Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
AGRICULTURE, PÊCHE ET CAPITAUX Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014 1
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Table des matières REMERCIEMENTS
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AVANT-PROPOS DE KOFI ANNAN
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RÉSUMÉ
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INTRODUCTION
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01/ Tirer parti de dix années de croissance
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02/ Les révolutions verte et bleue de l’Afrique
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03/ Pêche et sylviculture, le coût d’une mauvaise gestion
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04/ Construire les ponts dont l’Afrique a besoin infrastructures et financements
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05/ Recommandations stratégiques
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ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
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ANNEXES
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
À propos de l’Africa Progress Panel
KOFI ANNAN
MICHEL CAMDESSUS
PETER EIGEN
BOB GELDOF
GRAÇA MACHEL
STRIVE MASIYIWA
OLUSEGUN OBASANJO
LINAH MOHOHLO
ROBERT RUBIN
TIDJANE THIAM
L’Africa Progress Panel (APP) est un groupe de dix éminentes personnalités qui se mobilisent en faveur d’un développement équitable et durable pour l’Afrique. Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations Unies et lauréat du prix Nobel de la paix, préside l’APP et est étroitement impliqué dans son travail quotidien. L’expérience reconnue et la réputation des membres du Panel leur confèrent une capacité extraordinaire à toucher une partie considérable et très diversifiée de la société, y compris aux plus hauts niveaux, en Afrique et dans le monde entier. Par conséquent, le Panel évolue au sein d’un espace politique unique, avec la possibilité de cibler des publics de décideurs, y compris les dirigeants africains et d’autres leaders internationaux, chefs d’État et chefs d’entreprise, ainsi qu’un large éventail de parties prenantes aux niveaux mondial, régional et national. Le Panel a vocation à faciliter la création de coalitions pour approfondir et diffuser les connaissances, et à inciter les décideurs à influencer les politiques de développement pour façonner le changement en Afrique. Le Panel dispose de vastes réseaux d’analystes politiques dans tout le continent. En réunissant des experts centrés sur l’Afrique, le Panel contribue à l’élaboration de politiques reposant sur des données factuelles.
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À propos du rapport sur les progrès en Afrique Le Rapport annuel sur les progrès en Afrique est la publication phare de l’Africa Progress Panel. Publié chaque année au mois de mai, ce rapport s’appuie sur les meilleures études et analyses disponibles sur l’Afrique et les compile de manière originale et audacieuse. Tout au long du rapport, dans le cadre de sa mission globale de promotion d’un véritable changement en Afrique, le Panel formule des recommandations politiques viables à l’attention des décideurs africains, des principaux acteurs du progrès en Afrique, ainsi que des partenaires internationaux et organisations de la société civile.
Le présent rapport peut être reproduit librement, en partie ou dans sa totalité, à condition d’en mentionner la source.
ISBN 978-2-9700821-5-6
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Remerciements Ce rapport a été élaboré par une équipe dirigée par Caroline Kende-Robb. Kevin Watkins (ODI) en a été l’auteur principal, et Maria Quattri a collaboré aux recherches. Peter da Costa a servi de conseiller auprès de l’équipe. Le rapport a été révisé par Andrew Johnston. Le rapport s’appuie sur des documents et des analyses de données fournis par plusieurs experts de différents domaines. Nous tenons à remercier les groupes de réflexion africains qui y ont contribué : le Centre africain pour la transformation économique (Ghana), le Consortium pour la Recherche économique et sociale (Sénégal), le Centre d’étude des économies africaines (Nigéria), l’Association éthiopienne d’économie/l’Institut éthiopien de recherche sur la politique économique (Éthiopie), le Centre de recherche sur la politique économique (Ouganda) et l’Initiative prospective agricole et rurale (Sénégal). Nous tenons également à remercier Daniel Balint-Kurti (Global Witness), Francesca Bastagli (ODI), Laurence Chandy (Brookings Institution), Paul Collier (Université d’Oxford), Jamie Drummond (ONE), Eleni Gabre-Madhin (Eleni), Rosalind Kainyah (Kina Advisory), Karuti Kanyinga (South Consulting), Anthea Lawson (Global Witness), Carlos Lopes (CEA), Árni M. Mathiesen (FAO), Richard Murphy (Tax Research, Royaume-Uni), Kumi Naidoo (Greenpeace), Michael O’Brien-Onyeka (Greenpeace), Peter Piot (London School of Hygiene & Tropical Medicine), Rudy Rabbinge (Université de Wageningen), Judith Randel (Development Initiatives), Erich Schaitza (Embrapa), Max Schmid (Environmental Justice Foundation), Abebe Selassie (FMI), Jóhann Sigurjónsson (Institut islandais de recherches marines), Andrew Simms (Global Witness), Patrick Smith (Africa Confidential), Sylvain Tardy (Greenpeace), Tesfai Tecle (AGRA) et Ashish Thakkar (Mara Group). L’Africa Progress Panel souhaite également remercier Dzifa Amegashie (Calbank), KY Amoako (ACET), David Batt (FPA), Luc Christiaensen (Banque mondiale), Jeanine Cooper (BCAH), Nathalie Delapalme (Fondation Mo Ibrahim), Alan Doss (Fondation Kofi Annan), Francisco Ferreira (Banque mondiale), Marco Ferroni (Syngenta), Francis Stevens George (Innovation Africa), Alasdair Harris (Blue Ventures), Zhong Jianhua (gouvernement chinois), Donald Kaberuka (BAD), Fatima Kassam (African Risk Capacity), Razia Khan (Standard Chartered), John Kufuor (Fondation JA Kufuor), Fabian Lange (Fondation Kofi Annan), Fred Le Manach (Université de British Columbia), Jon Liden (consultant), Richard Manning (Université d’Oxford), Colin McElwee (Worldreader), Mthuli Ncube (BAD), Thandile Nxumalo (Sanlam), Duncan Pruett (Oxfam International), Eddie Rich (ITIE), Carolina Rodriguez (consultante), Eugen Terry (TransFarm Africa), Carolyn Turk (Banque mondiale), Baroness Shriti Vadera, Kimenyi Waruhiu (Groupe Salowa), Marc Wegerif (Oxfam International), Steve Wiggins (ODI) et Ngaire Woods (Université d’Oxford).
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L’APP tient également à remercier la Fondation Bill & Melinda Gates, la Fondation Dangote, l’Agence norvégienne de coopération au développement (Norad) et le Ministère britannique du développement international (DFID) pour leur généreux soutien. L’agence Blossom Communications, à Milan (blossoming.it), s’est chargée de la conception de la couverture, des infographies et de la mise en page.
Secretariat CAROLINE KENDE-ROBB Directrice exécutive ALINKA BRUTSCH EDWARD HARRIS MAX BANKOLE JARRETT ALERO OKORODUDU TEMITAYO OMOTOLA DAMIEN SOME STEPHEN YEBOAH
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Avant-propos de Kofi Annan 10
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Il faut bien nourrir une population mondiale en pleine expansion et l’Afrique, notre continent, est particulièrement bien placée pour remplir cette fonction. Nous disposons de suffisamment de ressources pour nourrir non seulement notre population, mais également celle des autres régions du monde. C’est maintenant que nous devons saisir cette chance. Les niveaux de productivité de l’Afrique, qui connaissent une augmentation timide, pourraient aisément être multipliés par deux d’ici cinq ans. Nos petits exploitants agricoles, qui sont principalement des femmes, ont en effet prouvé à maintes reprises leurs capacités d’innovation et de résilience. Alors, pourquoi ne parviennent-ils pas à prospérer ? La réalité est inacceptable : trop d’agriculteurs africains emploient encore des méthodes héritées de génération en génération. Ils exploitent leurs terres et élèvent leurs animaux presque comme leurs ancêtres l’ont fait depuis des millénaires. Alors que l’Afrique affiche une croissance insolente, un nombre trop élevé de nos concitoyens ne parvient pas à s’extraire de la pauvreté. Le Rapport sur les progrès en Afrique de cette année conclut que l’accélération de la mutation de l’Afrique passera obligatoirement par une véritable valorisation de notre agriculture et de notre pêche, qui permettent à près de deux tiers des Africains de gagner leur vie. Pour que la majeure partie de la population du continent bénéficie des réussites économiques récentes de l’Afrique, nous devons impérativement cesser de nous désintéresser de nos communautés d’agriculteurs et de pêcheurs. Il est temps pour l’Afrique de mener sa révolution verte et sa révolution bleue. Ces révolutions sont amenées à modifier profondément, et de façon extrêmement positive, le visage de notre continent. Pourvoyeuses d’emplois et de perspectives considérables, ces révolutions permettront surtout d’améliorer sensiblement la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique. À l’échelle du continent, la malnutrition signe avant tout l’échec des autorités politiques, et nous devons immédiatement remédier à cette carence démobilisatrice. Les agriculteurs et les pêcheurs africains sont tout à fait aptes à relever ce défi, à condition qu’on leur donne leur chance. Pour cela, il est impératif que leurs gouvernements fassent preuve d’une plus grande ambition à leur égard. En outre, les gouvernements des pays africains doivent dès à présent développer des infrastructures adaptées et veiller à ce que tous puissent accéder aux systèmes financiers. Pour les agriculteurs, l’accès au secteur financier — c’est-à-dire au crédit, à l’épargne et à l’assurance — permet de s’assurer contre certains risques, comme la sécheresse, et d’investir de façon plus rentable dans des semences de meilleure qualité, des engrais ou des pesticides. Grâce à des routes en bon état et des installations de stockage de qualité, les agriculteurs sont en mesure de commercialiser leurs récoltes avant qu’elles ne pourrissent en plein champ. Les obstacles au commerce et les carences des infrastructures empêchent nos agriculteurs de faire véritablement face à la concurrence. On leur demande de monter sur le ring avec les mains attachées derrière le dos. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les importations de denrées alimentaires de l’Afrique s’élèvent à 35 milliards de dollars US par an (hors produits de la pêche). Investir dans les infrastructures représente un coût non négligeable. Toutefois, une partie de l’écart de financement en la matière pourra être comblée si l’on parvient à faire cesser le pillage généralisé des ressources naturelles de l’Afrique, qui ne fait qu’aggraver la pauvreté dans un continent pourtant si riche. Cela doit cesser immédiatement. Le Rapport sur les progrès en Afrique de l’année dernière a démontré que les mouvements de capitaux illicites, souvent effectués à des fins d’évasion fiscale par les industries extractives, coûtaient à l’Afrique davantage que ce que notre continent perçoit dans le cadre de l’aide internationale ou des investissements étrangers.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Le rapport de cette année montre comment l’Afrique perd également des milliards de dollars en raison de pratiques illégales et criminelles dans le secteur de la pêche et de l’exploitation forestière. Nous ne faisons qu’accumuler des problèmes pour l’avenir. Une caste corrompue enrichit sa fortune personnelle, tandis que la très grande majorité des Africains d’aujourd’hui et de demain ne peut profiter de ressources collectives susceptibles de fournir à tous des revenus, des moyens de subsistance et une meilleure alimentation. En n’apportant pas de solutions à ces problèmes, nous semons les graines d’une récolte amère. Des actions collectives doivent être mises en place à l’échelle mondiale pour encourager la transparence et la responsabilisation. Au cours de l’année qui a suivi la publication du précédent rapport, des mesures importantes ont été prises dans les domaines de la propriété effective, de la fraude et de l’évasion fiscales, et des revenus issus des ressources naturelles. Un appui technique et financier supplémentaire permettra aux gouvernements africains de limiter les mouvements illicites de bois, de produits de la pêche et de capitaux. Avec ces mêmes objectifs à l’esprit, ces mesures doivent être généralisées aux principaux négociants internationaux de matières premières, allant du café au pétrole, qui jouent un rôle stratégique sur les marchés africains. Trop souvent, ces négociants puissants et influents à l’échelle mondiale échappent aux réglementations nationales et internationales. L’aboutissement de l’ensemble de ces démarches est dans notre intérêt à tous. Les forêts africaines peuvent aider le monde à respirer et tout comme les océans, lacs et cours d’eau que compte l’Afrique, elles contribuent à préserver la précieuse diversité de la Terre. Les produits de la pêche et les autres denrées produites en Afrique peuvent nourrir une population mondiale qui ne cesse d’augmenter. Ainsi, nous bénéficierons tous d’une Afrique prospère, stable et juste. Les investisseurs étrangers prennent conscience du potentiel économique de l’Afrique et n’hésitent pas à injecter des liquidités dans le secteur agroalimentaire. Dans le meilleur des cas, ces investissements sont source d’emplois, de financements et de savoir-faire essentiels. Dans le pire des cas, ils privent les Africains de leurs terres et de leurs ressources en eau. Les gouvernements africains doivent impérativement réglementer ces investissements et faire en sorte qu’ils bénéficient réellement à l’Afrique. Les accords passés entre les gouvernements et les entreprises doivent profiter aux deux parties. Les Africains vivant à l’étranger envoient par ailleurs beaucoup d’argent en Afrique, malgré des frais de transfert prohibitifs et moralement contestables, qui pénalisent encore davantage les communautés rurales. Ainsi, transférer 1 000 dollars US vers l’Afrique coûte 124 dollars, contre 65 dollars vers l’Asie du Sud ou 78 dollars en moyenne vers les autres régions du monde. Déclencher la révolution verte et la révolution bleue de l’Afrique peut sembler insurmontable. Pourtant, plusieurs pays se sont déjà lancés dans cette voie : leurs agriculteurs plantent de nouvelles semences, utilisent des engrais et trouvent des débouchés pour leurs récoltes. Grâce à des innovations considérables et des politiques publiques intelligentes, l’Afrique fait évoluer ses méthodes agricoles ancestrales. Les technologies mobiles permettent aux agriculteurs de prendre un raccourci direct vers une productivité élevée. De jeunes entrepreneurs conjuguent agriculture et marchés mondiaux du XXIe siècle. La résilience, la créativité et l’énergie déployées par l’Afrique ne cessent d’impressionner. Ces qualités seront essentielles à la réussite des révolutions verte et bleue, clés de l’avenir de l’Afrique.
KOFI A. ANNAN Président de l’Africa Progress Panel 12
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Résumé « L’Afrique est une terre d’opportunités... les perspectives commerciales sont là, la croissance est là et la population est là ».
« Les familles vivent de la pêche depuis des générations... mais les stocks de poissons ont diminué. Nos revenus ont baissé. Avant, on pouvait épargner un peu pour payer les études de nos enfants ou réparer nos bateaux, mais aujourd’hui, on a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts ».
PRÉSIDENT MACKY SALL Sénégal, janvier 2014
ISSA FALL, COMITÉ DES PÊCHES Soumbedioune, Sénégal, janvier 2014
Ces deux points de vue émanant d’un même pays d’Afrique renvoient à deux perceptions bien différentes de la réalité. Le président Macky Sall évoque le plan d’investissement « Sénégal Émergent » mis en place par son gouvernement, doté de plusieurs milliards de dollars et visant à moderniser les infrastructures du pays. Il y a dix ans, le Sénégal était encore en proie à une crise de la dette. Aujourd’hui, le pays est en mesure de vendre de la dette souveraine sur les marchés d’euro-obligations. L’économie gagne en vigueur, les exportations augmentent et le Sénégal devient une plate-forme régionale pour les transports, la logistique et le tourisme. Et puis, il y a l’autre Sénégal – celui d’Issa Fall. Comme c’est le cas de dizaines de milliers de pêcheurs artisanaux qui exercent leur métier sur leurs pirogues, construites à la main à partir de bois local, son gagne-pain est menacé. L’océan qui borde l’Afrique de l’Ouest est l’une des zones de pêche les plus prolifiques au monde. Pourtant, les prises sont en baisse, tout comme les revenus qu’en tirent les pêcheurs, à cause de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, opérée par des flottes marchandes étrangères. Le Sénégal ne dispose pas de capacités suffisantes pour surveiller l’activité de ces flottes. Jusqu’à récemment, il n’existait d’ailleurs pas de volonté politique de s’attaquer à ce problème. Les dirigeants faisaient le jeu des intérêts privés et profitaient comme eux de la vente illégale de permis à des flottes étrangères. L’expérience du Sénégal est symptomatique d’une situation plus générale. Depuis plus de dix ans, les économies africaines se portent bien, si l’on en croit les graphiques illustrant la croissance du PIB, des exportations et des investissements étrangers. Le ressenti des populations africaines est toutefois plus mitigé. Vue des zones rurales et des bidonvilles dans lesquels vivent la plupart des Africains, la reprise économique paraît beaucoup moins impressionnante. Certains – tels que les pêcheurs artisanaux d’Afrique de l’Ouest – ont été poussés au bord du dénuement. Pour d’autres, la croissance a conduit à un enrichissement exceptionnel. L’Afrique abrite aujourd’hui quelques-uns des marchés les plus dynamiques en ce qui concerne les produits de luxe. Les signes de cette nouvelle prospérité sont d’ailleurs de plus en plus visibles et côtoient les symptômes persistants d’une pauvreté installée de longue date.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
L’Afrique est aujourd’hui à un moment charnière de son histoire. La croissance économique s’est installée dans la majeure partie du continent. Les exportations sont en plein essor, les investissements étrangers sont en hausse et la dépendance vis-à-vis de l’aide internationale recule. Les réformes de la gouvernance font évoluer le paysage politique. La démocratie, la transparence et la responsabilisation ont permis aux citoyens africains de peser davantage dans les décisions qui affectent leur vie quotidienne. Ces évolutions sont encourageantes. Pour autant, lorsqu’il s’agit de réduire la pauvreté, d’améliorer le quotidien des populations et de jeter les bases d’une croissance plus inclusive et plus durable, les progrès sont beaucoup moins évidents. Les gouvernements africains n’ont pas été capables de transformer les richesses générées par la croissance économique en perspectives exploitables par l’ensemble des Africains pour construire un avenir meilleur. Il est désormais temps pour l’Afrique de s’engager sur la voie d’une croissance plus inclusive et de sociétés plus justes. Cette année, le Rapport sur les progrès en Afrique porte sur quelques-uns des défis essentiels que doivent relever les gouvernements africains. Nous sommes convaincus qu’il existe de nombreuses raisons d’être optimistes. La démographie, la mondialisation, les nouvelles technologies et l’évolution de l’environnement en faveur des entreprises offrent ensemble de nombreuses perspectives de développement qui n’existaient pas avant la reprise économique. Toutefois, l’optimisme ne doit pas laisser place à l’exubérance dont certains font preuve. Les gouvernements doivent veiller de toute urgence à ce que la croissance économique ne se limite pas à créer des richesses pour certains, pour faire en sorte qu’elle contribue au bienêtre de la majorité. Il s’agit surtout de recentrer les priorités sur les atouts les plus importants et les plus productifs de l’Afrique, à savoir les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Ce rapport recommande d’améliorer la préservation, la gestion et la mobilisation des nombreuses ressources marines et forestières du continent. Une telle protection est indispensable à une croissance porteuse de changement. Il convient également d’apprécier les progrès réalisés au cours des quinze dernières années. Grâce à la croissance économique, les revenus moyens ont augmenté d’environ un tiers. Si la dynamique actuelle de croissance se poursuit, les revenus seront multipliés par deux d’ici 22 ans. Autrefois synonyme de mauvaise gestion macroéconomique et de stagnation, l’Afrique abrite aujourd’hui quelques-unes des économies les plus dynamiques du monde. En matière de croissance, l’Éthiopie n’a rien à envier à la Chine, et la Zambie fait mieux que l’Inde. Contrairement aux idées reçues, la croissance n’est pas uniquement le fait du pétrole et des minerais, ou bien des exportations et des investissements étrangers. Les groupes commerciaux africains sont devenus des moteurs du changement à part entière, dans des domaines tels que la banque, l’industrie agroalimentaire, les télécommunications ou la construction. Pour la première fois depuis une génération, les taux de pauvreté ont diminué – mais bien trop lentement. Les retombées de la croissance se répercutent sur les Africains les plus pauvres à un rythme désespérément lent. L’année prochaine, les gouvernements africains se joindront au reste de la communauté internationale en adoptant les objectifs internationaux de développement pour l’après-2015. L’un de ces objectifs sera l’éradication de la pauvreté à l’horizon 2030. Si les tendances actuelles se confirment, l’Afrique ne risque pas d’atteindre cet objectif. Pourquoi la croissance parvient-elle si lentement à réduire la pauvreté ? Ce paradoxe s’explique notamment par le fait qu’en Afrique, les pauvres sont très pauvres : les personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté de 1,25 dollar US par jour n’ont en fait que 70 cents pour vivre. Par ailleurs, les fortes inégalités de départ signifient que la croissance doit être très importante pour parvenir, un tant soit peu, à réduire la pauvreté. L’augmentation de la tendance actuelle de croissance de 2 points par habitant et la mise en place d’un système de redistribution, même limité, en faveur des populations pauvres permettraient à l’Afrique de s’approcher de l’objectif d’éradication de la pauvreté d’ici 2030.
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Des programmes de protection sociale bien conçus pourraient jouer un rôle fondamental, en protégeant les personnes vulnérables des risques liés aux sécheresses, à la maladie ou à d’autres difficultés. Les transferts de fonds sont un autre moyen d’augmenter les niveaux de revenus. Les expériences mises en place dans d’autres régions du monde, en particulier en Amérique du Sud, montrent que la protection sociale peut à la fois contribuer à réduire la pauvreté et les inégalités et à dynamiser la croissance agricole. Or, l’Afrique n’investit pas suffisamment dans ce secteur pourtant vital, et peu de gouvernements ont mis au point des programmes intégrés. En revanche, ils consacrent près de 3 % de leur PIB à des subventions à la consommation d’énergie, majoritairement versées aux plus riches, ce qui représente trois fois le budget nécessaire au financement de la protection sociale. Il est difficile d’imaginer priorités plus malvenues. Pour élaborer un modèle de croissance plus dynamique et plus inclusif, l’Afrique n’a pas d’autre choix que de faire de l’agriculture une priorité absolue. L’Afrique subsaharienne est une région de petits agriculteurs, ce que d’aucuns considèrent à tort comme une source de faiblesse et d’inefficacité. Selon nous, il s’agit d’une force et d’une source potentielle de croissance. Les agriculteurs africains font preuve de capacités de résilience et d’innovation inégalées. Travaillant sans engrais, pesticides ou systèmes d’irrigation des sols fragiles dans des zones pluviales, souvent équipés d’une simple binette, ils ont à la fois été délaissés et ont été victimes de stratégies de développement inopportunes aux effets catastrophiques. Peu de populations ont reçu autant de mauvais conseils de la part des partenaires du développement et des gouvernements que les agriculteurs africains. Peu d’agriculteurs dans le monde sont aussi désavantagés qu’eux sur le plan des infrastructures, des systèmes financiers, de l’innovation scientifique ou encore de l’accès aux marchés. La productivité s’en ressent : les rendements céréaliers sont en effet très loin d’atteindre ne serait-ce que la moitié de la moyenne mondiale. L’agriculture reste le talon d’Achille de l’incroyable développement de l’Afrique. La faible productivité enferme des millions d’agriculteurs dans la pauvreté, freine la croissance et détériore les liens entre l’économie agricole et l’économie non agricole, pourtant essentiels aux avancées majeures qu’ont connues le Bangladesh, l’Inde ou le Vietnam en matière de développement. La faible productivité a une autre conséquence, plus rarement évoquée. Les agriculteurs africains seraient en mesure de nourrir des populations urbaines en pleine expansion et de générer des exportations pour répondre à la demande des marchés mondiaux. Or, le continent est de plus en plus dépendant des importations — ce qui constitue un véritable danger à nos yeux. Les pays africains ont ainsi importé des denrées alimentaires (hors produits de la pêche) à hauteur de 35 milliards de dollars US en 2011. Le commerce intra-africain représentait moins de 5 % de ce total. L’augmentation de la productivité des agriculteurs africains et le remplacement de ces importations par leurs propres produits donneraient une forte impulsion à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, tout en s’inscrivant dans la mise en place d’un modèle de croissance plus inclusif. Il est temps pour les gouvernements africains et la communauté internationale dans son ensemble d’initier une révolution verte 100 % africaine, propre au continent. Copier l’expérience de l’Asie du Sud et passer par les mêmes étapes que les autres régions du monde n’est pas une stratégie viable. En effet, les conditions agricoles de l’Afrique ne sont pas les mêmes que celles de l’Asie. Pour autant, l’Afrique a plus que jamais besoin des innovations scientifiques qui ont contribué à la mutation de l’agriculture dans d’autres régions : des semences résistantes à la sécheresse, des variétés à meilleur rendement, une utilisation plus judicieuse de l’eau, des engrais ou encore des pesticides. Sur ces points clés, les retours sur investissements seront toutefois limités si l’on ne s’attaque pas aux raisons profondes de l’échec de certaines politiques : coût exorbitant du transport de produits agricoles, sous-investissement dans les infrastructures de stockage et de commercialisation, ou encore obstacles au commerce régional.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
En outre, il faut impérativement aider les agriculteurs africains à faire face aux répercussions du changement climatique, qui risque fortement de conduire à un réchauffement supérieur à la moyenne en Afrique au cours du XXIe siècle, réduisant par la même les rendements des principales cultures céréalières. On estime par exemple que les rendements de maïs, l’une des cultures les plus répandues en Afrique, devraient chuter de près de 22 %. Selon le cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental des Nations Unies sur l’évolution du climat, les régions de l’Afrique australe, de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel sont soumises à de forts risques, bien identifiés. Pour autant, aucune région ne sera épargnée. Une évolution, même mineure, des périodes et de l’intensité des précipitations, de la fréquence et de la durée des sécheresses et de la température de surface pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la production, la pauvreté et la nutrition. C’est la raison pour laquelle l’incapacité de la communauté internationale à fournir des financements suffisants en faveur de l’adaptation est indéfendable. Les pays industrialisés ont beaucoup promis, mais ils ont finalement versé peu de financements nouveaux et supplémentaires en faveur de l’adaptation climatique. Les engagements pris dans le cadre des fonds consacrés au climat sont inférieurs à 700 millions de dollars US et les dépenses réelles encore plus faibles. Il s’agit là d’une stratégie injuste et manquant de clairvoyance. Elle est injuste parce qu’on laisse les agriculteurs africains faire face, seuls, à une crise climatique dont ils ne sont pas responsables. Les dépenses relatives à l’adaptation en Afrique pâtissent des investissements de plusieurs milliards de dollars entrepris dans les pays industrialisés. Le sous-investissement dans l’adaptation climatique s’apparente à la politique de l’autruche, car des investissements précoces permettraient de dynamiser la croissance, d’améliorer la sécurité nutritionnelle et d’atténuer les risques climatiques. L’exploitation des ressources de l’Afrique au profit du développement africain est une autre priorité. Dans le rapport publié l’an dernier, Équité et industries extractives, nous avions mis en lumière les conséquences préjudiciables de l’évasion fiscale et la perte de revenus liée à la sous-valorisation des ressources minières. Cette année, nous mettons l’accent sur les ressources renouvelables, et notamment sur la pêche et l’exploitation forestière. Les parallèles avec l’évasion fiscale sont frappants. Dans un cas comme dans l’autre, l’Afrique se retrouve obligée de négocier sur des marchés caractérisés par une forte activité illicite et non réglementée. De même, les ressources qui devraient être consacrées aux investissements en Afrique sont pillées du fait des actions d’élites locales et d’investisseurs étrangers. Dans les deux cas, les gouvernements africains comme la communauté internationale dans son ensemble sont incapables de mettre en place les règles multilatérales nécessaires pour lutter contre ce qui relève d’un problème mondial appelant une action collective. Les conséquences sociales, économiques et humaines en sont désastreuses. Selon une estimation prudente, la pêche illicite et non réglementée coûte à la seule région d’Afrique de l’Ouest 1,3 milliard de dollars US par an. Elle empêche les pêcheurs artisanaux de gagner leur vie, fait perdre à l’Afrique une source vitale de protéines et de nutrition et prive le continent de la possibilité de pénétrer des segments à plus forte valeur ajoutée du commerce mondial. Les chalutiers industriels non déclarés et les ports où ils débarquent leurs prises illicites sont l’équivalent économique des entreprises minières pratiquant l’évasion fiscale et des paradis fiscaux offshore. Les problèmes sous-jacents sont connus de tous, mais les actions mises en place à l’échelle internationale pour les résoudre reposent sur des codes de déontologie facultatifs qui ne sont généralement pas respectés. Il en va de même pour l’exploitation forestière : les forêts de l’ouest et du centre de l’Afrique sont très clairement des lieux de pillage des ressources sylvicoles du continent. Pour que l’Afrique s’engage sur la voie du changement, il sera nécessaire d’investir dans une croissance inclusive. Les infrastructures en sont l’une des priorités. L’Afrique est la seule région au monde où les réseaux routiers et les réseaux énergétiques sont si peu développés. Pour faire évoluer cette situation, des investissements conséquents en capitaux seront nécessaires et devront se fonder sur des propositions concrètes et réalistes, mais aussi sur de nouveaux modèles économiques.
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L’écart de financement actuel est estimé à environ 48 milliards de dollars US. Pour le combler, l’accent a largement été mis sur le développement de financements « nouveaux et innovants », comprenant notamment le recours à l’aide afin d’attirer des investissements privés. Malheureusement, les versements effectifs ont été bien moins impressionnants que le battage médiatique qui entoure les lancements incessants de nouvelles initiatives. Le problème est en partie dû à une incapacité à investir suffisamment dans le développement des compétences des gouvernements africains en matière d’élaboration de projets d’infrastructure. Les systèmes financiers des pays africains représentent un autre obstacle à la croissance. Aucune région du monde n’a un accès aussi limité aux services financiers. Seul un Africain sur cinq dispose d’un compte, quel qu’il soit, auprès d’une institution financière officielle, les personnes pauvres, les habitants des zones rurales et les femmes étant les plus désavantagés à cet égard. Cette exclusion financière limite les perspectives de réduction de la pauvreté et de valorisation de la croissance, qui bénéficieraient pourtant à tous. N’ayant pas accès aux produits d’assurance, les agriculteurs africains doivent placer leurs modestes économies de façon à pouvoir y puiser en cas d’urgence, au lieu de les investir pour améliorer leur productivité. De même, ne pouvant accéder aux établissements de prêt et d’épargne, ils ne sont généralement pas en mesure de répondre aux opportunités commerciales qui s’offrent à eux. Il est désormais urgent de combler plusieurs autres lacunes en matière de financement national. Dans une certaine mesure, l’environnement de financement régional a connu une mutation. Il y a dix ans, de nombreux pays d’Afrique sortaient à peine de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés. Aujourd’hui, la plupart de ces pays sont présents sur le marché de la dette souveraine. Néanmoins, l’Afrique ne pourra pas répondre à ses besoins de financement d’infrastructures et de développement de compétences uniquement par l’intermédiaire de l’aide et par le financement de la dette sur les marchés. C’est pour cette raison que rien ne saurait remplacer les financements nationaux. Or, la croissance économique n’a que très peu contribué à la hausse du taux d’épargne ou de la part du PIB collectée sous forme de recettes fiscales, ce qui confirme que des réformes institutionnelles sont nécessaires.
Recommandations Ce rapport recense quelques-uns des principaux défis que l’Afrique doit relever en matière de développement. La tâche s’avère délicate. Pourtant, les dirigeants politiques, les entrepreneurs, les agriculteurs et l’ensemble de la société civile en Afrique disposent d’une occasion unique de transformer profondément leurs pays. S’ils parviennent à s’en saisir, cette génération marquera l’histoire pour avoir réussi à éradiquer la pauvreté. Nous proposons dans ce rapport un programme d’ordre général en faveur du changement : il repose sur cinq principes fondamentaux, accompagnés de propositions d’actions concrètes à mettre en œuvre. Partager les richesses Une croissance inclusive et de meilleures perspectives sont indispensables à l’éradication de la pauvreté. Les gouvernements africains doivent fixer des objectifs en matière d’équité, cohérents au regard des objectifs de développement pour l’après-2015, et portant en priorité sur l’amélioration de l’égalité des chances. Ces objectifs pourraient notamment être les suivants : réduire de moitié sur cinq ans les disparités en matière d’assiduité scolaire, de survie des enfants et d’accès aux services essentiels, dues au fossé qui sépare les zones rurales des zones urbaines, aux écarts de richesses ou aux divisions entre les sexes. Un engagement plus marqué en faveur d’une croissance inclusive suppose une généralisation de la protection sociale, y compris par l’intermédiaire de transferts de fonds vers les plus pauvres. Les gouvernements doivent consacrer une partie des 3 % du PIB régional actuellement alloués aux subventions à la consommation d’énergie au financement de programmes de protection sociale bien conçus.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Investir dans une révolution verte 100 % africaine Les gouvernements africains, le secteur privé et la communauté internationale doivent investir conjointement dans une révolution verte 100 % africaine. Il est possible de doubler la productivité agricole de l’Afrique au cours des cinq prochaines années. Ainsi que l’a rappelé l’Union africaine, les pays africains peuvent éliminer la faim et la malnutrition et devenir des acteurs majeurs des marchés mondiaux de denrées alimentaires. Il est par ailleurs indispensable d’exploiter tout le potentiel d’une agriculture et d’une aquaculture durables, afin de nourrir les populations, de créer des emplois et de générer des revenus grâce à l’exportation. La réalisation de progrès décisifs dans le secteur de l’agriculture est conditionnée à des facteurs d’ordre financier. Il est désormais temps pour les gouvernements de respecter l’engagement qu’ils ont pris de consacrer au moins 10 % de leurs ressources budgétaires à l’agriculture. Ils doivent également mettre en place des conditions de marché favorables. La promotion du remplacement des importations doit constituer une priorité immédiate, afin de réduire les importations de denrées alimentaires de l’Afrique, qui s’élèvent actuellement à 35 milliards de dollars US. Pour cela, les gouvernements devront éliminer les barrières tarifaires et non tarifaires au commerce régional, mettre fin aux ententes dans le secteur des transports et développer des infrastructures de commercialisation. Faire cesser le pillage des ressources et des bénéfices Les ressources de l’Afrique doivent faire l’objet d’une gestion durable, qui profite aux peuples du continent. Les actions nationales et régionales ne peuvent être suffisantes. La communauté internationale doit mettre au point des systèmes multilatéraux empêchant le pillage des ressources de l’Afrique. Pêche : la communauté internationale doit agir collectivement en faveur d’une révolution bleue de gestion des ressources marines. Afin de faire cesser le pillage des ressources halieutiques de l’Afrique, l’ensemble des gouvernements doit ratifier et mettre en œuvre l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port visant à contrecarrer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, et créer un registre mondial des navires de pêche. Les gouvernements africains doivent alourdir les amendes imposées aux navires se livrant à la pêche illicite (non déclarée et non réglementée), soutenir la pêche artisanale, améliorer la transparence et rendre publiques les modalités de délivrance des permis de pêche marchande. Forêts : tous les contrats de concession d’exploitation forestière commerciale doivent être rendus publics, ainsi que la structure de propriété effective des entreprises en question. Les concessions doivent être délivrées avec le consentement éclairé des communautés concernées, sur la base d’une présentation claire et exacte des coûts et avantages potentiels. Combler le double déficit d’infrastructures et de système financier inclusif Les gouvernements africains doivent combler le double déficit d’infrastructures et de système financier inclusif. L’absence d’infrastructures représente un goulet d’étranglement pour la croissance comme pour les perspectives qui s’offrent à l’Afrique. Il en va de même pour le système financier. Il est indispensable de mettre en place une coopération régionale dans les domaines de l’énergie et des transports afin de réaliser des économies d’échelle dans le cadre des projets d’infrastructure. Les gouvernements africains auraient également intérêt à soutenir le développement des services bancaires mobiles et du commerce électronique, afin de surmonter le problème de l’exclusion financière, en s’appuyant par exemple sur la réussite de projets tels que M-PESA au Kenya. Les institutions de financement du développement doivent par ailleurs travailler avec le secteur privé en vue d’une prise en compte plus équilibrée des risques.
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Améliorer l’équité et la transparence de la fiscalité et de la finance Une meilleure mobilisation des ressources nationales est une des clés du financement d’une croissance inclusive : les gouvernements africains doivent donc investir dans des dispositifs efficaces et équitables de collecte de l’impôt. Ils doivent rendre publiques, en toute transparence, toutes les exonérations fiscales accordées à des entreprises, qu’elles soient nationales ou étrangères. Le coût estimé de ces exonérations doit également être communiqué, ainsi que leur justification et les principaux bénéficiaires. La communauté internationale doit intensifier les efforts de lutte contre l’évasion fiscale. Les multinationales présentes en Afrique doivent rendre publiques leurs opérations financières, ainsi que les impôts dont elles s’acquittent. En s’inspirant d’initiatives en cours, les gouvernements doivent accélérer l’échange automatique d’informations à des fins fiscales et développer les capacités de l’Afrique à exploiter les informations ainsi obtenues. Tous les gouvernements, y compris ceux des États pratiquant le secret bancaire, doivent mettre en place des registres publics de propriété effective des entreprises et des fiducies. Les entreprises multinationales pourraient d’ailleurs donner l’exemple en publiant la liste complète de leurs filiales ainsi que des informations sur les revenus, les bénéfices internationaux et les impôts acquittés dans différents pays. En outre, la communauté internationale doit honorer ses engagements en matière d’aide et aller plus loin en réduisant le coût des transferts de fonds. Le G8 doit œuvrer avec les gouvernements africains à la réduction du coût de ces transferts, afin que celui-ci ne dépasse pas 5 %. Cela suppose de mettre fin aux pratiques commerciales restrictives des opérateurs de transferts, de renforcer la concurrence et de mettre en place des dispositifs incitatifs en faveur du développement de méthodes de transfert mobiles à bas coût.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Introduction L’Afrique a accompli des progrès considérables ces dix dernières années. Les économies de l’ensemble de la région sont en plein essor. Les revenus moyens ont augmenté de plus d’un tiers, inversant la tendance à la baisse constatée dans les années 1990. Les investissements directs étrangers ont plus que doublé. Les conglomérats africains commencent à démontrer leur puissance. Les nouvelles technologies sont adoptées à une vitesse fulgurante, notamment les services bancaires mobiles. La croissance africaine a été favorisée par la flambée des prix des matières premières, mais également par des améliorations de la politique macroéconomique. Les indicateurs du bien-être social, notamment en matière de survie des enfants, d’éducation et d’accès aux services de base, révèlent une amélioration de la vie des citoyens. Pour la première fois en l’espace d’une génération, les taux de pauvreté ont diminué. « Africa Rising » (que l’on peut traduire par « la montée en puissance de l’Afrique ») est devenu la nouvelle formule à la mode. L’Africa Progress Panel a souvent mis en garde contre un optimisme exagéré : on a tendance à utiliser trop de phrases grandiloquentes quand il est question de l’Afrique. Bien trop souvent, les Africains ont vu des phases de prospérité économique n’aboutir qu’à de faux espoirs. Cette fois, en revanche, les bases d’une transformation décisive sont désormais en place. Pour la première fois, les dirigeants africains ont la possibilité de transformer les richesses considérables du continent en améliorations permanentes dans la vie des Africains. L’agriculture et la pêche occupent une place essentielle dans ce nouveau départ. L’agriculture, longtemps reconnue comme une priorité rhétorique par les décideurs politiques, fait désormais l’objet d’une attention plus sérieuse, nécessaire pour libérer son potentiel de changement. Par ailleurs, les agriculteurs africains adoptent de nouvelles cultures et de nouvelles techniques qui leur permettent d’augmenter leur productivité. Toutefois, ce qui s’est passé ces dix dernières années a ses bons et ses mauvais côtés. La vague de la croissance économique n’a pas permis à la majeure partie de la population de sortir de la pauvreté. Dans une région où vivent des agriculteurs parmi les plus efficaces au monde, les citoyens sont bien trop nombreux à souffrir de la faim. Au lieu de créer des marchés pour les agriculteurs africains, l’urbanisation absorbe de grandes quantités de produits alimentaires importés. Et la violence qui s’est abattue sur la République centrafricaine et le Soudan du Sud l’an dernier rappelle avec force que les conflits peuvent compromettre le développement. Si on ne tient compte que de sa trajectoire de croissance, l’Afrique semble suivre la voie de certaines des plus belles réussites économiques d’Asie de l’Est. Mais la similitude s’arrête là. L’Afrique ne dispose pas de suffisamment de main-d’œuvre qualifiée pour s’engager sur la voie d’une croissance économique réellement porteuse de changement, et la région ne crée pas les emplois nécessaires pour saisir l’opportunité que représente l’augmentation de sa grande population de jeunes.
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Pour la première fois, les dirigeants africains ont la possibilité de transformer les richesses considérables du continent en améliorations permanentes dans la vie des Africains. L’agriculture et la pêche occupent une place essentielle dans ce nouveau départ.
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
En général, les observateurs internationaux s’intéressent surtout aux signes extérieurs de réussite. La croissance du produit intérieur brut (PIB), la flambée des exportations, la hausse des investissements étrangers et l’apparition de marchés boursiers sont faciles à mesurer, et tous ces indicateurs semblent indiquer que la région offre de nombreuses opportunités. Mais l’Afrique a également un autre visage. Celui d’une agricultrice qui s’efforce d’augmenter ses rendements. Le visage d’enfants qui n’ont pas la chance de réaliser leur potentiel grâce à l’éducation. Et celui d’une génération de jeunes en droit d’espérer et d’exiger davantage de leurs gouvernements. Cette année, le Rapport sur les progrès en Afrique examine en détail les risques auxquels l’Afrique est confrontée et les opportunités qui s’offrent à elle. Il s’interroge sur ce que doivent faire les gouvernements de la région pour que ces dix années de croissance se traduisent par un développement porteur de changement. Le « changement » n’est pas synonyme uniquement de hausse de la productivité ; pour nous, il s’agit aussi d’une transformation des perspectives et d’un processus de croissance qui bénéficie à tous, pas uniquement à quelques privilégiés, et qui entraînera l’éradication de la pauvreté. Si l’Afrique n’a jusqu’à présent pas réussi à mettre sa forte croissance au service du développement, c’est parce que, dans bien trop de pays, les producteurs agricoles ont été laissés pour compte. Les agriculteurs africains doivent être au cœur de la transformation que nous envisageons. En Afrique, la plupart des pauvres vivent dans des zones rurales et sont producteurs agricoles. Leur aptitude à contribuer à la croissance et à tirer parti de ses avantages est déterminée par leur capacité à augmenter leur productivité, à acquérir des compétences grâce à l’éducation et à résister aux chocs et aux aléas d’un climat imprévisible. L’Afrique a besoin d’un secteur agricole dynamique et inclusif, faute de quoi sa croissance sera freinée, et les populations pauvres de la région seront de plus en plus laissées pour compte.
Au moyen de politiques appropriées, les agriculteurs africains pourraient s’emparer d’une part importante d’un marché de 35 milliards de dollars US, à savoir celui des importations de denrées alimentaires, et progresser dans la chaîne de valeur des exportations.
Aujourd’hui, l’agriculture africaine tente doucement de se remettre de dizaines d’années de délaissement et de conseils politiques mal avisés. Les gouvernements sont plus nombreux à mettre en place les politiques et les investissements publics nécessaires pour stimuler la croissance et créer des débouchés. Il y a de bonnes raisons d’espérer. C’est pourquoi nous affirmons plus loin dans ce rapport qu’il faut entreprendre une révolution « verte » et une révolution « bleue » durables dans l’ensemble du continent, des révolutions poussées par des innovations africaines et inspirées des expériences d’autres régions. Au moyen de politiques appropriées, les agriculteurs africains pourraient s’emparer d’une part importante d’un marché de 35 milliards de dollars US, à savoir celui des importations de denrées alimentaires, et progresser dans la chaîne de valeur des exportations. Cependant, comme nous l’expliquons plus loin dans ce rapport, cela ne sera possible qu’à condition de mieux protéger les ressources naturelles de l’Afrique, d’investir dans des infrastructures et d’améliorer l’inclusion financière. Il faudra également mettre en place des stratégies nationales coordonnées en vue de mobiliser davantage de financements locaux et d’exploiter les flux financiers externes.
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NOS PROGRÈS RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
L’AFRIQUE RESTE L’UNE DES RÉGIONS DU MONDE QUI CONNAÎT LA CROISSANCE LA PLUS RAPIDE
2. C roissance liée aux industries non extractives
Sierra Leone
Côte d’Ivoire 9,8%
15,2% 4
8%
14% Ghana
Rwanda 8%
7,9% -4
Croissance 2012
Zone Euro
Source : FMI, Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne – Maintenir le rythme (Washington D.C. : FMI, octobre 2013).
LA GOUVERNANCE S’AMÉLIORE DE FAÇON GÉNÉRALE : RÉSULTATS RÉGIONAUX 2012
LE SECTEUR DE LA CRÉATION EST EN PLEIN ESSOR DANS L’ENSEMBLE DE L’AFRIQUE
de chiffre d’affaires par an
47,9
2e
52,7
39,7
source d’emplois après l’agriculture
51,6
40,1
2e
200-300 millions de $
Scores régionaux par catégorie : 2012
industrie du cinéma dans le monde C
E
N
S
O
Score global
C
48,4 43,4
Nollywood, l’industrie du cinéma au Nigéria, est un secteur prometteur
35,0
Source : FMI, Perspectives de l’économie mondiale : Transitions et tensions (Washington D.C. : FMI, 2013).
Croissance 2014 (projection)
63,0
Europe centrale et orientale
7,5%
8,5%
Afrique subsaharienne
54,9
Moyen-Orient et Afrique du Nord
8,5%
7,4%
50,0
États indépendants
Éthiopie
Mozambique
59,2
Pays émergents d’Asie
2014
47,8
2009
7,5%
52,5
2005
54,0
-8
6,1%
57,6
0
E
N
S
Sécurité & État de droit
O
C
E
53,4
8
1. C roissance liée aux industries extractives
41,5
12
LES MOTEURS DE LA CROISSANCE NE SE LIMITENT PAS AUX INDUSTRIES EXTRACTIVES
N
S
O
Participation & droits de l’homme
Moyenne C = Afrique centrale E = Afrique de l’Est Sources : Afrique Renouveau, Nigeria’s film industry: a potential gold mine? (New York : Nations Unies, 2013). et Financial Times, Nigeria’s ‘Nollywood’ seeks overseas acclaim (Londres : Financial Times, 2013).
N = Afrique du Nord S = Afrique australe
O = Afrique de l’Ouest
Fondation Mo Ibrahim, Indice Ibrahim de la gouvernance africaine : rapport de données (2013).
IL EST DEVENU PLUS SIMPLE ET MOINS COÛTEUX D’ÊTRE ENTREPRENEUR EN AFRIQUE 1. Coût des procédures de création d’entreprise (en % du PNB par habitant)
2. Temps nécessaire pour créer une entreprise (en jours)
300
60
200
40
100
20
0
0 2003 Source : Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
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2013
2003
2013
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
DE PLUS EN PLUS D’ENFANTS ONT ACCÈS À L’ÉDUCATION, MÊME SI DES PROBLÈMES DE QUALITÉ SUBSISTENT
DANS CERTAINS PAYS, LE SECTEUR AGRICOLE CONNAIT UNE FORTE CROISSANCE
Taux de croissance réels du PIB agricole (2010)
77
70
66
Zambie
58
Ouganda
49
Tanzanie 29
Mozambique Malawi Libéria
1999
|
2011
1999
Taux net d’inscription dans le secteur primaire (%)
|
2011
1999
Taux brut d’inscription dans le premier cycle de l’enseignement secondaire (%)
|
2011
Kenya
Taux d’alphabétisation des jeunes (%)
Éthiopie 0
Source : UNESCO, Enseigner et apprendre : atteindre la qualité pour tous, Rapport mondial de suivi de l’Éducation pour tous (Paris : UNESCO, 2013-2014).
10
20
30
Source : AGRA, African Agriculture Status Report: Focus on Staple Crops (Kenya : AGRA, 2013).
LES INDICATEURS DE SANTÉ S’AMÉLIORENT
1. Les taux de mortalité infantile et maternelle baissent – mais ils doivent baisser davantage encore... 820
58
58
590 118 103 90
95 57 50 48
52 40 32
16 15 12
1990
2001
2012
Taux de mortalité maternelle pour 100 000 naissances vivantes
Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans pour 1 000 naissances vivantes
173
0
2. L’espérance de vie augmente
55 480
430 400
250 210 200 63 49 20
140 100 44
0
1990
Afrique
Asie du Sud-Est
Méditerranée orientale
Europe
Monde
Amériques
2000
2010
Pacifique occidental
48 46 0
2003
Femmes
2011
Hommes
Source : OMS, Atlas des statistiques sanitaires africaines : Analyse de la situation sanitaire de la Région africaine (Brazzaville : OMS-AFRO, 2014).
QUI SAIT ? L’ANNÉE 2014 SERA PEUT-ÊTRE CELLE QUI VERRA LA VICTOIRE D’UNE ÉQUIPE AFRICAINE EN COUPE DU MONDE ? *Pays ayant atteint les quarts de finale
1970–1990
1991–2010
Représentation de l’Afrique dans les phases finales
Meilleure représentation de l’Afrique dans les phases finales
Algérie Égypte Zaïre
Angola Côte d’Ivoire Maroc Nigéria Afrique du Sud
Tunisie Cameroun* Maroc
Togo Sénégal* Ghana* Tunisie Cameroun
Source : FIFA, site officiel (2014).
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
01 24
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
TIRER PARTI DE DIX ANNÉES DE CROISSANCE
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Les 49 pays d’Afrique subsaharienne présentent des différences considérables sur le plan des performances économiques récentes et des perspectives de croissance. Bien que l’Éthiopie et la République démocratique du Congo affichent toutes deux une croissance rapide, la similitude entre ces deux pays s’arrête là. La République centrafricaine et le Soudan du Sud ne sont pas confrontés aux mêmes difficultés que le Kenya ou la Zambie. Les généralisations hâtives qui prédominent dans les médias lorsqu’il est question de l’Afrique (généralement en raison de crises) sont donc aussi inexactes qu’inutiles. Cependant, certains des superlatifs employés pour qualifier la croissance record de l’Afrique sont au moins en partie justifiés (Voir infographie Nos progrès). Le destin économique de l’Afrique a changé de manière radicale ces dix dernières années, et les perspectives restent favorables. La croissance régionale a oscillé autour de 5 % par an, souvent plus. Entre 2012 et 2013, plus d’un tiers des pays d’Afrique ont affiché des taux de croissance supérieurs à 6 %. Cette croissance record s’explique par de nettes améliorations en matière de politique macroéconomique, qui ont mis la région à l’abri des pires effets de la crise financière mondiale. Au début du XXIe siècle, la plupart des pays d’Afrique croulaient sous des dettes qu’ils étaient incapables de rembourser. Désormais, ils sont nombreux à avoir de meilleurs indicateurs de la dette que certains pays de l’Union européenne. Parmi les principales économies de la région, seule l’Afrique du Sud, l’un des pays les plus importants, a systématiquement obtenu de moins bons résultats. La croissance pousse de plus en plus de pays vers le statut de pays à revenu intermédiaire. En 2006, 13 pays de la région étaient classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, c’est-à-dire que leur revenu national brut (RNB) par habitant, calculé selon la méthode Atlas de la Banque mondiale, se situait entre 906 dollars US et 11 115 dollars US1. Ce chiffre est aujourd’hui passé à 212. Selon la Banque mondiale, 10 autres pays pourraient atteindre la catégorie des pays à revenu intermédiaire d’ici 2025 si les tendances de croissance actuelles se poursuivent. Si on laisse de côté l’Afrique du Sud, la croissance en Afrique subsaharienne a atteint près de 6 % en 2013 : seule l’Asie de l’Est a obtenu de meilleurs résultats3. L’Afrique subsaharienne a mieux résisté à la crise financière mondiale que n’importe quelle autre région et a connu une reprise vigoureuse. De nombreux pays d’Afrique sont maintenant résolument positionnés dans le peloton de tête de la croissance du PIB au niveau mondial (Figure 1). Compte tenu de la croissance démographique, les revenus moyens ont augmenté de 3 % à 4 % par an et sont désormais plus élevés d’un tiers environ par rapport à leur niveau de 2000. Si l’on utilise la parité de pouvoir d’achat (PPA) pour traduire cela en avantages financiers concrets, les gains sont modestes : pour les populations des pays d’Afrique à faible revenu, l’augmentation moyenne de revenu n’est que de 567 dollars US. Il s’agit toutefois d’une nette amélioration par rapport à la baisse régulière du revenu moyen constatée au cours des vingt dernières années. Si la croissance moyenne enregistrée entre 2000 et 2012 se poursuit, les revenus moyens en Afrique auront doublé d’ici 22 ans. Entre 1980 et 2000, ils avaient baissé de plus de 20 %. Derrière cet instantané régional se cachent forcément d’importantes disparités (Figure 2). Aujourd’hui, 493 millions d’Africains vivent dans des pays qui ont enregistré entre 2000 et 2012 des taux de croissance annuelle par habitant de 3 % ou plus. Si des pays comme le Mozambique, le Rwanda et la Sierra Leone maintenaient leurs performances de croissance des dix dernières années, ils verraient leurs revenus moyens doubler en moins de 17 ans. En Éthiopie, il suffirait de 12 à 13 ans pour atteindre le même résultat.
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
FIGURE 1 DIX ANS DE CROISSANCE POUR L’AFRIQUE (À PRIX CONSTANTS, RÉGIONS SÉLECTIONNÉES) En tête : les 20 économies africaines qui connaissent la croissance la plus rapide (croissance moyenne annuelle 2008-2013)
12
Évolution annuelle du PIB
8
4
0
-4 2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Sierra Leone
9,45
Chine Rwanda Éthiopie Ghana Mozambique Nigéria Zambie Libéria Tanzanie
9,07 8,4 8,37 8,11 7,25 6,96 6,95 6,88 6,8
Inde Niger RDC Angola Burkina Faso Malawi Congo Ouganda Sao Tomé-et-Principe Lesotho Gambie Tchad
6,64 6,47 6,41 6,36 5,98 5,94 5,91 5,74 5,18 4,91 4,54 4,51
Brésil
3,17
Pays d’Asie en développement
Moyen-Orient et Afrique du Nord
Europe centrale et orientale
Économies avancées
Amérique latine et Caraïbes
Afrique subsaharienne
Source : FMI, base de données des Perspectives de l’économie mondiale (Washington D.C. : FMI, 2014).
Inversement, toutefois, de nombreux pays sont loin d’être à la hauteur de leur potentiel de croissance : • • •
environ 396 millions d’Africains vivent dans des pays qui mettront plus de 25 ans à doubler leurs revenus moyens ; la croissance du PIB par habitant est soit négative, soit inférieure à 1 % dans 16 pays. Il leur faudra au moins 76 ans pour doubler leurs revenus moyens ; des pays comme le Kenya ou le Sénégal mettront plus de 60 ans à doubler leurs revenus moyens si la tendance des dix dernières années se poursuit.
Comme le montre la figure 3, les schémas de croissance à l’origine de ces chiffres sont également très variés. On croit souvent que la forte croissance de l’Afrique subsaharienne est uniquement due aux prix élevés des matières premières à l’échelle mondiale, en particulier pour le pétrole et les minerais. En réalité, la vague de croissance s’étend bien au-delà des pays riches en matières premières. Elle concerne à la fois des pays côtiers comme le Mozambique, le Sénégal et la Tanzanie, des pays enclavés comme le Burkina Faso et l’Ouganda, des pays exportateurs de matières premières comme la République démocratique du Congo, le Nigéria et la Zambie, et des pays à revenu intermédiaire comme le Botswana. En Éthiopie et au Rwanda, deux des plus beaux exemples de réussite économique, la croissance a été engendrée par l’agriculture (Figure 3). Au Burkina Faso, en Tanzanie et en Ouganda, c’est le secteur tertiaire qui a été un facteur déterminant des performances de croissance. 27
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
FIGURE 2 LES REVENUS MOYENS SONT EN HAUSSE – MAIS AUGMENTENT PLUS RAPIDEMENT DANS CERTAINS PAYS : CROISSANCE DU PIB PAR HABITANT (% ANNUEL MOYEN 2000-2012) 396 MILLIONS DE PERSONNES 162 millions
493 MILLIONS DE PERSONNES
146 millions
88 millions
152 millions
43 millions
273 25 millions millions
6
PLUS DE 76 ANS POUR DOUBLER LES REVENUS
MOINS DE 22 ANS POUR DOUBLER LES REVENUS
% de croissance
4
2
0
-2
Moyenne pondérée pour l’ASS Ouganda Lesotho Soudan Île Maurice Tanzanie Ghana Sierra Leone Mozambique Rwanda Éthiopie Tchad Cap-Vert Nigéria Angola Libéria
Zimbabwe Érythrée Côte d’Ivoire Comores Togo Guinée-Bissau Madagascar Burundi Gabon Malawi Gambie Swaziland Guinée Niger Bénin Cameroun Sénégal Kenya Rép. dém.du Congo Sao Tomé-et-Principe Mali Mauritanie Congo Afrique du Sud Seychelles République centrafricaine Botswana Burkina Faso Zambie Namibie
-4
Nombre d’années nécessaire pour doubler les revenus, sur la base des tendances actuelles 76-190
36-67
25-33
18-23
14-17
12-13
11
Moyenne : 22 ans
Source : Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
FIGURE 3 LES SCHÉMAS DE CROISSANCE VARIENT D’UN PAYS À L’AUTRE : CONTRIBUTION DES DIFFÉRENTS SECTEURS À LA CROISSANCE DU PIB RÉEL, MOYENNE POUR LA PÉRIODE 1995-2010 (SÉLECTION DE PAYS) 12
10
% de la croissance
8
6
4
42 % du PIB
Services Industrie manufacturière
2
Construction Industrie, à l’exception de l’industrie manufacturière et de la construction
12 % du PIB 0 Burkina Faso
Éthiopie
Mozambique
Rwanda
Tanzanie
Ouganda
Agriculture
Source : FMI, base de données des Perspectives de l’économie mondiale (Washington D.C. : FMI, 2014).
Quels ont été les facteurs de croissance ces dix dernières années ? Il convient de faire preuve de prudence lorsque l’on tente d’établir des tendances générales à partir des situations très différentes des pays d’Afrique. On peut toutefois identifier les cinq grands facteurs de croissance suivants : La demande et les investissements africains : en raison d’une forte hausse des investissements et de la consommation des ménages, la demande intérieure a augmenté plus rapidement que le PIB dans de nombreux pays. La formation brute de capital fixe (ou FBCF, un indicateur permettant de mesurer l’investissement) est passée de 16 % à 23 % du PIB depuis 20004. Les investissements publics sont devenus un important facteur de croissance dans de nombreux pays, notamment en Éthiopie, au Ghana, au Nigéria, en Tanzanie et en Zambie, où les gouvernements cherchent à combler leurs déficits d’infrastructures. De même, les entreprises africaines constituent désormais une importante source d’investissements (Encadré 1). La politique budgétaire a été globalement expansionniste, alors que l’augmentation des revenus des consommateurs stimule l’activité économique dans les secteurs des télécommunications, de la vente, des services et des transports.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Les flux de capitaux étrangers : les investissements directs étrangers (IDE) ont augmenté de façon constante dans la région, malgré une brève interruption en 2009 (voir la quatrième partie). D’autres flux de capitaux privés ont également augmenté, notamment en raison de l’émission d’obligations souveraines par un certain nombre de gouvernements. S’il est vrai que le secteur des matières premières en est le principal bénéficiaire, les services et l’industrie manufacturière ont eux aussi exercé un attrait important pour les IDE. En 2012, environ un tiers des IDE était destiné aux marchés locaux plutôt qu’au secteur de l’extraction5. Les prix élevés des matières premières : bien que les prix des exportations minières aient diminué en 2012 et 2013, ils restent élevés, et les volumes d’exportation de minerais, de pétrole et de produits agricoles ont augmenté. Selon certaines prévisions, les prix mondiaux des principales exportations minières africaines pourraient diminuer légèrement à moyen terme, mais resteraient bien supérieurs à ce qu’ils étaient avant 20006. Les prix dépendront essentiellement de l’évolution de la situation en Chine. L’interdépendance croissante avec la Chine et les autres marchés émergents : les marchés émergents, aussi connus sous l’acronyme BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), sont désormais destinataires d’un tiers des exportations de l’Afrique, soit quatre fois plus qu’en 2002. Cela équivaut quasiment à la demande de l’Union européenne et des États-Unis cumulées. La Chine est aujourd’hui la principale destination des exportations africaines, avec un quart des exportations totales. Les BRIC sont également à l’origine d’un volume important et croissant d’IDE. L’amélioration de la gouvernance économique : au cours des dix dernières années, la politique s’est nettement améliorée. La politique monétaire a énormément contribué à réduire l’inflation ces deux dernières années. De tous les pays ayant bénéficié d’un allègement de la dette avant 2007, seule la Gambie est considérée par le Fonds monétaire international (FMI) comme présentant de nouveau un risque élevé de surendettement. Le déficit budgétaire de la région s’élève à 2,7 % du PIB, avec toutefois d’importantes variations7.
Les risques pour la croissance : dette et interdépendance Ce bilan régional positif peut parfois dissimuler des points faibles et des risques sous-jacents. En effet, les ratios d’endettement public ont fortement augmenté dans certains pays, suscitant des inquiétudes sur la soutenabilité de la dette8. Pour la région dans son ensemble, la dette publique est passée de 29 % du PIB en 2008 à 34 % en 2013. D’importantes dépenses d’investissement ont aggravé les déficits budgétaires actuels, qui se sont encore creusés en 2013. Plusieurs pays, notamment le Cameroun, le Ghana, le Malawi et le Tchad, enregistrent des déficits budgétaires qui révèlent de grandes vulnérabilités. Le Ghana fait figure de bon élève de la « montée en puissance de l’Afrique », avec une croissance annuelle moyenne de plus de 7 % au cours des dix dernières années, des investissements étrangers en forte hausse et des exportations en plein essor. Le pays a cependant accumulé un déficit budgétaire qui s’élève à 10 % de son PIB, soit l’un des plus importants d’Afrique9. En octobre 2013, la notation financière du Ghana a été revue à la baisse10. Alors que dans d’autres pays, le déficit budgétaire a été creusé par des investissements dans les infrastructures, au Ghana, les investissements de capitaux ont diminué en pourcentage du PIB.
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Les marchés émergents, aussi connus sous l’acronyme BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), sont désormais destinataires d’un tiers des exportations de l’Afrique, soit quatre fois plus qu’en 2002. Cela équivaut quasiment à la demande de l’Union européenne et des ÉtatsUnis cumulées.
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
L’interdépendance croissante de l’Afrique avec les marchés mondiaux au travers du commerce et des flux de capitaux comporte à la fois des risques et des opportunités. Si l’économie chinoise se rééquilibre en encourageant la consommation plutôt que l’investissement, les conséquences se ressentiront fortement en Afrique subsaharienne, car cela fera diminuer la demande d’exportations et, potentiellement, les prix à l’exportation. De même, une baisse à long terme des prix des matières premières constitue en permanence un facteur de vulnérabilité. Selon une modélisation de la Banque mondiale, si les prix des métaux diminuaient d’un écart-type, cela réduirait la croissance du PIB annuel de plus de 1 % et jusqu’à 2,5 % dans cinq pays : le Botswana, le Ghana, le Mali, le Mozambique et la Tanzanie11. La présence grandissante de l’Afrique sur les marchés internationaux de capitaux s’accompagne également de risques. Si, comme il en est question, le Trésor américain ralentit ses injections monétaires dans l’économie (le fameux « tapering »), cela pourrait se traduire par une augmentation du rendement des obligations africaines (voir la quatrième partie). Pour limiter ces risques, chaque pays devra élaborer ses propres stratégies. Toutefois, de nombreux pays devront accroître la mobilisation de leurs ressources nationales (voir la quatrième partie), reconstruire leurs réserves en devises et éviter de contracter des dettes importantes. Par ailleurs, les gouvernements devront faire preuve de prudence avant d’accéder aux marchés obligataires, étant donné la dette publique et l’évolution de leurs comptes courants, ainsi que les risques de change qui iraient de pair avec une dévaluation.
2030 D’ici 2030, un Africain sur deux vivra en milieu urbain, et les 18 plus grandes villes d’Afrique auront un pouvoir d’achat annuel combiné de 1 300 milliards de dollars US.
Trois facteurs potentiels de maintien de la croissance Hormis les difficultés politiques rencontrées par chaque pays, trois facteurs influents vont se combiner pour créer de nouvelles opportunités de croissance : La démographie : l’Afrique se trouve dans une situation démographique favorable. Le continent sera à l’origine de la moitié de la croissance démographique mondiale d’ici 2050. Cela ne s’explique pas par une hausse de la fécondité (qui, au contraire, est en diminution), mais par un allongement de l’espérance de vie. La population adulte de l’Afrique (et donc sa population active) augmente rapidement : elle était de 460 millions en 2010 et devrait s’élever à 800 millions d’ici 203012. Il ne faut pas sous-estimer l’influence de la démographie africaine. Si le revenu par habitant augmente et que la population s’accroît, cela se traduira par un élargissement du marché. De plus, c’est en Afrique que la population de jeunes augmente le plus rapidement au monde. La moitié de la population de la région a moins de 25 ans, et la tranche d’âge des 15-24 ans augmente de près de 3 % par an (Figure 4). La géographie humaine : les villes africaines se développent rapidement. Il y a trente ans, un peu plus d’un quart des Africains vivaient dans des villes. Ils sont aujourd’hui 40 %. D’ici 2030, un Africain sur deux vivra en milieu urbain, et les 18 plus grandes villes d’Afrique auront un pouvoir d’achat annuel combiné de 1 300 milliards de dollars US13. Dans le monde entier, l’urbanisation a souvent permis des migrations et offert de meilleures perspectives économiques. Les villes créent également des marchés pour les producteurs agricoles, ainsi que des possibilités de lier les économies rurales et urbaines.
La population adulte de l’Afrique (et donc sa population active) augmente rapidement : elle était de 460 millions en 2010 et devrait s’élever à 800 millions d’ici 2030
Les nouvelles technologies : l’Afrique a connu une vague d’innovations technologiques à l’initiative des citoyens. Les téléphones portables sont devenus des appareils polyvalents qui connectent les citoyens à l’information commerciale, améliorent la connectivité sociale et politique et permettent d’utiliser les services bancaires mobiles. Les sociétés technologiques internationales qui auparavant fuyaient l’Afrique y cherchent désormais des débouchés commerciaux et du personnel compétent, et les sociétés africaines se servent des nouvelles technologies pour innover.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Il convient de rappeler qu’il s’agit là de facteurs potentiels d’une croissance porteuse de changement. Dans chaque cas, les opportunités s’accompagnent de risques considérables. Les changements démographiques peuvent favoriser une croissance dynamique et inclusive, ou au contraire attiser la frustration grandissante d’une génération de jeunes non qualifiés et au chômage. L’urbanisation peut offrir de nouvelles possibilités de migration vers des professions mieux payées, ou bien provoquer l’expansion de zones de peuplement informelles surpeuplées et insalubres qui deviendront des lieux de marginalisation. Les technologies peuvent changer des vies, mais en l’absence de compétences, leur valeur est largement diminuée. Or les systèmes éducatifs africains n’enseignent généralement pas les compétences nécessaires. Cependant, le meilleur indicateur du progrès ne réside pas dans les chiffres du PIB ou dans les taux de croissance des exportations et des investissements étrangers. Ce qui compte le plus, c’est le bien-être des citoyens, et la perspective d’une croissance qui continuera à améliorer leur vie. L’extrême pauvreté persiste en Afrique. La plupart des pauvres vivent dans des zones rurales et sont producteurs agricoles. Et l’agriculture est l’un des meilleurs moyens de réduire la pauvreté et les inégalités. C’est pourquoi nous affirmons dans la suite de cette partie du rapport que ce dont l’Afrique a besoin, ce n’est pas uniquement de croissance, mais d’une transformation économique dans laquelle l’agriculture jouera un rôle capital.
Le meilleur indicateur du progrès ne réside pas dans les chiffres du PIB ou dans les taux de croissance des exportations et des investissements étrangers. Ce qui compte le plus, c’est le bien-être des citoyens, et la perspective d’une croissance qui continuera à améliorer leur vie.
FIGURE 4 L’ATOUT DÉMOGRAPHIQUE DE L’AFRIQUE : AUGMENTATION PRÉVUE DE LA POPULATION ÂGÉE DE 15 À 24 ANS (VARIANTE MOYENNE) DANS UNE SÉLECTION DE RÉGIONS 400 000
Population (en milliers)
300 000
200 000
Asie du Sud Asie de l’Est
100 000
Afrique subsaharienne Régions plus développées 0
Amérique latine et Caraïbes 2010
2030
2050
Source : ONU DAES, Perspectives de la population mondiale : la révision de 2012 (New York : ONU DAES, 2012).
