DigiWorld 2015 - Digiworld Future

rence aidant, les marges restent très faibles. Les opérateurs mobiles perdent le contrôle de la carte SIM. On observe un ralentissement dans les investissements.
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Sa vocation s’est élargie en même temps que le numérique devient un enjeu central dans la transformation des différents secteurs : voiture connectée, services financiers et assurances, santé, commerce de détail, économie collaborative…

ISBN : 978-2-84822-401-5

Les enjeux du monde numérique

DigiWorld Yearbook

2015

◆ Les enjeux du monde numérique

100 € prix TTC France



DigiWorld Yearbook

Le DigiWorld Yearbook s’est imposé depuis quinze ans comme le rapport incontournable de l’IDATE qui, chaque année, présente une analyse des dernières évolutions que connaissent les marchés des télécommunications, de l’internet et des médias, et identifie les grandes tendances au niveau mondial et les scénarios pour le futur.

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L’intelligence des marchés du DigiWorld

telecom n internet n media

A

DigiWorld Yearbook 2015

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Sa vocation s’est élargie en même temps que le numérique devient un enjeu central dans la transformation des différents secteurs : voiture connectée, services financiers et assurances, santé, commerce de détail, économie collaborative…

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Visionnez l’œuvre en réalité augmentée 3D avec votre smartphone ou votre tablette : téléchargez l’application gratuite “DigiWorld 2.0” sur Apple Store et Google Play ou scannez le QR Code ci-contre L’application de réalité augmentée 3D de l’œuvre de PKSTEAR est réalisée par Art 2.0, filiale artistique de la société Âiko Créative Vision

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DigiWorld Institute Depuis 1977, l’IDATE* s’est imposé, par la compétence de ses équipes d’études spécialisées, comme une référence dans le suivi des marchés des secteurs télécoms, Internet et médias. Fort du soutien de ses membres, représentés par près de 50 acteurs majeurs de l’économie numérique, le DigiWorld Institute propose à ses membres de participer aux activités suivantes : • DigiWorld Clubs : un ensemble de réunions mensuelles dans les capitales européennes (Bruxelles, Londres, Paris) et des missions d’études internationales • DigiWorld Events : DigiWorld Future, le cycle européen de conférences de prospective, et DigiWorld Summit et sa DigiWorld Week, le rendez-vous international de référence • DigiWorld Publishing : le DigiWorld Yearbook et la revue d’économie COMMUNICATIONS & STRATEGIES (DigiWorld Economic Journal) • DigiWorld Collaborative Research : pilotés par des équipes IDATE, avec le concours des membres et d’experts extérieurs, quatre grands projets ont été retenus pour 2015, "Verticaux et transition numérique", "SVOD", "Télécoms en Afrique" et "Stratégies des plateformes" Contact : Sophie Monjo Tel : +33 (0) 467 144 456 [email protected]

IDATE CS 94167 F 34092 Montpellier Cedex 5 France Tel. +33 (0) 467 144 444 Fax +33 (0) 467 144 400 www.idate.org Les données fournies dans ce livre, aussi bien que les analyses et opinions qu’il contient, n’engagent en aucune manière les entreprises membres du DigiWorld Institute. Tous droits réservés – Toute reproduction, stockage ou diffusion, même partiel et par tous moyens, y compris électroniques, ne peut être effectué sans accord écrit préalable de l’IDATE. Ce livre a été édité sous la responsabilité de Yves Gassot et Hélène Ollivier. Conception graphique, mise en page et production : Jacques Lucchino Graphiques : Mathieu Tanguy (sauf les infographies des introductions : J. Lucchino) Image couverture : “Interconnections” (détail), œuvre de PKSTEAR réalisée pour l’IDATE

© IDATE 2015 ISBN : 978-2-84822-401-5 ISSN : 2102-7595 * Pour une présentation complète des activités de l'IDATE, se reporter en fin d'ouvrage IDATE, DigiWorld, DigiWorld Institute, DigiWorld Yearbook, DigiWorld Summit, DigiWorld Week et DigiWorld Future sont des marques internationales déposées de l’IDATE

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Nous sommes heureux de vous présenter la 15e édition de notre synthèse annuelle des grands enjeux de l’économie numérique, et DigiWorld Future, le cycle de conférences associées à sa publication. > Retrouvez les différentes éditions en anglais et en français, également en version électronique Pour en savoir plus sur les activités de l’IDATE conseil, études et think tank, rendez-vous sur www.idate.org Et pour envoyer vos commentaires et suggestions, contactez par email Hélène Ollivier : [email protected]

www.idate.org/ digiworldyearbook

À l’occasion de la publication du DigiWorld Yearbook, l’IDATE organise un grand débat de prospective sur les tendances clés qui structurent l’économie numérique des dix prochaines années. nd

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À partir des analyses des experts de l’IDATE et des grands témoins invités, le débat s’organise autour des grandes tendances et des enjeux qui changent la donne à l’horizon 2025.

