilisera donc comme variable dépendante. Le niveau d'éducation du chef de ménage est aussi pris en compte. Avec cet ensemble de variables de contrôle, il est possible d'obtenir des résultats plus ables qu'en partant d'une régression "naïve" qui consisterait simplement à régresser le revenu du ménage ou la dépense de consommation sur le statut de cotonnier ou de non cotonnier. La variable COTON n'étant pas renseignée en 2001, seules les enquêtes de 1994 et 2006 peuvent être mobilisées pour suivre l'évolution des écarts de niveau de vie et déceler un éventuel rattrapage des ménages cotonniers par rapport aux autres ménages (en gardant à l'esprit la faiblesse de l'enquête 1994 par rapport à celle de 2006).

3.1.2

Premiers résultats

On part d'une régression du logarithme de la consommation (totale ou alimentaire) sur la variable COTON (égale à 1 si le ménage enquêté déclare produire du coton), le logarithme de la taille du ménage et les variables de contrôle dénies précédemment. On s'intéresse ensuite à la possession de biens durables, aux conditions de logement (source d'éclairage et source d'approvisionnement en eau). On attribue le même poids à tous les ménages appartenant à un même cluster (les clusters dénis dans les enquêtes de 1994 comprennent 20 ménages, ceux de 2006 entre 1 et 12 ménages). Les écarts-type sont calculés à partir d'une matrice variance-covariance robuste. variable relevée au niveau individuel est le niveau d'éducation primaire:

La seule

le poids attribué à

chaque observation est alors le produit du poids du cluster et de la taille du ménage. Les raisons qui poussent à restreindre l'échantillon de comparaison aux ménages agriculteurs vivant en zone cotonnière ont déjà été exposés: il s'agit avant tout de comparer les cotonculteurs à des ménages aux caractéristiques similaires pour lesquels on peut supposer que le choix du coton est envisageable. Les comparaisons deviennent plus pertinentes dès lors que les ménages

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habitent dans des environnements plus similaires. Il faut toutefois garder à l'esprit un phénomène d'externalités qui pourrait se produire entre cotonniers et non-cotonniers, ou entre cotonniers se concentrant dans une même aire géographique. Ce problème est abordé dans la section 4.

Tableau 3.1: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages agriculteurs au sein des zones cotonnières

Les résultats sont assez signicatifs en 1994: les ménages cotonniers ont une consommation totale de 15% supérieure à celle des ménages non-cotonniers. Ces derniers sont même dépassés en termes de consommation alimentaire en 2006. Ce dépassage peut sembler logique dans la mesure où la dévaluation de 1994 devrait logiquement se matérialiser dans des niveaux de consommation nettement meilleurs pour les ménages cotonniers en 2006. Celle-ci a mécaniquement accru les revenus monétaires des producteurs de cultures de rente comme le coton et dégradé les conditions

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de vie relatives des ménages urbains voire des autres ménages agriculteurs habitant en zone cotonnière, pour lesquels le prix des biens importés a considérablement augmenté. Ce facteur conjoncturel et le rattrapage des cotonniers sur les non-cotonniers qu'il semble induire est néanmoins contrebalancé par le fait que les chires de 1994 pour la consommation alimentaire des ménages cotonniers sont probablement sous-estimés: ce biais provient de l'une des faiblesses principales de l'enquête de 1994, qui ne renseigne pas les niveaux d'autoconsommation des ménages.

Or on constate en 2006 que les ménages cotonniers ont d'avantage tendance à

autoconsommer des céréales (en prenant une grappe de produits correspondant aux céréales les plus consommées au niveau national, on remarque que les cotonniers autoconsomment en moyenne 48% de céréales de plus que les autres ménages), ce qui peut sembler paradoxal dans la mesure où la culture du coton pourrait avoir un eet d'éviction sur les autres cultures vivrières. Mais on doit insister sur le fait que la culture du coton permet une rotation annuelle des cultures, que les intrants dont disposent les cotonniers au travers du système coton ont un impact positif sur les rendements des autres cultures, et on peut imaginer que les ménages cotonniers utilisent leurs ressources monétaires dans l'achat d'articles non alimentaires et peuvent se permettre d'autoconsommer leurs autres productions, tandis que les autres ménages sont obligés de vendre une partie de leur récolte pour les dépenses non alimentaires et doivent alors acheter une partie plus importante de leur consommation alimentaire. Ce qui pouvait ressembler à un rattrapage des cotonniers sur les non-cotonniers entre 1994 et 2006 pourrait donc correspondre à un phénomène inverse: les ménages cotonniers sont toujours mieux lotis que les ménages agriculteurs en 2006, mais peut-être relativement moins qu'en 1994. Les ménages cotonniers semblent par ailleurs mieux équipés en biens durables. Le biais de l'enquête 1994 ne peut bien sûr plus être invoqué ici. Les chires semblent conrmer que ce sont bien les non-cotonniers qui rattrapent les cotonniers et non l'inverse. Pour certaines catégories de biens durables pour lesquels les chires sont signicatifs (deux roues et charrette), l'avance des cotonniers semble se réduire durant la décennie.

Les cotonniers ont peut être atteint un

niveau d'équipement maximal ou bien les non-cotonniers bénécient du fait d'habiter en zone cotonnière pour mieux s'équiper. En ce qui concerne les variables de conditions de logement, il semble que l'électrication et le raccordement à un réseau d'eau structuré ne dièrent pas au sein des ménages cotonniers par rapport aux autres ménages.

Ce phénomène associé à la réduction des écarts entre les deux

groupes de ménages pour les biens durables pourrait être le signe des bénéces indirects du système coton, dont peuvent proter les ménages non-cotonniers. Le niveau d'éducation des membres des ménages cotonniers connaît en revanche un rattra-

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page certain par rapport aux non-cotonniers: il peut s'agir d'une des conséquences de l'instruction des cotonniers par les cadres de la CMDT, plus que de l'impact de l'implantation de nombreux centres d'alphabétisation en zone cotonnière, censés bénécier à l'ensemble des ménages vivant en zone cotonnière.

Si la valeur des coecients semble assez faible, il faut tout de même se

rappeler qu'un adulte malien de plus de 15 ans va à l'école primaire en moyenne pendant 1.2 années (chire de l'enquête 2006). En considérant cette fois comme variables la consommation par unité de consommation et en tenant compte des économies d'échelle au sein du ménage, on constate que les résultats décrits précédemment sont robustes: les ménages cotonniers ont une consommation totale signicativement supérieure, mais on ne peut de nouveau écarter l'hypothèse d'un rattrapage des ménages non-cotonniers en raison du biais de l'enquête de 1994. Il n'en reste pas moins que les ménages cotonniers sont globalement mieux lotis si on considère leur consommation ajustée par rapport à la taille et la composition du ménage.

Tableau 3.2: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages agriculteurs (consommation par unité de consommation)

3.2 Elargissement de l'échantillon: les écarts subsistent-ils? Pour tester la robustesse de nos écarts, il peut être intéressant d'élargir l'échantillon à l'ensemble des zones cotonnières en incluant donc dans la population étudiée les ménages ruraux habitant en zone cotonnière et n'exerçant pas d'activité agricole (tableau 3.3 en annexes).

Si on se

rappelle le biais de l'enquête 1994 sur la consommation alimentaire, on voit la conrmation que la situation des cotonniers est relativement moins bonne en 2006. Toutefois les écarts sont très peu signicatifs en 2006. Les cotonniers sont toujours relativement mieux équipés, mais les chires de l'éducation sont assez surprenants: il semble que les ménages cotonniers soient en retard par rapport aux ménages ruraux non agriculteurs, comme semble le conrmer les résultats du tableau 3.3 bis.

Il est possible que ces derniers, qui exercent essentiellement des activités

commerciales, ont d'avantage les moyens nanciers d'envoyer les enfants à l'école, et que leurs

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activités mobilisent moins le travail des enfants que la culture de coton (les cotonculteurs ayant recours par ailleurs au conage et à la main d'oeuvre extérieure pour satisfaire leurs besoins de main d'oeuvre). Etant donné l'écart important en termes de niveaux de vie entre les ménages urbains et les ménages ruraux, il semble peu pertinent de comparer le bien-être des ménages cotonniers avec celui de l'ensemble des ménages de l'échantillon. Pourtant, dans un pays où près de 70% de la population vit en zone rurale, et où la frontière entre milieu urbain et milieu rural est parfois relativement oue (ainsi un faible pourcentage des ménages cotonniers vit dans un milieu qualié comme urbain), on peut dénir un groupe de contrôle qui comprendrait tous les ménages ne vivant pas à Bamako (tableau 3.5), puis eectuer des comparaisons avec des ménages vivant en milieu strictement rural (tel que déni dans les enquêtes, tableau 3.7). Comme pour les régressions précédentes, il ne faut pas exagérer le rattrapage apparent des ménages cotonniers en termes de consommation sur le groupe de comparaison, puisque les chires de 1994 sont probablement sous-estimés. Pour l'éducation, les ménages cotonniers semblent avoir rattrappé les ménages habitant en zone rurale. En outre, les ménages cotonniers apparaissent mieux lotis pour certaines catégories de biens durables, surtout par rapport aux ménages habitant en milieu rural. Des écarts signicatifs apparaissent pour la première fois pour les variables ELEC et WATER, ce qui semble conrmer deux choses: la première, évidente, est que les ménages situés en zones rurales sont moins pourvus en électricité; la seconde est que les zones cotonnières semblent mieux aménagées en ce qui concerne l'approvisionnement en eau, ce qui ne provient pas simplement du fait que les zones cotonnières sont des zones rurales, puisque les chires demeurent siginicatifs lorsque l'on compare les cotonniers aux autres ménages ruraux.

