Votre vie privée
Si le vert franchit l’anneau central, le cobaye dépasse les 0,5 g/l.
Les quatre étapes de nos essais
Depuis le 1er juillet, chacun doit en avoir un dans sa voiture. Mais attention : nous avons constaté que, électroniques ou chimiques, ils affichent souvent des taux d’alcoolémie inexacts.
PHOTOS : J. BER
publics qu’ils peuvent dire merci. Après les barrières de piscine en 2004, les gilets orange en 2008 et en attendant les détecteurs d’incendie dans chaque maison en 2015, l’Etat a encore cédé au lobbying d’une association de professionnels pour accoucher d’une norme : depuis le 1er juillet, les 38 millions d’automobilistes français doivent avoir un éthylotest non usagé dans leur boîte à gants. Attention, les amendes (11 euros) pleuvront à partir du 1er novembre. Mais au fait, sont-ils au moins au point, ces éthylotests ? Pour le vérifier, la rédaction de Capital a réalisé ses propres essais :
Payant de leur personne, cinq collaborateurs de Capital ont soufflé
Ao dans le ballon. Sans prendre le volant ensuite, évidemment… û Ca t 20 pit 12 12 al
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jouant les cobayes, cinq de nos collaborateurs ont absorbé de l’alcool, à jeun, jusqu’à atteindre le seuil légal de 0,25 mg par litre d’air expiré (soit 0,5 g/l de sang). Le niveau a été certifié, une demi-heure après le dernier verre avalé, par la machine officielle utilisée par la police, que nous a prêtée son fabricant allemand, Dräger. Chacun des testeurs a ensuite soufflé dans dix produits achetés sur Internet ou commandés aux fabricants, pour vérifier qu’ils validaient bien ce franchissement de la limite. Les résultats sont pour le moins surprenants. D’abord, ces outils ne sont pas aussi simples d’utilisation qu’on le dit. Pour les chimiques, les plus courants, vendus entre 1 et 2 euros, souffler dans le ballon ne suffit pas. Il faut ensuite insérer dans celui-ci un petit tube dont on aura préalablement enfoncé les extrémités, puis presser le sac : si les cristaux verts franchissent l’anneau central, vous êtes au-dessus des 0,5 g/l. Pour les appareils électroniques, les choses se compliquent : pour nous signifier notre dépassement, certains affichent «hot», d’autres «stop» ou «positif». Pas clair. Second enseignement : nous avons découvert que, pour atteindre la limite, selon la machine officielle, il fallait souvent enchaîner trois verres de vin de 12,5 cl, et non deux,
Il souffle dans l’éthylomètre officiel de la police pour vérifier son taux d’alcoolémie.
Notre cobaye, à jeun, avale plusieurs verres de vin rouge d’un trait.
Dix articles Nom de l’éthylotest (marque)
Il gonfle ensuite le ballon d’un éthylotest (ici, un chimique) pour comparer le résultat.
en vente libre mis à l’épreuve Prix*
Norme NF
Fiabilité
(sur nos cinq cobayes)
MODÈLES CHIMIQUES
Commentaire
Le Ballon (Contralco)
1 à 2 euros
OUI
sur cinq
5
Ouf ! L’éthylotest le plus vendu en France a réussi tous nos essais. Les cristaux verts ont systématiquement franchi l’anneau central.
Ethylotest Redline (Pelimex)
1 à 2 euros
OUI
sur cinq
3
Fabriqué en Afrique du Sud, ce test a déclaré négatif deux de nos cinq cobayes pourtant positifs. Et ce, malgré sa norme NF.
Test d’alcoolémie (Turdus)
1 à 2 euros
NON
sur cinq
3
Sans ballon, à la différence des deux précédents, cet éthylotest produit en France est plus simple d’utilisation. Mais pas fiable.
MODÈLES ÉLECTRONIQUES Alcootest porte-clef (Drive Safety)
8,99 euros
NON
sur cinq
0
A part donner l’heure, ce gadget à la notice absconse ne sert pas à grand-chose. Nous n’avons jamais réussi à nous en servir.
Alcohol Tester (Joia One)
11,80 euros
NON
sur cinq
2
Dans trois cas sur cinq, cet appareil a affiché un taux d’alcoolémie inférieur à 0,2 g/l alors que nos testeurs étaient à plus de 0,5 g/l.