www.digiworldfuture.com

DigiWorld 2015

Préface

Préface

6

Chers amis, chers collègues,

Comme chaque année, j’ai beaucoup de plaisir à vous présenter la dernière édition de notre DigiWorld Yearbook, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai noté en tant que président de l’IDATE que c’est un extraordinaire vecteur de rayonnement de notre institut. C’est aussi pour nos équipes, forcément spécialisées, une occasion d’échanges par-delà les frontières des domaines d’expertise. Mais je n’oublie pas que ce rapport annuel a été voulu par nos membres. Je les en remercie chaleureusement en voyant dans leur engagement renouvelé un signe tangible de reconnaissance de la compétence de nos équipes, de leur indépendance et, in fine, de la valeur du projet DigiWorld Institute porté par l’IDATE. Sans bouleverser la structure et les contenus de celui-ci, vous trouverez dans cette édition 2015 plusieurs innovations. Nous avons enrichi l’approche sectorielle par de nouveaux chapitres. Par ailleurs, l’introduction traditionnelle de notre directeur général, Yves Gassot, est complétée par une partie résolument prospective qui fait ressortir les grandes tendances de ces derniers mois et qui intègre les scénarios de nos experts sur les futurs possibles à l’horizon 2025 de trois secteurs : les télécoms, la télévision et l’internet.

Je vous souhaite une bonne lecture et me réjouis de pouvoir échanger avec vous sur tous ces thèmes passionnants !

François BARRAULT Président, IDATE

7 www.idate.org

En attendant, je souhaite que cette édition du DigiWorld Yearbook 2015 soit l’occasion de nourrir les débats que méritent l’importance et la complexité des questions posées par l’accélération de l’innovation numérique. Pour notre part, nous nous y emploierons à travers le programme et les initiatives de notre DigiWorld Institute : d’abord lors des conférences (DigiWorld Future) de présentation de ce rapport, mais aussi des clubs mensuels que nous animons à Bruxelles, Londres et Paris, ou encore durant les séminaires des Recherches Collaboratives que nous proposons à nos membres et nos partenaires publics.

Préface

Nous avons d’ores et déjà d’autres idées pour l’édition suivante… mais c’est surtout à vous de nous faire connaître vos attentes pour rendre toujours plus pertinent ce rapport.

Sommaire

Préface .......................................................6

Introduction ..................................................10 Dix tendances clés .....................................10

Scénarios à dix ans 1. Internet 2025 .........................................21 2. Télécoms 2025 .......................................24 3. Télévision 2025 .......................................27

Atlas DigiWorld

Sommaire

1. L'économie mondiale des TIC......................31

DigiWorld 2015

8

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.

Les marchés du DigiWorld par secteur ......36 Les marchés du DigiWorld par région ........38 Équipements de réseaux ...........................40 Services télécoms ....................................42 Services informatiques .............................44 Services audiovisuels ................................46 Services internet......................................48 Terminaux ...............................................50

2. Services et marchés télécoms ..................53 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Accès haut débit fixe ................................56 Très haut débit mobile ..............................58 Externalisation et partage de réseaux ........60 Convergence fixe-mobile et petites cellules .62 Spectre...................................................64 Distribution vidéo .....................................66

3. Contenus et marchés audiovisuels .............69 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Consommation TV ....................................72 Vidéo ......................................................74 Édition ....................................................76 Musique enregistrée ................................78 Jeu vidéo ................................................80 Presse ....................................................82

4. IT, logiciels et équipements réseaux .........85 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Big data ..................................................88 M2M cellulaire ........................................90 Cloud computing ......................................92 Data centers ...........................................94 Web-Scale ..............................................96 SDN et virtualisation ................................98

5. Services et acteurs de l'internet .............101 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Publicité en ligne ....................................104 Médias sociaux ......................................106 Applications mobiles...............................108 Services de communication .....................110 E-commerce ..........................................112 Internet of things ...................................114

6. Électronique grand public ........................117 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Le smartphone et ses écosystèmes .........120 Terminaux vidéo et UHD ..........................122 Téléviseurs connectés ............................124 Futur des décodeurs TV..........................126 Wearables ...........................................128 Jouets vidéo ..........................................130

7. Marchés verticaux...................................133 1. 2. 3. 4. 5. 6.

Voitures connectées ...............................136 Smart cities ..........................................138 Services financiers et de paiement...........140 Santé connectée ....................................142 Commerce de détail ...............................144 Économie collaborative ...........................146

Chronique DigiWorld Janvier .........................................................150 La FCC et la neutralité du Net

Février .........................................................152 Facebook acquiert WhatsApp pour 21,8 milliards USD

Mars ............................................................154 Vodafone rachète ONO

Avril .............................................................156 Projet de réforme législative du Parlement européen sur les télécoms

Mai...............................................................158 Lancement du processus de consolidation des services de télévision à péage Sky

Juin ..............................................................160 Satellites, drones et ballons au secours de la fracture numérique mondiale ?