3.3 Les gros cotonculteurs sont-ils les seuls à faire mieux que les autres ménages ? On ne peut faire l'économie d'une analyse plus détaillée en fonction de la quantité produite de coton par les ménages cotonniers.

On rappelle en eet que la variable COTON prend la

valeur 1 si le ménage enquêté déclare produire du coton. Les bénéces tirés de la culture de coton, s'ils ne concernent qu'une minorité de gros producteurs, présentent peu d'intérêt pour le développement de l'économie rurale malienne. Si de plus les externalités positives des cotonniers vers les non-cotonniers sont relativement faibles (ce qu'on testera dans la partie 4), alors il faut véritablement remettre en question le rôle de la culture de coton dans la réduction de la pauvreté au Mali.

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Les régressions menées précédemment sont donc réalisées à nouveau en utilisant la répartition de la population des ménages cotonniers en deux types de groupes, correspondant aux quartiles de la distribution des revenus tirés du coton d'une part (tableau 3.9), et d'autre part aux quartiles de la distribution de la part que le coton représente dans le revenu des ménages cotonniers (tableau 3.9 bis). On distingue ces deux distributions car il est intéressant de savoir, en étudiant la deuxième distribution, si le bien-être relatif des ménages cotonniers est plus élevé pour les ménages qui ont su diversier leur production. La première distribution est utile pour déterminer si les avantages dont paraissent disposer les cotonniers par rapport aux autres ménages agriculteurs en termes de biens durables et le rattrapage qui semble s'opérer pour le niveau d'éducation dépendent de la quantité produite de coton, directement corrélée à la richesse tirée du revenu agricole du ménage. Si tel n'est pas le cas, alors il est pertinent de souligner l'importance des avantages du "système coton", qui n'est pas fonction de la richesse des ménages. Les ménages situés au dessus du quatrième quartile de la distribution du revenu cotonnier sont comme on peut s'y attendre les mieux lotis par rapport au reste de la population en termes de consommation. Il est intéressant de noter cependant que les écarts de consommation entre les ménages cotonniers qui produisent le moins et les autres ménages non-cotonniers ne sont pas signicatifs: même les plus petits producteurs de coton ne sont pas si mal lotis par rapport au reste de la population agricole en zone cotonnière. En ce qui concerne le rattrapage au niveau de l'éducation primaire, il n'y pas de diérence signicative selon le groupe observé. Les gros producteurs sont en moyenne mieux équipés mais leur avance sur les autres agriculteurs dans ce domaine s'est considérablement réduite en 2006. Quant à la distribution de la part du coton dans le revenu du ménage, on peut constater en 2006 que les ménages cotonniers situés dans les deux premiers groupes (situés sous le deuxième quartile), et qui disposent probablement de sources diversiées de revenu, s'en sortent le mieux pour la consommation totale et alimentaire. Il peut s'agir là d'un simple eet mécanique: des ménages qui possèdent un fort revenu cotonnier mais dont le coton ne représente qu'une faible part de leur revenu sont évidemment les ménages les plus fortunés. La situation n'est pas la même en 1994: il semble donc qu'entre ces deux années, l'enjeu pour les ménages cotonniers était de parvenir à diversier leur production agricole pour ne pas subir les eets d'une tendance constamment à la baisse des prix du coton à partir du mileu des années 90 (dont ont souert les ménages cotonniers pour lesquels le coton représente plus de la moitié du revenu), tout en continuant à bénécier des avantages du "système coton". On constate également, comme pour la distribution du revenu cotonnier, que tous les ménages cotonniers quelque soit leur position dans la distribution rattrappent un certain retard au niveau de l'éducation primaire; on peut

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noter que les ménages les plus concernés par ce retard en 1994 étaient les plus gros producteurs tirant la majeure partie de leur revenu du coton: on peut y voir le signe des exigences de la culture cotonnière par rapport aux besoins de main d'oeuvre et au temps qu'il faut y consacrer.

4 Bénéces indirects de la culture cotonnière: les externalités On a vu dans la section 3 que pour identier de manière pertinente l'impact de la culture de coton sur le niveau de vie des ménages, il convenait de comparer les cotonculteurs à des ménages vivant de leurs activités agricoles et habitant dans une zone cotonnière (c'est à dire dans un environnement similaire à celui des ménages cotonniers). Mais la restriction de l'échantillon à des ménages vivant dans une même aire géographique, aux caractéristiques relativement similaires comporte le risque de capter un eet d'externalité positive lié à la présence de nombreux ménages cotonniers dans une région donnée. Les ménages non-cotonniers peuvent notamment de l'intervention de la CMDT dans les zones cotonnières. Deux approches peuvent être adoptées pour tenter de résoudre ce problème. La première approche, qui permet également de contrôler les corrélations positives existant entre les niveaux de vie des ménages appartenant à un même cluster, consiste à mener des régressions within (ou régressions à eet xe cluster). Cette méthode peut permettre de corriger les écarts-types des estimateurs et de mieux cerner l'eet direct de la culture coton sur le bienêtre des ménages, en isolant le possible eet de spillover de la lière cotonnière sur le bien-être des ménages non-cotonniers. Si après avoir pris en compte l' eets xe cluster, on constate que les écarts entre cotonniers et non-cotonniers restent signicatifs, on peut en conclure que cet eet de spillover est négligeable, ou ne compense pas en tous cas l'avance du niveau de vie des ménages cotonniers. Une deuxième approche amène à introduire une variable indicatrice de la concentration de cotonniers dans l'environnement proche du ménage. On verra si cette variable et ses interactions avec la variable COTON a une inuence sur nos résultats: on veut tester l'eet d'une forte présence de cotonniers, c'est à dire de l'intensité des externalités potentiellement générées par le système coton, sur le niveau de vie des ménages cotonniers et non-cotonniers. En eet, une forte présence de cotonniers implique pour tous les autres ménages proches, y compris les noncotonniers, la présence d'un système coton particulièrement développé.

On peut constater

alors que les ménages non-cotonniers ont un niveau de vie supérieur dans les villages où sont concentrés les cotonniers; on aurait alors sous-estimé l'impact de la culture coton dans la section

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précédente en se focalisant sur les écarts entre cotonniers et non-cotonniers. En résumé, il est important de poursuivre l'analyse au-delà du simple eet de la dummy COTON sur le bien-être d'un ménage, et d'étudier l'inuence d'un environnement plus ou moins cotonnier.

Il faudra tenir compte une nouvelle fois de la quantité de coton produite par les

ménages: si les ménages produisant beaucoup de coton ont tendance plus que les autres à se concentrer, il est normal de détecter un eet positif de la concentration de cotonniers sur le niveau de vie. Ce problème sera abordé dans la sous-section 4.2. Enn on exploitera des données d'arrondissements situés de part de d'autre de la frontière de la zone d'intervention de la CMDT, an de pouvoir comparer des ménages non-cotonniers habitant dans des environnements similaires, mais dont certains habitent en zone cotonnière, an de tester d'une autre manière la présence d'externalités positives de la lière cotonnière sur ces ménages.

4.1 Externalités et eet xe cluster Les régressions menées jusqu'ici reposent sur l'hypothèse d'indépendance des observations. La structure des enquêtes utilisées dans cette étude incite cependant à considérer que les observations peuvent être corrélées à une certaine échelle géographique. Comparer des ménages à taille et structure identique est une stratégie pour évaluer l'impact direct de la culture coton. Une autre stratégie est de considérer des ménages appartenant au même cluster d'enquête pour eectuer des régressions du type within, en relevant systématiquement les écarts entre les cotonniers et les autres ménages au sein d'un même cluster. Une des motivations de cette approche est de tenir compte du fait que les non-cotonniers, qui servaient de groupe de comparaison dans la section précédente, vivent dans des aires géographiques situées dans le périmètre d'intervention de la CMDT et susceptibles de bénécier des avantages associés: accès aux intrants, au crédit, savoir-faire transmis par les cadres de la Compagnie publique, infrastructures... Pour cette raison il semble raisonnable de partir de l'hypothèse qu'il existe un eet xe cluster lié aux caractéristiques de  l'environnement coton  qu'il faut neutraliser. Il est évident que l'échantillon doit être limité aux ménages habitant dans les zones cotonnières, puisqu'il n'existe aucun cluster ou arrondissement hors zone cotonnière qui inclut susamment de ménages cotonniers pour mener à bien les analyses. On limitera dans un premier temps l'étude aux ménages agriculteurs, puis on élargira l'échantillon à l'ensemble des ménages habitant en zone cotonnière. Pour prendre en compte l'eet xe cluster, l'hypothèse d'indépendance des observations doit donc être levée.

