Platonov THÉÂTRE B enjamin Porée, voilà un nom à retenir ! Après une création autour d’Une saison en enfer de Rimbaud, révélée par le bouche-à-oreille, ce jeune metteur en scène s’attaque à Platonov, première pièce d’Anton Tchekhov. D’abord présentée au théâtre de Vanves (92), la voici raccourcie et renforcée en décors. L’histoire ? De jeunes bourgeois se réunissent comme chaque été chez Anna Petrovna, une jeune veuve bientôt sans le sou. Mais les retrouvailles s’effritent pour révéler une génération en mal de (re)pères, tant physiques que spirituels. La scénographie, à la fois majestueuse et intimiste, laisse la part belle au jeu des comédiens, ainsi qu’aux figurants. Leur nombre n’altère en rien leur naturel dans un tableau-banquet inoubliable. Les interprétations taillent ici et là les personnages au couteau, dans la violence comme dans le désespoir, et parfois coupent le souffle.
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AMANDINE PILAUDEAU
Jusqu’au 1er février, aux Ateliers Berthier, Paris XVIIe. Tél. : 01 44 85 40 00. www.theatre-odeon.eu
Initiés, bassin du Congo
CLAUDE POSTEL/ROMUALD HAZOUMÈ – ADAGP, 2013
EXPO Le temps de
s’habituer à la pénombre, et le visiteur bascule dans un univers ésotérique, peuplé de masques aux formes saisissantes. Front bombé et strié de blanc, bouche carrée ou édentée, les artefacts étaient utilisés lors des circoncisions ou par des confréries pour impressionner les novices. Dédiée aux pratiques initiatiques en République démocratique du Congo, cette expo rassemble
un peu.
CULTURE spectacles~expos beaucoup.
CULTURE musique
Cristina Branco libère les mots et les maux
passionnément.
RECONSTITUÉE ET RESTAURÉE, l’embarcation est désormais visible dans son intégralité.
Cette pionnière du nouveau fado publie une anthologie à son image : versatile, libre et en phase avec le Portugal actuel.
world
Plus je vieillis, plus je l’aime, et mieux je la comprends. Elle, elle a rajeuni, et le public aussi : l’interprétation est moins dramatique, plus ensoleillée, les textes se renouvellent… Aujourd’hui, il y a une grande liberté dans le choix des auteurs.
Ce coffret de trois disques thématiques résume sa carrière prolifique – déjà 13 albums. Celle d’une artiste qui a mis sa voix de contralto limpide au service des classiques d’Alain Oulman, repris Baudelaire ou Léo Ferré, fait appel à des auteurs contemporains et même chanté la crise.
La querelle des anciens et des modernes est-elle dépassée ?
LA VIE. Que représente le fado pour vous ? CRISTINA BRANCO. C’est une musique de la vie qui est arrivée tard dans la mienne. CRISTINA BRANCO, figure libre du fado.
Le chaland Arles-Rhône 3 EXPO L a barge est revenue sur le lieu de sa découverte ; pour elle, le musée Arles antique s’est étendu de près de 2 000 m2. Sorti du Rhône en 2011 grâce à un partenariat multiple et à l’opération Marseille-Provence 2013, ce chaland est unique dans le monde gallo-romain : sa conservation, en totalité (31 x 3 m), avec son mât, son mobilier de bord, sa vaisselle, sa cargaison de pierres, le rendent exceptionnel ; il a sans doute sombré à quai. Son bois et ses pièces métalliques ont été
des statuettes et parures, chargées de plumes, perles et raphia, qui prenaient vie entre les mains des peuples lega ou salampasu. Des rites aujourd’hui disparus, mais immortalisés par les films de l’anthropologue Luc de Heusch diffusés à côté des vitrines. La tradition continue d’inspirer Romuald Hazoumè, créateur béninois de masques faits de bric et de broc, à partir de bidons d’essence
séchés, traités dans un laboratoire à Grenoble, et polymérisés. Tout près du fameux buste présumé de César, la nouvelle aile du « musée bleu » présente le bateau au cœur de quatre espaces thématiques, et de 450 objets souvent inédits ; l’ensemble est complété par un film passionnant, qui retrace cette épopée de 20 siècles. GENEVIÈVE ALLÈNE-DEWULF
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Jusqu’au 6 juillet, au musée Dapper, Paris XVIe. Tél. : 01 45 00 91 75. www.dapper.fr
Érection DANSE P rovocateur, certes. Scabreux, absolument pas. S’il nomme ainsi son spectacle, Pierre Rigal n’y aborde rien de sexuel. Ce roman d’apprentissage chorégraphié retrace le difficile parcours d’un homme, seul en scène, pour passer de l’horizontale à la verticale. Afin de faciliter son initiation
LA VIE 23 JANVIER 2014
C.B. Oui, en crise politique, économique et sociale. C’est une espèce d’implosion générale, les Portugais ont perdu espoir. J’en connais qui reviennent vivre chez leurs parents parce qu’ils n’ont pas les moyens de vivre seuls. Le chômage, les traites… Nous sommes tous concernés. En tant qu’artiste, j’ai le droit et le pouvoir de révéler ce qui se passe.