Juillet ...........................................................162 La Commission autorise le passage de quatre à trois opérateurs en Allemagne avec des remèdes

Août .............................................................164 T-Mobile USA repousse l’offre d’Iliad

Septembre ...................................................166 Alibaba réalise la plus grosse introduction boursière de tous les temps

Octobre ........................................................168 Lancement en Allemagne de Kindle Unlimited d’Amazon

Novembre ....................................................170 YouTube lance YouTube Music Key, un service payant de musique en streaming

Décembre.....................................................172 Projet de fusion entre BT et EE au Royaume-Uni

Données par région

Glossaire ................................................182 Index ......................................................184

Sommaire

Annexes

Amérique latine .......................................179 Afrique/Moyen-Orient ...............................180

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Europe....................................................176 Amérique du Nord ...................................177 Asie/Pacifique..........................................178

DigiWorld 2015

Introduction

Dix tendances clés

10

Jusqu’à ces derniers temps, la réflexion sur l’innovation numérique s’exerçait essentiellement à l’intérieur des secteurs qui paraissaient résumer les enjeux en termes de croissance, de part de marché et d’apparition de nouveaux produits : les divers métiers de l’informatique, les télécommunications, un ensemble composite mêlant le jeu vidéo, l’électronique grand public, les nouveaux médias et, depuis maintenant de nombreuses années, l’internet. C’est cet ensemble qui reste l’objet central des travaux de l’IDATE. Toutefois, nous partageons l’idée que, ces derniers mois, nous avons franchi une étape significative dans la capacité à identifier plus concrètement la grande

Introduction

1/ Le grand shake up numérique

transformation numérique. L’étape ne se caractérise pas seulement par l’ampleur du phénomène, mais plus encore par ses modalités. On essayait de mesurer une dissémination rampante, à travers les investissements informatiques des grands acteurs de l’économie. On est face à l’irruption de nouveaux intermédiaires, souvent extérieurs aux métiers concernés, qui tirent parti de la technologie et des nouvelles pratiques culturelles des consommateurs pour révolutionner la chaîne de valeur. Tout le monde connaît aujourd’hui Uber et la rupture qu’il introduit dans le fonctionnement du marché des taxis, ainsi qu’Airbnb sur le marché de l’hôtellerie. Mais les étatsmajors de la finance, de l’assurance, de la santé, comme de l’automobile, ont dû tous réviser à la hausse le risque de voir l’innovation numérique déstabiliser leur écosystème ou de les rendre dépendants de plateformes extérieures, devenues incontournables. Si les bouleversements attendus n’ont rien à voir avec un “long fleuve tranquille”, ils s’accompagnent de nombreuses questions que nous nous contenterons ici de rappeler. Certains n’hésitent pas à y voir les indices d’une grande stagnation. Ils anticipent l’épuisement précoce du modèle d’innovation du numérique, et finalement son inaptitude à générer un nouveau cycle de croissance, basé sur une progression rapide des gains de productivité. Le numérique ne serait décidément pas l’équivalent de la machine à vapeur ou de l’électricité ! On retrouve là l’interpellation célèbre du prix Nobel Robert Solow en 1987 : “je vois de l’informatique partout sauf dans les statistiques sur la productivité”. Depuis, des travaux se sont efforcés de rechercher des éléments explicatifs, dans les limites de l’appareil statistique, ou dans les délais nécessaires à l’appropriation efficace des technologies. D’autres ne nient pas le grand shake up numérique ; ils soulignent toutefois que les gains de productivité s’accompagnent

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omme à l’accoutumée, on trouvera, dans la seconde partie de notre DigiWorld Yearbook, la chronique mensuelle de l’actualité numérique de l’année et des focus sur les principaux événements. Pour nous, plongés au quotidien par notre activité dans le “grand bain” du numérique, la parcourir nous confirme l’importance des game changers tels que la mobilité, le cloud, l’internet des objets, le big data, le social… Certains y ajouteront aujourd’hui l’impression 3D ou l’intelligence artificielle. Les chapitres suivants reviennent naturellement sur ces thématiques et leurs impacts sur les marchés. Cette introduction est une invitation à partager quelques tendances ou interrogations, de natures différentes bien que souvent étroitement interdépendantes, directement inspirées par les événements et débats qui se sont succédé depuis la parution de la dernière édition de notre rapport annuel. Nous prolongerons cette lecture de l’actualité récente par la présentation succincte de scénarios dans trois grands secteurs à l’horizon 2025, issus des travaux de nos équipes.

C

Dix tendances qui transforment le monde numérique Anything as a service…and ever-growing data

Winner takes all

The advent of data-centric business models

Platform economics

Content is king. Still Does Europe have a chance?

Software is eating the world

Europe opts for fixed-mobile convergence

What softwarisation is doing to the economy?

China’s growing ambitions Horizontal platforms & vertical market players

The African example IP traffic g growth will double that forecast for Europe p

Telecom markets on the front lines

The great digital shake-up

Introduction

New growth or destruction of long-term growth?