Il faut ensuite choisir l'échelle au niveau de laquelle regrouper les ménages.

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On rappelle que l'enquête 2006 par exemple comprend 4494 ménages répartis en 750 clusters et 214 arrondissements.

Un cluster comprend en général un faible nombre de ménages.

Il

faut donc choisir pour l'analyse entre un nombre important de clusters de petite taille, ou un nombre moins important de clusters de plus grande taille, si on choisit de raisonner au niveau de l'arrondissement. Ensuite, il convient de choisir la méthodologie la plus adaptée à la problématique étudiée ici, à savoir l'eet de la culture coton sur le niveau de vie des ménages. Si on suppose que l'eet xe cluster n'est pas corrélé avec les régresseurs (et notamment la variable COTON), alors seule une correction de la variance des estimateurs est nécessaire, en passant par des régressions du type random eects. Il semble évident que les ménages producteurs de coton habitent, au sein des zones cotonnières, dans des villages ou des arrondissements présentant des caractéristiques favorables à la production de coton. Il est donc probable que ce type de régressions ne soit pas particulièrement adapté dans le cadre de cette étude. On supposera donc que l' eets xe cluster est corrélé avec les régresseurs, et la méthode à employer ici est donc une régression de type within. Celle-ci calcule une moyenne des écarts existant entre les cotonniers et les non-cotonniers sur l'ensemble des clusters de l'enquête. Le cadre théorique sous-jacent se présente comme une régression de la forme:

yj,c = x0j,c .β+uj,c où j et c désignent respectivement le ménage et le cluster avec cov(uj,c , uk,c ) 6= 0

et

cov(uj,c , uk,d ) = 0

x0j,c inclut

pour

c 6= d.

un ensemble de régresseurs qui ne doivent pas être constants pour les diérents

ménages au sein de chaque cluster (sinon il est impossible de les distinguer de l'eet xe cluster). On inclura dans

x0j,c

la variable COTON et le logarithme de la taille du ménage. Dans le modèle

type within (ou cluster specic xed eects), le terme d'erreur se décompose en un eet xe cluster

αc

et un terme idiosyncratique

j,c ,



αc

est corrélé avec

xj,c .

Dans ce cas la régression

OLS standard donne des estimateurs inconsistants. Les résultats ne seront pas forcément les mêmes, selon que l'on considère un regroupement des ménages au niveau du cluster tel qu'il est déni dans les enquêtes ou au niveau de l'arrondissement. Le premier cas correspond à un nombre important de clusters de taille réduite, le second à un petit nombre de clusters de taille plus importante. L'avantage du premier cas est de permettre de détecter un véritable eet xe dans la mesure où les ménages appartenant à un même cluster font vraiment partie d'un même voisinage.

L'avantage du second cas est

de disposer d'un nombre plus important d'observations au sein de chaque arrondissement et donc de rendre plus ables nos résultats. Dans les deux cas, il faut calculer les moyennes des variables dépendantes et indépendantes au sein de chaque cluster et eectuer les régressions en

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prenant comme variables les écarts avec la moyenne pour chaque ménage. Il s'agit exactement de la procédure eectuée par STATA lorsque l'estimateur within est calculé. On rencontre là une diculté inhérente au choix du niveau de clustering des ménages : prendre des clusters de petite taille amène à comparer des ménages trop similaires ; prendre des clusters de taille plus large fait qu'il est plus délicat d'armer qu'on a justement pris en compte l'eet xe cluster. Il semble que pour ces enquêtes, le clustering idéal se situe entre les deux niveaux géographiques (cluster et arrondissement) que nous utilisons. . . Les deux regroupements seront envisagés dans les analyses qui suivent pour voir si les résultats dièrent de façon systématique. Nous choisissons de présenter ici les résultats qui nous paraissent les plus intéressants, ceux des régressions à eet xe cluster pour les ménages agriculteurs (le reste des résultats gure en annexes).

Tableau 4.1: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages agriculteurs, eet xe cluster

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La situation des ménages cotonniers par rapport aux autres ménages paraît moins bonne en 2006 en termes de consommation alimentaire et totale, en comparaison des premiers résultats de la section 3. L'avantage que possédaient les cotonniers en termes de biens durables semble également diminuer dans ces régressions within. Les mêmes conclusions peuvent être formulées lorsque l'on étend l'échantillon à l'ensemble des zones cotonnières. On obtient les mêmes ordres de grandeur pour l'eet xe arrondissement, même si la réduction des écarts semble moins signicative. De même qu'à la section 3, les écarts apparaissent très signicatifs en 1994 pour l'équipement en deux roues, radio/télé et charrette, mais ils se réduisent considérablement voire s'annulent complètement en 2006. Ce phénomène de rattrapage des ménages non-cotonniers pour les biens durables se trouve donc ici conrmé. Il faut se rappeler que les comparaisons se situent au sein des zones cotonnières: on pourrait éventuellement en déduire que les ménages non-cotonniers bénécient du fait d'habiter en zone cotonnière en s'équipant progressivement pour rattraper les ménages cotonniers. En conclusion, il semble donc exister un eet environnement coton qui se conrme quand on remarque que les conditions de logement ne sont pas signicativement diérentes entre les deux groupes au sein des zones cotonnières. Cet eet, c'est à dire les externalités positives du système coton sur les ménages non-cotonniers, semble également concerner la consommation des ménages, puisqu'après avoir contrôlé l'eet xe cluster, les écarts cessent d'être signicatifs (contrairement aux régresions menées dans la partie 3). On ne peut pas dire en revanche si ces externalités se traduisent par une consommation plus importante des non-cotonniers dans les zones cotonnières par rapport aux ménages ayant un même prol habitant dans les zones non cotonnières. Il faudrait pousser l'analyse plus loin et comparer notamment les non-cotonniers dans les zones rurales non cotonnières et cotonnières (ce qui sera fait dans la section 4.3).

4.2 Externalités et impact de la concentration des cotonniers sur le revenu des ménages cotonniers Il est dicile de ne pas tenir compte de la concentration de cotonniers au sein de chaque arrondissement enquêté lorsque l'on compare les ménages cotonniers avec les ménages noncotonniers. On peut supposer qu'il existe un risque de minimiser l'écart de niveau de vie entre cotonniers et non-cotonniers si la concentration de cotonniers est très importante dans certains arrondissements (où les non-cotonniers bénécient alors de la présence de nombreux cotonniers), et quasi nulle dans les autres. On peut au contraire surestimer cet écart si on considère qu'une

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forte présence de cotonniers exerce une externalité positive sur chaque ménage cotonnier. Au sein des zones cotonnières, les non-cotonniers représentent aux alentours de 46% de la population en 2006, 43% en 1994. Par ailleurs la concentration des ménages cotonniers enquêtés au sein des arrondissements peut être représentée par la densité du pourcentage de ménages cotonniers par arrondissement.

On ne reproduit ici que la densité pour 2006 car celle-ci est

étonnamment proche de la densité pour l'enquête de 1994.

On constate que cette distribution présente deux modes dont l'un correspond à des arrondissements moyennement concentrés (un peu moins de 50% de cotonniers) où la possibilité d'externalités est relativement faible, et l'autre à des arrondissements assez fortement concentrés où cette possibilité est plus importante. Pour détecter la présence éventuelle d'externalités positives du système coton sur les ménages cotonniers en 2006, on eectue des régressions séparées en distinguant les arrondissements où les cotonniers représentent moins de 60% de la population (qui correspondent à un peu plus de 60% des arrondissements) des autres arrondissements (tableau 4.3 en annexe). On tient compte d'un eet xe arrondissement, en limitant l'échantillon aux ménages agriculteurs habitant en zone cotonnière. Au vu de ces résultats, la présence d'externalités positives entre ménages cotonniers est assez visible, notamment en ce qui concerne la consommation et l'éducation. Il semble que les bienfaits directs que procure la culture de coton soient considérablement ampliés au sein d'une communauté comprenant une grande majorité de cotonniers.

