« 80 % de la population française est présente hors de France » Cet été, un rapport a été publié par le gouvernement sur les conditions de retour des Français expatriés. Une analyse complète qui met en avant 50 propositions à leur attention. L’objectif est d’améliorer le quotidien en France de nos concitoyens exilés qui, selon le rapport, sont nombreux à rentrer. Pourtant, les statistiques rappellent une autre réalité : la tendance à l’expatriation continue de progresser en France. En 2014, déjà 1,5 à 2 millions de Français se sont installés hors des frontières nationales, selon une étude réalisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris (CCIP). Aujourd’hui, d’après le gouvernement, on en compte 2,5 millions. Jusqu’ici, la principale motivation du départ était professionnelle. Mais, alors que l’Etat réadapte ses mesures en faveur des expatriés, on en vient à s’interroger sur les attentes réelles du mouvement massif d’émigration en France. « 80 % de la population française est présente hors de France » Cette année, l’Alliance Solidaire des Français de l’Etranger (ASFE), une association politique à vocation internationale qui défend les intérêts des Français établis hors de France, s’est intéressée aux préoccupations des expatriés français. Dans leur enquête, sur un panel de 25 100 personnes, on découvre que plus de 20 % de français se sont installés entre 5 et 10 ans à l’étranger. Et près de 80 % y résident depuis 10 ans ou plus. Une information qui questionne la probabilité, et surtout l’intention du retour des Français, avancée positivement par le gouvernement, dans son rapport. Plus probant, elle suscite aussi des questionnements quant aux raisons de s’établir, dans la durée, hors de France. Des séjours longs pour l’emploi, mais pas seulement Quand on interroge la communauté française d’ailleurs, 45 % considèrent l’étranger lorsque l’emploi entre en jeu. Mais au-delà de l’opportunité professionnelle, trois autres motifs incitent les français à prendre leur exil. D’un côté, 31 % de français se disent favorables à une installation à l’étranger dans un cadre familial. De l’autre, 19 % ont soit un projet aventureux, propulsé par une soif de changement ; soit une attitude réfractaire au contexte politique et social français. Des motivations variées qui brisent le stéréotype de l’expatrié classique professionnel. Mais qui pointent aussi des failles, au niveau du gouvernement. La mondialisation n’atteint pas les jeunes Les jeunes français sont à tort considérés comme les plus mobiles. Très peu sont concernés par les départs à l’étranger. Seulement 5 % de la population interrogée poursuivent leurs études hors de France, alors que le gouvernement encourage les
jeunes à l’expérience internationale. Des partenariats bi-latéraux ont déjà été développés avec des universités étrangères, en Europe et au-delà. Plus récent : lors d’un comité ce mois-ci, la Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports a réaffirmé son soutien, en annonçant le lancement prochain d’un portail « mobilité ». Une autre mesure qui incite les jeunes à s’ouvrir à la mondialisation. Pourquoi alors la jeunesse française franchit-elle difficilement les frontières ? Et s’il fallait revoir les politiques françaises de mobilité internationale ? Du coté des expatriés, on blâme le réseau français, peu présent au-delà de l’Hexagone. 8 % affirment que les établissements d’enseignement « à la française » sont difficilement accessibles. Un élément à retravailler en urgence puisqu’il freine la scolarisation des jeunes à l’international. Certains expatriés en viennent même à étudier la possibilité du retour en France. Le retour en France : la solution ? Partir à l’étranger n’offre pas systématiquement de meilleures conditions de vie. Mais faut-il pour autant choisir la France ? Sur cette question, la réflexion n’est pas la même pour tout le monde. Si 36 % s’estiment satisfaits de leur quotidien à l’étranger, d’autres ne sont pas de cet avis. En dehors des difficultés d’accès aux réseaux français de l’étranger, des améliorations à d’autres niveaux sont à prévoir. Parmi les plus marquantes, 14 % revendiquent un accompagnement dans les démarches administratives. Un souhait qui concerne surtout les expatriés français en situation d’urgence, comme dans le cas où la santé intervient : 9 % sont pour une clarification du système sanitaire et de sécurité sociale à l’étranger. Un point qui n’est pas discutable en France puisque le gouvernement s’engage à placer « la simplification » au cœur de la réadaptation sociale, économique et culturelle des expatriés en France.
AC