DigiWorld 2015

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d’une telle destruction d’actifs et d’une telle polarisation des emplois et des richesses que le cercle vertueux “à la Schumpeter”, entraînant le redéploiement des gains de productivité au bénéfice de nouveaux investissements et de nouveaux marchés, paraît aujourd’hui problématique.

2/ “Le logiciel mange le monde”, l’exemple des télécoms Marc Andreessen, avec son sens de la formule, n’a pas hésité à annoncer : “le logiciel est en train de manger le monde”. Derrière les start-up à succès ou les géants de l’internet, il y a naturellement une idée et de réelles compétences logicielles. On insiste à juste titre sur l’investissement de Netflix dans les programmes, mais on oublie la culture technique de l’entreprise. Le même raisonnement peut être tenu à propos d’Amazon et bien entendu des algorithmes du moteur de recherche de Google ou de ceux qui régissent le fil d’actualité de Facebook. Moins évidente peut paraître la softwarisation du secteur des télécommunications. On visualise facilement les transformations et

Source: IDATE

Globalisation and consolidation

les contraintes associées au déploiement physique des nouvelles infrastructures d’accès à très haut débit basées sur la fibre, ou les nouvelles générations “sans fil”. On accorde, en revanche, un peu moins d’importance au phénomène de virtualisation dans les réseaux de télécommunications, fondé sur les concepts de SDN et de NFV, que l’on peut schématiser en les rapprochant de l’étape décisive qu’a pu connaître l’informatique quand on a découplé le registre du hardware et celui du software (et son OS). Demain, on devrait avoir, dans le secteur des télécommunications, un plan associé aux équipements matériels et un autre essentiellement logiciel, en charge de la commande et du contrôle. Le coût étant devenu un paramètre essentiel dans le contexte très concurrentiel que connaissent les opérateurs télécoms, l’idée première est de pouvoir faire évoluer les fonctionnalités de leurs réseaux plus simplement, indépendamment des fournisseurs d’équipement. Cette idée va de pair avec l’adoption par les opérateurs d’architectures cloud plus ou moins réparties, à l’instar d’une évolution irréversible de l’informatique dans les

3/ Globalisation et consolidation Pendant longtemps, le secteur des télécommunications, qui constitue pourtant une condition indispensable de la globalisation des échanges et du fonctionnement des multinationales, est resté marqué par une structuration essentiellement nationale, contrairement aux géants Over-The-Top de l’internet, qui disposent de marques et développent des activités à l’échelle mondiale. On peut trouver des éléments d’explication à la fois dans les liens des opérateurs historiques avec les États, dans l’importance des effectifs et la complexité de l’évolution des organisations associées à l’exploitation

Introduction

d’une infrastructure nationale, dans la diversité des contextes réglementaires et le succès, souvent mitigé, des opérations d’acquisitions transfrontières menées dans le passé. Et pourtant, la consolidation du secteur des télécommunications a été une thématique essentielle de la chronique de l’actualité numérique en 2014. Nous sommes amenés, cette année encore, à distinguer l’actualité nord-américaine des évolutions intervenues en Europe. Aux États-Unis, les fusions annoncées dans notre précédente édition sont restées en suspens. Il paraît aujourd’hui plus probable, après la décision prise par la FCC d’inscrire les services haut débit dans le cadre de régulation défini par le Titre II du “Communication Act”, de voir autoriser la fusion entre les deux plus gros câblo-opérateurs, Comcast et Time Warner Cable ; elle confirmerait le leadership de Comcast, et plus globalement des acteurs du câble, sur le marché fixe résidentiel aux États-Unis à l’heure du très haut débit. On peut rapprocher ce constat des opérations récentes de cession des actifs fixes d’AT&T dans le Connecticut, pour 2 milliards USD, et surtout de Verizon, pour plus de 10 milliards USD, dans trois États, au bénéfice de Frontier. On notera que ces cessions ne se limitent pas aux infrastructures cuivre mais incluent les réseaux hybrides ou fibre des opérateurs. Il est de plus en plus difficile de prévoir la stratégie fixe des deux principaux opérateurs nord-américains. C’est certainement un argument pour Google Fiber, qui a poursuivi en 2014 sa campagne pour mobiliser les municipalités autour des accès à 1 Gbits, soutenu par le président de la FCC qui a très tôt annoncé son projet de bannir les lois interdisant dans certains États les réseaux d’initiative municipale. L’autre grosse opération en suspens aux États-Unis est celle qui devrait voir AT&T prendre le contrôle de DirecTV, N°1 de la télévision par satellite et N°2 de la distribution de chaînes de télévision. C’est tout à

