2e journée d'études sur la qualité de l'emploi – La surqualification ...

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INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

2e journée d’études sur la qualité de l’emploi La surqualification professionnelle

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Dans le cadre de ses travaux portant sur le domaine du travail, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), en collaboration avec l’INRS-Urbanisation Culture Société, tiendra une deuxième journée d’études sur la qualité de l’emploi qui aura pour thème la surqualification professionnelle. Cette initiative vise, d’une part, à faire connaître des travaux récents sur le sujet et, d’autre part, à permettre aux participants de donner leur point de vue et leur perspective au regard de cette problématique particulière.

Ce document a pour objectifs de présenter la démarche de l’ISQ et de fournir de l’information sur le programme de la journée, les conférenciers invités et leur présentation. Le coût de cette activité a été fixé à 100 $. Ces frais comprennent un repas du midi, les pauses-café, un cocktail et les documents imprimés. De plus, chaque participant recevra un exemplaire du livre La surqualification au Québec et au Canada (sous la direction de Mircea Vultur, Presses de l’Université Laval, 2014).

L’activité se tiendra sur une journée et demie et aura lieu les 23 et 24 avril 2014 dans les locaux de l’INRS à Montréal (salle 2109) au 385, rue Sherbrooke Est. L’INRS se trouve au coin des rues Saint-Denis et Sherbrooke et on peut y accéder rapidement via le métro Sherbrooke (ligne orange).

Vous pouvez vous inscrire dès maintenant à partir du formulaire d’inscription mis en ligne. Le nombre de places est limité à 100 personnes. Pour d’autres précisions sur l’activité, vous pouvez communiquer avec M. Luc Cloutier-Villeneuve par téléphone (514 876-4384, poste 6207) ou par courriel ([email protected]).

Démarche de l’ISQ La surqualification professionnelle fait partie intégrante des dimensions de la qualité de l’emploi En rapport avec ses travaux portant sur la qualité de l’emploi, l’ISQ a développé un cadre conceptuel qui comprend neuf dimensions; celles-ci sont généralement mentionnées dans la littérature (Cloutier, 2008). La qualification est l’une de ces dimensions. Dans les travaux de recherche et d’analyse, on l’associe souvent au développement des compétences et à la formation (Eurofound, 2008, 2002; Lescheke et coll., 2008). Cependant, ces indicateurs correspondent plus à la nature intrinsèque de l’emploi et se rapprochent davantage de la qualité du travail, soit au niveau micro de l’analyse du marché du travail (Cloutier, 2011 : 1-2). Or, la question de la qualification dans les travaux de l’ISQ a été plutôt abordée selon une autre perspective, c’est-à-dire une approche qui intègre à la

fois le degré de qualification de l’emploi et l’adéquation entre les qualifications du travailleur et son emploi. La dimension « qualification » renvoie donc, d’une part, au fait que l’emploi est plus qualifié (niveaux de compétence : gestion, professionnel et technique) ou moins qualifié (intermédiaire et élémentaire) et, d’autre part, au fait que le travailleur est qualifié ou surqualifié dans son emploi. Cette approche a d’ailleurs été retenue par la Commission économique des Nations-Unies pour l’Europe (UNECE, 2010) dans son étude portant sur la mesure de la qualité de l’emploi. Ainsi, en s’intéressant à la question de la surqualification, c’est un aspect particulier de la qualité de l’emploi qui est examiné.

Pourquoi s’intéresser à la surqualification aujourd’hui? La réponse à cette question pourrait être fort simple : au Québec, en 2012, environ 3 travailleurs sur 10 sont surqualifiés. Ainsi, le phénomène de la surqualification est loin d’être marginal et s’accroît de façon continue depuis les 20 dernières années, et deviendrait même structurel (Kilolo-Malambwe, 2014). En termes absolus, en 2012, ce sont plus de 1 120 000 travailleurs qui présentent un niveau d’études dépassant celui normalement exigé par leur emploi. L’intérêt au regard de la surqualification professionnelle peut se situer à différents niveaux : au niveau du travailleur (niveau micro), à celui de l’emploi (niveau méso) ou encore à celui du marché du travail (niveau macro). Par exemple, il est intéressant d’étudier la surqualification en lien avec l’insertion sur le marché du travail, les perspectives de carrière (Béduwé, 2004) ou encore avec