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à l’érection, un pédagogue invisible guide ses pas par des stimuli visuels et auditifs, modulant en permanence le carré interactif dans lequel le personnage s’exerce. L’espace scénique devient laboratoire scientifique et l’homme, animal en cage. Si le démarrage reste un peu terne et répétitif, la seconde partie du spectacle hypnotise le spectateur par des jeux de lumière inventifs. On retiendra la scène où le danseur semble léviter sous l’effet de la lumière strobosco pique. Un régal ! A.P.
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Jusqu’au 1 février, au théâtre du Rond-Point, Paris VIIIe. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr er
AGOSTINO STEFFANI
The Steffani Project
Il y eut, en 2012, Mission, où Cecilia Bartoli ressuscitait des airs d’Agostino Steffani (1654-1728). Sa réédition est assortie d’œuvres de cet Italien pour la plupart inédites. Musique sacrée, ouvertures d’opéra, danses-intermèdes : autant de pépites tirées de l’ombre. Virtuosité du style appliqué aux trios et duos vocaux, solennité des ouvertures à la française mariées à des gigues enlevées, sobriété d’un contrepoint où chaque voix se fait l’écrin de l’autre… La beauté des voix de Nuria Rial (soprano), Salvo Vitale (basse) et Franco Fagioli (contreténor), nullement éclipsées par les pyrotechnies de Bartoli, dessine la géographie d’une Europe baroque que l’on (re)découvre avec enchantement.
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Decca, 28 € (3 CD).
CHARPENTIER ET LULLY
Te Deum
Un monde en crise…
Collection permanente du musée départemental Arles antique. Tél. : 04 13 31 51 03. www.arles-antique.cg13.fr
(photo). Son travail, présenté au début du parcours, interpelle sur le devenir d’une Afrique minée par la pollution. PAULINE HAMMÉ
C.B. Je mélange les genres, parce que je déteste stagner, mais je respecte les racines. Disons qu’il reste des puristes… À côté des thématiques traditionnelles (l’amour, l’exil, le destin, le fleuve…), d’autres apparaissent, les tabous sont levés : j’ai chanté l’érotisme, le « sexplicite » et même la dégradation sociale sur mon dernier disque (Alegria)… J’aime la poésie car elle libère les mots. Le fado est un genre libre, une musique qui évolue car elle parle de nous et du monde dans lequel nous vivons.
LE CHOIX CLASSIQUE
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INTERVIEW ANNE BERTHOD
À ÉCOUTER En concert le 31 janvier à Paris Xe (festival Au fil des voix), le 8 février à Trappes (78) et le 1er avril à Suresnes (92). Idealist,anthologie en 3 CD. Emarcy / Universal, 17 €. LA VIE 23 JANVIER 2014
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Séparés de 25 ans, le Te Deum de Lully et celui de Charpentier n’en sont pas moins composés à la gloire d’une même figure : Louis XIV. Comme les trompettes ne seront jamais assez brillantes pour célébrer le Roi-Soleil, Vincent Dumestre les a préférées naturelles pour la clarté du timbre et l’articulation, aussi précise que le doigté des cordes. Risqué, mais payant. Le célèbre Prélude de Charpentier pétille, dépoussiéré par un chef à la baguette aussi assurée et altière que devait l’être le bâton de Lully. Aussi à l’aise dans la louange que dans la supplique, les solistes ne sont pas en reste pour ce qui est de donner nerf et chair à une musique loin d’être passée de mode. Alpha, 19 €.
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VICTORINE DE OLIVEIRA
LES PRIX SONT DONNÉS À TITRE INDICATIF
si vous y tenez.
AUGUSTO BRAZIO
pas du tout.
RÉMI BÉNALI/MDAA
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