Il est possible notamment que

des cotonniers fortement regroupés puissent représenter de meilleures garanties pour obtenir les

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crédits, ou qu'il existe un phénomène de rendements croissants associés à l'abondance de main d'÷uvre et d'équipement. Pour approfondir nos résultats, il peut être utile d'introduire , en plus des variables de taille et de composition du ménage, la variable pourcentage de cotonniers de l'arrondissement auquel appartient le ménage dans les régressions, ainsi que cette variable au carré, pour détecter la présence éventuelle de rendements décroissants d'une présence importante de cotonniers dans l'environnement proche du ménage. An de vérier si cette variable inue diéremment sur les ménages cotonniers ou non-cotonniers, on introduit également dans la régression les interactions de cette variable et de son carré avec la dummy COTON. Pour compléter l'analyse, on utilise également un nouvel agrégat, les dépenses non alimentaires des ménages. De manière à disposer du même agrégat pour les trois années d'enquête, on adopte une dénition assez stricte des dépenses non alimentaires, qui correspondent dans notre cas à la somme des dépenses de logement, d'habillement, de santé, d'éducation, de transport, ainsi qu'un loyer réel ou ctif (calculé dans ce dernier cas grâce à la régression du loyer des ménages qui déclarent un loyer sur certaines variables caractéritiques du logement: nombre de pièces, type de toit, de mur, de sol, accès à l'eau, électricité, etc.).

Tableau 4.4: Impact de la concentration de cotonniers sur le bien-être des ménages habitant en zone cotonnière

On ne présente ici que les variables pour lesquelles le coecient de COTON change par rapport à la section précédente. La première constatation qui s'impose est la perte de signicativité du coecient de la dummy COTON (cf tableau 3.1): il semble que ce ne soit pas le fait de produire du coton en soi qui inue sur le niveau de vie du ménage, mais bien la proximité d'un nombre important de cotonniers dans le voisinage. Les coecients de la variable pc2 sont en général signicatifs, ce qui dénote la présence de rendements décroissants associés à une forte

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présence de cotonniers, dont on aura l'occasion de reparler au sujet du vieux bassin cotonnier dans la section 5. L'implantation progressive de cotonniers dans une aire géographique donnée paraît même bénécier aux ménages non-cotonniers, puisque les interactions des variables pc et pc2 avec COTON ne sont pas signicatives. A ce niveau, on pourrait déduire de ces résultats que les externalités du système coton sont non seulement importantes mais expliquent nalement les écarts constatés dans la section 3 entre les cotonniers et les non-cotonniers, les premiers vivant par dénition plus fréquemment dans des zones à forte concentration de cotonniers. Mais il existe une autre explication aux résultats: si les zones où on trouve une forte concentration de cotonniers sont en réalité des zones où s'implantent une majorité de gros producteurs de coton, alors il est normal de détecter une inuence signicative de la variable % de cotonniers sur le niveau de vie du ménage cotonnier. En regardant par ailleurs, pour chaque quartile de la distribution du revenu cotonnier, la moyenne du pourcentage de cotonniers par arrondissement, on constate que les cotonniers situés sous le premier quartile vivent en 2006 dans des arrondissements comprenant en moyenne 62% de cotonniers, contre 76% pour les ménages situés au dessus du quatrième quartile. La carte 1, qui représente la concentration de gros producteurs situés au dessus du quatrième quartile de la distribution du revenu cotonnier, nuance ce constat: les gros producteurs ne comptent jamais pour plus de 38% de la population des ménages cotonniers au sein de chaque cercle (le cercle est le découpage administratif immédiatement au dessus de l'arrondissement). Nous n'avons pas hélas l'information au niveau de l'arrondissement. On teste cette hypothèse concurrente en ajoutant dans les régressions une nouvelle variable, le ratio du revenu cotonnier de chaque ménage sur la médiane de la distribution du revenu cotonnier (le ratio du revenu sur la moyenne de la distribution donne des résultats similaires).

Tableau 4.4 bis: concentration des cotonniers et importance relative du revenu cotonnier

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On voit que l'introduction de ces nouvelles variables nuance quelque peu notre première hypothèse:

à position relative donnée dans la distribution du revenu cotonnier, l'impact de

la concentration de cotonniers est plus faible qu'auparavant.

Il n'en reste pas moins que le

coecient associé à la variable pc garde une certaine signicativité pour la consommation totale tout en étant nettement supérieur au coecient associé à la variable ratiomedcot. Au nal il est dicile de rejeter avec certitude l'une ou l'autre des deux hypothèses. Si les gros producteurs semblent avoir une certaine tendance à se regrouper, le phénomène d'externalités décrit plus haut n'en est pas moins réel. Intéressons nous pour conclure cette sous-section aux ménages non-cotonniers agriculteurs des zones cotonnières. On mène sur cet échantillon exactement les mêmes régressions que sur l'ensemble des ménages agriculteurs habitant en zone cotonnière (tableaux 4.5 et 4.5 bis en annexes). On trouve comme auparavant un impact signicatif de la concentration de cotonniers sur nos variables dépendantes. Mais il est également concevable que les gros producteurs agricoles non cotonniers vivent à proximité d'une communauté dense de ménages cotonniers, ou que les ménages à haut revenu agricole (les cotonniers comme les non-cotonniers) soient regroupés dans des mêmes aires géographiques. C'est pourquoi on introduit dans un second temps le ratio du revenu agricole du ménage sur la médiane de la distribution du revenu agricole des noncotonniers. Le tableau 4.5 bis nous informe ainsi que l'impact de la variable % de cotonniers est en général plus important et plus signicatif que celui de la position relative des ménages non-cotonniers dans la distribution du revenu agricole. Il est peu probable que la concentration des gros producteurs soit ici le facteur explicatif déterminant pour le bien-être des ménages non-cotonniers. En conclusion, nous avons pu mettre en évidence la présence d'externalités sur le niveau de vie des ménages cotonniers comme non-cotonniers, sans toutefois exclure l'hypothèse que des densités importantes de gros producteurs cotonniers expliquent en partie nos résultats.

4.3 Comparaisons entre les ménages non-cotonniers Pour conclure cette section, il peut être utile de se concentrer de nouveau sur les ménages noncotonniers pour vérier si ceux qui habitent dans les zones cotonnières ont un niveau de vie supérieur aux ménages dans les autres régions rurales du Mali. Si tel est le cas, nous aurons la conrmation que le "système coton" exerce des externalités positives sur les ménages qui ne cultivent pas de coton.

On régresse donc cetaines variables indicatrices du niveau de vie

des non-cotonniers sur les variables indépendantes déjà utilisées précédemment, auxquelles on ajoute une variable binaire "zoncot" qui indique si le ménage habite en zone cotonnière ou dans

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une zone rurale non cotonnière. Il faut veiller cependant à ne pas interpréter trop rapidement les résultats: les zones cotonnières font également partie des régions agricoles les plus productives du Mali; on veillera dans un second temps à resteindre l'échantillon à des arrondissements ou des zones "limitrophes" pour rendre nos conclusions plus robustes. Dans un premier temps, on prend comme échantillon les ménages non-cotonniers travaillant dans l'agriculture et habitant en zone rurale (tableau 4.6).

On constate un rattrapage

notable entre les deux années d'enquête en ce qui concerne la consommation.

Les ménages

non-cotonniers habitant dans les zones cotonnières semblent également mieux pourvus en biens durables, et avantagés en ce qui concerne la source d'approvisionnement en eau. Il est cependant délicat d'établir des conclusions certaines si on compare des régions trop diérentes, mais ces résultats donnent une idée d'une tendance a priori plus dynamique dans les zones cotonnières (un phénomène qui sera étudié plus en détail dans la section 5). Pour rendre nos conclusions plus robustes, on utilise la proximité géographique d'arrondissements situés de part et d'autre de la "frontière" de la zone cotonnière pour comparer des populations vivant dans des environnements similaires (tableaux 4.7). On compare dans un premier temps les ménages du cercle de Kita aux cercles avoisinants de Bafoulabé et de Kéniéba, ainsi qu'à quatre arrondissements du cercle de Diéma formant la ceinture septentrionale du cercle de Kita.

On dénombre en 2006 un total de 132 ménages

enquêtés dans ce cercle sur un total de 309 ménages habitant dans la zone qui nous intéresse. On élimine les ménages urbains de l'échantillon car on souhaite comparer les ménages de la zone cotonnière aux ménages ruraux vivant dans une région proche. On ne s'intéresse ici également qu'aux ménages non-cotonniers. On calcule certaines moyennes d'indicateurs de bien-être pour les ménages situés de part et d'autre de la "frontière"; sur cet échantillon, les seules moyennes qui sont signicatives sont pour la source d'approvisionnement en eau. Il est dicile d'interpréter ces résultats si ce n'est en disant que les régions sur lesquelles se limite l'échantillon sont trop proches pour montrer des diérences importantes. On répète la même procédure pour les cercles de Koulikoro et Kati que l'on compare aux cercles limitrophes de Banamba et de Kolokani. Les remarques précédentes peuvent à nouveau être formulées pour ces arrondissements, à la diérence près que les ménages habitant en zone cotonnière semblent légèrement mieux pourvus en biens durables. Enn, on sélectionne certains cercles de la ceinture septentrionale du vieux bassin cotonnier (cercles de Baraouéli, Bla, San et Tominian) que l'on compare à leurs voisins (cercles de Ségou, Macina, Bandiagara, Bankass et Douentza).

