Expulsions de citoyens européens de Belgique. - Osservatorio INCA ...

4 nov. 2014 - Objet : Expulsions de citoyens européens de Belgique. ... Lors du séminaire FRESSCO sur la libre circulation des travailleurs et la coordination ...
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M. Prodromos Mavridis   Commission européenne  DG EMPL/B/4    Objet :  Expulsions  de  citoyens  européens  de  Belgique.  Violation  des  articles  7  et  14  de  la  Directive  2004/38 sur le droit de séjour des citoyens UE et des articles 4 et 61 du Règlement n° 883/2004 sur le  coordination de la sécurité sociale  PJ : Dossier d’expulsion, Délibération du 7 mai 2013    Bruxelles, le 4 novembre 2014  Lors du séminaire FRESSCO sur la libre circulation des travailleurs et la coordination des systèmes de  sécurité sociale (Bruxelles, 3 octobre 2014), le Directeur de l’Observatoire des politiques sociales en  Europe  de  l’INCA  CGIL,  M.  Caldarini,  vous  a  interpellé  à  propos  des  centaines  de  travailleurs  européens expulsés d’un  des pays fondateurs de l’UE, sur base  d’une interprétation discutable des  règles européennes en vigueur.   Santamaria

Santamaria

Par  ce  courrier,  nous  adressons  aujourd’hui  conjointement  et  formellement  à  la  Commission  européenne une plainte afin de lui demander d’intenter une procédure de manquement contre l’Etat  belge.   M. Caldarini avait plus précisément évoqué un exemple tout à fait réel, d’un travailleur au chômage,  qui  venait  de  recevoir  un  «  ordre  de  quitter  le  territoire  »  de  la  Belgique  sur  base  d’une  interprétation douteuse de l’art. 7, paragraphe 3, de la directive 2004/38.   Vous y trouverez plus de détails dans les documents ci‐joints, que nous vous prions de bien vouloir  traiter en toute confidentialité. En fait, il ne s’agit que d’un exemple parmi beaucoup d’autres.   Nous  attirons  tout  d’abord  votre  attention  sur  le  relevé  de  compte  de  cotisations  versées  par  ce  travailleur dans un autre État membre (l’Italie), attestant d’une carrière salariée de 23 ans, terminée  en février 2013 lorsque l'entreprise où il travaillait se retrouva en procédure de concordat.   Quelques  mois  après  la  cessation  définitive  de  son  travail,  ce  travailleur  trouve  une  nouvelle  opportunité d'emploi en Belgique, toujours dans le secteur dans lequel il est spécialisé. Il laisse donc  sa famille en Italie et se présente à sa nouvelle commune de résidence pour y régulariser son séjour  (juin  2013).  Il  a  en  main  un  contrat  de  travail  à  durée  indéterminée  (C.D.I.)  et  dès  lors,  comme  citoyen européen, a le droit de séjourner sans restriction dans n'importe quel État membre de l'UE.   Mais  après  huit  mois  et  demi,  cette  entreprise  a  été  également  déclarée  en  faillite  [http://bit.ly/1wH4KKB]  et  ce  travailleur  citoyen  européen  se  retrouve  encore  une  fois  malgré  lui  sans emploi (avril 2014).   En Belgique, pour avoir accès aux allocations de chômage, le travailleur en question – agé de 49 ans ‐  doit  démontrer  468  journées  (c'est‐à‐dire  18  mois)  de  travail  salarié  dans  les  33  derniers  mois.  En  ayant  travaillé  –  et  cotisé  –  durant  23  ans  en  Italie  et  8  mois  et  demi  en  Belgique,  sur  la  base  du  règlement 883/2004, ce dernier pays lui reconnaît le droit aux allocations de chômage, en totalisant  ses périodes de travail dans les deux États membres.   Deux mois après (en juin 2014), l'Office des étrangers entame déjà une enquête pour vérifier le droit  de séjour de ce travailleur. L'intéressé fournit ses fiches de paye, la preuve de son licenciement (C4),  de  son  inscription  au  chômage,  l'attestation  d'un  cours  de  formation  en  langue  française,  ainsi  qu'une série de demandes d'emploi et de candidatures spontanées.  