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
ENCADRÉ 1 LES CONGLOMÉRATS AFRICAINS EN PLEIN ESSOR On croit souvent, à tort, que ce sont les investissements étrangers qui tiennent les rênes de la croissance de l’Afrique. Une bonne partie des investissements, en particulier dans les secteurs bancaire et financier, les télécommunications, la vente et les services, est en fait réalisée par des acteurs régionaux. L’Afrique du Sud s’impose comme l’un des principaux investisseurs sur le continent, suivie par le Kenya et le Nigéria. Ces dernières années, on a vu apparaître de grandes sociétés africaines de plus en plus dynamiques, dont une bonne partie travaille en partenariat avec des investisseurs étrangers, et qui souvent ciblent principalement les marchés régionaux et nationaux. Nous en avons un exemple au Nigéria. Aliko Dangote, fondateur de ce qui est désormais le plus grand conglomérat d’Afrique, a bâti la prospérité du groupe sur le secteur du ciment, mais possède également des raffineries de sucre et des usines de transformation de farine, de pâtes, de sel et d’autres produits alimentaires. Sa filiale ciment est présente dans 14 pays d’Afrique et devrait s’étendre à l’Asie et à l’Amérique latine. En 2013, le groupe Dangote a annoncé 3,3 milliards de dollars US d’investissements pour construire une raffinerie de pétrole qui réduira de moitié les importations d’essence et de gasoil. Le secteur de l’agriculture a lui aussi connu une importante croissance. « Il y a cinq ans, si j’avais rêvé que j’investirais un jour dans l’agriculture, j’aurais considéré cela comme un cauchemar. Pourtant, aujourd’hui, nous investissons 2,3 milliards de dollars US dans l’agriculture : 2 milliards de dollars dans le sucre et 300 millions de dollars dans le riz »14, a déclaré M. Dangote. Ces investissements s’inscrivent dans une volonté plus générale de transformer l’agriculture nigériane en renforçant ses liens avec le secteur manufacturier et en accédant à des segments à plus forte valeur ajoutée. On voit également apparaître d’importants acteurs régionaux dans le secteur bancaire, à commencer par Ecobank, une société implantée au Togo qui opère dans l’ensemble du continent, avec des actifs d’une valeur d’environ 20 milliards de dollars US. Viennent ensuite des bailleurs de fonds nigérians comme First Bank et Zenith. Un autre bailleur de fonds établi au Nigéria, United Bank for Africa, cible quelques gros marchés africains plutôt que d’essayer de toucher l’ensemble du continent. Mara Group, fondé par Ashish Thakkar, l’un des entrepreneurs les plus prospères d’Afrique, est un conglomérat présent dans 19 pays du continent. Fin 2013, le groupe a lancé en partenariat avec Bob Diamond, ancien directeur général de la banque Barclays, la holding d’investissement Atlas Mara, qui a levé 325 millions de dollars US pour investir dans le secteur bancaire africain. Enfin, le secteur des télécommunications constitue un pôle de croissance porteur de changement. Pour cette industrie confrontée à une faible croissance sur des marchés plus établis, l’Afrique fait aujourd’hui partie des régions les plus dynamiques. Avec la forte progression de l’utilisation de la téléphonie mobile, l’Afrique a de plus en plus besoin de réseaux fiables capables de couvrir le vaste continent. Entre 2012 et 2013, IHS Towers, le leader africain des infrastructures de télécommunications, coté à la Bourse de Lagos, a levé plus d’un milliard de dollars US d’emprunt et de fonds propres pour financer son développement en Afrique. Il compte parmi ses nouveaux actionnaires un fonds souverain asiatique, des groupes d’investissement européens, ainsi que la Société financière internationale, membre du Groupe de la Banque mondiale15.
Pour maintenir la croissance en Afrique, une transformation économique est nécessaire Les économies qui sont parvenues à maintenir une forte croissance à long terme sont généralement passées par un processus de diversification économique, par une diffusion des nouvelles technologies, par une hausse de la productivité dans l’agriculture, par un développement du secteur manufacturier et par une qualification de la main-d’œuvre. Cela n’a pas été le cas de la croissance en Afrique, même dans les secteurs qui attirent des investissements étrangers. Comme l’explique un récent rapport réalisé par l’African Center for Economic Transformation (l’African Transformation Report de 2014), « les économies africaines n’ont guère réussi à modifier leurs structures et leurs niveaux technologiques »16. Autrement dit, il y a eu beaucoup de croissance, mais peu de transformations structurelles.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Selon certains indicateurs de transformation, l’Afrique est même moins développée aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2000, voire plus tôt. Dans l’industrie manufacturière, la valeur ajoutée est ainsi passée de 14 % à 10 % du PIB depuis 200017.La part des produits manufacturés dans l’ensemble des exportations de l’Afrique est passée de 43 % en 2000 à 39 % en 2008. Sur la même période, la minuscule part de l’Afrique dans les exportations mondiales de produits manufacturés n’a que très légèrement augmenté, passant de 1 % à 1,3 %. On pourrait avancer que la valeur ajoutée dans le secteur manufacturier n’est pas le meilleur indicateur des perspectives de l’Afrique. Le secteur africain le plus dynamique est celui des services. En effet, la vente, la construction, les télécommunications et le tourisme jouent un rôle fondamental et stimulent la productivité. Toutefois, selon de nombreuses personnes, notamment le Dr Nkosazana Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine (CUA), Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD), et Dani Rodrik, économiste de Harvard, les technologies, les compétences et les liens économiques qui permettraient d’assurer une croissance durable proviennent généralement de l’essor du secteur manufacturier18. « Nous sommes convaincus que nous ne parviendrons pas à nous développer à moins de nous industrialiser », a souligné le Dr Zuma. « Selon nous, l’agriculture est un moteur important de l’industrialisation. Nous avons déjà la terre, la main-d’œuvre et les produits. Mais nous devons transformer davantage nos produits afin de créer des emplois pour les jeunes. » Le Dr Zuma préconise également de resserrer les liens entre l’agriculture et l’industrialisation. Dans le cadre de son plan stratégique 2014-2017, la CUA a décidé de soutenir en priorité la production agricole, le développement du secteur agroalimentaire et de celui des entreprises, l’amélioration de l’accès aux marchés, la sécurité alimentaire et la nutrition, et d’encourager une industrialisation et un développement économique inclusifs19. Selon Donald Kaberuka de la BAD, « nous pourrions être la prochaine plaque tournante de la production industrielle, mais il faudra pour cela réaliser un certain nombre d’investissements. Nous devons intensifier nos efforts concernant l’aviation et la déréglementation, ouvrir les frontières et laisser les individus circuler, afin de faciliter l’accès des entrepreneurs au marché »20. Quant à Dani Rodrik, il explique surtout que faire l’impasse sur le développement industriel n’est sans doute pas une bonne solution pour parvenir à une croissance porteuse de changement en Afrique. Tout cela ne minimise pas pour autant le potentiel de changement. Compte tenu de l’augmentation des salaires réels en Asie, l’Afrique a un avantage au niveau du coût de la main-d’œuvre, ce qui a d’ailleurs déjà incité des fabricants de chaussures chinois à venir en Éthiopie21. Cet avantage pourrait s’accroître puisque la Chine rééquilibre son économie nationale pour encourager la consommation plutôt que l’investissement. Mais rares sont les pays d’Afrique à disposer des infrastructures ou des politiques industrielles nécessaires pour exploiter ces débouchés et renforcer le lien entre les exportations et l’économie nationale. L’éducation représente une contrainte supplémentaire. Si l’on envisage une transformation, il est important de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée. Or les compétences font cruellement défaut en Afrique. Après dix ans de progrès dans le domaine de l’éducation, les niveaux de scolarisation dans le secondaire au Mozambique sont encore inférieurs d’un tiers à ceux de la Malaisie il y a cinquante ans. Cela fait déjà 25 ans que le Vietnam a atteint les taux de scolarisation en primaire de l’Afrique subsaharienne22. Dans une économie mondiale qui repose de plus en plus sur le savoir, ces lacunes en matière d’éducation limitent le potentiel en faveur d’une croissance porteuse de changement. En clair, l’Afrique ne pourra jamais atteindre les taux de croissance soutenus de la Corée du Sud avec son niveau actuel en matière d’éducation et de développement des compétences.
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« Nous sommes convaincus que nous ne parviendrons pas à nous développer à moins de nous industrialiser... Selon nous, l’agriculture est un moteur important de l’industrialisation. Nous avons déjà la terre, la main-d’oeuvre et les produits. » Dr Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Si les schémas de croissance actuels se poursuivent, les opportunités créées par la démographie et la géographie humaine pourraient devenir des menaces. En Afrique, l’urbanisation n’est pas motivée par les mêmes raisons que dans les pays qui ont connu plus tôt l’industrialisation. En effet, les populations ne sont pas attirées par des emplois mieux payés et plus productifs dans le secteur formel, mais poussées au départ à cause de la pauvreté rurale. Moins d’un ouvrier africain sur dix trouve du travail dans le secteur manufacturier, et ils ne sont qu’une infime partie à trouver un emploi dans le secteur formel. La plupart des migrations visent le secteur tertiaire informel, qui se caractérise par une faible productivité. Si les migrations ont contribué à une forte croissance en Asie de l’Est, de même qu’en Afrique au lendemain de l’indépendance, elles ne semblent pas susciter de croissance globale dans la plupart des économies africaines23. La population active de l’Afrique subsaharienne devrait augmenter de 11 millions de personnes par an au cours des dix prochaines années, et l’avantage démographique de la région risque d’être perdu en emplois peu qualifiés24. L’état actuel de l’agriculture africaine témoigne également de la nécessité d’une transformation économique. L’urbanisation et la croissance économique à l’échelle mondiale créent des débouchés commerciaux pour les producteurs agricoles. Cependant, dans le cas de l’Afrique, ce sont généralement les producteurs d’autres pays qui profitent de ces débouchés. Comme nous le verrons dans la deuxième partie, les importations de produits alimentaires de base ont considérablement augmenté, et l’agriculture africaine n’a pas encore réussi à accroître son offre en conséquence. Pour parvenir à une croissance porteuse de changement, il est impératif d’augmenter la productivité de l’agriculture, en raison de la capacité de ce secteur à élargir les marchés en remplaçant les importations, mais aussi parce que la plupart des Africains travailleront encore dans ce secteur en 2020. S’il y a un domaine dans lequel l’Afrique n’a pas du tout réussi à se transformer, c’est celui de l’inclusion financière (nous y reviendrons dans la quatrième partie). L’accès au crédit, aux prêts et à l’assurance permet aux agriculteurs et aux populations vivant de la pêche d’investir en faveur de la productivité et de se protéger des risques. Il permet également aux petites et moyennes entreprises de profiter des débouchés commerciaux. Cependant, après dix années de croissance, trois quarts des Africains adultes n’ont même pas de compte dans une institution financière officielle. Les banques africaines enregistrent des marges bénéficiaires parmi les plus élevées au monde : il n’est pas rare que les rendements des capitaux propres se situent entre 20 et 30 %. Toutefois, de nombreuses banques africaines se désintéressent de l’économie réelle et de la vie des citoyens, et préfèrent réaliser des bénéfices avec le commerce lucratif des bons du Trésor. Il y a d’autres domaines dans lesquels les gouvernements africains doivent repenser leurs stratégies politiques actuelles. Comme l’affirment avec éloquence les auteurs de l’African Transformation Report, une croissance porteuse de changement exige des États compétents, qui devront superviser les stratégies de développement industriel. Il ne faut pas pour autant revenir à un développement « mené par l’État ». En revanche, il faut que les États se mobilisent plus activement pour aider les sociétés, renforcer les compétences, perfectionner les technologies et encourager le commerce25. Les gouvernements du continent tentent désormais de dynamiser les échanges commerciaux intra-africains, mais sont confrontés à une série d’obstacles formels et informels qui limitent le développement des marchés (voir la quatrième partie).
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Les conséquences de l’immobilisme « La croissance, ça ne se mange pas » – un chauffeur de taxi sénégalais 26 Le meilleur indicateur du progrès ne réside pas dans les chiffres du PIB ou dans les taux de croissance, mais dans le bien-être des citoyens et la perspective de leur permettre d’améliorer leur vie. L’Afrique a accompli d’importants progrès ces dix dernières années. La pauvreté a diminué, passant de 55 % en 2002 à 48 % en 2010. La mortalité infantile est également en baisse. Les décès d’enfants ont diminué en moyenne de 4,1 % par an entre 2005 et 2012, contre 0,8 % par an entre 1990 et 199527. Ces chiffres contribuent à expliquer pourquoi les Africains vivent en moyenne sept ans de plus aujourd’hui qu’il y a dix ans. On constate également des améliorations dans le domaine de l’éducation. De plus en plus d’enfants sont scolarisés et progressent dans leur scolarité, et l’écart entre les garçons et les filles se resserre. Les taux de scolarisation pour l’école primaire sont passés de 59 % à 78 %. Mais pour ce qui est de traduire la croissance par une amélioration du bien-être, l’Afrique tente de rattraper les autres régions à un rythme désespérément lent, et le progrès n’est pas du tout à la hauteur de ce qu’on aurait pu attendre dans certains domaines (Voir infographie Malgré les progrès...) : Nutrition : la croissance économique n’a pas beaucoup contribué à réduire la faim. En Afrique, plus d’un enfant sur trois souffre d’un retard de croissance en raison d’une mauvaise nutrition avant son cinquième anniversaire28. Ce problème a des conséquences désastreuses en matière de développement cognitif et de possibilités d’apprentissage. D’une manière générale, les taux de malnutrition n’ont baissé que de 5 points depuis 1990. Un quart des Africains souffrent aujourd’hui de malnutrition. Survie des enfants : malgré quelques progrès dans ce domaine, 3,2 millions d’enfants africains n’ont pas atteint leur cinquième anniversaire en 2012. La plupart de ces enfants sont décédés des suites de maladies infectieuses facilement évitables, impliquant la malnutrition dans la majorité des cas. Aujourd’hui, près de la moitié des décès d’enfants à l’échelle mondiale surviennent en Afrique, contre 29 % il y a vingt ans. Éducation : les chiffres phares de la scolarisation masquent l’ampleur de ce qu’il convient d’appeler la crise de l’éducation en Afrique. Environ 29 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire ne sont pas scolarisés (soit un cinquième de l’ensemble des enfants). En dix ans, ce taux est passé de 39 % à 50 %. Seul un enfant sur trois sortira de l’école primaire en sachant lire, écrire et compter. Assainissement : bien que l’Afrique ait amélioré l’accès à l’eau potable, elle a aggravé son retard dans le domaine de l’assainissement. Aucune région n’avance vers l’objectif consistant à garantir un accès à des installations sanitaires adéquates, ce qui a des conséquences désastreuses en matière de santé, de dignité et de croissance économique. Pauvreté absolue : la croissance n’a pas permis d’améliorer la vie des Africains, et c’est lorsque l’on observe les chiffres d’ensemble de la pauvreté que ce constat est le plus frappant. Bien que la proportion d’Africains vivant dans la pauvreté soit en diminution, le nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté a augmenté de 23 millions entre 2002 et 2010, et la part de l’Afrique dans la pauvreté mondiale est passée de 23 % à 34 %. Il est probable que les objectifs internationaux de développement pour l’après-2015 prévoient, entre autres, l’éradication de l’extrême pauvreté d’ici 2030. Si l’Afrique continue à faire comme si de rien n’était, elle manquera largement cet objectif. Un Africain sur cinq vivra sans doute encore dans la pauvreté absolue en 2030 si l’Afrique n’entreprend pas la transformation économique générée par l’agriculture que nous décrivons dans ce rapport (Encadré 2).
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MALGRÉ LES PROGRÈS...
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
29 % 3
PAYS D’AFRIQUE ONT CONNU UNE CROISSANCE MOYENNE DE LEUR PIB PAR HABITANT INFÉRIEURE À
13%
ENTRE 2000 ET 2012
1,6%
PART DE L’AFRIQUE DANS LE PIB MONDIAL
PART DE L’AFRIQUE DANS LA POPULATION MONDIALE
223 millions
33
%
22%
173
millions 2010
2010-3
1990-2
PART DE L’AFRIQUE DANS LA PAUVRETÉ MONDIALE
NOMBRE DE PERSONNES SOUS-ALIMENTÉES
40
%
50%
30% 1990
DES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS SOUFFRENT D’UN RETARD DE CROISSANCE
2012
PART DE L’AFRIQUE DANS LA MORTALITÉ INFANTILE DANS LE MONDE
NB : Toutes les figures se référent à l’Afrique subsaharienne.
Afrique subsaharienne
50% 39% 1999
Sources : BAD, Portail de données statistiques (Tunis-Belvedère : BAD, 2014). FAO, FIDA et PAM, L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde : Les multiples dimensions de la sécurité alimentaire (Rome : FAO, 2013). IGME, CME Info (New York : UNICEF, 2013). Groupe de la Banque mondiale, PovcalNet (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2013). UNESCO, Enseigner et apprendre : atteindre la qualité pour tous, Rapport mondial de suivi de l’Éducation pour tous (Paris : UNESCO, 2013-2014).
1990
Asie de l’Est et Pacifique
Amérique latine et Caraïbes
42
%
18% 8
%
30%
Asie du Sud et de l’Ouest
2010
PART DE L’AFRIQUE DANS LE NOMBRE D’ENFANTS NON SCOLARISÉS DANS LE MONDE
TAUX D’INSCRIPTION DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
ENCADRÉ 2 LA PAUVRETÉ EN 2030, ET LES CHANCES DE LA « RÉDUIRE À ZÉRO » Étant donné la prévalence et l’ampleur de la pauvreté, quelles sont les chances que l’Afrique parvienne à éradiquer l’extrême pauvreté d’ici 2030 ? Les plus sceptiques pourraient affirmer qu’avec un objectif de « zéro pauvreté », l’échec est inévitable, de même que les objectifs du Millénaire pour le développement ont parfois été considérés comme trop ambitieux29. Cette opinion est erronée. Les gouvernements africains devront faire tout leur possible pour éradiquer la pauvreté d’ici 2030. Il est toutefois indéniable que cela représente un défi considérable. Et si l’Afrique continue à faire comme si de rien n’était, elle sera très loin du compte. Si les défis auxquels l’Afrique est confrontée sont si intimidants, c’est à cause du profil de pauvreté de la région. Observez en Figure 5 la comparaison entre l’Afrique subsaharienne, l’Inde et la Chine. Pour définir l’extrême pauvreté, on utilise généralement la référence d’un revenu inférieur à 1,25 dollar US par jour. En Inde et en Chine, la moitié des personnes en situation d’extrême pauvreté vivent avec un revenu se situant entre 1 dollar et 1,25 dollar US par jour. Ils ne sont donc plus très loin du seuil à franchir pour sortir de l’extrême pauvreté. En Afrique, en revanche, seule une personne pauvre sur cinq se trouve dans cette situation. En moyenne, une personne pauvre en Afrique vit avec seulement 70 cents. Ces dix dernières années, les revenus par habitant ont augmenté d’environ 3 % par an en Afrique. Si la croissance de la consommation se maintenait à ce niveau pendant les 15 prochaines années, les Africains qui vivent aujourd’hui avec 70 cents par jour verraient leurs revenus atteindre 1,26 dollar US par jour en 2030, ce qui leur permettrait tout juste de sortir de la pauvreté. Malheureusement, ce calcul sous-estime le problème sur trois points. Premièrement, même si l’on peut raisonnablement espérer que le taux de croissance par habitant se maintiendra à 3 % par an, compte tenu de la croissance moyenne de ces dix dernières années, cette moyenne masque un certain nombre de disparités selon les pays, comme nous l’avons vu plus haut. Deuxièmement, près de la moitié des personnes pauvres d’Afrique (soit 200 millions de personnes) vivent avec moins de 70 cents par jour, et une croissance de 3 % ne suffira donc pas à leur faire franchir le seuil de 1,25 dollar US d’ici 2030. Troisièmement, même si les revenus moyens augmentent de 3 %, il n’y a aucune garantie que la consommation des personnes pauvres augmentera de manière équivalente. Si la hausse des revenus concerne principalement les personnes non pauvres, cela ralentira la progression vers le seuil de pauvreté. Certaines extrapolations réalisées par les chercheurs de la Brookings Institution à la demande de l’Africa Progress Panel proposent un scénario plausible pour 2030 si les tendances actuelles se poursuivent. D’après ce scénario, si le revenu moyen par habitant continue à augmenter de 3 % par an, environ 266 millions de personnes (soit près d’un quart de la population africaine) vivront encore dans l’extrême pauvreté en 2030 (Figure 6). Cela représenterait 80 % de l’extrême pauvreté à l’échelle mondiale. Quant aux personnes qui resteraient en dessous du seuil de 1,25 dollar US par jour, elles pourraient être réparties en trois grands groupes en fonction de l’écart initial par rapport au seuil de pauvreté et de la vitesse de progression de leurs économies: Seuil de pauvreté accessible, mais dans des économies à faible croissance 30 : en 2030, environ 34,1 millions des pauvres vivront avec un revenu raisonnablement proche du seuil de pauvreté de 1,25 dollar US par jour, mais dans des économies ayant une croissance trop lente pour leur permettre de franchir ce seuil. Seuil de pauvreté inaccessible dans des économies à forte croissance 31 : le deuxième groupe, qui compte environ 133 millions de personnes, vit dans des économies à forte croissance, mais leur revenu initial est trop éloigné du seuil de pauvreté pour qu’ils puissent espérer le franchir d’ici 2030. Seuil de pauvreté inaccessible dans des économies à faible croissance 32 : environ 98,8 millions de personnes se situent dans ce groupe caractérisé par un double fardeau, à savoir une très grande pauvreté et une croissance limitée. Même si l’un des deux fardeaux s’allégeait (l’écart par rapport au seuil de pauvreté ou leur faible croissance), cela ne leur permettrait sans doute pas de sortir de la pauvreté. Ce scénario de référence ne représente qu’une possibilité parmi une infinité de scénarios envisageables. Les chances de l’Afrique de réduire la pauvreté seront déterminées par les politiques adoptées par les gouvernements, et non par les tendances observées par le passé.
38
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Les chercheurs ont envisagé deux autres scénarios, afin de rendre compte de l’étendue des possibilités33. Le premier scénario prévoit une croissance plus importante (en augmentant la croissance du revenu moyen par habitant de 2 points par an) et une réduction des inégalités (en augmentant la part de la consommation profitant aux 40 % les plus pauvres de 0,25 % du PIB par an). Le deuxième scénario prévoit au contraire une croissance plus faible (en diminuant la croissance du revenu moyen de 2 points) et une hausse des inégalités (en attribuant cette fois les 0,25 % du PIB aux 10 % les plus riches. Ces scénarios laissent entrevoir des avenirs complètement différents pour les populations pauvres de l’Afrique et pour les efforts mondiaux visant à éradiquer l’extrême pauvreté. Dans le scénario le plus favorable, la pauvreté n’est pas éradiquée mais est réduite de plus de moitié par rapport au scénario de référence, ce qui permettrait à 163 millions de personnes supplémentaires de sortir de la pauvreté. À l’inverse, avec le scénario d’une croissance plus faible et d’une hausse des inégalités, plus d’un tiers des Africains resteraient en dessous du seuil de pauvreté. La différence entre ces deux scénarios correspond à 383 millions de personnes. Derrière ces statistiques, d’importantes questions sociales et économiques sont en jeu. Une croissance plus soutenue et une répartition plus équitable permettraient de relever le grand défi humanitaire que représente l’éradication de la pauvreté. Cela instaurerait également un cercle vertueux, car la réduction de la pauvreté permettrait aux citoyens de réaliser leur potentiel et de contribuer à une croissance plus dynamique et plus inclusive. On oublie parfois que la pauvreté, en dehors de ses conséquences sur le plan humain, constitue un frein au développement des marchés, des possibilités d’investissement et du capital humain, pourtant essentiel pour assurer une prospérité partagée. La conclusion qui s’impose, c’est que les gouvernements soucieux de favoriser la croissance devraient d’abord se soucier de l’équité et des modèles de répartition. L’Afrique pourrait-elle éradiquer la pauvreté uniquement grâce à la croissance ? À l’heure actuelle, cela ne semble pas plausible. Si l’on se fonde sur le scénario de référence de Brookings sans modifier la répartition, pour parvenir à un niveau de pauvreté de 3 % d’ici 2030, il faudrait que le revenu par habitant augmente d’environ 7,5 % par an. Avec une aggravation régulière des inégalités en matière de répartition, semblable à celle du précédent scénario, il faudrait que le revenu par habitant augmente de 11 % par an ; même la Chine n’a pas réalisé de telles performances. [v] The scenarios are based on the expected growth in private consumption in each economy, not the expected growth of each economy (GDP).
FIGURE 5 LA PLUPART DES PERSONNES PAUVRES D’AFRIQUE SONT BIEN LOIN DU SEUIL DE 1,25 DOLLAR US PAR JOUR : FONCTIONS DE DENSITÉ POUR L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE, L’INDE ET LA CHINE, 2010 $ 1,25
Nombre de personnes (en millions)
30
$ 2,50
20
10
Chine Inde Afrique subsaharienne
0 0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Consommation journalière moyenne (en dollars US PPA)
Source : Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
FIGURE 6 PERSPECTIVES DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ : TROIS SCÉNARIOS DE CROISSANCE ET DE RÉPARTITION D’ICI 2030 70
Taux de pauvreté (en %)
60 50 40
36 % 30 20
20 %
10
8% 0
1981
1988
1995
2002
2009
2016
2023
2030
Faible croissance et augmentation des inégalités Prévisions de référence Plus forte croissance et réduction des inégalités 10 millions de personnes
Faible croissance et augmentation des inégalités 36 %
Prévisions de référence 20 %
Plus forte croissance et réduction des inégalités 8 %
= 486 millions de personnes
= 266 millions de personnes
= 103 millions de personnes
Source : Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel.
Pourquoi les schémas de croissance actuels ne réduisent-ils pas la pauvreté ? À elle seule, une croissance plus rapide ne permettra pas à l’Afrique de réduire suffisamment la pauvreté. En moyenne, un point de croissance en Afrique réduit la pauvreté de 0,69 %. C’est trois fois moins que la moyenne mondiale34. Autrement dit, la croissance africaine devrait être trois fois plus rapide qu’ailleurs pour obtenir les mêmes résultats en matière de réduction de la pauvreté. Il est indispensable de modifier ce ratio, sinon l’Afrique n’aura pas la moindre chance d’éradiquer la pauvreté d’ici 2030. Ce chapitre porte sur les trois facteurs qui empêchent la croissance de réduire la pauvreté. Le premier facteur, c’est l’ampleur de la pauvreté : en Afrique, il faut davantage de croissance pour permettre à une personne pauvre de franchir le seuil de pauvreté. Deuxièmement, les inégalités de départ sont très importantes, ce qui diminue l’influence de la croissance sur la réduction de la pauvreté. Troisièmement, la majeure partie de la croissance africaine s’est concentrée sur des secteurs (notamment les secteurs minier et pétrolier) qui génèrent peu de retombées dans les zones rurales où vivent la majorité des personnes pauvres d’Afrique. Le meilleur moyen d’améliorer leurs perspectives serait donc une croissance inclusive dans le secteur de l’agriculture. 40
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Dans le dernier chapitre de cette première partie, nous verrons comment la protection sociale peut contribuer à réduire la pauvreté. Une conception intelligente des programmes de protection sociale et un élargissement des interventions d’aide sociale auraient de nombreux avantages. Cela pourrait aider les ménages vulnérables à faire face aux chocs, favoriser la santé et l’éducation, et contribuer directement à la croissance. En se servant de la croissance économique et des revenus issus des ressources naturelles pour financer des investissements en faveur de la protection sociale, on pourrait obtenir de très bons résultats sur le plan social et économique. Toutefois, rares sont les gouvernements africains à avoir saisi cette opportunité. 1. L’ampleur de la pauvreté en Afrique Avant d’examiner l’évolution de la pauvreté en Afrique, une mise en garde importante s’impose. Le périmètre et la qualité des données disponibles sont insuffisants. Ces données permettent au mieux une représentation floue et spéculative de tendances sous-jacentes, mais elles ne donnent pas aux décideurs les informations dont ils auraient besoin pour élaborer des politiques de lutte contre la pauvreté. Aucune autre région ne souffre d’une telle insuffisance de données à l’exception du Moyen-Orient, où la pauvreté est moins grave et moins généralisée. Ce problème s’explique par de nombreux facteurs, notamment des capacités techniques limitées, un manque de financement, ainsi qu’une mauvaise coordination et une gestion des données inadéquate. Bien que l’on ait beaucoup parlé de l’importance des nouvelles technologies pour entreprendre des « révolutions des données », l’Africa Progress Panel invite plutôt les gouvernements et les donateurs à répondre en priorité aux besoins fondamentaux (Encadré 3).
ENCADRÉ 3 COMBLER LES LACUNES DES DONNÉES SUR LA PAUVRETÉ Pour qualifier l’état des données africaines relatives à la pauvreté, l’ancien économiste en chef pour l’Afrique du Groupe de la Banque mondiale parlait de la « tragédie statistique de l’Afrique »35. Cette tragédie touche à la fois les enquêtes auprès des ménages, les comptes de revenu national et les recensements de la population. Pour mesurer la pauvreté, l’outil le plus performant est l’enquête auprès des ménages. Sur les 49 pays d’Afrique subsaharienne, 43 publient des données issues d’enquêtes sur le revenu ou sur la consommation. Toutefois, seuls 28 d’entre eux disposent des résultats d’enquêtes de ces huit dernières années, et seuls 14 ont fait l’objet d’une enquête postérieure à 2008 répertoriée sur le site Povcalnet du Groupe de la Banque mondiale. Une grande partie des enquêtes disponibles présentent des défauts de conception et de mise en œuvre qui diminuent leur valeur. Ce manque de données est problématique. Selon les estimations actuelles, 413 millions de personnes vivraient avec moins de 1,25 dollar US par jour en Afrique subsaharienne. Cependant, cette estimation provient pour un bon quart d’une extrapolation réalisée à partir d’enquêtes datant de 2005, voire plus anciennes36. Même si un bon nombre de ces problèmes peuvent sembler techniques, les gouvernements, les donateurs et la société civile doivent de toute urgence combler les lacunes des données en Afrique. Des efforts considérables ont été déployés pour définir les objectifs de développement pour l’après-2015. Cependant, en l’absence de systèmes de données permettant de suivre les progrès accomplis, il est difficile de déterminer la signification de ces objectifs. La Banque africaine de développement (BAD), la Commission Économique pour l’Afrique (CEA) et d’autres organismes devraient chercher à établir un agenda commun dans ce domaine. Les dirigeants et les décideurs africains ont bien conscience des difficultés que représenterait un renforcement de la collecte et de la diffusion des données. En 2012, le Partenariat statistique au service du développement au XXIe siècle (PARIS21) a aidé plusieurs pays d’Afrique37 à élaborer ou à mettre en œuvre une stratégie nationale visant à améliorer leurs statistiques38. D’importantes initiatives régionales sont également en cours, notamment l’initiative « Autoroute de l’information en Afrique » de la BAD, qui vise à devenir le premier guichet unique africain dédié aux données sur le développement. Dans le cadre de cette initiative, des systèmes de données utilisant des plateformes informatiques communes ont été installés dans chacun des 54 pays d’Afrique, ainsi que dans 16 organisations africaines régionales et infrarégionales39.
41
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Malgré ces problèmes de données, il est évident que l’Afrique reste en première ligne de la guerre internationale contre l’extrême pauvreté. Le pourcentage d’Africains vivant dans l’extrême pauvreté a diminué de 10 points depuis 1999, mais leur nombre absolu a augmenté en raison de la croissance démographique. Près de la moitié de la population d’Afrique subsaharienne (soit 413 millions de personnes) vit en dessous du seuil de l’extrême pauvreté, fixé à 1,25 dollar US par jour. En matière de pauvreté, l’Afrique prend de plus en plus de retard sur les autres régions (Figure 7). Les niveaux de pauvreté ont chuté beaucoup plus rapidement en Asie de l’Est et en Asie du Sud ; par conséquent, la représentation de l’Afrique dans la pauvreté mondiale est passée d’un cinquième à un tiers au cours des dix dernières années. Si les tendances actuelles se poursuivent, l’Afrique comptera 80 % des personnes en situation d’extrême pauvreté à l’échelle mondiale d’ici 2030. Par ailleurs, de nombreux Africains vivent dans la précarité, c’est-à-dire juste au-dessus du seuil de pauvreté international. Environ 250 millions de personnes vivent avec un revenu se situant entre 1,25 dollar US et 2,50 dollars US par jour : pour la plupart, il suffirait qu’ils tombent malades ou qu’ils soient confrontés à un épisode de sécheresse pour retomber dans l’extrême pauvreté. De plus, les personnes pauvres d’Afrique sont plus éloignées du seuil de pauvreté que les personnes pauvres d’autres régions, et l’écart continue à se creuser (Figure 8). La consommation moyenne de ceux qui se situent en dessous du seuil de pauvreté n’est que de 70 cents par jour : c’est bien moins que dans d’autres régions. À ce niveau-là, la vie quotidienne consiste à lutter pour survivre.
FIGURE 7 LA PAUVRETÉ EN AFRIQUE DIMINUE À PRÉSENT, MAIS PLUS LENTEMENT QUE DANS D’AUTRES RÉGIONS (EN %)
Taux d’incidence de la pauvreté
0,9
0,6
0,3
Afrique subsaharienne Asie du Sud Asie de l’Est et Pacifique Amérique latine et Caraïbes Moyen-Orient et Afrique du Nord Europe et Asie centrale
0 1981
1990
1999
2010
Source : Groupe de la Banque mondiale, PovcalNet (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2013).
42
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
FIGURE 8 LES PERSONNES PAUVRES D’AFRIQUE SONT TRÈS PAUVRES, ET SONT DE PLUS EN PLUS LAISSÉES POUR COMPTE : CONSOMMATIONS JOURNALIÈRES MOYENNES (EN CENTS US) EN DESSOUS DU SEUIL DE PAUVRETÉ DANS UNE SÉLECTION DE PAYS ET DE RÉGIONS POUR LA PÉRIODE 1981-2010
Consommation journalière moyenne (en cents US)
140
120
100
Inde Pays en développement en dehors de l’Afrique subsaharienne
80
Chine Afrique subsaharienne 60
1981
1984
1987
1990
1993
1996
1999
2002
2005
2008
2010
Seuil de pauvreté
Source : Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel.
La pauvreté de consommation, sur laquelle porte principalement ce chapitre, n’est que l’un des aspects du développement humain. L’Afrique héberge également une part grandissante de l’extrême dénuement à l’échelle mondiale dans d’autres domaines, notamment l’éducation, la survie des enfants et la nutrition. La pauvreté de consommation se combine à des situations défavorables plus générales, et d’autres facteurs (comme le sexe, la situation géographique et l’appartenance ethnique) entrent également en jeu. Une analyse de la pauvreté multidimensionnelle en Afrique a identifié le clivage ville/campagne comme l’une des principales lignes de fracture sociale, les femmes et les filles des zones rurales étant généralement les plus défavorisées40. Au-delà de cet aperçu de la pauvreté à l’échelle régionale, il existe des disparités importantes d’un pays à l’autre (Figure 9). Quatre pays concentrent à eux seuls près de la moitié des populations pauvres de l’Afrique : l’Éthiopie, le Nigéria, la République démocratique du Congo et la Tanzanie. Les progrès généraux du continent en matière de réduction de la pauvreté dépendront donc des progrès accomplis dans ces pays. Le « taux de pauvreté africain » est en effet une moyenne, qui cache également de très grandes différences de taux de pauvreté et de niveaux de consommation entre les personnes pauvres (Figures 10 et 11). La proportion de la population vivant dans la pauvreté est supérieure à 60 % dans 11 pays, y compris des pays à forte croissance comme le Mozambique, la Tanzanie et la Zambie. L’ampleur présumée de la pauvreté est également variable. Le revenu moyen par habitant d’un pays n’est pas un très bon indicateur de la gravité de la pauvreté. Bien que le revenu moyen au Ghana soit bien plus élevé qu’au Mali, les personnes pauvres ont en moyenne un niveau de consommation similaire dans les deux pays. Une personne pauvre en Angola consomme en moyenne moins qu’une personne pauvre en Éthiopie, alors que l’Angola est un pays à revenu intermédiaire. Bien que de telles comparaisons exigent une certaine prudence en raison des incertitudes liées aux données, elles montrent que les inégalités de revenus définissent l’incidence et l’ampleur de la pauvreté.
43
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
FIGURE 9 CARTOGRAPHIE DE LA PAUVRETÉ EN AFRIQUE : ESTIMATION DU NOMBRE DE PERSONNES PAUVRES PAR PAYS (EN MILLIONS), 2010 Libéria
3,3
Gabon 0,01 Cap-Vert 0,04 Tchad 5,2
Cameroun
1,8
Togo
1,8 Rép. dém. du Congo 56,1
0,7
Mozambique 14,3
Guinée-Bissau
Mali 7,8
0,7
Mauritanie
Madagascar 16,8
Zambie 9,6
Sénégal 3,8
Namibie Bénin 3,9
0,8
2,7
République centrafricaine
Kenya 16,2
Soudan 8,3
Malawi 9,6
Nigéria 107,7 Burkina Faso 7,3 Éthiopie 25,4 Niger 6,8
Congo
Burundi 6,7
2
Rwanda 6,7
Côte d’Ivoire 4,5
Ghana 5,4 Sierra Leone
3
0,5
0,4
Guinée 3,8
0,5
Lesotho
Gambie
Seychelles 0,0002 Afrique du Sud 6,9
Source : Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel.
44
Comores Sao Tomé-et-Principe 0,03
0,8
Swaziland
Botswana 0,3
Ouganda 11,4
Tanzanie 28
Angola 8,3
Seychelles
Gabon
Cap-Vert
Cameroun
Botswana
Afrique du Sud
Soudan
Sao Tomé-et-Principe
Ghana
Côte d’Ivoire
Mauritanie
Namibie
Togo
Gambie
Sénégal
Éthiopie
Ouganda
Libéria
Cameroun
Afrique du Sud
Cap-Vert
Gabon
Sao Tomé-et-Principe
Botswana
Éthiopie
Namibie
Soudan
Niger
Mauritanie
Togo
Ouganda
Sénégal
Côte d’Ivoire
Seychelles
Bénin
Sierra Leone
Mali
Ghana
Guinée
Burkina Faso
Gambie
Guinée-Bissau
Tchad
Kenya
Angola
Tanzanie
Swaziland
Congo
Rwanda
Mozambique
Burundi
Malawi
Comores
Lesotho
CONSOMMATION JOURNALIÈRE MOYENNE : 65 CENTS US
Lesotho
Guinée
Kenya
Swaziland
Niger
Angola
Bénin
Burkina Faso
Tchad
Guinée-Bissau
Comores
Congo
Mali
Sierra Leone
Mozambique
République centrafricaine
Tanzanie
Rwanda
Malawi
République centrafricaine
Nigéria
Madagascar
Zambie
Rép. dém. du Congo
Consommation journalière moyenne (en dollars US PPA) 1,0
Nigéria
Zambie
Burundi
Madagascar
Libéria
Rép. dém. du Congo
Taux d’incidence de la pauvreté
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
FIGURE 10 LA CONSOMMATION JOURNALIÈRE MOYENNE DES PERSONNES PAUVRES VARIE : CONSOMMATION JOURNALIÈRE MOYENNE DES PERSONNES PAUVRES (EN DOLLARS US PPA), 2010 1,2
CONSOMMATION JOURNALIÈRE MOYENNE : 85 CENTS US
0,8
0,6
0,4
0,2
0
Source : Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel.
FIGURE 11 LA PAUVRETÉ VARIE D’UN PAYS À UN AUTRE : ESTIMATION DES TAUX DE PAUVRETÉ (EN %), 2010
100
80
60
40
20
0
Source : Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel.
45
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
2. Des inégalités qui restent importantes En Afrique, le niveau des inégalités est très élevé par rapport au reste du monde. Le coefficient de Gini, un indicateur d’inégalité couramment utilisé allant de 0 (égalité parfaite) à 1 (inégalité totale), est de 0,45 en Afrique (en deuxième position derrière l’Amérique latine)41. Compte tenu des importantes inégalités initiales et de l’écart moyen qui sépare une personne pauvre du seuil de pauvreté, on comprend pourquoi la croissance africaine n’a permis de réduire que très modérément la pauvreté42. Le triangle croissance-pauvreté-inégalités présente également un autre aspect, qui a été négligé en Afrique. Des inégalités initiales importantes ralentissent le rythme de réduction de la pauvreté, mais elles risquent également d’affaiblir la croissance. L’argument selon lequel une répartition plus équitable nuirait à la croissance prend de toute évidence le problème à l’envers : au contraire, les inégalités peuvent freiner la croissance. D’après des recherches récentes basées sur des données comparatives entre divers pays (publiées dans notre Rapport 2013 sur les progrès en Afrique, intitulé Équité et industries extractives en Afrique : pour une gestion au service de tous, et par le Fonds monétaire international), la croissance est généralement plus rapide et plus durable dans les pays où les inégalités sont moins marquées. Ainsi, si l’on additionne les conséquences directes et indirectes de la redistribution, notamment les conséquences de la réduction des inégalités sur la croissance, elles sont en moyenne favorables à la croissance, et également favorables aux pauvres43. Les résultats obtenus grâce à la redistribution sont toutefois limités lorsque les revenus globaux sont si faibles44. Les politiques africaines devraient viser à obtenir une croissance accompagnée d’une redistribution. Autrement dit, elles devraient veiller à ce que les pauvres bénéficient des augmentations de la croissance dans une plus grande proportion qu’à l’heure actuelle. Cette mission difficile met en lumière la composition de la croissance et la nécessité d’augmenter la productivité agricole. Les inégalités sont-elles en hausse en Afrique ? Il semblerait que les inégalités augmentent et diminuent dans un nombre à peu près équivalent de pays. L’opinion des citoyens témoigne cependant d’une tout autre réalité. Dans sept des huit pays d’Afrique concernés par l’enquête du Pew Research Center réalisée en 2013, au moins 70 % des personnes interrogées ont qualifié les inégalités de « très » problématiques C’est plus que dans n’importe quelle autre région. Dans de nombreux pays, la réduction de la pauvreté par la croissance est de toute évidence ralentie par des schémas de croissance inéquitables. À ce titre, la comparaison entre le Malawi et le Mali est très instructive. Ces deux pays ont connu une réduction de la pauvreté au cours des dix dernières années. Au Malawi, cela a coïncidé avec un accroissement des inégalités de revenus. Au Mali, c’est l’inverse qui s’est produit : la consommation a augmenté plus rapidement chez les populations pauvres que chez les non pauvres. Si le Malawi avait atteint le même niveau de croissance sans hausse des inégalités, la pauvreté aurait diminué encore davantage, baissant de 14 points au lieu de 12. Au Mali, une croissance plus équitable a accentué la baisse de la pauvreté de 6 à 11 points. Les pays où la croissance est parvenue à réduire la pauvreté constituent des contre-exemples révélateurs. L’Éthiopie en fait partie : elle a diminué de moitié le taux de pauvreté national entre 1995 et 2011, qui est passé de 60 % à 30 %. Cette réduction a été possible grâce à une croissance économique généralisée, à laquelle l’agriculture a fortement contribué, à une augmentation et une répartition plus équitable des dépenses publiques, et au développement d’un secteur manufacturier nécessitant une main-d’œuvre importante.
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Les politiques africaines devraient viser à obtenir une croissance accompagnée d’une redistribution. Autrement dit, elles devraient veiller à ce que les pauvres bénéficient des augmentations de la croissance dans une plus grande proportion qu’à l’heure actuelle. Cette mission difficile met en lumière la composition de la croissance et la nécessité d’augmenter la productivité agricole.
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Voyons maintenant l’exemple du Rwanda45. Entre 2000 et 2005, le pays a connu une forte croissance (avec une augmentation du revenu par habitant de 2 % par an) qui ne s’est pas traduite par une réduction de la pauvreté aussi impressionnante46. En effet, la hausse des inégalités a diminué l’influence de la croissance sur la réduction de la pauvreté. Si les inégalités s’étaient maintenues à un niveau stable, la pauvreté aurait diminué de plus de 5 points au lieu des 2 points enregistrés. Au cours des cinq années suivantes (2006-2011), la consommation des ménages au Rwanda a augmenté de 3 % par an, mais l’incidence de la pauvreté a diminué de 12 points. L’augmentation de la consommation des ménages a contribué pour 8,5 points à cette réduction, et la baisse des inégalités a permis une réduction de 3,5 points supplémentaires. La réussite de l’Éthiopie et du Rwanda peut être attribuée en grande partie au rôle de l’agriculture, dont nous étudierons l’impact sur la pauvreté dans le prochain chapitre. Au Rwanda, la réduction de la pauvreté et la redistribution ont été renforcées par une augmentation spectaculaire des rendements de céréales (de l’ordre de 73 %) et des racines et tubercules (52 %) entre 2006 et 201147. 3. On a négligé l’importance de l’agriculture L’agriculture constitue le pilier de la plupart des économies africaines. En Afrique, l’immense majorité des pauvres vivent et travaillent dans des zones rurales ; ce sont pour la plupart de petits exploitants agricoles. En libérant le potentiel productif de l’agriculture, on permettrait aux agriculteurs africains de contribuer davantage à la croissance et de participer aux bénéfices de façon plus équitable. De nombreux pays d’Asie ayant un bilan satisfaisant en matière de réduction de la pauvreté ont commencé par augmenter leur productivité agricole, notamment le Bangladesh, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam. Les exemples de l’Éthiopie et du Rwanda mentionnés plus haut montrent bien que l’Afrique a le potentiel nécessaire pour suivre ces exemples, mais que ce potentiel n’a pas encore été réalisé. Si l’objectif principal de la croissance est d’améliorer des vies et d’éradiquer la pauvreté, alors la croissance du secteur agricole constitue un instrument extrêmement efficace. L’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) a constaté qu’en moyenne, la croissance du secteur agricole permettait de réduire la pauvreté environ deux fois plus vite que la croissance dans d’autres secteurs. Cette relation n’est toutefois pas systématique. La Zambie a enregistré une augmentation spectaculaire des rendements de maïs entre 2006 et 2011, or son niveau de pauvreté a stagné. Cette contradiction s’explique par de profondes inégalités et par les politiques du gouvernement. En Zambie, les gains de productivité se sont concentrés sur de grandes fermes commerciales, en grande partie en raison des subventions aux engrais attribuées à grande échelle. Ainsi, les fermes de moins d’un hectare n’ont reçu en moyenne que 7 % des subventions au maïs accordées aux fermes de 10 à 20 hectares48. Comme en témoigne l’exemple de la Zambie, certains types de croissance agricole sont plus efficaces que d’autres pour réduire la pauvreté. La solution pourrait être, comme au Rwanda, d’augmenter la productivité des cultures vivrières de base. Bien que les cultures d’exportation aient généralement une valeur plus élevée, les cultures vivrières de base sont plus efficaces pour ouvrir les perspectives de croissance à l’ensemble du pays et réduire la pauvreté, car elles jouent un plus grand rôle dans les économies nationales et sont essentielles à la survie des populations pauvres. On pourrait tout à fait remplacer les produits alimentaires importés par des aliments de base produits en Afrique. Ce serait un moyen prometteur de parvenir à une croissance susceptible de réduire la pauvreté. Nous reviendrons à cette question dans la deuxième partie.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Les programmes de protection sociale ont un rôle essentiel à jouer Se recentrer sur l’agriculture permettrait à la croissance de réduire la pauvreté, mais les programmes de protection sociale pourraient également jouer un rôle décisif à cet égard, notamment les transferts de fonds, les programmes de travaux publics et les divers « filets de protection » destinés aux personnes pauvres et vulnérables49. En Amérique latine, la protection sociale a constitué un élément essentiel de stratégies plus globales visant à renverser une tendance bien ancrée de croissance inéquitable. Au cours des dix dernières années, le Brésil a conjugué une forte croissance économique à une réduction de la pauvreté chronique et à une amélioration de l’égalité. Le programme Bolsa Família, qui assure environ 0,4 % du PIB grâce à des transferts de fonds conditionnels, est à l’origine d’environ un cinquième de la réduction des inégalités et d’une proportion similaire du recul des formes de pauvreté les plus graves50. L’Afrique ne peut pas reproduire cette expérience pour de nombreuses raisons : les revenus moyens sont bien inférieurs, les possibilités de redistribution budgétaire sont plus limitées, et la plupart des pays n’ont pas les capacités institutionnelles nécessaires pour concevoir et mettre en place des systèmes efficaces, ou du moins aussi sophistiqués que le programme Bolsa Família. Il y a néanmoins des enseignements à en tirer, et des faiblesses structurelles à corriger. L’Afrique subsaharienne a mis en place divers dispositifs de protection sociale. Une étude réalisée en 2012 a recensé 123 programmes de transferts de fonds51. Une autre fait état de plus de 500 programmes de travaux publics, un chiffre qui augmenterait considérablement si on tenait compte des transferts en nature52. Parmi ces programmes, plusieurs sont relativement importants53. En Éthiopie, le Productive Safety Net Programme (PSNP) profite à 8 millions de bénéficiaires dans environ 1,5 million de foyers, à qui il fournit un appui financier et une aide alimentaire en réalisant des travaux publics dans les zones touchées par la sécheresse. Le Ghana et le Rwanda subventionnent l’assurance maladie pour les ménages pauvres. Le Kenya, le Mozambique et la Tanzanie viennent en aide aux populations vulnérables, notamment aux orphelins, aux veuves et aux personnes âgées. Le Sénégal gère deux programmes de transferts de fonds conditionnels (un pour les orphelins et un pour les personnes âgées), et le Nigéria en gère un en faveur de l’éducation des filles. De nombreux pays disposent de programmes visant à assurer la distribution d’une aide alimentaire d’urgence en cas d’épisodes d’insécurité alimentaire. Le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont ainsi mis en place des banques céréalières qui vendent des aliments de base à des prix subventionnés. Le Kenya a mis au point un vaste ensemble de programmes de sécurité alimentaire à destination des zones arides et semiarides. Malgré leur importance et leur étendue, les programmes de protection sociale africains souffrent de plusieurs faiblesses systémiques, notamment une insuffisance de fonds chronique. En moyenne, les gouvernements consacrent 2 % de leur PIB à la protection sociale ; c’est moins de la moitié de la moyenne mondiale. Il s’agit par ailleurs d’une moyenne qui tient compte des pourcentages très élevés déclarés par certains pays, notamment l’Afrique du Sud. En réalité, la plupart des pays y consacrent moins de 1 % de leur PIB. Ce faible niveau de dépenses se traduit par une couverture limitée. L’Afrique, qui a les besoins les plus importants au monde en matière de protection sociale, est de loin la région la moins bien couverte. Selon le Groupe de la Banque mondiale, les Africains ne seraient que 20 % environ à bénéficier d’une certaine protection sociale. De plus, les services assurés sont généralement d’un niveau et d’une durée limités. Au Nigéria, un pays qui affiche un taux de pauvreté de 54 % et une croissance économique soutenue, le principal programme de transfert de fonds visant à lutter contre la pauvreté, In Care of the People (COPE), bénéficie à environ 22 000 ménages, c’est-à-dire moins de 0,05 % des ménages pauvres du pays54.
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Les programmes de protection sociale africains souffrent d’une insuffisance de fonds chronique. En moyenne, les gouvernements consacrent 2 % de leur PIB à la protection sociale ; c’est moins de la moitié de la moyenne mondiale.
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La fragmentation constitue un problème supplémentaire. En Afrique, les systèmes de protection sociale ont généralement été mis en place de façon ponctuelle, pour répondre à des urgences particulières ou aux besoins de populations ou de régions déterminées. Très souvent, il s’agit de petits projets pilotes financés par des donateurs ou d’initiatives menées indépendamment les unes des autres. On a par conséquent un ensemble disparate de dispositions qui font parfois double emploi, caractérisées par un manque de coordination, un ciblage incohérent et une mauvaise gouvernance. Cela contribue à expliquer pourquoi certaines tentatives visant à élargir rapidement la protection sociale ont eu des effets indésirables. Entre 2007 et 2008, le Sénégal a instauré plusieurs mesures visant à réduire les prix des denrées alimentaires et du pétrole à l’aide de réductions de la taxe sur la valeur ajoutée, d’exonérations fiscales et de subventions générales à la consommation. Cela lui a coûté environ 4,5 % de son PIB, mais à cause d’un mauvais ciblage, plus de la moitié des bénéfices ont profité à des ménages se situant dans la tranche des 40 % les plus riches55. Les réformes renforcent les systèmes de protection sociale Il y a des signes encourageants de réformes politiques en matière de protection sociale. En 2008, les membres de l’Union africaine ont adopté le Cadre de politique sociale pour l’Afrique, qui encourage les États membres à étendre leur couverture sociale et à assurer un ensemble minimum de services à partir duquel ils élargiront la protection sociale une fois que les conditions budgétaires le permettront. Plusieurs pays ont adopté une législation qui définit dans les grandes lignes d’importants programmes de protection sociale, et au moins un tiers des pays d’Afrique ont élaboré une stratégie de protection sociale56. La Stratégie nationale pour la sécurité sociale de base adoptée par le Mozambique en 2011 prévoit ainsi la création d’un socle de protection sociale pour les ménages extrêmement pauvres. Au Kenya, la politique de protection sociale préconise la mise en place d’un registre universel de l’ensemble des bénéficiaires, afin d’éviter les doublons dans les systèmes d’information. En 2009, le gouvernement tanzanien a lancé à titre expérimental un programme de transferts de fonds conditionnels, le Fonds tanzanien d’action sociale, qui s’inspire largement du PSNP éthiopien. Ce programme a accordé des subventions en espèces d’un montant moyen de 2,50 dollars US par semaine à 20 000 foyers ruraux vulnérables, leur permettant d’acheter de la nourriture en plus grande quantité et de meilleure qualité et de payer les frais de scolarité de leurs enfants. Avec le soutien du Groupe de la Banque mondiale, le gouvernement se prépare désormais à étendre ce programme à l’ensemble de son territoire. Il ne faut pas surestimer le rythme de ces évolutions. Même si de nombreux gouvernements progressent dans le bon sens, il y a un écart considérable entre l’ambition affichée et l’octroi de financements. Encore aujourd’hui, le Kenya et la Tanzanie consacrent moins de 0,3 % de leur PIB à la protection sociale. Ce n’est pas suffisant pour faire réellement changer les choses en matière de pauvreté.
Encore aujourd’hui, le Kenya et la Tanzanie consacrent moins de 0,3 % de leur PIB à la protection sociale. Ce n’est pas suffisant pour faire réellement changer les choses en matière de pauvreté.
La protection sociale favorise une croissance inclusive Ce n’est pas un hasard si deux des pays qui s’en sortent le mieux sur le plan de la réduction de la pauvreté, à savoir l’Éthiopie et le Rwanda, ont tous deux mis en place des systèmes de protection sociale extrêmement efficaces. Selon le gouvernement rwandais, le programme de travaux publics et de transferts de fonds Vision 2020 Umurenge constitue un facteur essentiel des performances du pays en matière de réduction de la pauvreté57. Il est de plus en plus évident que la protection sociale suscite une croissance inclusive. On distingue quatre mécanismes permettant d’aider la petite agriculture, qui constitue selon nous le meilleur moyen de parvenir à une croissance susceptible de réduire la pauvreté:
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Favoriser l’investissement grâce à l’assurance : les agriculteurs africains sont soumis à des risques importants contre lesquels ils ne sont pas assurés. Sans la protection d’une assurance, ils hésitent parfois à investir en faveur de nouvelles technologies, de nouvelles semences et de nouveaux marchés, des créneaux aux rendements potentiellement plus élevés, mais qui sont également plus risqués. Les dispositifs de protection sociale atténuent ces risques et permettent aux agriculteurs de réaliser des investissements susceptibles d’augmenter leur productivité58. En Éthiopie, on a constaté que les agriculteurs bénéficiaires d’un programme de logement et du PSNP avaient sensiblement augmenté leurs rendements de maïs59. Protéger et se constituer des avoirs de production : dans certaines situations d’urgence (sécheresse, inondations ou précipitations tardives par exemple), les ménages pauvres sont parfois obligés de recourir à des stratégies d’adaptation qui aggravent la pauvreté à long terme. En vendant leurs biens, notamment, les ménages peuvent se retrouver piégés dans un cycle de faible productivité. Des programmes de protection sociale bien conçus permettent d’éviter ce type de ventes au rabais. Ainsi, les ménages éthiopiens qui bénéficient du PNSP risquent moins de devoir vendre leur bétail en période de sécheresse60. Les transferts sociaux peuvent également permettre aux ménages d’acquérir les avoirs de production dont ils ont besoin pour améliorer leur productivité. Mais si les programmes sont mal ciblés, les subventions peuvent favoriser les gros producteurs. Protéger et se constituer un capital humain : il n’y a pas que les avoirs de production que l’on sacrifie en période de crise. Les ménages vulnérables sont souvent obligés de réduire les dépenses consacrées à la nutrition et à la santé, ou de déscolariser leurs enfants. Ces stratégies de détresse perpétuent la pauvreté d’une génération à l’autre. Non seulement elles sont néfastes pour les ménages, mais elles diminuent les chances de réduire la pauvreté et ralentissent la croissance économique. Des programmes de protection sociale bien conçus peuvent donner aux ménages les moyens d’éviter de tels choix. En Amérique latine, les programmes de transferts de fonds conditionnels aident les familles, à condition que les parents veillent à ce que leurs enfants soient scolarisés et qu’ils les présentent à des examens de santé et de nutrition. Il est possible d’obtenir des résultats similaires avec des transferts de fonds inconditionnels. Au Malawi, les filles qui bénéficient de transferts de fonds sont moins susceptibles d’abandonner l’école. Provoquer un effet boule de neige : les programmes de protection sociale peuvent avoir des retombées démultipliées. Chaque dollar transféré dans le cadre d’une intervention de protection sociale peut ainsi dynamiser les marchés locaux, stimuler la demande globale et, dans le cas des programmes de travaux publics de construction d’infrastructures, favoriser le développement d’une économie locale plus résiliente et plus productive. Les gouvernements africains ont eux-mêmes déterminé les grands principes qui serviront de base à l’élaboration de systèmes de protection sociale intégrés. Aucun de ces principes n’est facile à traduire en mesure politique. Partout dans le monde, les systèmes de protection sociale sont confrontés à des difficultés de ciblage, de mise en œuvre et de financement. Cependant, aucune de ces difficultés ne justifie de continuer à négliger la protection sociale. Il en va de même pour les arguments relatifs à l’accessibilité économique. L’augmentation des niveaux de croissance et la manne des ressources naturelles sont en train de transformer les finances publiques de toute l’Afrique. Une fiscalité plus efficace et plus équitable pourrait générer d’importantes recettes qui permettraient d’investir en faveur de la protection sociale. Les véritables difficultés sont d’ordre politique et non d’ordre financier. La Banque mondiale estime qu’il serait possible de financer des programmes de protection sociale de grande ampleur en Afrique pour un coût de 1 % à 2 % du PIB61.
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À titre de comparaison, à l’heure actuelle, les gouvernements africains consacrent en moyenne 2,8 % de leur PIB à des subventions à la consommation d’énergie qui profitent majoritairement aux plus riches. Certes, il peut s’avérer délicat de retirer les subventions publiques accordées à des personnes ayant une grande influence politique. Cela nécessite de constituer des alliances et de formuler soigneusement les stratégies de transition. Cependant, si l’Afrique veut tirer parti de la protection sociale et définir un plan d’action en vue d’éradiquer la pauvreté d’ici 2030, les dirigeants politiques devront prendre des décisions, aussi difficiles soient-elles. Comme nous l’avons démontré dans ce chapitre, si l’on continue à faire comme si de rien n’était, un Africain sur cinq vivra encore dans la pauvreté d’ici 2030. Il est possible d’éviter cela. La croissance du secteur agricole est indispensable, car plus efficace pour réduire la pauvreté, et les programmes de protection sociale ont un rôle de soutien essentiel à jouer. Dans la deuxième partie, nous examinerons l’énorme potentiel qui existe en faveur d’une révolution verte et d’une révolution bleue 100 % africaines : une révolution verte qui pourrait susciter une croissance inclusive dans le secteur de l’agriculture, où les petits exploitants joueraient un rôle central ; et une révolution bleue qui permettrait à l’Afrique de tirer profit de ses océans, de ses rivières et de ses lacs. Les programmes de protection sociale pourraient amplifier les conséquences de la croissance du secteur agricole sur la réduction de la pauvreté, ce qui permettrait aux agriculteurs pauvres des zones rurales de mieux résister aux chocs et de sortir de la pauvreté.
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LES RÉVOLUTIONS VERTE ET BLEUE DE L’AFRIQUE
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Les gouvernements africains doivent de toute urgence relever un défi majeur : exploiter les richesses grandissantes du continent afin d’améliorer le quotidien de leurs populations. L’agriculture est au cœur de ce défi. Pour parvenir à une croissance économique porteuse de changement et susceptible de réduire la pauvreté, l’Afrique n’a pas d’autre choix que de développer un secteur agricole dynamique et prospère. Les agriculteurs africains sont à la fois la ressource la plus précieuse et la plus délaissée du continent. L’Afrique est devenue un acteur mondial de poids dans le secteur du pétrole et de l’extraction, ce qui a conduit à une explosion des investissements étrangers, à l’ouverture de places boursières et à l’essor des services financiers. Pourtant, la plupart des Africains, notamment parmi les plus pauvres, continuent de vivre et de travailler dans des zones rurales, généralement en tant que petits exploitants agricoles. En l’absence d’un secteur agricole florissant, la majeure partie des Africains risque de rater le coche d’une prospérité galopante, privant ainsi les économies nationales du moteur nécessaire à une croissance dynamique et inclusive. Remettre l’agriculture, et notamment les petites exploitations agricoles, à l’ordre du jour présenterait pourtant de nombreux avantages. Alors que trop de personnes souffrent encore de la faim, l’Afrique doit impérativement exploiter le potentiel productif que représentent les petits exploitants agricoles pour être en mesure d’augmenter sa production alimentaire à la vitesse et à l’échelle requises. La plupart des agriculteurs concernés sont des femmes, qui exploitent majoritairement des parcelles inférieures à deux hectares1. Il ne s’agit pas, comme on le suppose parfois de façon erronée, de soutenir « l’agriculture de subsistance », mais bien d’offrir à de petits exploitants la possibilité de générer des excédents, de valoriser progressivement leur production et de devenir de véritables entrepreneurs. Il ne s’agit pas non plus de privilégier les exploitations commerciales au détriment des petits exploitants, ou inversement. L’agriculture marchande à grande échelle a un rôle essentiel à jouer et peut réellement contribuer au développement des petites exploitations. Dans leurs déclarations de politique générale, les gouvernements de nombreux pays d’Afrique reconnaissent le rôle fondamental de l’agriculture. Ils se sont d’ailleurs collectivement engagés à consacrer 10 % de leurs budgets nationaux à l’agriculture, afin d’investir dans le développement de nouvelles cultures et technologies et de mettre en place un environnement de marché favorable. Pourtant, les traditions ont la vie dure. Le « club des 10 % » est encore très restreint. Les petits exploitants sont toujours laissés de côté et les gouvernements n’ont pas encore levé les obstacles au commerce régional qui limitent fortement leurs débouchés. De ce fait, les très nombreuses terres agricoles du continent ne sont pas encore exploitées aux fins d’une mutation structurelle indispensable, qui dynamiserait l’emploi, les revenus et les moyens de subsistance. Pour l’Africa Progress Panel, trop peu de gouvernements sont conscients que les politiques actuelles reviennent à gâcher un potentiel productif considérable. Il est donc temps pour les gouvernements de se poser les questions qui fâchent. Pourquoi une région dans laquelle vit 15 % de la population mondiale abrite-t-elle un tiers des personnes touchées par la faim ? Pourquoi une région qui aurait les moyens de nourrir sa population de façon autonome est-elle de plus en plus dépendante des importations de denrées alimentaires ? Pourquoi les agriculteurs africains représentent-ils une part aussi faible du marché des importations de denrées alimentaires, valorisé à 35 milliards de dollars US (hors produits de la pêche) ? Enfin — et c’est sans doute la question la plus cruciale — pourquoi tant d’agriculteurs africains sontils touchés par la pauvreté et l’insécurité alimentaire, compte tenu des capacités de résilience, de l’esprit d’entreprise et de l’innovation dont ils font preuve ? Face au changement climatique, ces questions sont d’autant plus urgentes. En Afrique, les agriculteurs sont particulièrement vulnérables au changement climatique, bien davantage que dans toute autre région du monde. Leurs moyens de subsistance et leurs perspectives d’un avenir meilleur sont largement tributaires des températures ainsi que de la fréquence, de la durée et de la gravité des sécheresses. Sur tous ces points, le changement climatique vient s’ajouter aux risques auxquels les agriculteurs africains doivent déjà faire face.
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Les gouvernements africains doivent de toute urgence relever un défi majeur : exploiter les richesses grandissantes du continent afin d’améliorer le quotidien de leurs populations. L’agriculture est au cœur de ce défi.
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Aucune région n’a en effet aussi peu contribué au changement climatique tout en ayant autant à y perdre. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de mettre en place une agriculture « adaptée au changement climatique » qui permette d’augmenter la productivité des sols, du travail et du capital investi dans l’agriculture et de renforcer la résilience des agriculteurs. Les gouvernements nationaux doivent montrer la voie ; toutefois, les principes essentiels de justice sociale, d’équité et de solidarité exigent que la communauté internationale joue également un rôle. Les défis considérables auxquels l’agriculture est confrontée en Afrique doivent être considérés au regard des perspectives qui s’offrent au continent. En référence à la « Révolution verte » qui a permis d’augmenter la productivité agricole en Asie à partir des années 1960, Calestous Juma, professeur à Harvard et originaire du Kenya, a écrit : « Les pays d’Afrique sont confrontés à des défis technologiques considérables. Mais ils ont également accès à un réservoir de connaissances scientifiques et techniques bien plus important que ce qui existait au début de la Révolution verte »2. Ces connaissances peuvent être exploitées pour mettre au point de nouvelles variétés de semences et de nouveaux engrais, pour améliorer les pratiques de préservation des sols et pour orienter les stratégies de gestion de l’eau. Bien évidemment, les connaissances scientifiques doivent être mises en pratique au regard des conditions réelles de l’agriculture africaine. C’est pourquoi l’Africa Progress Panel a appelé à une « révolution verte » 100 % africaine. Parallèlement, les gouvernements doivent mettre en place un environnement permettant la mise en œuvre de ces connaissances scientifiques par des investissements dans les infrastructures, le développement des marchés et la mise en place de possibilités d’échanges commerciaux à l’échelle régionale, essentiels pour accroître les retombées sociales et économiques des investissements réalisés en faveur de l’agriculture. Cette partie du rapport est divisée en trois sections. La première section explique les raisons pour lesquelles un secteur agricole dynamique est indispensable à toute stratégie de croissance inclusive. La deuxième section porte sur certaines des conditions nécessaires à une croissance inclusive de l’agriculture africaine, et notamment sur le renforcement de la participation des petits exploitants aux chaînes de valeur agricoles, en particulier en ce qui concerne les produits de base. La troisième section s’intéresse aux défis stratégiques que posent les risques climatiques et avance notamment que les risques non garantis constituent un obstacle à l’augmentation de la production et à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
1. Sortir du « paradoxe agricole » Akinwumi Adesina, ministre de l’Agriculture du Nigéria, a décrit la croissance record qu’a connue l’Afrique subsaharienne au cours des dix dernières années comme un « paradoxe troublant ». Selon les termes qu’il emploie, « l’Afrique est un continent disposant d’un énorme potentiel de croissance agricole, mais qui connaît une insécurité alimentaire et une malnutrition importantes et persistantes »3. Cette observation décrit de façon succincte et convaincante le défi auquel est confronté l’ensemble des gouvernements africains. L’augmentation de la productivité est vitale L’Afrique subsaharienne reste une région majoritairement agricole, et toute évolution de cet état de fait ne pourra être que progressive. En moyenne, on estime que l’agriculture représente environ 30 % du PIB de l’ensemble des pays africains à faible revenu. Cette proportion est toutefois en train de diminuer, notamment dans les économies riches en ressources naturelles. Or, les industries extractives étant moins créatrices d’emplois, la part de l’agriculture dans la main-d’œuvre connaît dans ces pays une évolution plus lente. Selon la FAO, l’agriculture représente encore 58 % de la population économiquement active en Afrique4. Dans des pays tels que le Burkina Faso, la Guinée, le Mozambique, le Niger ou le Rwanda, cette proportion est même supérieure à 80 %.