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autres secteurs d’activité. À l’efficacité économique s’ajoutent la flexibilité et l’agilité, qui permettent d’unir les réseaux fixes et mobiles, et une capacité à s’adapter en temps réel aux contraintes du trafic, de certaines applications ou de certains clients. Les enjeux associés à cette softwarisation des télécommunications, qui ne fait que commencer, vont être considérables, même s’ils ne peuvent aujourd’hui qu’être esquissés. Les grands fournisseurs peuvent craindre de perdre des parts de marché, si l’interopérabilité est garantie, ou s’inquiéter (une fois de plus !) de l’entrée des géants de l’informatique dans leur secteur. Les opérateurs doivent y voir les avantages précédemment évoqués, une sorte de garantie d’échapper au scénario dumb pipe. On ne peut néanmoins totalement écarter un redéploiement de ce scénario, dans lequel le métier d’opérateur télécom se replierait sur le financement et la mise en œuvre des équipements largement mutualisés d’infrastructures de réseaux pour le compte de tiers, tandis que des opérateurs de services, plus ou moins confondus avec les grandes plateformes OTT, s’installeraient aux commandes, pour mieux internaliser le chaînon télécom dans leurs activités, et pouvoir valoriser les gisements de données qui s’y trouvent…

Introduction DigiWorld 2015

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la fois un élément de réponse à l’opération de Comcast avec un accès renforcé aux programmes TV, une réaction à l’opposition des autorités à la fusion avec Sprint (2013), et la matérialisation de l’intérêt d’AT&T pour les marchés d’Amérique latine. Cet intérêt s’est en particulier focalisé sur le Mexique où AT&T, qui s’est désengagé d’America Móvil, a pris le contrôle d’Iusacell (N°3 des opérateurs mobiles) avant d’annoncer son intention d’acquérir le plus petit opérateur, Nextel. Il est probable que ces opérations mettent fin à l’interrogation ouverte en 2013, à l’occasion du désengagement de Vodafone de Verizon Wireless, sur les appétits d’AT&T pour le marché européen. Enfin, le marché nordaméricain des fusions a connu en 2014 deux échecs concentrés sur la même cible, T-Mobile, 4e opérateur mobile national et filiale à 67 % de Deutsche Telekom. On a eu la confirmation en 2014 que les autorités publiques (FCC et DOJ) n’étaient décidément pas prêtes à accepter le passage de quatre à trois opérateurs mobiles nationaux. L’échec de Sprint est alors apparu comme une opportunité pour la success story française des télécoms, Iliad (Free), pour changer de braquet en prenant le contrôle de T-Mobile USA. Manifestement, l’offre financière était jugée insuffisante par Deutsche Telekom, qui pouvait se trouver encouragé par le succès commercial – si ce n’est financier – de la stratégie un-carrier de sa filiale, et qui guette désormais des propositions qui s’accompagneraient de fréquences et d’abonnés. À cet égard, le résultat inattendu, à plus d’un titre, des enchères AWS-3, avec plus de 45 milliards USD de revenus, va certainement avoir des conséquences importantes.

4/ L’Europe opte pour une convergence fixe-mobile En Europe, on a vu finalement les autorités européennes donner leur feu vert à la fusion d’O2 (Telefónica) et d’E-Plus (KPN)

en Allemagne. Cette opération, qui crée un nouveau leader national, avait un caractère de test car elle concerne le premier marché européen. Il s’agissait de savoir si les autorités allaient accepter d’alléger l’intensité de la concurrence en autorisant un repli sur un modèle à trois opérateurs par pays. Rappelons qu’entre 2008 et 2014, les opérateurs mobiles sur les cinq principaux marchés européens auront perdu 26 % de leur chiffre d’affaires1. Certes, les remèdes qui accompagnent cette autorisation ne sont pas anodins, même si personne ne sait exactement aujourd’hui si Drillisch sera en mesure de profiter des fréquences que le nouvel ensemble doit lui céder. D’autres fusions au sein des marchés nationaux sont acquises ou annoncées, en Irlande (Hutchison/O2), mais aussi probablement en Norvège (TeliaSonera/Tele2) ainsi qu’au Danemark (Telenor/TeliaSonera). Mais finalement, la surprise européenne de 2014 n’est pas là. Elle réside plutôt dans l’accélération du modèle de convergence fixe-mobile, peu lisible aux États-Unis sauf à y inclure la stratégie Wifi+ des grands câblo-opérateurs. Au-delà des opérateurs historiquement intégrés qui ont, ces dernières années, valorisé des bundles quadruple play, le modèle avait été installé dans le paysage européen par Vodafone qui, dès 2012, avait souhaité défendre ses actifs mobiles en les appuyant sur des infrastructures et une offre fixes. L’opérateur avait ainsi successivement acquis Cable & Wireless, puis Kabel Deutschland. En 2014, Vodafone a continué méthodiquement en rachetant, pour plus de 7 milliards EUR, le câblo-opérateur espagnol ONO, puis en prenant le contrôle de l’opérateur fixe grec Hellas Online. En France, où Vodafone n’est pas présent, et alors qu’on attendait une fusion au sein des opérateurs mobiles, c’est le modeste 1. Il s’agit du chiffre d’affaires agrégé incluant les revenus de gros ; les revenus des services finaux durant la même période ont reculé de 17 %.