Il apparaît cette fois un phénomène visible de

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rattrapage pour la consommation des ménages. Il est dicile de formuler des conclusions dénitives pour cette sous-section au vu du manque de signicativité des résultats: les évolutions aperçues dans les comparaisons des non-cotonniers habitant en zone cotonnière par rapport aux autres zones rurales maliennes disparaissent dès qu'on tente de comparer des régions proches géographiquement. On peut supposer néanmoins que cette disparition est la preuve d'un eet de spillover positif des régions cotonnières sur leurs voisines. Avec les analyses menées sur les non-cotonniers dans la sous-section précédente, il semble qu'on puisse armer qu'un ménage agriculeur non-cotonnier vit relativement mieux s'il habite à côté d'une zone cotonnière ou d'une forte concentration de ménages cotonniers.

5 Analyse des bénéces de la lière cotonnière dans une perspective dynamique A ce niveau, nous changeons de variable d'analyse pour étudier non pas le statut de cotonnier mais le fait d'habiter dans une zone cotonnière, an de compléter les analyses transversales eectuées pour les deux années d'enquête 1994 et 2006. Comme on l'a déjà remarqué, les évolutions et les diérences existant entre les ménages cotonniers et les autres ménages sont diciles à interpréter dans une période aussi longue que celle qui couvre 1994-2006, car de multiples éléments conjoncturels ainsi que l'hétérogénéité des enquêtes viennent interférer dans l'analyse. An de réduire l'intervalle de temps et étudier de façon dynamique les bénéces de la lière cotonnière pour les populations concernées, on utilise les données de l'enquête de 2001 pour comparer les progrès réalisés en termes de bien-être dans les régions cotonnières par rapport aux régions témoin. On rappelle qu'on ne dispose pas de l'information concernant l'activité agricole du ménage en 2001: c'est un inconvénient majeur que vient contrebalancer le clustering de cette enquête, rigoureusement identique à celui de l'enquête 2006. On dispose ainsi d'un panel de clusters sur les années 2001 et 2006, et il devient alors possible de séparer ces clusters en deux groupes: un groupe de traitement d'une part, où le traitement est assimilé au fait d'être inclus dans le périmètre d'intervention de la CMDT entre 2001 et 2006 (et donc de faire partie intégrante de la zone cotonnière); un groupe de contrôle d'autre part, qui regroupe soit les clusters ne faisant pas partie des zones cotonnières, soit ceux qui ont été "traités" avant 2001. La démarche qui consiste à assimiler le fait d'être inclus dans le périmètre CMDT à un traitement ne doit pas s'interpréter dans une perspective rigoureuse d'évaluation d'un traitement ciblé, ponctuel et exogène. Elle vise simplement à exploiter un aspect dynamique permis

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par la structure des enquêtes 2001 et 2006, et d'appliquer une méthodologie de diérence de diérence, pratique pour éliminer un biais de sélection existant entre les zones cotonnières et non cotonnières (ou les nouvelles zones et les anciennes zones), permettant en cela d'évaluer un écart qui s'expliquerait exclusivement par l'impact "zone coton". On sait par exemple que les cotonniers et donc les zones cotonnières dans leur ensemble ont subi de plein fouet les conséquences de la crise du coton en 2001 liée à la grève des producteurs.

Par ailleurs la zone

coton présente des diérences systématiques par rapport aux autres régions en termes notamment d'infrastructures. La méthodologie qui va être appliquée vise à contrôler ces diérences an d'isoler les bénéces de la lière cotonnière pour les régions concernées. Le danger serait de comparer les zones cotonnières déjà traitées en 2001 avec l'ensemble des zones non cotonnières. Sachant qu'il doit exister un biais conjoncturel négatif lié à la grève des cotonniers pour les zones déjà traitées en 2001, on risquerait de capter uniquement un eet de rattarapage des anciennes zones cotonnières entre 2001 et 2006 et de l'assimiler au fait que les zones cotonnières croissent plus vite que les zones non cotonnières entre 2001 et 2006, et que cela est dû à l'eet du traitement. Pour appliquer une méthodologie de diérence de diérence, il faut néanmoins disposer d'une variable, assimilable à un traitement administré de manière exogène (au sens où les ménages composant les clusters du groupe de traitement ne s'autosélectionnnent pas pour ce traitement), à un moment donné dans le temps, entre un avant qui constitue une enquête baseline et un après qui permet de suivre l'évolution des groupes de traitement et de contrôle. On verra en quoi l'évolution et l'extension du périmètre d'intervention de la CMDT permettent de répondre en partie à ces nécessités. On appliquera ensuite une première fois la méthodologie de diérence de diérence en dénissant plusieurs groupes de contrôle et de traitement. On essaiera par la suite

8 pour rendre plus rigoureuse l'analyse, en

de s'inspirer de la démarche de Ravaillon, Chen et Mu

tenant compte du fait que les changements dans les outcomes au cours du temps sont corrélés avec des caractéristiques observables des clusters, elles-mêmes corrélées avec la participation au traitement. Il restera toujours, une fois ces ajustements réalisés, à faire l'hypothèse, impossible à vérier statistiquement, qu'en l'absence de traitement et en contrôlant pour les observables, les clusters traités auraient évolué de la même façon que les clusters de contrôle.

On pourra

cependant tester de manière indirecte cette hypothèse en observant les tendances au sein des groupes de traitement et de contrôle dans une période antérieure au traitement (c'est à dire entre 1994 et 2001). A l'issue de ces analyses, nous pourrons quantier les bénéces matériels que retire un ménage du fait d'habiter en zone cotonnière. Une telle démarche ne permet pas de distinguer ce qu'on a

8 Are

There Lasting Impacts of Aid to Poor Areas?, Development Research Group, World Bank

29

appelé précédemment les bienfaits directs de la culture coton des bienfaits indirects du système coton. Cette distinction nécessiterait d'appliquer la méthodologie de diérence de diérence sur les ménages non-cotonniers entre 2001 et 2006, mais nous ne pouvons pas identier ces ménages en 2001.

5.1 La variable "zone coton" peut-elle être assimilée à un traitement? Il faut comprendre les bases de l'organisation de la CMDT pour voir en quoi l'intervention de celle-ci peut éventuellement être assimilée à un traitement pour les régions concernées. La CMDT a longtemps régenté non seulement la culture du coton mais également toutes les activités agricoles qui entrent dans son périmètre d'intervention (élevage compris), de Kita à Sikasso. Sa

9 . Ses activités

zone d'encadrement couvre plus de 170 000 exploitations, dans 5 400 villages

couvrent également la gestion des espaces ruraux (lutte contre l'érosion des sols, sensibilisation de la population à l'environnement...), la fourniture d'intrants aux agriculteurs sous forme de crédits déduits du prix d'achat coton lors de sa commercialisation (par la CMDT qui constitue jusqu'à présent le monopole d'achat), la formation des agriculteurs, l'aide à la formation d'associations professionnelles... Cependant, avec la crise du coton qui est intervenue au cours des dernières années, il a été demandé à la CMDT de recentrer ses activités sur le coton en 2003. Ce recentrage doit être mené parallèlement au renforcement des organisations de producteurs, ceux-ci étant par ailleurs amenés à détenir 20% du capital des quatre liales privées issues du démantèlement et de la privatisation de la CMDT. Les bienfaits de la culture coton pour les agriculteurs maliens (c'est à dire les raisons pour lesquelles on a appelé cette culture "or blanc") tiennent en eet autant aux revenus monétaires qu'elle rapporte qu'au système qui s'organise autour.

Les arguments

en faveur de la privatisation de la CMDT tournent essentiellement autour de la question de l'utilisation des ressources qui lui sont consacrées et qui pourraient être plus ecacement dirigées vers d'autrpar rapportes priorités en matière de réduction de la pauvreté. Mais il se pourrait que ce soient justement les interventions de la CMDT en milieu rural qui aient participé à la réduction de la pauvreté parmi les populations agricoles. Il s'agit donc de remettre les choses en perspective et d'évaluer précisément les bénéces dont protent les cultivateurs de coton ainsi que les éventuelles externalités positives destinées aux populations ne produisant pas de coton, pour mesurer un certain manque à gagner si à l'avenir l'organisation du secteur cotonnier au Mali est entièrement redénie. Un rapide historique est ensuite nécessaire pour comprendre comment le traitement s'est appliqué à diérentes régions successivement dans le temps. La Compagnie Malienne pour le

9 Source:

Le livre blanc sur le coton, ENDA TM : Prospectives Dialogues politiques, 2005.