En référence à la « Révolution verte », Calestous Juma, professeur à Harvard et originaire du Kenya, a écrit : « Les pays d’Afrique sont confrontés à des défis technologiques considérables. Mais ils ont également accès à un réservoir de connaissances scientifiques et techniques bien plus important que ce qui existait au début de la Révolution verte »
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L’agriculture reste un pilier central des moyens de subsistance des populations, malgré l’exode de nombreux Africains vers les villes. Selon les estimations effectuées dans le cadre de projections relatives au marché du travail, un tiers des nouveaux emplois nécessaires pour permettre aux jeunes du continent de disposer de moyens de subsistance devront être créés dans le secteur agricole5. Par ailleurs, plus de 70 % des Africains pauvres vivent dans des zones rurales et l’agriculture est leur principale activité économique6. La croissance économique de l’agriculture africaine, inférieure de moitié à la croissance globale, reste à la traîne par rapport à celle de l’industrie et des services, ce qui explique en partie pourquoi la pauvreté n’a pas diminué aussi rapidement qu’elle aurait pu le faire au cours des dix dernières années. Lorsque les agriculteurs et les travailleurs agricoles gagnent mieux leur vie, ils ont tendance à dépenser ces revenus supplémentaires dans l’économie locale. Or, les revenus agricoles par habitant ont augmenté de moins de 1 % par an entre 2000 et 20097 : les économies locales n’ont donc pas bénéficié des « effets démultiplicateurs » considérables liés à la croissance agricole8. Pour obtenir ces effets, la productivité doit impérativement atteindre des niveaux plus élevés. L’amélioration de la productivité est non seulement essentielle à l’augmentation des revenus et à l’intensification des investissements dans l’agriculture, mais permet également de renforcer la sécurité alimentaire, de nourrir une population urbaine grandissante et de limiter l’inflation des prix des denrées alimentaires. Les comparaisons internationales indiquent qu’il existe d’importants gains de productivité potentiels : entre 2000 et 2010, les rendements céréaliers moyens se sont maintenus entre un tiers et la moitié de la moyenne mondiale (1,1 à 1,5 tonne par hectare, contre 3,2 tonnes par hectare). En Afrique subsaharienne, la productivité pourrait être doublée, voire triplée, pour certains des produits de base les plus essentiels, si davantage d’agriculteurs pouvaient accéder aux connaissances et aux technologies disponibles9. Cet état de fait est le résultat d’un désintérêt de longue date. Pendant la majeure partie de la période qui a suivi l’indépendance, les gouvernements africains comme les experts du développement ont considéré que l’industrie était la principale source de croissance. À contrecourant de ce qui se faisait dans les autres régions en développement, de nombreux pays ont maintenu la pratique coloniale de taxation des agriculteurs jusque dans les années 200010. De plus, les investissements publics dans le secteur agricole ont été limités et de piètre qualité. Les circuits de distribution des intrants et des extrants étaient le pré carré d’entreprises publiques inefficaces, empêchant tout investissement de la part du secteur privé. Par ailleurs, les dépenses en matière de recherche publique, facteur important de la croissance agricole dans les autres régions en développement, sont restées limitées. L’inadaptation de la réglementation et l’insuffisance des investissements dans les infrastructures ont également entraîné une hausse des coûts pour les agriculteurs, ce qui n’a fait que renforcer un cercle vicieux de faible productivité. Plusieurs facteurs expliquent les gains de productivité limités enregistrés par l’agriculture africaine. Seule une petite partie des terres cultivées de la région (environ 5 %) est irriguée. La très grande majorité des agriculteurs africains est tributaire des précipitations. En raison notamment des incertitudes liées aux pluies, l’Afrique utilise moins de semences et d’engrais de meilleure qualité que l’ensemble des autres régions du monde. L’état des sols est également un défi. Au Ghana, l’agriculteur moyen n’utilise que 7,4 kg d’engrais par hectare, contre plus de 100 kg par hectare en moyenne en Asie du Sud. Il n’est donc pas surprenant que le rendement à l’hectare en Afrique soit largement inférieur aux niveaux enregistrés ailleurs dans le monde. Lorsque les agriculteurs cultivent la terre sans utiliser d’engrais, ils ponctionnent littéralement les sols : on estime que 8 millions de tonnes de nutriments sont ainsi épuisées en Afrique11. Le coût des engrais est l’un des aspects du problème. Pour les agriculteurs africains, le prix des engrais est le plus élevé au monde, et pas uniquement dans les pays enclavés tels que le Burundi ou l’Ouganda, où les coûts de transport sont plus importants. Les agriculteurs du Nigéria ou du Sénégal paient leurs engrais trois fois plus cher que leurs homologues installés au Brésil ou en Inde. Il coûte à peine moins cher de produire de l’engrais en Thaïlande qu’au Mozambique ou au Ghana, mais le transport, les frais et les marges globales font considérablement augmenter le coût relatif des engrais pour les agriculteurs africains.
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7,4 kg Au Ghana, l’agriculteur moyen n’utilise que 7,4 kg d’engrais par hectare, contre plus de 100 kg par hectare en moyenne en Asie du Sud.
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Par ailleurs, les procédures de mise en concurrence et, dans certains cas, l’interdiction d’importation imposée aux entreprises étrangères limitent la concurrence et favorisent la collusion et la corruption. Les vestiges des anciennes politiques agricoles sont bien présents, sur les marchés mondiaux comme sur les marchés nationaux. En effet, les agriculteurs africains ne sont que très peu présents sur les marchés internationaux. Dans son ensemble, le continent africain exporte moins que la Thaïlande. Aujourd’hui, l’Afrique représente à peine 2 % des exportations agricoles mondiales, soit quatre fois moins qu’il y a un demi-siècle. Sur les marchés nationaux, l’évolution a été encore plus frappante. L’urbanisation est allée de pair avec une augmentation régulière des importations de céréales et d’autres produits de base, à hauteur de 27 à 35 milliards de dollars US ces dernières années. L’Afrique de l’Ouest représente désormais près d’un cinquième des importations mondiales de riz. Au Nigéria, les importations de denrées alimentaires dépassent actuellement les 2 milliards de dollars US par an. Ces chiffres s’expliquent par la stagnation de la production annuelle de riz à 28 kg par habitant depuis 1990, alors que la consommation par habitant est passée de 18 kg à 34 kg. Pour répondre à cette demande, les importations de riz ont augmenté de 11 % par an12 (Infographie Échanges commerciaux alimentaires en Afrique). Le commerce régional ne joue qu’un rôle marginal dans la réponse à la demande de produits importés. Au total, le commerce intra-africain ne représente en effet que 5 % des importations de céréales. La faiblesse des infrastructures, les obstacles au commerce et le sous-investissement dans les agricultures nationales constituent des freins au développement de l’autosuffisance régionale. Dans certains cas, les politiques internationales ont contribué à affaiblir la position de l’Afrique sur les marchés mondiaux et encouragé un recours de plus en plus massif aux importations. Au cours des années 1980 et 1990, l’Union européenne comme les États-Unis ont largement subventionné la surproduction et les exportations. Il en a résulté une réduction et une déstabilisation des prix à l’exportation de cultures telles que le sucre ou le coton, et un préjudice à l’encontre des agriculteurs africains en raison de la baisse du prix des céréales pénétrant sur les marchés régionaux. Depuis le milieu des années 1990, dans les pays de l’OCDE, les politiques agricoles ont connu des réformes majeures, parmi lesquelles une diminution des subventions faussant les échanges commerciaux. Pour autant, les subventions accordées à l’agriculture dans les pays de l’OCDE se sont maintenues à 258 milliards de dollars US en 2012, un chiffre particulièrement élevé si l’on tient compte du niveau tout aussi élevé des prix mondiaux13.
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MILLIARDS DE DOLLARS US Depuis le milieu des années 1990, dans les pays de l’OCDE, les politiques agricoles ont connu des réformes majeures, parmi lesquelles une diminution des subventions faussant les échanges commerciaux. Pour autant, les subventions accordées à l’agriculture dans les pays de l’OCDE se sont maintenues à 258 milliards de dollars US en 2012, un chiffre particulièrement élevé si l’on tient compte du niveau tout aussi élevé des prix mondiaux
L’importation de denrées alimentaires peut avoir une certaine logique économique dans les pays disposant d’un avantage concurrentiel limité en matière de production alimentaire et pouvant se permettre de maintenir leurs importations même lorsque les prix mondiaux sont élevés. Or, ces conditions ne s’appliquent pas dans la majeure partie des pays d’Afrique subsaharienne. Le continent dispose des terres, de l’eau et des compétences agricoles nécessaires pour assurer une production rentable et pour nourrir une population urbaine en pleine croissance. La savane guinéenne, vaste région qui s’étend sur 25 pays, pourrait faire de plusieurs nations africaines des acteurs de niveau mondial pour la production de masse de matières premières14. En outre, des pays tels que le Ghana, le Mali, le Sénégal, le Mozambique et la Tanzanie, pour ne citer qu’eux, disposent de vastes régions « greniers » susceptibles de nourrir les populations du continent, de remplacer les importations et de générer des exportations. Or, ce potentiel considérable n’est pas exploité. En définitive, l’Afrique est actuellement enfermée dans un scénario « trois fois perdant ». Les pays dépensent des devises étrangères, qui pourraient servir à importer des biens d’équipement et de nouvelles technologies, afin d’importer des denrées alimentaires qui auraient pu être produites de façon économique en Afrique, tout en créant des emplois et de nouvelles possibilités d’investissements. Le lien entre les marchés ruraux et urbains est ainsi rompu, alors qu’il constitue en Asie une source essentielle de croissance, ce qui conduit à une dépendance potentiellement préjudiciable vis-à-vis de marchés d’importations de denrées alimentaires caractérisés par l’instabilité.
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ÉCHANGES COMMERCIAUX ALIMENTAIRES EN AFRIQUE Avant 2000, l’Afrique subsaharienne était exportateur net de denrées alimentaires. Aujourd’hui, ses importations de denrées alimentaires s’élèvent à
35 MILLIARDS DE DOLLARS US PAR AN
ET LES IMPORTATIONS DÉPASSENT LES EXPORTATIONS DE
30 %
L’instabilité qui caractérise les marchés de denrées alimentaires accroît la vulnérabilité de l’Afrique.
% des exportations agricoles mondiales
ALORS QU’ELLE ACCUEILLE 13 % DE LA POPULATION MONDIALE, L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE REPRÉSENTE MOINS DE 2 % DES EXPORTATIONS AGRICOLES MONDIALES. ELLE EXPORTE MOINS QUE LA THAÏLANDE. 9%
En 2012, les subventions accordées à l’agriculture dans les pays de l’OCDE s’élevaient à 258 milliards de dollars US – ce qui a contribué à réduire le poids de l’Afrique sur les marchés mondiaux.
Afrique subsaharienne
0%
Thaïlande 1970
2009
INVERSER LA TENDANCE Niveaux de productivité de l’Afrique pourraient aisément être multipliés par deux d’ici
5 ans
SEULS 3,5 MILLIONS D’HECTARES SUR LES
240 millions
d’hectares propres à la riziculture inondée ont été exploités
Le Nigéria dépense 11 milliards de dollars US dans l’importation de blé, de riz, de sucre et de produits de la pêche
MAIS
LE PAYS A RÉCEMMENT RÉDUIT SES IMPORTATIONS DE
5 milliards de dollars US
Sources : Adesina A., Transforming Nigeria’s agriculture, discours prononcé par le Dr Akinwumi Adesina lors de l’inauguration de l’Agriculture and Food Security Center du Earth Institute de l’Université Colombia (New York : Université Columbia, 2013). Afrique Renouveau, L’Afrique à l’assaut de l’agriculture (New York : Nations Unies, 2014). Ernst & Young, Getting down to business: Ernst & Young’s Attractiveness Survey (Afrique du Sud : Ernst & Young, 2013). FAOSTAT, cité dans Groupe de la Banque mondiale (2013), Growing Africa: Unlocking the potential of agribusiness (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2013). FAO, FAOSTAT (Rome : FAO, 2013). N.B. : Importations de l’Afrique subsaharienne hors produits de la pêche.
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Alimentation contre exportations ? Un débat illusoire Les avis quant à l’avenir de l’agriculture en Afrique prennent souvent la forme de propositions contradictoires. Il est ainsi conseillé aux décideurs politiques de concentrer leurs efforts sur la production des petits exploitants ou sur les grandes exploitations marchandes, sur l’agriculture d’exportation ou sur les marchés nationaux, sur l’industrie ou sur l’agriculture. L’Africa Progress Panel remet en cause le caractère exclusif de ces propositions. En effet, les petites exploitations agricoles peuvent largement contribuer à dynamiser la croissance, à réduire la pauvreté et à garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle, aux côtés d’une agriculture à moyenne et grande échelle. Les marchés d’exportation comme les marchés nationaux peuvent mener à la prospérité agricole, et les marchés africains de produits de base doivent être le moteur de la croissance, par le remplacement des importations. La dichotomie entre croissance rurale et croissance urbaine n’a pas sa place : le défi politique consiste à mettre en place des liens dynamiques entre l’économie agricole, l’économie rurale non agricole et les marchés des centres urbains. L’éternel débat opposant les cultures alimentaires aux cultures d’exportation est tout aussi vain. Les petits exploitants agricoles produisent généralement des produits de base pour leur consommation personnelle, ainsi que des cultures qu’ils peuvent revendre et qui constituent une source de revenus. La prétendue existence d’une corrélation négative entre ces deux types de cultures est en grande partie illusoire. On peut en dire autant de l’affirmation selon laquelle les producteurs agricoles gagnent davantage grâce aux cultures d’exportation. Les chaînes de valeur de production de produits de base sont généralement plus courtes et la valeur ajoutée plus faible. Pour autant, les cultures d’exportation traditionnelles et non traditionnelles représentent généralement une plus petite part du PIB et des emplois. L’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) a réalisé une comparaison sur les contributions respectives à la croissance de stratégies de promotion des exportations traditionnelles, des exportations non traditionnelles et des produits de base. Cette étude a démontré que la promotion des produits de base était la plus efficace, notamment en raison du fossé grandissant entre l’offre et la demande. L’Afrique est toutefois encore loin d’exploiter tout le potentiel que représente la culture des produits de base, puisque ses agriculteurs tirent bien moins de leurs terres que leurs homologues d’autres régions du monde. Sur un échantillon de six pays d’Afrique dans lesquels le maïs est une des cultures principales, les rendements des parcelles de démonstration étaient deux à cinq fois plus élevés que les rendements moyens réels15. L’augmentation des rendements réels des produits de base aux niveaux obtenus sur ces parcelles de démonstration permettrait de tirer des bénéfices considérables, de remplacer les importations et de produire suffisamment pour pouvoir exporter vers les autres pays d’Afrique. Une étude réalisée en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest a conclu que cette évolution permettrait de générer 9 à 20 milliards de dollars US, en fonction de l’environnement réglementaire16. Les gains de productivité et l’augmentation du commerce régional des produits de base permettraient non seulement d’augmenter le revenu des ménages agricoles, mais également de faire baisser le prix des denrées alimentaires pour la population non agricole, qui y consacre la majeure partie de son revenu. La stimulation de la demande de biens et de services non agricoles, la génération d’excédents qui pourraient être consacrés à des investissements publics et privés, les économies réalisées sur les achats en devises et le dégagement de ressources, telles que le travail, en faveur de la croissance de secteurs économiques non agricoles, dynamiseraient la croissance économique dans son ensemble17. Tout comme l’opposition malvenue entre cultures alimentaires et cultures d’exportation, le débat qui prétend opposer les petites exploitations agricoles à l’agriculture marchande à grande échelle a été démenti par les événements. Les données indiquent toutefois des variations importantes en fonction des pays et des cultures18. Bien que les grandes exploitations aient tendance à dégager des excédents plus importants, les données relatives à la productivité par hectare restent mitigées. Des études récentes tendent à démontrer que la production de maïs, l’un des principaux produits de base, par les petites exploitations agricoles, présente une productivité équivalente à celle des grandes exploitations (Figure 12). La dernière analyse menée indique que ni les petites ni les grandes exploitations agricoles marchandes n’ont prospéré en Afrique. 59
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
FIGURE 12 LES PETITES EXPLOITATIONS AGRICOLES SONT SOUVENT AUSSI PRODUCTIVES QUE LES GRANDES : RENDEMENTS DE MAÏS PAR HECTARE EN FONCTION DE LA TAILLE DE L’EXPLOITATION DANS UNE SÉLECTION DE PAYS (EN KG/HA PAR SURFACE DE PARCELLE) 1 800
1 600
1 502
1 591
1 575 1 588
1 199
1 200
1 123
889 788
800
400
Parcelles les 25 % les plus grandes Parcelles les 25 % les plus petites
0 Malawi
Tanzanie
Kenya
Ouganda
Source : Larson D.F. et al., Should African rural development strategies depend on smallholder farms? An exploration of the Inverse Productivity Hypothesis (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2012).
Il en ressort toutefois clairement que, loin de disparaître, les petites exploitations agricoles ont démontré leur solidité à l’épreuve de circonstances difficiles. Le secteur a considérablement souffert d’une fiscalité lourde et de la domination de l’État en matière de commercialisation au cours de la période qui a suivi l’indépendance, puis des programmes d’ajustement structurel dans les années 1980 et 1990. Dépourvus de systèmes d’irrigation, d’infrastructures, de services financiers ou d’assurance et exploitant des sols fragiles dans des régions propices à la sécheresse, la plupart des petits exploitants africains survivent dans un environnement délétère. Malgré tout, ils font preuve d’extraordinaires capacités de résilience, d’innovation et d’entreprise. Quels que soient les mérites des différentes échelles de production, il reste que, dans un avenir prévisible, les agriculteurs africains seront, pour la plupart, des femmes responsables de petites exploitations. Les petites exploitations comme les grands producteurs ont un rôle fondamental à jouer dans la dynamisation de la croissance agricole. Ils bénéficieraient tout autant de réformes politiques permettant de libérer le potentiel de croissance : investissements dans les infrastructures, assouplissement des obstacles au commerce régional ou augmentation des dépenses de recherche. Des interventions stratégiques ciblées, telles que la délimitation et le renforcement des droits fonciers, seront nécessaires pour faire prospérer le secteur des petites exploitations agricoles. Toutefois, de façon plus générale, le défi consiste à mettre en place un environnement réglementaire public permettant à l’ensemble du secteur agricole de se développer.
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De nouvelles orientations stratégiques intéressantes L’une des évolutions les plus positives au cours des dix dernières années a été la prise de conscience grandissante par les décideurs politiques de ce que les stratégies dans lesquelles l’agriculture n’a pas une place centrale ne permettent pas d’aboutir à une croissance inclusive et porteuse de changement et, à terme, de pérenniser la croissance. Le potentiel offert par les nouvelles technologies est par ailleurs de mieux en mieux pris en compte. L’évolution de la situation sur les marchés nationaux comme sur les marchés mondiaux a achevé de convaincre les gouvernements de la nécessité de faire de l’agriculture une priorité. Cette vague de changement politique s’est traduite par la mise en place de nombreux partenariats et l’annonce d’engagements stratégiques. Le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) a été mis en place par l’Union africaine afin de servir de référentiel aux plans nationaux. Les signataires de la déclaration de Maputo, adoptée la même année, se sont engagés à investir au moins 10 % de leurs budgets nationaux dans l’agriculture, soit le niveau minimum nécessaire pour atteindre les objectifs fixés par le PDDAA. De nouveaux partenariats ont été établis. L’un d’entre eux est l’initiative Grow Africa, qui regroupe agriculteurs, investisseurs privés et gouvernements afin de favoriser la mise en place de nouveaux investissements. En 2012, 62 entreprises membres de ce partenariat ont annoncé la planification de plus de 3,5 milliards de dollars US d’investissements se rapportant aux objectifs nationaux de développement19.
« Les seules promesses qui comptent sont celles qui sont respectées » Kofi Annan, président de l’Africa Progress Panel
Sur la scène internationale, les évolutions sont également encourageantes. En 2009, lors du sommet du G8 à L’Aquila, puis de nouveau lors du sommet du G20 à Pittsburgh, les dirigeants mondiaux se sont engagés à augmenter de 21 milliards de dollars US les financements accordés à l’agriculture au profit des pays en développement. Le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, mécanisme multidonateurs particulièrement utile pour l’Afrique, a été mis en place afin de mobiliser et d’affecter, par la voie d’une mise en concurrence, une partie de ces financements extérieurs. D’autres initiatives internationales, telles que la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, bénéficient du soutien des pays industrialisés et du secteur privé. Ces promesses sont effectivement encourageantes ; pourtant, les résultats ne sont pas encore à la hauteur de la rhétorique. Ainsi que l’a souvent dit le Président de l’Africa Progress Panel, « les seules promesses qui comptent sont celles qui sont respectées ». L’Africa Progress Panel exhorte tous ceux qui ont pris ces engagements ambitieux à les honorer, dans le cadre d’une collaboration étroite avec des partenaires africains afin de transformer l’agriculture africaine. Ces évolutions traduisent une prise de conscience croissante de la rentabilité des investissements dans l’agriculture. Ce sont les réussites observées dans le cadre de la Révolution verte en Asie qui ont commencé à faire évoluer les mentalités. Grâce à de nouvelles technologies, l’agriculture asiatique a pu augmenter sa productivité, surmonter les contraintes nationales en matière de ressources et devenir un des moteurs de la croissance. En Afrique, les conditions sous-jacentes ne sont pas les mêmes qu’en Asie à de nombreux égards. Pour n’en citer qu’une, l’agriculture africaine dépend en très grande partie des précipitations, et non de l’irrigation. Pour autant, en Afrique comme en Asie, lorsque les politiques nécessaires à un environnement favorable sont mises en place, les connaissances scientifiques peuvent radicalement transformer l’agriculture, comme le démontre la réussite des programmes lancés dans le cadre de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) (Encadré 4). Nombre des démarches mises en place par AGRA sont aussi applicables à l’aquaculture qu’à l’agriculture. Les pays africains pourraient développer le secteur de la pêche, susceptible de contribuer largement à lutter contre l’insécurité alimentaire, fournir aux populations des moyens de subsistance et soutenir une croissance porteuse de changement. Les liens avec l’agriculture sont nombreux. Pourtant, malgré le nombre très élevé de lacs et de cours d’eau en Afrique, la consommation de protéines de poisson est en déclin, en raison d’un désintérêt marqué et de politiques peu judicieuses (Encadré 5).
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
ENCADRÉ 4 VERS UNE « RÉVOLUTION VERTE » 100 % AFRICAINE L’Afrique n’a que rarement bénéficié des innovations scientifiques et technologiques qui sont à l’origine de la mutation de l’agriculture. Or, une nouvelle génération d’agriculteurs et de dirigeants politiques appelle désormais de ses vœux une révolution verte 100 % africaine. L’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) s’inscrit dans cette démarche plus générale. Créée en 2006 dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation Rockfeller (qui a joué un rôle stratégique dans la Révolution verte en Asie) et la Fondation Bill et Melinda Gates, AGRA est désormais présente dans 17 pays d’Afrique subsaharienne. Son action associe recherche scientifique et diffusion de nouvelles semences et financements, et a notamment permis d’obtenir les résultats suivants : • • • •
Développement et mise à disposition auprès des agriculteurs de plus de 330 nouvelles variétés de cultures, parmi lesquelles des semences résistant à la sécheresse. Enrichissement de plus de 380 000 hectares de sols appauvris. Mise en place de nouveaux dispositifs de gestion des engrais qui ont permis aux petits exploitants agricoles d’accroître leur productivité. Formation de plus de 1 million de petits exploitants agricoles à l’amélioration des systèmes de stockage et aux stratégies de réduction des pertes après récolte.
Consciente du rôle stratégique du financement dans l’adoption de nouvelles technologies, AGRA a largement soutenu les initiatives visant à faciliter l’accès à des crédits abordables et à des prix équitables. À titre d’exemple, la Farmer Organization Support Centre in Africa aide les agriculteurs à négocier les prix de leurs intrants, leurs crédits et leurs prix de vente. Le succès d’AGRA repose sur l’idée que seuls, les petits exploitants agricoles ne peuvent aller bien loin. Les véritables mutations nécessitent des connaissances scientifiques et des investissements privés, ainsi que, sur un plan plus stratégique, la mise en place d’infrastructures et de systèmes financiers inclusifs, point que nous aborderons dans la quatrième partie.
ENCADRÉ 5 L’AQUACULTURE, UNE RESSOURCE SOUS-EXPLOITÉE Comme pour l’agriculture, l’Afrique dispose de toutes les ressources naturelles nécessaires au développement d’un secteur de la pêche dynamique. Pour autant, et comme c’est le cas pour l’agriculture, ce potentiel n’est pas encore exploité. Les produits de la pêche représentent aujourd’hui à peine plus d’un cinquième de la consommation de protéines en Afrique subsaharienne. Cette proportion est beaucoup plus élevée dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, tels que le Ghana ou la Sierra Leone, où les produits de la pêche représentent plus de la moitié de la consommation de protéines. Toutefois, la consommation de poisson reste inférieure à 10 kg par habitant, soit moins de la moitié de la moyenne mondiale. Le continent ne représente par ailleurs qu’une infime partie de la production mondiale de poisson, à hauteur de 0,6 % (en baiss). Le désintérêt pour ce secteur, conjugué à un modèle de développement faussé, est à l’origine de ce problème. Jusqu’à récemment, peu de gouvernements considéraient l’aquaculture comme une priorité. Grâce aux incitations des donateurs, certains pays se sont concentrés non pas sur la création de débouchés commerciaux, mais sur le développement et le peuplement de petits étangs pour la production de poisson destiné à la consommation locale. Malgré leur intérêt pour les bénéficiaires directs, ces étangs ne produisent que des quantités limitées de poisson, et nombre d’entre eux ont dû cesser leur activité en raison de problèmes techniques.
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Toutefois, des évolutions ont été observées au cours de ces dernières années. Quasiment inexistante en Afrique il y a quelques années, l’aquaculture est en plein essor et sa production est passée de 55 690 tonnes en 2000 à près de 600 000 tonnes en 2010. Cette croissance est en grande partie le fait de pays tels que le Ghana, le Kenya, la Namibie, le Nigéria et l’Ouganda, avec le soutien du Programme spécial de la FAO pour l’aquaculture en Afrique et du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Des démarches plus commerciales permettent à la fois de nourrir les populations et de leur procurer des moyens de subsistance. Le Burkina Faso et le Mali mettent actuellement en œuvre des projets pilotes visant à intégrer la riziculture à l’aquaculture. À Madagascar, la culture du riz de montagne est déjà associée à l’aquaculture. Il est toutefois essentiel de produire le bon type de poisson. La très grande majorité des espèces de poissons pêchées en Afrique sont des poissons d’eau douce, principalement le tilapia du Nil et le poisson-chat africain. Ces poissons omnivores ont une grande valeur marchande et leur élevage est relativement aisé. Au Ghana et au Malawi, les nouvelles souches de tilapia du Nil ont une vitesse de croissance 30 % supérieure, ce qui pourrait augmenter considérablement les débouchés. Pour autant, certaines décisions d’investissement n’ont pas toujours été très judicieuses. Certains projets ont échoué, car ils concernaient avant tout la production de grands poissons destinés aux marchés d’exportation, difficiles à pénétrer. Parallèlement, des marchés locaux de production de plus petits poissons, potentiellement plus rentables, n’ont pas été exploités. Les gouvernements comme les donateurs doivent tirer des enseignements des succès et des échecs passés. Les étangs intégrés aux exploitations vont continuer à jouer un rôle important et peuvent être davantage exploités afin de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages. Les actions menées au Malawi sont un exemple de réussite d’une démarche intégrée d’agriculture et d’aquaculture au sein des exploitations. Les étangs gérés par les agriculteurs permettent de pêcher en moyenne 1 500 kg par an, ce qui représente un apport nutritionnel fondamental, améliore la productivité globale et permet d’augmenter les revenus de 60 % par an. Toutefois, en l’absence de stratégie globale, la création de milliers d’étangs financés dans le cadre de projets risque de ne pas égaler la somme de leurs parties. En effet, les gouvernements doivent mettre en place les mécanismes incitatifs et les infrastructures permettant aux petits et moyens investisseurs de répondre à la demande locale puis, à terme, de pénétrer des marchés d’exportation à plus forte valeur ajoutée. Les stratégies en matière de pêche doivent également prévoir des investissements dans des équipements de congélation, de séchage, de traitement et de conditionnement20.
Les pays africains pourraient beaucoup apprendre de l’expérience des pays asiatiques, tels que le Bangladesh, l’Inde, la Thaïlande et le Vietnam, qui ont fondé leur réussite économique sur des stratégies de croissance équilibrées associant les secteurs ruraux et non rurauxi. De même, la Révolution verte qu’a connue l’Asie est riche d’enseignements, notamment eu égard à l’intérêt stratégique des investissements dans les infrastructures et de la mise en place de financements plus inclusifs. Alors que l’agriculture représente jusqu’à 40 % du PIB dans certains pays d’Afrique, seul 0,25 % des prêts bancaires sont accordés à de petites exploitations agricoles. L’Afrique peut également tirer parti des expériences moins positives de la Révolution verte asiatique, parmi lesquelles le délaissement presque systématique des producteurs marginaux et des zones défavorisées. Comme c’est le cas pour la croissance économique dans son ensemble, certains schémas de croissance agricole sont plus susceptibles que d’autres de réduire la pauvreté et d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. À cet égard, les expériences internationales peuvent également contribuer à alimenter les débats en Afrique. Au Brésil, depuis vingt ans, la croissance du PIB agricole a généralement été supérieure à celle du PIB global. Toutefois, la majeure partie de cette croissance provient d’une production à grande échelle gourmande en capitaux, tournée vers les marchés d’exportation, mais qui, sur le territoire national, crée peu d’emplois et n’est pas source de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
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La transposition du modèle brésilien d’agriculture marchande en Afrique n’est ni réaliste ni souhaitable sur le plan social, car le Brésil dispose d’autant de terres agricoles recevant plus de 975 mm de précipitations que l’ensemble du continent africain. Pour autant, l’expérience du Brésil peut fournir à l’Afrique des enseignements utiles. La réussite économique du Brésil n’est pas le résultat d’une solution miracle, mais bien de la mise en place de politiques à long terme et d’institutions, parmi lesquelles le consortium brésilien de recherche agricole (Embrapa) ou d’autres institutions ayant pour objectif l’amélioration de la productivité des « exploitations familiales ». Le Brésil a démontré que les petites exploitations agricoles pouvaient prospérer parallèlement aux très grandes exploitations et que le dynamisme de l’industrie agroalimentaire était profitable à l’ensemble du secteur agricole. En Afrique, l’évolution des conditions sous-jacentes du marché pourrait venir consolider les orientations politiques qui se font jour. Malgré une chute par rapport à leurs pics de 2008, les prix de vente des céréales restent assez élevés en comparaison avec les moyennes observées ces dernières années. Ces prix élevés risquent d’ailleurs de se maintenir en raison d’une croissance importante dans les marchés émergents, de l’évolution des régimes alimentaires (notamment le passage à une production de viande et de produits laitiers gourmande en céréales), de l’urbanisation et de la pression écologique sur les terres agricoles. En outre, les Nations Unies prévoient un doublement de la demande alimentaire mondiale d’ici 2050, principalement du fait des pays en développement. Le niveau élevé des prix ne permettra pas, à lui seul, de stimuler les investissements nécessaires à l’accroissement de la productivité. Toutefois, ils envoient un signal fort au marché, ce qui pourrait faire la différence s’ils s’accompagnent de politiques adaptées et d’investissements dans les infrastructures. Les conditions sous-jacentes du marché en Afrique sont par ailleurs favorables. L’Afrique est la région du monde qui connaît l’urbanisation la plus rapide. En contraste flagrant avec la situation des années 1990, lorsque l’urbanisation était synonyme de stagnation économique, la migration des campagnes vers les villes s’opère dans un contexte de forte croissance, d’émergence d’une classe moyenne et d’augmentation de la demande alimentaire21. En Afrique de l’Est et en Afrique australe, plus de la moitié des achats alimentaires sont effectués dans les zones urbaines, un pourcentage qui atteint 60 à 70 % en Afrique de l’Ouest. Dans cette région, la population urbaine représente environ la moitié de la population totale, mais plus des deux tiers des achats alimentaires22. Là est toute l’importance stratégique de cette évolution : l’économie des denrées alimentaires commercialisées est déjà principalement urbaine, et c’est la croissance urbaine qui va créer de nouveaux débouchés. L’agriculture africaine montre déjà quelques signes précurseurs de croissance (Figure 13). Depuis 2000, et en particulier depuis 2005, la croissance s’est accélérée. Des pays tels que l’Éthiopie et le Nigéria affichent des taux de croissance agricole supérieurs à 6 %, tandis qu’un autre groupe de pays, parmi lesquels le Burkina Faso, le Ghana, le Rwanda et la Sierra Leone, connaît une croissance de l’ordre de 4 à 5 %. En Éthiopie, au Ghana et au Rwanda, cette augmentation s’explique principalement par des rendements plus élevés pour les produits de base dans les petites exploitations agricoles (et dans le cas du Ghana, chez les producteurs de cacao). Ces petites exploitations ont également largement contribué à la croissance de la production de cultures marchandes au Burkina Faso, au Ghana et en Sierra Leone23. Des données récentes semblent également indiquer que les nouveaux partenariats internationaux apportent des résultats concrets. L’un des exemples les plus parlants est le Couloir de la croissance agricole du sud de la Tanzanie. Lancée par le gouvernement tanzanien en 2010 avec le soutien de plusieurs donateurs, cette initiative vise à sortir 2 millions de personnes de la pauvreté par la mise en culture de 350 000 hectares de terres agricoles, pour la culture de riz, de sucre et d’autres produits de base, ainsi que pour l’élevage de bétail. À long terme, l’objectif du projet est de générer 3 milliards de dollars US d’investissements publics et privés, le gouvernement et les pays donateurs contribuant à hauteur de 50 millions de dollars US à un fonds catalytique destiné à soutenir la création d’entreprises agroalimentaires. Des multinationales telles que DuPont, General Mills, Monsanto, Yara et Syngenta prennent part au projet. 64
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FIGURE 13 RENDEMENTS DES CULTURES EN AFRIQUE 1. PAR RAPPORT À LA MOYENNE MONDIALE, LES RENDEMENTS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE RESTENT TRÈS FAIBLES...
Rendement effectif de maïs (en t/ha)
12
Union européenne 15
8
Amérique du Nord Amérique latine et Caraïbes 4
Asie de l’Est et du Sud-Est Asie du Sud Afrique subsaharienne
0 1960
1970
1980
1990
2000
2010
2. … MAIS CERTAINS PAYS COMMENCENT À AFFICHER DES HAUSSES DE PRODUCTIVITÉ IMPRESSIONNANTES.
Rendement effectif de maïs (en t/ha)
6
4
2
Afrique du Sud Éthiopie
0 1960
1970
1980
1990
2000
2010
Ouganda
3. … ET EN ÉTHIOPIE, CES AUGMENTATIONS CONCERNENT PLUSIEURS CULTURES.
Rendement effectif des cultures (en t/ha)
4
Maïs
2
Riz Sorgho Millet Pois chiches
0 1960
1970
1980
1990
2000
2010
Source : Université de Wageningen et FAOSTAT, Maize yields in Africa, présentation PowerPoint (Wageningen : Université de Wageningen, 2014).
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D’autres pays, comme le Nigéria, adoptent des stratégies ambitieuses visant à accroître les débouchés commerciaux des agriculteurs africains dans le cadre d’une démarche de remplacement des importations. Jusqu’à récemment, ce pays était le symbole de toutes les mauvaises décisions prises en Afrique en matière de politique agricole publique. Au lieu de financer des investissements dans les infrastructures et les compétences agricoles, les revenus pétroliers servaient à financer de nombreuses importations à bas prix. Le secteur agricole était ainsi privé de tout investissement public. Dans le cadre du Programme de mutation agricole adopté en 2011, le gouvernement s’est engagé dans une démarche ambitieuse de soutien au remplacement des importations et d’amélioration de la productivité (Encadré 6).
ENCADRÉ 6 LA MUTATION DE L’AGRICULTURE AU NIGÉRIA Malgré l’abondance et la fertilité de ses terres, la présence de deux des principaux systèmes fluviaux du continent africain et le dynamisme de ses agriculteurs, le Nigéria est l’un des principaux pays importateurs de denrées alimentaires et présente le taux de malnutrition le plus élevé au monde. La manne pétrolière, qui aurait pu servir au développement de l’agriculture, a financé les importations de denrées alimentaires, ce qui a contribué à dissocier la croissance urbaine de celle des zones rurales. Malgré tout, la situation est en train d’évoluer. Le Programme de mutation agricole (ATA) a pour objectif d’affranchir le pays de son passé et d’initier une démarche de mutation de l’agriculture. Lancée en 2011, cette stratégie a pour but d’augmenter la production de denrées alimentaires de 20 millions de tonnes, de créer 3,5 millions d’emplois dans l’industrie agroalimentaire et de faire du Nigéria un pays autosuffisant pour la production de riz d’ici 2015. Le programme repose sur quatre piliers : des infrastructures permettant d’améliorer l’accès aux marchés, une assurance agricole qui lisse les revenus si les cultures sont détruites par les intempéries, un programme de subvention à l’achat d’engrais pour les agriculteurs défavorisés, géré par une structure privée, ainsi qu’une augmentation des tarifs douaniers visant à encourager l’autosuffisance par le remplacement des importations. Chacun de ces piliers est déployé grâce à plusieurs initiatives. Le dispositif d’appui à l’amélioration de la croissance (GESS) vise à améliorer l’accès aux engrais et aux semences. Le système incitatif national de partage des risques dans le cadre de prêts agricoles (NIRSAL) porte sur l’accès aux financements et aux produits d’assurance. Cette stratégie nationale montre plusieurs signes de réussite. Néanmoins, le Nigéria est encore loin d’être autosuffisant pour la production de riz, même si celle-ci devrait s’élever à 3,1 millions de tonnes en 2013-2014, contre 2,2 millions de tonnes cinq ans auparavant. Le programme d’aide à l’achat d’engrais, qui repose en grande partie sur des technologies de paiement mobile, remplace progressivement un ancien système de subventions, notoirement malhonnête, qui ne profitait pas du tout aux petits agriculteurs. Le ministre des Finances du Nigéria, Ngozi Okonjo-Iweala, a déclaré que 90 % des petits exploitants du pays parvenaient à présent à se procurer des engrais, contre seulement 11 % avant la mise en place du programme. Désormais, les producteurs de semences et d’engrais ne vendent plus au gouvernement, mais directement aux agriculteurs. Le secteur privé a également pris acte de l’augmentation de la production nationale en construisant 14 nouvelles rizeries à l’échelle industrielle. Dans le secteur céréalier, le Nigéria s’efforce de réduire ses 4 milliards de dollars US d’importations de blé en remplaçant la farine de blé importée par une farine de manioc de qualité supérieure, produite localement, dans le cadre de la fabrication du pain. Le gouvernement œuvre d’ailleurs au développement de la chaîne de valeur du manioc par la production de fécule pouvant entrer dans la composition des édulcorants, afin de réduire les importations de sucre. Cette nouvelle stratégie présente toutefois plusieurs lacunes fondamentales. Par exemple, le Nigéria peine à consacrer plus de 1,6 % de son budget national à l’agriculture : un montant dérisoire compte tenu de l’objectif ambitieux fixé dans le cadre du programme ATA. S’il s’accompagnait d’engagements crédibles en matière d’investissement public, ce nouveau programme stratégique pourrait non seulement transformer l’agriculture du Nigéria, mais également avoir des retombées sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle et sur les marchés alimentaires de l’ensemble de la région24.
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2. Favoriser une croissance agricole qui profite à tous Malgré le caractère encourageant des évolutions récentes, la plupart des pays d’Afrique sont encore loin de disposer d’un secteur agricole qui soit un véritable moteur de la croissance et qui profite à l’ensemble des couches de la société. Les investissements publics dans l’agriculture sont insuffisants, trop inefficaces et pas assez équitables. Les possibilités d’échanges commerciaux régionaux sont entravées par l’incapacité des gouvernements à assouplir les obstacles imposés par des transporteurs en situation d’oligopole et les mesures non tarifaires. De nombreux agriculteurs africains sont pris dans un cercle vicieux. Leur productivité est faible en raison du prix prohibitif des intrants, tels que les engrais, au regard des prix que leur production peut leur rapporter, mais également parce qu’ils ne bénéficient d’aucune infrastructure de commercialisation et n’ont pas accès aux nouvelles semences, à l’offre de formation et aux conseils proposés par des services de vulgarisation agricole. Les agriculteurs installés dans des environnements à risque élevé ont difficilement accès à des solutions d’atténuation des risques, comme les assurances. En Afrique comme dans nombre de régions, la politique agricole est considérée comme un terrain de lutte entre ceux qui prônent des prix de vente plus élevés pour les agriculteurs et ceux qui défendent les prix bas pour les consommateurs. Poser le problème ainsi ne mène à rien. Les agriculteurs africains pourraient nourrir les populations urbaines de la région, en plein essor, ainsi que leurs propres familles si les gouvernements mettaient en place les conditions politiques nécessaires à une baisse du coût des transactions, à une amélioration de la rentabilité et à un véritable soutien à l’innovation. Cette section porte sur quatre conditions essentielles à la réussite de ce type de programmes : la dynamisation du commerce régional, le rapprochement entre les agriculteurs et les marchés, l’augmentation des dépenses publiques et la lutte contre « l’accaparement des terres ». Les gouvernements doivent éliminer les obstacles au commerce régional Le marché des denrées alimentaires en Afrique, valorisé à 35 milliards de dollars US, pourrait être l’apanage des agriculteurs africains s’ils disposaient des infrastructures et des financements nécessaires à l’augmentation de leur productivité et s’ils pouvaient accéder aux marchés en question à des conditions raisonnables. Malheureusement, en raison de l’échec des différentes politiques menées en Afrique, les agriculteurs d’autres régions du monde disposent de fait d’un accès privilégié aux marchés africains, ce qui augmente la dépendance des pays d’Afrique vis-à-vis des importations et diminue par là même les moyens de subsistance de leurs populations sur le territoire national.
35 MILLIARDS DE
Les coûts de transport constituent un obstacle majeur au développement de marchés régionaux, en particulier pour les produits de base et dans le cas des petits agriculteurs. Selon une étude menée au Cameroun, les coûts nationaux de manutention et de transport représentaient 21 à 35 % de la valeur des livraisons de manioc sur un trajet de 130 km25. Le coût du transport transfrontalier de produits de base entre le Nigéria et le Tchad est aussi élevé qu’un trajet supplémentaire de près de 600 km. Ceci étant, le « premier kilomètre » est souvent le plus cher : il est plus onéreux de transporter des denrées alimentaires de l’exploitation au marché local qu’entre des marchés secondaires et des marchés de gros26.
Le marché des denrées alimentaires en Afrique, valorisé à 35 milliards de dollars US, pourrait être l’apanage des agriculteurs africains s’ils disposaient des infrastructures et des financements nécessaires à l’augmentation de leur productivité et s’ils pouvaient accéder aux marchés en question à des conditions raisonnables.
Les produits de base sont encombrants, ce qui peut faire augmenter considérablement les frais de transport, et donc diminuer d’autant la part de la valeur marchande finale reversée au producteur. Selon une estimation, les agriculteurs africains touchent en général 20 % de la valeur finale des produits de base. Les variétés de semences de meilleure qualité traversent encore plus difficilement les frontières que les denrées alimentaires. L’utilisation de semences modernes est une condition essentielle à l’accroissement de la productivité ; pourtant, les agriculteurs africains rencontrent souvent des difficultés à se procurer des semences dans un pays voisin. L’achat de semences est un processus complexe et souvent onéreux, les organismes publics ne disposant pas des ressources et du personnel suffisants pour réglementer de façon efficace le développement du secteur privé.
DOLLARS US
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Des chercheurs de l’Overseas Development Institute (ODI), groupe de réflexion britannique27, ont réalisé un bilan complet des obstacles au commerce régional. Les contraintes suivantes ont été établies comme étant les plus préjudiciables : Les ententes dans le secteur des transports : les coûts supportés par les transporteurs routiers ne sont pas plus élevés en Afrique que dans d’autres régions du monde. En revanche, leurs marges bénéficiaires sont exceptionnellement élevées, en particulier en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, où elles peuvent atteindre 60 à 160 %28. Le secteur du transport routier en Afrique de l’Ouest se caractérise notamment par des prix élevés et une piètre qualité de service, qui font augmenter les frais de commercialisation des produits de base et autres produits agricoles. Les règles nationales relatives au recours à des entreprises de transport nationales et la défense de quotas favorables aux associations de transporteurs, politiquement puissantes, contribuent au maintien de prix élevés. La mise en place d’une réforme de la réglementation des transports routiers au Rwanda au milieu des années 1990 a fait chuter les prix de 75 % en valeur réelle. Le stockage : selon une étude, les mauvaises conditions de stockage après récolte et une gestion inadéquate de la qualité représentent 40 % des coûts sur les chaînes de valeur. Sur le plan financier, cela se traduit par la perte de produits de base valorisés à 4 milliards de dollars US par an en Afrique en raison de gaspillages postérieurs à la récolte, notamment de mauvaises conditions de stockage. En 2012, on estime que 7 millions de tonnes de maïs, soit 18 % des récoltes totales en Afrique, ont été perdues après les récoltes29. L’absence d’installations de stockage de qualité dans les dispositifs de commerce régional limite fortement les débouchés pour les agriculteurs. Les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) : les gouvernements ont un intérêt légitime à s’assurer que les produits commercialisés répondent à des normes de qualité précises ; néanmoins, les mesures SPS ont souvent les mêmes conséquences que certaines barrières commerciales, que cela soit délibéré ou non. L’obtention d’un certificat SPS est souvent conditionnée au versement d’un pot-de-vin conséquent à la frontière. Le fait que les services concernés ne disposent pas de ressources suffisantes peut également entraîner des retards considérables. Les barrières non tarifaires (BNT) : alors que les gouvernements ont diminué les barrières tarifaires au commerce régional, de nombreuses BNT restent en vigueur. Selon une étude portant sur le marché des engrais en Afrique de l’Ouest, chaque pays fixe ses propres compositions pour les mélanges d’intrants, empêchant de ce fait les engrais de composition différente de pénétrer sur le marché. Dans certaines régions, des indices préoccupants montrent que les BNT augmentent à mesure que les tarifs douaniers baissent. Entre 2000 et 2010, le nombre total de BNT appliqués au Malawi, au Mozambique et en Zambie est passé de 400 à plus de 1 400. Les négociants voyageant du Ghana au Nigéria déclarent devoir verser plus de 40 taxes différentes. Selon une estimation, l’élimination des BNT dans le négoce du maïs entre le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie permettrait de générer 5 milliards de dollars US de bénéfices. Les politiques nationales : alors que la plupart des gouvernements ont partiellement libéralisé les marchés alimentaires nationaux, les interventions publiques continuent de susciter beaucoup d’incertitudes et d’instabilité sur le marché, tout en favorisant les grandes exploitations agricoles. On citera par exemple le cas du Kenya, où le Conseil national des céréales et des denrées alimentaires a défendu la mise en place d’un prix plancher pour le maïs en imposant une restriction des importations. La majeure partie du maïs est désormais achetée à de grandes exploitations agricoles de la vallée du Rift, dont les propriétaires disposent d’une certaine influence politique. Les gouvernements de l’ensemble des pays de la région sont confrontés à des problèmes du même ordre. Alors que les communautés économiques régionales africaines avaient jusqu’à présent fait de la diminution des tarifs douaniers leur priorité no 1, l’accent semble désormais être mis sur l’importance du soutien à l’agriculture et à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle à l’échelle régionale.
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La perte de produits de base valorisés à 4 milliards de dollars US par an en Afrique en raison de gaspillages postérieurs à la récolte, notamment de mauvaises conditions de stockage.
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
En 2013, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a créé l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation, dont le siège est situé à Lomé, au Togo. La Communauté d’Afrique de l’Est a adopté une Stratégie en faveur de l’agriculture et du développement rural afin de mettre en place un ensemble commun de politiques. La fréquence des crises alimentaires dans la corne de l’Afrique et la région du Sahel n’a fait que souligner la nécessité d’améliorer, de toute urgence, le commerce régional de denrées alimentaires. Les gouvernements africains ont déjà fait quelques efforts en vue d’une meilleure harmonisation et de l’établissement de normes communes. Par exemple, le Marché commun de l’Afrique australe et orientale (COMESA) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont élaboré une stratégie conjointe de passation des marchés visant à faciliter le commerce transfrontalier d’engrais. Le COMESA a mis en place un Certificat d’origine simplifié qui concerne de nombreux produits non soumis à des règles complexes de certification, ainsi qu’un « laissez-passer vert », délivré par les autorités d’un des pays, qui permet le transport de denrées alimentaires et de produits agricoles dans l’ensemble des pays membres. D’autres communautés économiques régionales réfléchissent à l’harmonisation de leurs mesures sanitaires et phytosanitaires. Néanmoins, globalement, les progrès ont été très lents, notamment en raison de l’incapacité des responsables politiques à envoyer les bons signaux à leurs négociants. Les restrictions actuellement en vigueur sur le commerce régional des produits de base sont contre-productives. Alors que de nombreux gouvernements africains augmentent les investissements publics en matière d’infrastructures de transport, ils diminuent simultanément les retours sur investissement en imposant des limitations aux échanges commerciaux. Pire encore : ils excluent les agriculteurs africains des marchés et déconnectent la demande urbaine galopante et l’offre rurale, renforçant de fait leur dépendance vis-à-vis des importations de denrées alimentaires. Selon une estimation, les barrières non tarifaires augmenteraient le prix des produits de base en Afrique de 15 à 25 %30. Dans les pays où des marchés ont pu prospérer, comme c’est le cas entre le nord du Mozambique, l’est de la Zambie et le Malawi, ainsi qu’en Ouganda, cela a profité aux producteurs comme aux consommateurs. Empêcher les excédents alimentaires de parvenir dans les régions qui connaissent un déficit alimentaire est préjudiciable à tous les pays concernés et contribue à l’augmentation des risques en matière de sécurité alimentaire. Les agriculteurs doivent pouvoir accéder beaucoup plus facilement aux marchés Les gouvernements et les organisations de producteurs peuvent aller plus loin que la simple élimination des barrières présentées plus haut. Ils peuvent en effet mettre en place des institutions favorisant la participation des agriculteurs à des marchés à plus forte valeur ajoutée, dont les marchés d’exportation. La valorisation de la production est un élément essentiel à la mutation de l’agriculture. Pour le moment, les exportations provenant d’Afrique subsaharienne concernent principalement des produits agricoles primaires. Moins de la moitié de la production agricole transite par les entreprises nationales de traitement : la majeure partie de la valeur marchande finale, et du revenu qui en découle, est donc générée hors d’Afrique, ce qui limite également les recettes, pourtant nécessaires au financement des investissements. Il existe une large marge de manœuvre permettant d’intensifier les activités de traitement préalables à l’exportation des marchandises vers les marchés régionaux et internationaux. Il en va de même pour les produits de base à l’échelle nationale. Lorsque la Sierra Leone importe du riz, il est déjà ensaché et blanchi, ce qui freine le développement d’un secteur d’usinage du riz, susceptible de créer de la valeur et de générer des débouchés pour les agriculteurs. La progression sur les chaînes de valeur n’est pas toujours linéaire. Les entreprises agroalimentaires n’investiront en Afrique que si les agriculteurs sont en mesure de produire les volumes nécessaires à la pérennisation de l’activité, ce qui implique d’augmenter la productivité. D’autres difficultés, décrites dans ce chapitre, telles que l’absence d’installations de stockage, le coût élevé du transport, les obstacles au commerce régional et (en particulier pour les exportations) le contrôle de la qualité, limitent les possibilités de création de valeur ajoutée, ce qui ne fait qu’entretenir un cercle vicieux de faible productivité et de sous-investissement. 69
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Les agriculteurs africains ont généralement moins de poids sur le marché que les négociants, l’industrie agroalimentaire et les exportateurs. Ne pouvant accéder à des entrepôts et à des installations de stockage, ils sont souvent obligés de vendre lorsque les prix sont bas (après la récolte) et ne sont pas suffisamment informés quant aux prix. Ils n’interviennent sur les marchés de consommation que par l’intermédiaire de réseaux de négoce trop souvent caractérisés par un piètre niveau de confiance. Par ailleurs, l’absence de programmes de certification bien établis déséquilibre encore un peu plus les rapports de force, puisque les négociants deviennent seuls juges de la qualité. Toutes ces difficultés s’intensifient à mesure que les producteurs progressent dans la chaîne de valeur. La rigueur des normes de qualité et des obligations de livraison, ainsi que l’accès aux capitaux, aux intrants et aux informations relatives aux marchés, sont très souvent cités parmi les facteurs susceptibles de déséquilibrer les rapports de force en faveur des grandes exploitations, car ils entravent la participation aux marchés des petits exploitants agricoles, en particulier les plus défavorisés. Comment les agriculteurs peuvent-ils avoir davantage de poids sur le marché ? Les bourses de matières premières peuvent jouer un rôle essentiel de courtage en mettant en rapport les producteurs et les consommateurs dans le cadre de réseaux de négoce fondés sur des règles clairement définies. Lorsqu’elles fonctionnent bien, ces bourses permettent de réduire les coûts de transaction par la diminution du nombre d’intermédiaires, une meilleure diffusion des informations relatives au marché, la réduction des marges entre les producteurs et les consommateurs et le maintien de normes de qualité. Malheureusement, les démarches visant la création de places de négoce de matières premières agricoles en Afrique ont connu un succès limité. Les bourses récemment créées au Kenya, au Malawi, au Nigéria et en Ouganda se limitent principalement à fournir des informations sur les prix, au lieu de favoriser le commerce en vrac. La seule exception est la Bourse éthiopienne de marchandises. Largement orientée sur le commerce du café, cette bourse a permis de garantir aux producteurs des prix plus élevés et une part plus importante de la valeur marchande finale des exportations (Encadré 7).
ENCADRÉ 7 LA BOURSE ÉTHIOPIENNE DE MARCHANDISES Les petits exploitants agricoles arrivent souvent sur les marchés en position de faiblesse. Sans accès à l’information, sans capacités de stockage ni mécanismes de contrôle de la qualité, ils risquent de se retrouver dans des rapports déséquilibrés avec les négociants. En raison de leur dispersion géographique, ils ne sont pas toujours en mesure de mutualiser les risques, de partager les informations relatives aux prix et de mettre en place des systèmes de paiement qui protègent leurs intérêts. Le succès de la Bourse éthiopienne de marchandises (ECX) démontre qu’il est possible de surmonter ces désavantages. Il met également en évidence l’importance fondamentale des institutions pour permettre aux petites exploitations agricoles de prendre part à la croissance agricole et de pouvoir en tirer les bénéfices. Pendant les années 1990 en Éthiopie, la libéralisation du marché agricole a porté principalement sur l’établissement de « prix justes ». Alors que le processus de réforme contribuait quelque peu à l’augmentation des échanges commerciaux, les négociants continuaient d’intervenir sur un petit nombre de marchés et sur de courtes distances, en achetant généralement auprès de producteurs qu’ils connaissaient. L’accès limité à des installations de stockage, l’absence de certification et le risque de litiges conduisaient à l’augmentation du coût des échanges et diminuaient d’autant la part de la valeur finale reversée au producteur. À titre d’exemple, les producteurs de café percevaient environ 30 % du prix final d’exportation. Créée en avril 2008, ECX offre aux différents acteurs un système de compensation et de paiement fiable, veille à l’exécution des contrats et diffuse des informations relatives aux marchés. Dans le cadre de son processus de certification, ECX met en place des normes de contrôle qualité qui permettent de continuer à vendre à un prix majoré.
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Pendant sa première année de fonctionnement, la bourse a traité des transactions relatives à plus de 113 000 tonnes de matières premières, principalement du café, du maïs, des haricots ronds et du blé, pour une valorisation de 2,5 milliards de birrs éthiopiens (130 millions de dollars US). À la fin de l’année 2013, les volumes négociés s’élevaient à 2,65 millions de tonnes valorisées à 90 milliards de birrs éthiopiens (environ 5 milliards de dollars US). ECX fonctionne grâce à 17 centres de livraison et dispose d’une capacité d’entreposage de 300 000 tonnes. Onze banques de règlement participent au financement des transactions. Les petits producteurs de café ont été parmi les principaux bénéficiaires de ce nouveau système. Ils touchent désormais près de 70 % de la valeur marchande finale de leurs fèves (contre moins de 40 % auparavant) et ont vu leur chiffre d’affaires augmenter, ce qui contribue à faire reculer la pauvreté, à soutenir les investissements et à élargir les perspectives en matière de santé et d’éducation. ECX ne fonctionne toutefois pas en vase clos. Des politiques publiques plus générales ont permis de créer un environnement favorable au développement de la prospérité rurale. Pour autant, ECX a mis en place des règles, des normes et des pratiques qui ont contribué au développement de marchés plus rentables et plus équitables dont les agriculteurs comme les négociants sortent gagnants, et joué un rôle dans la situation actuelle que connaît l’Éthiopie, à savoir une croissance élevée associée à une diminution rapide de la pauvreté31.
La mondialisation du commerce agricole a été source de nouvelles perspectives et de nouveaux défis pour l’Afrique. Une part de plus en plus importante du commerce à forte valeur ajoutée porte sur l’achat de denrées agricoles destinées à l’approvisionnement de la grande distribution. Une entrée réussie dans les chaînes de valeur mondiale peut présenter des avantages potentiellement considérables, comme en témoigne la croissance du secteur horticole au Kenya. Or, les obstacles à l’entrée sont considérables. Ils peuvent toutefois être levés grâce à la création de coopératives agricoles, en particulier lorsque les gouvernements et le secteur privé collaborent à la mise en place d’un environnement favorable à l’entrée des petits exploitants : Les programmes de sous-traitance : ces programmes mettent en rapport les producteurs et les marchés par l’intermédiaire d’entreprises agroalimentaires qui fournissent généralement des capitaux, des intrants et des conseils techniques, et favorisent l’introduction sur le marché. Au Malawi, il est fait appel aux cultivateurs sous-traitants pour l’approvisionnement en canne à sucre d’une entreprise multinationale sucrière sud-africaine, Illovo, qui exporte la moitié de sa production vers l’Europe. Autre exemple : au Ghana, des cultivateurs sous-traitants approvisionnent Blue Skies, une entreprise qui fournit des ananas aux poids lourds de la grande distribution. L’avènement de fonds d’appui : plusieurs donateurs bilatéraux encouragent l’entrée des petits exploitants agricoles sur les marchés internationaux. Le Fonds d’appui africain pour le développement de l’entreprise accorde des subventions à des projets de création d’entreprises qui favorisent les investissements commerciaux dans l’agriculture. L’une de ces subventions a contribué à la création d’une entreprise qui achète du cacao dans un district touché par la guerre en Sierra Leone, qui compte 8 000 agriculteurs. Le Fonds d’appui au secteur de l’alimentation de détail, qui soutient 26 projets menés dans près d’une douzaine de pays, joue un rôle similaire. La certification : si l’entrée sur des marchés à plus forte valeur ajoutée permet d’obtenir des prix majorés, elle suppose également des normes de qualité plus rigoureuses. L’obligation de satisfaire aux exigences mondiales risque d’exclure les petits exploitants, comme cela a été le cas pour le secteur horticole au Kenya. Néanmoins, plusieurs donateurs, gouvernements et entreprises du secteur privé œuvrent auprès des petits exploitants agricoles afin de les aider à satisfaire aux normes de certification.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Les gouvernements doivent tenir leurs promesses d’investissements Les investissements publics sont indispensables à l’augmentation de la production agricole. Or, en Afrique subsaharienne, nombreux sont les signes du sous-investissement : il suffit d’observer l’état de délabrement des routes de desserte rurales, l’absence d’installations de stockage, le piètre état des infrastructures de gestion de l’eau et les faibles niveaux de recherche et d’innovation. Les données montrent que les investissements publics dans l’agriculture peuvent avoir des retombées sociales et économiques considérables. Pourtant, cela ne se traduit que rarement dans les priorités des budgets nationaux. Le fossé persistant entre les déclarations et les actions politiques s’illustre parfaitement par les indicateurs d’action de la part des gouvernements africains vis-à-vis des engagements pris dans le cadre de la déclaration de Maputo de 2003, qui consistaient à allouer « au moins 10 % des ressources budgétaires nationales à l’agriculture et au développement rural ». Les données les plus récentes indiquent que seuls sept pays ont atteint l’objectif de 10 %. Vingthuit pays ont parcouru à peine la moitié du chemin, tandis que dix-huit autres s’éloignent de l’objectif. Si on laisse de côté la question de savoir si l’objectif de 10 % est adapté, les tendances sont préoccupantes. En outre, rien ou presque ne laisse à penser que l’Afrique est en train d’intensifier ses investissements dans la recherche et le développement agricole32. Or, ce sont la recherche et le développement qui ont permis les gains de productivité à l’origine de la mutation de l’agriculture en Asie du Sud et de l’Est33. En Afrique subsaharienne, le retour sur les investissements effectués dans la recherche agricole nationale est conséquent, en particulier pour les grands pays. La plupart des améliorations technologiques qui contribuent à l’accroissement de la productivité agricole en Afrique peuvent être attribuées au Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR). En Afrique subsaharienne, on estime que les centres du CGIAR ont permis de dégager un retour de plus de 6 dollars US pour chaque dollar investi. Outre le CGIAR, presque tous les pays d’Afrique subsaharienne disposent de systèmes nationaux de recherche agricole, même si la qualité de nombre d’entre eux a décliné lorsque les investissements publics dans la recherche agronomique ont stagné dans les années 1980 et 1990. Plus récemment, les dépenses nationales de recherche agronomique dans la région ont connu une augmentation, pour atteindre 576 millions de dollars US en 2008. Toutefois, cette croissance a principalement concerné le Ghana, le Nigéria, la Tanzanie et l’Ouganda. Investir dans l’amélioration des routes de desserte rurales peut également avoir des retombées considérables, grâce à une diminution des coûts liés aux intrants et à la commercialisation et, partant, à une augmentation des marges dégagées par les agriculteurs34. La construction de routes de desserte, même de piètre qualité, permet de sortir davantage de personnes de la pauvreté par dollar investi que la construction d’axes routiers de qualité. Il s’agit donc d’une stratégie gagnant-gagnant en faveur de la croissance et de la réduction de la pauvreté35. En Éthiopie, des études ont démontré que l’accès à des routes praticables par tous les temps permettait de réduire la pauvreté de 7 % et d’augmenter la consommation de 16 %36. Pourtant, seul un Africain sur trois vivant en zone rurale peut accéder à une route de desserte rurale praticable par tous les temps. La politique semble souvent prendre le pas sur l’intérêt public lorsqu’il s’agit de décider des dépenses publiques. Or, les investissements réalisés dans des secteurs utiles au public — tels que la recherche et le développement, la construction de routes ou l’éducation — génèrent des bénéfices plus importants, en particulier sur le long terme. Malgré cela, les gouvernements choisissent d’investir dans des secteurs générant des bénéfices privés encore plus importants.
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7 Seuls 7 pays d’Afrique ont atteint l’engagement pris dans le cadre de la déclaration de Maputo de 2003 d’allouer « au moins 10 % des ressources budgétaires nationales à l’agriculture et au développement rural ».
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Empêcher l’accaparement des terres et des ressources en eau Dans le cadre de la mutation de l’agriculture africaine, les gouvernements doivent faire preuve de capacités de gestion, de responsabilité et d’équité. L’augmentation spectaculaire des prix mondiaux en 2008 a fait craindre le risque d’un « accaparement des terres » en Afrique, c’està-dire l’acquisition à grande échelle de terres par des investisseurs étrangers. À mesure que la pression imposée au système alimentaire mondial grandit, la valeur marchande potentielle des terres et des ressources en eau que compte l’Afrique augmente. Les politiques relatives au changement climatique ont également une incidence, puisque les investisseurs recherchent activement des terres arables fertiles destinées à la production de biocarburants. Or, les dangers que représentent ces forces mondiales sont réels. Ainsi que nous l’avons expliqué dans le rapport 2012 de l’Africa Progress Panel, intitulé Emploi, justice et équité, les acquisitions foncières à grande échelle risquent d’empêcher les populations d’accéder aux ressources dont elles dépendent pour se nourrir et garantir leur sécurité. De nombreux pays ne disposent toujours pas des mécanismes juridiques nécessaires à la protection des droits des populations locales et à la prise en compte des intérêts locaux, des moyens de subsistance et du bien-être. L’absence de transparence, les vides juridiques et les maigres dispositions relatives à l’indemnisation placent les agriculteurs africains dans une position risquée. Il convient d’ajouter que les risques vont bien au-delà de l’accaparement des terres à l’échelle internationale. À mesure qu’augmente la valeur des terres et des ressources en eau que compte l’Afrique, il existe un risque que de puissantes élites locales en profitent pour élargir leurs prétentions aux dépens de personnes disposant de ressources plus limitées et d’une voix politique moins audible.
De nombreux pays ne disposent toujours pas des mécanismes juridiques nécessaires à la protection des droits des populations locales et à la prise en compte des intérêts locaux, des moyens de subsistance et du bien-être. L’absence de transparence, les vides juridiques et les maigres dispositions relatives à l’indemnisation placent les agriculteurs africains dans une position risquée.
Aussi justifiée soit-elle, la priorité accordée à l’accaparement des terres par des investisseurs étrangers a sans doute détourné l’attention de préoccupations plus fondamentales. Le véritable problème n’est pas la nature des cultures — la production de biocarburants n’étant pas préjudiciable en soi — ni même la source des investissements, mais bien la faiblesse des droits qui les sous-tendent37. Les gouvernements africains et la communauté internationale dans son ensemble ont adopté plusieurs principes encourageants. Les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale établies par la FAO constituent un référentiel largement reconnu. La Déclaration de l’Union africaine sur les problèmes et enjeux fonciers en Afrique identifie de nombreux risques et les gouvernements africains, les organismes régionaux et les banques de développement ont formulé des principes clairs permettant d’orienter les politiques38. Ces principes sont notamment les suivants : • • • •
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La cartographie et le recensement des droits fonciers et l’identification des ressources inexploitées. L’identification des droits, revendications et intérêts fonciers à l’échelle locale. La reconnaissance des revendications et droits fonciers coutumiers par le droit foncier statutaire. L’adoption de modèles innovants et inclusifs d’investissement foncier à grande échelle qui contribuent à l’autonomisation des petits exploitants agricoles et des communautés et à garantir la sécurité alimentaire à l’échelle nationale. La structuration des transactions foncières afin de prendre en compte : -- la superficie et la durée du bail les plus adaptées ; -- la répartition des coûts et avantages potentiels ; -- les conséquences sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance ; -- les modalités d’indemnisation ; -- les dispositions relatives au maintien d’une production à usage domestique afin de répondre aux besoins de sécurité alimentaire et énergétique ; -- les dispositions fiscales et autres. La nécessité de veiller à la transparence.
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Dans le cadre de négociations dans lesquelles des investissements considérables (et les intérêts politiques afférents) sont en jeu, il existe un risque de marginalisation des acteurs ayant des revendications plus faibles, tels que les agricultrices, les éleveurs itinérants et les usagers de l’eau et des terres au titre du droit coutumier. La mise en place d’un système foncier juste et équitable serait donc le préalable à la conclusion de baux à grande échelle. Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne ont mis en place des démarches pilotes d’enregistrement cadastral rapide, efficace et peu onéreux. Le Rwanda achève actuellement la mise en œuvre d’un programme destiné à l’émission de titres fonciers (accompagnés d’une photocarte) pour moins de 10 dollars US par parcelle. Le Bénin, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont également piloté la mise en place de cartes foncières rurales afin de recenser les terres individuelles et communales. La Tanzanie a procédé à des levés de la quasi-totalité de ses terres communales, dont environ 60 % ont été répertoriées. Le Ghana et le Mozambique procèdent actuellement à une montée en charge de leurs projets pilotes de recensement des terres communales. Il convient de souligner que le recensement des terres communales doit s’accompagner de l’exercice légal des revendications et ne doit pas être considéré allant dans le sens d’une privatisation systématique des droits fonciers.