la satisfaction au travail (Allen et van der Velden, 2001) ou la santé (Chen et coll., 2010; Büchel, 2002). Souvent, les jeunes travailleurs et les immigrants expérimentent davantage la surqualification et cela peut avoir un impact déterminant sur la suite de leur carrière. Bien évidemment, le fait de vivre la surqualification peut entraîner une forte insatisfaction personnelle qui, elle, peut se traduire par des problèmes de santé. En ce qui concerne l’emploi, plusieurs études examinent la relation entre le rendement salarial et la surqualification (Boudarbat et Montmarquette, 2013). Les travailleurs surqualifiés sont-ils effectivement condamnés à des gains salariaux moindres? Enfin, à un niveau macro, la surqualification demeure un indicateur clef de l’adéquation formation-emploi. De fait, plus le degré de surqualification est élevé, plus le décalage entre le système d’éducation et de formation et le marché du travail est grand.

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Mais qu’entend-on par surqualification professionnelle? Surqualification, suréducation, surcompétence, inadéquation des compétences ou des qualifications, déclassement, etc., les qualificatifs ne manquent pas pour désigner le décalage qui existe entre les qualifications des travailleurs et la formation exigée par les emplois occupés. Ainsi, la mesure de la surqualification peut faire l’objet de différentes approches qu’il convient de distinguer, car l’importance et le sens observé du phénomène varieront en conséquence. Dans une récente étude de l’OCDE (2011), deux approches sont proposées : celle dite statistique qui s’appuie sur la correspondance entre le niveau d’études exigé généralement par l’emploi et celui du travailleur, et l’approche subjective qui vise plutôt à déterminer par

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l’entremise du travailleur le décalage potentiel entre ses compétences et celles exigées par l’emploi occupé. Chacune de ces approches comporte ses forces et ses faiblesses et il convient de bien les situer dans toute démarche d’analyse de la surqualification professionnelle. Le point de vue des travailleurs sur la question est souvent mis en perspective avec les enquêtes portant sur l’éducation (OCDE, 2013; OCDE et Statistique Canada, 2005), alors que la mesure statistique est davantage dérivée des enquêtes dans le domaine du travail et de l’emploi. Quoi qu’il en soit, la surqualification est un phénomène universel dont l’ampleur demeure toutefois variable.

Une réalité qui n’est pas propre au Québec On ne sera pas surpris d’apprendre que le phénomène de la surqualification touche tous les pays développés; cependant, des différences importantes sont observées. Ainsi, selon des données de 2005 (OCDE, 2011), la surqualification (approche statistique) toucherait jusqu’à 40 % des travailleurs aux Pays-Bas ainsi qu’en Australie. Les États-Unis ne seraient pas en reste avec un taux avoisinant les 37 %, tandis que le Canada (incluant le Québec) serait sous la barre des 25 %. Ces écarts dans le taux de surqualification entre les pays révèlent ainsi des dynamiques particulières sur le plan de l’arrimage entre la formation formelle et l’emploi.

Par ailleurs, dans le cadre de la 19e Conférence internationale des statisticiens du travail tenue en 2013, l’inadéquation des compétences (sous-qualification et surqualification) a fait l’objet de discussions afin qu’elle devienne, un jour ou l’autre, une autre mesure de la sous-utilisation de la main-d’œuvre, mais aussi de la qualité de l’emploi (BIT, 2013 : 21-22). À l’échelle internationale, le sujet est dès lors inscrit dans le développement des statistiques officielles du travail. En somme, la surqualification professionnelle est toujours un sujet très pertinent, ici comme ailleurs. Reste à savoir quelle sera son évolution au Québec au cours de la prochaine décennie, compte tenu de l’important bassin de main-d’œuvre qui devra être remplacé.