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Malgré cela, le 29 août 2014, c’est‐à‐dire après seulement 5 mois de chômage indemnisé !, l'Office  des étrangers met fin à son droit de séjour et il lui ordonne de quitter la Belgique dans les 30 jours.   La  motivation  principale  de  cet  ordre  d'expulsion  est  que  sa  longue  période  d'inactivité  démontre  qu'il n'a aucune chance réelle d’être engagé. Sa longue période d'inactivité de 5 mois !   Avec 24 ans de carrière, ce travailleur a été privé de son allocation de chômage ainsi que de son titre  de  séjour,  et  se  retrouve  aujourd’hui  sans  revenu.  La  Belgique  interrompt  en  fait  le  paiement  de  l'indemnité de chômage car les conditions d'octroi de l'autorisation de séjour ne sont – selon elle ‐  plus remplies. L'Italie, de son côté, ne lui doit aucune allocation de chômage, n’étant pas son dernier  pays de travail (Règ. 883/2004).   A  la  base,  c’est  en  s’appuyant  sur  l’article  7,  paragraphe  3,  de  la  Directive  2004/38  que  le  gouvernement  belge  prétend  pouvoir  mettre  fin  au  séjour  des  citoyens  de  l'Union  européenne  qui  sont inoccupés pendant 6 mois consécutifs et qui ont travaillé moins de 12 mois avant le chômage, et  qui sont considérés « sans aucune chance réelle d’être engagés ».   Pour  pouvoir  identifier  ces  ressortissants  européens,  un  échange  systématique  de  données  personnelles a été mis en place pour permettre à l’Office des étrangers d’obtenir chaque trimestre –  via  la  Banque  Carrefour  de  la  sécurité  sociale  –  des  données  à  caractère  personnel  de  l'Office  national  de  l'emploi.  La  délibération  du  7  mai  2013  qui  autorise  cette  échange  de  données  ‐  également ci‐jointe ‐ affirme explicitement que l'Office des étrangers a besoin de ces données afin  d'identifier  les  personnes  concernées  de  manière  univoque  et  de  décider  sur  le  maintien  de  leur  droit de séjour. Ceci constitue une violation de l’article 14, paragraphe 2, de la Directive 2004/38 qui  interdit les vérifications systématiques du droit de séjour des citoyens européens.  Entre 2010 et 2013, 7.004 citoyens européens ont reçus l’ordre de quitter le territoire de la Belgique.  Trois  catégories  de  personnes  sont  particulièrement  en  ligne  de  mire  :  les  bénéficiaires  du  revenu  d'intégration,  les  chômeurs,  comme  nous  avons  vu  dans  l'exemple  cité  ci‐dessus,  et  même  des  travailleurs (oui, des travailleurs !) employés à temps plein avec un contrat signé dans le cadre de la  mise à l’emploi en vertu de l’Article 60 la loi du 8 juillet 1976 ce qui paraît difficilement compatible  avec la jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE.   Comme  vous  le  savez,  l’État  belge  a  été  déjà  mis  en  demeure  pour  cela  par  la  Commission  européenne en 2013. Malgré ça, le phénomène continue et le nombre d’expulsions croît d'année en  année (+700% entre 2010 et 2013).   Certains  de  pouvoir  compter  sur  l’action  de  la  Commission  européenne  pour  rétablir  le  cadre  de  légalité, nous vous prions de croire, Monsieur, à nos sentiments les meilleurs.    Morena PICCININI  Présidente   INCA CGIL   

Jean‐François TAMELLINI 

Anthony VALCKE 

Ariane HASSID 

Sécrétair fédéral   ABVV‐FGTB 

Legal Supervisor   EU Rights Clinic   

Présidente   Bruxelles  Laïque 

 

 

 

 

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Tél. +32 2 2335432  Gsm +32 477 618322 

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