3. La gestion des risques : une stratégie en faveur de la croissance agricole et de l’équité Les agriculteurs africains doivent lutter contre les menaces que représentent les sécheresses, les inondations, les précipitations aléatoires et l’épuisement des nutriments des sols, d’autant plus qu’elles sont démultipliées par le changement climatique. Parallèlement, la plupart d’entre eux vivent en dessous ou à peine au-dessus du seuil de pauvreté fixé à 1,25 dollar US par jour et sont donc vulnérables en permanence. Ils ne peuvent donc pas se permettre de contracter les assurances qui protégeraient leurs actifs et leurs familles en cas de catastrophe et leur permettraient d’investir dans l’amélioration de leur productivité. Cette section porte sur l’incidence du changement climatique sur l’Afrique, les stratégies d’adaptation mises en place par les agriculteurs du continent, ainsi que sur la nécessité de dynamiser les financements internationaux d’aide à l’adaptation. Elle démontre comment les risques non assurés maintiennent les agriculteurs africains dans la pauvreté avant de présenter en détail de nouvelles méthodes prometteuses permettant aux agriculteurs de souscrire les assurances dont ils ont besoin pour pouvoir participer à la mutation agricole. Le changement climatique va durement affecter les agriculteurs africains Le changement climatique va avoir des conséquences très préjudiciables pour l’Afrique. La hausse des températures et l’évolution des précipitations vont rendre le continent plus vulnérable aux conséquences des sécheresses, des inondations et d’autres événements météorologiques extrêmes, accélérant de fait la destruction d’écosystèmes essentiels. Les populations les plus pauvres, dont la majeure partie vit en Afrique, seront inévitablement les premières et les plus durement touchées par les effets du réchauffement de la planète. Les répercussions du changement climatique, qui aggravent déjà les risques et la vulnérabilité des agriculteurs africains, vont s’intensifier dans le courant du XXIe siècle. Si les tendances actuelles d’émissions de carbone se confirment, le réchauffement risque d’excéder 2 °C. Cette évolution modifiera considérablement la plupart des cycles naturels, y compris ceux qui affectent les températures et les régimes pluviométriques de l’ensemble de l’Afrique, augmentera la probabilité de sécheresses plus graves et prolongées et démultipliera les risques malheureusement trop bien connus en matière de sécurité alimentaire. Les images de la sécheresse de 2011 en Afrique de l’Est et des inondations de 2013, responsables du déplacement de quelque 100 000 personnes au Mozambique, nous en rappellent cruellement les enjeux.
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De façon tout à fait compréhensible, la communauté internationale tend à s’intéresser davantage à l’augmentation des risques de survenue d’événements météorologiques extrêmes de cet ordre. Ce faisant, elle passe pourtant à côté des effets préjudiciables que représentent les augmentations limitées des risques dont le réchauffement climatique est généralement à l’origine. Pour les agriculteurs, nul besoin de subir une sécheresse ou une inondation pour tomber dans le dénuement, s’ils ne font que vivoter grâce à la production de ressources limitées sur des sols fragiles. Des précipitations excessives ou qui tardent à venir, des températures plus élevées pendant des périodes clés du cycle de production, en particulier la pollinisation, ou une sécheresse légèrement plus longue peuvent provoquer des catastrophes.
Les agriculteurs africains montrent l’exemple en la matière, en partie grâce à leurs capacités d’innovation, mais également parce qu’ils n’ont pas d’autre choix.
Les effets du changement climatique sont complexes, tout comme les défis à relever par les décideurs politiques en la matière. Un réchauffement de 2 °C pourrait faire baisser la production agricole de 10 % en Afrique subsaharienne d’ici 2050 et conduire à une augmentation de la population sous-alimentée d’au moins 25 % 39. Le rapport relatif à l’adaptation rédigé par le groupe de travail du Groupe d’experts intergouvernemental des Nations Unies sur l’évolution du climat met en évidence la nécessité impérative de l’adaptation dans un environnement de plus en plus incertain : •
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Les projections de températures maximales et minimales sur l’Afrique de l’Est équatoriale font état d’une augmentation importante du nombre de jours où la température sera supérieure de plus de 2 °C à la normale observée entre 1981 et 2000 entre la moitié et la fin du XXIe siècle. Les projections pour l’Éthiopie font état d’un réchauffement toutes saisons confondues, augmentant la probabilité de canicules. Les études de modélisation des climats régionaux prévoient un assèchement de la plupart des régions du Kenya, de l’Ouganda et du Soudan du Sud d’ici la fin du siècle. Une diminution des précipitations est également envisagée pendant le printemps de l’hémisphère sud, retardant le début des pluies d’été sur une large part de l’Afrique australe. On envisage un risque de sécheresse élevé dans les zones du sud-ouest de l’Afrique australe au cours du XXIe siècle et au-delà. Les répercussions du changement climatique sur les rendements de maïs risquent d’être les plus prononcées en Afrique australe, où l’on estime les pertes de 18 à 30 % d’ici le milieu du siècle. Dans l’ensemble de l’Afrique, la diminution des rendements est estimée à environ 15 % pour le sorgho et 10 % pour le millet d’ici 2050. Dans le Sahel, les rendements de millet pourraient chuter de 20 % en cas de réchauffement de 2 °C ou de 40 % en cas de réchauffement de 3 °C.
La plupart des cultures à risque — maïs, sorgho et millet — ont une place vitale dans les systèmes de culture des agriculteurs africains et dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle de toute la région. En l’absence de solutions de substitution, les pertes de production feront baisser les revenus et mettront en péril la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Les agriculteurs trouvent des méthodes d’adaptation ingénieuses… Pareils échecs pourront être évités par l’adaptation, le renforcement de la résilience et le développement d’une agriculture « adaptée au changement climatique ». Les agriculteurs africains montrent l’exemple en la matière, en partie grâce à leurs capacités d’innovation, mais également parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Ils adoptent en effet des techniques de gestion des terres et de l’eau visant à réduire l’érosion des sols, à collecter davantage d’eaux de pluie, à augmenter les matières organiques du sol et à le réapprovisionner en nutriments. Leurs efforts permettent de tirer de précieux enseignements quant aux types de stratégies nécessaires pour restaurer la productivité des terres cultivées et produire suffisamment de denrées alimentaires pour nourrir une population de plus en plus nombreuse dans un contexte de changement climatique40 :
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Au Burkina Faso et au Niger, les agriculteurs ont recours à des techniques de récupération de l’eau, comme la construction de retenues de pierres et l’amélioration des trous de plantation, qui permettent de faire passer les rendements céréaliers moyens de 400 à 900 kg par hectare (kg/ha), voire davantage. L’épandage de petites quantités d’engrais directement sur les cultures semées ou les jeunes pousses pendant la saison des pluies, conjugué à des pratiques telles que la récupération de l’eau, permet d’améliorer les rendements du millet et du sorgho, qui passent de moins de 500 kg/ha à 1 000, voire 1 500 kg/ha. En plantant des arbres Faidherbia albida, qui apportent de l’ombre et emprisonnent l’azote dans le sol, les agriculteurs du Malawi ont augmenté les rendements de leurs champs de maïs, qui sont passés d’un peu moins de 2 tonnes par hectare à 3 et 4 tonnes par hectare. Associées à des stratégies d’agroforesterie, de fertilisation ou autres, ces techniques permettent même d’atteindre des rendements supérieurs à 7 tonnes par hectare. En Afrique de l’Ouest, les agriculteurs améliorent la fertilité des sols en procédant à l’épandage de résidus de culture, de paillis, de fumier de bétail, de feuilles et d’engrais. Ces techniques ont permis d’augmenter les rendements des cultures de 33 à 58 % en quatre ans. Les agriculteurs ont également vu leur chiffre d’affaires augmenter de 179 % pour le maïs et de 50 % pour le manioc et le dolique.
Comme le montrent ces exemples, les agriculteurs africains font preuve d’une extraordinaire résilience, alors qu’ils ne portent quasiment aucune responsabilité dans les facteurs du changement climatique. Or, malgré leurs engagements internationaux, les pays présentant les empreintes écologiques les plus fortes n’ont rien fait en faveur de l’adaptation et ainsi manqué à leurs devoirs. … mais il est essentiel de financer l’adaptation au changement climatique Estimer les financements nécessaires à l’adaptation de l’Afrique est un exercice délicat. Selon le Groupe de la Banque mondiale, il faudra trouver 18 milliards de dollars US par an d’ici 2050. Même les scénarios les plus optimistes supposent des financements conséquents. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) estime le financement nécessaire à 35 milliards de dollars US par an, même en cas de réchauffement climatique inférieur à 2 °C 41. Les pays développés ont pris plusieurs engagements en matière de financement de l’adaptation au changement climatique, en promettant notamment de mobiliser 30 milliards de dollars US entre 2010 et 2012 au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Ce financement « accéléré » a été décidé conjointement à un accord dans le cadre duquel les pays développés s’engagent à mobiliser, d’ici 2020, 100 milliards de dollars US par an de financements consacrés au changement climatique pour les pays en développement, provenant de sources publiques et privées. Las, les modalités d’acheminement mises au point par les donateurs sont extrêmement fragmentées et relèvent de systèmes d’information incohérents, voire opaques. En étudiant les 18 différents fonds consacrés au climat actifs en Afrique l’on estime que 682 millions de dollars US de financements consacrés à l’adaptation ont été approuvés entre 2003 et 2013, mais que seuls 293 millions de dollars ont été effectivement décaissés. Ces montants ont permis de financer 165 projets, soit une subvention moyenne d’environ 10 millions de dollars. Qu’en est-il de l’engagement en faveur d’un financement « accéléré » ? Les donateurs déclarent être allés au-delà de leur engagement de 30 milliards de dollars US42. Pourtant, le financement consacré à l’adaptation représentait 5,6 milliards de dollars, soit une faible part de ce montant. Plusieurs pays d’Afrique figurent dans la liste des dix principaux bénéficiaires des financements « accélérés » consacrés à l’adaptation, parmi lesquels l’Éthiopie, le Kenya, le Mozambique et le Niger.
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Comme le montrent ces exemples, les agriculteurs africains font preuve d’une extraordinaire résilience, alors qu’ils ne portent quasiment aucune responsabilité dans les facteurs du changement climatique. Or, malgré leurs engagements internationaux, les pays présentant les empreintes écologiques les plus fortes n’ont rien fait en faveur de l’adaptation et ainsi manqué à leurs devoirs.
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Or, dans la plupart des cas, les montants déclarés sont modestes (entre 100 et 224 millions de dollars US) et on ne sait pas clairement quelle part correspond à des financements nouveaux. Toutefois, la totalité des financements consacrés à l’adaptation ne transite pas par des fonds spécifiques. Dans certains cas, l’aide au développement prévoit des objectifs en matière d’adaptation. Selon le PNUE, l’aide totale consacrée à l’adaptation en Afrique s’élevait à environ 1,1 milliard de dollars US en 2010 et 2011 43. Si l’on prend un peu de recul quant au détail de ces estimations, deux thématiques en ressortent. Premièrement, les financements consacrés à l’adaptation restent bien plus faibles que les évaluations de besoins les plus optimistes. Un groupe d’observateurs l’a formulé ainsi : « Compte tenu de l’extrême vulnérabilité dont souffrent nombre de pays d’Afrique subsaharienne vis-à-vis des conséquences probables du changement climatique, l’adaptation doit être considérée comme une priorité de financement absolue [...] Ces projets de taille limitée ont peu de chances d’avoir une véritable incidence d’échelle si l’on n’y consacre pas davantage de dépenses, mieux intégrées »44. Deuxièmement, le caractère extrêmement fragmenté du système de financement consacré à l’adaptation ne permet pas de mettre en place des interventions coordonnées, systématiques et régionales, nécessaires à la planification de l’adaptation.
Il existe un véritable risque que le monde s’oriente vers ce que l’archevêque Desmond Tutu a mémorablement décrit comme un « apartheid de l’adaptation », où les gouvernements des pays industrialisés protégeraient leurs propres populations en laissant de côté les populations les plus marginalisées au monde.
Il est inenvisageable de laisser les agriculteurs africains périr ou survivre face au changement climatique avec leurs seules maigres ressources. Les pays industrialisés investissent actuellement des milliards de dollars par an dans le renforcement de la lutte contre les inondations et dans des primes d’assurance en cas de sécheresses, d’inondations et de tempêtes. Il existe un véritable risque que le monde s’oriente vers ce que l’archevêque Desmond Tutu a mémorablement décrit comme un « apartheid de l’adaptation », où les gouvernements des pays industrialisés protégeraient leurs propres populations en laissant de côté les populations les plus marginalisées au monde. Pour éviter qu’une telle situation ne se produise, les priorités doivent être les suivantes : •
• • •
s’engager à intensifier les financements consacrés à l’adaptation de l’Afrique pour atteindre 20 milliards de dollars US par an d’ici 2020 et 35 milliards de dollars d’ici 2050, en particulier en faveur de l’agriculture . mettre en place des systèmes d’information plus transparents qui permettent de suivre les versements effectués par les donateurs au regard de leurs engagements . élaborer des instruments de financement souples permettant d’appuyer la transformation de projets réussis en plans nationaux . assurer une meilleure coordination au sein des gouvernements africains et entre eux, afin d’intégrer l’adaptation dans les stratégies nationales et régionales de sécurité alimentaire.
Face aux difficultés, les agriculteurs paient le prix fort et les risques non garantis les condamnent à la pauvreté Les stratégies mises au point par les agriculteurs africains pour faire face aux catastrophes sont aussi élaborées que leurs méthodes de prise en compte des effets à long terme du changement climatique. Pendant les périodes difficiles, ils peuvent emprunter en prévision de récoltes futures, déplacer la main-d’œuvre ou migrer. Toutefois, la pauvreté fixe des limites aux solutions qu’ils peuvent choisir pour faire face à ces difficultés. Lorsqu’une catastrophe se produit et leur fait perdre une grande partie de leurs cultures, ils doivent souvent prendre des décisions radicales. Pour continuer à nourrir leurs familles, ils peuvent être amenés à déscolariser leurs enfants, à réduire leurs dépenses de santé, ou encore à vendre des biens productifs, tels que du bétail ou des machines agricoles. À terme, ces solutions ne font qu’aggraver la pauvreté déjà persistante qui empêche la mutation de l’agriculture africaine. Permettre aux ménages pauvres de mieux faire face à de tels chocs est donc essentiel si l’on veut améliorer le bien-être des populations à court terme et leur offrir, à plus long terme, la possibilité de sortir de la pauvreté45.
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La faible capacité à faire face aux risques climatiques est ce à quoi l’on reconnaît la pauvreté rurale en Afrique. En Éthiopie, près de la moitié des ménages ruraux ont été touchés par une sécheresse entre 1999 et 2004. La baisse moyenne de la consommation a été de 16 %, ce qui est considérable compte tenu des niveaux déjà très élevés de pauvreté. Selon l’enquête menée dans le cadre du Rapport sur le développement humain 2007, les sécheresses risquent, à terme, d’être préjudiciables aux enfants. En Éthiopie et au Kenya, les enfants de moins de 5 ans avaient respectivement 36 % et 50 % de risques supplémentaires de souffrir de malnutrition s’ils étaient nés pendant une année de sécheresse. Au Niger, les enfants de moins de 2 ans nés pendant une année de sécheresse avaient 72 % de risques supplémentaires de souffrir d’un retard de croissance ou d’être plus petits que la moyenne, ce qui est un des symptômes de la malnutrition. Ces données mettent non seulement en évidence les coûts humains immédiats de l’incapacité à faire face aux événements climatiques, mais également le risque qu’ils se transmettent de génération en génération46. Un outil, peu reconnu, permet d’aider considérablement les populations à faire face aux chocs climatiques : il s’agit de l’assurance. En mutualisant les risques au sein d’un groupe conséquent et diversifié, les agriculteurs peuvent réduire le coût (c’est-à-dire, la prime) que représente le fait de s’assurer contre des événements catastrophiques ou préjudiciables comme la maladie, la destruction de leurs biens, la perte de leurs actifs ou une période de chômage prolongée. Sur le fond, l’assurance est un investissement dans la gestion du risque. Elle permet aux personnes de reconstruire leurs vies et de récupérer leurs moyens de subsistance et leurs actifs, et constitue un filet de sécurité qui donne aux entrepreneurs et aux petites entreprises la confiance nécessaire pour prendre des risques raisonnables dans le cadre d’investissements. Dans les pays industrialisés, les exploitants agricoles ont accès à des assurances largement subventionnées, qui prévoient des provisions pour risques « de dernier ressort » versées par les gouvernements en cas de pertes catastrophiques liées à des sécheresses ou des inondations. En 2012, le département américain de l’agriculture a dépensé 27 milliards de dollars US en assurance-récolte, comprenant des remboursements relatifs à un épisode de sécheresse exceptionnel dans le Midwest47. Entre 2001 et 2012, l’agence fédérale américaine de gestion des catastrophes a plus que doublé ses dépenses relatives à l’assurance-récolte, qui sont passées de 3,4 à 7,6 milliards de dollars US, ce qui traduit bien l’incidence des événements météorologiques extrêmes. En Afrique, les agriculteurs se trouvent dans un environnement de risque très différent. Ainsi que nous le verrons dans la quatrième partie, seule une faible minorité a accès aux marchés officiels de l’assurance. Les agriculteurs d’un même secteur étant confrontés à des risques communs, les possibilités de mutualisation du risque sont limitées : en effet, en cas de sécheresse, tous les agriculteurs seront touchés en même temps. Les agriculteurs africains doivent donc trouver d’autres moyens de gérer le risque et de faire face aux risques non assurés. Ils conservent ainsi une épargne qui aurait pu leur servir à financer des investissements ou à consommer. Selon plusieurs enquêtes, dans de nombreux pays d’Afrique, plus de la moitié de l’épargne a pour objet de se protéger contre les situations d’urgence (voir quatrième partie). Les risques non garantis s’inscrivent dans un cercle vicieux qui maintient les agriculteurs africains dans la pauvreté et empêche le développement de l’agriculture. Par crainte d’une future perte de revenus liée aux risques climatiques, les agriculteurs disposant d’une épargne limitée peuvent hésiter à investir dans des semences, des engrais, des systèmes d’irrigation ou d’autres actifs, le retour futur sur investissement étant incertain48. Il est donc plus probable qu’ils placent leur argent dans des actifs liquides, facilement utilisables en cas d’urgence. En d’autres termes, les risques non garantis dissuadent les exploitants agricoles de procéder à des investissements qui pourraient améliorer la productivité. Selon une enquête menée sur les plateaux d’Éthiopie auprès de plus de 1 500 ménages, lorsqu’ils doivent décider de recourir ou non à de nouvelles technologies, les agriculteurs sont plus sensibles aux pertes potentielles qu’aux gains que ces outils pourraient leur procurer. Les ménages disposant d’actifs plus importants — qu’il s’agisse de bétail, de terres ou de liquidités — s’avèrent plus enclins à
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Les sécheresses risquent, à terme, d’être préjudiciables aux enfants. En Éthiopie et au Kenya, les enfants de moins de 5 ans avaient respectivement 36 % et 50 % de risques supplémentaires de souffrir de malnutrition s’ils étaient nés pendant une année de sécheresse.
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prendre des risques, ce qui souligne l’importance des mécanismes d’assurance49. En Tanzanie, des recherches ont montré que les ménages les moins en mesure de se prémunir des risques avaient davantage tendance à investir dans des cultures offrant une sécurité alimentaire et nutritionnelle plus élevée malgré des retours plus faibles sur investissement50. En Ouganda, les agriculteurs pauvres qui ne peuvent pas s’assurer contre les fluctuations de revenus se sont montrés peu enclins à prendre le risque d’investir dans la production de café, qui permet pourtant de dégager des marges plus élevées51. Même si les données restent encore incomplètes et fragmentées, les risques climatiques non garantis semblent être au cœur de nombre des défis plus généraux auxquels est confrontée l’agriculture africaine. Le sous-investissement dans des intrants aussi essentiels que l’engrais, les semences hybrides ou la main-d’œuvre est l’un des facteurs expliquant les faibles rendements des cultures en Afrique. La prise de risques que représente l’adoption de nouvelles méthodes ou outils agricoles pourrait aider à résoudre ce problème. La généralisation de l’assurance dans le cadre de nouvelles approches Les risques non garantis étant l’un des facteurs qui freinent le développement de l’agriculture africaine, l’assurance apparaît comme une solution évidente. Or, sur un marché caractérisé par un taux de pauvreté très élevé, des risques significatifs et des informations limitées quant aux profils des agriculteurs, il est probable que le coût des primes d’assurance soit élevé. Des données récentes indiquent toutefois qu’il existe un potentiel considérable de généralisation d’assurances abordable. L’une des innovations clés en la matière est l’assurance indexée. Elle permet à chaque agriculteur de se prémunir contre les risques liés à la production par l’intermédiaire de mécanismes de remboursement en cas d’événement déclencheur observable, par exemple des précipitations insuffisantes. L’événement pouvant faire l’objet d’une vérification et d’un suivi indépendants, l’instruction des sinistres en est moins coûteuse et moins susceptible d’être influencée par les actions individuelles de certains agriculteurs.
Les risques non garantis étant l’un des facteurs qui freinent le développement de l’agriculture africaine, l’assurance apparaît comme une solution évidente.
Plusieurs projets ont démontré le potentiel considérable de l’assurance indexée, dont le programme d’assurance indexée du bétail pour les éleveurs itinérants kenyans et le programme Kilimo Salama (« agriculture sûre ») au Kenya et au Rwanda. Une généralisation de ces projets est donc envisageable, mais il convient de ne pas trop exagérer le potentiel. Seuls quelques projets fonctionnent sans aucune subvention. De nombreux pays et zones rurales ne disposent pas des infrastructures nécessaires en matière de stations météorologiques. Plusieurs expérimentations ont établi que la complexité constituait un obstacle, les agriculteurs déclarant n’être pas certains de comprendre le rapport entre les risques et le montant des primes. Il serait possible d’augmenter les provisions pour risques en conjuguant assurance indexée, accès à l’épargne et dispositifs de crédit et de commercialisation coopérative ; toutefois, le faible niveau d’inclusion financière dans les zones rurales en Afrique constitue un obstacle majeur52. Les gouvernements doivent-ils subventionner l’assurance ? Le recours aux subventions comporte certains risques, dont celui qu’elles soient orientées vers les intérêts des grandes exploitations agricoles marchandes. Les gouvernements doivent également faire la part entre la rentabilité et les retombées en matière d’équité de chaque dollar investi dans l’assurance au regard d’autres solutions, telles que l’investissement dans les routes de desserte rurales, l’éducation ou la protection sociale. Toutefois, il peut y avoir une forte logique marchande à subventionner l’accès à une assurance-récolte commerciale bien conçue et parfaitement ciblée. Dans la plupart des pays africains, les plus pauvres seraient exclus du marché de l’assurance s’ils devaient en payer la totalité. Cela les empêcherait en effet d’investir dans de nouvelles technologies ou semences et serait à l’origine de coûts sociaux élevés par une perte de croissance et la disparition de possibilités d’emploi et d’investissement53. Dans ce cas, l’octroi de subventions publiques permettrait d’éviter ce qui s’apparenterait à un échec du marché, préjudiciable aux intérêts de la société dans son ensemble.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Pour les agriculteurs, la protection sociale peut constituer un rempart essentiel contre les risques. Les agriculteurs africains seraient plus enclins à prendre les risques associés à de nouveaux investissements s’ils étaient certains qu’un échec ne les plongerait pas automatiquement et pour longtemps dans le dénuement. La mise en place des filets de sécurité permettant aux populations de faire face aux difficultés sans être obligées de vendre des biens, de déscolariser leurs enfants ou de moins consommer permettrait de débloquer les investissements. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé grâce au programme de « filet de sécurité productif » en Éthiopie. De façon plus générale, la protection sociale est un moyen pour les gouvernements de subventionner l’entrée des populations pauvres sur les marchés de l’assurance. Au Rwanda, le gouvernement a progressivement élargi la couverture de l’assurance maladie à assise communautaire en subventionnant les frais d’adhésion de 1,5 million de citoyens parmi les plus pauvres. Des démarches similaires pourraient être mises en œuvre au Bénin, au Mali et au Sénégal, où les mutuelles de santé couvrent déjà de nombreuses personnes54. La Mutuelle panafricaine de gestion des risques : l’assurance à l’échelle régionale La précarité dans laquelle vivent les agriculteurs non assurés à l’échelle locale se reflète en grande partie à l’échelle nationale. Les catastrophes climatiques, telles que la sécheresse, font baisser les recettes publiques, détournent les dépenses vers les interventions d’urgence et freinent la croissance économique. On estime par exemple qu’une sécheresse décennale pourrait faire baisser le PIB du Malawi d’environ 4 % et que le cycle de sécheresses qu’a connu le Kenya en 2008-2011 a coûté au pays 2 % de son PIB annuel55, 56. En pareil cas, l’assurance peut jouer un rôle important. Actuellement, les interventions en cas de sécheresse se concentrent sur les actions à mener après la survenue de l’événement. Les gouvernements et les donateurs d’aide procèdent généralement à une estimation des pertes et recherchent des financements dans le cadre d’appels aux dons, qui ne sont souvent versés qu’après un délai prolongé. L’assurance ne saurait se substituer à l’action humanitaire ; toutefois, si les gouvernements africains mutualisaient leurs risques de sécheresse, ils seraient peut-être en mesure de réduire les coûts associés et de sécuriser davantage de financements pour la reconstruction. Tel est l’objectif principal d’une démarche innovante de coopération régionale. La Mutuelle panafricaine de gestion des risques (African Risk Capacity, ARC), agence spécialisée de l’Union africaine créée en 2012, est un instrument novateur de mutualisation des risques à l’échelle régionale57. Le concept repose sur le principe fondamental de toute assurance : le fait de se présenter sur le marché en tant que groupe permet de réduire les primes individuelles de chacun des membres du groupe. L’objectif de l’ARC est de tirer parti de la diversité naturelle des risques météorologiques dans l’ensemble de l’Afrique pour permettre aux pays adhérents de s’assurer contre des risques probables. Les premiers travaux de modélisation ont montré qu’en mutualisant leurs ressources, les pays pouvaient diminuer de moitié les fonds d’urgence nécessaires pour intervenir lors d’un épisode national de sécheresse extrême. Cela permettrait de dégager des ressources pour investir dans des programmes de renforcement de la résilience et de réduction de la vulnérabilité. Les remboursements versés par l’ARC ont été prévus pour arriver dans les caisses des ministères des Finances sous deux à quatre semaines, afin que les ménages puissent en bénéficier dans un délai maximal de 120 jours. Une analyse détaillée réalisée par l’IFPRI et l’université d’Oxford illustre les raisons pour lesquelles tout le monde sortirait gagnant d’une mutualisation dans le cadre de l’ARC58. Les chercheurs ont de fait mesuré les avantages liés à des remboursements au titre de l’assurance, qui permettent aux ménages de ne pas avoir recours à des stratégies préjudiciables pour faire face aux difficultés, telles que la réduction de la consommation alimentaire, la déscolarisation des enfants ou la vente de biens productifs. Ils ont établi que les avantages étaient considérables : pour chaque dollar investi dans une assurance contractée auprès de l’ARC, les pays parviennent à économiser 3,50 dollars US après la survenue de la crise.
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Ainsi, le développement et la mise en œuvre de l’ARC doivent être l’une des principales priorités de la région et de ses partenaires de développement. Son succès permettrait de créer un dispositif d’intervention en cas de sécheresse susceptible de sauver des vies et d’éviter que les risques climatiques n’enferment les agriculteurs dans la pauvreté, ce qui stimulerait in fine la croissance agricole. Il convient toutefois d’émettre une réserve quant à la portée de l’ARC. Ce dispositif sera assurément très rentable dans le cas d’événements météorologiques exceptionnels et viendra compléter les ressources nationales pour favoriser la reconstruction. En revanche, dans les pays extrêmement vulnérables exposés à des risques fréquents, l’assurance devra être complétée par des investissements dans la préparation aux situations d’urgence. Le Niger fait partie des pays concernés (Encadré 8).
ENCADRÉ 8 PRÉPARATION AUX SITUATIONS D’URGENCE AU NIGER L’assurance n’est pas la solution à tout. Dans les pays confrontés à des risques chroniques, ainsi qu’à des niveaux exceptionnels de pauvreté et de vulnérabilité, les mécanismes classiques d’assurance ont tendance à être moins efficaces que les investissements dans la gestion des risques et la résilience. Le Niger en est un bon exemple. Il s’agit d’un pays vaste, aride et enclavé, qui compte 17 millions d’habitants, dont 7 millions vivent sous le seuil de pauvreté. En 2013, le pays se situait à la 187e et dernière place de l’Indice du développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement. Plus de 50 % du PIB du pays et la très grande majorité des moyens de subsistance de la population dépendent de l’agriculture ; or, les déficits structurels de la production agricole conduisent à une insécurité alimentaire quasi permanente. Le Niger doit faire face à des précipitations aléatoires, irrégulières et insuffisantes, et a connu trois sécheresses majeures depuis 2000, ainsi que des inondations et des épidémies régulières. Selon certaines estimations, la sécheresse est responsable de pertes de récolte équivalant à 44 millions de dollars US par an. Pour assurer les Nigériens contre les risques auxquels ils sont confrontés, il faudrait mobiliser des subventions bien supérieures aux capacités budgétaires du pays. Pour l’ARC, le Niger est un pays qui doit faire face à de nombreux risques inassurables. Pourtant, des investissements dans la préparation aux situations d’urgence et l’acheminement rapide de l’aide permettraient de réduire le coût des interventions en cas de crise, pour les gouvernements comme pour la communauté humanitaire dans son ensemble. En examinant trois scénarii coût-bénéfice d’investissements dans la préparation précoce, l’on découvre que les projections de retours sur investissement pour chaque dollar US investi varient entre 3,25 et 5,70 dollars US59.
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L’AGRICULTURE AFRICAINE : À LA CONQUÊTE DU MONDE Les défis à l’échelle mondiale et continentale offrent de nombreuses opportunités à exploiter. La région doit désormais optimiser son potentiel en matière d’agriculture.
Monde
Afrique 2000
6 2,9
MILLIARDS
d’habitants
Urbanisation croissante
MILLIARDS
de citadins
2015
7,2 3,9
MILLIARDS
d’habitants
MILLIONS D’ENFANTS
35
MILLIARDS DE DOLLARS US
vont à l’école le ventre vide
MILLIARDS
de citadins
2050
9,6 6,3
23
MILLIARDS
d’importations de produits alimentaires, en dehors du poisson
d’habitants
MILLIARDS
de citadins
100 %
Augmentation de la demande alimentaire d’ici 2050
Les agriculteurs africains et les communautés de pêcheurs peuvent augmenter leur productivité et...
NOURRIR L’AFRIQUE ET LE MONDE ENTIER
Sources : FAO, FAOSTAT (Rome : FAO, 2013). Groupe de la Banque mondiale, Agricultural exports from Latin America and the Caribbean : harnessing trade to feed the world and promote development (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2013). Groupe de la Banque mondiale, PNUD, PNUE et WRI, World Resources Report: Creating a sustainable food future (Interim findings) (Washington D.C. : World Resources Institute, 2013-2014). ONU DAES, base de données en ligne (New York : Nations Unies, 2014). PAM, Deux minutes pour mieux connaître… les repas scolaires (Rome : PAM, 2012).
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Conclusion : les perspectives de l’agriculture africaine Les analyses portant sur l’agriculture africaine sont souvent axées sur les problèmes évidents de la région. On accorde beaucoup moins d’intérêt aux perspectives extraordinaires du continent, qui permettraient d’exploiter tout le potentiel que représentent les agriculteurs africains, de réduire la pauvreté et d’améliorer la nutrition des populations. Alors que l’Afrique compte 60 % des terres arables non cultivées du monde, des marchés urbains en pleine croissance et des millions d’agriculteurs résilients et innovants, son agriculture pourrait devenir l’un des piliers essentiels d’un système mondial de sécurité alimentaire et nutritionnelle soumis actuellement à de fortes pressions. (Voir infographie L’agriculture africaine : à la conquête du monde). La plupart des freins au développement agricole du continent pourraient être levés grâce à des réformes politiques nationales. Les gouvernements africains doivent impérativement desserrer le frein à main qui paralyse depuis trop longtemps la croissance agricole. Concrètement, ils doivent investir dans les infrastructures, éliminer les obstacles au commerce régional et mettre en application les connaissances scientifiques, afin d’ouvrir la voie à une révolution verte 100 % africaine. La communauté internationale dans son ensemble doit également jouer son rôle en concrétisant ses promesses d’aide et en soutenant les efforts d’adaptation des agriculteurs africains face au changement climatique. Depuis des dizaines d’années, les petits exploitants agricoles se débattent dans un océan d’indifférence. Au cours des dix prochaines années, les gouvernements doivent offrir à ces agriculteurs les perspectives dont ils ont besoin pour devenir les moteurs de la croissance, en retirer les bénéfices et nourrir une population de plus en plus nombreuse.
Les gouvernements africains doivent impérativement desserrer le frein à main qui paralyse depuis trop longtemps la croissance agricole. Concrètement, ils doivent investir dans les infrastructures, éliminer les obstacles au commerce régional et mettre en application les connaissances scientifiques, afin d’ouvrir la voie à une révolution verte 100 % africaine.
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PÊCHE ET SYLVICULTURE : le coût d’une mauvaise gestion
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Dans notre Rapport 2013, Équité et Industries Extractives en Afrique, nous nous demandions comment les gouvernements pouvaient mettre les richesses naturelles du continent au service du développement économique et social. Nous affirmions que l’afflux de capitaux généré par la demande extérieure de pétrole, de cuivre, de minerai de fer et d’autres métaux pourrait financer les progrès innovants en matière d’infrastructures, de santé et d’éducation nécessaires pour entraîner une croissance qui améliorerait le bien-être de l’ensemble des Africains. Cette année, nous envisageons sous le même angle des questions plus larges de mobilisation des ressources. Les ressources halieutiques et forestières renouvelables de l’Afrique sont une source potentielle de richesse et de débouchés, au moins autant que le pétrole et les métaux non renouvelables. Exploitées de façon rationnelle, elles pourraient assurer des moyens d’existence, favoriser la sécurité alimentaire, générer des recettes d’exportation et protéger des systèmes écologiques indispensables. Mais actuellement, en l’absence d’institutions nationales et d’une coopération internationale efficaces, les ressources halieutiques et forestières de l’Afrique consolident le pouvoir et les fortunes personnelles des élites dirigeantes et enrichissent les acheteurs étrangers. De même que pour le pétrole et les minerais, les gouvernements africains doivent prendre l’initiative de mettre fin au pillage des biens publics, une tâche à laquelle la plupart ne se sont pas encore attelés.
Protéger les biens et gérer les ressources, renouvelables ou non Bien qu’il y ait de nombreuses différences entre les difficultés liées à la gestion des ressources renouvelables et non renouvelables, il existe également des similitudes. On distingue quatre thèmes récurrents : La participation de l’Afrique à un commerce mondial caractérisé par des pratiques illégales et contraires à l’éthique : dans le cas du pétrole et des minerais, l’illégalité concerne principalement l’enrichissement de certaines élites nationales et leurs relations avec les multinationales qui se livrent à des pratiques (prix de transfert notamment) facilitant l’évasion fiscale, l’opacité du négoce des concessions et la sous-déclaration des bénéfices. Les activités opaques de certaines sociétés, gérées par des paradis fiscaux, sont au centre du système. Ce problème a son équivalent dans le secteur de la pêche : le pillage des océans africains par des pratiques de pêche opaques et illégales. L’insuffisance de la coopération internationale : un bon nombre des pratiques favorisant le pillage des ressources en Afrique (l’évasion fiscale, la surpêche et la surexploitation des forêts) sont d’envergure internationale. Cependant, la coopération internationale pour lutter contre ces problèmes s’est le plus souvent limitée à des échanges d’informations, des codes de déontologie volontaires et des déclarations générales de principes. Bien que les sociétés opèrent et réalisent des bénéfices sur des marchés désormais mondialisés, les lois qui réglementent leurs pratiques sont encore essentiellement nationales, et les pays n’ont pas réussi à coordonner de mesures législatives visant à limiter les possibilités de pratiques illégales. L’inaction politique des gouvernements africains : comme nous l’avons montré dans le rapport de l’an dernier, la plupart des gouvernements africains n’ont pas mis en place les politiques nécessaires pour mettre les richesses naturelles au service du développement. Plus généralement, les gouvernements ne sont pas parvenus à mettre en place des institutions responsables et transparentes, à partager les richesses naturelles de façon équitable et à publier les clauses des contrats d’exploitation minière et forestière, ouvrant ainsi la porte à la corruption, aux contrats opaques et à d’importantes pertes de revenus.
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Le manque de moyens : pour gérer les revenus et mettre fin au pillage, les gouvernements doivent avoir les capacités institutionnelles nécessaires. Il faut identifier et estimer les ressources. Il faut surveiller les activités des sociétés qui opèrent souvent à l’échelle mondiale. Il faut définir les conditions d’octroi des concessions et des licences en fonction des priorités nationales. Bien trop souvent, cependant, les autorités africaines n’ont pas les moyens, notamment technologiques et financiers, de gérer la sylviculture, la pêche et les autres ressources et d’empêcher l’évasion fiscale. Il s’agit d’un problème mondial. Les sociétés qui pratiquent le plus l’évasion et la fraude fiscales sont pour la plupart des multinationales mondiales, qui possèdent des bureaux dans plusieurs pays. Leurs comptables transfèrent les bénéfices d’un pays à un autre sans aucune difficulté. Les médias, en dénonçant l’évasion fiscale à grande échelle à laquelle se livrent des sociétés très connues comme Google, Starbucks et Apple, ont contribué à inscrire ce problème en tête des priorités politiques internationales. La solution ne peut venir que d’une collaboration mondiale. L’an dernier, le Rapport sur les progrès en Afrique a mis en évidence la question des pratiques commerciales opaques dans les industries extractives présentes en Afrique. Le rapport de cette année montre que ce problème touche également d’autres secteurs. Les pertes des pays d’Afrique sur le plan des ressources, renouvelables ou non, sont considérables, insuffisamment signalées, et probablement en augmentation. C’est dans les domaines de la pêche et de l’exploitation forestière que ce problème est le plus flagrant. En effet, dans ces deux secteurs, la mauvaise gouvernance et l’inefficacité de la coopération internationale ne permettent pas d’empêcher le vol, la corruption et la perte d’opportunités en faveur du développement. (Voir Infographie Un manque à gagner pour l’Afrique : le coût des sorties de capitaux illicites). Aujourd’hui, l’Afrique se trouve au cœur d’une bataille entre la gestion durable et l’exploitation non durable des ressources maritimes. Actuellement, c’est l’exploitation non durable qui l’emporte. Selon la FAO, la plupart des stocks de poissons exploités à des fins commerciales sont à la limite de l’exploitation durable, puisqu’un tiers des stocks sont surexploités1. Selon certaines estimations, les chiffres de la surexploitation seraient même plus élevés2. La pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) constitue un obstacle majeur à une gestion durable. Selon les estimations les plus couramment citées, la valeur des captures INN se situerait entre 10 milliards et 23,5 milliards de dollars US3. La plupart de ces captures sont effectuées non pas en haute mer, mais dans les eaux côtières sous juridiction nationale4. Pour l’Afrique subsaharienne, les pertes s’élèveraient à environ un milliard de dollars US par an5.
Les zones de pêche côtière africaines, une ressource menacée L’épuisement rapide des zones de pêche côtière africaines s’inscrit dans une crise mondiale de gestion des pêches. La surexploitation est au cœur de cette crise. La pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) est l’un des principaux facteurs de surexploitation. (Voir infographie Pris dans les filets). Les eaux côtières africaines contiennent des ressources halieutiques parmi les plus convoitées au monde. Certaines des zones de pêche thonière les plus riches au monde se trouvent dans le golfe de Guinée et les eaux côtières de l’Afrique de l’Est. Selon la FAO, la moitié des stocks de poissons au large de la côte ouest de l’Afrique sont surexploités.
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UN MANQUE À GAGNER POUR L’AFRIQUE : LE COÛT DES SORTIES DE CAPITAUX ILLICITES
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Pourcentage de PIB perdu par les différentes régions en raison de mouvements de capitaux illicites
4,5%
Pays émergents d’Europe
3,5%
Hémisphère occidental
3,5%
4,1% Asie
MENA
5,7%
4%
Afrique subsaharienne
Tous pays en développement
*MENA: MoyenOrient et Afrique du Nord
Total des mouvements de capitaux illicites en provenance d’Afrique
50 milliards de dollars US PAR AN
Ce montant représente 5,7 % du PIB de l’Afrique ; il est supérieur aux dépenses publiques de santé de l’ensemble du continent
PILLAGE DES RESSOURCES Exploitation forestière illicite MONDE
100 milliards de dollars US PAR AN
AFRIQUE
17 milliards de dollars US PAR AN
Pêche illicite, non déclarée et non réglementée MONDE
23 milliards de dollars US PAR AN
AFRIQUE DE L’OUEST
1,3 milliards de dollars US PAR AN
Sources : Canby K. et Oliver R., Trade flows, illegality hot-spots and data monitoring, présentation lors de l’atelier de Chatham House en préparation de la mise en œuvre de la règlementation sur le bois illégal de l’UE à Bruxelles, les 17 et 18 janvier 2013 (2013). GFI, Flux Financiers Illicites en Provenance des Pays en Développement : 2001-2011 (Washington D.C. : GFI, 2013). INTERPOL et PNUE (2012), Carbone vert, marché noir : Exploitation illégale, fraude fiscale et blanchiment dans les forêts tropicales du monde (Nairobi : PNUE, 2012). IIDD, Panel Discusses Illicit Financial Flows from Africa during US Visit (Winnipeg : IIDD, 2014). OCDE, Le commerce illicite de produits écologiquement sensibles (Paris : OCDE, 2012).
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
L’ampleur de la pêche INN dans les eaux africaines est considérable. Les taux de pêche INN signalés en Afrique de l’Ouest sont parmi les plus élevés au monde : en effet, entre un tiers et la moitié des captures sont concernées. En Sierra Leone, on a signalé 252 cas de pêche illégale par 10 navires industriels sur une période de 18 mois allant jusqu’en juillet 2012. Au Libéria, plus de 40 navires ont fait l’objet d’une enquête pour pêche illégale depuis 20116. Sur le plan économique, la pêche INN est l’équivalent de la sous-déclaration des exportations et des bénéfices réalisés sur les minerais. Une fois encore, ces données doivent être traitées avec prudence. Selon une estimation de l’OCDE, les pertes dues uniquement aux captures illégales s’élèvent à près d’un milliard de dollars US par an7. Si l’on tenait compte de la sousdéclaration et de l’activité non réglementée, ce chiffre serait plus élevé. À elle seule, l’Afrique de l’Ouest perdrait sans doute pas moins de 1,3 milliard de dollars US par an8. Au Sénégal, les pertes liées à la pêche INN (environ 300 millions de dollars US en 2012) représentent près de 2 % du PIB 9. Ces chiffres minimisent le véritable coût social, économique et environnemental de la surpêche. Contrairement aux secteurs minier et pétrolier, la pêche représente un facteur essentiel d’emplois, de commerce et de sécurité alimentaire et nutritionnelle. En Afrique de l’Ouest, jusqu’à un quart des emplois sont liés à la pêche, et le secteur fournit aux populations de la région les protéines, minéraux et autres nutriments indispensables à leur alimentation. Le poisson représente jusqu’à deux tiers des protéines animales consommées par les populations des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest10. Par ailleurs, les pêcheurs artisanaux sont reliés aux consommateurs par le biais d’un immense réseau commercial intrarégional dans lequel les femmes jouent un rôle central11. La surpêche prive la région de revenus, mais elle réduit également les stocks de poissons, ce qui diminue les captures artisanales et nuit au milieu marin. Elle fait également peser un risque sur la subsistance et la sécurité alimentaire et nutritionnelle de millions de personnes en Afrique de l’Ouest. Les défaillances qui permettent la surexploitation Les gouvernements africains doivent s’attacher non seulement à préserver les stocks de poissons et l’intégrité du milieu marin, mais aussi à limiter la concurrence déloyale entre les flottes de pêche industrielle et les pêcheurs artisanaux. En raison de l’augmentation de la demande mondiale de poisson, en particulier dans les marchés émergents, et des mesures de préservation mises en place dans les autres régions, les eaux africaines attirent des flottes du monde entier. Les navires en provenance de l’Union européenne constituent toujours la principale présence étrangère, mais les flottes en provenance de Chine, des Philippines, de Russie, de Corée du Sud et de Taïwan se sont également multipliées ces dernières années. Selon des estimations crédibles de Greenpeace, la majorité de la pêche INN serait imputable à des navires d’Asie de l’Est et de Russie. Les subventions accordées par les gouvernements en soutien à l’industrie de la pêche augmentent en fin de compte les pressions exercées sur les stocks de poissons mondiaux. Le coût du soutien financier accordé aux flottes de pêche, des exonérations fiscales (notamment sur le carburant) et d’autres mesures s’élève au total à environ 27 milliards de dollars US par an, l’équivalent de 41 % de la valeur déclarée des captures mondiales12. Ces subventions proviennent principalement de l’Union européenne, de la Russie et des pays d’Asie de l’Est qui possèdent un grand nombre de « flottes de pêche hauturière »13. Elles bénéficient au moins en partie à des flottes qui pratiquent la pêche illégale en Afrique. L’Union européenne, par l’intermédiaire du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, va débloquer environ 6,5 milliards d’euros (soit 8,9 milliards de dollars US) entre 2014 et 2020 pour venir en aide au secteur de la pêche14. Malgré les demandes de la communauté scientifique15, ce fonds va subventionner des investissements (notamment l’achat de nouveaux moteurs) qui favorisent la surpêche. La majeure partie des subventions européennes profite directement à des groupes puissants du secteur de la pêche, notamment des sociétés qui gèrent d’importantes flottes depuis l’Espagne16.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
PRIS DANS LES FILETS
2/3
des pays africains ont accès à la mer, mais des pratiques opaques, illicites et illégales anéantissent la perspective d’une révolution bleue
LES P RAT IQU ES OP AQ UE SD EP ÊCH E CO NDU IS E
10 - 23 milliards de dollars US
perdus chaque année dans les océans de la planète en raison de prises illicites, non déclarées et non réglementées 90
N T A U P I L L AG E
UE Q I FR A ’ EL D S N A É C DES O
1,3 milliard de dollars US
perdus chaque année au large de l’Afrique de l’Ouest
300 millions de dollars US
perdus chaque année par le Sénégal
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Mon de
LA SURPÊCHE A ATTEINT DES NIVEAUX PRÉOCCUPANTS
% 0 3
Afrique du Nord-Ouest 53%
Afrique du Nord 50%
Afrique de l’Ouest 50%
Afrique Océan Indien 24%
ACTI ONS COLL ECTI VES DOI VEN T ÊT RE
METTRE FIN À LA PÊC HE ILLICI NDIALE POUR O M E L TE, NON L E H DÉCL L’ÉC
À ARÉE ET NO LACE P N RÉG N E S LEME E NTÉE MIS « Le financement du pillage » : les pays industrialisés versent 27 milliards de dollars US par an sous forme de subventions au carburant, d’assurances, etc.) à ceux qui épuisent les ressources des océans.
DE S
L’Afrique est au cœur d’une lutte entre une gestion durable et une exploitation non viable de la pêche en mer
La majeure partie des prises illicites, non déclarées et non réglementées peuvent être identifiées comme provenant de navires immatriculés en Russie ou dans les pays d’Asie orientale
Les règles internationales facultatives en matière de pêche mondiale relèvent d’une « catastrophe organisée » (Commission Océan Mondial) Sources : Copeland D., West Africa has vast marine wealth but it is being depleted by the world’s highest levels of illegal fishing (Londres : Chatham House, 2014). FAO, La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture (Rome : FAO, 2012). Lam, V. et al., Global Fisheries Subsidies (Bruxelles : Parlement européen, 2013). Greenpeace, The Plunder of a Nation’s Birthright. The Fishing License Scandal: A Drama in Five Acts (Johannesburg : Greenpeace, 2012). OCDE, Le commerce illicite de produits écologiquement sensibles (Paris : OCDE, 2012). The Economist, A sea of riches: Coastal waters could feed many more Africans, but need better protection (Londres : The Economist, 2012). The Economist, Governing the high seas: In deep water (Londres : The Economist, 2014). 91 2013). USAID, Estimation préliminaire des captures de la pêche illicite non déclarée et non réglementée au Sénégal (Washington D.C. : USAID,
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
En théorie, les flottes étrangères opèrent dans les eaux africaines conformément à des conditions dictées par les accords de pêche. Les pays accordent des droits de pêche dans leurs zones économiques exclusives à l’aide de licences privées, de coentreprises et d’accords d’accès. Dans les faits, rares sont les gouvernements africains en mesure de contrôler ou de faire respecter les conditions de ces accords ; la plupart n’ont pas les moyens d’effectuer des patrouilles efficaces dans leurs eaux côtières. Ainsi, la zone côtière exclusive de Madagascar, victime de la pêche illégale intensive des flottes asiatiques, est supervisée par trois petits bateaux de surveillance, huit hors-bords, 18 inspecteurs et 22 observateurs17.
ENCADRÉ 9 LA MAURITANIE N’A PAS RÉALISÉ LE POTENTIEL DE SON SECTEUR HALIEUTIQUE La longue façade atlantique de la Mauritanie est l’une des zones de pêche océaniques les plus riches au monde. Des accords bilatéraux ont été conclus avec les pays voisins ainsi qu’avec la Russie, le Japon et l’Union européenne. Les retombées ont cependant été limitées, que ce soit sur le plan des recettes d’exportation ou celui de la sécurité alimentaire nationale. Les clauses des accords officiels se sont améliorées mais restent inéquitables. L’Union européenne ne paie que 70 millions d’euros (soit 97 millions de dollars US) pour 100 bateaux opérant dans les eaux mauritaniennes. Cet accord est le plus important conclu par l’Union européenne en Afrique sur le plan financier et en volume de captures. Il prévoit différentes obligations pour les navires : opérer à une distance d’au moins 20 miles des côtes, faire appel à un équipage mauritanien et transférer 2 % des captures au gouvernement18. D’autres accords officiels illustreront les conditions négociées avec l’Union européenne. Une importante activité de pêche illicite, non déclarée et non réglementée a toutefois été signalée19. Le manque de transparence suscite également quelques inquiétudes. En 2013, le gouvernement mauritanien a révoqué un accord négocié avec une société de pêche chinoise, qui prévoyait des droits de pêche pour une durée de 25 ans et d’importants allègements fiscaux. Cet accord avait rencontré une violente opposition de la part des communautés locales de pêche artisanale et des organisations écologistes internationales20. Il est inquiétant que la Mauritanie n’ait pas été en mesure de contrôler efficacement le respect des accords ou d’assurer des retombées économiques plus importantes. À peine 10 % des captures déclarées sont déchargées dans des ports mauritaniens, et la proportion de poisson transformé localement est encore plus faible21. La quasi-totalité de la pêche débarquée est exportée sous forme de produit surgelé, avec une valeur ajoutée locale très limitée.
Certains accords de pêche favorisent des pratiques non durables et abusives. Les pays africaines recoivent des navires de pêche européens six pourcent de la valeur des prises réalisées dans leurs eaux; un quart de ce pourcentage est payé par les navires et les trois quarts restants par l’impôt des citoyens Européens. Cependant les contrats avec les flottes asiatiques, en particulier, sont souvent opaques et mal définis22. De nombreuses dispositions n’abordent que l’aspect « payer pour pêcher » et se contentent d’indiquer le nombre de navires autorisés chaque année plutôt que de déterminer des plafonds de captures. Les taux de paiement sont souvent très faibles : on a signalé des niveaux inférieurs à 4 % de la valeur des captures débarquées pour la Corée du Sud et Taïwan. La nouvelle génération d’« accords de partenariat bilatéraux dans le domaine de la pêche » conclus entre l’Union européenne et un petit nombre de pays d’Afrique pourrait représenter une amélioration par rapport aux pratiques antérieures23. Ils prennent en compte des paiements plus élevés par les industries (moins élevés pour le contribuable Européen), des mesures de renforcement des capacités techniques, un soutien en faveur de la transformation locale et des modalités de suivi visant à améliorer la durabilité24. Ces dernières modalités sont louables, mais l’Union européenne doit redoubler d’efforts afin d’étendre à davantage de pays ces droits d’accès plus équitables, de négocier publiquement les accords de partenariat et d’aider les États côtiers à surmonter une bonne partie de leurs problèmes de gouvernance, en particulier en matière de suivi, de contrôle et de surveillance.
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Par ailleurs, cette nouvelle génération d’accords souffre encore de certaines lacunes : l’Union européenne n’y applique toujours pas le principe de précaution scientifique en ce qui concerne les niveaux des captures et les stocks, et ne prend toujours aucune mesure pour réglementer la taille des filets et divulguer les détails des accords individuels25. Une analyse de l’accord conclu avec la Mauritanie montre que l’appui technique et financier à la transformation locale n’a pas fait l’objet d’une attention suffisante. Or, cet appui pourrait apporter une valeur ajoutée aux captures26. On peut également craindre que l’Union européenne, en mettant en place ces accords bilatéraux, ait sérieusement bloqué (même sans le vouloir) l’élaboration de politiques régionales de gestion des pêches. Même les accords de pêche les mieux conçus ne pourront pas résoudre toutes les difficultés rencontrées par l’Afrique en matière de ressources durables. La région est confrontée à des problèmes systémiques de gouvernance. Les pays n’ont pas la logistique et l’expertise nécessaires et ne disposent que d’informations limitées sur les stocks de poissons et les captures. On déplore souvent un manque de clarté, imputable aux organismes d’État. Lorsque des navires pratiquant la pêche INN sont pris en faute, les sanctions judiciaires sont souvent dérisoires. On ne peut pas rejeter l’entière responsabilité de la surpêche sur les flottes étrangères peu scrupuleuses. La corruption a eu un effet dévastateur sur la réglementation, ce qui a également favorisé la surpêche. Au Sénégal, certaines personnalités politiques haut placées ont ainsi pu vendre des permis illicites à des flottes étrangères dans leur intérêt personnel (Encadré 10). Par ailleurs, des navires battant pavillon africain (notamment la flotte thonière du Ghana) ont également été impliqués dans des activités de pêche INN. À l’échelle régionale, les gouvernements doivent tout mettre en œuvre pour harmoniser les lois, coordonner la surveillance et diffuser l’information.
ENCADRÉ 10 LA RÉDUCTION DES CAPTURES ILLÉGALES AU SÉNÉGAL Si la pêche commerciale illégale est un véritable fléau dans toute l’Afrique de l’Ouest, sa forme la plus virulente se trouve au Sénégal, et les principales victimes sont les pêcheurs artisanaux sénégalais. Le Sénégal est l’un des pays les plus tributaires de la pêche à l’échelle mondiale. L’industrie locale est centrée autour de 52 000 artisans qui utilisent des pirogues pour pêcher la sardine, le mérou, le vivaneau, la crevette et le maquereau. Mais les pêcheurs artisanaux ne sont que l’un des maillons d’une plus grande chaîne. On estime que la pêche emploie 600 000 personnes, directement ou indirectement. Le poisson représente les trois quarts des apports en protéines animales. Les riches eaux côtières du Sénégal procurent des emplois, de la nourriture et des revenus, mais attirent aussi fortement les grandes flottes de pêche commerciale. Ces flottes se livrent à diverses activités plus ou moins légales. Mais c’est le problème des captures illégales qui semble s’aggraver le plus rapidement, avec des conséquences désastreuses pour la population sénégalaise. Les lois sénégalaises déterminent à quelle distance minimale de la côte les chalutiers de différentes tailles sont autorisés à pêcher. Les licences de pêche sont octroyées conformément à un accord entre le gouvernement et le pays d’immatriculation du navire demandeur. Le cadre réglementaire repose sur la reconnaissance que la concurrence entre les pêcheurs artisanaux et les flottes industrielles doit être gérée de façon à favoriser la durabilité et le développement national. Un gros chalutier peut capturer 250 tonnes de poisson en une seule journée ; cela équivaut à ce que 50 pirogues peuvent capturer en un an.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Au cours des dix dernières années, le gouvernement a répondu à la pression grandissante des pêcheurs artisanaux en tentant de durcir la réglementation. Un accord conclu avec l’Union européenne a été résilié en 2006. En 2012, le nouveau gouvernement a révoqué les autorisations de pêche de 29 chalutiers étrangers, dont plusieurs navires-usines de 10 000 tonnes, immatriculés en Lituanie, en Russie, en Ukraine et dans d’autres pays. Toutefois, il semblerait que certains navires aient changé de pavillon et soient désormais immatriculés en tant que navires « affrétés » en Gambie, en GuinéeBissau et en Mauritanie. S’ils appartiennent officiellement à un propriétaire sénégalais, ces navires ont le droit de pêcher. Tout comme les navires en situation illégale, ils font de fréquentes incursions dans les zones désignées comme « zones de pêche artisanale ». Certains travaux récents ont donné un aperçu de l’ampleur des captures INN au Sénégal. Selon les chercheurs de l’Université de British Colombia, les pertes subies en 2011 s’élèveraient au bas mot à 300 millions de dollars US, soit environ 10 % de la valeur des exportations. Comme dans d’autres pays, le système réglementaire comporte deux grandes failles. Tout d’abord, le manque de moyens. Le Sénégal, comme d’autres pays d’Afrique, a des moyens très limités en matière de surveillance et de suivi. La plupart des éléments de preuve concernant les activités illégales pratiquées par des navires russes ont été fournis par Greenpeace, une organisation militante indépendante œuvrant à l’échelle mondiale. On constate toutefois des signes encourageants d’une plus grande détermination en faveur de la protection des zones de pêche nationales. Début 2014, un tribunal sénégalais a condamné les exploitants du chalutier russe Oleg Naydenov à la plus grosse amende jamais infligée à un navire étranger, à savoir 12 millions de dollars US. La seconde faille concerne la gouvernance nationale. Sous le précédent gouvernement, le ministre de l’Économie maritime a signé 11 protocoles d’autorisation de pêche pour des individus ayant des relations politiques haut placées et agissant pour le compte de mandataires de 21 bateaux (y compris le navire russe mentionné ci-dessus). Ces protocoles, qui accordaient d’importants droits de pêche dans des zones de pêche artisanale sensibles, n’ont pas été publiés à l’époque. Ils s’avèrent être en contradiction avec les lois sénégalaises relatives à la pêche et ont été contestés par le premier ministre, mais ils ont été approuvés par le président de l’époque.
Prendre des mesures pour garantir une pêche durable C’est avant tout aux gouvernements africains qu’il incombe de mettre en place des politiques visant à préserver les stocks de poissons tout en s’assurant que leurs populations en bénéficient. Mais compte tenu du manque de moyens en Afrique, il est indispensable de renforcer la coopération internationale en vue de défendre l’écologie marine et la pêche durable, qui sont des biens publics essentiels à l’échelle mondiale. Ce ne sont pas les cadres d’action crédibles qui manquent. Le Plan d’action international visant à prévenir, à contrecarrer et à éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, élaboré par la FAO, présente un bon nombre d’éléments indispensables pour s’attaquer à la pêche INN. La FAO dispose également d’un code de déontologie qui prévoit l’utilisation de Systèmes de surveillance des navires (SSN) afin de déterminer la localisation des bateaux de pêche. L’architecture institutionnelle nécessaire à une action multilatérale efficace est déjà en grande partie en place. Des dizaines d’organismes, d’instances et de commissions régionales des Nations Unies ont des responsabilités en matière de surpêche. Il serait également possible de faire intervenir l’autorité de l’Organisation mondiale du commerce sur la question des subventions favorisant la surpêche.
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Cependant, la coopération internationale est pour l’instant restée inefficace, en partie parce que les accords et les mandats des organismes internationaux sont redondants et comportent des lacunes considérables, ce qui leur fait perdre tout intérêt. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer a été ratifiée par presque tous les pays du monde (à l’exception des États-Unis), mais elle est peu contraignante en matière de préservation et n’a aucun pouvoir d’exécution. La FAO ne dispose pas des ressources nécessaires pour surveiller l’application de son propre code de déontologie. La Commission Océan Mondial a qualifié de « catastrophe coordonnée » cet ensemble disparate de règles volontaires et d’institutions fragmentées27. À ce problème s’ajoute l’influence des lobbyistes pro-pêche, qui oriente de façon excessive les stratégies que les gouvernements proposent aux instances multilatérales. Heureusement, il n’y a pas que de mauvaises nouvelles. En 2010, l’Union européenne, principal marché mondial des produits de la mer, a mis en place un règlement visant à améliorer la traçabilité des captures et à permettre d’inscrire sur une liste noire les navires pratiquant la pêche illégale et les pays ne coopérant pas à la lutte contre la pêche illégale28. Reste à voir jusqu’où iront la Commission européenne et certains États membres de l’Union européenne en matière de mise en œuvre. Trois pays, notamment la Guinée, ont néanmoins été inscrits sur cette liste. Huit autres ont reçu un « carton jaune », notamment la Corée du Sud, épinglée pour avoir négligé de contrôler ses navires opérant en Afrique de l’Ouest, et le Ghana. La pêche illégale pratiquée par des navires battant pavillon ghanéen a suscité quelques inquiétudes, et plusieurs chargements de thon ont été arrêtés ou se sont vu refuser l’accès au marché européen. Cette décision a incité le Ghana à combler ses lacunes en matière de gestion des pêches et à mettre en place un ministère dédié. En Afrique aussi, on constate une plus grande détermination. Des efforts sont déployés pour améliorer les systèmes politiques et juridiques et renforcer les capacités de mise en œuvre. L’aide internationale ciblée se développe (financements, formations et mise à disposition de patrouilles maritimes et aériennes). Le NEPAD et la FAO collaborent en faveur de l’élaboration de cadres réglementaires plus stricts. Fait important, plusieurs gouvernements tentent désormais de sanctionner la pêche INN. En 2013, le Libéria a condamné deux navires sud-coréens à des amendes d’un million de dollars US chacun pour pêche illégale. Les mesures prises à l’échelle nationale par la société civile et les communautés locales jouent également un rôle important. En Sierra Leone, les communautés de pêcheurs se chargent elles-mêmes du contrôle et de la surveillance, avec l’aide d’une ONG internationale (Encadré 11). Néanmoins, toutes ces mesures ne suffisent pas. Il est nécessaire de renforcer sensiblement la coopération internationale et régionale et d’améliorer la gouvernance. Pour déterminer comment parvenir à une gouvernance des pêches efficace, on peut examiner les méthodes ayant le mieux fonctionné dans d’autres régions du monde. L’Islande détient à ce titre un record inégalé, dont pourrait en partie s’inspirer l’Afrique. En effet, le secteur de la pêche a joué un rôle central dans la transformation de l’Islande en procurant des emplois, en générant des exportations et en favorisant le développement d’une industrie d’exportation à forte valeur ajoutée. Cette réussite s’est bâtie sur trois piliers : les données scientifiques, la stratégie et la mise en application (Encadré 12). Mais pour cela, il a fallu avant tout protéger les ressources maritimes essentielles du pays contre la surexploitation des flottes commerciales prédatrices en provenance de pays plus puissants sur le plan économique. La comparaison a ses limites : le Sénégal n’est pas l’Islande. Néanmoins, les pays africains auraient tout intérêt à suivre l’exemple de l’Islande, et leurs dirigeants politiques devraient prendre en priorité des mesures de protection des eaux côtières contre la pêche INN et de surveillance des stocks. D’une manière plus générale, la communauté internationale au sens large pourrait transformer les principes en faveur d’une pêche durable, assez vagues à l’heure actuelle, en mesures concrètes. Les priorités sont notamment les suivantes :
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Action et harmonisation à l’échelle régionale : les gouvernements africains ont tout intérêt à coopérer. Leurs marines nationales devraient collaborer plus étroitement afin de surveiller et protéger les eaux côtières contre la pêche INN, en particulier les eaux côtières territoriales, essentielles pour la pêche artisanale. Les gouvernements pourraient également encourager le développement de la pêche artisanale et répondre aux objectifs communs en matière de sécurité alimentaire en trouvant de nouveaux marchés régionaux pour le commerce des produits de la pêche. Les communautés scientifiques africaines devraient coopérer de manière plus efficace pour assurer la surveillance des écosystèmes marins et des stocks de poissons. Dans tous ces domaines, les avantages d’une mise en commun de l’expertise et des ressources ne sont pas assez exploités. Amélioration de la transparence : les gouvernements africains et leurs partenaires commerciaux devraient divulguer intégralement les clauses des accords de pêche : non seulement les informations relatives aux quotas et aux prix, mais également les intérêts commerciaux et les contreparties financières versées aux ressortissants des pays concernés par les accords. Mise en place d’un registre mondial des bateaux de pêche : contrairement aux paquebots et aux navires de charge, les bateaux de pêche ne sont pas tenus de porter un numéro d’immatriculation unique. Les gouvernements pourraient (et devraient) rendre cela obligatoire et, à l’aide des nouvelles technologies, surveiller les flottes de pêche et échanger des informations à leur sujet. L’Organisation maritime internationale (OMI) propose pour cela un cadre institutionnel prêt à l’emploi. Mesures à l’égard des « pays d’immatriculation irresponsables » : de nombreux bateaux de pêche commerciale opérant en Afrique sont immatriculés dans des États qui ne veulent ou ne peuvent pas s’acquitter de leurs responsabilités réglementaires. De ce fait, la responsabilité de contrôler les « navires-hors-la-loi » revient aux gouvernements africains, qui n’ont souvent pas les moyens de mettre en place une réglementation efficace. Les « pavillons de complaisance » sont l’équivalent maritime des paradis fiscaux. Ce système permet aux propriétaires effectifs de se cacher derrière des sociétés-écrans ou des prête-noms. Là encore, l’OMI pourrait établir un registre des bateaux de pêche qui naviguent sous pavillon de complaisance. Cela permettrait aux gouvernements africains d’éviter de conclure des accords avec les navires répertoriés. Renforcement de l’efficacité des mesures portuaires : pour les gouvernements, l’un des meilleurs moyens d’assurer la régulation par le biais de règles multilatérales est d’effectuer des contrôles dans les ports où les captures de pêche sont débarquées et déclarées. Les pays côtiers peuvent contribuer à exclure du marché le poisson capturé illégalement en interdisant l’accès aux ports et aux services aux navires étrangers suspectés de pêche illégale. C’est à cet effet que la FAO a adopté un accord juridiquement contraignant : l’accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port. Néanmoins, ce traité doit être ratifié par 25 pays pour entrer en application. À ce jour, il n’a été ratifié que par 11 signataires, dont l’Union européenne29. Application de la loi : la Norvège a mené une initiative visant à reconnaître la pêche INN comme un acte de « criminalité transnationale ». Grâce à cette stratégie, les activités INN pourraient relever d’Interpol, et la police, les services des douanes et les ministères de la Justice joueraient alors un rôle plus concret dans l’application de la loi. Étant donné que la pêche INN représente une forme de vol des revenus nationaux de nature comparable à l’évasion et à la fraude fiscales, il serait légitime que le G8, le G20 et d’autres groupements de pays envisagent cette solution. Suppression des subventions : la déclaration de la Conférence Rio+20, en 2012, comportait entre autres un engagement à « éliminer les subventions qui contribuent à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée et à la surcapacité de pêche »30. Mais pour donner suite à cet engagement, les signataires font preuve d’un manque de volonté politique évident. Les gouvernements n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la définition précise d’une subvention
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à la pêche néfaste, et encore moins sur un plan d’action. L’OMC constitue la piste la plus prometteuse pour un engagement multilatéral efficace, essentiellement parce que ses règles sont juridiquement contraignantes. Pour commencer, tous les pays de l’OCDE et les pays à revenu intermédiaire devraient convenir d’une interdiction complète des subventions relatives à la production qui favorisent la surpêche, notamment les exonérations sur le carburant.