30

Développement des Textiles (CMDT) remplace l'ancienne CFDT en 1974 et hérite d'un long processus de développement de la lière cotonnière au Mali, qui a vu le jour en zone irriguée de l'Oce du Niger (actuelle principale zone de production rizicole du Mali). Le développement de la culture de coton s'est étendu ensuite pour former ce qu'on appelle aujourd'hui le vieux bassin cotonnier, regroupant la totalité de la région de Koutiala, les secteurs de Bla et de Kimparana, le nord et le centre de la région de Fana et le nord de la région de Sikasso. Après cette date, la culture de coton se propage dans les zones d'extension du bassin cotonnier (sud de la région de Fana, sud de la région de Sikasso, nord et centre de la région de Bougouni). Suite à la crise frappant la culture arachidière dans la région de Kita et à l'éradication de l'onchocercose et de la trypanosomiase dans les zones infestées du sud de la région de Bougouni, le périmètre de la CMDT s'étend dans ces régions, incluses dénitivement en 1995. Il est à noter que l'extension des zones cotonnières se fait sur la base d'une volonté étatique armée, et donc de manière relativement exogène une fois les caractéristiques agro-écologiques des terroirs prises en compte. Ce rapide historique s'appuie sur un document de la CMDT diusé à la n des années 90 par le service de suivi-évaluation de la Compagnie. Il ne mentionne pas l'extension du périmètre d'intervention de la CMDT dans une partie de la région de Koulikoro et aux alentours de Bamako. Ces zones correspondent en dénitive aux dernières zones incluses dans ce périmètre au début des années 2000. On dispose nalement d'une classication des zones cotonnières en fonction de l'ancienneté de leur appartenance au périmètre d'intervention de la CMDT. Il y a les "vieilles" zones cotonnières qui ont déjà ce statut lors de l'enquête de 1994.

Il y a les zones intermédiaires (cercle de

Kita et sud de la région de Bougouni) qui obtiennent ce statut entre les enquêtes de 1994 et de 2001.

Enn il existe les "nouvelles" zones cotonnières incluses progressivement dans le

périmètre de la CMDT entre les enquêtes de 2001 et de 2006.

Les densités qui gurent à la

page suivante montrent l'évolution du pourcentage de cotonniers dans ces trois groupes de zones cotonnières: celui-ci progresse dans les arrondissements appartenant aux nouvelles zones ou aux zones intermédiaires (seuls trois ménages cotonniers sont enquêtés en 1994 dans les nouvelles zones cotonnières, aucun dans les zones intermédiaires).

31

Evolution du pourcentage de ménages cotonniers dans les vieilles zones cotonnières entre 1994 et 2006

Evolution du pourcentage de ménages cotonniers dans les zones cotonnières intermédiaires entre 1994 et 2006

Evolution du pourcentage de ménages cotonniers dans les zones cotonnières nouvelles entre 1994 et 2006

Cette chronologie nous permet de considérer le statut "zone coton" comme un traitement appliqué à diérents clusters à diérents points du temps. Les cartes 2 et 3 indiquent de façon plus nette le périmètre actuel d'intervention de la CMDT et son évolution dans le temps. Mais à la diérence d'un traitement lié par exemple à une politique économique ciblée et ponctuelle,

32

l'inclusion dans le périmètre de la CMDT ne peut produire d'eets immédiats et clairement repérables sur une année donnée. On testera dans cette perspective diérents groupes de traitement, essentiellement un groupe composé exclusivement des nouvelles zones cotonnières d'une part, et un autre composé des zones nouvelles et intermédiaires, pour évaluer d'éventuels bénéces de moyen terme de l'appartenance au périmètre CMDT. Comme groupe de contrôle, on pourra considérer l'ensemble des clusters ne faisant pas partie des zones cotonnières, ou bien les zones cotonnières anciennes dont les caractéristiques observables sont nécessairement plus proches de celles des clusters traités.

Carte 2: Périmètre d'intervention de la CMDT en 2006

Carte 3: Extension du périmètre d'intervention de la CMDT

33

A titre indicatif, on donne ici quelques statistiques descriptives retraçant l'évolution de certains indicateurs de bien-être au sein des diérentes zones. Il est notable que les zones nouvelles et intermédiaires connaissent un rattrapage remarquable par rapport aux autres zones rurales du Mali, alors que les régions du vieux bassin cotonnier stagnent en moyenne. On verra par la suite s'il est raisonnable d'attribuer ces diérences au statut nouveau de zone cotonnière.

Quelques indicateurs de niveau de vie selon l'aire géographique entre 1994 et 2006

5.2 Premières régressions et premiers résultats Les ménages enquêtés en 2001 et 2006 sont répartis dans des clusters auxquels on associe les variables "zone coton", "vieille zone coton" etc, prenant la valeur 0 ou 1.

Pour des raisons

de commodité, et parce que le statut zone coton est déni la plupart du temps au niveau de l'arrondissement, on utilise cette échelle géographique comme dénition de nos clusters. Il n'est pas nécessaire de disposer d'un panel de ménages pour appliquer notre méthodologie: la condition essentielle est de disposer d'un ensemble de clusters sur les deux années d'enquête, les uns appartenant au groupe de traitement, les autres au groupe de contrôle. On utilise l'équation caractéristique des régressions de diérence de diérence:

yi,t = β0 + β1 .1t=2006 + β2 1T =1 + β3 1t=2006 .1T =1 + ui,t

où le paramètre d'intérêt à estimer est

β3 . yi,t est l'outcome du cluster i à la date t (on pourra prendre comme variable la consommation alimentaire et totale par tête des ménages aux prix de Bamako, la possession de biens durables, le niveau moyen d'éducation..., agrégés au niveau du cluster).

β2 capte les diérences existant entre

les traités et les non traités en 2001: il sera la plupart du temps négatif dans nos régressions. Le calcul de la variance des estimateurs prend en compte les corrélations positives pouvant exister entre les diérents ménages d'un même cluster.

34

Quatre régressions diérentes sont menées avec dans chaque cas une dénition diérente des groupes de traitement et de contrôle. Le groupe de traitement inclut soit les clusters appartenant aux nouvelles zones cotonnières, soit ces derniers plus les clusters traités entre 1994 et 2001 pour prendre en compte les bénéces de moyen terme de l'implantation progressive de la CMDT dans les régions concernées, au risque d'estimer par la méthodologie de diérence de diérence, comme expliqué plus haut, un eet de rattrapage des zones intermédiares sur les zones non cotonnières lié à la grève des cotonniers en 2001. Le groupe de contrôle inclut soit l'ensemble des zones non cotonnières soit les vieilles zones cotonnières, dont les caractéristiques sont d'avantage similaires avec les clusters traités. Au nal, la comparaison qui nous paraît la plus pertinente est celle qui confronte les zones cotonnières nouvelles et intermédiaires aux vieilles zones cotonnières, les autres résultats gurent en annexes.

Tableau 5.1: Diérences de diérences, régressions sans contrôles, zones cotonnières nouvelles et intermédiaires vs vieilles zones cotonnières

Les mêmes poids que dans la section 3 sont attribués aux ménages. On a omis d'inclure dans les résultats les variables de conditions du logement (ELEC et WATER) ainsi que la plupart des biens durables ou d'équipement car les coecients ne sont en général pas signicatifs. En revanche, on constate un coecient nettement signicatif et positif pour les consommations totales et alimentaires sur l'ensemble des quatre régressions eectuées. Rappelons que la ligne de pauvreté alimentaire au Mali en 2001 est évaluée dans l'étude du DIAL à 90.3 milliers de FCFA. Les chires gurant dans le tableau sont donc loin d'être des quantités négligeables. Ils semblent signicativement plus importants lorsque l'on choisit comme groupe de contrôle les vieilles zones cotonnières: les régions les plus récemment incluses dans le périmètre d'intervention de la CMDT rattrapent ainsi assez rapidement les régions du vieux bassin cotonnier. Ces dernières sont en eet concernées par une baisse importante des rendements cotonniers liée à une forte densité de population et un épuisement des terres; le rattrapage des zones cotonnières nouvelles et

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intermédiaires est toutefois également assez signicatif par rapport aux régions non cotonnières. Les chires obtenus pour l'éducation sont aussi signicatifs mais les coecients ne sont pas d'un ordre de grandeur très important. Il est à noter que les chires pour la consommation peuvent être articiellement gonés par l'ination sur l'indice des prix de Bamako entre 2001 et 2006 (le coecient d'un facteur

tauxinf lation ∗ (yi,2006 − yi,2001 )).

β3

est ainsi surestimé

L'indice des prix à la consommation pour les

ménages de Bamako est de 106.6 en 2001 (Base 100: 1996) et de 115.7 en 2006. Cette ination intra-période est relativement faible et n'est pas de nature à modier profondément les résultats.

5.3 Prise en compte des caractéristiques observables des clusters On a fait l'hypothèse dans les régressions précédentes que le biais de sélection entre les clusters traités et le groupe de contrôle, c'est-à-dire la diérence entre les contrefactuels des traités et les outcomes du groupe de contrôle, était constant au cours du temps.