L’approche retenue par l’ISQ dans le cadre de ses journées d’études sur la qualité de l’emploi Après avoir tenu une première journée d’études sur la qualité de l’emploi en 2011, qui visait à définir ce dernier concept et son application, l’ISQ, en collaboration avec l’INRS, a décidé d’en organiser une deuxième; cette fois, une thématique particulière sera abordée, soit la surqualification professionnelle. Cette activité, par l’intermédiaire de ses diverses présentations, a pour but de permettre aux multiples intervenants du monde de l’éducation et du travail de discuter de ce sujet. L’ISQ souhaite ainsi alimenter les travaux futurs portant sur la qualité de l’emploi au sein des milieux de travail interpellés. Comme l’ISQ veut créer un contexte favorable pour la discussion, il a restreint le nombre de conférenciers invités; cela permettra en effet de consacrer une partie importante du colloque aux échanges entre les participants. La question de la surqualification professionnelle est susceptible d’intéresser plusieurs intervenants du marché du travail. L’ISQ invite donc le milieu de la gouverne, celui de la recherche, les représentants patronaux et

syndicaux, les organismes publics et communautaires, les associations, les entreprises et les particuliers à participer à cette activité. Le fait de réunir des intervenants de divers horizons cadre bien avec cette thématique qui pourrait se retrouver dans de multiples milieux de travail. Cette deuxième journée d’études sur la qualité de l’emploi se déroulera en une journée et demie et se divise en trois parties. Dans un premier temps, soit le matin de la première journée, il sera question de la mesure de la surqualification et d’un état des lieux au Québec. Par la suite, en après-midi, les comparaisons et les enjeux de la surqualification seront examinés. Également, une table ronde aura lieu sur le sujet réunissant cinq intervenants de même que le lancement de l’ouvrage collectif La surqualification au Québec et au Canada. Enfin, soit le matin de la deuxième journée, il sera question de la qualification, de la surqualification et de la qualité de l’emploi. Le programme du colloque est présenté à la page suivante.

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Programmation 23 avril 2014 AM

La mesure de la surqualification et état des lieux

8 h 00 – 8 h 45

Accueil des participants

8 h 45 – 9 h 00

Mot de bienvenue aux participants de la deuxième journée d’études sur la qualité de l’emploi de l’ISQ Pierre Cauchon (Directeur général adjoint, Direction générale adjointe aux statistiques et à l’analyse économiques, ISQ) et Claire Poitras (Directrice du Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS)

9 h 00 – 9 h 20

Discours d’ouverture L’économie du Québec : ce que nous avons accompli et ce qu’il nous reste à faire Pierre Fortin, Professeur émérite d’économie, UQÀM

9 h 20 – 9 h 50

Comment mesurer la surqualification? Claude Montmarquette, Professeur émérite d’économie, Université de Montréal

9 h 50 – 10 h 20

La surqualification des travailleurs dans les différentes industries au Québec : portrait évolutif selon le genre et effets sur la rémunération Jean-Marc Kilolo-Malambwe, Analyste en statistiques du travail, ISQ

10 h 20 – 10 h 40

Discutante Christine Lessard, Agente de recherche, Institut de la statistique du Québec

10 h 40 – 11 h 00

Pause santé

11 h 00 – 12 h 00

Période d’échange avec les participants

12 h 00 – 13 h 15

Dîner (servi sur place)

PM

Comparaisons et enjeux de la surqualification

13 h 15 – 13 h 30

Mot d’introduction sur la thématique retenue pour cette 2e journée d’études Luc Cloutier-Villeneuve, Analyste en statistiques du travail, ISQ

13 h 30 – 14 h 00

Prévalence et évolution de la surqualification dans les régions métropolitaines de Montréal, de Toronto et de Vancouver Brahim Boudarbat, Professeur agrégé, École des relations industrielles, Université de Montréal

14 h 00 – 14 h 30

Surqualification et origine immigrée : une analyse statistique des travailleurs salariés du Québec incluant une comparaison selon le type d’agglomérations Jacques Ledent, Professeur, INRS