ENCADRÉ 11 EN SIERRA LEONE, UN PROBLÈME MONDIAL SE HEURTE À L’ACTION LOCALE Certaines communautés de pêcheurs d’Afrique de l’Ouest, confrontées à l’insuffisance de l’action internationale et aux défaillances de leur gouvernance nationale, ont trouvé une façon novatrice de veiller eux-mêmes au respect de la loi. À l’aide d’équipements de surveillance rudimentaires fournis par l’organisation londonienne Environment Justice Foundation (EJF), ils repoussent les flottes de chalutiers « pirates » en les filmant et en les signalant. En deux ans, des pêcheurs locaux de la région de la rivière Sherbro, en Sierra Leone, ont filmé et identifié 10 chalutiers internationaux qui pêchaient illégalement dans leurs eaux protégées, et ont recensé 252 cas de pêche illégale. Ces éléments de preuve ont été transmis aux gouvernements africains ainsi qu’à l’Union européenne, aux ports de pêche et autres communautés. Sur les 10 bateaux identifiés par les communautés sierra-léonaises, neuf étaient accrédités pour exporter leurs captures vers l’Europe. Selon l’EJF, le fait que les communautés exercent une surveillance dans leurs propres eaux a eu des retombées spectaculaires. Les armateurs ont été condamnés à plus de 500 000 dollars US d’amendes, des captures d’une valeur de 6 millions de dollars ont été saisies, et aucun des navires n’a été signalé dans la zone d’exclusion côtière de la Sierra Leone pendant six mois31.
ENCADRÉ 12 LA STRATÉGIE DE L’ISLANDE POUR UNE PÊCHE DURABLE : DONNÉES SCIENTIFIQUES, CONTRÔLE ET MISE EN APPLICATION L’Islande, qui était auparavant une colonie danoise extrêmement pauvre, est devenue une société prospère. Cela est dû en grande partie à l’amélioration de la gouvernance des pêches à partir du milieu des années 197032. La pêche a ainsi créé des emplois, généré des revenus d’exportation et financé des investissements publics, propulsant l’Islande en tête de l’indice de développement humain. La richesse halieutique de l’Islande peut être attribuée en partie à sa situation géographique. Le courant chaud du Gulf Stream rencontre les courants froids des régions polaires dans les eaux côtières du pays, ce qui les rend exceptionnellement riches en nutriments et en vie animale et végétale. Mais la réussite de l’Islande est aussi le résultat d’une volonté politique et de politiques de pêche basées sur les données scientifiques, le contrôle et la mise en application. Il était essentiel de protéger les stocks de poissons. Les riches eaux côtières de l’Islande étaient exploitées par des flottes étrangères depuis l’arrivée de la machine à vapeur. Le pays a mis 75 ans pour établir sa compétence à l’égard de ses zones de pêche, et a finalement étendu sa zone économique exclusive à 200 milles marins des côtes à partir de 1975. Lorsque cette zone s’est vue menacée par des navires britanniques, l’Islande a déployé sa marine afin de faire valoir ses droits.
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Les incursions des flottes commerciales étrangères n’étaient pas le seul problème. Les bateaux de pêche islandais eux-mêmes constituaient une flotte importante et de plus en plus industrielle qui épuisait les stocks de poissons. Il était indispensable de gérer les réserves pour l’avenir de l’industrie et l’économie nationale, c’est pourquoi l’Islande a mis en place en 1984 des quotas par bateau, fondés sur des données scientifiques rigoureuses concernant l’état des stocks de poissons. L’efficacité de ce système de quotas repose sur la réglementation et le contrôle. La Direction des pêches reçoit les chiffres des captures débarquées pour chaque navire, et les débarquements ne s’effectuent que dans certains ports bien définis, disposant de balances homologuées et de personnel chargé de la pesée. La Direction des pêches utilise également un système informatisé d’enregistrement des captures afin de recueillir, de stocker, de traiter et de diffuser des informations sur les captures de tous les navires islandais. Les pays d’Afrique pourraient tirer des enseignements utiles de l’expérience islandaise, de même que la communauté internationale au sens large. Les pratiques sur lesquelles repose le système de quotas (l’utilisation de données scientifiques pour déterminer un plafond de captures durable, l’attribution de quotas et le contrôle rigoureux des pêches débarquées) sont précisément ce qui fait défaut à l’échelle internationale. De même, si les pays d’Afrique veulent protéger leurs stocks de poissons, ils devront eux aussi faire valoir leurs droits dans les eaux territoriales, et ils auront besoin pour cela d’un soutien international.
Gérer les précieuses ressources forestières de l’Afrique Les forêts du Bassin du Congo couvrent environ 200 millions d’hectares et sont, après la forêt amazonienne, l’une des plus grandes forêts tropicales au monde. Elles assurent les moyens d’existence de 60 millions de personnes33. Elles procurent de la nourriture, des combustibles et des services écologiques essentiels. Elles constituent également un bien public mondial puisqu’elles absorbent les gaz à effet de serre qui contribuent au changement climatique. Aujourd’hui, les forêts du Bassin du Congo sont en première ligne d’une lutte visant à mettre les ressources de l’Afrique au service du développement durable. La demande mondiale de bois, en forte croissance, a augmenté la valeur à l’exportation de l’exploitation forestière commerciale. Les activités illégales d’abattage se multiplient, avec le soutien (souvent voilé, parfois déclaré) des élites politiques. Des ressources qui permettraient d’améliorer la vie de millions d’Africains sur plusieurs générations sont vendues pour une fraction de leur valeur réelle afin d’assurer des bénéfices à court terme. Selon une estimation détaillée du Groupe de la Banque mondiale, la proportion de forêts du Bassin du Congo menacées de déforestation va de 64 % en République centrafricaine à 92 % en République démocratique du Congo, et on déplore déjà un déboisement massif évident au Cameroun34. Le nord et le sud de la région, où poussent en abondance des essences commercialement prisées comme l’acajou d’Afrique, sont particulièrement menacés. Il existe de nombreuses similitudes entre la situation de la pêche, évoquée au chapitre précédent, et la situation des forêts, notamment celles du Bassin du Congo. Il s’agit là aussi de ressources naturelles africaines qui voient leur valeur augmenter en raison d’évolutions à l’échelle mondiale, notamment la demande insatiable de bois afin d’assurer la construction dans les centres urbains en pleine croissance. Depuis l’époque coloniale, les sociétés européennes ont joué le rôle de concessionnaires et/ou de sous-traitants dans
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des coentreprises avec les entrepreneurs locaux et les élites locales35. Elles ont été rejointes ces dernières années par des sociétés asiatiques, en particulier chinoises36,37. Actuellement, les billes de bois et le bois débité en provenance d’Afrique représentent environ 4 % des importations de produits forestiers en Chine, pour une valeur de 1,3 milliard de dollars US, selon les statistiques du gouvernement chinois. Mais le marché chinois est considérable et devrait encore grossir38. Comme dans le secteur de la pêche, l’Afrique prend part à un marché d’exportation du bois où prospère le commerce illicite, non déclaré et non réglementé, ce qui permet à certains privilégiés d’édifier des fortunes tout en épuisant une ressource essentielle. Selon une estimation d’Interpol, le commerce illicite du bois représenterait jusqu’à 100 milliards de dollars US par an39. Là encore, la corruption et le manque de moyens et de réglementation en Afrique, couplés à l’insuffisance de la coopération internationale, empêchent une gestion durable des ressources. Les gouvernements africains accordent des droits d’exploitation commerciale des ressources forestières par le biais de permis d’exploitation, comme dans le secteur de la pêche. Il existe toutefois un véritable fossé entre les règles officielles stipulées par les accords forestiers et la réalité sur le terrain. L’abus systématique de permis d’exploitation forestière mal régulés par des sociétés, des autorités forestières et des politiciens sape les efforts visant à lutter contre le déboisement et à empêcher les exportations illégales de bois. Des « permis de l’ombre » sont souvent vendus à des sociétés étrangères à travers des processus politiques corrompus40. Au Cameroun, des dizaines de « petits titres », synonymes depuis longtemps d’exploitation forestière illégale, ont été distribués en 2011. Au Ghana, la Commission forestière a été mise en cause par des associations nationales et internationales de la société civile car elle n’avait pas fait respecter les règles de gérance dans les zones de concessions. Les échanges commerciaux avec les marchés émergents ajoutent un degré de complexité supplémentaire. Les quelques grandes concessions et sociétés forestières chinoises présentes en Afrique se trouvent principalement au Cameroun, au Gabon et au Ghana. En RDC, il n’existe officiellement aucune concession forestière chinoise, mais sur les 4 millions de mètres cubes de bois produits chaque année avec des permis d’exploitation artisanale, une partie apparemment croissante est vendue de façon officieuse à des acheteurs chinois41. Bien que la communauté internationale reconnaisse les forêts comme un bien public mondial à l’importance vitale, les mesures visant à protéger ce bien restent limitées. Il existe des centaines de principes de « bonne gestion » adoptés par des sociétés qui exportent et utilisent le bois, mais uniquement sur la base du volontariat. La plupart reposent sur l’étiquetage, afin de mieux informer les consommateurs. Bien que certaines initiatives aient porté leurs fruits, rien ne remplace une réglementation effectivement mise en application. L’Union européenne a établi des accords de partenariat volontaires (APV) visant à empêcher le bois d’origine illégale d’entrer dans l’Union européenne. Mais certaines sociétés ont profité des vides juridiques et de la mauvaise gouvernance pour contourner ces accords. Selon une estimation, les exportations illégales de bois s’élèveraient en 2011 à 12,4 milliards d’euros (soit 17,1 milliards de dollars US)42. Pour relever le défi de la gestion durable des ressources, les gouvernements africains doivent tenir compte des deux volets du bilan. L’un d’eux est facile à mesurer. La valeur des exportations peut être estimée en dollars, même si les chiffres et les prévisions phares ont souvent tendance à exagérer la réalité. D’un autre côté, une gestion durable des forêts peut favoriser un grand nombre d’activités agricoles et assurer les moyens d’existence de nombreuses personnes, et peut également servir de base à une transition entre le simple abattage et une industrie du bois qui créerait une valeur ajoutée. Pour les pays n’ayant pas les moyens scientifiques, techniques et commerciaux de faire le bilan de l’exploitation forestière, il est souvent difficile de déterminer le niveau d’exploitation adéquat, et a fortiori de veiller au respect des quotas.
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Les donateurs de l’aide ont fortement contribué à fausser ce bilan, en surestimant systématiquement la rentabilité commerciale de l’abattage. D’innombrables rapports ont préconisé un modèle d’exploitation forestière industrielle, réglementée et tournée vers l’exportation, en oubliant souvent de tenir compte des capacités réglementaires essentielles. Évidemment, les bénéfices prévus en matière de développement se sont rarement concrétisés43. En réalité, les États producteurs n’ont touché qu’une fraction des recettes prévues. L’évasion fiscale a contribué à ce déficit. On estime que le ministère des Finances de la RDC a reçu en 2012 moins de 10 % des impôts sur l’exploitation forestière qu’il était censé percevoir (soit une perte de 11 millions de dollars US), à cause de l’évasion fiscale mais aussi des allègements fiscaux qui sous-évaluent systématiquement les ressources forestières du pays44. Par ailleurs, la surexploitation entraînant l’épuisement des forêts tropicales a jusqu’à présent été plus grave que prévu, principalement à cause de la corruption et de l’exploitation forestière illégale. À ce titre, l’expérience du Libéria est instructive. Les exportations de bois ont été utilisées pour financer les violations des droits de l’homme et les actes de violence commis par le Front national patriotique de Charles Taylor et d’autres groupes armés libériens pendant la guerre civile (1989-2003). Le Conseil de sécurité (CS) des Nations Unies a mis fin à ce commerce à l’aide de sanctions en mai 2003. Suite à l’accord de paix, la communauté internationale a placé la sylviculture au centre des plans de reconstruction. Malheureusement, deux erreurs fréquentes ont été commises et « le secteur forestier du Libéria restera désorganisé tant que les problèmes persistants relatifs à la distribution illégale de ressources forestières par l’utilisation abusive des permis d’exploitation privée n’auront pas été résolus. » Selon le rapport final du Groupe d’experts du CS du 21 novembre 2013, « cela témoigne de problèmes plus graves et non traités dans le secteur forestier, de faiblesses plus générales en matière de gouvernance des ressources naturelles et d’insuffisances chroniques du régime de propriété foncière au Libéria. » Les enjeux fondamentaux peuvent se résumer ainsi : tout d’abord, le potentiel du secteur en matière d’exportations et de revenus a été largement exagéré. De plus, bien que l’on ait beaucoup parlé des « trois piliers » de la gestion forestière (à savoir le commerce, la population et la préservation), l’accent a été mis presque exclusivement sur le commerce, et les capacités réglementaires n’ont pas été suffisamment prises en compte (Encadré 13). Le rapport du CS présenté par la Commission d’enquête indépendante à la présidente du Libéria en décembre 2012 recommandait principalement d’engager des poursuites pénales à l’encontre des responsables de toutes les activités illégales relatives à l’octroi de permis d’exploitation privée45. Comme l’a signalé le groupe d’experts du CS, certaines des personnes impliquées ont été renvoyées de l’Office des forêts et du ministère des Terres, des Mines et de l’Énergie, et quelques mises en accusation sont en cours (Encadré 13).
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ENCADRÉ 13 LES ENSEIGNEMENTS TIRÉS DES RÉFORMES FORESTIÈRES DU LIBÉRIA Le Libéria, un petit pays qui sort d’une guerre civile et dont le gouvernement bénéficie du soutien de la communauté internationale, a connu des difficultés considérables pour instaurer des réformes forestières, mais également de formidables opportunités de mettre une ressource essentielle au service du développement national. Les enseignements de ces dix dernières années sont révélateurs. Les réformes ont bien commencé, avec un décret présidentiel de février 2006 jugeant toutes les concessions existantes illégales, ce qui a permis au secteur forestier de repartir sur des bases saines46. L’Initiative pour les forêts du Libéria (IFL) a instauré un cadre juridique, institutionnel et réglementaire pour la gestion des forêts et les concessions de bois, et a mis en place des organismes clés, notamment l’Autorité de développement forestier (FDA)47. En théorie, ce nouveau cadre était un exemple des bons principes. Quant à la mise en pratique de ces principes, le bilan est moins encourageant. On distingue quatre volets : Concessions forestières : les deux premières séries d’attributions de concessions, ou contrats de gestion forestière, en 2008 et 2009, ont été bâclées. Aucune des sociétés ne répondait aux exigences juridiques et financières du gouvernement. L’évaluation préalable du bois commercial disponible était faussée. Les sociétés ont considérablement surenchéri, soit en raison d’une incompréhension, soit parce qu’elles croyaient pouvoir augmenter leurs bénéfices potentiels par d’autres moyens. La procédure gouvernementale d’audit préalable a révélé que les enchérisseurs n’avaient absolument pas le capital financier ni les connaissances techniques nécessaires pour gérer des forêts, et encore moins pour les gérer de façon durable48. Déficit de recettes : les résultats financiers, détaillés dans le tableau ci-dessous, témoignent de l’irréalisme des attentes concernant le potentiel d’exploitation forestière à l’échelle industrielle au Libéria. Les recettes n’ont jamais été à la hauteur des prévisions établies par les organismes des Nations Unies, par la Banque mondiale et par le gouvernement du Libéria lui-même, sur le conseil des donateurs. Les recettes d’exportation réalisées en 2013 n’ont atteint que 10 % des prévisions de la Banque mondiale, par exemple. Si les recettes n’ont pas été à la hauteur des attentes, c’est aussi en raison des défauts de paiement des sociétés. Au 31 août 2013, les sociétés forestières devaient 43,7 millions de dollars US d’arriérés à l’État. Permis d’exploitation privée : la rentabilité du système de concessions n’étant pas à la hauteur de leurs attentes, les sociétés forestières ont cherché d’autres sources de revenus. Leur choix s’est porté sur un dispositif connu sous le nom de permis d’exploitation privée (ou PUP, pour private use permits). Conçus à l’origine pour permettre aux propriétaires de terrains privés de tirer profit de leurs forêts, les PUP ont des exigences environnementales moins contraignantes que les concessions pour l’exploitation forestière à des fins commerciales ; ils génèrent également des retours bien plus faibles pour le gouvernement. Il s’avère que certaines sociétés ont réussi à exploiter cette faille avec la complicité de hauts dirigeants de la FDA. Les sociétés forestières ont ainsi obtenu frauduleusement des actes notariés couvrant 40 % des forêts du Libéria. L’organisation Global Witness a révélé le scandale des permis d’exploitation privée en 2012, en collaboration avec deux ONG libériennes reconnues à l’échelle internationale, la fondation Save My Future (SAMFU)49 et l’Institut du développement durable (SDI)50. Suite à cela, la présidente a imposé un moratoire sur l’octroi des permis d’exploitation privée, et les 63 PUP délivrés ont été jugés illégaux. Le gouvernement a annulé 29 des permis d’exploitation forestière illégaux et est actuellement en train d’annuler les concessions restantes51. Le 22 février 2014, le ministère de la Justice libérien a inculpé huit anciens fonctionnaires du gouvernement pour avoir facilité l’octroi de PUP. Parmi eux se trouvait l’ancien directeur de l’Autorité de développement forestier52. Accords de gestion des forêts communautaires : les accords de gestion des forêts communautaires pourraient permettre de trouver un équilibre entre les intérêts commerciaux et ceux des communautés tributaires des forêts. Cependant, de nombreuses sociétés forestières ont utilisé ces accords pour exploiter les failles de la réglementation. Au 28 février 2014, au moins cinq de ces accords étaient en réalité des concessions forestières s’étendant au total sur 220 000 hectares.
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DES ATTENTES DÉMESURÉES : RECETTES PRÉVUES ET RECETTES RÉELLES DE L’EXPLOITATION FORESTIÈRE AU LIBÉRIA Exercice fiscal
Prévisions du total des recettes issues de l’exploitation forestière (en millions de dollars US)
Recettes réalisées
Groupe d’experts de l’ONU53
Banque mondiale54
Gouvernement du Libéria55
2011–12
15-20
39,2
46,1
5,2
2012–13
15-20
39,2
184
12,4
2013–14
15-20
34,2
> 17,656
3,5
Six principes de gestion durable des forêts africaines La pression commerciale pesant sur l’exploitation des forêts africaines s’intensifie, et il faut de toute urgence repenser les stratégies de gestion durable des ressources et durcir la réglementation. Dans les pays touchés par des conflits et caractérisés par une mauvaise gouvernance, il n’existe pas de solution toute faite, ni de modèle établi. Il conviendrait néanmoins d’appliquer six principes fondamentaux : Améliorer la transparence : tous les contrats de concession forestière à visée commerciale devraient être intégralement rendus publics, ainsi que les structures de propriété effective des sociétés concernées. Aucune concession ne devrait être délivrée sans le consentement préalable des communautés concernées (donné en connaissance de cause à partir d’une représentation claire et précise des coûts et des bénéfices potentiels). Il est également important de renforcer les droits des populations et des communautés tributaires des forêts. Si les accords de gestion des forêts communautaires sont mis en place conformément à leur objectif de départ, cela pourrait améliorer les perspectives et les moyens de subsistance des populations tributaires des forêts. Accroître la surveillance et durcir la réglementation : même les meilleurs cadres réglementaires ne servent pas à grand-chose en l’absence d’une surveillance efficace. Les organisations régionales, les sociétés commerciales et les partenaires internationaux devraient beaucoup plus se mobiliser afin d’aider à la mise en place de systèmes de surveillance et d’information ; les gouvernements également. Une initiative régionale va ainsi aider 10 pays du Bassin du Congo à installer des systèmes nationaux de surveillance des forêts : le Burundi, le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Rwanda, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad. Ce projet forestier, qui constitue une évolution prometteuse, sera géré conjointement par la Commission des forêts d’Afrique centrale et la FAO, en collaboration étroite avec l’Institut national brésilien de recherche spatiale. Le Fonds pour les Forêts du Bassin du Congo, créé par les gouvernements norvégien et britannique par l’intermédiaire de la Banque africaine de développement, finance cette initiative à hauteur de 6,1 millions d’euros (soit 8,4 millions de dollars US). La création de zones protégées est indispensable pour la durabilité à long terme des forêts contiguës. En 1999, les États d’Afrique centrale ont adopté la Déclaration de Yaoundé en faveur de la préservation et de l’exploitation rationnelle des forêts d’Afrique centrale. Suite à cela, de nouvelles zones protégées ont été créées au Cameroun (4), au Gabon (13) et en Guinée équatoriale (10).
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Revoir l’équilibre entre l’écologie et les exportations : dans de nombreux pays, les gouvernements et les citoyens ne sont toujours pas suffisamment informés de la valeur réelle et potentielle des forêts, notamment des aspects non monétaires de leurs retombées positives sur le plan environnemental. Des organismes comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement devraient se mobiliser davantage pour chercher à modifier cette perception. Cela ne signifie pas pour autant une politique de « zéro exploitation ». En respectant des pratiques de coupes sélectives, les exploitants forestiers peuvent minimiser leur empreinte environnementale. La mise en œuvre de ce type de pratiques a cependant été compromise par l’absence de cadre réglementaire et de contrôle. Il est maintenant indispensable d’instaurer et de réglementer des pratiques forestières durables, avec une certification indépendante. Nouer le dialogue avec la Chine : jamais un cadre multilatéral de gestion forestière durable en Afrique n’aura la moindre crédibilité si la Chine n’est pas impliquée. Il serait utile de commencer par mettre en application le « Guide d’exploitation et de valorisation durables des ressources forestières d’outre-mer pour les entreprises chinoises », édité conjointement par le Bureau national des Forêts et le ministère du Commerce chinois57. Verser une contrepartie financière à l’Afrique en échange des biens publics qu’elle fournit : le Programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts dans les pays en développement (ONU-REDD) offre de nouvelles possibilités de préservation des forêts. Si certains pays d’Afrique centrale veulent bénéficier d’un dispositif REDD, les mesures d’incitation nationales axées sur les communautés défavorisées devront tenir compte du problème complexe de la destruction de la forêt par l’agriculture sur brûlis pratiquée par des agriculteurs sans titre foncier. Renforcer l’action internationale et la sensibilisation des consommateurs : conformément aux nouvelles lois adoptées en Europe, aux États-Unis et en Australie, c’est aux négociateurs et aux importateurs de bois qu’il incombe d’être en mesure de prouver la légalité de leur bois. Ces règles s’appliquent y compris si le bois est passé par un pays tiers (comme la Chine ou le Vietnam) au cours du processus de fabrication. Cette mesure a déclenché d’importants changements systémiques dans les pays en développement riches en forêts, ce qui a renforcé la position des réformateurs. L’Union européenne pourrait jouer un rôle moteur dans le renforcement de l’action multilatérale. Ses APV avec les pays exportateurs de bois prévoient des réformes complètes de la gouvernance forestière visant à mettre un terme au commerce illégal. Toutefois, ni le Règlement sur le Bois de l’Union européenne ni les APV ne tiennent compte de l’utilisation généralisée de « permis de l’ombre ». Les gouvernements de l’Union européenne devraient durcir la législation et obliger les importateurs à effectuer les contrôles appropriés d’un bout à l’autre de leurs chaînes d’approvisionnement afin d’éliminer le commerce des « permis de l’ombre ».
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CONSTRUIRE LES PONTS DONT L’AFRIQUE A BESOIN Infrastructures et financements
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Si l’Afrique veut réussir à effectuer la transition entre croissance élevée et croissance génératrice de changement dont nous venons de parler, avec l’agriculture comme fer de lance, elle doit surmonter trois obstacles de taille. Le premier est le manque d’accès à des services financiers formels. Les deux tiers des adultes en Afrique ne possèdent pas de compte en banque, et encore moins d’épargne, de crédit ou d’assurances. Le second obstacle réside dans la faiblesse de l’infrastructure africaine : l’état déplorable de ses routes et ports, son manque d’approvisionnement en eau et en électricité, et ses installations sanitaires inappropriées. Le troisième est le manque de fonds alloués à l’investissement public. S’ils veulent pallier au vaste manque de la région en matière d’infrastructures, les gouvernements doivent mobiliser les recettes fiscales et le financement externe nécessaires pour soutenir l’investissement public. Cela permettrait de soutenir le développement de l’agriculture et de disposer d’une main d’œuvre qualifiée. Surmonter ces trois obstacles est la condition d’une prospérité croissante, mais également d’une prospérité partagée. L’agriculture est essentielle au type de croissance dont l’Afrique a besoin, mais aucun autre secteur ne souffre plus de l’exclusion financière, des faiblesses des infrastructures et du manque d’investissement public. Une finance inclusive est primordiale pour le développement. Sans accès aux services financiers, les populations les plus démunies et les petites entreprises ne peuvent compter que sur leurs propres ressources limitées pour investir dans une activité entrepreneuriale, ou pour s’assurer contre le risque. Comme nous l’avons vu dans la section précédente, le risque non assuré fait partie du piège de la pauvreté dans lequel sont tombés des millions de petits exploitants agricoles. Déjouer ce piège impliquera des changements dans la règlementation financière et l’exploitation de nouvelles opportunités créées par le biais de l’innovation technologique, comme les services bancaires en ligne. Tout comme les systèmes financiers, l’infrastructure occupe une place centrale dans la vie sociale et économique. Les entreprises exploitent l’énergie pour produire les biens et services dont dépend l’emploi. Les systèmes de transport connectent les gens et les marchés. L’infrastructure sociale (comme l’eau et l’assainissement) prévient les risques sanitaires. L’infrastructure africaine agit malheureusement comme un frein à la croissance, poussant à la hausse le coût de la production et de la commercialisation des biens. Bien que les coûts soient répartis sur l’ensemble de la société, ce sont les populations les plus démunies, les petits exploitants agricoles et les petites et moyennes entreprises qui en portent le plus lourd fardeau. La présente section du rapport est divisée en trois parties. La première partie met en exergue l’accès limité aux services financiers, manifeste à travers une grande partie de l’Afrique. La deuxième partie traite des difficultés rencontrées par l’Afrique pour attirer des investissements dédiés aux programmes d’infrastructure à rendement élevé, dans un monde en situation de surliquidité. La troisième partie montre que si le financement externe (tel que l’investissement direct étranger et les euro-obligations) peut jouer un rôle complémentaire, aucun pays ne peut se permettre de négliger le développement de revenus intérieurs et du contrat social entre les gouvernements et les citoyens y afférent.
1. Le manque de services financiers freine le développement de l’Afrique Le développement du secteur financier représente l’un des défis majeurs auxquels se trouve confrontée l’Afrique subsaharienne. Selon le directeur de la Banque centrale du Ghana : « Un secteur financier efficace est propice à lacroissance économique et à la création d’emplois [et]... le développement du secteur financier participe à la réduction de la pauvreté et des inégalités »1.
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En dépit de la solide croissance affichée au cours des dix dernières années, les lacunes en matière de couverture des systèmes financiers de la région demeurent un frein à la croissance. La grande majorité des foyers à faible revenu, des producteurs et des entreprises agricoles n’ont pas accès à des services financiers. Le déficit qui en découle enferme les gens dans la pauvreté et restreint les opportunités commerciales. Si un revenu moyen faible représente une entrave, le climat en matière de politiques dans la majorité de l’Afrique subsaharienne n’incite pas au développement de systèmes financiers efficaces et équitables. Trop peu de personnes ont accès aux systèmes financiers Les banques africaines ne servent généralement qu’une minorité de la population. Une des façons de mesurer la couverture du système financier (ou l’« assise financière ») est de calculer le ratio du crédit du secteur privé par rapport au PIB. Ce ratio avoisine 31 % dans les pays à revenu intermédiaire. Il représente moins de 20 % en Ouganda et en Zambie, et atteint à peine 5 % au Tchad. En outre, seul un pays africain sur trois possède des marchés boursiers, la plupart étant non liquides et restreints. Le faible rôle des banques africaines se reflète dans les écarts de taux d’intérêt (la marge entre les taux d’intérêt des emprunts et des prêts accordés par les institutions financières) qui sont parmi les plus importants au monde (Figure 14). Cet écart est important à plusieurs égards. En effet, de faibles taux d’intérêt pour les épargnants dissuadent les dépôts bancaires, alors que l’association de taux d’intérêt élevés et la prévalence de crédits à court terme limitent les opportunités d’investissement. Même si la situation de chaque pays varie, les éléments suivants font partie des principaux facteurs sousjacents aux écarts de taux d’intérêt :
FIGURE 15 L’AFRIQUE POSSÈDE QUELQUES-UNS DES DIFFÉRENTIELS DE TAUX D’INTÉRÊT LES PLUS ÉLEVÉS AU MONDE FIGURE 14 L’AFRIQUE QUELQUES-UNS DES DIFFÉRENTIELS DE TAUX D’INTÉRÊT (TAUX D’INTÉRÊT DÉBITEURPOSSÈDE MOINS TAUX D’INTÉRÊT CRÉDITEUR) LES PLUS ÉLEVÉS AU MONDE (TAUX D’INTÉRÊT DÉBITEUR MOINS TAUX D’INTÉRÊT CRÉDITEUR) 19
16
13
10
Pays d’Afrique subsaharienne 7
2000
2002
2004
2006
2008
2010
Pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure hors ASS
2012
XXXXX
MALAWI
SIERRA LEONE
14
25
18
Source : Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Concentration du marché : le pouvoir du marché et le syndrome du « trop gros pour faire faillite » sont caractéristiques de nombreux systèmes financiers dans le monde. Les comparaisons faites à l’échelle internationale suggèrent cependant que l’Afrique est le berceau de certains des systèmes les plus concentrés au monde. Au Mali, cinq banques se partagent les deux tiers des actifs et 70 % des dépôts2. Le secteur bancaire de l’Éthiopie compte une banque publique et 18 banques commerciales, l’entité publique représentant 70 % du marché commercial. Près de 85 % des actifs du système bancaire du Mozambique sont détenus par trois banques3. Portée et taille : la plupart des systèmes bancaires africains fonctionnent comme de petites enclaves au sein d’une économie plus large. Au Mozambique et en Tanzanie, plus de la moitié de la population n’a aucun accès aux institutions financières. Les services financiers sont dominés par des fournisseurs informels. La grande majorité des Africains accèdent aux services par le biais de sociétés de microfinance et d’associations rotatives d’épargne et de crédit. Parmi une population de 90 millions d’habitants, 7 millions d’Éthiopiens seulement possèdent des comptes de dépôt4 (et, en 2012, seuls 112 793 indiquaient avoir contracté un prêt auprès d’une banque). En revanche, les 31 institutions de microfinance du pays servent 3 millions de clients. Les modèles d’approvisionnement varient selon les pays. Au Nigéria, le nord-ouest du pays possède un quart de la couverture bancaire officielle du sud-ouest, la couverture rurale représentant moins de la moitié de la couverture urbaine. La portée limitée des banques restreint l’accès des populations à l’épargne et fait grimper les coûts liés à la prestation des services et à l’octroi de prêts. Ce problème est d’autant plus difficile à résoudre que de nombreux individus et entreprises sont dans l’incapacité de répondre aux exigences d’éligibilité officielles imposées pour l’ouverture d’un compte. L’environnement règlementaire : les gouvernements utilisent les systèmes bancaires à différentes fins, et celles-ci n’encouragent pas toutes le développement de systèmes financiers efficaces et équitables. Au Ghana, les banques commerciales opèrent des transactions hautement lucratives en titres publics, réduisant les incitations à rechercher des opportunités d’investissement dans le secteur privé. En Éthiopie, les banques doivent détenir l’équivalent de 27 % de leur crédit en effets bancaires nationaux. Le faible rendement de ces effets entraîne une hausse des frais et des commissions bancaires. En Zambie, le gouvernement détient une participation dans 39 entreprises publiques5, la plupart étant non rentables, et nombre d’entre elles empruntant auprès de banques commerciales avec des garanties publiques. De nombreuses banques sont principalement structurées aux fins de dégager d’importants bénéfices du négoce de bons du Trésor, plutôt que de développer des systèmes d’épargne et de prêt de plus grande envergure. Conditions macroéconomiques : bien que la gestion macroéconomique se soit renforcée, les incertitudes continuent de freiner le développement du secteur financier. Le risque inflationniste associé au déficit budgétaire important du Ghana a entraîné un resserrement du crédit et une nette augmentation des taux d’intérêt. En février 2013, les autorités de la Banque centrale du Ghana ont fait grimper les taux d’intérêt à 18 %, un niveau prohibitif pour les investisseurs potentiels. Les faiblesses du secteur financier ont d’importantes répercussions sur l’économie réelle. Moins d’une entreprise africaine sur quatre est détentrice d’un prêt ou d’une ligne de crédit, et les problèmes ne s’arrêtent pas là. La plupart des banques traitent à nouveau l’épargne sous forme de prêts à court terme plutôt que de crédits à long terme, pourtant nécessaires aux entreprises pour financer les investissements. Près de 60 %6 des prêts octroyés par les banques africaines ont une échéance inférieure à 12 mois. Plus de la moitié des entreprises interrogées par la Banque mondiale au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Malawi, au Mozambique, au Niger, au Nigéria et en République démocratique du Congo (RDC) ont cité l’accès au financement comme principal obstacle à l’investissement. Au Nigéria, un sondage réalisé par le Forum économique mondial a identifié l’accès au financement comme le facteur le plus contraignant, devant la corruption et l’infrastructure.
108
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Recenser les lacunes des services financiers La portée sociale et géographique du système financier africain ne cesse de s’étendre. Le nombre de succursales de banques commerciales par habitant, par exemple, est en hausse (Figure 15). Il convient toutefois de replacer cette tendance dans son contexte : le ratio de succursales bancaires africaines par rapport à sa population n’est encore que de 3 pour 100 000 habitants, soit la moitié du niveau en Asie du Sud. De plus, quatre pays de la région possèdent moins d’une succursale pour 100 000 habitants.
option 1
FIGURE 2 LES AFRICAINS N’ONT PAS SUFFISAMMENT ACCÈS AUX SERVICES BANCAIRES : FIGUREBANCAIRES 15 LESCOMMERCIALES AFRICAINS N’ONT SUFFISAMMENT ACCÈS AUX SERVICES BANCAIRES : AGENCES POUR PAS 100 000 ADULTES
AGENCES BANCAIRES COMMERCIALES POUR 100 000 ADULTES 33
35
38
19
34 9
EUROPE DE L’EST ET ASIE CENTRALE
(pays en développement uniquement)
17
US ZONE EURO
9 8
7
15
MOYEN-ORIENT & AFRIQUE DU NORD
11
ASIE DU SUD
(pays en développement uniquement)
2
AMÉRIQUE LATINE & CARAÏBES
3 6
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
(pays en développement uniquement)
(pays en développement uniquement)
8
ASIE DE L’EST ET PACIFIQUE
2004
(pays en développement uniquement)
2011
2004
LA2011 PRÉSENCE BANCAIRE SE RENFORCE MAIS ÉTAIT TRÈS FAIBLE AU DÉPART : AGENCES BANCAIRES COMMERCIALES POUR 100 000 ADULTES Source : World Bank G20 Financial Inclusion Indicators Moins de 1 agence
Entre 1 et 3 agences MOZAMBIQUE
BOTSWANA
0,75 10
0
3 10
0 2004 2008
2011 2013
Rép. dém. du Congo
0 2004 0
4,8
2011
2008
Burundi
Entre 5 et 10 agences
Entre 3 et 5 agences
2013
SIERRA LEONE
9,3
10
0 2004
0
0 2004
2011 2000
Zambie
2012
2011
Gambie
République centrafricaine
Sierra Leone
Mozambique
Nigéria
Tchad
Tanzanie
Libéria
Rwanda
Source : Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
109
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
La plupart des Africains sont déconnectés du système financier officiel. Plus des deux tiers de la population adulte (316 millions de personnes) ne possèdent pas de compte bancaire. Les taux de couverture varient énormément d’un pays à l’autre. Dans la moitié des pays pour lesquels des données sont disponibles, moins de 15 % des adultes sont détenteurs de comptes dans une institution financière officielle. La couverture du système financier a tendance à augmenter avec la croissance économique, comme l’indique le revenu par habitant, mais la relation est loin d’être évidente (Figure 16). Par exemple, le Sénégal et la Zambie possèdent un PIB par habitant similaire, mais en Zambie, le taux de pénétration des comptes institutionnels formels est quatre fois plus élevé. Malgré un revenu moyen inférieur, le Libéria possède un niveau de couverture beaucoup plus élevé que le Niger. Ces données illustrent graphiquement le fait que des facteurs, autres que le revenu, déterminent la capacité de pénétration financière. Les chiffres nationaux renferment des disparités considérables au sein des pays. Les inégalités au niveau de l’accès aux services financiers renforcent et reflètent à la fois des déséquilibres plus profonds, y compris en termes de richesse, de fossé entre les zones rurales et les zones urbaines, de sexe et d’éducation (Figure 17): L’écart de richesse : comme nous pouvions nous y attendre, les populations les plus pauvres ont beaucoup moins de chances de détenir un compte en banque que les populations nanties. Près de la moitié des Africains constituant les 20 % de la population les plus riches sont clients d’une institution financière officielle. Cela représente quatre fois le taux des 20 % les plus pauvres. Mais cette relation n’est pas systématique. Ceci peut être illustré pour un grand nombre de pays en classant les pays selon leur niveau de couverture et en divisant leurs populations entre la tranche supérieure des 60 % et la tranche inférieure des 40 %. Le Ghana et le Rwanda ont des taux de couverture bancaire comparables. Pourtant, les 40 % les plus pauvres au Rwanda sont deux fois plus susceptibles d’avoir un compte que leurs homologues ghanéens. Ces disparités montrent qu’il est possible pour les gouvernements de mettre en œuvre des politiques qui améliorent l’accès des populations pauvres aux services de base. Le fossé rural – urbain : alors que près de la moitié des citadins ont un compte en banque, cette proportion n’est que de 20 % parmi les Africains vivant en milieu rural. Étant donné que la plupart des Africains vivent et travaillent dans des zones rurales, cette disparité représente un obstacle majeur à une croissance plus inclusive. Le fossé entre les sexes : les femmes sont moins susceptibles que les hommes d’être titulaires d’un compte dans une institution financière officielle. Il n’y en a que trois pour lesquels la disparité favorise les femmes. L’écart entre les sexes est particulièrement marqué au Cameroun, en Mauritanie, au Mozambique et au Nigéria. Les disparités entre les sexes reflètent un ensemble de barrières sociales, culturelles et juridiques à la participation des femmes dans le système financier. La fracture en matière d’éducation : le fait d’accéder à l’enseignement secondaire augmente la probabilité que les personnes soient titulaires d’un compte bancaire. En Zambie, les personnes ayant terminé leurs études secondaires ont trois fois plus de chances de posséder un compte, et cinq fois plus de chances en Tanzanie. Quelles sont les facteurs qui bloquent l’accès aux services financiers ? Une nouvelle enquête inédite a demandé aux adultes non titulaires d’un compte bancaire auprès d’une institution officielle pourquoi ils n’en avaient pas. Les personnes interrogées pouvaient fournir plusieurs raisons. En Afrique subsaharienne, cinq facteurs sortaient du lot (Figure 18). La raison la plus importante est, de loin, la pauvreté : le manque d’argent a été cité par 81 % des personnes interrogées. Mais environ un tiers des personnes ont également cité le coût lié à la tenue d’un compte, la distance ou le manque de documentation nécessaire. Un autre facteur important, cité par 16 % des personnes interrogées, est le manque de confiance.
110
Western
Eastern Europe & Cent (Developin
Middle East & Nort (Developin
So
East Asia & (Developin
Sub-Sahara (Developin
Latin America & Car (Developin
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
2004 2011 Data source: World Bank G20 Financial Inclusion Indicators
Comptes ouverts dans des institutions financières officielles (en % des plus de 15 ans)
FIGURE 16 LES SYSTÈMES FINANCIERS SE RENFORCENT AVEC LA CROISSANCE, MAIS CETTE RELATION N’EST PAS SYSTÉMATIQUE : PIB PAR HABITANT ET COMPTES OUVERTS DANS DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES OFFICIELLES DANS UNE SÉLECTION DE PAYS, 2011
Kenya 40
Zimbabwe
Mozambique
Nigeria
Rwanda 30
Nigéria
Ghana
Swaziland
Comores 20
Bénin
Togo
Burundi Madagascar Rép. dém. du Congo Niger
0 0
Lesotho Mauritanie Cameroun
Tanzanie Sierra Leone Burkina Faso
Malawi
10
Zambie
Ouganda
Libéria
Mali Guinée
Tchad
Sénégal
Congo Soudan
République centrafricaine
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
PIB par habitant (en dollars US constants de 2005)
Source : Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs d’inclusion financière du G20 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
Les données issues d’une enquête de ce type permettent de mettre en exergue les problèmes sous-jacents. Par exemple, les coûts de transaction fixes et les frais annuels peuvent rendre les services bancaires inabordables. Détenir un compte chèque en Sierra Leone peut coûter l’équivalent de 27 % du PIB par habitant en frais annuels7. Même lorsque les taxes sont moins élevées, elles représentent souvent une part importante du revenu des personnes pauvres. Plusieurs raisons expliquent la variation de la structure des coûts des services bancaires. Néanmoins, les thèmes récurrents en Afrique sont le manque de concurrence, les cadres réglementaires qui découragent la création de succursales rurales et une infrastructure institutionnelle peu développée. Les exigences en matière de documents à fournir peuvent représenter un autre obstacle. Les institutions financières officielles exigent généralement une preuve de revenu et d’actifs comme condition à l’ouverture d’un compte. Cela tend souvent à exclure les personnes travaillant dans le secteur rural et l’économie informelle, y compris les petites entreprises potentiellement susceptibles de recevoir un financement. Selon une estimation, les règlementations en matière de documentation réduiraient la part des adultes détenant un compte en banque de 23 % en Afrique subsaharienne8. La distance des institutions financières représente un obstacle majeur, en particulier dans les zones rurales. Près de la moitié des Tanzaniens ne possédant pas de compte en banque citent la distance comme l’une des raisons principales, et le pays a l’un des niveaux de pénétration les plus bas au monde en matière de succursales, avec 0,5 succursale pour 1 000 km. La technologie et les autres innovations peuvent aider à surmonter la barrière de la distance.
111
FIGURE 17 INÉGALITÉS D’ACCÈS : COMPTE OUVERT AUPRÈS D’UNE INSTITUTION FINANCIÈRE OFFICIELLE EN FONCTION DU SEXE, RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014 DE LA RICHESSE, DU NIVEAU D’ÉDUCATION ET DU LIEU DE RÉSIDENCE (% DES PLUS DE 15 ANS, 2011) FIGURE 17 FINANCIÈRE FIGURE SEXE 17 INÉGALITÉS INÉGALITÉS D’ACCÈS D’ACCÈS :: COMPTE COMPTE OUVERT OUVERT AUPRÈS AUPRÈS D’UNE D’UNE INSTITUTION INSTITUTION FINANCIÈRE OFFICIELLE OFFICIELLE EN EN FONCTION FONCTION DU DU SEXE, SEXE, PAR QUINTILE ÉCONOMIQUE DE LA RICHESSE, DU NIVEAU D’ÉDUCATION ET DU LIEU DE RÉSIDENCE (% DES PLUS DE 15 ANS, 2011) DE LAmoins RICHESSE, NIVEAU D’ÉDUCATION DES PLUS DEsystème 15 ANS, 2011) Un nombre élevé de DU femmes dispose d’un compte ET DU LIEU DE LesRÉSIDENCE plus pauvres (% ont moins accès au bancaire SEXE SEXE Un nombre moins élevé de femmes dispose d’un compte Un nombre moins élevé de femmes dispose d’un compte
PAR QUINTILE ÉCONOMIQUE PAR QUINTILE ÉCONOMIQUE Les plus pauvres ont moins accès au système bancaire Les plus pauvres ont moins accès au système bancaire DES PLUS RICHES
45 %
27 %
45 45 % %
HOMMES
27 27 % %
22 %
DES PLUS RICHES DES PLUS RICHES
HOMMES HOMMES
FEMMES
22 22 % %
12 %
FEMMES FEMMES
DES PLUS PAUVRES
12 12 % % DES PLUS DES PLUS PAUVRES PAUVRES
Il existe un fossé important entre les hommes et les femmes dans la plupart des pays (% des plus de 15 ans, 2011) Il existe un fossé important entre 50 les hommes et les femmes dans la plupart des pays (% des plus de 15 ans, 2011) Il existe un fossé important entre les hommes et les femmes dans la plupart des pays (% des plus de 15 ans, 2011) 50 40 50 Femmes Femmes Femmes %% dede personnes personnes % détenant dedétenant personnes unun compte détenant compte un compte
Source : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe Source : de la Banque mondiale, Source Groupe: de la Banque 2014). Groupe de la Banque mondiale, Global Findex mondiale, Global (Washington D.C.Findex : Groupe (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, de la Banque mondiale, 2014). 2014).
Angola
40 30 40 Swaziland Zambie
30 20 30 Malawi
Lesotho Zambie Zambie Sierra Leone
Gabon
Libéria Swaziland Comores Swaziland
Uganda Tanzanie Libéria Mauritanie Libéria Cameroun Congo Comores Togo Gabon Malawi Burkina Lesotho Comores Faso Gabon Sénégal Malawi Mali Lesotho Uganda Tchad Burundi Tanzanie Uganda Sierra Leone Bénin Tanzanie République centrafricaine Mauritanie Sierra Leone Soudan Bénin Rép. dém. du Congo Cameroun Mauritanie 10 Congo Niger Togo Cameroun 10 0 Congo Togo Burkina Faso Sénégal Mali 10 Faso Sénégal 0 30 MaliBurundi Tchad Burkina 20 Tchad Burundi République centrafricaine Soudan Hommes Rép. dém. du Congo République centrafricaine Niger Rép. dém. du Congo Soudan % de personnes détenant un compte 0 Niger 0 0 10 20 30 0 10 20 30 Hommes Hommes % de personnes détenant un compte % de personnes détenant un compte Bénin
20 10 20
Kenya Zimbabwe Mozambique
Kenya Angola Kenya Angola Zimbabwe Botswana Rwanda Zimbabwe Somalie Mozambique Nigéria Mozambique Ghana Botswana Rwanda Botswana Somalie Rwanda Somalie Nigéria Nigéria Ghana Ghana
40
50
40 40
50 50
Les écarts de richesses : ratio entre les revenus des 40% les plus pauvres et les revenus des 60 % les plus riches disposant d’un compte (% des plus de 15 ans, 2011)
Source : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe Source : de la Banque mondiale, Source Groupe: de la Banque 2014). Groupe de la Banque mondiale, Global Findex mondiale, Global (Washington D.C.Findex : Groupe (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, de la Banque mondiale, 2014). 2014).
112
Ratio entre lesles Ratio revenus entre des les40% revenus lesles plus des pauvres 40% les et plus lesles pauvres revenus et les revenus Ratio entre revenus des 40% plus pauvres et revenus des 6060 %% lesles plus des 60 riches % les disposant plus riches d’un disposant compte des plus riches disposant d’un compted’un compte
1 revenus des 40% les plus pauvres et les revenus des 60 % les plus riches disposant d’un compte (% des plus de 15 ans, 2011) Les écarts de richesses : ratio entre les Moins Les écarts de richesses : ratio entre les revenus des 40% les plus pauvres et les revenus des 60 % les plus riches disposant d’un compte (% des plus de 15 ans, 2011) inégalitaire 1 1
Île Maurice
Rwanda
Île Maurice Île Maurice
Rwanda Rwanda
Moins Moins inégalitaire inégalitaire
0.75 Cameroun
Afrique du Sud
0.75 0.75
Zimbabwe Mozambique Togo Cameroun Cameroun Mali Burundi Malawi Comores Swaziland Tchad Zimbabwe Bénin Burkina Faso Lesotho Nigéria Ghana Zimbabwe Sénégal Mozambique 0.50 Guinée Mozambique Togo Botswana 0.50 Sierra Leone Kenya Togo Soudan Somalie Mali Zambie Mauritanie Burundi 0.25 Malawi Mali Comores Swaziland Congo Tchad Tanzanie Burundi Gabon Malawi Swaziland Tchad Bénin Burkina Faso LesothoComores Nigéria Ghana Rép.Sénégal dém. du Congo Bénin Burkina Faso Libéria Guinée Nigéria Ghana Lesotho Sénégal Guinée Botswana Sierra Leone Kenya Soudan Botswana Somalie Sierra Leone Kenya Zambie Mauritanie Madagascar Soudan République centrafricaine 0.25 Somalie Zambie Mauritanie Congo 0.25 Tanzanie Gabon Congo Tanzanie Gabon dém. du Congo 0 NigerRép. Libéria Rép. dém. du Congo Libéria 0 15 30 45 Madagascar République centrafricaine Compte ouvert auprès d’une institution financière officielle Madagascar République centrafricaine 0.50
0 0
0 0
Niger Niger
15 15
30 30 Compte ouvert auprès d’une institution financière officielle Compte ouvert auprès d’une institution financière officielle
45 45
Afrique du Sud Afrique du Sud
Plus inégalitaire 60
60 60
Plus Plus inégalitaire inégalitaire
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
NIVEAU D’ÉDUCATION Le niveau d’éducation entre en ligne de compte
LIEU DE RÉSIDENCE Les populations rurales sont laissées de côté
NIVEAU D’ÉDUCATION NIVEAU D’ÉDUCATION Le niveau d’éducation entre en ligne de compte Le niveau d’éducation entre en ligne de compte
LIEU DE RÉSIDENCE LIEU DE RÉSIDENCE Les populations rurales sont laissées de côté Les populations rurales sont laissées de côté
12 %
PRIMAIRE OU INFÉRIEUR
12 12 % %
38 %
PRIMAIRE OU PRIMAIRE INFÉRIEUROU INFÉRIEUR
SECONDAIRE
38 38 % %
56 %
21 %
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR OU PLUS ENSEIGNEMENT ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR SUPÉRIEUR OU PLUS OU PLUS
ZONES RURALES
56 56 % %
38 %
21 21 % %
ZONES URBAINES
ZONES ZONES RURALES RURALES
SECONDAIRE SECONDAIRE
38 38 % %
ZONES ZONES URBAINES URBAINES
Source : Demirguc-Kunt A. et Klapper L., Measuring Financial Inclusion: The Global Findex Database, document de travail de recherche no 6025 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2012). Source : Demirguc-Kunt A. et Klapper L., Measuring Financial Inclusion: The Global Findex Database, Source : Demirguc-Kunt A. et Klapper L., Measuring Financial Global Findex Database, document de travail de recherche no 6025 (Washington D.C.Inclusion: : GroupeThe de la Banque mondiale, 2012). document de travail de recherche no 6025 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2012).
Le niveau d’éducation est un facteur dans la détention d’un compte bancaire (% des plus de 15 ans, 2011) 90
60
60 60 30
30 30
Maurice Île Maurice ÎleÎleMaurice
Angola Angola Angola
AfriqueduduSud Sud Afrique Afrique du Sud
Rwanda Rwanda Rwanda
Kenya Kenya Kenya
Ghana Ghana Ghana
Mozambique Mozambique Mozambique
Somalie Somalie Somalie
Botswana Botswana Botswana
Uganda Uganda Uganda
Comores Comores Comores
Cameroun Cameroun Cameroun
Malawi
Nigéria
Malawi Malawi
Nigéria Nigéria
BurkinaFaso FasoBurkina Faso Burkina
Lesotho Lesotho Lesotho
Libéria Libéria Libéria
Mauritanie Mauritanie Mauritanie
Zambie Zambie Zambie
Swaziland Swaziland Swaziland
Bénin
Gabon
Togo Togo
Bénin Bénin
Mali
Togo
Mali Mali
Gabon Gabon
Tchad Tchad Tchad
Tanzanie Tanzanie Tanzanie
Burundi Burundi Burundi
Congo
Sénégal
Congo Congo
Sénégal Sénégal
SierraLeone LeoneSierra Leone Sierra
Guinée
Soudan
Guinée Guinée
Soudan Soudan
Madagascar Madagascar Madagascar
0 0
Républiquecentrafricaine centrafricaine République République centrafricaine
Niger
0
Niger Niger
Éducation secondaire Éducation primaire ou supérieure Éducation primaire ou inférieure ou inférieure Moyenne nationale Éducation secondaire Éducation secondaire ou supérieure ou supérieure Moyenne nationale Moyenne nationale
90 90
Rép.dém. dém.dudu Congo Rép. Rép. Congo dém. du Congo
Source : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe Source : de la Banque mondiale, Source Groupe: de la Banque 2014). Groupe de la Banque mondiale, Global Findex mondiale, Global (Washington D.C.Findex : Groupe (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, Éducation primaire de la Banque mondiale, 2014). ou inférieure 2014).
%% dede personnes % détenant dedétenant personnes unun compte détenant personnes compte un compte
Le niveau d’éducation est un facteur dans la détention d’un compte bancaire (% des plus de 15 ans, 2011) Le niveau d’éducation est un facteur dans la détention d’un compte bancaire (% des plus de 15 ans, 2011)
Le fossé entre les zones rurales et les zones urbaines : ratio des revenus en zone rurale et en zone urbaine (% des plus de 15 ans, 2011)
1.5 1.5 Égalité d’accès pour les populations urbaines et rurales
1.0
Égalité d’accès pour les populations urbaines et rurales Égalité d’accès pour les populations urbaines et rurales
1.0 1.0 0.5
0.5 0.5
Niger Niger Niger
Guinée Guinée Guinée
Somalie Somalie Somalie
blique ubliquecentrafricaine République centrafricaine centrafricaine
Bénin Bénin Bénin
ép. Rép.dém. dém.dudu Rép. Congo Congo dém. du Congo
Gabon
Burundi
Gabon Gabon
Burundi Burundi
Tchad
Togo Togo Togo
Tchad Tchad
Congo Congo Congo
BurkinaFaso FasoBurkina Faso Burkina
Nigéria Nigéria Nigéria
Tanzanie Tanzanie Tanzanie
Mali
Lesotho
Mali Mali
Lesotho Lesotho
Botswana Botswana Botswana
Madagascar Madagascar Madagascar
Ghana
Kenya Kenya Kenya
Ghana Ghana
Malawi Malawi Malawi
SierraLeone LeoneSierra Leone Sierra
Angola
Sénégal
Angola Angola
Sénégal Sénégal
Swaziland Swaziland Swaziland
Libéria Libéria Libéria
AfriqueduduSud Sud Afrique Afrique du Sud
Rwanda Rwanda Rwanda
Comores Comores Comores
Uganda Uganda Uganda
Cameroun Cameroun Cameroun
Mauritanie Mauritanie Mauritanie
Mozambique Mozambique Mozambique
Soudan Soudan Soudan
Maurice Île Maurice ÎleÎleMaurice
0 0
Zambie Zambie
Zambie
0
Zimbabwe Zimbabwe Zimbabwe
Source : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe Source : de la Banque mondiale, Source Groupe: de la Banque 2014). Groupe deGlobal la Banque mondiale, Findex mondiale, Global (Washington D.C.Findex : Groupe (Washington : Groupe de la BanqueD.C. mondiale, de la Banque mondiale, 2014). 2014).
Ratio zones rurales/zones Ratio zones rurales/zones urbaines urbaines Ratio zones rurales/zones urbaines
1.5les zones urbaines : ratio des revenus en zone rurale et en zone urbaine (% des plus de 15 ans, 2011) Le fossé entre les zones rurales et Le fossé entre les zones rurales et les zones urbaines : ratio des revenus en zone rurale et en zone urbaine (% des plus de 15 ans, 2011)
113
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
FIGURE 18 L’ARGENT ET LA DISTANCE SONT LES DEUX PRINCIPAUX OBSTACLES À LA DÉTENTION FIGURE 8 L’ARGENT DISTANCE SONT LES PAR PRINCIPAUX OBSTACLESNON À LATITULAIRES DÉTENTION DE D’UNCOMPTES COMPTE D’UN COMPTE OFFICIELET: LARAISONS INVOQUÉES LES PERSONNES BANCAIRE OFFICIEL POURQUOI : RAISONS CITÉES PAR LES PERSONNES TITULAIRES POUR EXPLIQUER IL NE DISPOSENT D’AUCUN NON COMPTE (EN %)DEENCOMPTE 2011 (%) EN 2011 Pas suffisamment d’argent 81 %
Trop cher 36 %
Trop éloigné 31 %
Absence des documents nécessaires 30 %
Manque de confiance 16 %
Source : Demirguc-Kunt A. et Klapper L., Measuring Financial Inclusion: The Global Findex Database, document de travail de recherche no 6025 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2012).
FIGURE 9 DÉTENIR UN COMPTE NE SIGNIFIE PAS QU’IL SOIT UTILISÉ À DES FINS D’ÉPARGNE OU DE CRÉDIT : L’Afrique subsaharienne est devenue le pôle de croissance mondiale pour les télécommunications mobiles. Les abonnements de téléphonie mobile ont augmenté de 80 90 millions à 650 millions au cours des sept dernières années. L’utilisation généralisée des téléphones portables a changé non seulement la nature des communications, mais aussi les opportunités en termes d’opérations bancaires, de commerce et d’investissement. (Voir infographie Les innovations technologiques appliquées en afrique : développées par des Africains, pour l’Afrique et le monde). Les commentateurs soulignent de nombreuses possibilités 60 de « bond technologique », à savoir de sauter l’étape de développement de réseaux de succursales en exploitant les opportunités liées aux services bancaires mobiles. Les possibilités sont réelles. Toutefois, le décalage entre attentes et prestations reste important.
Île Maurice
Kenya
Afrique du Sud
Mozambique
Angola
Zimbabwe
Somalie
Rwanda
Botswana
Ghana
Nigéria
Swaziland
Zambie
Comores
Gabon
Ouganda
Libéria
Lesotho
Mauritanie
Malawi
Tanzanie
Cameroun
Sierra Leone
Bénin
Burkina Faso
Togo
Congo
Mali
Tchad
Burundi
Soudan
Sénégal
Madagascar
Rép. dém. du Congo
114
Guinée
Niger
40 L’extraordinaire réussite de M-PESA (Encadré 14) démontre le potentiel existant. En six ans à peine, ce système de paiement mobile a permis à plus de 15 millions de Kényans d’envoyer et de recevoir pour la première fois de l’argent par voie électronique. Un récent sondage a révélé que 86 % des ménages au Kenya utilisaient des téléphones portables pour effectuer des paiements, ou envoyer et recevoir de l’argent : c’est l’un des taux les plus élevés au monde. 20 Pourtant, le succès même de M-PESA soulève des interrogations. Comment expliquer que seulement un quart des Africains détiennent un compte bancaire alors que les trois quarts ont accès à un téléphone portable (Figure 19) ? Le fait d’être en mesure d’envoyer et de recevoir de l’argent par le biais de téléphones portables peut-il être assimilé à un accès au système financier d’un pays ? 0 publique centrafricaine
% de la population
La révolution service bancaire mobile –OFFICIELLES et ses limites(% DES PLUS DE 15 ANS, 2011) DONNÉES DESduINSTITUTIONS FINANCIÈRES
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
FIGURE 19 LA COUVERTURE MOBILE ABONNEMENTS MOBILES FIGURE 14 LA ANTICIPE COUVERTUREL’INCLUSION MOBILE ANTICIPEFINANCIÈRE : L’INCLUSION FINANCIÈRE : ET COMPTES AUPRÈS D’UNE INSTITUTION FINANCIÈRE PAYS SÉLECTIONNÉS, 2011 PAYS SÉLECTIONNÉS, 201 ABONNEMENTS MOBILES ET COMPTES OFFICIELLE, AUPRÈS D’UNE INSTITUTION FINANCIÈRE OFFICIELLE, GABON BOTSWANA
149
19
146
AFRIQUE DU SUD ÎLE MAURICE
30 123
54 105
80
CONGO
92
9
MAURITANIE
90
17
85
GHANA
29
79
BÉNIN
10
75
MALI
8
SÉNÉGAL
70
6
ZIMBABWE
69
SOUDAN
69
KENYA
67
40 7 42
SWAZILAND
63
LESOTHO
61
29 18
ZAMBIE
60
NIGÉRIA
58
21 30
55
TANZANIE
17
LIBÉRIA
50
19
CAMEROUN
50
15
BURKINA FASO
48
13
OUGANDA
48
ANGOLA
47
TOGO
42
20 39 10
GUINÉE
40
4
MADAGASCAR
40
6
RWANDA
40
SIERRA LEONE
36
33 15
MOZAMBIQUE
32
COMORES
31
TCHAD
30
NIGER
29
2
MALAWI
26
17
40 22 9
RÉP. DÉM. DU CONGO
24
4
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
22
3
BURUNDI
20
SOMALIE
18 100
Abonnements de téléphonie mobile pour 100 habitants Compte ouvert auprès d’une
7
Abonnements de téléphonie mobile pour 100 habitants institution financière officielle
31 0
100
(% des ouvert plus de 15 ans) Compte auprès d’une institution financière officielle (% des plus de 15 ans)
Source : Groupe Banque mondiale (2014), Global Findex et UIT-ONU.
Source : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Union internationale des télécommunications des Nations Unies, base de données statistiques des TIC (Genève : Union internationale des télécommunications, 2014).
115
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES APPLIQUÉES EN AFRIQUE : DÉVELOPPÉES PAR DES AFRICAINS, POUR L’AFRIQUE ET LE MONDE Les technologies mobiles peuvent stimuler la productivité de l’Afrique dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Des pôles d’innovation se créent partout en Afrique et servent d’incubateurs à une nouvelle génération d’experts technologiques.
APPLICATION ICOW PROJET DE SURVEILLANCE COMMUNAUTAIRE
TEXT TO CHANGE MAGRI MLOUMA
Appui aux communautés de pêcheurs dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée par l’utilisation de téléphones mobiles et d’appareils photos équipés de GPS.
Mise en relation entre agriculteurs et acheteurs de denrées alimentaires par l’affichage en temps réel des prix du marché et de la localisation des produits.
Informations destinées aux agriculteurs sur les bonnes pratiques de plantation, de récolte et de gestion des nuisibles et des maladies
M-FARM M-PESA
Réception et envoi de données de marché destinées aux agriculteurs à l’aide de simples SMS.
SIERRA LEONE
Transfert d’argent sur mobile.
E-PORTEFEUILLE
SÉNÉGAL ESOKO
Possibilité pour les agriculteurs de recevoir sur leur téléphone mobile des coupons pour l’achat de semences et d’engrais.
BURKINA FASO
NIGÉRIA RDC
OUGANDA
KENYA
MOBILE AGRIBIZ Diffusion d’informations relatives aux bonnes pratiques agricoles pour les producteurs de cacao.
Amélioration de l’accès aux informations et aux marchés agricoles pour les petits agriculteurs grâce aux technologies Web et mobiles.
FARMERLINE Utilisation d’appels vocaux et de SMS pour collecter des données, diffuser de nouvelles techniques agricoles et améliorer la relation entre les petits exploitants agricoles et les autres acteurs de la chaîne de valeur agricole.
116
ZIMBABWE
MALAWI
E-VOUCHER
Informations et établissement de liens avec le marché pour les producteurs avicoles afin de les aider à accroître leur productivité et leurs bénéfices.
Amélioration de l’accès aux informations relatives aux marchés pour les pêcheurs.
INTELLECT TECH Suivi des demandes de remboursement en temps réel pour les agriculteurs et les compagnies d’assurance.
FARMING INSTRUCTOR
Soutien à l’achat d’intrants agricoles pour les petits agriculteurs en difficulté financière.
POULTRY GUIDE
Mise en relation entre agriculteurs au sein d’un espace virtuel. Appui aux agriculteurs pour l’achat groupé d’intrants auprès des industriels et pour la commercialisation de leurs produits.
EFMIS-KE
GHANA
TANZANIE COCOALINK
Envoi d’informations par téléphone mobile afin d’encourager les bonnes pratiques chez les producteurs laitiers et d’augmenter la production laitière.
M-MALAWI
Diffusion d’informations agricoles en ligne et hors ligne destinées aux agriculteurs et à leurs communautés.
Appui à la croissance des moyens de paiement mobiles au Malawi dans le cadre de plusieurs interventions coordonnées.
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
ENCADRÉ 14 -PESA FOURNIT DES SERVICES BANCAIRES AUX KÉNYANS QUI EN SONT PRIVÉS -PESA a été mis en place au Kenya en 2007 par la société de téléphonie mobile Safaricom. À l’origine, il devait s’agir d’un service permettant aux bénéficiaires de microcrédits de recevoir et de rembourser facilement des prêts en utilisant le réseau de revendeurs de temps de connexion de Safaricom, qui jouera plus tard un rôle crucial dans le succès du service. Cependant, quelques difficultés avec les applications de microfinance ont conduit au lancement de M -PESA comme simple système de transfert d’argent pour faciliter les transferts d’argent entre zones urbaines et rurales. Au moment de son lancement, M-PESA a fait face à de nombreuses questions de la part des autorités kényanes et du secteur bancaire. Les banques (le plus grand contribuable à l’époque) ont affirmé que M-PESA deviendrait un système bancaire non réglementé. L’action gouvernementale, dirigée par le ministère de l’Information et de la Communication et le ministère des Finances, a conduit à un accord de conservation avec le régulateur bancaire (la Banque centrale du Kenya, ou CBK). Cela a ouvert la voie à Safaricom et M-PESA a pu commencer à fonctionner. Le système M-PESA permet aujourd’hui aux utilisateurs de déposer et de retirer de l’argent, de transférer des fonds à d’autres utilisateurs et d’effectuer des paiements à l’aide d’un simple menu texte accessible sur les téléphones portables les plus élémentaires. Les utilisateurs peuvent également rembourser les prêts consentis par les institutions de microfinance et déposer de l’argent sur leurs comptes. Safaricom dépose la valeur totale du solde de ses clients dans deux banques réglementées. Safaricom est détenue à 40 % par la société de télécommunications britannique Vodafone, qui tire ses bénéfices en facturant des frais de transaction minimes lorsque les clients retirent ou transfèrent de l’argent par le biais de l’un des 40 000 agents M-PESA opérant dans le pays. Le coût des envois de fonds par l’intermédiaire de M-PESA est environ deux fois moins cher que celui des autres services nationaux officiels d’envoi de fonds. M-PESA possède plus d’abonnés que les cinq plus grandes banques du Kenya réunies. Les revendeurs de temps de connexion de Safaricom ont été les premiers agents de M-PESA et continuent d’en être la ressource la plus précieuse. La connaissance des besoins des clients est un autre facteur de la réussite de M-PESA. Les régulateurs bancaires obligent les banques à collecter et vérifier les documents d’identification de leurs clients. Safaricom a pu contourner cette bureaucratie en exigeant que la carte nationale d’identité émise par le gouvernement du Kenya, obligatoire pour chaque citoyen, soit présentée comme prérequis à l’ouverture d’un compte M-PESA. C’est l’une des raisons expliquant le développement aussi rapide de M-PESA. De nouvelles gammes de produits ont été mises sur le marché. Safaricom s’est associée à la Commercial Bank of Africa (CBA) pour piloter M-KESHO, un service de prêt mobile qui a conduit à la mise en place de M-SHWARI, un service d’épargne et de prêt lancé en 2012. Aujourd’hui, M-SHWARI compte 2,3 millions d’abonnés. Alors que la plupart des transactions concernent des montants très faibles (la valeur médiane est de seulement 1 $), environ un tiers des clients ont soumis une demande de prêt de faible montant. Ceci suggère que M- SHWARI peut être la réponse pour de nombreux agriculteurs et autres entrepreneurs de petite et moyenne envergure à la recherche d’un faible apport en capital pour démarrer ou développer leur entreprise. « Linda Jamii » est une autre ramification prometteuse. Il s’agit d’un service de micro-assurance de couverture de santé qui permet aux abonnés de contribuer à l’assurance maladie par l’intermédiaire de M-PESA. Près de 40 millions de Kényans (plus de 97 % de la population) n’ont pas accès aux soins de santé parce qu’ils ne sont pas assurés. Bob Collymore, PDG de Safaricom, décrit « Linda Jamii » comme étant « à l’assurance maladie ce que M-PESA est aux services financiers ». M-PESA a connu un succès sans précédent au Kenya, car il facilite grandement les transferts de petites sommes d’argent par rapport au système bancaire officiel. Une étude9 indique que le volume des opérations effectuées entre les banques par le biais de la méthode RTGS (Système de règlement brut en temps réel) est égal à près de 700 fois la valeur quotidienne traitée par M-PESA. D’autre part, le montant moyen des opérations mobiles est environ 100 fois plus faible que le montant moyen des transactions par chèque, et deux fois plus faible que le montant moyen des opérations effectuées dans les guichets automatiques.