La méthodologie ap-

pliquée dans la section précédente permet d'éliminer ce biais constant. Cependant l'hypothèse de constance du biais de sélection est assez dicile à maintenir dans la mesure où les différents clusters enquêtés présentent des diérences systématiques en ce qui concerne leur niveau d'infrastructure ou le niveau de vie moyen des ménages durant les années précédant l'enquête de 2001. Ces diérences peuvent à leur tour inuencer le taux de croissance des dépenses des ménages durant la période 2001-2006. Il faut donc contrôler pour ces variables dans les régressions pour se rapprocher de l'hypothèse de biais de sélection constant, à caractéristiques observables données. Les variables qu'on choisit d'inclure dans les régressions appartiennent à deux catégories. D'une part, en utilisant un recensement des infrastructures réalisé sur l'ensemble du territoire malien (excepté Bamako) en 1998, on constate que les communes situées dans les zones cotonnières présentent par exemple un ratio signicativement supérieur pour les écoles primaires, les centres d'alphabétisation, les forages, les caisses villageoises, et signicativement inférieur pour les écoles secondaires, les fontaines. . .

Il existe également des écarts importants entre les

diérentes zones cotonnières selon leur ancienneté, comme le montre le tableau ci-dessous :

36

La deuxième catégorie de variables retenues regroupe des indicateurs de niveau de vie des ménages pour l'enquête de 1994, et des variables synthétisant la facilité moyenne d'accès aux infrastructures dans les diérents clusters. On retient ici comme échelle géographique pour les clusters l'arrondissement, car il est impossible d'établir des moyennes pertinentes au niveau de clusters de taille moins importante.

Comme on a pu le voir précédemment, les ménages

cotonniers en 1994 montrent des écarts souvent signicatifs avec les autres ménages, dont on choisit de tenir compte dans les régressions. La première méthode envisagée pour mener ces régressions, qui s'inspire de l'article de Chen, Mu et Ravallion, a été d'attribuer un propensity score aux diérents arrondissements qui correspond à la probabilité estimée de traitement (c'est à dire de faire partie du contingent des nouvelles zones cotonnières ou des zones intermédiaires).

Ce score est calculé à partir d'une

équation probit avec comme régresseurs les variables de 1994 (consommation alimentaire des ménages enquêtés au sein de chaque arrondissement, possession de biens durables, population de l'arrondissement, accès aux infrastructures) et celles de 1998 (ratio des infrastructures : écoles, dispensaires, forages etc., pour 10 000 habitants). L'idée était surtout d'utiliser ces scores pour les régressions se limitant aux zones cotonnières, car il est évident que les arrondissements situés dans les zones cotonnières ont des caractéristiques trop diérentes des autres arrondissements pour espérer obtenir un support commun sur l'échantillon total. Ce que conrment les régressions: une grande majorité des arrondissements situés dans les zones cotonnières ont un score égal ou inniment proche de 1, ceux dans les zones non cotonnières ont un score égal ou inniment proche de 0. Les résultats sont à peine plus encourageants pour les zones cotonnières :

37

pour les régressions  Zones 2006 vs Zones 1994 , plus de 90% des arrondissements appartenant aux zones cotonnières 1994 ont un score inférieur à 0.05. Il n'est donc pas réellement envisageable de se baser sur ces scores pour mener les régressions.

Ceci n'est guère surprenant si on

réalise qu'on ne dispose que de 165 arrondissements au meilleur des cas: un score utilisant une vingtaine de variables sur un si petit nombre de clusters ne peut qu'avoir un pouvoir prédictif trop parfait. Rien n'empêche cependant d'inclure les variables entrant dans le calcul du score dans les régressions de diérence de diérence, et voir en quoi cet ajout peut modier nos résultats (Tableau 5.2, autres résultats en annexes).

Tableau 5.2: Diérences de diérences, régressions avec contrôles, zones cotonnières nouvelles et intermédiaires vs vieilles zones cotonnières

Par rapport aux résultats précédents, il semble que les coecients soient un peu moins importants lorsque l'on compare les nouvelles zones cotonnières aux anciennes. En revanche,

β3

augmente fortement si on compare les zones cotonnières nouvelles aux zones non cotonnières: la prise en compte du niveau d'infrastructures contrôle notamment pour le retard dans ce domaine des zones cotonnières en 1998 et amplie l'eet du "traitement".

5.4 Test de robustesse: l'inclusion dans le périmètre de la CMDT induit-elle une rupture de tendance ? Les résultats précédents ne sont pas susants pour pouvoir armer que le "traitement" que l'on étudie ici a véritablement provoqué un boom économique dans les régions concernées. On peut tout à fait concevoir que les nouvelles zones cotonnières étaient déjà sur un trend croissant avant leur inclusion dans le périmètre CMDT, et que ce dernier phénomène n'a eu aucune inuence sur le rattrapage que l'on a pu observer dans la section précédente. Il faut donc véritablement repérer une rupture de trend aux alentours de l'année 2001 pour pouvoir soutenir avec plus de

38

conviction l'armation selon laquelle l'eet "zone coton" exerce un choc positif de croissance sur les régions étudiées. On fait appel de nouveau aux données de l'enquête 1994 pour avoir une idée du trend dans les zones cotonnières nouvelles et intermédiaires avant l'année 2001.

Si les zones cotonnières

intermédiaires ont été "traitées" entre 1994 et 2001, il est intéressant de regarder néanmoins si un choc positif sur leur croissance advient une fois que les bénéces de la lière cotonnière se matérialisent à moyen terme. Si on veut utiliser les résultats de l'enquête 1994, il faut harmoniser les variables sur les trois années et donc exclure des agrégats de consommation des années 2001 et 2006 l'autoconsommation des ménages. Pour compléter l'analyse, on utilise de nouveau les dépenses non alimentaires des ménages. Par ailleurs, on tient compte de l'ination entre les trois années d'enquête car on ne peut cette fois négliger ce phénomène qui semble plus important sur les années précédant 2001 qu'après cette période. On dispose nalement des dépenses totales, alimentaires et non alimentaires valorisées aux prix de Bamako pour les trois années, que l'on corrige de l'évolution de l'indice harmonisé des prix à la consommation à Bamako (si on prend comme base 100 l'année 1994, l'indice est égal à 127.92 en 2001 et 138.84 en 2006). On considère cette fois deux groupes de contrôle: les vieilles zones cotonnières, comme dans la sous-section précédente, et les zones non cotonnières rurales (alors qu'on avait considéré l'ensemble des zones non cotonnières auparavant). Si on prend comme groupe de contrôle les zones non cotonnières rurales, on voit qu'il ne semble pas y avoir des ruptures de tendance très marquées autour de l'année 2001.

En revanche si on prend comme groupe de contrôle

les "vieilles" zones cotonnières, qui semble un groupe de contrôle plus pertinent si on veut raisonner sur des régions aux caractéristiques plus proches, les ruptures sont légèrement plus visibles, comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous (les autres graphiques gurent en annexes).

39

Ce résultat semble provenir de deux causes principales: d'une part les vieilles zones cotonnières semblent subir des trends décroissants du fait de certains facteurs identiés précédemment (tels l'épuisement des sols, les migrations vers des régions plus attractives); d'autre part les zones cotonnières nouvelles voire intermédiaires bénécient d'un trend moins défavorable qui peut s'identier à l'eet de notre "traitement". Il est possible de tester économétriquement l'ampleur de ces ruptures de trends qui apparaissent sur nos graphiques, en utilisant le même type de régression que dans la sous-section précédente, avec cette fois une triple diérence sur les outcomes des années 1994, 2001 et 2006. L'équation de référence est l'extension de la régression de la sous-section 5.2:

yi,t = β0 + β1 .1t=2001 + β2 .1t=2006 + β3 1T =1 + β4 1t=2001 .1T =1 + β5 1t=2006 .1T =1 + ui,t Notre objectif est de tester si la diérence entre le gain moyen réalisé entre les années 2001 et 2006 et le gain moyen réalisé sur la période 1994-2001 est plus importante pour les clusters appartenant au groupe de traitement. Au vu de l'équation ci-dessus, et en tenant compte du

40

nombre d'années séparant les diérentes enquêtes, cette démarche revient à tester l'hypothèse nulle

H0 : β5 =

12 7 .β4 . Si on prend comme groupe de traitement les zones cotonnières nouvelles et

intermédiaires et comme groupe de contrôle les vieilles zones cotonnières, on constate que quelque soit la variable considérée (dépenses totales, alimentaires ou non alimentaires), l'hypothèse nulle est rejetée en faveur de la probabilité de rejeter

H1 : β 5 > H0

12 7 .β4 (au pire des cas, pour les dépenses non alimentaires,

à tort est de 0.7%).

En fait il est intéressant de constater que

quelque soient nos groupes de contrôle et de traitement, les tests rejettent l'hypothèse nulle avec un seuil de signicativité très élevé (excepté pour les dépenses alimentaires des nouvelles zones cotonnières par rapport aux zones non cotonnières rurales). Pour pousuivre cette section, on regarde si les trends de croissance entre les années 1994 et 2006 sont plus favorables pour les cotonniers par rapport aux non-cotonniers au sein des régions cotonnières.