14 h 30 – 15 h 15

Période d’échanges avec les participants

15 h 15 – 15 h 30

Mise en contexte de la table ronde sur la surqualification Dalil Maschino, Directeur, Emploi-Québec

15 h 30 – 15 h 50

Pause santé

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15 h 50 – 17 h 15

17 h 15

Table ronde sur les enjeux de la surqualification Denise Boucher, Vice-présidente, Confédération des syndicats nationaux Nikolas Ducharme, Secrétaire adjoint à la jeunesse, Secrétariat à la jeunesse Anne-Marie Fadel, Directrice, Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles Florent Francoeur, Président-directeur général, Ordre des conseillers en ressources humaines agréés Animation : Mircea Vultur, INRS Lancement du livre La surqualification au Québec et au Canada, sous la direction de Mircea Vultur, PUL, 2014. Vin d’honneur

24 avril 2014 AM

Qualification, surqualification et qualité de l’emploi

8 h 00 – 8 h 45

Accueil des participants

8 h 45 – 9 h 00

Mot d’introduction Patrice Gauthier, Directeur, Direction des statistiques du travail et de la rémunération, ISQ

9 h 00 – 9 h 30

La surqualification des nouveaux diplômés universitaires au Canada Sébastien LaRochelle-Côté, Rédacteur en chef, Regards sur la société canadienne, Statistique Canada

9 h 30 – 10 h 00

Qualification de l’emploi, qualification des travailleurs et qualité de l’emploi : comment se conjuguent ces trois réalités selon le genre au Québec? Luc Cloutier-Villeneuve, Analyste en statistiques du travail, ISQ

10 h 00 – 10 h 20

Discutante Marie-Josée Legault, professeure de relations de travail, École des sciences de l’administration-Téluq, Université du Québec

10 h 20 – 10 h 40

Pause santé

10 h 40 – 11 h 30

Période d’échange avec les participants

11 h 30 – 11 h 50

Synthèse des discussions Daniel Mercure, Professeur titulaire, Département de sociologie, Université Laval

11 h 50

Mot de la fin Patrice Gauthier, Directeur, Direction des statistiques du travail et de la rémunération, ISQ

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Table ronde

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Selon les perspectives à long terme d’Emploi-Québec (2012), le Québec aura à pourvoir 1,4 million d’emplois entre 2012 et 2021. Ce sont 80 % de ceux-ci, soit 1,1 million d’emplois, qui viendront du remplacement de la main-d’œuvre qui partira à la retraite. Le reste des emplois à pourvoir (264 000) résultera de la croissance

Pour en discuter, une table ronde aura lieu à l’occasion de la deuxième journée d’études sur la qualité de l’emploi de l’ISQ qui sera animée par Mircea Vultur de l’INRS. Quatre intervenants offrant différentes approches de la question en feront partie. Y seront présents, Denise Boucher de la CSN, Nikolas Ducharme du

économique. Plus particulièrement, Emploi-Québec estime que plus de la moitié des emplois à combler (56 %) le seront par les personnes âgées de 15-34 ans. De son côté, l’immigration fournira 17 % de la maind’œuvre. C’est donc dire que près des trois quarts des emplois disponibles seront pourvus par les jeunes et les immigrants. Ces perspectives révèlent donc un marché du travail québécois fort dynamique au cours des prochaines années. Est-ce que ce nouveau contexte jouera en faveur d’une réduction de la surqualification?

Secrétariat à la jeunesse, Anne-Marie Fadel du Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles ainsi que Florent Francoeur de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Également, une mise en contexte de l’évolution du marché du travail – horizon 2012-2021, sera faite en guise d’introduction à cette table ronde par Dalil Maschino d’Emploi-Québec.