117
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
M-PESA finira par attirer de plus en plus de Kényans dans l’économie formelle, et ce à un coût abordable. Il est essentiel de répondre au besoin non satisfait de financement inclusif pour libérer le potentiel de transformation de l’agriculture et d’autres secteurs clés. Cela requiert une large gamme de produits et de services financiers innovants, allant de la microfinance et de la micro-assurance mobiles au financement par actions. Les entrepreneurs ont généralement besoin de très petites sommes d’argent pour concrétiser leurs projets commerciaux, et les innovations telles que M-PESA, M-SHWARI et « Linda Jamii » indiquent clairement la voie à suivre
Alors que l’Afrique est devenue un pôle de croissance mondiale pour les télécommunications mobiles, en dehors du Kenya et de l’Afrique du Sud, l’utilisation généralisée des téléphones portables n’a pas augmenté l’accès aux services financiers. En Ouganda, une étude sur l’inclusion financière a constaté que la majorité des adultes (54 %) utilisaient des services bancaires par téléphonie mobile pour retirer de l’argent, tandis que 46 % utilisaient le service pour envoyer de l’argent. L’utilisation d’autres produits et services mobiles compatibles est relativement limitée (Encadré 15). Dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Mali et le Sénégal, la part de la population possédant un abonnement de téléphonie mobile est encore plus élevée qu’au Kenya. Pourtant, tandis qu’au Kenya on répertorie 1,6 abonnement de téléphonie mobile pour chaque compte en banque officiel, le ratio au Mali est de 9,4 et au Sénégal de 11,7.
ENCADRÉ 15 EN OUGANDA, ARGENT MOBILE NE SIGNIFIE PAS ENCORE INCLUSION FINANCIÈRE Une étude récente menée par un groupe de réflexion ougandais a fait état d’une « amélioration remarquable » dans l’accès aux services financiers en Ouganda depuis 2009. Cependant, l’amélioration a été particulièrement marquée dans le secteur formel non bancaire, principalement tirée par la croissance des services monétaires de téléphonie mobile10. Selon l’étude FINSCOPE III, les services mobiles sont largement utilisés pour les transferts d’argent, plutôt que pour les opérations de crédit, d’épargne, d’investissement ou d’assurance. Si l’on exclut les données sur l’argent mobile, l’étude conclut que l’inclusion financière formelle en Ouganda reste limitée, surtout comparée aux pays africains où des études similaires ont été menées, dont l’Afrique du Sud, le Kenya, la Namibie et le Swaziland. Cette même étude a révélé que l’utilisation de services bancaires formels par la population adulte était restée statique, malgré la croissance du nombre de banques commerciales et de succursales. En outre, l’utilisation de services bancaires formels ne concerne que les 20 % des adultes les plus riches, est concentrée dans les zones urbaines et d’autres régions plus développées, et est dominée par les hommes d’âge moyen, plus instruits. Dans l’ensemble, l’accès au système bancaire formel en Ouganda a eu tendance à renforcer les inégalités profondément ancrées. L’étude conclut que malgré les efforts déployés pour accroître l’offre de services financiers formels, il reste encore beaucoup à faire pour stimuler la demande et l’accès. Les principales recommandations d’action sont les suivantes : • • • •
118
cibler les zones mal desservies et négligées en améliorant les infrastructures routières et énergétiques ; promouvoir l’épargne et l’investissement d’envergure à long terme ; améliorer l’éducation financière et diffuser l’information financière ; veiller à mobiliser les technologies mobiles pour les services allant au-delà du transfert d’argent, y compris pour l’épargne et le crédit.
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Ces disparités mettent en évidence un échec de la réglementation. Au Kenya, la généralisation des services bancaires mobiles est attribuable aux autorités de la Banque centrale qui ont permis aux fournisseurs de services mobiles de rivaliser avec les banques établies. Des règles et garanties ont été instaurées pour protéger les consommateurs contre la fraude et réglementer les systèmes de dépôt et de paiement. Dans d’autres pays, les réglementations n’ont pas évolué aussi rapidement que les technologies mobiles. En effet, les gouvernements ne parviennent pas à ouvrir les systèmes bancaires à davantage de concurrence. Le faible taux de paiement numérique implique que les Africains passent à côté de nombreuses opportunités. Cela entraîne des frais élevés pour les transferts de fonds (Encadré 20), prive les Africains d’un accès à des services bancaires concurrentiels (augmentant ainsi les profits des banques commerciales inefficaces), oblige de nombreuses personnes à parcourir de longues distances pour payer leurs factures, et augmente l’insécurité par le fait de devoir stocker et transporter de l’argent, car de nombreux clients en Afrique subsaharienne vivent et travaillent trop loin d’une succursale pour avoir recours à des services bancaires. Cela impose aussi les coûts liés au traitement, à la sécurité et au transport aux entreprises. Les pertes se répercutent également sur le secteur financier. Si d’autres pays atteignaient le niveau de transactions bancaires mobiles au Kenya, les revenus des fournisseurs de services financiers pourraient augmenter d’au moins 6 milliards de dollars US et jusqu’à 15 milliards de dollars US. En Éthiopie et au Nigéria, les recettes pourraient plus que doubler. Ces résultats soulignent les opportunités que l’Afrique subsaharienne représente pour les fournisseurs de services financiers, les opérateurs mobiles et les autres entités à la recherche de nouveaux marchés. Au-delà de l’ouverture de comptes bancaires : épargne, crédit et assurance L’inclusion financière ne signifie pas seulement ouvrir un compte en banque. Il s’agit également d’épargner et d’emprunter. Mais les données pour l’Afrique suggèrent que les activités d’épargne et de prêts réalisées auprès d’institutions financières officielles sont beaucoup plus limitées que ce qu’indiquent les données d’enregistrement de compte (Figure 20). Un certain nombre de pays densément peuplés, principalement l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigéria, se caractérisent par des niveaux d’épargne relativement élevés auprès des institutions officielles, mais dans toute l’Afrique subsaharienne, seulement 12 % des adultes sont couverts (soit la moitié du nombre total de détenteurs de compte). Les clubs d’épargne et les associations traditionnelles sont l’alternative commune aux institutions officielles : environ un Africain sur cinq indique faire appel à un club d’épargne. L’activité de prêt est encore plus restreinte que l’épargne. Le crédit joue un rôle essentiel dans le déblocage des gains de productivité et l’expansion des marchés ; ilpermet également aux ménages d’investir dans leurs foyers, d’éduquer leurs enfants et de faire face aux situations d’urgence. Aucune autre région n’affiche une part de prêts contractés auprès d’institutions financières officielles aussi faible que l’Afrique subsaharienne. En effet, presque un tiers des adultes déclarent se tourner uniquement vers leur famille et leurs amis pour contracter un nouveau prêt, alors que seulement 2 % indiquent une institution officielle comme source unique. Les prêts d’urgence et de santé sont les plus fréquemment cités comme raison d’emprunt parmi les populations pauvres en Afrique. Cependant, l’encours de crédits pour honorer les frais de scolarité est la source de prêts la plus couramment citée par les adultes de la région. Les PME ont très peu recours aux institutions d’épargne officielles (Figure 21). Cela représente un certain paradoxe. Les études menées auprès des entreprises indiquent systématiquement l’accès limité au financement comme principale contrainte pour les opérateurs de PME. Cela implique que de nombreuses entreprises ne parviennent pas à tirer parti des occasions qui se présentent sur le marché en raison de la pénurie de crédit, des obstacles réglementaires ou des taux d’intérêt dans le secteur financier formel.
119
Manque de confiance 16 %
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Source : Demirguc-Kunt A. et Klapper L., Measuring Financial Inclusion: The Global Findex Database, document de travail de recherche no 6025 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2012).
FIGURE 20 DÉTENIR UN COMPTE NE SIGNIFIE PAS QU’IL SOIT UTILISÉ À DES FINS D’ÉPARGNE OU 9 DÉTENIRDES UN COMPTE NE SIGNIFIE PAS QU’ILOFFICIELLES SOIT UTILISÉ(% À DES OU 2011) DE CRÉDIT : DE FIGURE CRÉDIT : DONNÉES INSTITUTIONS FINANCIÈRES DESFINS PLUSD’ÉPARGNE DE 15 ANS, DONNÉES DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES OFFICIELLES (% DES PLUS DE 15 ANS, 2011) 80
% de la population
60
40
20
Argent épargné auprès d’une institution financière officielle au cours de l’année précédente Emprunt auprès d’une institution financière officielle au cours de l’année précédente
Source : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
L’activité d’épargne et de crédit se caractérise généralement par les mêmes disparités sociales que celles identifiées pour l’ouverture d’un compte d’opérations financières : les personnes pauvres, les femmes, les personnes moins instruites et les habitants des zones rurales ont un accès beaucoup plus limité aux services d’épargne et de crédit. Le fossé entre les zones rurales et les zones urbaines est particulièrement marqué. Ceci a des répercussions profondes sur la place de l’agriculture dans la promotion de la croissance et la réduction de la pauvreté. Même si les institutions non officielles d’épargne et de crédit présentent des avantages (dont la flexibilité), le manque de formalité s’accompagne de risques de fraude et de faillite. En outre, lorsque les prêts et l’épargne sont regroupés auprès de petits groupes, la nature cyclique des économies locales peut limiter les fonds disponibles pendant les périodes charnières. Il n’existe aucun autre endroit au monde où les conséquences sociales et économiques de l’exclusion financière sont plus évidentes que dans le domaine de l’assurance. Comme nous l’avons montré précédemment, la capacité à atténuer les risques est essentielle dans l’agriculture, car les exploitants sont particulièrement vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes et à la variabilité du climat. 120
Île Maurice
Kenya
Afrique du Sud
Mozambique
Angola
Zimbabwe
Somalie
Rwanda
Botswana
Ghana
Nigéria
Comores
Compte ouvert auprès d’une institution financière officielle
Swaziland
Zambie
Ouganda
Libéria
Gabon
Lesotho
Mauritanie
Malawi
Tanzanie
Cameroun
Sierra Leone
Burkina Faso
Togo
Bénin
Congo
Mali
Tchad
Burundi
Soudan
Sénégal
Madagascar
Guinée
Rép. dém. du Congo
Niger
République centrafricaine
0
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Or, seuls 6 % des Africains travaillant dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche indiquent souscrire à une assurance. Une fois de plus, il existe des disparités considérables (Figure 22). L’accès aux produits d’assurance est le plus limité où il est le plus nécessaire. Parmi les 40 % de la population rurale la plus pauvre en Tanzanie, seulement 1 % souscrit à une assurance agricole, contre 15 % pour les populations les plus riches. Les écarts entre les sexes sont également marqués, les femmes ayant moins accès à l’assurance que les hommes. Le manque d’accès à des pools d’assurance risque plus importants et plus diversifiés n’offre pas d’autre option aux populations que de s’auto-assurer. En conséquence, les ressources qui pourraient être affectées à des investissements productifs sont mises de côté pour minimiser les risques. Dans 34 des 36 pays pour lesquels des données sont disponibles, l’argent mis de côté pour parer aux situations d’urgence représentait plus de la moitié de l’épargne totale, s’élevant à plus de 80 % au Kenya, au Nigéria et en Tanzanie. Ces chiffres montrent la nécessité d’établir un régime d’assurance institutionnalisé agissant comme vecteur de libération de l’investissement productif.
FIGURE 21 PEU DE PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES ONT ACCÈS AUX INSTITUTIONS FINANCIÈRES OFFICIELLES : POURCENTAGE DE SOCIÉTÉS AYANT UN ENCOURS DE CRÉDIT OU UNE LIGNE DE CRÉDIT (ENTRE 5 ET 99 EMPLOYÉS, DERNIÈRE ANNÉE DISPONIBLE) Togo 21
Bénin 42
Cameroun 26
Burkina Faso 28
Mali 16 Mauritanie 15
Cap-Vert 40 Gambie 15 Guinée 5
Sénégal 13
Niger 29
Guinée-Bissau 3
Érythrée 11
Tchad 21
Nigéria 4
Sierra Leone 17
République centrafricaine 27
Libéria 14 Côte d’Ivoire 11
Ouganda 15
Ghana 18 Gabon 7
Rép. dém. du Congo 10
Congo 11
Kenya 21 Rwanda 44
Burundi 34 Tanzanie 12 Malawi 39
Angola 9
Mozambique 10
Zambie 13 Zimbabwe 8
Île Maurice 45 Namibie 24 Botswana 48
39 %
Source : Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs d’inclusion financière du G20 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
121
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
FIGURE 22 LES AGRICULTEURS AFRICAINS SONT CONFRONTÉS À DES RISQUES IMPORTANTS MAIS NE SONT PAS BIEN ASSURÉS 1. Rares sont les agriculteurs à bénéficier d’une assurance officielle : souscription à une assurance agricole (en % de personnes de plus de 15 ans travaillant dans le secteur de l’agriculture, 2011)
15
10
5
Tchad
Libéria
Sierra Leone
Lesotho
Zambie
Mali
Ouganda
Tanzanie
Niger
Burundi
Zimbabwe
Ghana
Rwanda
Cameroun
Kenya
Sénégal
Togo
Comores
Nigéria
Congo
République centrafricaine
Bénin
Malawi
Rép. dém. du Congo
Burkina Faso
0 Madagascar
% de personnes ayant souscrit une assurance agricole
20
Source : Groupe Banque mondiale (2014), Global Findex. Source de données : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
2. Ce sont les ménages les plus pauvres qui ont l’accès le plus restreint : souscription à une assurance agricole en fonction de la richesse (% personnes de plus de 15 ans travaillant dans le secteur de l’agriculture, 2011)
60
40
20
40 % les plus pauvres 60 % les plus riches
Source : Groupe Banque mondiale (2014), Global Findex. Source de données : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
Mali
Niger
Burundi
Sénégal
Zimbabwe
Togo
Rép. dém. du Congo
République centrafricaine
Malawi
Burkina Faso
Libéria
Guinée
Somalie
Tchad
Zambie
Lesotho
Sierra Leone
Tanzanie
Kenya
Ouganda
Rwanda
Ghana
Cameroun
Comores
Congo
Nigéria
Bénin
0 Madagascar
% de personnes ayant souscrit une assurance agricole
THE POOREST HOUSEHOLDS HAVE THE LEAST ACCESS: PURCHASE OF AGRICULTURE INSURANCE BY WEALTH GROUP (% WORKING IN AGRICULTURE, AGE 15+, 2011)
uations d’urgence
MANY HOUSEHOLDS SAVE FOR EMERGENCIES: RURAL AND URBAN AREAS (% AGE 15+, 2011) 122 70
Épargne rurale plus importante
% de l’épargne totale% de l’épargne totale
Source : Groupe Banque mondiale (2014), Global Findex.
Gabon
Mali
Mali
Zimbabwe
Lesotho
Zimbabwe
Lesotho
Kenya
Île Maurice
Madagascar
Nigéria
Tanzanie
Madagascar
Nigéria
Tanzanie
Botswana
Botswana
Île Maurice
Ouganda
Ouganda
Kenya
Soudan
Sierra Leone
Soudan
Libéria
Libéria
Sierra Leone
Guinée
Afrique du Sud
Guinée
Zambie
Zambie
Afrique du Sud
Tchad
Rwanda
Tchad
Ghana
Ghana
Burundi
Source de données : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
PREPARING FOR EMERGENCIES ABSORBS A LARGE SHARE OF TOTAL SAVINGS (AGE 15+, 2011) Source : Groupe Banque mondiale (2014), Global Findex. Comores
Togo
Sénégal
Burundi
Ouganda
Cameroun
Nigéria
Kenya
Ghana
Tanzanie
Bénin
Île Maurice
Sierra Leone
Nigéria
Kenya
Ghana
Tanzanie
Bénin
Île Maurice
Sierra Leone
Libéria
Swaziland
Libéria
Afrique du Sud
Swaziland
Botswana
CAR
Burkina Faso
Zambie
Tchad
Somalie
Lesotho
Malawi
Gabon
Soudan
Afrique du Sud
Botswana
CAR
Burkina Faso
Zambie
Tchad
Somalie
Lesotho
Malawi
Gabon
Soudan
Rép. dém. du CongoRép. dém. du Congo
Comores
Togo
Sénégal
Zimbabwe Mozambique
3. De nombreux ménages épargnent pour les situations d’urgence : zones rurales et urbaines (% des plus de 15 ans, 2011)
MANY HOUSEHOLDS SAVE FOR EMERGENCIES: RURAL AND URBAN AREAS (% AGE 15+, 2011) Malawi
Burkina Faso
Guinée
Libéria
Somalie
Zambie
Tchad
Sierra Leone
Lesotho
Tanzanie
Ouganda
Kenya
Rwanda
Ghana
Cameroun
Comores
Congo
Nigéria
Madagascar
Bénin
Mali
Burundi
Niger
Zimbabwe
Sénégal
Togo
Mali
Burundi
Niger
Zimbabwe
Sénégal
Togo
Rép. dém. du CongoRép. dém. du Congo
République centrafricaine République centrafricaine
Malawi
Burkina Faso
Guinée
Libéria
Somalie
Zambie
Tchad
Sierra Leone
Lesotho
Tanzanie
Ouganda
Kenya
Rwanda
Ghana
Cameroun
Comores
Congo
Nigéria
Madagascar
Bénin
0
Rwanda
Bénin
Bénin
République centrafricaine République centrafricaine
Mozambique
Swaziland
Swaziland
Mozambique
Niger
Niger
Sénégal
Cameroun
Cameroun
Sénégal
Mauritanie
Mauritanie
Ouganda
Cameroun
0
Congo
Burkina Faso
Burkina Faso
Zimbabwe
70 35
Mozambique
Rwanda
Guinée
Congo
Angola
Mali
Madagascar
MANY HOUSEHOLDS SAVE FOR EMERGENCIES: RURAL AND URBAN AREAS (% AGE 15+, 2011) 70
Somalie
Togo
Togo
Rwanda
Guinée
Congo
Angola
Mali
Madagascar
Niger Mauritanie
Source : Groupe Banque mondiale (2014), Global Findex.
Congo
Malawi
Malawi
Niger
Source : Groupe Banque mondiale (2014), Global Findex.
Mauritanie
20
Somalie
Angola
Angola
Rép. dém. du CongoRép. dém. du Congo
Comores
Gabon
0
Comores
30
Burundi
% souscrit de personnes ayant souscrit une assur % de personnes ayant une assurance agricole 20
Burundi
% des ménages épargnant pour les situations d’urgence % des ménages épargnant pour les situations d’urgence
BY WEALTH GROUP (% WORKING IN AGRICULTURE, AGE 15+, 2011) 40 60
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
40
40 % les plus pauvres
0
60 % les plus riches
40 % les plus pauvres
60 % les plus riches
Source : Groupe Banque mondiale (2014), Global Findex.
Épargne rurale plus importante
Épargne rurale plus importante
Zones rurales
35 0
Zones urbaines
Zones rurales
Zones urbaines
4. La préparation aux situations d’urgence concentre une large part de l’épargne totale (personnes de plus de 15 ans, 2011) PREPARING FOR EMERGENCIES ABSORBS A LARGE SHARE OF TOTAL SAVINGS (AGE 15+, 2011)
90
60
90
30
60
0
Source : Groupe Banque mondiale (2014), Global Findex. Source de données : Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
2. Vers une croissance inclusive : le défi de l’infrastructure Bien que l’Afrique accueille un sixième de la population mondiale, elle ne représente que 3 % de la production d’électricité dans le monde. Le déficit énergétique africain met clairement en évidence les disparités dans le domaine des infrastructures qui sapent la compétitivité de la région sur les marchés mondiaux, diminuent les perspectives de croissance économique et réduisent le potentiel de la croissance à réduire la pauvreté. Le manque d’infrastructures renforce également les problèmes plus généraux identifiés dans ce rapport. Le fait que les produits africains soient soumis à des coûts de transport élevés est l’une des raisons pour lesquelles les agriculteurs africains ont du mal à faire face à la concurrence des importations dans les zones urbaines. Par ailleurs, les coûts élevés de l’énergie limitent les possibilités d’investissement pour les PME, freinant le développement de l’emploi non agricole et des marchés. Enfin, un accès physique et une infrastructure limités découragent l’expansion de succursales bancaires rurales, augmentant le coût du crédit et limitant l’accès aux services financiers. Pallier au manque d’infrastructures en Afrique nécessitera d’importantes ressources financières. Le financement intérieur devra jouer un rôle essentiel, c’est pourquoi nous insistons ci-dessous sur l’importance de renforcer les efforts fiscaux. L’intégration régionale aiderait en créant les économies d’échelle faisant cruellement défaut dans les petits pays à faibles revenus moyens. Pourtant, même dans le scénario le plus optimiste, le financement intérieur seul ne sera pas suffisant, les besoins de financement pour l’énergie, les routes et les systèmes portuaires étant tout simplement trop importants par rapport à la taille des économies nationales. Par conséquent, l’Afrique devra être compétitive sur le marché mondial pour dynamiser les financements. Ce marché est en train de subir d’importantes évolutions. Les estimations des besoins en financement pour l’infrastructure mondiale sont nécessairement imprécises. Le McKinsey Global Institute avance le chiffre de 57 000 milliards de dollars US entre aujourd’hui et 2030. Malgré l’excès de liquidité mondiale, tous les pays ont du mal à mobiliser les investissements nécessaires. Une partie du problème est attribuable aux nouvelles règlementations bancaires qui tendent à dissuader les banques d’accorder le type de prêts à long terme nécessaires au financement des infrastructures. Cela a créé de nouvelles opportunités pour les assureurs, les fonds de pension et les fonds souverains. Or, à ce jour, seule une infime partie de leurs actifs (autour de 0,8 %) sont investis dans l’infrastructure, et l’Afrique apparaît à peine sur l’écran radar du marché. Les sociétés de capitaux privés prennent une partie de la relève, mais elles offrent des conditions de financement susceptibles d’être inabordables pour les pays africains à faible revenu. Tout cela pose la question de savoir comment l’Afrique peut puiser dans les marchés mondiaux pour financer ses infrastructures. La réponse varie selon les pays. L’un des problèmes auquel la région est confrontée est le fait que les investisseurs internationaux assimilent souvent à tort l’ensemble de l’Afrique à un marché de l’investissement à haut risque, mettant tous les pays dans le même panier. Au-delà de cela, plusieurs problèmes systémiques interdépendants doivent être traités simultanément : La conception de projets et la nécessité d’élaborer des propositions susceptibles d’être financées qui soient « dégroupées » entre les étapes de planification, de construction et d’exploitation. Cela revêt une importance toute particulière compte tenu de l’étendue limitée des projets susceptibles d’être financés en Afrique, en partie en raison d’une incapacité à reconnaître le rôle clé du financement public dans la planification, tandis que la construction et l’exploitation créent des opportunités de partenariats public-privé. La capacité de paiement et la responsabilité du suivi. Il est essentiel d’examiner la demande comme l’approvisionnement. Qui va payer pour ces projets ? Qui va payer pour leur entretien ? Alors que le développement des infrastructures de télécommunications a démontré une certaine capacité de paiement, le recouvrement intégral des coûts privés peut s’avérer irréalisable dans des domaines tels que l’énergie et le transport.
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L’Afrique doit puiser dans les marchés mondiaux pour financer ses infrastructures.
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Le commerce intra-africain pourrait attirer des investissements par l’expansion des marchés et l’augmentation des rendements. Le commerce intra-africain demeure toutefois très limité en raison des droits de douane, des procédures douanières et des règles d’origine. Cela engendre des temps d’attente longs et coûteux pour le transit et le transport, en particulier pour les petites entreprises. Les risques politiques liés à la corruption, le non-respect des contrats et les changements politiques imprévus. Ils sont particulièrement importants compte tenu des longs délais et des capitaux nécessaires au financement des infrastructures. L’extension de l’assurance pourrait aider à débloquer les investissements étrangers et réduire les rendements exigés. Il existe actuellement d’importantes lacunes en matière d’assurance pour faire face aux risques de change et aux risques de catastrophes. L’ampleur du déficit en matière d’infrastructures L’Afrique subsaharienne est à la traîne par rapport au reste du monde en ce qui concerne les mesures liées à la couverture et à la qualité des infrastructures. La production totale d’électricité de la région (hors Afrique du Sud) est de 28 gigawatts (GW), ce qui correspond environ à celle de l’Argentine. La moitié de la population mondiale sans accès à l’électricité vit en Afrique subsaharienne, où 80 % de la population dépendent de fourneaux traditionnels à bois pour cuisiner. L’Afrique possède le réseau de routes bitumées le moins développé au monde. Selon une mesure type, la densité du réseau de routes bitumées de la région équivaut à un tiers celui d’Asie du Sud11. Seulement 14 % des ménages ruraux ont accès à une route bitumée. Les entreprises qui utilisent les ports africains sont confrontés aux retards de livraison les plus importants au monde : le transit prend généralement entre 15 et 20 jours, contre trois jours en Asie de l’Est. Les infrastructures sociales sont tout aussi sous-développées. Seulement 31 % de la population de la région ont accès à des installations sanitaires améliorées. Derrière ce chiffre se cachent des différences marquées entre les ménages riches et pauvres, et entre les zones rurales et urbaines. Les ménages les plus riches ont 10 fois plus de chances d’avoir accès à des installations sanitaires améliorées que les ménages plus pauvres : aucune autre région n’affiche une si grande inégalité. Près de 50 % des populations rurales des pays tels que l’Éthiopie et le Mozambique pratiquent la défécation en plein air, et ce taux est supérieur à 80 % dans des pays comme le Burkina Faso et le Niger. Malgré l’avantage « urbain » en ce qui concerne les installations sanitaires, un tiers de la population urbaine africaine n’a pas accès à des installations améliorées. Des preuves accablantes indiquent que le manque d’infrastructures compromet les possibilités d’investissement. Les entreprises en Afrique sont confrontées à des coûts énergétiques plus élevés que n’importe quelle autre région du monde, et elles perdent davantage de jours ouvrables en raison de pannes de courant. Dans certains pays africains, les pertes encourues à la suite de coupures de courant s’élèvent à plus de 10 % des ventes. Par ailleurs, plus de 80 % des entreprises au Ghana, en Tanzanie et en Ouganda font part d’un certain nombre de préoccupations liées à la fiabilité et au coût de l’approvisionnement. Aujourd’hui, même si les délais d’attente dans les ports sont moins longs, ils restent excessifs et les frais de transport ne cessent d’augmenter. Les déficits en matière d’infrastructures ont des effets tout aussi marqués sur la vie quotidienne des populations. Un accès restreint à l’énergie oblige essentiellement les filles et les femmes à parcourir de longues distances à pied pour ramasser du bois, souvent au détriment de leur éducation et d’autres activités. Des installations sanitaires inadéquates sont la cause principale de maladie, en particulier lorsqu’elles sont associées à un accès insuffisant à l’eau potable.
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Qu’est-ce-qui explique cet écart si marqué de financement en matière d’infrastructures ? On aurait pu supposer qu’une décennie de forte croissance aurait transformé le financement des infrastructures en Afrique. La conjoncture pourrait difficilement être plus propice au développement. La croissance économique accroît la demande en énergie, en eau, en installations sanitaires, en transport ou encore en technologies de l’information et de la communication (TIC). Par exemple, la capacité de production énergétique (actuellement de 68 000 MW en Afrique subsaharienne) devra augmenter de plus de 7 000 MW par an pour répondre à la demande. Les opportunités commerciales sont en expansion et l’environnement des affaires s’améliore. La croissance de la population décuple la demande. Des niveaux élevés de croissance régionale ont coïncidé avec un environnement international propice. Depuis 2008, le monde est « saturé » de liquidités. Bien que le retour sur investissement des capitaux sécurisés dans les pays de l’OCDE soit presque nul, les bénéfices sociaux et économiques potentiels liés à l’investissement dans les infrastructures africaines sont très élevés1. Les rendements signalés pour les investisseurs étrangers dans des projets énergétiques en Afrique subsaharienne sont plus élevés que dans n’importe quelle autre région en développement12. Les investissements effectués dans la transmission électrique transfrontalière ont des rendements exceptionnellement élevés, s’autofinançant généralement en moins d’un an13. Par ailleurs, le G8 et le G20 ont identifié le financement des infrastructures en Afrique comme une priorité, et les bailleurs de fonds ont mis au point une série de mécanismes visant à lever des fonds privés en faveur du développement des infrastructures en Afrique. Le G8 a créé le Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) lors du Sommet du G8 de Gleneagles en 2005. Une autre initiative, le Groupe de développement des infrastructures privées (PIDG), est une large coalition d’organismes donateurs et d’institutions de financement du développement qui mettent en commun les ressources financières dédiées aux investissements dans les infrastructures (Encadré 15). Rien de tout cela ne semble avoir considérablement réduit le déficit de financement des infrastructures africaines. Ce déficit a été estimé en 2009 à 48 milliards de dollars US par an pour la prochaine décennie. Depuis lors, la croissance économique et l’urbanisation ont presque certainement creusé l’écart, en dépit d’une augmentation des investissements publics. En guise d’approximation, l’Afrique doit doubler ses investissements dans les infrastructures. Traduit en termes de financement national, le déficit est très important. Les finances publiques dominent les investissements en faveur des infrastructures en Afrique, représentant environ deux tiers du total des investissements. Les investissements privés en Afrique représentent une autre tranche de 20 %. La Banque africaine de développement estime que pour répondre aux besoins d’investissement en matière d’infrastructures, les pays à faible revenu doivent dépenser environ 15 % de leur PIB par an. Les décaissements au titre du financement public du développement (FPD), une vaste catégorie comprenant les prêts de développement ainsi que l’aide, ont augmenté, mais aucun effet de levier positif n’a pu être constaté. En termes réels, le FPD est passé de 7,3 milliards de dollars US en 2008 à 10,1 milliards de dollars US en 201014. Les systèmes d’information des bailleurs de fonds rendent l’observation des effets de levier difficile. Cependant, les flux autres que ceux liés à l’aide au développement ont diminué entre 2010 et 2012. Les marchés émergents sont une source de plus en plus importante d’investissements en faveur des infrastructures. Les rapports sur le financement du développement des pays non membres de l’OCDE pour l’Afrique sont fragmentaires, les données sont donc incomplètes, mais la Chine est certainement aujourd’hui la source la plus importante de financement des infrastructures : les engagements ont été signalés à 13 milliards de dollars US en 201215. La Chine utilise une combinaison de subventions, de crédits à l’exportation, de prêts garantis par des ressources et d’autres instruments. Le Fonds de développement sino-africain fournit des capitaux propres aux projets soutenus par des entreprises chinoises, la China Development Bank accorde des financements assortis de conditions non libérales, et l’Export-Import Bank propose des crédits à l’exportation et des garanties contre les risques. 126
Les rendements des investisseurs étrangers dans des projets énergétiques en Afrique subsaharienne sont plus élevés que dans n’importe quelle autre région en développement.
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De nombreuses critiques ont été formulées à l’égard du « modèle d’ensemble de mesures de financement » adopté par la Chine. Or, beaucoup des critiques ne sont pas étayées par des preuves suffisantes16, et le financement de l’OCDE commence à ressembler au modèle chinois, du moins en ce qui concerne les infrastructures. Le Brésil est de plus en plus présent dans ce secteur, sa Banque nationale de développement économique et social (BNDES) soutenant les entreprises commerciales brésiliennes au Mozambique et dans d’autres pays. Pourquoi l’écart de financement des infrastructures demeure-t-il si important en dépit d’apparentes conditions macroéconomiques favorables à une envolée des investissements ? Une partie de la réponse peut être attribuée à des conditions de marché nationales et régionales. Les marchés financiers en Afrique restent beaucoup trop fragiles pour soutenir l’investissement à l’échelle requise. Des taux d’intérêt élevés et un taux d’épargne faible ne sont pas propices aux investissements publics à long terme, pourtant nécessaires aux infrastructures. Il existe quelques exceptions : le Kenya a émis avec succès trois emprunts obligataires pour financer des projets d’infrastructure depuis 2009, levant ainsi plus de 1 milliard de dollars US. Les incitations ont joué un rôle important. Les obligations pouvaient être utilisées comme garantie pour contracter des prêts bancaires, et les banques étaient autorisées à les inclure dans leurs réserves. Il est peu probable que la participation du secteur privé s’avère plus qu’un complément de l’investissement public national. Des fonds d’infrastructure spécialisés ont vu le jour dans certains pays. Les fonds de capital-investissement restent toutefois limités dans leur portée, générant habituellement des quantités allant de 5 millions de dollars US à 120 millions de dollars US par projet dans les capitaux propres, diverses formes de dettes et de financement en devises17. Pour le secteur privé, les risques perçus en matière d’investissement sont généralement beaucoup trop élevés pour attirer les investissements à une échelle suffisante. Les incertitudes quant à la capacité des gouvernements à élaborer et mettre en œuvre des projets, l’environnement réglementaire ainsi que l’environnement macro-économique peuvent également avoir un puissant effet dissuasif sur l’investissement. Par ailleurs, les conditions structurelles du marché sont défavorables. Dans certains domaines comme l’énergie et les transports, les marchés de l’Afrique subsaharienne sont petits par rapport aux importants investissements initiaux nécessaires pour réaliser des projets à l’échelle requise. En outre, malgré une décennie de croissance, les revenus moyens sont faibles et les niveaux de pauvreté restent élevés. Ces deux facteurs limitent le potentiel de rentabilité commerciale. Les initiatives internationales ne parviennent pas à libérer suffisamment de financement L’efficacité des initiatives internationales sur le financement de l’infrastructure dépend en partie du climat des politiques intérieure et régionale instaurées par les gouvernements africains. Même ainsi, il est inquiétant de constater que malgré la preuve d’une multiplication des approches « nouvelles et innovantes » en matière de financement du développement des infrastructures, ces approches ne parviennent pas à être adoptées à l’échelle prévue. Le battage médiatique et la complexité qui les accompagnent semblent faire oublier les défauts de conception fondamentaux. L’investissement privé en faveur des infrastructures en Afrique coule comme un filet d’eau. Les chiffres relatifs aux engagements peuvent surévaluer les véritables transferts d’argent impliqués. Par exemple, le Consortium pour les infrastructures en Afrique a fait état d’engagements du secteur privé aux projets d’infrastructure dans le cadre du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA, voir Encadré 16) de l’ordre de 3,5 milliards de dollars US en 2012. Les décaissements réels la même année ont été de 81,7 millions de dollars US18. L’OCDE a alloué un total de 13 milliards de dollars US en 2012 aux infrastructures d’Afrique subsaharienne, avec plus de 90 % en direction du secteur des TIC19. Mais les investissements dans de nouveaux projets en 2009 n’atteignaient que 1 milliard de dollars US, ce qui reflète en partie l’impact de la crise financière. Pour chaque dollar US de capitaux propres privés levés pour investir en Chine en 2012, seulement 8 cents ont été levés pour l’Afrique20.
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Ces résultats décevants ont eu lieu en dépit de conditions de fond très favorables. Les marchés financiers mondiaux ont connu une période de liquidité exceptionnelle, le taux d’intérêt réel sur les actifs sans risque oscillantt autour de zéro. Des sommes importantes ont été dirigées vers les économies émergentes, mais peu vers l’Afrique. Les projets dans la région sont considérés comme financièrement risqués et trop petits pour justifier les coûts d’investissements initiaux en matière de faisabilité. Il en va de même pour les pays ayant une meilleure gouvernance, et ce malgré les efforts des bailleurs de fonds. Par exemple, InfraCo Africa, une société financée par le PIDG qui entreprend des projets d’infrastructure, a été incapable de lever des fonds pour un projet d’électricité ghanéen en dépit d’un rendement anticipé des capitaux propres de 20 % 21. Le projet ghanéen n’est pas une exception. Une analyse du Groupe de la Banque mondiale du secteur de l’électricité africaine entreprise en 2011 a constaté que malgré plusieurs tentatives, peu de projets à financement privé fonctionnaient. Paul Collier, économiste de l’Université d’Oxford, a observé que : « cet écart considérable entre le taux d’intérêt sans risque acceptable pour les marchés financiers, qui oscille actuellement autour de zéro, et le taux de risque corrigé exigé pour les infrastructures en Afrique, suggère qu’il est indispensable de remédier efficacement aux risques pour favoriser les financements privés » 22. Les initiatives internationales actuelles ne font rien pour combler cet écart important. Au cœur de ces initiatives se trouve un effort concerté visant à utiliser l’aide publique pour catalyser l’investissement privé à long terme. Les fonds d’investissement gérés par les institutions de financement du développement (IFD) jouent un rôle central. En ciblant des projets d’infrastructure en Afrique, ces fonds apportent des capitaux soit directement à des investisseurs privés, soit indirectement aux institutions financières intermédiaires sous la forme de fonds propres, de prêts ou d’instruments d’atténuation des risques. Par exemple, la Banque de développement des Pays-Bas (FMO) gère des fonds du gouvernement néerlandais tels que le Fonds d’accès à l’énergie et le Fonds de développement des infrastructures (FDI), qui a investi à ce jour dans neuf projets du secteur électrique. Proparco, l’institution française de financement du développement, a fourni le capital au Fonds Afrique pour les infrastructures, un fonds d’actions privé. La Commonwealth Development Corporation (CDC) est un autre exemple de la méthode des fonds d’investissement. Fonctionnant sur une base commerciale, la CDC est gérée de façon privée mais est détenue par le Département pour le développement international du RoyaumeUni (DfID). En 2011, le DfID a mis en place une nouvelle politique d’investissement pour la CDC, en restreignant son champ d’application géographique et en limitant les investissements dans les pays pauvres. Parmi les nouveaux investissements réalisés en Afrique en 20122013 figurait un projet agro-industriel en République démocratique du Congo, un projet de recyclage au Kenya et un projet bancaire au Nigéria23. Les fonds d’investissement peuvent également servir de véhicules pour différents bailleurs de fonds. Un exemple probant est le Fonds pour l’infrastructure en Afrique, créé en 2002, avec des capitaux propres du groupe de bailleurs de fonds du PIDG. Le fonds, géré par une division de la Standard Bank, finance des projets à long terme. À la fin de l’année 2011, il avait financé 35 projets. InfraCo, également financé par la structure du PIDG, entreprend les études de faisabilité et la préparation initiales du projet. Le plus proche homologue américain des institutions européennes de financement du développement est l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC). En 2012, l’OPIC a engagé 907 millions de dollars US pour des projets en Afrique subsaharienne, offrant une combinaison de prêts et de garanties de risque.Les projets en Afrique, qui reflètent les priorités définies par l’administration américaine actuelle, représentent désormais près d’un quart du portefeuille global de l’OPIC – en hausse par rapport aux 6 % d’il y a dix ans. Certaines nouvelles méthodes de financement pour le développement ont cherché à utiliser les aides pour attirer les investisseurs privés et assouplir les conditions d’emprunt.
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«Financement combiné » est un terme générique couvrant une vaste gamme d’instruments qui associent financements concessionnels (subventions ou prêts comprenant un élément de subvention) à un financement de la dette et d’autres flux d’investissement. Même si les modalités spécifiques sont souvent extrêmement complexes, elles combinent généralement : des bonifications d’intérêts qui réduisent le fardeau de la dette sur les emprunteurs, y compris les gouvernements ; une assistance technique pour gérer les travaux préparatoires et la supervision du projet ; des subventions directes pour financer les composantes du projet qui ont des avantages sociaux et environnementaux supérieurs à leurs recettes commerciales ; et des primes d’assurance pour partager les risques.
L’Union européenne s’est montrée avant-gardiste dans le développement de la finance combinée. Depuis 2007, elle a mis en place huit structures de financement combiné, dont le Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures (ITF). Une bonification du taux d’ intérêt de l’ITF pour un projet de financement de la réhabilitation du corridor de Beira au Mozambique, par exemple, a permis au gouvernement de réaliser des investissements sans enfreindre les dispositions sur la viabilité de la dette de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Cependant, tous les financements combinés n’ont pas un effet de levier. Une évaluation dirigée par l’ITF a conclu qu’une bonification du taux d’intérêt et une subvention octroyées à la République centrafricaine avaient évincé d’autres sources de financement. L’atténuation des risques est apparue comme un autre pilier du financement des infrastructures. Les projets d’infrastructure nécessitent souvent d’importants investissements initiaux dans des actifs physiques qui, une fois construits, ne peuvent pas être déplacés en cas de problèmes imprévus. La longue période de gestation impliquée dans de nombreux projets et les modalités de financement complexes, telles que la création de vecteurs spécifiques pour les partenariats public-privé, ajoutent aux risques encourus par les investisseurs étrangers, comme le font les risques de change. Outre ces risques commerciaux, on distingue également des risques politiques liés à un environnement de gouvernance incertain.
Les financements combinés et les mesures d’atténuation des risques apparaissent comme des piliers du financement des infrastructures.
Les institutions de financement du développement et les banques multilatérales de développement ont mis au point une gamme d’instruments de prévention des risques qui sont largement déployés dans des projets d’infrastructure en Afrique. Il s’agit notamment de garanties de crédit, qui peuvent réduire le coût de l’emprunt en couvrant les pertes en cas de défaut de paiement, et de garanties partielles des risques (PRG) qui couvrent les pertes résultant du défaut sur des titres de créance en raison d’un événement politique. L’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), qui fait partie du groupe de la Banque mondiale, fournit des garanties contre les risques non commerciaux et une assistance technique. L’Afrique subsaharienne représente environ un quart du portefeuille global de l’AMGI, un chiffre qui a augmenté rapidement. L’assurance des risques de change est plus rare, même s’il s’agit sans aucun doute du plus grand risque pour les investisseurs en actions. Le Fonds de change en devises locales de la Banque africaine de développement offre une gamme de produits qui minimisent les risques de change grâce à des accords de crédits croisés à moyen et long termes. Les effets de couverture ont même permis, dans certains cas, de réhausser de quatre niveaux la cote de crédit de projets d’infrastructure. L’Encadré 16 donne un aperçu de quelques-unes des principales initiatives de financement combiné et mesures d’atténuation des risques. Il est difficile de déterminer si de tels accords atteignent les effets de levier escomptés, étant donné les incertitudes quant à la question de savoir si les prêts et les investissements privés se seraient matérialisés en l’absence de l’aide concessionnelle. Cependant, il y a de bonnes raisons de conclure que les effets de levier ont été gravement surestimés par les donateurs et les IFD concernés afin de souligner l’efficacité de leurs approches.
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L’ITF UE-Afrique, par exemple, prétend avoir généré 12 dollars US pour chaque dollar US investi sous forme de subventions. Aucune preuve n’a été présentée pour étayer cette affirmation, si ce n’est une référence à l’envergure des projets auxquels le Fonds fiduciaire contribue. La même approche a été appliquée par le PIDG et par Africa Power. En fin de compte, cela n’a aucune utilité et ne fait que détourner l’attention de la nécessité de recueillir des preuves susceptibles d’éclairer l’opinion publique et de guider les décisions politiques. Il est évident que le montant total des financements privés est loin d’atteindre le niveau nécessaire pour réduire le déficit de financement des infrastructures en Afrique. Le sous-investissement dans les mesures d’atténuation des risques peut contribuer à ce manque à gagner. Il se peut que le risque constitue un obstacle plus important pour les investissements privés que les conditions d’emprunt et les rendements susceptibles d’être générés par les placements privés. Selon le Consortium pour les infrastructures en Afrique, ou ICA (la source la plus complète de rapports sur le financement des infrastructures), le montant total des investissements privés en faveur des projets d’nfrastructure a diminué depuis 2008, passant de 4,5 milliards de dollars US à 522 millions de dollars US24. Les investisseurs privés qui ont répondu à une enquête de l’ICA citaient le risque de partenariat, le risque politique et le cadre réglementaire comme principales entraves à l’investissement, devant la rentabilité. Globalement, il est évident que les investisseurs étrangers sont de plus en plus préoccupés par les risques et la hausse des primes d’assurance risque des marchés émergents. La nouvelle assurance contre les risques politiques émise par les membres de l’Union de Berne (la principale association de fournisseurs d’assurance publique, privée et multilatérale) a augmenté de 33 % en 2012, alors même que les investissements directs étrangers ont chuté. Les 100 milliards de dollars US de l’assurance des investissements émis en 2012 ont atteint un pic historique, c’est-à-dire trois fois le volume alloué en 2005. Les enquêtes auprès des investisseurs menées par l’AMGI mettent en évidence les préoccupations concernant la stabilité macroéconomique, les risques politiques et le « nationalisme des ressources ».
ENCADRÉ 16 FINANCEMENT INNOVANT : LES GRANDES INITIATIVES Bien que le présent rapport n’ait pas pour objet d’examiner les multiples programmes qui ont émergé ces dix dernières années (bon nombre d’entre eux se recoupant), nous pouvons fournir un aperçu des principales initiatives et approches mises en œuvre : La Banque africaine de développement (BAfD) : au cours des cinq dernières années, la BAfD a alloué plus de 5,4 milliards de dollars US en investissements dans des projets d’infrastructure critiques à travers le secteur privé et le financement par des partenariats public-privé (PPP). La banque a mis au point une gamme d’instruments de financement visant à stimuler les investissements du secteur privé. Il s’agit notamment : du financement de la dette à long terme par les fonds de capital-investissement ; du Fonds de change en devises locales, conçu pour aider les investisseurs à couvrir les risques de taux d’intérêt ; et de la First Loss Investment Portfolio Guarantee, un instrument de gestion des risques par pays. En 2013, la BAfD a approuvé deux grands programmes de garantie partielle des risques (PRG) dans le secteur de l’énergie. Le premier était destiné au projet éolien du lac Turkana au Kenya. Le second, un programme de 184 millions de dollars US assorti d’un prêt de 3,1 millions de dollars US, a été mis en place pour soutenir le programme de privatisation du secteur électrique nigérian. Le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) : Led hébergé par la Banque africaine de développement, l’ICA n’est pas un organisme de financement mais sert plutôt de catalyseur pour les projets d’investissement. Ses membres comprennent tous les pays du G8 et du G20, ainsi que diverses banques régionales et multilatérales. Grâce à sa plate-forme énergétique, l’ICA a mené des enquêtes de diagnostic concernant des accords d’achat d’électricité au Ghana, au Kenya, au Mozambique et en Tanzanie, en fournissant une assistance technique et des conseils en matière de gestion des risques.
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Le Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) : hébergé par la Banque africaine de développement, l’ICA n’est pas un organisme de financement mais sert plutôt de catalyseur pour les projets d’investissement. Ses membres comprennent tous les pays du G8 et du G20, ainsi que diverses banques régionales et multilatérales. Grâce à sa plate-forme énergétique, l’ICA a mené des enquêtes de diagnostic concernant des accords d’achat d’électricité au Ghana, au Kenya, au Mozambique et en Tanzanie, en fournissant une assistance technique et des conseils en matière de gestion des risques. Le Groupe de développement des infrastructures privées (PIDG) : fondé en 2003, le PIDG est un organisme financé par plusieurs bailleurs de fonds, et régi par les agences de développement25. Ses membres engagent des fonds à travers une série de mécanismes, dont : une structure d’assistance technique ; un dispositif qui soutient la mise en place de projets visant à faciliter la participation du secteur privé (DevCo) ; InfraCo Africa, qui investit dans des projets susceptibles d’être financés qui ne sont pas mis en œuvre en raison de risques élevés au cours des premières phases ; le Fonds pour l’infrastructure de l’Afrique émergente (EAIF), qui accorde des prêts à long terme aux projets d’infrastructure du secteur privé ; et GuarantCo, qui offre des garanties en monnaie locale. L’ampleur des activités du PIDG illustre la problématique du financement des infrastructures : en 2012, seulement 98 millions de dollars US ont été engagés pour l’EAIF et rien pour InfraCo, preuve d’un ralentissement au niveau de la réserve de projets. Le Fonds pour l’infrastructure de l’Afrique émergente (EAIF) : créé en 2002, l’EAIF regroupe les financements des IFD et des banques commerciales privées. À la fin de 2011, il avait financé 365 projets, eux-mêmes co-financés par un montant supplémentaire de 2,5 milliards de dollars US sous forme de placements privés et de fonds de développement. Le Fonds avait atteint 705 millions de dollars US à la fin de l’année 2011. Les projets soutenus par l’EAIF comprennent : Seacom, le câble en fibre optique sous-marin installé le long de la côte de l’Afrique de l’Est ; une concession de 25 ans pour l’exploitation de trois ports de conteneurs au Sénégal ; et la centrale électrique de Rabai au Kenya. L’EAIF accorde des prêts à plus long terme que les prêts des institutions commerciales, avec une moyenne de 12 ans, et soutient souvent des projets qui ont déjà obtenu un financement provenant d’autres sources. Power Africa : l’initiative du président Barack Obama, Power Africa, est l’un des projets les plus ambitieux en matière de développement des infrastructures du continent. La stratégie sur cinq ans prévoit de doubler l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne, c’est-à-dire d’approvisionner, d’ici à 2020, 50 millions de personnes en électricité. Six pays prioritaires ont été identifiés26. Pour la première phase de cinq ans (jusqu’en 2018), le gouvernement américain a mobilisé plus de 7 milliards de dollars US sous forme d’aides financières et de garanties de prêts. Le cadre s’appuie sur les financements provenant de banques commerciales, de sociétés de capital-investissement et de grandes entreprises énergétiques. L’initiative sert de point de ralliement pour les activités concernant les infrastructures énergétiques de divers organismes des États-Unis, y compris la Banque américaine d’import-export, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC). Le Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures : soutenu par 12 États membres de l’Union européenne, le Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures utilise ses subventions pour lever des ressources financières supplémentaires auprès des institutions européennes de financement du développement. En 2012, le fonds a alloué 35 millions d’euros (soit 48,5 millions de dollars US) sous forme de subventions à 35 projets. Les bonifications d’intérêts ont représenté 60 % de ces subventions et l’assistance technique 25 %, l’énergie et le transport ayant la plus grosse part du portefeuille. Parmi les exemples des projets soutenus par l’ITF UE-Afrique, il convient de mentionner les 18 millions d’euros (soit 25 millions de dollars US) octroyés sous forme de subventions et de bonifications d’intérêts pour le projet hydroélectrique Itezhi - Tezhi en Zambie, et une subvention de 22 millions d’euros (soit 30,5 millions de dollars US ) à des fins d’appui technique et d’octroi de bonifications d’intérêts dans le cadre du projet West African Power Pool de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest.
Mise en place des projets : le maillon faible Les méthodes actuelles en matière de financements « nouveaux et innovants » n’atteignent pas leurs objectifs, en partie parce qu’elles ne parviennent pas à répondre à ce qui pourrait représenter le plus grand obstacle au financement des infrastructures en Afrique, à savoir une pénurie de projets susceptibles d’être financés. Il est peu probable que le secteur privé joue plus qu’un rôle marginal dans la mise au point, l’évaluation et la mise en place des projets, compte tenu des incertitudes, des coûts, des risques et des scénarios à long terme qui y sont associés. Cela signifie que les gouvernements, les donateurs et les banques régionales de développement doivent être fortement impliqués, mais ont jusqu’à présent accordé trop peu d’attention à cette première étape. 131
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Le problème sous-jacent est celui d’un échec systémique. La phase d’élaboration du développement du projet est ouverte et peut mener nulle part. L’échec des projets électriques africains vient conforter cette hypothèse. La transition de la planification initiale à l’achèvement du projet peut prendre plusieurs années. Les institutions détentrices de capitaux à risque, telles que les banques d’investissement, ne sont pas attirées par les projets comportant des risques non quantifiables et incontrôlables, surtout quand ils s’accompagnent de longues périodes de préparation. Les gouvernements manquent de ressources et, souvent, ne disposent pas des capacités nécessaires pour combler l’écart. Intégrer un projet d’infrastructure à grande échelle sur le marché est un exercice complexe, en particulier lorsque le projet concerne plusieurs pays. Prenons l’exemple du projet de l’Interconnexion centrafricaine, l’un des projets prioritaires du PIDA dont le but est d’installer une ligne de transmission de 3 800 km de la RDC jusqu’en Afrique du Sud. Un autre projet prioritaire, le Corridor multimodal Nord-Sud, prévoit un réseau de transport à travers cinq pays d’Afrique australe, plus la RDC. La viabilité et le potentiel de rendement de ces deux projets sont subordonnés à un cadre réglementaire et à des politiques sur les prix impliquant tous les gouvernements, dont certains sont réputés pour leur mauvaise gouvernance des projets d’infrastructure. Ailleurs dans la région, la complexité de la réglementation et les facteurs politiques peuvent constituer des obstacles à des projets susceptibles de générer des taux de rendement très faibles, tels que le West African Power, ou Pool d’énergie ouest-africain (Encadré 17) et le projet du Pont de Kazungula en Afrique australe (Encadré 18).
ENCADRÉ 17 COOPÉRATION ÉNERGÉTIQUE SUR LE FLEUVE MANO Les quatre pays de la région du fleuve Mano illustrent graphiquement la preuve accablante d’un besoin de coopération régionale en matière d’infrastructures, ainsi que la complexité de passer de la conception du projet à sa livraison. Le taux d’accès à l’électricité est d’environ 2 % au Libéria et en Sierra Leone, et de 10 % en Guinée. Le coût élevé de l’électricité et la faible étendue du réseau électrique sont parmi les principaux obstacles à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté dans ces pays. La Côte d’Ivoire jouit d’une situation plus favorable, avec un taux d’électrification de 34 % et une capacité de production à faible coût. Le projet d’interconnexion entre la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée (CLSG) prévoit la construction de 1 400 km de ligne électrique à haute tension pour que le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée puissent importer de l’électricité de la Côte d’Ivoire. S’il est mené à bien, le projet CLSG permettra d’augmenter le taux d’accès à l’électricité dans les quatre pays de 28 % à 33 %, en vue d’approvisionner 125 localités situées le long de la ligne de transmission en électricité, ainsi que 70 écoles, 30 établissements de santé et près de 1 500 petites entreprises commerciales et installations industrielles. L’objectif à long terme est de développer un réseau électrique et un marché régional en intégrant progressivement les petits réseaux nationaux isolés dans un système unifié. Le CLSG fait partie du West African Power Pool (Pool d’énergie ouest-africain) de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, créé en 1999 sous les auspices de la CEDEAO. Il a fallu une décennie pour accélérer les efforts vers le développement de projets, et des signes prometteurs sont déjà perceptibles. L’élaboration, le financement et la mise en œuvre du projet étaient semés d’embûches. Les études de préinvestissement ont été financées par le Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures. La Banque africaine de développement fournit environ un tiers des 204 millions de dollars US de financement à travers un mélange complexe de prêts et de subventions ; la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, l’agence gouvernementale allemande KfW et le Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures fournissent quant à eux l’autre tranche de financement. Les quatre pays apportent environ 12 % du financement27. Le projet est sous-tendu par un accord technique complexe. Les gouvernements des quatre pays ont établi, par voie de traité, une société supranationale créée spécifiquement pour le projet afin de financer, de construire et d’exploiter la ligne d’interconnexion électrique, et qui en sera propriétaire. Le capital sera détenu à parts égales par les sociétés nationales d’électricité des quatre pays. La ligne électrique devrait être opérationnelle en 2017.
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ENCADRÉ 18 LE CHAÎNON MANQUANT DU ZAMBÈZE Le système de transport en Afrique australe est resté fragmenté pendant longtemps, car il lui manquait un maillon essentiel : un pont traversant le fleuve Zambèze à Kazungoula, un point de transit majeur, presque à la croisée des frontières de quatre pays (le Botswana, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe). L’absence de pont routier ou ferroviaire dans cette zone stratégique augmente les retards et les coûts pour les marchandises transportées à travers l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale. Le seul point de passage est un ferry entre le Botswana et la Zambie, associé à des pratiques commerciales restrictives. Des projets de ponts sont à l’étude depuis le début des années1980. Mais leur mise en œuvre a été sapée par des divergences politiques et des revendications territoriales concurrentes, notamment de la part du Zimbabwe. La Banque africaine de développement a rédigé une proposition de projet s’élevant à 260 millions de dollars US pour l’établissement d’un couloir de transport plus large. Une analyse économique des coûts et bénéfices prévoit un taux de rendement de 23 %. La construction du pont de Kazungula devrait s’achever fin 2017, soit quarante ans après les premiers plans.
La vue d’ensemble de la carte institutionnelle émergente pour les infrastructures laisse entrevoir une meilleure gestion de l’environnement de planification. Un récent sondage a révélé que 67 mécanismes d’appui à la préparation des projets sont opérationnels en Afrique. Toutefois, seulement 12 d’entre eux possèdent les capacités techniques les plus élémentaires. En outre, la plupart se concentrent sur les dernières étapes du cycle du projet, les premières étapes faisant donc état de nombreuses lacunes. Pour aggraver les choses, le financement de la mise en œuvre des projets est au point mort. Après avoir fortement augmenté entre 2005 et 2010, il est retombé aux niveaux de 2008. La phase de préparation des projets est largement sous‑financée, ce qui explique les retards importants et le taux élevé d’échec. La fragmentation resserre le goulot d’étranglement de la planification des projets. Actuellement, les opérations menées par les 12 principales installations impliquées dans la phase de préparation des projets font souvent double emploi. La coordination survient souvent par simple hasard plutôt que par planification. Le programme PIDG multi-donateurs sous-investit dans le développement des projets pour l’Afrique, en particulier aux premiers stades de la mise en œuvre. Il en va de même pour l’Union européenne. La Société financière internationale de la Banque mondiale possède un niveau d’expertise élevé dans le développement de projets complexes, mais la Banque n’a pas suffisamment investi dans les capacités de développement de projets en Afrique. Le même reproche peut être adressé à la communauté des bailleurs de fonds, dont une grande partie continue de privilégier l’expertise technique et les sociétés de conseil des « pays d’origine ». Les capacités limitées des gouvernements et des institutions africaines sont manifestes à de nombreux niveaux. Le Fonds de financement de préparation des projets d’infrastructure (IPPF) de la BAD a joué un rôle important dans la préparation de projets d’envergure, y compris un projet d’interconnexion électrique complexe impliquant le Bénin, le Ghana et le Togo. Mais l’impact de l’IPPF est longtemps resté limité. Jusqu’à récemment, il s’agissait essentiellement d’une structure de traitement des subventions. Une attention insuffisante a été accordée au premier stade de l’élaboration de projets et au suivi des projets jusqu’à leur validation financière et leur mise en œuvre. Ces questions ont été abordées dans le cadre d’un plan d’activités élaboré pour la période 2011-2015, bien que les ressources nécessaires à la mise en œuvre de ce plan (environ 147 millions de dollars US) n’aient pas encore été mobilisées.
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Les communautés économiques régionales sont en train de mettre en place leurs propres mécanismes d’appui à la préparation des projets et de coordonner leurs efforts. Par exemple, le Marché commun pour l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE)et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont uni leurs forces pour créer une unité commune, et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est en train de créer sa propre Unité d’appui à la préparation et au développement de projets. Ces avancées sont encourageantes, mais sont sous-financées et manquent de soutien politique au plus haut niveau. La mosaïque actuelle des initiatives nationales, régionales et multilatérales fragmentées ne parvient pas à mobiliser la masse critique de financement nécessaire à la transformation des infrastructures. D’après les évaluations économiques menées dans la région, les contraintes liées aux infrastructures risquent de plus en plus de freiner la croissance. Un programme pourcombler le déficit de financement des infrastructures de l’Afrique Afin de résoudre les problèmes de financement des infrastructures en Afrique, il convient de mettre en œuvre de profondes réformes institutionnelles combinant l’action au niveau national à des initiatives visant à apporter une valeur ajoutée à l’architecture régionale et mondiale actuelle. Ainsi, nous identifions sept priorités : 1. Promouvoir le rôle de la Banque africaine de développement comme organisme unique pour les investisseurs Les lacunes en matière de gouvernance économique internationale se reflètent dans le fait qu’il n’existe pas encore de contrat standard adapté à de nombreux pays à faible revenu en Afrique : aucune autorité n’a encore joué le rôle de coordinatrice. Pour l’Afrique, l’agence la plus probable serait la Banque africaine de développement, puisqu’elle est régie par les Africains et fournit elle-même un financement en matière d’infrastructures. 2. Renforcer le rôle de la MIGA Les opérations de la MIGA en Afrique doivent être reproduites à plus grande échelle. Pour cela, l’Agence a besoin de capitaux publics. En outre, si le projet d’infrastructure est stratégique, la prise en charge du coût de la prime d’assurance doit être considérée comme une utilisation légitime du financement par l’Association de la Banque mondiale pour le développement international (IDA) : à ce jour, aucun mécanisme d’allocation des ressources de l’IDA ne peut être utilisé de cette façon. L’un des attributs les plus précieux de la MIGA est sa capacité à offrir d’importants montants de garantie sur de longues périodes et à opérer dans les pays à haut risque. La capacité de la MIGA à couvrir un accord d’enlèvement électrique de 20 ans, par exemple, constitue souvent un critère essentiel pour veiller à la réalisation d’un projet dans un environnement difficile. La MIGA a récemment quadruplé son portefeuille en Afrique. 3. Élargir et perfectionner les instruments d’atténuation des risques Le financement de l’atténuation des risques a été mis en place de façon fragmentée et aléatoire. Aucune analyse systématique n’a été entreprise sur la nature des instruments de risque nécessaires pour débloquer les investissements privés, ou les types de risques spécifiques freinant les investissements. Il s’agit de domaines dans lesquels on aurait pu s’attendre à ce que le Groupe de travail des banques multilatérales de développement du G20 fournisse des orientations en matière de politique. Plusieurs initiatives multidonateurs, y compris le PIDG), semblent investir trop peu dans dans les mesures d’atténuation des risques. Dans ce contexte, la mise à disposition limitée d’instruments d’atténuation des risques de change est un point particulièrement préoccupant. Comme indiqué plus haut, le Fonds de change en devises locales de la BAfD (TCX) a aidé les investisseurs à couvrir les risques de taux d’intérêt liés aux financements en monnaie locale, mais la structure du TCX est limitée. Elle pourrait être élargie avec l’appui des institutions de financement du développement qui opèrent à travers le guichet du secteur privé de la BAfD. Davantage d’efforts doivent être déployés pour encourager le financement des investisseurs locaux, évitant ainsi le risque de change à la source.
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Afin de résoudre les problèmes de financement des infrastructures en Afrique, il convient de mettre en œuvre de profondes réformes institutionnelles combinant l’action au niveau national à des initiatives visant à apporter une valeur ajoutée à l’architecture régionale et mondiale actuelle.
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4. Reproduire les efforts à plus grande échelle : renforcer les capacités et l’influence de l’Afrique Les bailleurs de fonds insistent souvent sur l’importance d’une action coordonnée pour soutenir les plans nationaux et renforcer les capacités à l’échelle nationale, mais la coordination entre les institutions de financement du développement est souvent minime et aléatoire. Les gouvernements et les institutions africaines n’exercent pas une influence notablesur un certain nombre d’initiatives multidonateurs. De plus, l’harmonisation des activités des donateurs avec les priorités régionales est parfois limitée. Le PIDG possède certains des éléments de l’action publique nécessaires (mais pas tous), et son champ d’application est restreint. Il est à craindre que, tout en reconnaissant les opportunités qui s’offrent à eux, les organismes publics réagissent avec une multitude de petites initiatives non coordonnées et incomplètes. Bien que l’objectif d’attirer des financements privés pour le développement des infrastructures en Afrique soit devenu suffisamment important pour passer à l’action, aucun fondement analytique n’a été établi pour guider les actions. 5. Mobiliser les ressources africaines pour le développement des infrastructures en Afrique La croissance économique a renforcé les capacités propres des gouvernements africains à financer les investissements publics dans les infrastructures, mais les efforts nationaux doivent être accompagnés d’initiatives régionales. Il existe quelques exemples prometteurs. Par exemple, le Fonds Africa50, récemment lancé par la BAfD en partenariat avec la Made in Africa Foundation (MIAF), qui comportera deux volets de financement : le développement de projets susceptibles d’être financés d’une part, et le financement de projets d’autre part.. Africa50 vise à réunir 500 millions de dollars US d’ici la mi-2014 afin de réduire le délai entre l’idée et la clôture financière à moins de trois ans. Par ailleurs, la BAfD a annoncé son intention de lancer un programme panafricain d’émission d’obligations pour le financement des infrastructures en Afrique à hauteur d’environ 22 milliards de dollars US. 6. Mettre en place un modèle Hub and Spoke (« réseau en étoile ») pour la phase de préparation des projets La mise en place d’une réserve de projets susceptibles d’être financés, visant à débloquer des investissements en Afrique, nécessite de mettre davantage l’accent sur la phase de préparation des projets, en insistant sur le développement des capacités africaines. Le point focal de cet effort devra être le Fonds spécial du mécanisme de financement de la préparation des projets d’infrastructure de la BAfD. Pour cela, il convient d’accroître l’enveloppe des ressources (actuellement insuffisante) pour la période 2011-2015, passant de 147 millions de dollars US à environ 500 millions de dollars US. Toutefois, la réussite de cette démarche nécessite deux mesures. Tout d’abord, avec l’appui des partenaires au développement, la BAfD doit identifier les exigences techniques, juridiques et financières pour pouvoir reproduire les efforts à plus grande échelle. Deuxièmement, une plate-forme centrale renforcée ne fonctionnera efficacement que si elle est reliée à des plateformes régionales solides, en tirant parti des investissements initiaux dans la préparation des projets effectués par des groupements économiques régionaux. Nous proposons donc que les bailleurs de fonds et les gouvernements africains financent conjointement le développement des unités techniques au sein de ces regroupements. 7. Établir des scénarios favorables aux investisseurs et au développement des infrastructures en Afrique L’Afrique est actuellement largement exclue de la grande réserve d’épargne présente dans les fonds de pension. Cette exclusion ne peut être attribuée à une évaluation rationnelle des risques. Aujourd’hui, les fonds de pension de l’OCDE sont légalement tenus de détenir des actifs de qualité A minimum. Une des règles adoptées par les agences de notation, qui est d’une importance considérable pour les infrastructures en Afrique, est qu’un projet africain ne peut avoir un meilleur classement que la dette souveraine du pays. La plupart des gouvernements africains sont bien en deçà de ce seuil et il est très peu probable qu’ils atteignent la note A dans un avenir proche. Compte tenu de la performance douteuse des agences de notation, les dispositions institutionnelles actuelles sont loin d’être idéales. Les projets d’infrastructure, avec le soutien et l’assurance de la MIGA, de la BAD et d’institutions de financement du développement établies pourraient s’avérer moins risqués que certains investissements sur les marchés des pays membres de l’OCDE. C’est un domaine dans lequel le G8 pourrait jouer un rôle crucial dans l’élaboration de nouvelles méthodes de notation. 135
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3. Exploiter les bénéfices des impôts et de l’épargne au niveau national La fiscalité ne sous-tend pas seulement les finances publiques. Elle est aussi au cœur du contrat social entre les citoyens et les États. Pour les pays confrontés à d’importants déficits de financement en matière d’infrastructures, une fiscalité juste et efficace, alliée à une mobilisation de l’épargne intérieure, est une condition préalable à une croissance à long terme inclusive. Améliorer le recouvrement des recettes fiscales Dans le Rapport sur les progrès en Afrique de l’an dernier, nous avons souligné les pertes subies par les autorités fiscales africaines dues à l’évasion fiscale pratiquée par des sociétés étrangères. Ces pertes restent importantes, principalement en raison des prix de transfert (le fait de transférer les bénéfices vers des juridictions à faible imposition). L’Afrique perdrait plus de 5 % de son PIB par an en raison de mouvements de capitaux illicites28, un montant qui excède les dépenses publiques de santé. La coopération internationale pour lutter contre l’évasion fiscale en Afrique s’est intensifiée au cours des douze derniers mois. Le sommet du G8 de juin 2013 a donné un nouvel élan aux efforts visant à renforcer les règles fiscales multilatérales en raison, principalement, du leadership du Premier ministre britannique, David Cameron. Lors du sommet du G20 en septembre 2013, les pays ont convenu d’adopter l’échange automatique d’informations fiscales en tant que nouvelle norme mondiale. Dans le cadre des efforts mis en œuvre pour obliger les sociétés fictives anonymes à faire preuve de plus de transparence, le gouvernement britannique s’est également engagé à établir le premier registre public des bénéficiaires effectifs des sociétés. Le sommet du G20 en Australie en 2014 sera l’occasion de consolider ces initiatives. Il s’agit là d’évolutions encourageantes, mais les progrès restent trop lents. Les autorités fiscales africaines sont rarement en mesure d’estimer, encore moins d’empêcher, les sorties de fonds effectuées par le biais de réseaux complexes de sociétés fictives et de comptes à l’étranger, ainsi que la facturation des transactions commerciales à travers différentes juridictions fiscales par les entreprises multinationales. Une diffusion plus efficace des informations entre les juridictions fiscales de l’OCDE ne résoudra pas ces problèmes. Une attention insuffisante a été accordée au renforcement des capacités de l’Afrique à contrôler et enquêter sur les pratiques telles que les prix de transfert. En outre, les pays riches n’ont pas réagi suffisamment rapidement pour lutter contre l’évasion fiscale dans le monde. Une étude de l’OCDE révèle que 27 de ses 34 pays membres sont classés « non–conformes » ou seulement « partiellement conformes » aux recommandations sur la transparence des bénéficiaires effectifs des sociétés formulées par le Groupe d’action financière, l’organisme normatif international de lutte contre le blanchiment de capitaux, et qu’aucun n’est « entièrement conforme ». Les niveaux de recettes fiscales augmentent, mais lentement La vive progression de la croissance a été accompagnée d’une augmentation modeste de la mobilisation des recettes intérieures. Le ratio moyen de l’impôt par rapport au PIB est passé de 18 % en 2000-2002 à 21 % en 2011-2013. Pour replacer ces chiffres dans le contexte plus large des finances publiques, cette augmentation était équivalente à la moitié des recettes d’aide consenties en 2013. Les gouvernements de la région ont cependant augmenté les dépenses publiques beaucoup plus rapidement que le recouvrement fiscal. Alors que les dépenses publiques sont passées de 3 % à 4 % du PIB, l’augmentation moyenne des recettes n’est que de 1 %.