Idéalement, on souhaiterait mener cette analyse entre 2001 et 2006, mais on ne

dispose pas de l'information sur la production de coton en 2001. L'étude porte ici uniquement sur les vieilles zones cotonnières, car on ne dénombre que trois ménages cotonniers habitant dans les zones nouvelles et intermédiaires pour l'enquête de 1994. On prend comme groupe de contrôle l'ensemble des régions non cotonnières. On s'intéresse comme dans les sous-sections précédentes au coecient

β3 ,

qui sera a priori plus faible ici puisque la décennie 90 a été nettement moins

favorable pour les vieilles zones cotonnières que pour les autres. On utilise les mêmes agrégats de dépense valorisés au prix de Bamako en tenant compte de l'ination 1994-2006. Les résultats gurent dans le tableau 5.3. Les non-cotonniers ne semblent pas être plus mal lotis que les cotonniers, sauf pour les dépenses non alimentaires. Il ne faut pas oublier que l'on regarde ici des chires qui concernent uniquement les vieilles zones cotonnières, qui ont le trend le plus défavorable parmi les zones cotonnières. Enn, on regarde s'il existe des diérences de trends au sein du groupe des cotonniers selon la position que ceux-ci occupent dans les distribution du revenu cotonnier (tableau 5.4). Les résultats semblent logiques:

les ménages bénéciant le plus d'un trend positif, du moins en

ce qui concerne la consommation totale et alimentaire, sont les ménages situés au dessus du quatrième quartile. Les ménages situés sous le premier quartile ne présentent pas un coecient de diérence de diérence signicativement négatif, et le coecient associé à la variable T=1 (le retard des traités sur le groupe de contrôle) n'est pas signicativement diérent de celui des autres ménages cotonniers. Revenons pour conclure cette section sur l'hypothèse concurrente évoquée à la section 4: il est possible que les ruptures de trend mises à jour proviennent uniquement d'une migration des gros producteurs cotonniers à forts revenus du vieux bassin cotonnier vers les régions cotonnières

41

nouvelles, ou que l'intervention de la CMDT dans ces dernières favorise l'émergence d'une classe nouvelle de gros producteurs se partageant les terres les plus fertiles, à la suite desquels des ménages aux revenus plus modestes se partageront les terres moins productives.

Les gures

ci-dessous représentent les densités du revenu cotonnier dans les vieilles zones cotonnières (en 1994 et 2006) ainsi que dans les zones nouvelles et intermédiaires (en 2006 uniquement).

42

On peut constater que ces distributions ont sensiblement la même forme, de même que la distribution du revenu cotonnier dans les vieilles zones cotonnières en 1994 et en 2006. Il est donc dicile de soutenir l'hypothèse selon laquelle les ruptures de tendances mises en évidence pour les zones nouvelles et intermédiaires sont le fait uniquement d'une petite classe de gros producteurs qui ont un niveau de vie supérieur à la moyenne des ménages au sein des régions des diérents groupes de contrôle. L'intervention de la CMDT et la mise en place d'un système coton dont les externalités se répercutent à la fois sur les ménages cotonniers et non-cotonniers semble être ici déterminante.

43

6 Discussion des résultats On a essayé de montrer dans ces analyses dans quelle mesure la culture de coton pouvait avoir un impact positif sur le bien-être des ménages ruraux au Mali. La principale conclusion qui semble se dégager est que la culture du coton en soi n'apporte pas des bienfaits considérables pour le bien-être des ménages cotonniers, même si ceux-ci semblent mieux lotis en moyenne que les autres ménages agriculteurs, encore que cela semble moins être le cas en 2006. Ce sont surtout les externalités du système coton, qui bénécient également aux ménages non-cotonniers, qui ont attiré notre attention ici. Sans ces externalités, il serait plus dicile sans doute de constater les ruptures de croissance que nous avons pu entrevoir pour les nouvelles zones cotonnières dans la section 5.

Les choses ont donc pu se passer ainsi: le

passage dans le périmètre d'intervention de la CMDT entraîne une augmentation de la présence des cotonniers au sein des arrondissements concernés: cette concentration grandissante permet l'établissement d'un système coton qui bénécie à toutes les populations. Ceci explique le trend favorable au sein des nouvelles zones cotonnières, par rapport aux autres zones rurales maliennes d'une part, par rapport aux vieilles zones cotonnières d'autre part, dans lesquelles se produit un phénomène de rendements décroissants du système coton expliquant une croissance moindre. Ce scénario est préféré à d'autres hypothèses: on pense par exemple à l'existence d'une minorité de gros producteurs cotonniers qui tireraient la moyenne du niveau de vie des ménages cotonniers vers le haut, ou à une intervention de la CMDT qui consisterait simplement à sensibiliser les populations locales au miracle de l' or blanc. Ce sont essentiellement les résultats de la section 4, qui semblent montrer l'existence d'externalités positives du système coton sur les ménages non-cotonniers, qui invitent à privilégier la première hypothèse. Des données plus complètes, notamment sur la production agricole des ménages en 2001, auraient permis d'appuyer ces conclusions avec moins d'incertitudes. Certaines caractéristiques du ménage, comme le groupe ethnique ou les migrations des membres du ménage, font aussi cruellement défaut car elles nous auraient permis d'en apprendre d'avantage sur ce qui diérencie les ménages cotonniers des autres ménages. La lière cotonnière a ainsi pu apporter par le passé des bienfaits indéniables pour le développement rural agricole du Mali.

Encore peut-on émettre plusieurs bémols devant ce

constat: d'une part le trend assez défavorable des vieilles zones cotonnières, qui peut prégurer l'avenir des nouvelles zones et des zones cotonnières intermédiaires; d'autre part nous n'avons pas pu prendre en compte certains facteurs explicatifs (à cause des limites des données disponibles), comme par exemple le niveau de pluviométrie, pour pouvoir armer avec certitude que c'est bien l'eet zone coton qui induit une légère incurvation de tendance dans ces dernières régions.

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Ce qu'on peut dire au nal est que la période de transition qui commence cette année, avec la privatisation de la CMDT, devrait être déterminante pour la croissance future des régions rurales maliennes. Tous les "ingrédients" qui ont fait le succès de la culture de coton au Mali ne doivent pas disparaître purement et simplement avec le désengagement complet de l'Etat de la lière cotonnière, sous peine de voir augmenter considérablement le niveau de pauvreté dans les régions rurales. Ces avantages du système coton devraient être conservés et garantis à l'ensemble des ménages agriculteurs; cette situation n'est envisageable que si les organisations de producteurs appelées à se renforcer prennent le relais de la CMDT pour assurer aux populations agricoles une meilleure protection contre les aléas climatiques, contre la volatilité des cours, ainsi qu'un meilleur accès aux intrants et au crédit. Comme en témoigne la baisse de la production cotonnière en 2007, ou les dicultés en 2008 à disposer des engrais avant les semis, les organisations de producteurs semblent encore en partie incapables de répondre à ce dé.

45

Annexes Tableau 3.3: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages au sein des zones cotonnières

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Tableau 3.3 bis: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages au sein des zones cotonnières (détail)

Tableau 3.4: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages au sein des zones cotonnières (consommation par unité de consommation)

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Tableau 3.5: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages hors Bamako

Tableau 3.6: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages hors Bamako (consommation par unité de consommation)

48

Tableau 3.7: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages hors Bamako (milieu rural)

Tableau 3.8: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages hors Bamako (milieu rural, consommation par unité de consommation)

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Tableau 3.9: Coecients de la variable COTON en fonction de la position dans la distribution du revenu cotonnier

50

Tableau 3.9 bis: Coecients de la variable COTON en fonction de la position dans la distribution de la part du coton dans le revenu

51

Tableau 4.1 bis: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages habitant en zone cotonnière, eet xe cluster

52

Tableau 4.2: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages agriculteurs, eet xe arrondissement

53

Tableau 4.2 bis: Ecarts entre les ménages cotonniers et les autres ménages habitant en zone cotonnière, eets xe arrondissement

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Tableau 4.3: Découpage des arrondissements selon le pourcentage de cotonniers par arrondissement

Carte 1: Pourcentage des gros producteurs parmi les ménages cotonniers par cercle en 2006

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Tableau 4.5 bis: Impact de la concentration de cotonniers sur le bien-être des ménages noncotonniers habitant en zone cotonnière (suite)

Tableau 4.5:

Impact de la concentration de cotonniers sur le bien-être des ménages non-

cotonniers habitant en zone cotonnière

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Tableau 4.6: Comparaisons au sein du groupe des ménages non cotonniers

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Tableaux 4.7: Comparaisons au sein du groupe des ménages non cotonniers, régions limitrophes

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Tableau 5.1 bis: Diérences de diérences, régressions sans contrôles, autres résultats

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Tableau 5.2 bis: Diérences de diérences, régressions avec contrôles, autres résultats

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Evolution des agrégats de dépenses entre les années 1994 et 2006 dans les diérentes régions du Mali

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Tableau 5.3: Diérences de diérences, cotonniers vs non cotonniers entre 1994 et 2006

Tableau 5.4: Diérences de diérences pour les diérents quartiles de la population des cotonniers entre 1994 et 2006

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