Questions qui seront soulevées à l’occasion de cette table ronde La tendance à la hausse de la surqualification estelle là pour durer ou un meilleur arrimage entre les qualifications des travailleurs et les exigences des emplois nouvellement disponibles est envisageable?

futurs en main-d’œuvre qualifiée et non qualifiée? Comment celles-ci gèrent-elles la problématique de la surqualification et comment la géreront-elles dans les prochaines années? La surqualification des travailleurs

Les jeunes qui feront leur entrée sur le marché du travail devront-ils passer nécessairement par des emplois en deçà de leurs qualifications? Devront-ils plutôt s’orienter vers les professions en demande que vers les professions qui les interpellent? De leur côté, les immigrants récents seront-ils condamnés à vivre une intégration professionnelle marquée par la surqualification malgré leur niveau de qualification élevé? Qu’est-ce qui pourrait faciliter leur maîtrise du français ou encore la reconnaissance de leurs diplômes qui sont deux facteurs déterminants de leur surqualification (OCDE, 2007, 2011)? Pour les entreprises, quels sont les défis qui se présentent au regard des besoins

constitue-t-elle un avantage ou un désavantage dans leur développement? Enfin, comment les pouvoirs publics entrevoient-ils le remplacement d’une part importante de la main-d’œuvre québécoise sur le plan de l’arrimage entre la formation formelle et les besoins sur le marché du travail? Les efforts déployés dans les milieux de l’éducation et de la formation de la maind’œuvre, notamment en rapport avec l’orientation des choix de carrière ou encore la reconnaissance des acquis et des compétences, permettront-ils une plus grande adéquation entre les profils des travailleurs et ceux des emplois disponibles?

Conférenciers invités et résumé des présentations Pierre Fortin

Claude Montmarquette

Professeur émérite d’économie Université du Québec à Montréal [email protected]

Professeur émérite d’économie Université du Québec à Montréal [email protected]

L’économie du Québec : ce que nous avons accompli et ce qu’il nous reste à faire

Comment mesurer la surqualification?

Le taux d’emploi de la population de 15 à 64 ans du Québec a maintenant rattrapé celui de l’Ontario et il dépasse celui des cinq autres provinces canadiennes non productrices de pétrole. Il importe de comprendre comment et pourquoi cet essor surprenant s’est produit, après tant d’années de chômage dans les deux chiffres. Il importe aussi de réfléchir à l’avenir que nous réservent les diverses forces qui vont s’appliquer à notre taux d’emploi et à la structure de nos emplois. On peut penser, entre autres, au déclin de l’emploi manufacturier, à l’évolution de notre taux de sans-diplôme, au choc démographique, à la concurrence des pays émergents et aux changements technologiques à venir. M. Fortin discutera de ce que nous avons accompli et aura des idées précises à proposer sur ce qu’il nous reste à faire pour continuer à réussir en matière d’emploi.

Lorsque la situation d’emploi d’un travailleur est caractérisée par un niveau de formation qui dépasse celui normalement requis pour l’emploi occupé, le travailleur se retrouve en situation de déclassement ou de surqualification. C’est une conception du phénomène de la surqualification qui donne lieu à plusieurs approches ou méthodes de mesure qui se distinguent par la manière dont elle aborde le niveau d’études requis. La littérature distingue 4 approches pour mesurer la surqualification : 1- l’approche subjective directe de l’autoévaluation, 2- l’approche subjective indirecte de l’autoévaluation, 3- l’approche des concordances réalisées (RM – realized matches), appelée aussi approche statistique et 4- l’approche objective de l’analyse des professions. Chacune des approches sera présentée de même que ses avantages et limites.

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Jean-Marc Kilolo-Malambwe

Brahim Boudarbat

Analyste en statistiques du travail Institut de la statistique du Québec [email protected]

Professeur agrégé École des relations industrielles, Université de Montréal [email protected]

La surqualification des travailleurs dans les différentes industries au Québec : portrait évolutif selon le genre et effets sur la rémunération

Prévalence et évolution de la surqualification dans les régions métropolitaines de Montréal, de Toronto et de Vancouver

