L’éclairage public représente 18 % de la consommation et 22 % des dépenses du poste énergie pour les collectivités locales, selon l’ADEME. Des dépenses qui sont de plus en plus examinées par les collectivités au regard de l’augmentation constante du coût des énergies. Zoom sur le travail d’accompagnement effectué en Puyde-Dôme par l’Agence Locale des Energies et du Climat (Aduhme). Dans ce département, la question de l’éclairage public s’est retrouvée au premier plan de préoccupations des communes en 2011 avec une augmentation aussi soudaine que salée des dépenses d’électricité. En cause, la fin de l’exemption des taxes sur l’éclairage public, qui permettait aux communes de ne pas s’inquiéter de voir les lampadaires allumées toute la nuit. C’est dans ce contexte que l’agence a été sollicitée par des communes soucieuses de réduire leurs dépenses. L’extinction nocturne partielle de l’éclairage public est une des pistes prônée par l’agence dans la mesure où elle permet des résultats rapides et visibles pour les habitants. Outre les intérêts procurés sur les plans financier et environnemental, freiner la lumière artificielle nocturne permet aussi de préserver de nombreuses espèces animales et végétales, et de limiter les perturbations de nos rythmes biologiques. Les réticences des élus et habitants relèvent notamment des questions de sécurité (voir encadré ci-après). Pour Aude Lenoir, conseillère technique à l’agence, il est essentiel de rappeler dans les temps de concertation que « ce n’est pas une idée farfelue», puisque cela a déjà été éprouvée dans d’autres communes sans que l’on puisse mesurer une dégradation de la situation. De même, il est conseillé de « ne pas créer un rapport de force » en imposant cette mesure, mais de lancer dans un premier temps une expérimentation sur une période et un périmètre définis collectivement, avant d’envisager une généralisation sur la commune.
Fin 2012, une charte d’engagement pour l’extinction de l’éclairage public en milieu de nuit dans le Puy-de-Dôme a été signée par de nombreux maires et présidents d’intercommunalités. Cela a permis de formaliser et de faire connaître cet engagement des élus, tout en signalant aux autres collectivités que cette démarche fonctionne dans les faits. En début d’année 2015, on comptait 155 collectivités engagées dans ce département..
"L’aspect sécuritaire est mis en avant par les fabricants de matériel d’éclairage pour justifier l’éclairage public. Même si dans certains cas le bénéfice est réel, cet argument est à relativiser car il ne sera jamais possible, ni souhaitable, d’éclairer partout de nuit comme s’il faisait jour. Les études de criminalité ne montrent pas de corrélation positive avec l’éclairage (1). Concernant la protection des biens, 80% des cambriolages ont lieu durant la journée entre 14 et 16h (2). Un système de détection de mouvement, qui déclenche la lumière en cas de présence, peut s’avérer plus dissuasif qu’un éclairage continu. En ce qui concerne la sécurité routière, les bénéfices de l’éclairage n’ont pas été mis en évidence (3). Les statistiques établies révèlent qu’avec l’éclairage artificiel, les conducteurs roulent plus vite [...]. Partout où cela est possible, et notamment sur les ronds points hors des zones urbanisées, il est préférable de remplacer un éclairage fixe par du matériel réfléchissant. La voie est ainsi parfaitement balisée pour les automobilistes et la collectivité réalise d’importantes économies : pas d’installation de lignes électriques, matériel beaucoup moins cher, pas de consommation d’électricité, maintenance réduite au minimum". Extraits du guide "Trop d'éclairage nuit", édité par la FRAPNA, consultable à cette adresse : www.frapna-38.org (1) Marchant, P. R. A Demonstration That the Claim That Brighter Lighting Reduces Crime Is Unfounded British Journal of Criminology, 2004, 44, 441-447 (2) Source Ministère de l’Intérieur / Observatoire de la Sécurité, cité par www.abus.com (3) A16 Étude de sécurité comparative sur les autoroutes de rase campagne du Nord-Pas de Calais, avec ou sans éclairage. Janvier 2007.