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Les ratios actuels recettes fiscales/PIB suggèrent, pour de nombreux pays, qu’il est possible d’augmenter les recettes fiscales. Pour 17 pays de la région, les ratios recettes fiscales/PIB sont inférieurs à 15 %. Seuls trois des huit pays de l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA) ont atteint leur « objectif de convergence » d’un ratio recettes fiscales/PIB de 17 % en 201129. Les ratios moyens entre l’impôt et le PIB pour l’Afrique subsaharienne en dissimulent autant qu’ils en révèlent.. Dans l’ensemble, les ratios fiscaux ont augmenté davantage dans les pays à revenu intermédiaire riches en ressources que dans les pays à faible revenu. En réalité, une grande partie de l’augmentation du taux moyen d’imposition peut être attribuée à une nette augmentation des recettes provenant des ressources naturelles. Ceci s’est accompagné par une tendance à la baisse des taxes commerciales et par une augmentation des impôts indirects et des impôts sur les bénéfices stables30. Étant donné que les impôts indirects sont souvent régressifs, les populations pauvres payant une plus grande proportion d’impôts sur le revenu, cette situation s’avère inquiétante. Il en est de même de l’échec plus accablant des gouvernements des pays riches en ressources à élargir et renforcer l’assiette fiscale nationale. Une analyse réalisée par le FMI, portant sur 20 pays africains « très gourmands en ressources », suggère que chaque augmentation de 1 % des revenus tirés des ressources réduit les revenus ne provenant pas de ressources jusqu’à 0,12 % du PIB. Ces éléments de preuve indiquent que les recettes « faciles » provenant de l’industrie extractive peuvent dissuader les dirigeants politiques de se lancer dans des réformes fiscales plus poussées31. Les taux de pauvreté (qui demeurent élevés) et la domination du secteur informel restreignent l’assiette fiscale. Au Sénégal, l’assiette fiscale comprend 500 grandes entreprises, 10 000 entreprises de taille moyenne et 40 000 petites entreprises. Le non-respect des règles fiscales par les petites entreprises, les commerçants et les entreprises du secteur informel constitue un défi de taille. Les efforts visant à relever ce défi et étendre l’impôt sur le revenu des particuliers au Mozambique, en Tanzanie et en Zambie ont rencontré un succès limité, la non-conformité des employeurs à déclarer leurs employés représentant un obstacle supplémentaire32. La fiscalisation du secteur informel est souvent négligée. En effet, les conditions du secteur informel peuvent paraître défavorables à l’augmentation des recettes, et les coûts de collecte sont élevés. Toutefois, les bénéfices potentiels sont multiples : promotion d’une culture de la discipline fiscale auprès des petites et moyennes entreprises ; réduction du sentiment d’injustice parmi les entreprises formelles et, par là, lmeilleur respect des obligations fiscales ; et augmentation de la croissance économique des petites entreprises à travers les avantages liés à la formalisation33. Une réforme fiscale s’impose Outre les caractéristiques économiques et les conditions du marché du travail d’un pays, la conception de la politique fiscale et l’administration du régime fiscal sont des éléments importants. Beaucoup de pays africains paient leprix fort d’une mauvaise conception. Un volume important des recettes fiscales est systématiquement alloué sous la forme de ce que nous désignons par euphémisme des « incitations fiscales »34. Dans les années 1980, près de 80 % des pays africains octroyaient des incitations fiscales. Les preuves de l’importance des bénéfices pour attirer les investisseurs restent incertaines. Certes, les questions fiscales sont très importantes pour les investisseurs étrangers, mais les considérations telles que les infrastructures et la primauté du droit le sont encore plus35. Les exemptions ouvrent également la porte à la corruption36. Comme nous l’avons souligné dans le rapport de l’année dernière, les sociétés minières ont bénéficié de nombreuses exemptions à un moment où la valeur des ressources africaines était en pleine hausse.
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L’évasion fiscale par le biais des prix de transfert et la sous-déclaration des bénéfices par les sociétés transnationales est une ponction importante sur les recettes37. Bien que difficile à quantifier, l’activité d’exportation illégale, non déclarée et non réglementée dans des secteurs tels que la sylviculture et la pêche génère des pertes de plusieurs millions de dollars pour les autorités fiscales (troisième partie). Les ingrédients d’une réforme fiscale réussie comprennent l’élaboration d’un système d’administration fiscale unifié, l’amélioration des systèmes d’information et de comptabilité, et la mise en place de systèmes de gouvernance qui luttent contre la fraude. Des règles claires, y compris la simplification des régimes fiscaux et la réduction des exonérations, s’avèrent essentielles. Bien que l’imposition du secteur informel soit difficile, les incitations et les mesures visant à réduire le coût du respect de la réglementation fiscale peuvent faire toute la différence38. La priorité doit être donnée aux réformes visant à renforcer le volet de la demande de mécanismes de responsabilisation fiscale en encourageant une participation plus active des citoyens. Le Burundi illustre bien les avantages potentiels de telles réformes. En effet, de profondes réformes administratives ont contribué à accroître le ratio recettes fiscales/PIB de 14 % en 2009 à 17 % en 201239. Renverser la tendance à la prolifération des incitations fiscales est un autre défi de la réforme. Bien que la renégociation des contrats miniers soit controversée, les exonérations fiscales ont été supprimées dans certains pays. Au Mozambique, par exemple, une loi promulguée en 2009 a mis fin au régime spécial d’imposition réduite pour les projets de grande envergure et a augmenté le taux d’imposition pour les sociétés minières et pétrolières40. En plus des initiatives mises en œuvre au niveau national, les accords régionaux peuvent s’avérer particulièrement utiles pour lutter contre les incitations excessives et mettre fin à la concurrence fiscale basée sur des taux d’imposition toujours plus faibles. La politique fiscale va bien au-delà de la conception technique et de la mise en œuvre. La fiscalité est au cœur de la relation de responsabilité entre les États et les citoyens. Cette idée est intrinsèque au contrat fiscal et social : un modèle de reddition de comptes régulière et systématique fondé sur le principe de réciprocité et d’obligations mutuelles41. Lorsque l’imposition est associée à des services publics efficaces et équitables, elle peut renforcer la légitimité des États. À cet égard, une plus grande diversification fiscale est essentielle. Dans les pays où les budgets publics dépendent principalement des ressources naturelles ou de l’aide, les responsables politiques risquent de se déresponsabiliser vis-à-vis de leurs citoyens. Les efforts visant à consolider le régime d’imposition des particuliers et des entreprises peuvent avoir des conséquences non-négligeables puisque les impôts directs se sont révélés particulièrement efficaces dans l’institutionnalisation des relations État-citoyens42. Rediriger les subventions qui pèsent sur les finances publiques Si le renforcement de la mobilisation des recettes est essentiel, le montant des ressources disponibles pour l’investissement public dans les secteurs prioritaires tels que les infrastructures et les services de base est également déterminé par les priorités budgétaires, et il existe une marge de manœuvre considérable pour mobiliser davantage de fonds en revoyant ces priorités. Les subventions à l’énergie illustrent la portée de la réforme. Le FMI estime que les gouvernements des pays d’Afrique dépensent environ 2,8 % de leur PIB en subventions visant à réduire le coût du carburant, la moitié de ce montant étant due aux pertes des services publics de l’électricité. Ces subventions bénéficient de manière disproportionnée aux personnes les plus riches, principaux consommateurs de l’énergie distribuée. Au Sénégal, les subventions à l’énergie dépassent les dépenses publiques de santé et d’éducation, et seulement 12 % des bénéfices reviennent aux populations pauvres. Les subventions à l’agriculture peuvent avoir des effets similaires. Prenons l’exemple de la Zambie. Entre 2010 et 2013, les subventions versées aux producteurs de maïs avoisinaient près de 3 % du PIB, les grandes exploitations commerciales s’appropriant l’essentiel des bénéfices.
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La réorientation des subventions peut s’avérer complexe sur le plan politique, comme ont pu l’expérimenter plusieurs gouvernements africains. La réussite du processus de réforme nécessite la mise en place de groupes d’intérêt politiques. Des campagnes d’information du public ont contribué à la réussite des réformes dans plusieurs pays. Mais les gouvernements peuvent également rediriger les subventions à l’énergie et les subventions agricoles en faveur des plus riches vers des programmes favorables aux pauvres, notamment la protection sociale, l’assurance maladie, l’éducation et les transports publics. Mobiliser l’épargne pour les investissements : les marchés obligataires nationaux Les avancées dans le domaine de l’épargne trouvent leur pendant danscelles du système d’imposition. Les pays en développement à forte croissance d’Asie de l’Est ont pu financer des investissements plus importants grâce à une augmentation du volume de l’épargne. En Afrique, la croissance économique n’a pas encore permis d’augmenter le niveau d’épargne à l’échelle régionale. En 2013, le ratio épargne-PIB était inférieur au niveau atteint en 2006. Le fossé toujours plus grand entre l’épargne et l’investissement (Figure 23), comblé par les flux de ressources extérieures, constitue un obstacle majeur à l’investissement public comme à l’investissement privé. Plusieurs gouvernements ont cherché à sécuriser l’accès à l’épargne nationale par le biais de marchés obligataires. Certains ont mobilisé des sommes considérables à cette fin pour financer des projets d’infrastructure. Le Kenya, par exemple, a émis trois emprunts obligataires destinés au développement de ses infrastructures depuis 2009, d’une valeur de 1 milliard de dollars US. Le problème tient au fait que les banques africaines sont dans l’incapacité de jouer le rôle d’intermédiaires financiers entre épargnants et investisseurs. À de rares exceptions près, leurs activités sont axées sur les dépôts et l’accord de prêts à court terme - souvent à des taux d’intérêt élevés. La faible assise des systèmes financiers régionaux se reflète dans le coût des emprunts publics. L’année dernière, l’Ouganda a émis des obligations intérieures pour un montant de 32 millions de dollars US, principalement en vue de financer des projets d’infrastructure, avec un rendement de 15 %. De même, le Kenya et la Tanzanie ont émis des obligations sur 15 ans, celles-ci ayant généré un rendement de 14 % et 17 % respectivement. Malgré ces rendements élevés, aucune des obligations n’a été entièrement souscrite, bien que la Banque centrale de Tanzanie ait accepté 7 millions de dollars US de l’émission obligataire.
FIGURE 23 L’ÉCART ENTRE L’ÉPARGNE ET L’INVESTISSEMENT Pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (tranche inférieure) en Afrique subsaharienne 30
Investissement Pays à revenu intermédiaire (tranche inférieure)
20 % du PIB
Épargne nationale brute Pays à revenu intermédiaire (tranche inférieure) Investissement Pays à faible revenu
10
Épargne nationale brute Pays à faible revenu
0 2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Source : FMI, base de données des Perspectives de l’économie mondiale (Washington D.C. : FMI, 2014).
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Certains signes indiquent que les marchés obligataires en monnaie locale sont en train de se renforcer. La Société financière internationale (IFC) a mis en place un programme pour l’émission d’obligations sur le marché intérieur qui émettra des titres d’emprunt en devises locales dans plusieurs pays, dont le Ghana, le Kenya, le Nigéria, l’Ouganda et la Zambie. En 2013, le programme a émis sa première obligation libellée en nairas au Nigéria, levant 76 millions de dollars US à un taux de 10 %. Un emprunt obligataire sur quatre ans a ensuite été émis en Zambie pour un montant de 150 millions de dollars US à un taux de 15 %. L’émission a été sursouscrite cinq fois. Même si nous pouvons tirer des enseignements de cette expérience, il convient de rappeler que l’IFC opère sous l’autorité d’un prêteur coté AAA.
4. Équilibrer les avantages et les risques liés au financement extérieur Cette section traite des opportunités et des risques liés à un large éventail de sources de financement extérieur, y compris l’aide, le financement « mixte », les investissements directs étrangers, le capital-investissement et le financement obligataire. Le défi, à la fois pour les gouvernements africains et les organisations humanitaires, consiste à élaborer des politiques et des instruments de financement mobilisant l’ensemble des ressources externes susceptibles de soutenir une croissance inclusive et porteuse de changement. L’aide au développement demeure indispensable pour de nombreux pays Après avoir augmenté jusqu’en 2008, en partie du fait de l’allégement de la dette au titre de l’initiative PPTE, l’aide bilatérale destinée à l’Afrique subsaharienne a chuté de 8 % en termes réels entre 2011 et 2012. En comptant l’aide multilatérale au développement, le montant total des aides s’élevait à 48,2 milliards de dollars US, soit 3 % du PIB de la région, contre 5 % en 2005 (Figure 24 et 25).
FIGURE 24 LES FLUX DE CAPITAUX PRIVÉS ONT DÉPASSÉ L’AIDE : AIDE AU DÉVELOPPEMENT ET TRANSFERTS DE CAPITAUX PRIVÉS (EN MILLIARDS DE DOLLARS US)
Milliards de dollars US
60
40
Aide publique au développement
20
Flux de capitaux privés (y compris les investissements directs étrangers)
0 2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Les lignes en pointillés correspondent à des estimations
Sources des données : CAD/OCDE, base de données statistiques en ligne sur le développement international (2014). OCDE et CEA, Examen mutuel de l’efficacité du développement en Afrique : Promesses et Résultats (Paris : OCDE et Addis-Abeba : CEA, 2012).
140
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
FIGURE 25 DES SOMMETS AU PLATEAU : LES FLUX D’AIDE DIMINUENT PAR RAPPORT AU PIB DE L’AFRIQUE 6
% du PIB
5
4
3 2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Source : CAD/OCDE, base de données statistiques en ligne sur le développement international (2014). Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
Par ailleurs, les modèles d’aide évoluent. Les marchés émergents sont devenus une source importante de financements concessionnels. Les comparaisons directes entre l’aide au développement octroyée par les pays de l’OCDE et l’aide provenant des pays émergents sont extrêmement difficiles en raison des différentes conventions de déclaration et des différends sur ce qui doit et ne doit pas être inscrit à titre d’aide. Selon une estimation récente, le montant des aides accordées par la Chine à l’Afrique (qui englobent à la fois les flux concessionnels et les autres formes officielles de financement) est comparable au montant des aides accordées par les États-Unis, qui oscille entre 9 milliards de dollars US et 11 milliards de dollars US par an. De plus, le rôle de la philanthropie privée dans le financement de l’aide au développement est de plus en plus déterminant. En 2009, l’aide non traditionnelle représentait 9 % de l’aide globale en Éthiopie, et 7 % en Zambie43. Les flux privés ont évolué dans le sens opposé à celui de l’aide. Comparé aux autres régions, l’Afrique subsaharienne a mieux résisté à la crise des marchés financiers survenue à la fin du deuxième trimestre 2013. Les flux nets de capitaux privés vers la région ont continué d’augmenter, atteignant 5,3 % du PIB, ce qui est nettement supérieur à la moyenne des pays en développement. Désormais, les entrées de capitaux privés dépassent le montant des aides de 28 %, et cet écart devrait se creuser. L’OCDE prévoit une réorientation des ressources destinées à l’aide au développement en faveur des pays à revenu intermédiaire sous la forme de prêts concessionnels, et les flux nets de capitaux privés devraient augmenter de 75 milliards de dollars US. En 2014, le montant de l’aide au développement devrait donc être inférieur au volume des flux de capitaux extérieurs44. Il existe des disparités importantes au sein même de la région. Dans 26 pays d’Afrique subsaharienne, l’aide représente plus de 7 % du PIB (Figure 26) ; dans environ la moitié de ces pays, elle est supérieure à 10 % du PIB.
141
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
FIGURE 26 L’AIDE RESTE INDISPENSABLE POUR DE NOMBREUX PAYS : PROPORTION DE L’AIDE DANS LE PIB 40
5 % ET PLUS
10 % ET PLUS
% du PIB
30
20
10
Angola Afrique du Sud Gabon Botswana Nigéria Congo Mauritius Soudan Namibie Cameroun Seychelles Swaziland Tchad Madagascar Ghana Eritrea Zambie Guinée Kenya Sénégal Bénin Côte d’Ivoire Ouganda Zimbabwe Mauritanie Éthiopie Comoros Tanzanie Burkina Faso Togo Mali Guinée-Bissau Lesotho République centrafricaine Niger Sierra Leone Cap-Vert Gambie Mozambique Rwanda Malawi Burundi Sao Tomé-et-Principe Rép. dém. du Congo Libéria
0
Moyenne en 2005-2006 Moyenne en 2011-2012
Source : CAD/OCDE, base de données statistiques en ligne sur le développement international (2014). Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
Mais l’importance de l’aide en tant que ressource pour le développement ne doit pas être sous-estimée. Pour de nombreux pays de la région, l’aide restera une source essentielle de financement du développement, en particulier pour les services de base. Plus d’un tiers de l’aide allouée à l’Afrique est destiné au secteur social45. Mais l’aide joue également un rôle essentiel en tant que catalyseur du développement. Bien que l’efficacité de l’aide puisse encore être améliorée, les affirmations selon lesquelles l’aide au développement constitue un obstacle à la croissance et à la réduction de la pauvreté sont réfutées par les expériences du Ghana, du Rwanda, de la Tanzanie, de l’Ouganda et de nombreux autres pays. L’aide contribue à financer des investissements dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’eau et de l’assainissement, et à renforcer les capacités institutionnelles nationales nécessaires à une croissance inclusive et durable. Les prévisions de l’OCDE selon lesquelles l’aide à destination de pays comme le Burundi, le Tchad, Madagascar, le Malawi et le Niger devrait stagner dans les années à venir sont donc particulièrement préoccupantes.
142
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
La réduction des frais de transfert : une priorité absolue Les transferts de fonds des migrants africains sont en hausse (Figure 27). Contrairement à l’aide, les transferts de fonds profitent directement aux ménages. Ils offrent une sécurité financière aux familles en difficulté, et constituent une source d’investissement pour l’agriculture, le logement et l’éducation. Les transferts de fonds jouent également un rôle essentiel dans la balance des paiements de nombreux pays, en aidant à financer les déficits courants et à stabiliser les monnaies. Les prévisions de la Banque mondiale indiquent que les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne pourraient atteindre 41 milliards de dollars US d’ici 2016. Malheureusement, le potentiel de développement des transferts de fonds n’a pas encore été suffisamment exploité, car les frais d’envoi de fonds vers l’Afrique sont beaucoup plus élevés que pour n’importe quelle autre région du monde (Voir infographie Le racket à grande échelle des transferts de fonds). Selon des recherches menées par l’Overseas Development Institute, la région pourrait perdre chaque année entre 1,4 et 2,3 milliards de dollars US en raison de la surtaxe sur les transferts vers l’Afrique46. En effet, les frais pratiqués par les sociétés de transferts de fonds, qui contrôlent le marché des virements à l’étranger, sont bien trop élevés (Encadré 19). Le coût des transferts de fonds à destination de l’Afrique subsaharienne est aujourd’hui de 12,3 %. Au total, 1,4 milliard de dollars US pourrait être économisé si ce coût (frais plus marge de change) était réduit à la moyenne mondiale de 7,8 %. Si ces taxes baissaient de 5 %, ce qui correspond à l’objectif que s’étaient fixés les participants du G8 et du G20, l’Afrique pourrait générer un revenu supplémentaire de 900 millions de dollars US. Les pertes totales générées par les envois de fonds vers l’Afrique subsaharienne sont de l’ordre de 1,4 milliard de dollars US à 2,3 milliards de dollars US, soit en moyenne 1,85 milliard de dollars US par an. Malgré les nombreuses questions réglementaires et techniques à prendre en compte, les taxes imposées sur les transferts de fonds vers l’Afrique sont exorbitants. La communauté internationale et les gouvernements africains doivent de toute urgence placer la question de la réduction des frais de transfert de fonds au cœur du programme d’action international en faveur du développement.
FIGURE 27 LES TRANSFERTS DE FONDS SONT EN AUGMENTATION DANS DE NOMBREUX PAYS : PROPORTION DES TRANSFERTS D’ARGENT DANS LE PIB, DANS UNE SÉLECTION DE PAYS 12
10
% du PIB
8
6
4
2
Moyenne en 1999-2000 Moyenne en 2010-2011 Sénégal
Togo
Nigéria
Mali
Ouganda
Niger
Rwanda
Côte d’Ivoire
Éthiopie
Mozambique
0
Source : Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
143
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
LE RACKET À GRANDE ÉCHELLE DES TRANSFERTS DE FONDS Les sociétés internationales de transferts d’argent et les banques africaines font payer des frais excessifs aux Africains
FRAIS POUR L’ENVOI DE 1 000 DOLLARS US...
En Asie de l’Est et dans le Pacifique
90 $ US
Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
78 $ US
En Amérique latine et aux Caraïbes
76 $ US
En Afrique subsaharienne
En Asie du Sud
65 $ US
124 $ US MOYENNE MONDIALE
78 $ US
OBJECTIF MONDIAL
50 $ US Engagement du G8 et du G20
LE SURCOÛT TOTAL DE L’ENVOI DE TRANSFERT DE FONDS VERS L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE S’ÉLÈVE EN MOYENNE À
1,85 MILLIARD DE DOLLARS US PAR AN
QUE PERMETTRAIENT DE FINANCER CES 1,85 MILLIARD DE DOLLARS US EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ?
14
8
21
en âge de fréquenter l’école primaire pourraient aller à l’école (près de la moitié de la population non scolarisée de la région)
pourraient bénéficier d’une amélioration de l’assainissement par le biais de latrines à aération améliorée
pourraient avoir accès à l’eau potable grâce à la construction de puits de forage
MILLIONS D’ENFANTS
MILLIONS DE PERSONNES
MILLIONS DE PERSONNES
Sources : Groupe de la Banque mondiale, Remittance Prices Worldwide (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Quattri, M. et Watkins, K., Lost in Intermediation: How excessive charges undermine the benefits of remittances for Africa (Londres : ODI, 2014).
144
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
ENCADRÉ 19 LA SURTAXE SUR LES TRANSFERTS VERS L’AFRIQUE Les migrants en provenance d’Afrique, la région la plus pauvre du monde, essuient les frais de transfert les plus élevés au monde. En moyenne, une personne envoyant 200 dollars US dans son pays pour payer les études d’un membre de sa famille paie 24,8 dollars US, soit 12,3 % de frais. Pourquoi les frais de transfert sont-ils si exhorbitants ? Pourquoi, malgré le boom des services bancaires en ligne et des transferts par Internet, l’envoi de fonds reste-t-il si coûteux ? L’Overseas Development Institute de Londres a identifié plusieurs obstacles à la baisse de ces frais : La puissance des sociétés de transfert de fonds : les sociétés internationales de transfert de fonds représentent 80 % des transferts d’argent vers l’Afrique. Seules deux sociétés, Western Union et MoneyGram, contrôlent les deux-tiers du marché des virements à l’étranger. Ces deux sociétés ont signé des accords d’exclusivité avec leurs agents et des banques commerciales, ce qui augmente le coût d’entrée sur le marché et neutralise la concurrence. Cette surtaxe sur les transferts détourne les ressources dont les migrants africains et leurs familles ont besoin ; les pertes pour ces derniers se chiffrent à 900 millions de dollars US. Des pratiques tarifaires douteuses : de nombreuses sociétés internationales de transfert de fonds semblent facturer des « frais africains » uniformes et non liés aux conditions applicables dans les pays destinataires. Un certain nombre d’éléments indiquent également que les sociétés de transfert de fonds peuvent manipuler les variations des taux de change. En mars 2011, les Malawites qui transféraient de l’argent depuis le Royaume-Uni devaient payer des frais de conversion de devises supérieurs à 5 %. La règlementation financière : dans de nombreux pays, les autorités réglementaires exigent que les transferts soient effectués par l’intermédiaire de banques nationales, dont beaucoup appliquent des frais de transfert élevés. De faibles niveaux d’inclusion financière : peu d’Africains, en particulier dans les zones rurales, possèdent un compte bancaire auprès d’une institution financière officielle et, souvent, ces institutions ont une présence géographique limitée. Les transferts de fonds intra-africains sont également soumis à des frais excessifs, certains étant les plus élevés au monde. Les travailleurs malawites basés en Afrique du Sud, les Ghanéens souhaitant envoyer de l’argent depuis le Nigéria et les Rwandais envoyant des fonds en provenance de Tanzanie sont tous assujettis à des frais de plus de 20 %. Les gouvernements pourraient prendre plusieurs mesures pour réduire les frais de transfert de fonds : • • • •
examiner les pratiques des sociétés internationales de transfert de fonds, en particulier la transparence de l’information qu’ils fournissent sur la conversion des devises étrangères ; valoriser le rôle des bureaux de poste et des institutions de microfinance au niveau des services de paiement de transfert de fonds ; remettre en question les accords d’exclusivité conclus avec des sociétés de transfert de fonds et entreprendre des réformes visant à favoriser la concurrence ; promouvoir les services bancaires mobiles. À titre d’exemple, le Kenya a vu ses transferts de fonds doubler depuis 2004, atteignant 1,2 milliard de dollars US, en partie suite au succès du service de paiement mobile M-PESA (Encadré 14), qui permet aux personnes ne possédant pas de compte bancaire auprès d’une institution financière officielle d’effectuer des transferts de fonds.
L’aide et les prêts « mixtes » comportent des risques pour les pays les plus pauvres Le « financement mixte » est un élément central des nouvelles modalités d’aide au développement visant à utiliser l’aide pour mobiliser des financements privés. Le financement mixte lie les subventions d’aide (composées de prêts des institutions publiques ou de prêteurs commerciaux) aux emprunteurs du secteur public ou privé dans les pays en développement. Comme nous l’avons indiqué précédemment dans la section relative au financement des projets d’infrastructure, les institutions européennes de financement du développement et l’IDA (organisme de prêts aux pays à faible revenu de la Banque mondiale) ont été les principales sources de financement mixte. 145
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Il existe des raisons convaincantes au développement du financement mixte, mais certains points restent préoccupants. Lorsque l’aide peut favoriser les investissements privés grâce à des garanties de risque, des participations en capital et d’autres mécanismes, le financement mixte peut avoir d’importants effets multiplicateurs financiers. Étant donné que de nombreux domaines relevant du financement des infrastructures génèrent des rendements élevés, le financement mixte peut aider à atténuer les effets des défaillances des marchés qui freinent les investissements. De plus, lorsque la croissance est élevée et soutenue, le financement mixte ne représente pas une menace immédiate pour la viabilité de la dette de nombreux pays. Ces bénéfices sont toutefois assortis d’un certain nombre de risques. Tout d’abord, le financement mixte risque de rediriger l’aide vers les pays à plus forte croissance, mieux à même de tirer profit des investissements privés, au détriment des pays où la gouvernance est plus faible. De plus, en cas de pression excessive sur les budgets d’aide au développement, un choix s’imposera entre financement mixte et accès aux services de base. Autre préoccupation soulevée : le financement mixte peut rendre le financement de l’aide au développement moins abordable et moins accessible pour les pays les plus pauvres. Au fur et à mesure que les bailleurs de fonds vont réaffecter les aides vers la mobilisation de fonds privés, les pays bénéficiaires risquent de devoir financer leurs projets d’infrastructure par le biais de prêts plus coûteux47. D’autres incertitudes pèsent sur le prétendu effet de levier du financement mixte. Il se peut que l’accent mis sur le financement mixte ait détourné l’attention d’autres questions prioritaires. L’une concerne l’aide au développement. Les bailleurs de fonds de l’OCDE sont tenus par une convention de fournir une aide sous forme de ressource « accordée à des conditions de faveur»48. Cependant, un ancien président du Comité d’aide au développement de l’OCDE a exprimé des inquiétudes quant aux pratiques des bailleurs de fonds, qui semblent permettre aux transferts non concessionnels d’être considérés comme des aides49. Ces préoccupations doivent être prises au sérieux, non seulement en raison de leur source, mais aussi en raison des montants en jeu. Selon une estimation, depuis 2008, 32 milliards de dollars US enregistrés comme aide ne sont pas conformes aux règles établies par l’OCDE, la France, l’Allemagne et le Japon étant les principaux auteurs de ces surestimations50. Il est urgent de clarifier les règles et leur application. La deuxième question a également trait à la concessionnalité. La plupart des pays africains à faible revenu et à revenu intermédiaire peuvent bénéficier d’aides sous forme de subventions octroyées par les bailleurs de fonds bilatéraux, l’Association internationale de développement (IDA) ou encore le Fonds africain de développement (guichet de prêt à taux concessionnels du Groupe de la Banque africaine de développement)51. En théorie, les pays à revenu intermédiaire peuvent également emprunter auprès de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), qui accorde des prêts non concessionnels52. Par ailleurs, certains pays comme l’Inde, le Pakistan et l’Indonésie, peuvent bénéficier à la fois des aides de l’IDA et de celles de la BIRD. En Afrique subsaharienne, cependant, aucun pays ne bénéficie des facilités d’emprunt de la BIRD ou de la BIRD/l’IDA combinées, et seul un nombre restreint tirent profit des structures non concessionnelles de la Banque africaine de développement. Ces distinctions apparemment techniques sont importantes. Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne sont en train de mobiliser des ressources par le biais de marchés obligataires internationaux. Les taux d’intérêt déclarés depuis 2012 ont oscillé entre 8 % et 12 % pour les obligations à 10 ans. En parallèle, les prêts de la BIRD affichent actuellement un taux d’intérêt de 1 % à 2 % pour les prêts à 20 ans, ce qui reflète la cote de crédit AAA de la Banque mondiale sur les marchés obligataires53. Ces écarts de taux d’intérêt pourraient générer des économies considérables. Les gouvernements africains, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement devraient se demander si l’architecture existante est favorable aux économies à forte croissance potentielle confrontées à d’importants besoins de financement pour leurs projets d’infrastructure.
146
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Investissements directs étrangers : au-delà des produits d’extraction Pour les investisseurs à la recherche de rendements, les marchés émergents et les « marchés frontières » (à savoir les pays africains) sont devenus une option attrayante, à un moment où une croissance lente et une politique monétaire accommodante ont diminué les rendements des marchés boursiers et des marchés obligataires aux États-Unis et en Europe. Cette conjoncture a permis aux gouvernements africains d’accéder à une plus grande réserve de capitaux alors que les taux d’intérêt atteignaient un niveau historiquement bas. Mais cet eldorado pourrait ne pas durer. Une croissance rapide soutenue et une amélioration de la gestion macroéconomique en Afrique ont également favorisé les investissements privés. Environ 70 % des flux de capitaux privés vers l’Afrique arrivent sous la forme d’investissements directs étrangers (IDE) (Figure 28). Ceci est important car les IDE sont les placements les moins volatiles et les moins susceptibles d’enregistrer des sorties brutales de capitaux si les conditions du marché évoluent. Les secteurs minier et pétrolier absorbent encore l’essentiel des IDE, mais des investissements sont également alloués à d’autres secteurs. Environ un tiers des investissements sont maintenant destinés aux marchés intérieurs. Entre 2008 et 2012, la part des entreprises des secteurs de la consommation par rapport à la valeur des nouveaux projets d’investissement en Afrique est passée de 7 % à 23 %. Une grande part de ces investissements destinés au marché intérieur ciblent des partenariats public-privé. La demande toujours plus grande d’énergie, la réforme de la réglementation et les investissements en faveur du développement des infrastructures ont conduit à une augmentation des partenariats entre les investisseurs étrangers et nationaux. En novembre 2013, par exemple, la société énergétique américaine AES est devenue actionnaire majoritaire de la Société nationale d’électricité (SONEL) du Cameroun.
FIGURE 28 LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS DOMINENT LES FLUX DE CAPITAUX PRIVÉS : TRANSFERTS PRIVÉS PAR CATÉGORIE (EN MILLIARDS DE DOLLARS US)
80
Milliards de dollars US
60
Flux d’endettement à court terme
40
Autres transferts privés Banques
20
Obligations Entrées nettes de capitaux
0
Montant net des investissements directs étrangers
-10 2008
2009
2010
2011
2012
2013
Source : Groupe de la Banque mondiale, Perspectives économiques mondiales (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014).
147
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Les partenariats entre les entreprises nationales et mondiales deviennent monnaie courante : lors du récent processus de privatisation du Nigéria de 2,5 milliards de dollars US, les entreprises locales qui avaient formé des consortiums avec des acteurs étrangers (dont Siemens, Manila Electric, Symbion Power et KEPCO), sont ressorties gagnantes de la plupart des projets. Les investissements dans le secteur manufacturier restent l’exception plutôt que la règle. Cependant, en 2013, le Nigéria est devenu le premier pays d’Afrique subsaharienne, en dehors de l’Afrique du Sud, à attirer de nouveaux investissements d’un constructeur automobile mondial. En effet, Nissan va entreprendre la construction de voitures et de véhicules utilitaires légers dans le pays. L’achat par Prudential (l’une des plus grandes sociétés mondiales d’assurance) d’un assureur ghanéen54 a été l’un des événements les plus marquants de 2013 en matière d’IDE. Cet achat par Prudential montre que des niveaux élèves de pauvreté et des revenues moyens bas ne constituent pas une barrière automatique pour l’assurance. Parmi les dix clients de l’assureur ghanéen racheté par Prudential, neuf gagnent moins de 10 dollars par jour, tandis qu’un sur cinq vit avec moins de 2,50 dollars par jour. Parallèlement à l’IDE, le capital-investissement, à savoir l’acquisition des actions d’une nouvelle entreprise ou d’une entreprise en croissance en contrepartie d’un apport financier en fonds propres, a pris son envol, mais en partant, il est vrai, d’un niveau particulièrement bas. Selon une estimation, les sociétés de capital-investissement auraient investi 1,13 milliard de dollars US en Afrique subsaharienne en 2012. Alors que l’industrie est encore jeune, la stabilité politique, les investissements dans les infrastructures et la croissance des marchés de consommation ont fait de l’Afrique subsaharienne un point névralgique. Les sociétés africaines de capital-investissement jouent un rôle de plus en plus prépondérant aux côtés des acteurs mondiaux bien établis, et ce dans un grand nombre de secteurs. Les industries de la consommation, les infrastructures, la banque et l’agro-alimentaire figurent au premier plan, tout comme l’immobilier et, de plus en plus, l’assurance maladie privée. Il convient également de souligner l’augmentation du nombre de sociétés de capital-investissement sur les nouveaux marchés. Alors que le marché d’Afrique de l’Est est dominé par le Kenya, la croissance s’est également installée en Éthiopie, au Rwanda et en Tanzanie. Conscientes du rôle essentiel des PME sur les marchés africains, plusieurs sociétés de capitalinvestissement s’apprêtent à se spécialiser dans ce secteur. Il est toutefois important de replacer la croissance dans son contexte. En 2012, seulement 58 opérations de capital-investissement ont été signalées en Afrique subsaharienne. L’ampleur des investissements reste modeste. En 2013, la moitié des flux de capitaux privés à destination de l’Afrique n’atteignaient pas les 10 millions de dollars US. Les volumes affichent cependant une augmentation. Le retour de l’Afrique sur les marchés obligataires internationaux L’Afrique subsaharienne, d’abord « surprotégée » dans le cadre de l’initiative PPTE, s’est ensuite imposée sur le marché des euro-obligations. Il s’agit là d’un remarquable retournement de situation. Depuis la première émission obligataire au Ghana en 2007, qui a été couronnée de succès, les émissions se sont intensifiées. Les faibles taux d’intérêt internationaux, la croissance intérieure soutenue et le faible niveau de la dette publique rendent la région fiscalement intéressante. La participation aux marchés des euro-obligations comporte cependant des risques non négligeables et n’offre pas de solution miracle aux problèmes de financement des infrastructures. Entre 2007 et 2013, les pays d’Afrique subsaharienne ont levé 14 milliards de dollars US des contrats d’émission d’obligations souveraines, dont 6,5 milliards de dollars US (soit 50 %) en 2013. Dans certains cas, les pays africains ont emprunté à des taux inférieurs aux taux appliqués aux économies de la zone euro. En 2012, les rendements obligataires de la Zambie étaient inférieurs à ceux de l’Espagne et les taux du Nigéria étaient inférieurs à ceux de l’Irlande. Voici une liste des principales émissions obligataires :
148
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
En septembre 2012, la Zambie a procédé à l’émission d’une obligation en euro de 750 millions de dollars US sur 10 ans, largement sursouscrite, les fonds étant destinés à un certain nombre de projets d’infrastructure avec un rendement de 5,6 %. Le Nigéria a fait ses débuts sur le marché obligataire en 2011 et a obtenu 1 milliard de dollar US d’émissions en 2013. Les taux de rendement étaient de 5 % à 6 % pour une émission quatre fois sursouscrite. Le Rwanda a émis un emprunt obligataire de 400 millions de dollars US, assorti d’un coupon de 6,8 %, neuf fois sursouscrit. Le Ghana a émis un emprunt obligataire de 750 millions de dollars US en 2013, lors de sa deuxième incursion sur le marché des euro-obligations, qui a été trois fois sursouscrit à un taux de 7,8 %. Les produits de l’obligation ont été affectés aux investissements de capitaux et à la réduction de la dette publique. Le Mozambique est entré sur le marché pour la première fois avec emprunt obligataire de 500 millions de dollars US, sur sept ans, émis par une agence soutenue par le gouvernement à un rendement de 8,5 %. Le Gabon a levé 1,5 milliard de dollars US, produit de l’émission de l’euro-obligation sur 10 ans sursouscrite et de l’échange de créances. Plusieurs pays ont fait part de leur intention de pénétrer ou de revenir sur les marchés des euroobligations en 2013. Il s’agit de l’Angola, du Cameroun, du Kenya, du Mozambique, de la Tanzanie et de l’Ouganda. Si l’Afrique subsaharienne n’a pas encore pris part, de quelque façon que ce soit, aux marchés obligataires islamiques, cela pourrait être sur le point de changer (Encadré 20).
ENCADRÉ 20 LES SERVICES BANCAIRES ISLAMIQUES GAGNENT DU TERRAIN55 Le marché mondial des obligations islamiques, ou sukuk, est estimé à 140 milliards de dollars US, et les banques islamiques jouent désormais un rôle important sur le marché financier mondial. Néanmoins, l’Afrique subsaharienne ne s’est pas encore imposée dans le monde de la finance islamique. Cette situation pourrait être sur le point de changer, et les répercussions seront considérables. Le sukuk contribue déjà aux opérations gouvernementales. Structurées pour payer un taux de profit fixe plutôt qu’un dividende d’intérêts, ces obligations pourraient compléter d’autres opérations relatives à la dette souveraine. L’État nigérian d’Osun a émis un sukuk de 62 millions de dollars US en 2013. Le gouvernement du Sénégal a annoncé une émission de 200 millions de dollars US pour 2014, orientée vers l’infrastructure et l’énergie. D’autres instruments de financement conformes à la charia, la loi islamique, deviennent monnaie courante. Les Banques centrales de l’Ile Maurice et du Nigéria sont les actionnaires de la Société internationale de gestion de la liquidité islamique, basée en Malaisie. Par ailleurs, la Banque islamique de développement accorde des investissements pour la construction du nouveau port de Lekki au Nigéria.
149
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
D’autres pays ont pris des mesures pour encourager la croissance dans ce domaine : en 2013, l’Afrique du Sud a amendé ses lois fiscales pour donner plus de transparence aux définitions des produits conformes à la charia. Les appels au changement se font de plus en plus pressants ; les banques d’Afrique du Sud prônent une plus grande transparence des législations fiscales. Des préoccupations subsistent néanmoins sur le fait que les lois conventionnelles régissant le secteur bancaire continuent de dicter la finance islamique. Cependant, la Zambie est en train d’élaborer un nouveau cadre pour la finance islamique et l’Ouganda, qui compte 12 % de musulmans, est également en train de modifier sa réglementation. Plusieurs grandes banques conventionnelles prévoient également de se tourner vers le secteur bancaire islamique en Afrique. Standard Chartered a annoncé en juillet 2013 qu’elle allait bientôt commencer à offrir des produits bancaires islamiques au Kenya, avant de cibler aussi d’autres pays de la région. Toutefois, des défis subsistent. Il s’agit notamment de la nécessité pour les institutions bancaires islamiques d’attirer des clients non musulmans, une plus grande transparence et la disponibilité de produits attrayants conformes aux mêmes normes de prestation de services que les produits conventionnels.
Les comparaisons faites avec les aides octroyées illustrent l’ampleur des émissions d’euroobligations en Afrique. L’émission ghanéenne de 2013 équivalait à environ la moitié du niveau moyen del’aide au développement accordée au cours des trois années précédentes. Pour la Zambie, l’émission de 2012 représentait plus de deux tiers du niveau d’aide. Alors que l’aide au développement et le financement des obligations sont deux choses très différentes, la comparaison illustre bien l’attrait de ce dernier pour les gouvernements qui cherchent à mobiliser des fonds supplémentaires pour financer des projets d’infrastructure. Les gouvernements ne sont toutefois pas les seuls à emprunter. Certaines entités sociales ont réussi à émettre des euro-obligations, y compris la Guarantee Trust Bank et Ghana Telecom56. Au début de l’année 2013, la Guaranty Trust Bank du Nigéria a émis 400 millions de dollars US d’obligations à un taux de 6 %. ARM Cement au Kenya, Sterling Bank au Nigéria et Kenya Power devraient très bientôt émettre des euro-obligations57. Même si les obligations municipales sont moins courantes, les municipalités de Lagos au Nigéria et de Lusaka en Zambie ont pénétré les marchés de la dette souveraine. Les conditions ont été très favorables. L’excès de liquidités a permis aux gouvernements africains d’accéder à une réserve d’épargne internationale importante. Le coût moyen du financement obligataire a chuté en 2012 pour atteindre son niveau le plus bas jamais enregistré58. Les pays à revenu élevé se retirent progressivement des mesures de relance monétaire adoptées à la suite de la crise financière, notamment le recul de la politique d’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale des États-Unis, et les investisseurs se tournent désormais vers les marchés émergents et les « marchés frontières » pour sécuriser des rendements. Du point de vue des gouvernements africains, le désir d’exploiter les ressources financières des pays riches est compréhensible. La région est confrontée à d’importants besoins de financement en infrastructure et souffre d’une épargne locale insuffisante, de systèmes bancaires inefficaces et de taux d’inflation historiquement élevés qui, combinés, contribuent au maintien de taux d’intérêt nationaux élevés dans de nombreux pays africains. Par ailleurs, les rendements sur les euro-obligations sont nettement inférieurs à ceux des émissions obligataires sur le marché domestique (Figure 29). Les gouvernements africains se sont tournés vers les marchés obligataires pour diverses raisons. Outre la mobilisation de financements à long terme pour les projets d’infrastructure, les émissions obligataires peuvent fixer des repères pour la dette des entreprises et faciliter la restructuration de la dette (la substitution d’un taux faible par un taux élevé sur l’encours de la dette). Le recours aux marchés obligataires s’accompagne cependant de plusieurs risques. Bien que les rendements obligataires de l’Afrique subsaharienne n’aient été que légèrement affectés par le recul de la politique d’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale des États-Unis, cette situation pourrait évoluer en cas de recul plus marqué. 150
Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Les risques ne sont pas tous externes. Les déficits de la balance courante et déficits fiscaux entraînent un risque de dévaluation qui peut, à son tour, faire d’une dette apparemment durable un fardeau insoutenable en l’espace d’une nuit. La dévaluation n’est évidemment pas la seule menace. Lorsque des obligations sont émises en vue de financer des projets d’infrastructure de grande envergure, les gouvernements doivent veiller à ce que les créances soient compensées par des investissements productifs. Les retards importants qui existent entre la phase d’emprunt et celle de lancement des projets peuvent fragiliser le financement obligataire. C’est apparemment ce qui s’est produit en Zambie. Un an après l’émission obligataire réussie (et fortement sursouscrite) de 750 millions de dollars US sur les euromarchés, peu des investissements prévus ont été concrétisés. Les problèmes liés à la conception de projets d’investissement de grande envergure dans le domaine des infrastructures, que nous avons identifiés ci-dessus, semblent expliquer ce retard. Plusieurs gouvernements ont tenté d’exploiter les économies des communautés de la diaspora. C’est le cas de l’Éthiopie, qui a adopté cette approche en 2008 avec l’obligation d’entreprise du Millénaireet en 2011 avec l’obligation du grand barrage de la Renaissance, dont les résultats se sont avérés mitigés59.
Conclusion Le financement et l’infrastructure sont parfois considérés comme des questions techniques qui ne revêtent de l’intérêt que pour les autorités de réglementation financière, les ingénieurs et les entreprises spécialisées dans le secteur bancaire, les assurances et la construction. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Le présent rapport a mis en exergue les conséquences des déficits en matière de financement et d’infrastructure pour le principal défi de développement auquel l’Afrique est confrontée, à savoirconsolider le pont qui relie la croissance économique au bien-être des populations. Des systemes financiers plus inclusifs, des infrastructures plus développées et des recettes intérieures plus importantes permettront aux agriculteurs africains de réaliser leur plein potentiel et de contribuer à une croissance inclusive et à la sécurité alimentaire.
FIGURE 29 LES ÉMISSIONS D’OBLIGATIONS AFRICAINES ONT ÉTÉ INFLUENCÉES PAR L’ANNONCE AMÉRICAINE CONCERNANT LE TAPERING : DONNÉES DES RENDEMENTS 2012 (DANS UNE SÉLECTION DE PAYS) Première annonce du tapering 10
Rendements des euro-obligations
8
6
Côte d’Ivoire Sénégal Zambie
4
Ghana Nigéria 2
Gabon Oct-12
Jan-12
Jui-12
Juil-12
Sep-13
Source : Bloomberg, cité par Standard Chartered, Standard Chartered Africa Focus: A wealth of diversity (2013).
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
RECOMMANDATIONS STRATÉGIQUES
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Agriculture, pêche et capitaux : un programme commun pour réaliser des progrès décisifs en Afrique Au cours de plus d’une décennie de croissance économique, l’Afrique subsaharienne est parvenue à générer une quantité impressionnante de richesses. Pour les investisseurs nationaux et étrangers, l’environnement économique s’est amélioré de façon spectaculaire, tout comme l’environnement politique. Les principaux moteurs de la mondialisation, parmi lesquels l’essor des marchés émergents, l’urbanisation et la croissance d’une classe moyenne à l’échelle mondiale, stimulent la demande de ressources en provenance d’Afrique. Il est difficile d’imaginer un environnement plus favorable à des progrès décisifs dans la vie quotidienne des Africains. Pourtant, les retombées de la croissance économique de l’Afrique, aussi bienvenue soit-elle, n’ont pas profité à tous de façon égale. Ce rapport a mis en évidence l’une des principales raisons du fossé entre création de richesses et bien-être de la population, à savoir un profond désintérêt pour l’agriculture et la pêche. Cette indifférence constitue un double fardeau. Premièrement, la plupart des Africains, notamment parmi les plus pauvres, vivent et travaillent dans des zones rurales, généralement en tant que petits exploitants agricoles : or, si la croissance exclut les populations pauvres vivant en milieu rural, elle ne permet pas de réduire sensiblement la pauvreté. Deuxièmement, l’agriculture et la pêche peuvent tout à fait devenir de puissants moteurs de croissance. Les agriculteurs africains sont parmi les plus résilients, les plus innovants et les plus entreprenants au monde. En collaboration avec un secteur agroalimentaire dynamique, ils pourraient nourrir les populations urbaines de la région, en pleine expansion, générer des exportations et accroître leur productivité. Alors que de nombreux gouvernements affichent publiquement leur soutien à l’agriculture, dans les faits, ils ne tiennent pas compte du sort des petits exploitants agricoles et des pêcheurs artisanaux. De ce fait, l’Afrique passe à côté de ses atouts les plus productifs. Et ce n’est pas le seul exemple. Le Rapport sur les progrès en Afrique de l’année dernière mettait en évidence les pertes financières considérables subies par les pays africains en raison de l’évasion fiscale et de la sous-valorisation des ressources minières. Cette année, le rapport concerne le manque à gagner tout aussi considérable lié à des activités illicites, non déclarées et non réglementées dans les secteurs de la pêche et de l’exploitation forestière. En effet, les gouvernements africains ne parviennent pas à protéger leurs forêts et leur pêche, pourtant si précieuses. Des intérêts personnels puissants, nationaux et étrangers, bénéficient à peu de choses près d’un « droit de pillage ». Parallèlement, la communauté internationale dans son ensemble n’a pas réussi à mettre au point les règles multilatérales nécessaires pour régir efficacement les marchés mondiaux. Ainsi que nous l’avons souligné dans plusieurs Rapports sur les progrès en Afrique, il ne peut y avoir de modèle politique unique. Les pays d’Afrique subsaharienne sont face à des défis et des perspectives qui sont propres à chacun. Pour autant, il est possible d’établir des principes généraux permettant d’orienter l’élaboration de politiques concrètes. Si on leur en donne la possibilité, les citoyens africains, en Afrique comme à l’étranger, peuvent jouer un rôle fondamental dans la mise en œuvre des recommandations suivantes.
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Recommandations à l’attention des gouvernements africains L’engagement renouvelé des dirigeants et décideurs politiques africains en faveur de l’agriculture est louable. Toutefois, pour relever les défis et saisir les occasions qui se présentent, les dirigeants africains doivent faire preuve d’encore plus d’audace. L’évolution radicale du secteur agricole ne pourra avoir lieu qu’avec l’appui et la détermination des autorités politiques. Prendre des mesures visant à répartir de façon plus équitable les bénéfices de la croissance : l’année prochaine, les chefs d’État et de gouvernements africains se joindront aux autres membres des Nations Unies afin de fixer des objectifs de développement ambitieux à l’horizon 2030, parmi lesquels l’éradication de la pauvreté. Les fortes inégalités limitent l’incidence potentielle de la croissance sur la réduction de la pauvreté. Parallèlement, l’absence d’éducation et les faibles niveaux de compétences réduisent la capacité de l’Afrique à pouvoir prétendre à une plus grande part des bénéfices de la mondialisation. Dans toute la région, les décideurs politiques doivent faire en sorte que la croissance économique soit porteuse de changement et de nouvelles perspectives. Priorités : • Fixer des objectifs en matière d’équité, cohérents au regard des objectifs de développement pour l’après-2015. Ces objectifs doivent porter en priorité sur l’amélioration de l’égalité des chances. Ils pourraient notamment être les suivants : réduire de moitié sur cinq ans les disparités en matière d’assiduité scolaire, de survie des enfants et d’accès aux services essentiels, dues au fossé qui sépare les zones rurales des zones urbaines, aux écarts de richesses ou aux divisions entre les sexes. • Assurer un meilleur suivi des indicateurs de pauvreté et de développement humain, à l’aide de données plus fiables. • Affecter une part plus importante des subventions à l’amélioration du quotidien des populations pauvres. • Mettre en place des systèmes de protection sociale intégrés qui bénéficient effectivement aux populations pauvres des zones rurales et urbaines. • Renforcer la qualité et l’accès à l’éducation par l’amélioration de la formation des enseignants et la mise en place d’une évaluation nationale des apprentissages. Accélérer le déclenchement d’une « révolution verte » 100 % africaine : un écart considérable de productivité sépare les agriculteurs africains de leurs homologues du reste du monde. Or, combler cet écart permettrait de soutenir la croissance, de réduire la pauvreté et d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Les petits exploitants agricoles africains doivent pouvoir accéder à des semences, des engrais et des technologies qui stimulent leur productivité. Il faut également revoir en profondeur certaines politiques inadaptées, dont les restrictions qui pèsent sur le commerce régional. Priorités : • Concrétiser l’engagement pris dans le cadre de la déclaration de Maputo de consacrer au moins 10 % des budgets nationaux à l’agriculture et au développement rural. Cette mesure est indispensable pour espérer atteindre l’objectif de 6 % de croissance agricole annuelle, fixé par le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine. • Renforcer les droits des femmes. Donner un second souffle aux coopératives et associations d’agriculteurs qui soutiennent les petits exploitants agricoles, et en particulier les femmes. • Réaliser des investissements conséquents en matière de recherche et d’innovation agricoles.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
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Éviter « l’accaparement des terres » par une mise en œuvre stricte de la déclaration de l’Union africaine sur les problèmes et enjeux fonciers en Afrique et par l’adoption, dans leur intégralité, des Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale, avalisées par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale. Favoriser le développement du commerce intrarégional de produits agricoles. La suppression pure et simple de l’ensemble des barrières tarifaires et non tarifaires qui entravent le commerce intrarégional doit être une composante essentielle de cette démarche. Élaborer des politiques de remplacement des importations visant à réduire la dépendance du continent vis-à-vis des produits de base importés. Soutenir les investissements agricoles qui contribuent à l’atténuation des risques climatiques et promouvoir l’adaptation au changement climatique.
Faire cesser le pillage des ressources naturelles : les forêts, les eaux côtières et la biodiversité de l’Afrique sont des atouts environnementaux sur lesquels reposent des écosystèmes fragiles, qui permettent aux populations de gagner leur vie et qui sont source de richesses. Ces ressources doivent être exploitées de façon durable au profit du développement de l’Afrique. Priorités : • Mettre en place une transparence totale quant aux demandes de permis, notamment dans les secteurs de l’exploitation forestière et de la pêche, en s’inspirant des bonnes pratiques du secteur des industries extractives. Il doit être interdit aux titulaires de postes dans la fonction publique de prendre part à toute procédure d’appel d’offres. Par ailleurs, toutes les informations relatives aux cessions de permis doivent être rendues publiques. Les contrats conclus entre les gouvernements et les entreprises de pêche doivent être publiés de façon à être facilement accessibles et compréhensibles par les citoyens et les parties concernées. Les dispositions prévues par ces contrats doivent par ailleurs être dûment appliquées. • Renforcer les capacités scientifiques afin d’être en mesure de répertorier les ressources et d’assurer le suivi des activités commerciales. • Faire strictement exécuter les peines d’amende infligées aux navires de pêche se livrant à un commerce illégal, non déclaré et non réglementé, en s’inspirant de l’exemple du Sénégal. • Mieux protéger les secteurs de la pêche artisanale, au moyen de politiques visant à réduire la dépendance aux exportations brutes, lutter contre les activités illicites, créer des emplois et augmenter les revenus. Investir dans des équipements de congélation, de séchage, de traitement et de conditionnement. • Poursuivre le renforcement de la collaboration intergouvernementale en matière de surveillance et de protection des eaux côtières africaines contre les activités illicites, en particulier les eaux territoriales adjacentes, essentielles à la pêche artisanale. • Développer l’aquaculture en mettant en place les dispositifs incitatifs et les infrastructures permettant aux petits et moyens investisseurs de créer des entreprises d’aquaculture viables, productives et respectueuses de l’environnement. • La délivrance de toutes les concessions d’exploitation forestière commerciale doit être conditionnée au consentement éclairé des communautés concernées, sur la base d’une présentation claire et exacte des coûts et avantages potentiels. L’exploitation forestière illicite systématique contribue à une érosion sociale et à une désertification préjudiciables, qui ont une incidence sur la productivité agricole. • Rendre publics les contrats de concession et les structures de propriété effective afin de décourager la corruption et les pratiques illicites et de permettre aux autorités fiscales de vérifier que les entreprises s’acquittent effectivement des impôts correspondant aux contrats signés et aux obligations propres à leur régime fiscal.
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Investir dans les infrastructures et mettre en place des systèmes financiers plus inclusifs : l’Afrique ne pourra améliorer de façon décisive le quotidien de ses populations que si les gouvernements réussissent à combler le double déficit en matière d’infrastructures et de système financier inclusif. L’absence d’infrastructures représente un goulet d’étranglement pour la croissance comme pour les perspectives qui s’offrent à l’Afrique. Il en va de même pour le système financier. Trop peu d’Africains, en particulier dans les zones rurales, ont accès aux solutions d’épargne, de crédit et d’assurance leur permettant de concrétiser leurs perspectives d’investissement et d’atténuer les risques auxquels ils sont confrontés. Priorités : • Mettre en place une coopération régionale dans les domaines de l’énergie et des transports afin de faire des économies d’échelle dans le cadre des projets d’infrastructure. • Augmenter les investissements dans les infrastructures, notamment dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, afin de réduire les inégalités d’accès. • Soutenir le développement de la banque mobile et du commerce électronique, afin de surmonter le problème de l’exclusion financière, en s’appuyant par exemple sur la réussite de projets tels que M-PESA au Kenya. Mobiliser les ressources en faveur d’une croissance inclusive : le contexte de financement que connaît aujourd’hui l’Afrique n’est plus du tout le même qu’il y a 10 ans. Les pays qui réclamaient l’effacement de leur dette dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés sont désormais présents sur les marchés de la dette souveraine. La dépendance vis-à-vis de l’aide internationale recule. Les mouvements de capitaux privés et les transferts de fonds s’intensifient. Pour les gouvernements, le défi consiste à élaborer des politiques et des instruments de financement permettant de mobiliser l’ensemble des ressources nationales et extérieures au profit d’une croissance inclusive et porteuse de changement. Priorités : • Rendre publiques, en toute transparence, toutes les exonérations fiscales accordées à des entreprises, qu’elles soient nationales ou étrangères. Le coût estimé de chacune de ces exonérations doit également être communiqué, ainsi que leur justification et les principaux bénéficiaires. • Augmenter l’assiette fiscale nationale au moyen de réformes visant à promouvoir l’efficacité et l’équité des systèmes fiscaux et accroître le ratio des recettes fiscales rapportées au PIB. Renforcer les dispositifs incitatifs en faveur de l’épargne intérieure. • Réformer les réglementations financières afin d’éliminer la mainmise des banques sur les transferts de fonds. Permettre aux établissements de microfinance, privilégiés par les populations, de jouer un rôle plus important. • Appliquer le principe de précaution sur les questions de dette souveraine qui mettent évidence les risques de change. • Soutenir l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) et la mise en œuvre des normes de l’ITIE, qui prévoient désormais l’obligation de rendre publics les chiffres de production, le régime de propriété, les autorisations et les régimes fiscaux. • Publier sur Internet l’ensemble des contrats relatifs à l’exportation de ressources naturelles en provenance d’Afrique : pétrole, gaz, minerais, bois et pêche. Cela permettrait aux pays africains de disposer d’une position commune dans le cadre de négociations et à des citoyens intéressés, informés et responsabilisés de suivre l’exécution de ces contrats. • Passer en revue et, le cas échéant, supprimer les exonérations d’impôts et abattements fiscaux considérables accordés aux investisseurs étrangers dans les secteurs des industries extractives et des ressources naturelles lorsqu’il ressort clairement que ces incitations ne sont plus nécessaires pour disposer d’un avantage concurrentiel et attirer des investissements nécessaires à une croissance inclusive et durable.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Recommandations à l’attention de la communauté internationale et du système multilatéral Soutenir les démarches visant à réduire la pauvreté : les taux de croissance élevés affichés par l’Afrique ne doivent pas détourner l’attention de la communauté internationale des défis permanents que le continent doit relever en matière de développement. En effet, le poids de l’Afrique dans les statistiques mondiales de la pauvreté, de la mortalité infantile et du nombre d’enfants non scolarisés ne cesse de s’alourdir. L’aide au développement continuera de jouer un rôle certain dans la résolution de ces problèmes. Priorités : • Le G8 doit concrétiser les promesses faites aux pays africains d’apporter un soutien complémentaire en faveur de la réalisation des OMD. • Les donateurs bilatéraux, les banques multilatérales de développement et les banques régionales de développement doivent collaborer avec les gouvernements africains afin d’améliorer la qualité des données disponibles. • Veiller à ce que l’utilisation de l’aide à des fins d’attraction d’investissements en capitaux privés serve effectivement à la réalisation d’investissements en faveur de la lutte contre la pauvreté et n’en soit pas détournée. • Les partenaires du développement doivent collaborer avec les gouvernements afin d’élaborer des stratégies permettant d’améliorer les perspectives des populations situées au bas de la pyramide sociale, en faisant notamment de la protection sociale une priorité. • Les agriculteurs et les pêcheurs africains étant les premiers à souffrir des risques mondiaux liés au changement climatique, le financement de l’adaptation climatique doit être revu à la hausse en vue d’atteindre 35 milliards de dollars US par an à l’horizon 2050. Soutenir une gestion durable des ressources : en matière de gestion des ressources naturelles, l’Afrique est confrontée à des défis dont la plupart ne peuvent être relevés que dans le cadre de coopérations internationales et d’accords multilatéraux. Pourtant, la coopération internationale reste insuffisante et se limite trop souvent à des codes de conduite facultatifs qui ne sont pas dotés de mécanismes d’exécution. Priorités : • L’ensemble des gouvernements doit ratifier et mettre en œuvre l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port de 2009 visant à contrecarrer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. • Faire de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée un « crime transnational », ainsi que le prévoit une initiative menée par la Norvège. Ce type d’activités relèverait ainsi d’INTERPOL, ce qui permettrait à la police, aux services des douanes et aux ministères de la Justice de jouer un rôle plus actif dans l’application de la réglementation. • Créer, dans le cadre de l’OMI, un registre des navires de pêche battant pavillon de complaisance. • Apporter un soutien supplémentaire aux États côtiers africains en matière de surveillance des stocks halieutiques et de contrôle de leurs eaux territoriales. • Soutenir le développement de systèmes de surveillance et d’information. Les organisations régionales, les entreprises commerciales et les partenaires du développement doivent collaborer avec les gouvernements afin de renforcer ce soutien. La création de zones protégées est indispensable à la viabilité à long terme des forêts contiguës et des écosystèmes maritimes. • Supprimer les subventions qui contribuent à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et à la surpêche. Cet engagement faisait partie de la déclaration Rio+20 de 2012, mais il est évident que la volonté politique d’agir en ce sens est absente. L’Organisation mondiale du commerce est la mieux placée pour concrétiser un véritable engagement multilatéral, puisque les règles qu’elle édicte sont juridiquement contraignantes.
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Faire participer la Chine à un cadre multilatéral relatif à la gestion durable des forêts en Afrique. L’application des Directives officielles relatives à la gestion et à l’exploitation durables des forêts étrangères par des entreprises chinoises, publiées conjointement par l’administration chinoise chargée des forêts et le ministère chinois du Commerce, constitue un excellent point de départ. Tirer parti des nouvelles possibilités de préservation des forêts offertes dans le cadre du Programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement (ONU-REDD et REDD+). Renforcer la législation européenne qui exige que les importateurs de bois procèdent à des vérifications en bonne et due forme tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement afin d’éradiquer le trafic de faux permis. L’Union européenne pourrait jouer un rôle moteur dans le renforcement de l’action multilatérale à cette fin. Ses accords de partenariat volontaire (APV) avec les pays exportateurs de bois prévoient des réformes d’envergure en matière de gouvernance des forêts visant à éliminer les trafics. Toutefois, ni la réglementation européenne sur le bois ni les APV ne tiennent pas compte de l’usage généralisé de faux permis.
Mobiliser des ressources : malgré une croissance élevée, l’Afrique ne dispose pas des ressources nécessaires pour financer ses investissements d’infrastructure à l’échelle requise. Parallèlement, l’architecture de financement de l’aide se trouve dépassée par les événements. Les gouvernements africains qui peuvent accéder aux marchés de la dette souveraine ne peuvent pas bénéficier (à des taux d’intérêt plus faibles) des facilités de prêts non concessionnels de la Banque mondiale et de la BAfD. Alors que les transferts de fonds jouent un rôle de plus en plus important dans le financement du développement et mettent en évidence le poids de la diaspora africaine parmi les parties prenantes, une part non négligeable de ces fonds n’est pas utilisable en raison de frais de transfert élevés. Priorités : • Les gouvernements africains doivent collaborer au développement de solutions innovantes de financement des infrastructures et la BAfD doit jouer un rôle accru en matière de facilitation de la coopération régionale. Étudier la possibilité de puiser dans les réserves de devises de l’Afrique – environ 450 milliards de dollars US en 2012 – afin de financer des obligations relatives aux infrastructures. • Les gouvernements, les banques régionales et les banques multilatérales de développement doivent investir davantage dans la conception et l’élaboration de projets finançables. Actuellement, le nombre de projets d’infrastructure financés en Afrique est limité, notamment en raison d’un manque d’intérêt pour le développement de projets. Le Mécanisme de financement de la préparation des projets d’infrastructure de la BAfD permettrait de faire converger les efforts dans ce domaine, sous réserve d’augmenter l’enveloppe de ressources actuellement sous-financée, qui est de 147 millions de dollars US pour 2011-2015, pour atteindre 500 millions de dollars US. • La plupart des rapports faisant état des effets de levier de « financements nouveaux et innovants » sont exagérés et se fondent sur des éléments peu précis. Dans les pays partenaires, les institutions de financement du développement doivent faire preuve de davantage de transparence sur leurs opérations dans ce domaine. • Atténuer les risques réels et apparents qui constituent un obstacle majeur au financement des infrastructures en Afrique, en intensifiant davantage les activités de l’Agence multilatérale de garantie des investissements en Afrique. La prise en charge des primes d’assurance doit être considérée comme une utilisation légitime des fonds accordés par l’Association internationale de développement (IDA) : aucun mécanisme ne permet pour l’instant de puiser dans l’enveloppe IDA allouée à un pays à cette fin.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
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Les gouvernements du G8 doivent concrétiser l’engagement pris lors du sommet de 2008 d’œuvrer à réduire de moitié le coût mondial moyen des transferts de fonds, pour le faire passer de 10 à 5 % d’ici cinq ans. L’Afrique perd 1,8 milliard de dollars US par an en frais excessifs de transfert. Les autorités de régulation financière des pays du G8 doivent se saisir de la tarification des frais de transfert et les gouvernements doivent légiférer afin d’améliorer la transparence en matière de frais relatifs aux opérations de change. Les gouvernements africains doivent révoquer les accords d’exclusivité, qui constituent une pratique commerciale restrictive. Tous les pays du G8, du G20 et de l’OCDE doivent mettre en place des registres publics recensant la propriété effective de l’ensemble des entreprises et fiducies immatriculées dans l’un quelconque des pays concernés. Cette norme doit être mise en œuvre de façon prioritaire dans les pays et les juridictions figurant dans les premières places de l’indice d’opacité financière établi par Tax Justice Network.
Recommandations à l’attention du secteur privé Agir comme porte-drapeaux de la transparence : les entreprises qui font preuve de transparence inspirent confiance. Toutes les entreprises, y compris les investisseurs étrangers, doivent s’engager à être les plus transparentes possible, en soutenant les efforts entrepris dans le cadre d’initiatives mondiales en la matière et en répondant aux exigences de la société civile africaine. Leur soutien aux initiatives en faveur de la transparence permettra de mieux informer et de donner la possibilité aux citoyens intéressés de demander des comptes à leurs gouvernements quant à l’utilisation des recettes fiscales. Malgré quelques timides signes d’amélioration, certaines entreprises s’opposent à tout renforcement de la transparence ou tardent à prendre des mesures. Priorités : • Les entreprises devraient suivre l’exemple de Rio Tinto et Tullow Oil, qui ont établi une norme de référence de divulgation pour chaque projet conforme à l’esprit de la directive européenne qui obligera les entreprises pétrolières et minières à publier le montant des impôts, redevances et autres transferts dont elles se sont acquittées auprès de gouvernements étrangers. Les grandes entreprises représentées l’American Petroleum Institute doivent cesser de s’opposer à la loi Dodd-Frank de 2010, qui va dans le sens des initiatives en faveur de la transparence en Afrique. • Les entreprises présentes en Afrique et les autorités de régulation financière des pays dans lesquelles elles sont immatriculées doivent rendre publiques les structures de propriété effective de leurs intérêts, y compris ceux détenus dans des centres financiers offshore.