Dans cette présentation, nous dressons un portrait évolutif de la surqualification au Québec, en examinant les taux de surqualification dans les 15 industries en 2011 et en 1990, selon le genre. Il ressort de cette étude que la hausse de la surqualification est un phénomène structurel, puisqu’elle s’observe même en période de récession (début des années 1990 et en 2009). Pour comprendre cette réalité, nous comparons l’évolution de l’emploi selon le niveau d’études (indicateur de l’offre de travail) avec celle de l’emploi selon les catégories professionnelles (indicateur de la demande de travail). Il ressort de cet exercice que l’emploi des personnes diplômées aux niveaux postsecondaire et universitaire a crû plus rapidement que celui de la catégorie professionnelle. La surqualification s’explique donc, du moins en partie, par des contraintes de capacité d’absorption de la main-d’œuvre qualifiée. Par ailleurs, cette recherche propose une modélisation des déterminants de la surqualification au Québec. La prise en compte des caractéristiques reliées à l’employé, à l’emploi et au milieu de travail, dans cette analyse probabiliste, montre que le risque d’être surqualifié est statistiquement lié au sexe, à l’âge, au statut d’immigration et au niveau d’éducation. Enfin, en mesurant l’effet de la surqualification sur la rémunération, on s’aperçoit que les travailleurs surqualifiés gagnent moins que la rémunération à laquelle ils sont en droit de s’attendre compte tenu de leur formation.

Dans cette présentation, nous examinons l’évolution du taux de surqualification de 1991 à 2011 dans les régions métropolitaines de Montréal, de Toronto et de Vancouver. Les données proviennent du Recensement du Canada et de l’Enquête sur la population active, et se rapportent aux travailleurs de 15 à 64 ans qui ont un diplôme de leur province. Pour la mesure de la surqualification, nous avons fait appel à la Classification nationale des professions (CNP), qui associe à chaque profession le niveau de compétence normalement requis pour l’exercer. D’après nos résultats, le taux de surqualification des diplômés à Montréal s’établissait à 29 % en 1991 et en 2001; il est passé à 32 % en 2006 et s’est maintenu à ce niveau jusqu’en 2011. À Toronto, le taux de surqualification des diplômés est passé de 27 % en 2001 à 29 % en 2006, puis à 31 % en 2011, un taux maintenant comparable à celui de Montréal. Vancouver montre un taux de surqualification constant qui se situait aux environs de 30 % entre 1991 et 2011. Dans la région de Montréal, les travailleurs les plus à risque d’être surqualifiés dans leur emploi sont les diplômés des écoles de métiers, et ceux qui occupent des emplois dans les « Ventes et services », les « Professions propres au secteur primaire » et dans l’industrie « Transformation, fabrication et services d’utilité publique ». Enfin, nous avons constaté que le niveau de qualification des travailleurs a progressé plus rapidement que celui qu’exigent les emplois créés par le marché du travail. Naturellement, ce déséquilibre exerce une pression à la hausse sur le taux de surqualification.

Jacques Ledent

Sébastien LaRochelle-Côté

Professeur Institut national de la recherche scientifique [email protected]

Rédacteur en chef, Regards sur la société canadienne Statistique Canada [email protected]

Surqualification et origine immigrée : une analyse statistique des travailleurs salariés du Québec incluant une comparaison selon le type d’agglomérations

La surqualification des nouveaux diplômés universitaires au Canada

Cette présentation vise à mettre en évidence le rôle de l’origine immigrée dans le phénomène de la surqualification des travailleurs salariés du Québec. Elle se décline en 4 parties poursuivant autant d’objectifs distincts. 1- Évaluer l’écart de surqualification entre les salariés d’origine immigrée (nés hors Canada et/ou appartenant à une minorité visible) et le reste des salariés (nés au Canada et n’appartenant pas à une minorité visible), et ce, avant et après contrôle pour des différences de composition observées entre les deux groupes en matière de caractéristiques personnelles; 2- Estimer et comparer les impacts des deux marqueurs de l’origine immigrée (naissance hors Canada et appartenance à une minorité visible), avant et après introduction des variables de contrôle; 3- Préciser l’influence différentielle des deux marqueurs de l’origine immigrée selon la période d’immigration (pour les salariés nés hors Canada) et selon le groupe d’appartenance (pour ceux appartenant à une minorité visible); 4- Évaluer l’influence sur la surqualification des caractéristiques personnelles (caractéristiques sociodémographiques et variables de capital humain) parmi les salariés d’origine immigrée, tout en offrant une comparaison avec l’influence correspondante parmi le reste des salariés. L’analyse présentée est menée à l’échelle du Québec et, sauf en ce qui concerne la quatrième partie, elle inclut également un examen des variations observées selon le type d’agglomérations : 1- RMR de Montréal; 2- RMR de Gatineau et de Québec; 3- Autres agglomérations (les autres RMR ainsi que les AR); 4- hors agglomérations. La présentation s’achève par une courte discussion des résultats axée sur les implications pour les politiques publiques.

