Du Zénith au ciel
Figure de la pop française, M Pokora vient de décédé à l'âge de 28 ans. Le beau gosse tatoué a succombé à ses blessures après le déraillement d'un train.
«O
n se sent si seul, quand le train déraille», M Pokora le disait lui même dans sa chanson «En attendant la fin». Aujourd'hui, c'est son public qui se retrouve seul. De Matt à M Pokora, le jeune homme a su embraser une dynamique fulgurante au cours de sa carrière. Tout a commencé à Strasbourg. Des débuts d'apprenti avec son groupe R&B Mic Unity jusqu'à Popstars, un titre qui lui convenait décidément bien. Si bien qu'il remportait le télé-crochet et se voyait déjà dans des salles combles. Il était devenu l'un des trois membres des Linkup, aux cotés de Lionel et Otis. C'était un succès éphémère. Leur single Mon étoile fila dans l'oublie plus vite que la musique. Après deux ans d'absence, le chanteur revenait avec son album MP3. Concocté par Timbaland, ce troisième opus fut un fiasco. Et pourtant, Matthieu Tota, de son vrai nom, a connu le sommet. Sa carrière solo avait décollé jusqu'au Zénith. Au fil des albums, la voix se faisait plus voltigeuse. Un style, un look, une attitude, Matt Pokora devenait M Pokora, avec des sensations plus adultes. Ce fan de Coldplay et U2 s'échappait avec ses albums Mise à jour et A la poursuite du bonheur. «C'était la première fois que j'avais des morceaux qui permettaient de me lâcher totalement dans l'interprétation» glissait-il. Un flow artistique qui lui avait permis de dégager une gamme d'émotions et de nuances dans la voix. Avec son allure de gendre idéal, son public s'était élargi, il fédérait les familles. Résultats: des tournées aux quatre coins de l'hexagone, 9 NRJ Music Awards et une victoire dans Danse Avec Les Stars sur TF1. Chanteur, musicien, danseur, auteur-compositeur, ce Polonais d'origine était un artiste sous toutes les facettes. Ce mordu de travail s'apprêtait à se lancer dans le 7ème art. Mais ce qui faisait vraiment M Pokora, c'était son cœur. Des Enfoirés à l'UNICEF en passant par Les Orphelins de Makala, l'artiste tatoué était sur tous les fronts. Le chanteur aimait donner sans recevoir, aussi bien aux associations qu'à son public. Ses comptes Facebook et Twitter rassemblaient plus d'un million et demi de fans. L'égérie d'Atol ne refusait rien, pas même de couvrir la Une du magazine Têtu et savait s’effacer quand il le fallait. Sa modestie était réelle et ancrée en lui. Pokora signifie humilité en polonais. Le 7 octobre dernier, le chanteur français avait inauguré son double de cire au musée Grévin, à Paris. En pleine tournée, ce fils de footballeur faisait le show dans son costume de Robin des Bois. La comédie musicale était un succès, jusqu'à l'accident du train qui transportait la troupe de Sherwood. Selon certains proches, le jeune chanteur répétait au moment de la catastrophe. Jusqu'à la fin, M Pokora aura tâché de se perfectionner. Le voilà parti pour un repos éternel■ par Benjamin Lévêque