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Soutenir le développement des infrastructures : les entreprises privées du secteur de l’infrastructure s’attendent souvent à des retours sur investissement très élevés en contrepartie des risques liés aux investissements réalisés en Afrique. Dans de nombreux cas, les risques apparents sont bien supérieurs aux risques réels. Une coopération entre le secteur privé, le Groupe Banque mondiale et la BAfD permettrait de corriger les préjugés défavorables implicites qui exacerbent la perception des risques. Priorités : • Les institutions de financement du développement doivent travailler avec le secteur privé à une prise en compte plus équilibrée des risques. • Le secteur privé et le Groupe Banque mondiale doivent collaborer au développement de mécanismes d’atténuation des risques politiques et des risques de change. • Les entreprises privées prenant part à des initiatives nationales et multilatérales de généralisation de l’accès à l’énergie, au réseau routier et aux infrastructures sociales doivent mettre en place des partenariats à long terme avec leurs homologues africains. Créer les conditions d’une croissance inclusive : le secteur privé africain est un moteur économique en plein essor, mais il peine encore à collaborer avec les gouvernements afin de créer les conditions d’une croissance généralisée. Parallèlement, les investisseurs étrangers ont du mal à prendre la mesure du potentiel commercial réel que représentent les perspectives d’investissement en Afrique. Priorités : • Identifier les mesures politiques incitatives nécessaires pour intensifier les investissements dans le secteur agroalimentaire et progresser sur la chaîne de valeur des exportations agricoles. • Faire pression en faveur de l’élimination des ententes dans le secteur des transports et supprimer les barrières tarifaires et non tarifaires qui entravent le commerce intra-africain. • Les investisseurs étrangers doivent mettre en place des partenariats avec des entreprises africaines afin de créer des passerelles économiques entre les secteurs d’exportation et les marchés intérieurs, en mettant l’accent sur la création d’emplois et de valeur ajoutée. • Se saisir des perspectives générées par la révolution technologique que connaît l’Afrique afin de mettre au point des gammes de produits susceptibles d’accélérer la mutation du continent et de proposer des solutions innovantes venues d’Afrique pour répondre à des opportunités et défis mondiaux.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS AGFC
accord de gestion des forêts communautaires
AID
Association internationale de développement
APV
accord de partenariat volontaire
ARC
Mutuelle panafricaine de gestion des risques
ARVA
Alliance pour une révolution verte en Afrique
ATA
Programme de mutation agricole
BAD
Banque africaine de développement
BIRD
Banque internationale pour la reconstruction et le développement
BNT
barrière non tarifaire
BRIC
Brésil, Russie, Inde et Chine
CDC
Commonwealth Development Corporation
CEDEAO
Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CGIAR
Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale
CLSG
projet d’interconnexion entre la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée
COMESA
Marché commun pour l’Afrique orientale et australe
COPE
In Care of the People (Nigéria)
CS
Conseil de sécurité des Nations Unies
CUA
Commission de l’Union africaine
DfiD
Ministère britannique du développement international
DV Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale EAC
Communauté d’Afrique de l’Est
EAIF
Fonds pour l’infrastructure de l’Afrique émergente
ECX
Bourse éthiopienne de marchandises
EJF
Environment Justice Foundation
FAO
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
FDA
Autorité de développement forestier
FDI
Fonds de développement des infrastructures
FMI
Fonds monétaire international
FMO
Banque de développement des Pays-Bas
FPD
financement public du développement
GESS
dispositif d’appui à l’amélioration de la croissance
GIEC
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
GW
gigawatt
ICA
Consortium pour les infrastructures en Afrique
IDE
investissements directs étrangers
IFD
institution de financement du développement
IFL
Initiative pour les forêts du Libéria
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
IFPRI
Institut international de recherche sur les politiques alimentaires
INN
illicite, non déclaré et non réglementé
IPPF
Fonds de financement de préparation des projets d’infrastructure
ITF
UE-Afrique Fonds fiduciaire UE-Afrique pour les infrastructures
MIGA
Agence multilatérale de garantie des investissements
NEPAD
Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique
NIRSAL
système incitatif nigérian de partage des risques dans le cadre de prêts agricoles
OCDE
Organisation de coopération et de développement économiques
ODI
Overseas Development Institute
OMC
Organisation mondiale du commerce
OMI
Organisation maritime internationale
OPIC
Overseas Private Investment Corporation (États-Unis)
PARIS21
Partenariat statistique au service du développement au XXIe siècle
PDDAA
Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine
PIB
produit intérieur brut
PIDA
Programme de développement des infrastructures en Afrique
PIDG
Groupe de développement des infrastructures privées
PME
petites et moyennes entreprises
PNUE
Programme des Nations Unies pour l’environnement
PPA
parité de pouvoir d’achat
PPTE
pays pauvres très endettés
PRG
garantie partielle des risques
PSNP
Productive Safety Net Programme
PUP
permis d’exploitation privée
RDC
République démocratique du Congo
REDD (ou ONU-REDD) Programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts dans les pays en développement RNB
revenu national brut
SADC
Communauté de développement d’Afrique australe
SONEL
Société nationale d’électricité (Cameroun)
SPS
mesures sanitaires et phytosanitaires
SSN
système de surveillance des navires
STA
société de transferts d’argent
TCX
Fonds de change en devises locales
TIC
technologies de l’information et de la communication
UA
Union africaine
UE
Union européenne
UEMOA
Union économique et monétaire ouest-africaine
USAID
Agence des États-Unis pour le développement international 163
RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
FIGURES Figure 1 FMI, base de données des Perspectives de l’économie mondiale (Washington D.C. : FMI, 2014). Consultée le 3 juin 2014 à l’adresse http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2014/01/weodata/index.aspx. Figure 2 Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consultés le 3 juin 2014 à l’adresse http://data.worldbank.org/data-catalog/world-developmentindicators. Figure 3 FMI, base de données des Perspectives de l’économie mondiale (Washington D.C. : FMI, 2014). Consultée le 3 juin 2014 à l’adresse http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2014/01/weodata/index.aspx. Figure 4 ONU DAES, Perspectives de la population mondiale : la révision de 2012 (New York : ONU DAES, 2012). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://esa.un.org/wpp/. Figure 5 Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel. Figure 6 Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel. Figure 7 Groupe de la Banque mondiale, PovcalNet (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2013). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://iresearch.worldbank.org/PovcalNet/index.htm. Figure 8 Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel. Figure 9 Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel. Figure 10 Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel. Figure 11 Recherche de la Brookings Institution et de l’Africa Progress Panel. Figure 12 Larson D.F. et al., Should African rural development strategies depend on smallholder farms? An exploration of the Inverse Productivity Hypothesis (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2012). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://elibrary.worldbank.org/doi/pdf/10.1596/1813-9450-6190. Figure 13 Université de Wageningen et FAOSTAT, Maize yields in Africa, présentation PowerPoint (Wageningen : Université de Wageningen, 2014). Figure 14 Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consultés le 3 juin 2014 à l’adresse http://data.worldbank.org/data-catalog/world-developmentindicators. Figure 15 Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consultés le 3 juin 2014 à l’adresse http://data.worldbank.org/data-catalog/world-developmentindicators.
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Figure 16 Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs d’inclusion financière du G20 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consultés le 3 juin 2014 à l’adresse http://datatopics.worldbank.org/g20fidata/. Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consultés le 3 juin 2014 à l’adresse http://data.worldbank.org/data-catalog/world-developmentindicators. Figure 17 Demirguc-Kunt A. et Klapper L., Measuring Financial Inclusion: The Global Findex Database, document de travail de recherche no 6025 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2012). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://elibrary.worldbank.org/doi/pdf/10.1596/1813-9450-6025. Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Figure 18 Demirguc-Kunt A. et Klapper L., Measuring Financial Inclusion: The Global Findex Database, document de travail de recherche no 6025 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2012). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://elibrary.worldbank.org/doi/pdf/10.1596/1813-9450-6025. Figure 19 Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Union internationale des télécommunications des Nations Unies, base de données statistiques des TIC (Genève : Union internationale des télécommunications, 2014). Consultée le 3 juin 2014 à l’adresse http://www.itu.int/en/ITU-D/ Statistics/Pages/default.aspx. Figure 20 Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Figure 21 Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs d’inclusion financière du G20 (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consultés le 3 juin 2014 à l’adresse http://datatopics.worldbank.org/g20fidata/.
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
Figure 22 Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Groupe de la Banque mondiale, Global Findex (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://econ.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/EXTDEC/EXTRESEARCH/EXTPROGRAMS/ EXTFINRES/EXTGLOBALFIN/0,,contentMDK:23147627~pagePK:64168176~piPK:64168140~theSitePK:8519639,00. html. Figure 23 FMI, base de données des Perspectives de l’économie mondiale (Washington D.C. : FMI, 2014). Consultée le 3 juin 2014 à l’adresse http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2014/01/weodata/index.aspx. Figure 24 CAD/OCDE, base de données statistiques en ligne sur le développement international (2014). Consultée le 3 juin 2014 à l’adresse http://www.oecd.org/dac/stats/idsonline.htm. OCDE et CEA, Examen mutuel de l’efficacité du développement en Afrique : Promesses et Résultats (Paris : OCDE et Addis-Abeba : CEA, 2012). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://www.uneca.org/publications/mutual-review-development-effectiveness-africa-2012. Figure 25 CAD/OCDE, base de données statistiques en ligne sur le développement international (2014). Consultée le 3 juin 2014 à l’adresse http://www.oecd.org/dac/stats/idsonline.htm. Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consultés le 3 juin 2014 à l’adresse http:// data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators. Figure 26 CAD/OCDE, base de données statistiques en ligne sur le développement international (2014). Consultée le 3 juin 2014 à l’adresse http://www.oecd.org/dac/stats/idsonline.htm. Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consultés le 3 juin 2014 à l’adresse http:// data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators. Figure 27 Groupe de la Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consultés le 3 juin 2014 à l’adresse http://data.worldbank.org/data-catalog/world-developmentindicators. Figure 28 Groupe de la Banque mondiale, Perspectives économiques mondiales (Washington D.C. : Groupe de la Banque mondiale, 2014). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse http://www.worldbank.org/en/publication/global-economic-prospects. Figure 29 Bloomberg, cité par Standard Chartered, Standard Chartered Africa Focus: A wealth of diversity (2013). Consulté le 3 juin 2014 à l’adresse https://research.standardchartered.com/configuration/ROW%20Documents/Africa_Focus_-_A_ wealth_of_diversity_10_07_13_16_48.pdf.
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Agriculture, pêche et capitaux Comment financer les révolutions verte et bleue de l’Afrique
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RAPPORT SUR LES PROGRÈS EN AFRIQUE 2014
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REMARQUES - CHAPITRE 01 1. Chen, C. (2009). Bank Efficiency in Sub-Saharan African Middle-Income Countries (Document de travail du FMI WP/09/14). Consulté le 24 mars 2014 à l’adresse https://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2009/wp0914.pdf 2. Banque mondiale. (2013). Africa’s Pulse: An Analysis of Issues Shaping Africa’s Economic Future. Washington D.C: Banque mondiale. Consulté le 17 mars 2014 à l’adresse http://siteresources.worldbank.org/INTAFRICA/Resources/Africas-Pulsebrochure_Vol6.pdf 3. FMI. (2013). Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne – Entretenir la croissance dans un climat mondial d’incertitude. Washington D.C: FMI. Consulté le 17 mars 2014 à l’adresse http://www.imf.org/external/pubs/ft/ reo/2013/afr/eng/sreo1013.pdf et BOAD, OCDE et al. (2013). Perspectives économiques en Afrique 2013 « Transformation structurelle et ressources naturelles. Consulté le 9 avril 2014 à l’adresse http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/PDF/Pocket%20 Edition%20AEO2013-EN.web.pdf 4. FMI. (2013). Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne – Entretenir la croissance dans un climat mondial d’incertitude. Washington, D.C: FMI. Consulté le 17 mars 2014 à l’adresse http://www.imf.org/external/pubs/ft/ reo/2013/afr/eng/sreo1013.pdf 5. Banque mondiale. (2014). Perspectives économiques mondiales : Faire face à la normalisation des politiques des pays à revenu élevé. Washington D.C: Banque mondiale. Consulté le 25 mars 2014 à l’adresse http://www.worldbank.org/ content/dam/Worldbank/GEP/GEP2014a/GEP2014a.pdf 6. Banque mondiale. (2014). Global Economic Prospects: Commodity Markets Outlook. Washington, D.C: Banque mondiale. Consulté le 25 mars 2014 à l’adresse http://www.worldbank.org/en/publication/global-economic-prospects/commoditymarkets BOAD, OCDE et al. (2013). Perspectives économiques en Afrique 2013 « Transformation structurelle et ressources naturelles. Consulté le 9 avril 2014 à l’adresse http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/PDF/Pocket%20 Edition%20AEO2013-EN.web.pdf 7. FMI. (2013). Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne – Créer une dynamique dans une économie mondiale à plusieurs vitesses. Washington D.C: FMI. Accessed on March 25, 2014, https://www.imf.org/external/pubs/ ft/reo/2013/afr/eng/sreo0513.htm 8. Banque mondiale, Perspectives économiques mondiales : Afrique subsaharienne (Washington D.C. : Banque mondiale, 2014). Consulté le 24 mars 2014 à l’adresse http://www.worldbank.org/content/dam/Worldbank/GEP/GEP2014a/ GEP2014a_SSA.pdf 9. FMI, Ghana: 2013 Article IV Consultation, Rapport par pays du FMI no 13/187 (2014). Consulté le 24 mars 2014 à l’adresse http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2013/cr13187.pdf 10. Financial Times, « Deficit fears cast shadow on Ghana’s economic star » (31 octobre 2013). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.ft.com/cms/s/0/c042cb6a-420e-11e3-bb85-00144feabdc0.html#axzz2v4etDGJl 11. Banque mondiale, Africa’s Pulse: an analysis of issues shaping Africa’s economic future, volume 6 (Washington D.C. : Banque mondiale, 2013). Consulté le 17 mars 2014 à l’adresse http://www.worldbank.org/content/dam/Worldbank/document/ Africa/Report/Africas-Pulse-brochure_Vol8.pdf. 12. The Economist, « Africa’s rise: How real is the rise of Africa? », Economist debates (12 mars 2013). Consulté le 18 mars 2014 à l’adresse http://www.economist.com/debate/days/view/954 13. McKinsey Global Institute, « Lions on the move: The progress and potential of African economies » (New York : McKinsey & Company, 2010) 14. ThisDay, « Dangote boosts Nigeria’s rice self-sufficiency drive with N50bn investment » (2014). Consulté le 16 avril 2014 à l’adresse http://www.thisdaylive.com/articles/dangote-boosts-nigerias-rice-self-sufficiency-drive-with-n50bninvestment/169826/ 15. Ernst & Young, Getting down to business: Ernst & Young’s attractiveness survey Africa 2013 (2013). Consulté le 7 mars 2014 à l’adresse http://emergingmarkets.ey.com/wp-content/uploads/downloads/2013/05/africa_attractiveness_2013_ FINAL_300513.pdf
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16. African Center for Economic Transformation (ACET), African Transformation Report: Growth with Depth (2014). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://atr2014.files.wordpress.com/2014/02/2014-african-transformation-report.pdf 17. CNUCED et ONUDI, Le développement économique en Afrique – Rapport 2011 : Promouvoir le développement industriel en Afrique dans le nouvel environnement mondial (Publication des Nations Unies, 2011), pp. 17-19. 18. Rodrik D., « Unconditional Convergence in Manufacturing » (Université de Harvard, 2012). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://www.hks.harvard.edu/fs/drodrik/Research%20papers/Unconditional%20convergence%20rev%205.pdf 19. New Impetus to Africa’s Industrialisation Efforts as AUC Chairperson Meets UNIDO Director General. (2013, October 9). African Union. Accessed on March 26, 2014, http://www.au.int/en/content/new-impetus-africa%E2%80%99sindustrialisation-efforts-auc-chairperson-meets-unido-director-general 20. Kaberuka D., « Donald Kaberuka: Seize the Moment », interview réalisée par Bloomberg TV Africa (9 octobre 2013) 21. Rodrik D., « Africa’s Structural Transformation Challenge » (2013). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://www.projectsyndicate.org/commentary/dani-rodrik-shows-why-Sub-Saharan-africa-s-impressive-economic-performance-is-not-sustainable 22. Childinfo UNICEF, Statistiques de l’éducation pour le Vietnam, Division des politiques et des pratiques, Section des statistiques et du suivi (2008). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://www.childinfo.org/files/EAPR_Viet_Nam.pdf 23. De Vries G., Timmer M. et De Vries K., Structural Transformation in Africa: Static Gains, Dynamic Loses, Groningen Growth and Development Centre Memorandum 136 (Université de Groningen, 2013), pp. 15-19. Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://www.ggdc.net/publications/memorandum/gd136.pdf 24. Banque mondiale, L’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne (Washington D.C. : Forum pour le développement de l’Afrique, Banque mondiale, 2014). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse https://publications.worldbank.org/index. php?main_page=product_info&cPath=1&products_id=24639 25. Amoako K.Y., « The Critical Role of Capable States in Driving Africa’s Economic Transformation Agenda », discours prononcé à l’occasion du Governance Academy Day, GIZ Sector Network Conference (Maputo, Mozambique, le 26 octobre 2011). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://acetforafrica.org/wp-content/uploads/2011/11/KY-Amoako-GIZ-address-1. pdf 26. Makhtar, D. (2013, June). Remarks presented at the Stanley Please Memorial Event, Washington, D.C. 27. UNICEF, Levels & Trends in Child Mortality 2013 Report (New York : UNICEF, 2013), p. 11. Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://www.childinfo.org/files/Child_Mortality_Report_2013.pdf 28. Calculs réalisés à partir d’une estimation mondiale selon laquelle 162 millions d’enfants de moins de cinq ans souffriraient d’un retard de croissance. Document consulté le 24 mars 2014 à l’adresse http://www.childinfo.org/malnutrition_status.html 29. Easterly W., « How the Millennium Development Goals are Unfair to Africa », World Development Vol. 37, no 1 (2009), p. 26-35 30. Il s’agit de personnes ayant un niveau de consommation initial supérieur à 0,70 dollar US, mais vivant dans des pays dont les taux de croissance sont inférieurs à la moyenne régionale. 31. Il s’agit de personnes vivant dans des pays dont les taux de croissance sont supérieurs à la moyenne régionale, mais qui ont un niveau de consommation initial inférieur à 0,70 dollar US. La croissance économique ne suffira donc pas à leur faire franchir le seuil de pauvreté. 32. Ce groupe se caractérise par un double désavantage : un niveau de consommation initial inférieur à 0,70 dollar US, dans des pays dont les taux de croissance sont inférieurs à la moyenne régionale. 33. Ces scénarios reposent sur les prévisions de croissance de la consommation privée dans chaque pays, et non sur les prévisions de croissance de chaque pays (PIB). 34. Christiaensen L. et Devarajan S., « Making the most of Africa’s Growth », Friends of Europe (28 juin 2013). Consulté le 31 mars 2014 à l’adresse http://www.friendsofeurope.org/Contentnavigation/Publications/Libraryoverview/tabid/1186/ articleType/ArticleView/articleId/3534/Making-the-most-of-Africas-growth.aspx 35. Devarajan S., « Africa’s Statistical Tragedy », Review of Income and Wealth Series. 59, numéro spécial (2013)
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36. Même lorsque l’on dispose de deux enquêtes, les résultats ne sont pas forcément comparables. Les problèmes les plus fréquents sont le manque d’uniformité d’une période à une autre dans la conception des enquêtes, un manque de suivi précis et d’ajustement des prix, et des dysfonctionnements des systèmes statistiques fondamentaux (notamment le recensement et les comptes nationaux) à partir desquels sont établies les estimations en matière de pauvreté. La Tanzanie a mené deux grandes enquêtes nationales depuis 2007 : une enquête sur le budget des ménages (EBM) et une enquête nationale par panel. Ces deux enquêtes ne peuvent pas être comparées parce qu’elles n’utilisent pas les mêmes paniers de biens et de services pour établir un seuil de pauvreté alimentaire. 37. Activités par pays du projet Accelerated Data Program (sans date). Consulté le 8 mars 2014 à l’adresse http://adp.ihsn.org/ country_activities 38. Lopes C., « Counting Matters! Statistics are the Backbone of Proper Planning for Africa’s Future », UNECA: Africa Cheetah Run – The Executive Secretary’s Blog (2013). Consulté le 8 mars 2014 à l’adresse http://www.uneca.org/es-blog/countingmatters-statistics-are-backbone-proper-planning-africas-future 39. AllAfrica, « AfDB’s Africa Information Highway – The Continent’s First “One-stop Centre” for Development Data » (sans date). Consulté le 8 mars 2014 à l’adresse http://allafrica.com/stories/201402211404.html 40. Batana Y.M., « Multidimensional Measurement of Poverty in Sub-Saharan Africa » (2008). Consulté le 24 mars 2014 à l’adresse http://www.ophi.org.uk/wp-content/uploads/OPHI-wp13.pdf 41. Le coefficient de Gini est un indicateur des inégalités en matière de répartition. Il est généralement utilisé pour mesurer les inégalités de revenus ou de richesse. Plus il est proche de zéro, plus on s’approche de l’égalité parfaite. Plus il est proche de 1, plus on est proche de l’inégalité totale. 42. Banque mondiale, Africa’s Pulse: An Analysis of Issues Shaping Africa’s Economic Future, Volume 6 (Washington D.C. : Banque mondiale, 2013). 43. Ostry et al., « Redistribution, Inequality and Growth », Note de discussion pour le personnel du FMI, SDN/14/02 (Washington D.C. : FMI, 2014). 44. Ravallion M., « Do Poorer countries have less capacity for redistribution? », Journal of Globalization and Development, Volume 1, Numéro 2 (2010). 45. Institut National de la Statistique du Rwanda, « The Evolution of Poverty in Rwanda from 2000 to 2011: Results from the Household Surveys (EICV) » (Kigali, République du Rwanda, 2012). 46. La pauvreté est passée de 59 % en 2001 à 57 % en 2006. 47. Christiaensen L. et Devarajan S., « Making the most of Africa’s Growth », Friends of Europe (28 juin 2013). Consulté le 31 mars 2014 à l’adresse http://www.friendsofeurope.org/Contentnavigation/Publications/Libraryoverview/tabid/1186/ articleType/ArticleView/articleId/3534/Making-the-most-of-Africas-growth.aspx 48. Mason N.M., Burke W.J., Shipekesa A. et Jayne T.S., « The 2011 Surplus in Smallholder. Maize Production in Zambia: Drivers, Beneficiaries, & Implications for Agricultural & Poverty Reduction Policies », Document de travail no 58 (version préliminaire), Food Security Research Project (Lusaka, Zambie, 2011) 49. Grosh M., del Ninno C., Tesliuo E. et Ouerghi, A., For Protection and Promotion: The design and implementation of Safety Nets (Washington D.C. : Banque mondiale, 2008). 50. Centre international de politiques pour une croissance inclusive, Bolsa Familia: A Summary of Its Impacts, Brief No. 137 (Brasilia : Centre international de politiques pour une croissance inclusive, 2012). Consulté le 31 mars 2014 à l’adresse http://www.ipc-undp.org/pub/IPCOnePager137.pdf 51. Garcia M. et Moore C. M.T., The Cash Dividend: The Rise of Cash Transfer Programs in Sub-Saharan Africa (Washington D.C. : Banque mondiale, 2012). 52. Banque mondiale, Gérer les risques, promouvoir la croissance : Développer les systèmes de protection sociale en Afrique (Washington, D.C. : Banque mondiale, 2012). 53. Banque mondiale, Réduire la pauvreté et investir dans le capital humain : le nouveau rôle des filets sociaux en Afrique – Études de cas dans 22 pays (Washington D.C. : Banque mondiale, 2014). Consulté le 31 mars 2014 à l’adresse http://wwwwds.worldbank.org/external/default/WDSContentServer/WDSP/IB/2014/02/06/000456286_20140206121850/ Rendered/PDF/844570WP0REPLA00Box382131B00PUBLIC0.pdf
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54. Holmes R. et al., Social Protection in Nigeria: Mapping Programmes and their Effectiveness (Overseas Development Institute (ODI), 2012). 55. Union africaine, « Cadre de politique sociale pour l’Afrique », première session de la Conférence des ministres de l’Union africaine chargés du Développement social (Windhoek, Namibie, du 27 au 31 octobre 2008). 56. Banque mondiale, Gérer les risques, promouvoir la croissance : Développer les systèmes de protection sociale en Afrique (Washington D.C. : Banque mondiale, 2012). 57. Banque mondiale, Gérer les risques, promouvoir la croissance : Développer les systèmes de protection sociale en Afrique (Washington D.C. : Banque mondiale, 2012). 58. Alderman H. et Yemtsov R., « Productive Role of Safety Nets », Protection sociale et travail, document de travail no 1203 (Washington D.C. : Banque mondiale, 2012). 59. Banque mondiale, Gérer les risques, promouvoir la croissance : Développer les systèmes de protection sociale en Afrique (Washington D.C. : Banque mondiale, 2012). 60. Devereux S., Marshall J., MacAskill J. et Pelham L., Making Cash Count: Lessons from Cash Transfer Schemes in East and Southern Africa for Supporting the Most Vulnerable Children and Households (HelpAge International, Save the Children UK et Institute for Development Studies, 2005). 61. Banque mondiale, Gérer les risques, promouvoir la croissance : Développer les systèmes de protection sociale en Afrique (Washington D.C. : Banque mondiale, 2012). Consulté le 31 mars 2014 à l’adresse http://siteresources.worldbank.org/ INTAFRICA/Resources/social-protection-full-report-FR-2012.pdf
REMARQUES - CHAPITRE 02 1. Annan, Kofi A., discours d’ouverture du Forum du prix mondial de l’alimentation prononcé le 14 octobre 2010. 2. Belfast Center for Science and International Affairs (2009), « The New Harvest: Agricultural Innovation in Africa, John F. Kennedy School of Government, Harvard University », consulté le 31 mars 2014 à l’adresse http://belfercenter.ksg.harvard. edu/publication/20504/new_harvest.html 3. Adesina, A. (2013), « Why Agriculture is Nigeria’s New Oil », Skoll World Forum: Debates & Series, 10 octobre 2013, consulté le 31 mars 2014 à l’adresse http://skollworldforum.org/2013/10/10/why-agriculture-is-nigerias-new-oil/ 4. FAO (2012), « La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture : investir dans l’agriculture pour un avenir meilleur », Rome : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, consulté le 1 avril 2014 à l’adresse http://www. fao.org/docrep/017/i3028f/i3028f.pdf 5. Fox, L., Haines, C., Huerta Muñoz, J. et Thomas, A. (2013). « Africa’s got work to do: Employment prospects in the new century », document de travail du FMI no 13/201. 6. Banque mondiale (2013), « Unlocking Africa’s Agricultural Potential: An action agenda for transformation », série Développement durable, no 76990, consulté en avril 2014 à l’adresse http://www-wds.worldbank.org/ external/default/WDSContentServer/WDSP/IB/2013/04/25/000442464_20130425161652/Rendered/ PDF/769900WP0SDS0A00Box374393B00PUBLIC0.pdf 7. Banque mondiale (2010). Indicateurs du développement dans le monde. Washington, DC : Banque mondiale. 8. Wiggins, S. et Keats, S. (2013), « Smallholder agriculture’s contribution to better nutrition, Report for the Hunger Alliance », Londres : Overseas Development Institute. 9. AGRA (2013), « Africa agriculture status report », pp. 21-22. 10. Anderson et Masters 2009. Anderson, K. et Masters, W.A. (2009), « Distortions to Agricultural Incentives in Africa ». Washington, D.C : Banque mondiale. 11. Fleshman, M. (2014), « Améliorer les rendements », Afrique Renouveau : Édition Spéciale Agriculture 2014, page 16, consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/édition-spéciale-agriculture-2014/ améliorer-les-rendements
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Jouanjean M-A., Targeting infrastructure development to foster agricultural trade and market integration in developing countries: an analytical review, rapport de recherche de l’ODI (Londres : ODI, 2013). Banque mondiale, Barriers to Trade in Food Staples in West Africa: An Analytical Review (Washington D.C. : Banque mondiale, 2013). 28. Forster, V. et Briceño-Garmendia, C. (2010), « Infrastructures africaines. Une transformation impérative ». Washington, D.C. : Banque mondiale ; voir également Teravaninthorn, S et Raballand G (2009), « Le prix et le coût du transport en Afrique. Étude des principaux corridors ». Washington D.C. : Banque mondiale. 29. APHLIS, système d’information sur les pertes post-récolte en Afrique, consulté le 2 avril 2014 à l’adresse http://www.aphlis. net/index.php?form=losses_estimates 30. Cadot, O. et Gourdon J. (2012), « Assessing the Price Raising Impact of Non-Tariff Measures in Africa ». Afrique – Notes de politique commerciale no 29. Washington D.C. : Banque mondiale. 31. ECX proves beacon for hope for Ethiopian commodities. (2014, February). Zawya. Accessed on April 16, 2014, http:// www.zawya.com/story/ECX_seizes_commodity_momentum-ZAWYA20140205072558/ 32. FAO (2012), « La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture », Rome : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. 33. Suphannachart, W. et Warr, P. (2011), « Research and Productivity in Thai Agriculture ». Australian Journal of Agricultural & Resource Economics, vol. 55, no 1, pp. 35-52. 34. Kingombe, C. (2011), « Achieving pro-poor growth through investment in rural feeder roads: the role of impact evaluation ». Note d’information de l’ODI. 35. Dercon, S. et Hoddinott, J. (2005) « Livelihoods, growth, and links to market towns in 15 Ethiopian villages », Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, document de travail FCND no 194. 36. Dercon et al. (2008), « The Impacts of Agricultural Extension and Roads on Poverty and Consumption Growth in Fifteen Ethiopian Villages », document de travail de l’IFPRI no 00840. 37. Locke, A. et Henley, G. (2014), « Biofuels and local food security: what does the evidence say? ». Note d’information de l’ODI no 86, http://www.odi.org.uk/sites/odi.org.uk/files/odi-assets/publications-opinion-files/8867.pdf 38. Exemple : Huitième Forum pour le développement de l’Afrique (ADF-VIII), consulté le 2 avril 2014 à l’adresse http://www1. uneca.org/Portals/adfviii/Documents/ADFVIII_Consensus_Statement_Final.pdf 39. World Bank. (2013). Turn Down the Heat: Climate Extremes, Regional Impacts, and the Case for Resilience. A report for the World Bank by the Potsdam Institute of Climate Impact Research and Climate Analytics. 40. Winterbottom, R. et al. (2013). Improving Land and Water Management. (World Resources Institute Working Paper). Accessed on April 2, 2014, http://www.wri.org/sites/default/files/improving_land_and_water_management_0.pdf 41. PNUE (2013), « Climate-change impacts, adaptation challenges and costs for Africa. Africa’s Adaptation Gap Technical Report ». Nairobi : Programme des Nations Unies pour l’environnement 42. Nakhooda et al. (2013), « Mobilizing International Climate Finance: Lessons from the Fast-Start Finance Period ». ODI, WRI et Institute of Global Environemental Strategies. 43. PNUE (2013), « Climate-change impacts, adaptation challenges and costs for Africa. Africa’s Adaptation Gap Technical Report », consulté le 2 avril 2014 à l’adresse http://www.unep.org/pdf/AfricaAdapatationGapreport.pdf 44. Nakhooda et al. (2013), Climate Finance Regional Briefing: Sub-Saharan Africa. Climate Finance Fundamentals no 7. 45. Clarke, D.J. et Hill, R.V. (2013), « Cost-Benefit Analysis of the African Risk Capacity Facility », document de travail de l’IFPRI no 01292 et Hill, R.V. (2010), « Agricultural insurance in Sub-Saharan Africa: can it work? », consulté le 2 avril 2012 à l’adresse http://fsg.afre.msu.edu/aamp/sept_2010/aamp_lilongwe-vargas_hill-agricultural_insurance.pdf. 46. PNUD (2007), « Climate Shocks and their Impact on Assets ». Rapport sur le développement humain 2007/2008, consulté le 2 avril 2014 à l’adresse http://hdr.undp.org/sites/default/files/de_la_fuente_alejandro_2007b.pdf 47. Weiss, D. et Weidman, J. (2013), « Disastrous Spending: Federal Disaster-Relief Expenditures Rise amid More Extreme Weather ». Center for American Progress. Consulté le 2 avril 2014 à l’adresse http://www.americanprogress.org/issues/ green/report/2013/04/29/61633/disastrous-spending-federal-disaster-relief-expenditures-rise-amid-more-extreme-weather/
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48. Fafchamps, M. (2009). Vulnerability, Risk Management and Agricultural Development. (CSAE Working Paper Series 200911). Oxford: Centre for the Study of African Economies, University of Oxford. 49. Yesuf, M. et Bluffstone, R.A. (2009), « Poverty, Risk Aversion, and Path Dependence in Low-Income Countries: Experimental Evidence from Ethiopia », American Journal of Agricultural Economics no 91, pp. 1022-1037. 50. Dercon, S. (2002), « Income Risk, Coping Strategies and Safety Nets », World Bank Research Observer, décembre 2002, vol. 17 (2), pp. 141-66. 51. Hill, R.V. (2010), « Liberalization and Produce Price Risk: Examining Subjective Expectations in Ugandan Coffee Market », Journal of African Economies, no 00: pp. 1-26. 52. Hill, R.V. (2010), « Agricultural Insurance in Sub-Saharan Africa: can it work? », communication présentée au symposium politique du quatrième programme sur les marchés agricoles en Afrique (AAMP), 6-10 septembre 2010, consulté le 2 avril 2014 à l’adresse http://fsg.afre.msu.edu/aamp/sept_2010/aamp_lilongwe-vargas_hill-agricultural_insurance.pdf. 53. Hill, R.V. (2010), « Agricultural Insurance in Sub-Saharan Africa: can it work? », communication présentée au symposium politique du quatrième programme sur les marchés agricoles en Afrique (AAMP), 6-10 septembre 2010, consulté le 2 avril 2014 à l’adresse http://fsg.afre.msu.edu/aamp/sept_2010/aamp_lilongwe-vargas_hill-agricultural_insurance.pdf 54. Soors W., Devadasan N., Durairaj V. et Criel B. (2010). « Community Health Insurance and Universal Coverage: Multiple Paths, Many Rivers to Cross ». Rapport sur la santé dans le monde 2010, document de travail no 48. Genève : Organisation mondiale de la Santé. 55. Venton, C. V et al. (2012), « The Economics of Early Response and Disaster Resilience: Lessons from Kenya and Ethiopia. Economics of Resilience Final Report », consulté le 2 avril 2014 à l’adresse https://www.gov.uk/government/uploads/ system/uploads/attachment_data/file/67330/Econ-Ear-Rec-Res-Full-Report_20.pdf 56. Fitzgibbon, C. (2012), « Economics of Resilience Study – Kenya Country Report », consulté le 1er avril 2014 à l’adresse https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/228500/TEERR_Kenya_Background_ Report.pdf 57. Nyirenda, L. et Goodman D. (2013), « From managing crises to managing risks: The African Risk Capacity (ARC) ». Swiss Re, consulté le 2 avril 2014 à l’adresse http://cgd.swissre.com/global_dialogue/topics/Strengthening_food_security/From_ managing_crises_to_managing_risks_The_African_Risk_Capacity_ARC.html 58. Clarke, D.J. et Hill, R.V. (2013), « Cost-Benefit Analysis of the African Risk Capacity Facility », document de travail de l’IFPRI no 01292. 59. Cabot Venton, C., Richards, F., et Peters, K. (2014, à paraître), « Emergency Preparedness in Niger: A Cost Benefit Analysis », Londres (Royaume-Uni) : Overseas Development Institute.
REMARQUES - CHAPITRE 03 1. FAO, La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO : 2012) 2. Froese R., Zeller D., Kleisner K. et Pauly D., « What catch data can tell us about the status of global fisheries », Marine Biology 159 (2012), pp. 1283-1292. La sous-déclaration des captures entraîne certainement une évaluation trop optimiste de l’état des stocks. Selon certains scientifiques, les Chinois n’auraient déclaré que 8 % de leurs captures à l’échelle mondiale, notamment dans les eaux africaines. Bien que les données officielles chinoises indiquent des captures moyennes de 368 000 tonnes par an entre 2000 et 2011, certains chercheurs affirment que ce chiffre se rapproche plutôt de 4,6 millions de tonnes. 3. OCDE, Le commerce illicite de produits écologiquement sensibles (Paris : Organisation de coopération et de développement économiques, 2012). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.oecd.org/tad/envtrade/ ExecutiveSummaryIllegalTradeEnvSensitiveGoods.pdf 4. Commission Océan Mondial, « Illegal, Unreported and Unregulated Fishing », document d’option stratégique no 8 (2013). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.globaloceancommission.org/wp-content/uploads/GOC-paper08-IUUfishing.pdf
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5. OCDE, Le commerce illicite de produits écologiquement sensibles (Paris : Organisation de coopération et de développement économiques, 2012). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.oecd.org/tad/envtrade/ ExecutiveSummaryIllegalTradeEnvSensitiveGoods.pdf 6. EJF, Pirate Fishing Exposed: The fight against Illegal Fishing in West Africa and the EU (Londres : Environmental Justice Foundation, 2012). Consulté le 3 avril 2014 à l’adresse http://ejfoundation.org/sites/default/files/public/Pirate%20 Fishing%20Exposed.pdf 7. OCDE, Le commerce illicite de produits écologiquement sensibles (Paris : Organisation de coopération et de développement économiques, 2012). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.oecd.org/tad/envtrade/ ExecutiveSummaryIllegalTradeEnvSensitiveGoods.pdf 8. Copeland D., « West Africa has vast marine wealth but it is being depleted by the world’s highest levels of illegal fishing » dans The World Today, Volume 70, Numéro 1 (2014). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.chathamhouse. org/publications/twt/archive/view/197223. 9. USAID, Estimation Préliminaire des Captures de la Pêche Illicite Non Déclarée et Non Réglementée au Sénégal (Washington D.C. : Agence des États-Unis pour le développement international, 2013). 10. Copeland D., « West Africa has vast marine wealth but it is being depleted by the world’s highest levels of illegal fishing » dans The World Today, Volume 70, Numéro 1 (2014). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.chathamhouse. org/publications/twt/archive/view/197223. 11. Béné C., Macfadyen G. et Allison E. H., Accroissement de la contribution des pêches artisanales à la lutte contre la pauvreté et à la sécurité alimentaire (Rome : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2007). 12. Sumaila U.R., Lam V., Le Manach F., Swartz W. et Pauly D., Global Fisheries Subsidies, Note, Direction générale des politiques internes de l’Union, Département thématique Politiques structurelles et de Cohésion, Secteur Pêche (Parlement européen, 2013). 13. Greenpeace, Korean Distant Water Fisheries: IUU Fishing, International Violations and Human Rights Scandals (Rapport de Greenpeace Asie de l’Est, 2013). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.greenpeace.org/international/Global/ international/briefings/oceans/2013/Korea-fisheries-scandal-briefing.pdf ; Hongskul V., Into the Next Millennium: Fishery Perspective, chapitre « Current State of Fisheries and Aquaculture in the Asia-Pacific Region », document de travail no 1/3 (Rome : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 1999). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.fao.org/docrep/003/x6947e/x6947e04.htm 14. Ocean 2012 Press Release, « EU Fisheries Council and European Parliament Reach Agreement on Future of EU Fisheries Subsidies », Ocean 2012: Transforming European Fisheries (28 janvier 2014). Consulté le 3 avril 2014 à l’adresse http:// ocean2012.eu/press_releases/142-eu-fisheries-council-and-european-parliament#sthash.9rh3L5m2.dpuf 15. Voir par exemple une lettre cosignée par 200 scientifiques avant la décision du FEAMP. Consultée le 1er avril 2014 à l’adresse http://oceana.org/sites/default/files/euo/OCEANA_Call_on_Members_EurParl_stop_funding_overfishing_Oct2013.pdf 16. De plus amples informations sur les subventions à la pêche en Espagne sont disponibles sur le site fishsubsidy.org, un projet de EU Transparency. Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://fishsubsidy.org/ES/ 17. Le Manach et al., « Unreported fishing, hungry people and political turmoil: the recipe for a food security crisis in Madagascar? », Marine Policy no 36 (2012), pp. 218–225 18. Katsarova I., EU-Mauritania fisheries agreements (Bibliothèque du Parlement européen, note d’information 130562REV2, 2013). Consulté le 11 avril 2014 à l’adresse http://www.europarl.europa.eu/RegData/bibliotheque/ briefing/2013/130562/LDM_BRI(2013)130562_REV2_EN.pdf. 19. Greenpeace, The Plunder of a Nation’s Birthright. The Fishing License Scandal: A Drama in Five Acts (Johannesburg : Greenpeace Afrique, 2012). 20. Prieur L., « Mauritanian opposition seethes at China fish deal », Reuters (8 juin 2011). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.reuters.com/article/2011/06/08/ozabs-mauritania-china-fish-idAFJOE7570JS20110608 21. Katsarova I., EU-Mauritania fisheries agreements (Bibliothèque du Parlement européen, note d’information 130562REV2, 2013). Consulté le 11 avril 2014 à l’adresse http://www.europarl.europa.eu/RegData/bibliotheque/ briefing/2013/130562/LDM_BRI(2013)130562_REV2_EN.pdf 22. Ce paragraphe s’appuie sur Van den Bergh et al., Trade-Based Estimation of Bluefin Tuna Catches in the Eastern Atlantic and Mediterranean, 2005–2011 (2013). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.globalwitness.org/library/signingtheir-lives-away-liberia%E2%80%99s-private-use-permits-and-destruction-community-owned. 177
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23. Commission européenne, « Accords de pêche bilatéraux avec les pays non membres de l’UE » (2014), consultés le 11 avril 2014 aux adresses http://ec.europa.eu/fisheries/cfp/international/agreements/index_fr.htm et http://europa.eu/legislation_ summaries/maritime_affairs_and_fisheries/index_fr.htm Remarque : l’Europe possède 70 000 km de côtes. Les régions côtières représentent 40 % du produit intérieur brut et 40 % de la population de l’Union européenne. La politique commune de la pêche (PCP) a la même base juridique que la politique agricole commune (PAC), mais les différences qui existent entre les deux secteurs ont entraîné l’élaboration d’une politique spécifique pour les produits de la pêche. La PCP a pour objectifs de protéger les stocks contre la surpêche, de garantir un revenu aux pêcheurs, d’approvisionner les consommateurs et l’industrie de la transformation de façon régulière et à des prix raisonnables, et d’exploiter les ressources aquatiques vivantes de façon durable sur les plans biologique, environnemental et économique. 24. Par exemple : Évaluation rétrospective et prospective du protocole de l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l’Union européenne et la République de Madagascar (étude publiée le 12 mars 2014) : http://ec.europa.eu/fisheries/ documentation/studies/madagascar/report-madagascar-2014_fr.pdf 25. Gagern A. et Van den Berg J., « A Critical Review of Fishing Agreements with Tropical Developing Countries », Marine Policy no 38 (2012), pp. 375-386. 26. Nagel, P. et Gray T., « Is the EU’s Fisheries Partnership Agreement (FPA) with Mauritania a genuine partnership or exploitation by the EU? », Ocean & Costal Management, volume 56 (2012), pp. 26-34. 27. The Economist, « Governing the High Seas: In Deep Water » (22 février 2014). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http:// www.economist.com/news/international/21596990-humans-are-damaging-high-seas-now-oceans-are-doing-harm-back-deepwater. 28. Copeland D., « West Africa has vast marine wealth but it is being depleted by the world’s highest levels of illegal fishing » dans The World Today, Volume 70, Numéro 1 (2014). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.chathamhouse. org/publications/twt/archive/view/197223 29. Commission Océan Mondial, « Policy paper 8: Illegal, Unreported and Unregulated Fishing » (2013). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.globaloceancommission.org/wp-content/uploads/GOC-paper08-IUU-fishing.pdf 30. Plateforme de connaissances en matière de développement durable de l’ONU, « L’avenir que nous voulons », document final adopté lors de la Conférence Rio+20 en juin 2012. Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.uncsd2012.org/ content/documents/775futurewewant_french.pdf 31. EJF, Pirate Fishing Exposed: The fight against Illegal Fishing in West Africa and the EU (Londres : Environmental Justice Foundation, 2012). Consulté le 3 avril 2014 à l’adresse http://ejfoundation.org/sites/default/files/public/Pirate%20Fishing%20Exposed. pdf. The Guardian, « West Africa fishing communities drive off ‘pirate’ fishing trawlers » (20 octobre 2012). Extrait le 13 avril 2014 de la page http://www.theguardian.com/environment/2012/oct/11/west-africa-fishing-pirate-trawlers 32. Palson G., « From Commons to Quotas: Inequality in the Icelandic fishery » (2012). Exposé présenté lors de la 3e Conférence sur la propriété commune de l’International Association for the Study of Common Property (Washington D.C. ; 17-20 septembre 1992). Consulté le 11 avril 2014 à l’adresse http://dlc.dlib.indiana.edu/dlc/bitstream/handle/10535/240/ From_Commons_to_Quotas__Inequality_in_the_Icelandic_Fishery.pdf?sequence=1 33. FAO, « Dix pays d’Afrique centrale vont améliorer le monitorage des forêts » (Rome : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, article de la rubrique « Nouvelles », 26 juillet 2012). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.fao.org/news/story/fr/item/153763/icode/ 34. Banque mondiale, « REDD Reference Levels and Drivers of Deforestation in Congo Basin Countries » (Washington D.C. : Banque mondiale, 2009). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.comifac.org/Members/tvtchuante/technicalnote-on-redd-reference-levels-and-drivers-of-deforestation-in-congo-basin-countries 35. Forest Monitor, « Part III: Company Profiles » (2006). Consulté le 11 avril 2014 à l’adresse http://www.forestsmonitor.org/ en/reports/540539/549958 36. Alemagi D. et Nukpezah D., « Assessing the Performance of Large-scale Logging Companies in Countries of the Congo Basin », Environment and Natural Resources Research Vol. 2, no 2 (2012). 37. Forest Monitor, « Part I: Regional Overview: EU Involvement in Central Africa’s Rainforests » (2006). Consulté le 11 avril 2014 à l’adresse http://www.forestsmonitor.org/en/reports/540539/549934
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38. En 2011, la Chine a importé 145 millions de mètres cubes de bois, pour une valeur d’environ 33 milliards de dollars US. Voir James Mayers, « China in Africa’s forest » (Londres : International Institute for Environment and Development, 2013). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.iied.org/china-africa-forests 39. Communiqué de presse d’Interpol, « Illegal logging nets organized crime up to 100 billion dollars a year, INTERPOL–UNEP report reveals » (Rome : Interpol, 27 septembre 2012). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.interpol.int/Newsand-media/News/2012/PR075 40. Global Witness, Logging in the Shadows: How vested interests abuse shadow permits to evade forest sector reforms. An analysis of recent trends in Cameroon, Ghana, the Democratic Republic of Congo and Liberia (Londres : Global Witness, 2013. 41. Mayers J., « China in Africa’s forest » (Londres : International Institute for Environment and Development, 2013). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.iied.org/china-africa-forests 42. Selon une estimation de Kerstin Canby (Forest Trends) et Rupert Oliver (Forest Industries Intelligence Ltd), révélée lors de leur présentation sur les flux commerciaux, les zones d’illégalité et le suivi des données à l’occasion de l’atelier de Chatham House en préparation de la mise en œuvre de la réglementation sur le bois illégal de l’UE, à Bruxelles, les 17 et 18 janvier 2013. Consultée le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.illegal-logging.info/uploads/CanbyOliver.pdf. 43. Pour une analyse des retombées des contrats de gestion forestière pour les communautés locales, notamment en matière d’emplois (limités et de mauvaise qualité), voir : Banque mondiale, Update of Rapid Social Assessment: High Expectations – Elusive Benefits: Commercial Forestry and Communities in Liberia (Washington D.C. : Banque mondiale, 2011. 44. Global Witness, The Cut-Price Sale of DRC’s Forests (Londres : Global Witness, 2013). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.globalwitness.org/sites/default/files/The_cut-price_sale_of_DRC_forestsWEB.pdf 45. S/2013/316, paragraphes 67-69 46. République du Libéria, Décret no 1, 2 février 2006. 47. FAO, « The Liberia Forest Initiative: A partnership of government, international and non-governmental organisations » (sans date). Consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.fao.org/forestry/lfi/en/ 48. L’audit préalable des capacités financières et techniques des sociétés forestières qui soumissionnaient pour les nouvelles concessions libériennes a révélé qu’aucune d’entre elles ne répondait aux exigences, qui avaient été déterminées afin de veiller à ce que ce soient des sociétés compétentes qui décrochent les contrats : International Procurement Agency, « Final due diligence report FDA », 30 juin 2009. 49. En 2002, la SAMFU a été sacrée ONG environnementale de l’année au Libéria pour son rôle remarquable et l’initiative dont elle a fait preuve dans la campagne visant à protéger la forêt tropicale libérienne : http://www.sourcewatch.org/index.php/ Save_My_Future_Foundation 50. http://sdiliberia.org. L’organisation a été fondée en 2002 et a reçu en 2006 le prestigieux prix Goldman pour l’environnement pour ses réalisations remarquables dans le domaine de l’environnement en Afrique. L’Institut du développement durable libérien est membre des Amis de la Terre, le plus grand réseau écologique populaire au monde 51. Global Witness, SAMFU, SDI, Signing their Lives Away: Liberia’s Private Use Permits and the Destruction of Community-Owned Rainforest (2012). Consulté le 11 avril 2014 à l’adresse http://www.globalwitness.org/library/signing-their-lives-awayliberia%E2%80%99s-private-use-permits-and-destruction-community-owned ; Gouvernement du Libéria, rapport de la Commission d’enquête indépendante du 19 décembre 2012 sur l’octroi de permis d’exploitation privée (PUP), disponible à l’adresse http://www.illegal-logging.info/sites/default/files/uploads/SIIBReportonPUPs.pdf. 52. Selon le ministre de l’Information libérien Lewis Brown, qui s’exprimait au sujet de la mise en accusation de l’ancien directeur général de la FDA Moses Wogbeh dans le cadre du scandale des PUP, ces permis de complaisance auraient escroqué 12 à 15 millions de dollars US au gouvernement. 53. Groupe d’experts des Nations Unies sur le Libéria, « Rapport du Groupe d’experts présenté conformément à l’alinéa e) du paragraphe 9 de la résolution 1647 (2005) concernant le Libéria », S/2006/379 (7 juin 2006), paragraphe 25. Groupe d’experts des Nations Unies sur le Libéria, « Rapport du Groupe d’experts soumis conformément à l’alinéa d) du paragraphe 4 de la résolution 1731 (2006) du Conseil de sécurité relative au Libéria », S/2007/340 (7 juin 2007), paragraphe 42.
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54. Document Excel répertoriant la production forestière et les estimations de recettes. Auteur : Peter Lowe pour la Banque mondiale, date de création : le 5 septembre 2007. 55. République du Libéria, avant-projet de prévision des recettes nationales pour l’exercice fiscal 2012-2013 (janvier 2012). 56. Le gouvernement n’a pas publié ses prévisions concernant le total des recettes issues de l’exploitation forestière pour l’exercice fiscal 2013-2014.Les prévisions ne concernaient que les recettes revenant au gouvernement central et non les fonds versés directement aux membres des communautés ou pour la préservation des zones protégées. 57. Mayers J., « China in Africa’s Forest » (Londres : International Institute for Environment and Development, 2013), consulté le 1er avril 2014 à l’adresse http://www.iied.org/china-africa-forests.
REMARQUES - CHAPITRE 04 1. Dr Henry Kofi Wampah, Gouverneur de la Banque centrale du Ghana, lors d’un panel organisé par l’Institut de recherche statistique, sociale et économique (ISSER) de l’Université du Ghana. Consulté le 3 avril 2014 à l’adresse http://www. ghanaweb.com/GhanaHomePage/NewsArchive/artikel.php?ID=285570 2. FMI, Mali : Achieving Strong and Inclusive Growth with Macroeconomic Stability (Washington, D.C. : FMI, 2013). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://www.FMI.org/external/pubs/ft/dp/2013/afr1308.pdf 3. FMI. (2013). FMI Country Report No. 13/200 (Republic of Mozambique). Washington, D.C: IMF. Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2013/cr13200.pdf Crivelli, E. et Gupta, S., Resource blessing, revenue curse? Domestic revenue effort in resource-rich countries, document de travail du FMI, DT/14/5 (Washington D.C. : FMI, 2014) DiJohn, J., « Taxation, resource mobilisation and state performance », Document de travail n° 84 (Crisis States Research Centre, DESTIN, London School of Economics, 2010) Fjeldstat, O-H. et Heggstad, K., The tax systems in Mozambique, Tanzania and Zambia (CMI CHR Michelsen Institute R 2011:3, 2011) Gemmell, N. et Morrissey, O., Distribution and poverty impacts of tax structure reform in developing countries: How little we know (Development Policy Review, 23.2: 131-44, 2005) FMI, Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Rapport par pays n° 13/92 (Washington D.C. : FMI, 2013) FMI, Macroeconomic policy frameworks for resource-rich developing countries (Washington D.C. : FMI, 2012) FMI, Revenue mobilisation in developing countries (Washington D.C. : FMI, 2011 Joshi, A., Pritchard, W. et Heady, C. (2013), Taxing the informal economy: Challenges, possibilities and remaining questions, Recherche ICTD dans Brief Issue 3 October 2013 (Londres : ICTD) Keen, M., Taxation and development – again, Document de travail du FMI DT/12/220 (Washington D.C. : FMI, 2012) Keen, M. et Mansour, M., Revenue mobilisation in sub-Saharan Africa: Challenges from globalisation, document de travail du FMI DT/09/157 (Washington D.C. : FMI, 2009) Moore, M., Obstacles to increasing tax revenues in low income countries, International Centre for Tax and Development (ICTD), Document de travail n° 15 (IDS et UNRISD, 2013 4. FMI, FMI Country Report No. 13/309 (Federal Democratic Republic of Ethiopia) (Washington, D.C. : FMI, 2013). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://www.FMI.org/external/pubs/ft/scr/2013/cr13309.pdf 5. FMI, FMI Country Report No. 12/200 (Zambie Consultation Article IV) (Washington, D.C. : FMI, 2012). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://www.FMI.org/external/pubs/ft/scr/2012/cr12200.pdf 6. BAD, Predicting Banking Crises in Developing Countries, Africa Economic and Financial Brief, Market Brief 4 (52) (2013). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/Market_ Brief_-_Africa_Economic_Financial_Brief_9-13_December_2013.pdf 7. Demirguc-Kunt, A., et Klapper, L., Measuring Financial Inclusion: The Global Findex Database, Policy Research Working Paper 6025 (Washington D.C. : Banque mondiale, 2012). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://elibrary.worldbank.org/ doi/pdf/10.1596/1813-9450-6025 8. Demirguc-Kunt, A., et Klapper, L., Measuring Financial Inclusion: The Global Findex Database, Policy Research Working Paper 6025 (Washington D.C. : Banque mondiale, 2012). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://elibrary.worldbank.org/ doi/pdf/10.1596/1813-9450-6025
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9. Jack, W. et Suri, T., The Economics of M-PESA (Washington, D.C. et Massachusetts : Georgetown University et MIT Sloan, 2010). Consulté le 11 avril 2014 à l’adresse www.mit.edu/~tavneet/M-PESA.pdf 10. EPRC, Uganda 2013 FINSCOPE III Survey Report Findings: Unlocking Barriers to Financial Inclusion (Economic Policy Research Centre Kampala, Ouganda, novembre 2013). 11. 49 km/1000 km2 12. Collier, P., Unlocking Private Finance for African Infrastructure, Social Europe Journal (2013). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.social-europe.eu/2013/11/unlocking-private-finance-african-infrastructure/ 13. PEI, Infrastructure Investor Africa: An Intelligence Report (Londres, New York, Singapour : PEI, 2011). 14. OCDE, Mapping Support for Africa’s Infrastructure Investment (Paris, France : OCDE, 2012). 15. ICA, ICA Annual Report 2012: Infrastructure Financing Trends in Africa (Tunis, Tunisie : ICA, 2012). Consulté le 11 avril 2014 à l’adresse http://www.icafrica.org/fileadmin/documents/Annual_Reports/ICA%20_AnnualReport%202012.pdf 16. Peterson, H.E., et Van der Lugt, S., Chinese Participation in African Infrastructure Development: The Case of the Democratic Republic of Congo and Zambia, rapport rédigé dans le cadre de la réunion sur les infrastructures du groupe d’étude ChineDAC (Pékin, Chine, septembre 2010) ; 17. Brixiova, Z., Mutambatsere, E., Ambert, C. et Etienne, D., Closing Africa’s Infrastructure Gap: Innovative Financing and Risks, Africa Economic Brief, 2(1), 4 (2011). 18. ICA, ICA Annual Report 2012: Infrastructure Financing Trends in Africa (Tunis, Tunisie : ICA, 2012). Consulté le 11 avril 2014 à l’adresse http://www.icafrica.org/fileadmin/documents/Annual_Reports/ICA%20_AnnualReport%202012.pdf. 19. OCDE, Mapping Support for Africa’s Infrastructure Investment (Paris, France : OCDE, 2012). 20. CDC, Focus on Africa and South Asia (2011). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.cdcgroup.com/What-wedo/Our-Mission/Focus-on-Africa-and-south-Asia/ 21. Collier, P., Unlocking Private Finance for African Infrastructure (2013), document présenté lors de la Réunion du groupe d’experts de l’Africa Progress Panel en novembre 2013, dont le thème était « Framing Finance for Africa’s Future: Resetting the Agenda ». 22. Collier, P., Unlocking Private Finance for African Infrastructure, Social Europe Journal (2013). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.social-europe.eu/2013/11/unlocking-private-finance-african-infrastructure/ 23. CDC Group Plc., Annual Report and Accounts 2012 (Londres, Royaume-Uni : CDC Group Plc, 2012). 24. Ces chiffres n’incluent pas l’Afrique du Sud 25. Membres du PIDG 26. Mozambique, Kenya, Éthiopie, Libéria, Nigéria et Tanzanie 27. BAfD, Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone and Guinea Networks Interconnection: Project Appraisal Report (Tunis, Tunisie : BAD, 2013). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.BAD.org/fileadmin/uploads/BAD/Documents/Projectand-Operations/Multinational_-_C%C3%B4te_d%E2%80%99Ivoire-Liberia-Sierra_Leone_and_Guinea_Electricity_Networks_ Interconnection_Project__CLSG__-_Appraisal_Report.pdf 28. Global Financial Integrity, Illicit Financial Flows from Developing Countries 2002 – 2011 (Washington, D.C. : Global Financial Integrity, 2013). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://iff.gfintegrity.org/iff2013/Illicit_Financial_Flows_ from_Developing_Countries_2002-2011-HighRes.pdf 29. FMI, West African Economic and Monetary Union (WAEMU), rapport des services du FMI sur les Politiques communes des États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), rapport par pays du FMI n° 13/92 (Washington D.C. : Fonds monétaire international, 2013). 30. Fjeldstad, O. et Heggstad, K., Building taxpayer culture in Mozambique, Tanzania and Zambia: Achievements, Challenges and Policy Recommendations, rapport du CMI R2012:1, (Bergen : Chr. Michelsen Institute, 2012). 31. Crivelli, C. et Gupta, S., Resource Blessing, Revenue Curse? Domestic Revenue Effort in Resource-Rich Countries, Document de travail du FMI DT/14/5 (Washington D.C. : Fonds monétaire international, 2014).
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32. Fjeldstad, O. et Heggstad, K., Building taxpayer culture in Mozambique, Tanzania and Zambia: Achiivements, Challenges and Policy Recommendations, rapport du CMI R2012:1 (Bergen : Chr. Michelsen Institute, 2012). 33. Joshi, A., Prichard, W. et Heady, C., Taxing Informal Economy: Challenges, Possibilities and Remaining Questions, document de travail de l’IDS, Volume 2013, n° 429 (Brighton : ICTD, 2013). 34. Keen, M. et Mansour, M., Revenue Mobilization in Sub-Saharan Africa: Challenges from Globalization and Trade Reform, Development Policy Review, Vol. 28(5), 553-571 (2010). 35. Fjeldstad, O. et Heggstad, K., Building taxpayer culture in Mozambique, Tanzania and Zambia: Achievements, Challenges and Policy Recommendations, rapport du CMI R2012:1 (Bergen : Chr. Michelsen Institute, 2012) ; Tidiane, K., The Quest for Non-Resource-Based FDI: Do Taxes Matter?, document de travail du FMI DT/14/15, (Washington D.C. : FMI, 2014). 36. Keen, M., Taxation and Development – Again. (DT/12/220) (Washington D.C. : FMI, 2012). 37. Voir le Rapport 2013 sur les progrès en Afrique, « Équité et industries extractives : la gestion des richesses minérales en Afrique » (Genève : APP, 2013). 38. Joshi, A., Prichard, W. et Heady, C., Taxing Informal Economy: Challenges, Possibilities and Remaining Questions, document de travail de l’IDS, Volume 2013, n° 429 (Brighton : ICTD, 2013). 39. Africa Research Institute (2013). For state and citizen: Reforming revenue administration in Burundi. Consulté le 15 avril 2014 à l’adresse http://www.africaresearchinstitute.org/publications/policy-voices/taxation-in-burundi/ 40. Fjeldstad, O. et Heggstad, K., Building taxpayer culture in Mozambique, Tanzania and Zambia: Achievements, Challenges and Policy Recommendations, rapport du CMI R2012:1, (Bergen : Chr. Michelsen Institute, 2012). 41. Fjeldstad, O. et Heggstad, K., Building taxpayer culture in Mozambique, Tanzania and Zambia: Achievements, Challenges and Policy Recommendations, Rapport du CMI R2012:1 (Bergen : Chr. Michelsen Institute, 2012). 42. Di John, J., Taxation, Resource Mobilization and State Performance, document de travail n° 84, série n° 2, Crisis States Research Centre (Londres : LSE, 2010). 43. Greenhill, R., Prizzon, A., et Rogerson, A., The age of choice: developing countries in the new aid landscape,rapport de synthèse (Londres : ODI, 2013). 44. OCDE, Le décrochage de l’aide aux pays pauvres se poursuit à mesure que les gouvernements serrent la vis budgétaire (2013). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.oecd.org/dac/stats/ aidtopoorcountriesslipsfurtherasgovernmentstightenbudgets.htm 45. Watkins, K. et Quattri, M. (2014). Lost in Intermediation: How excessive charges undermine the benefits of remittances for Africa. London: ODI. Consulté le 19 March 2014, http://www.odi.org.uk/sites/odi.org.uk/files/odi-assets/publicationsopinion-files/8901.pdf 46. OCDE, Development Aid at a Glance: Statistics on Africa (Paris : OCDE, 2013). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://www.oecd.org/dac/stats/Africa%20-%20Development%20Aid%20at%20a%20Glance%202013.pdf 47. Eurodad, A dangerous blend? The EU’s agenda to ‘blend’ public development finance with private finance (Bruxelles, Réseau européen sur la dette et le développement, 2013). Consulté le 12 avril 2014 à l’adresse http://eurodad.org/files/ pdf/527b70ce2ab2d.pdf 48. Cela requiert un élément de subvention d’au moins 25 % et des dispositions plus larges qui soient « accordées à des conditions de faveur ». 49. Manning, R., OECD is ignoring its definition of overseas aid, Financial Times (avril 2013). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://www.ft.com/cms/s/0/b3d73884-a056-11e2-88b6-00144feabdc0.html#axzz2v4etDGJl 50. Droodman, D., Undue Credit: Are France, Germany, and Japan subverting the definition of aid? (2014). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://davidroodman.com/blog/2014/02/06/undue-credit-are-france-germany-and-japan-subverting-thedefinition-of-aid-with-pricey-loans/ 51. FMI, Handbook of FMI Facilities for Low-Income Countries (Washington D.C. : FMI, 2012).
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52. Les clients de la BIRD sont des pays à revenu intermédiaire et des pays à faible revenu solvables. La banque classe un pays en fonction du niveau de richesse de ses habitants. Les pays à revenu intermédiaire sont ceux dont le revenu par habitant se situe entre 1 000 et 10 000 dollars environ, ce qui peut leur donner droit à des empruntsauprès de la BIRD. En général, les pays à faible revenu dont le revenu par habitant est inférieur à 1 000 dollars US ne peuvent pas bénéficier des facilités d’emprunt de la BIRD, à moins qu’ils soient solvables. 53. Depuis juin 2013, les taux de la BIRD pour les emprunts dépassant 15 à 18 ans sont généralement supérieurs de 0,85-1 % aux taux LIBOR, avec des frais initiaux de 0,25 %. 54. Le président de Prudential, Tidjane Thiam, est membre de l’Africa Progress Panel. 55. Blas, J., Africa Embraces Islamic Finance (Financial Times, décembre 2013). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http:// www.ft.com/intl/cms/s/0/54e5beb6-5750-11e3-9624-00144feabdc0.html ; Jacobs, S., Africa: Islamic Finance Looks South of the Sahara (EuroMoney, septembre 2013). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://www.euromoney.com/ Article/3255452/Africa-Islamic-finance-looks-south-of-the-Sahara.html?copyrightInfo=true 56. Sy, Amadou N.R., First Borrow: A growing number of countries in sub-Saharan Africa are tapping international capital markets (2013). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/2013/06/pdf/sy.pdf 57. African Magazine, Corporate Bonds (janvier 2014). Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://www.africaammagazine. com/tag/african-fixed-income/ 58. Long-Term Investment Financing for Growth and Development: Umbrella Paper, présenté lors de la Réunion du G20 des Ministres des finances et des gouverneurs de la Banque centrale (février 2013). Préparé par le personnel de la Banque mondiale et fondé sur les apports des services de l’OCDE, du FMI, de la CNUCED, de l’ONU DAES, du Groupe de la Banque mondiale et du Conseil de Stabilité Financière. Consulté le 26 mars 2014 à l’adresse http://www.g20india.gov.in/ pdfs/A-Long_Term_Financing_for_Growth_and_Development_February_2013_FINAL.pdf 59. BBC, Will Ethiopia’s Grand Renaissance Dam dry the Nile in Egypt? (mars 2014). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://www.bbc.com/news/world-africa-26679225 ; Deressa, T. et Mbaku, J.M., While Egypt Struggles, Ethiopia Builds over the Blue Nile: Controversies and the Way Forward (Washington, D.C. : Brookings Institute, 2013). Consulté le 14 avril 2014 à l’adresse http://www.brookings.edu/blogs/up-front/posts/2013/07/23-ethiopia-hydroelectric-power-plant-mbaku
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L’Africa Progress Panel soutient le développement de l’Afrique en surveillant les progrès accomplis, en attirant l’attention sur les opportunités et en catalysant les actions. MEMBRES DU PANEL M. Kofi Annan Président de l’Africa Progress Panel, ancien Secrétaire général des Nations Unies et lauréat du prix Nobel de la paix M. Michel Camdessus Ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) M. Peter Eigen Fondateur de l’ONG Transparency International et représentant spécial de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) M. Bob Geldof Musicien, homme d’affaires, fondateur et coordinateur du groupe Band Aid et des concerts Live Aid et live8, co-fondateur de l’ONG DATA (Debt, AIDS, Trade, Africa), conseiller de la campagne ONE et militant Mme Graça Machel Présidente de la Fondation pour le développement communautaire (FDC) et fondatrice de l’association New Faces New Voices M. Strive Masiyiwa Fondateur d’Econet Wireless Mme Linah Kelebogile Mohohlo Gouverneure de la banque centrale du Botswana M. Olusegun Obasanjo Ancien président du Nigéria M. Robert E. Rubin Co-président du conseil d’administration du Council on Foreign Relations (CFR) et ancien Secrétaire au Trésor des États-Unis M. Tidjane Thiam PDG de Prudential Plc.
Africa Progress Panel P.O. Box 157 1211 Genève 20 Suisse
[email protected] www.africaprogresspanel.org L’Africa Progress Panel imprime sur du papier recyclé
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