Au cours des dernières décennies, la part des jeunes travailleurs qui possèdent un diplôme universitaire a augmenté, particulièrement chez les femmes. En effet, de 1991 à 2011, la proportion des travailleurs âgés de 25 à 34 ans qui étaient titulaires d’un diplôme universitaire est passée de 17 % à 27 % chez les hommes, et de 19 % à 40 % chez les femmes. En conséquence, de plus en plus de jeunes travailleurs occupent des postes de « professionnels », que l’on définit comme étant les professions qui exigent normalement une formation universitaire. Toutefois, une certaine proportion de nouveaux diplômés se retrouvent toujours dans des professions exigeant de plus faibles compétences – par exemple celles qui exigent une formation de niveau secondaire ou moins. Avec l’aide des données de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) et des Recensements de 1991 à 2006, cette présentation fournira des réponses aux questions suivantes : 1- La proportion des jeunes universitaires « surqualifiés », soit ceux qui occupent des emplois exigeant de plus faibles compétences, est-elle en hausse au Canada?; 2- Les femmes sont-elles plus susceptibles d’être surqualifiées que les hommes?; 3- Dans quelle mesure les résultats des immigrants se distinguent-ils des autres?; 4- Quels sont les autres facteurs pouvant être associés à une probabilité plus élevée d’être en situation de surqualification? La présentation sera effectuée par Sébastien LaRochelle-Côté, sur la base d’un article écrit en collaboration avec M. Sharanjit Uppal.

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Luc Cloutier-Villeneuve Analyste en statistiques du travail Institut de la statistique du Québec [email protected]

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Qualification de l’emploi, qualification des travailleurs et qualité de l’emploi : comment se conjuguent ces trois réalités selon le genre au Québec? L’adéquation entre la qualification des emplois et celle des travailleuses et des travailleurs est d’une importance cruciale dans une économie basée de plus en plus sur la connaissance (Foray, 2009). Par ailleurs, dans un contexte où le marché du travail québécois verra ses besoins en main-d’œuvre hautement qualifiée s’accroître de façon non négligeable dans les prochaines années (Emploi-Québec, 2002), en raison notamment des nombreux départs à la retraite, la question de la qualité des emplois est plus que jamais d’actualité. Cette présentation pose, dans un premier temps, un regard rétrospectif sur l’adéquation entre les qualifications des emplois et celles des travailleurs à partir d’une nouvelle catégorisation qui tient compte du fait que l’emploi est hautement qualifié ou moins qualifié et du fait que le travailleur est qualifié ou surqualifié dans son emploi. Dans un deuxième temps, et à partir de cette catégorisation,

la communication dresse un portrait inédit et détaillé de la qualité de l’emploi au Québec selon 14 indicateurs faisant partie des 9 dimensions du cadre conceptuel de l’ISQ (Cloutier, 2008). L’analyse différenciée selon le sexe est prise en compte dans ce dernier cas. Les résultats généraux indiquent qu’il y a eu une hausse appréciable du nombre d’emplois hautement qualifiés, mais aussi du nombre de travailleurs surqualifiés entre les années 1990 et 2012. De plus, autant chez les femmes que chez les hommes, ce sont les personnes occupant des emplois hautement qualifiés qui obtiennent la meilleure qualité de l’emploi. Toutefois, la situation des hommes sur le plan de la qualité de l’emploi est souvent meilleure que celle des femmes. L’Enquête sur la population active de même que l’Enquête québécoise sur des conditions de travail, d’emploi et de santé et de sécurité du travail (EQCOTESST) sont mises à contribution.