5/ Winner takes all, ou l’économie des plateformes Si la globalisation des opérateurs télécoms est encore probablement à venir, l’internet s’est assez rapidement défini par l’émergence de marques mondiales et d’acteurs dominants. En se référant à notre chronique de l’année 2014, on peut même considérer que les membres du GAFA ont vu, à différents titres, leur domination se renforcer au cours des derniers mois. Google continue de dominer le marché de la recherche, reste de loin le premier fournisseur des OS mobiles, et demeure le principal bénéficiaire de l’essor du marché de la publicité sur internet. Il a poursuivi ses opérations de diversification, notamment dans des secteurs comme l’automobile (Google Car), les objets connectés avec l’acquisition de Nest Labs. Apple a considérablement

Introduction

opérations qui engagent l’émergence progressive d’opérateurs paneuropéens. Tous les analystes sont ainsi attentifs au potentiel de transformation d’une opération qui verrait Vodafone prendre le contrôle de Liberty Global, le petit empire du câble que s’est construit John Malone en Europe. Dans tous les cas, on ne peut s’empêcher de rapprocher le mouvement indiscutable de consolidation des marchés nationaux des critiques émises ces dernières années sur le cadre réglementaire européen, tandis que le scénario, encore hypothétique, d’émergence d’opérateurs paneuropéens viendrait accélérer à sa façon le piétinement des travaux engagés à Bruxelles autour du “Connected Continent”. Comme on le verra en fin de chapitre dans nos scénarios sur les télécoms en 2025, la capacité des opérateurs à s’approprier la virtualisation des réseaux et à réussir les opérations de consolidation déterminera, dans une grande mesure, les hiérarchies au sein du secteur, mais aussi leur degré de contrôle sur la distribution commerciale d’une économie devenue online.

15 www.idate.org

câblo-opérateur Numericable (Altice) qui a finalement emporté l’adhésion de Vivendi pour prendre le contrôle de SFR, beaucoup plus gros. Altice a su habilement profiter auprès des marchés et des banques du momentum pour le câble créé par Vodafone et de la saga européenne de Liberty Global, ainsi que de l’inclinaison naturelle des autorités antitrust pour une fusion qui s’applique à des marchés pertinents distincts (fixe et mobile). L’opération la plus spectaculaire annoncée en 2014 revient cependant à BT, qui avait dû se séparer en 2001 de son activité mobile et qui, finalement, va prendre le contrôle du premier opérateur mobile britannique, EE, détenu conjointement par Deutsche Telekom et Orange. Il y a un an, il n’y avait encore au Royaume-Uni aucun recouvrement entre les quatre premiers opérateurs mobiles et les quatre premiers opérateurs fixes. Derrière BT-EE, d’autres opérations vont suivre au Royaume-Uni, conjuguant consolidation interne au marché mobile et convergence fixe-mobile. Maintenant, la question qui reste ouverte est de savoir si ces opérations, qui s’inscrivent essentiellement dans des logiques et des synergies nationales, vont déboucher sur une consolidation transfrontière. Notre position était jusqu’alors plutôt prudente. Les synergies sont beaucoup moins importantes et l’état des opérateurs et des marchés européens nous paraissait trop fragile. L’appréciation aujourd’hui est plus nuancée. La conjoncture paraît s’améliorer et la chute des chiffres d’affaires et des marges ralentit ou est stabilisée. L’argent “coule à flot” pour financer des opérations, et des taux d’endettement de 4 fois l’EBITDA ne font plus fuir les banques. On l’a vu récemment avec l’annonce de l’acquisition de Portugal Telecom par Altice. Enfin, il y a déjà suffisamment de présences multinationales chez les grands opérateurs européens pour que, comme dans un jeu de dominos, les opérations initiées avec une logique nationale débouchent sur d’autres

Introduction DigiWorld 2015

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renforcé sa place de leader mondial des capitalisations et ses réserves de capitaux (près de 150 milliards USD), grâce au succès de la huitième génération de ses iPhones. Depuis le premier iPhone en 2007, Apple aura vendu plus de 700 millions de smartphones, faisant jeu égal avec Samsung au dernier trimestre 2014. Elle a procédé à la plus grosse acquisition de son histoire avec Beats, une occasion de revenir sur le marché de la musique avec une offre de streaming, et s’est positionnée sur le marché du paiement mobile. Facebook a réussi son pari de se redéployer sur l’internet mobile, ne cache plus ses ambitions dans la vidéo, et a conclu l’achat de WhatsApp pour une valeur de près de 22 milliards USD, avant de racheter (pour 2 milliards USD) Oculus VR. Amazon a essuyé un cinglant échec avec son smartphone Fire mais a vu ses revenus croître de près de 15 % (et beaucoup plus pour son entité AWS tournée vers les services cloud). Même Microsoft, qui n’a pas fait à ce jour la preuve de ses capacités de rebond dans les mobiles avec l’intégration de l’activité terminaux de Nokia, a pris, sous l’impulsion de son nouveau PDG, deux décisions majeures face à l’effritement continu des parts de marchés de Windows dans les terminaux connectés à l’internet : il a rompu le lien entre Windows et Office en développant des versions de sa suite logicielle pour iOS ou Android ; il a amorcé des changements dans la monétisation de son nouvel OS Windows 10, qui devient gratuit pour beaucoup d’OEM ou pour les usagers des précédentes versions. Dans ce contexte, plusieurs questions demeurent. Qu’est ce qui fait la force des GAFA(M) ? Quels sont les points de résistance qu’ils rencontrent et qui pourraient limiter leur essor ? Vis-à-vis de cette seconde question, viennent naturellement en tête les impacts des orientations des politiques publiques