Ethylotest Professionnel (Linxor)
25 euros
NON
sur cinq
1
Plutôt joli, pratique car ne nécessitant pas d’embout, le Linxor a tout pour plaire. Sauf qu’il s’est trompé quatre fois sur cinq.
CA 2000 PX Pro Gold (Pelimex)
97 euros
OUI
sur cinq
5
C’est le meilleur rapport qualité-prix des électroniques. On regrettera juste l’usage peu clair du mot «hot» pour signifier «positif».
Ethyloflash PX 8s (Pelimex/Visiomed)
149 euros
OUI
sur cinq
4
Petite déception pour ce produit siglé NF. Il a affiché le taux de 0,44 g/l pour un cobaye qui affichait 0,54 g/l sur l’éthylomètre officiel.
Alcotest 3000 (Dräger)
399 euros
OUI
sur cinq
5
Distribué par l’allemand qui fabrique les machines dont se sert la police, cet appareil présente tous les gages de sécurité.
SD 400F (Contralco/Lion Laboratories)
987 euros
OUI
sur cinq
4
C’est censé être la Rolls des éthylotests. Mais malgré son tarif et sa norme NF, cet appareil a échoué de peu sur un de nos cobayes.
A Gennevilliers (92), dans les locaux de la franchir le seuil légal de 0,25 milligrammes Ils ont ensuite soufflé dans dix
comme le proclament les slogans de prévention. Le décret pourrait donc apprendre à beaucoup d’automobilistes qu’ils peuvent prendre le volant avec un verre de plus. Mais la principale conclusion de notre enquête est moins réjouissante : sept de nos
rédaction de Capital et sous une température de 24,5 °C, cinq testeurs à jeun ont avalé plusieurs verres de vin blanc ou rouge jusqu’à par litre d’air expiré, soit 0,5 gramme par litre de sang. Dépassement vérifié une demi-heure après le dernier verre par une machine Dräger. éthylotests achetés sur le site d’e-commerce Amazon ou prêtés par les fabricants. *Tarifs les moins élevés relevés dans le commerce.
éthylotests n’ont pas été fiables le jour de notre essai. Ils ont affiché un niveau d’alcoolémie inférieur au seuil légal sur au moins un cobaye sur cinq, alors que tous étaient au-dessus. Or, en la matière, le sans-faute est indispensable. Passe encore que les trois appareils électro-
niques acquis à bas prix sur le site d’e-commerce Amazon.fr se trompent : on n’en attendait guère plus d’eux. Souvent munis d’un sigle CE qui ne certifie rien, les gadgets de ce type pullulent sur Internet. Au printemps, les douanes en ont d’ailleurs saisi 19 500 en provenance
de Chine. Que les éthylotests Turdus, en vente pourtant dans de nombreuses pharmacies, échouent est nettement plus fâcheux. Mais le comble est que la norme NF n’est pas non plus gage de confiance : l’éthylotest chimique Redline et l’appareil électronique PX 8s
qui affichent ce label se sont trompés respectivement deux et une fois sur cinq. Cette norme est pourtant présentée comme la référence absolue par les marques qui en sont titulaires – Contralco et Redline en France pour les éthylotests chimiques – et par le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE). C’est cet établissement public qui délivre la norme et facture au prix fort la certification aux fabricants. Autant dire qu’une remise en cause du NF casserait un peu son marché. «Vos essais n’ont aucune valeur scientifique, a assuré le LNE à Capital. Il faut utiliser des bancs délivrant des gaz analogues à une expiration humaine, pas le souffle humain directement.» La faiblesse de la norme NF réside justement ici. «Les conditions de terrain avec de vrais êtres humains sont le seul juge de paix», estime le professeur Claude Got, expert réputé de la sécurité routière. C’est ce que Capital a fait. En plus de n’être pas toujours fiables, les éthylotests seraient peut-être aussi inutiles. C’est l’avis de la Ligue contre la violence routière, peu suspecte de laxisme. «80% des accidents liés à l’alcool sont provoqués par des gens ayant plus de 1,2 gramme d’alcool dans le sang, qui savent donc très bien qu’ils ne peuvent pas conduire», rappelle sa présidente Chantal Perrichon. Si elle-même n’en veut pas… Gilles Tanguy 12
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20 l ût pita o A Ca 1
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