Documents consultés ALLEN, Jim, et Rolf van der VELDEN (2001). “Educational mismatches versus skill mismatches: effects on wages, job satisfaction, and on-the-job search”, Oxford Economic Papers, vol. 53, no 3, p. 434-452.

Cloutier, Luc (2008). La qualité de l’emploi au Québec. Développements conceptuels et création d’une typologie. État actuel de la réflexion, Québec, Institut de la statistique du Québec, 47 p.

BÉDUWÉ, Catherine (2004). « L’emploi non qualifié dans les trajectoires professionnelles de jeunes débutants », dans Le travail non qualifié, permanences et paradoxes, sous la direction de Dominique Méda et Francis Vennat, Paris, La Découverte, chapitre 15, p. 269-284.

EMPLOI-QUÉBEC (2012). Le marché du travail au Québec. Perspectives à long terme 2012-2021, Québec, Gouvernement du Québec, 44 p.

BOUDARBAT, Brahim, et Claude MONTMARQUETTE (2013). Origine et sources de la surqualification dans la région métropolitaine de Montréal, Rapport de projet, Montréal, CIRANO, 113 p. BÜCHEL, Felix (2000). “The Effects of Overeducation on Productivity in Germany – The Firms’ Viewpoint”, Institute for the Study of Labor, Discussion Paper Series, no 216, 32 p.

EUROPEAN FOUNDATION FOR THE IMPROVEMENT OF WORKING CONDITIONS (EUROFOUND) (2008). ERM Report 2008: More and better jobs: Patterns of employment expansion in Europe, Dublin, 102 p. EUROPEAN FOUNDATION FOR THE IMPROVEMENT OF WORKING CONDITIONS (EUROFOUND) (2002). Quality of work and employment in Europe: issues and challenges, Dublin, 36 p.

BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL (2013). Statistiques du travail, de l’emploi et de la sous-utilisation de la main-d’œuvre, Rapport 2, 19e Conférence internationale des statisticiens du travail, Genève, 80 p.

KILOLO-MALAMBWE, Jean-Marc (2014). « La surqualification des travailleurs québécois selon l’industrie : portrait évolutif selon le genre et effets sur la rémunération », dans (à paraître) La surqualification au Québec et au Canada, sous la direction de Mircea Vultur, Presses de l’Université Laval. (Sociologie contemporaine).

CHEN, Cynthia, Peter SMITH et Cameron MUSTARD (2009). “The prevalence of over-qualification and its association with health status among occupationally active new immigrants to Canada”, Ethnicity & Health, vol. 15, no 6, p. 601-619.

LESCHKE, Janine, Andrew WATT et Mairéad Finn (2008). Putting a number of job quality? Constructing a European Job Quality Index, Brussels, European Trade Union Institute for Research, Education and Health and Safety (ETUI-REHS), 25 p.

CLOUTIER, Luc (2011). « Les trois niveaux d’analyse du marché du travail », Flash-info, vol. 12, no 1, p. 1-2.

ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES (OCDE) (2013). Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013 – premiers résultats de l’évaluation des compétences des adultes, Paris, Éditions OCDE, 466 p.

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ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES (OCDE) et Statistique Canada (2005). Apprentissage et réussite – Premiers résultats de l’enquête sur la littératie et les compétences des adultes, Paris, Éditions OCDE, 338 p. United Nations Economic Commission for Europe (UNECE) (2010). Measuring Quality of Employment. Country Pilot Reports. United Nations, Geneva, 226 p.

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200, chemin Sainte-Foy, Québec (Québec) G1R 5T4 Tél. : 418 691-2401 1 800 463-4090 (sans frais) Téléc. : 418 643-4129

Révision linguistique : Nicole Descroisselles, Direction des communications Conception graphique : Marie-Eve Cantin, Direction des communications

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