dans plusieurs registres (antitrust, fiscalité, sécurité, privacy) et plus largement les évolutions des sentiments des consommateurs, que l’on peut résumer par la confiance qu’ils accorderont ou non aux acteurs du numérique. Nous ne les développerons pas, bien que ces sujets aient indiscutablement marqué l’actualité de nos secteurs et que les débats associés devraient se poursuivre. Les scénarios sur le devenir de l’internet que nous proposons à la fin de ce chapitre sont largement bâtis sur ces paramètres. La première question renvoie pour partie à l’expression “Winner takes all”. Les travaux relativement récents des économistes, dont ceux du récent prix Nobel Jean Tirole, rapprochent cette expression des caractéristiques des économies de plateformes, sur lesquelles reposent les business plans des géants de l’internet. Une plateforme efficace, qui se présente comme un marché multiface (multi-sided market), développe des effets croisés entre les différentes clientèles mises en relation. Cet effet réseau, parfaitement illustré par les leaders des moteurs de recherche, des réseaux sociaux, des OS ou des appstores, se combine avec des notions d’économies d’échelle, singulièrement dans le recueil et l’exploitation de la donnée, pour rendre très difficile l’émergence ou le succès d’un concurrent. Dans le secteur du numérique, l’efficacité des plateformes se nourrit également du mouvement d’open innovation. Les plateformes sont en effet un moyen très efficace de capter les innovations des tiers, les développeurs d’applications mais aussi les internautes. En ce sens, elles doivent en permanence pratiquer et adapter une subtile dialectique d’ouverture et de fermeture. L’antitrust peut veiller à limiter les accords d’exclusivité imposés par les plateformes ou les discriminations entre les applications des tiers et celles des gestionnaires de plateformes. Il ne peut totalement évacuer l’efficacité réelle des

On peut d’abord souligner certaines limites dans la domination mondiale des leaders de l’internet. Au Japon, en Corée du Sud, en Russie et bien sûr en Chine, c’est à travers d’autres compagnies qu’on retrouve peu ou prou les grands modèles qui ont fait le succès des GAFA. On connaît les géants qui s’épanouissent sur le marché chinois des services de télécommunications. La GSMA comptabilisait 4 abonnés chinois pour 10 nouveaux usagers du LTE en 2014 dans le monde. On s’était habitué à l’irrésistible essor de Huawei dans les équipements de réseaux de télécommunications. On a vu sans surprise la confirmation des ambitions chinoises dans les domaines des terminaux, parfaitement illustrées par Lenovo. Dix ans après avoir acquis les activités de PC d’IBM, Lenovo reprend ses serveurs et, surtout, rachète à Google l’activité smartphones de Motorola. Plus étonnant est le parcours de Xiaomi, qui s’est hissé au 3e ou 4e rang au dernier trimestre dans les classements des vendeurs de smartphones et qui, après trois ans d’activité, est valorisé à 45 milliards USD. Naturellement les leaders sud-coréens peuvent aujourd’hui craindre de voir leurs positions fragilisées, à l’instar du déclin de l’électronique japonaise auquel ils ont si bien contribué. Mais plusieurs événements de ces derniers mois nous annoncent qu’on ne peut

7/ Plateformes “horizontales” face aux acteurs des verticaux Un autre motif de préoccupation pour les acteurs du GAFA réside précisément dans l’irruption spectaculaire au cours de ces derniers trimestres de nouveaux acteurs dans les “verticaux”. Les Airbnb et Uber que nous avons déjà cités ne sont pas seuls. Dans tous les secteurs, il y a place pour de nouveaux intermédiaires qui créent de la valeur pour le consommateur à partir d’une idée et d’un investissement logiciel. S’ils doivent se distinguer des acteurs et services existants, ils peuvent profiter de l’environnement de plus en plus riche des grandes métropoles pour agréger des compétences, trouver les briques logicielles et des capitaux, et s’appuyer sur les plateformes des GAFA… tout en aspirant par la vitesse de croissance de leurs cibles (consommateurs et prestataires) et l’attention portée à l’amélioration de la relation client, à devenir la plateforme sectorielle de référence. Sans abuser des métaphores géométriques, on perçoit également dans la “verticalisation” du numérique la résistance que les acteurs du GAFA sont en mesure de rencontrer quand ils abordent des secteurs tels que l’automobile, la banque ou la santé.

Introduction

6/ La montée des ambitions chinoises

plus cantonner l’ambition asiatique ou chinoise au marché des équipements réseaux et des terminaux. L’année 2014 a commencé avec le rachat de Viber Media par le japonais Rakuten, puis s’est poursuivie avec l’entrée du site de microblogging Weibo (spin-off du portail chinois historique, Sina) et surtout avec l’introduction très commentée d’Alibaba à Wall Street, ponctuée par une levée de fonds record de plus de 25 milliards USD. Les acteurs du GAFA vont devoir s’habituer à rivaliser avec leurs vis-à-vis asiatiques pour l’acquisition des jeunes pousses prometteuses et le contrôle des meilleurs talents dans les domaines du logiciel.

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plateformes, tant pour le consommateur final que pour les jeunes entrepreneurs qui y voient souvent une opportunité unique d’accéder au marché. On ajoutera que, si des innovations prometteuses se développent en dehors de leur plateforme, les géants de l’internet ont alors les moyens de les acquérir pour pouvoir les intégrer à leur écosystème. Toutefois, des points de résistance existent au-delà de la rivalité qu’ils peuvent entretenir sur plusieurs marchés.

Les géants qui dominent ces secteurs ne sont pas prêts à abandonner sans combattre le contrôle de leurs marges dans de nouveaux modèles de chaîne de valeur.

Introduction

8/ Anything as a A service… and more data

DigiWorld 2015

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Pendant un certain temps, la transformation numérique semblait essentiellement s’appliquer aux services ou aux produits susceptibles d’être rapidement dématérialisés, comme typiquement la musique. Un argument que l’on pouvait retrouver dans le débat un peu manichéen qui oppose les tenants d’une industrie manufacturière aux politiques qui auraient consacré la désindustrialisation de nos économies. On a vu dans la dernière période comment les très nombreux services de covoiturage, peuvent transformer, notamment chez les jeunes consommateurs, le désir d’acquisition d’un bien matériel en pratique de service. À cet égard, le développement du M2M et de l’Internet of Things, qui a clairement marqué l’actualité en 2014, offre une bonne compréhension de la variété des modes d’intégration d’un domaine au nouveau monde numérique ainsi que des différents positionnements qui peuvent être observés. Une part importante des offres d’objets connectés est d’abord bâtie sur les revenus de la vente de produits. C’est le cas aujourd’hui des premiers wearables et montres connectées. Un deuxième modèle d’affaires est identifiable, qui va se traduire par la vente de services, par exemple dans le domaine du suivi médical. Mais aujourd’hui, il est aussi clair que la cible ultime pour certains acteurs est fondée sur la collecte et l’exploitation des données, avec des perspectives de monétisation. Même s’il faut reconnaître que ces perspectives sont encore assez largement hypothétiques, les grandes plateformes “horizontales” de l’internet auraient potentiellement un atout car la variété des sources de données constitue un avantage concurrentiel.

9/ Content is king, again Nous avons cité une fois Netflix. Nous aurions pu à nouveau le faire en parlant de la globalisation, tant l’année a été marquée par les commentaires sur l’arrivée de Netflix en Europe, et même le glisser dans la quasi-totalité de nos paragraphes. Mais notre propos ici est de compléter notre reconnaissance des tendances de ces derniers mois en nous arrêtant sur le secteur de l’audiovisuel, que l’on peut aussi voir comme un “vertical” avant l’heure. Ce secteur, comme les autres, est marqué par un raccourcissement de la chaîne de valeur, sous l’effet du modèle de distribution OTT. La vidéo à la demande, gratuite ou payante, menace d’abord de désintermédiation les chaînes de télévision. Elle s’applique dans le même temps aux acteurs de la publicité avec un placement de la publicité qui devient de plus en plus automatique et en temps réel. Mais cette tendance à la désintermédiation s’impose aussi aux opérateurs de télécommunications ou aux câblo-opérateurs. On a vu ainsi en 2014, après une première période de résistance, Netflix multiplier les accords avec les opérateurs ou les câblo-opérateurs. On a vu surtout HBO, dont le destin a été jusqu’à aujourd’hui étroitement mêlé aux intérêts des grands groupes du câble aux États-Unis, annoncer une version stand-alone. Si le consommateur peut espérer voir baisser les prix par le jeu de la concurrence, le principal bénéficiaire paraît être l’industrie de la production et de l’exploitation des contenus. Les contenus de qualité deviennent la ressource rare des services audiovisuels. Aux États-Unis, HBO, Netflix ou Amazon enchérissent pour obtenir les meilleurs projets. Leur empreinte mondiale leur permet d’investir dans des budgets en hausse constante. Et dégagés des commissions de distribution que les services audiovisuels acquittaient auprès des distributeurs commerciaux, ils consacrent une

10/ En Afrique, la croissance annuelle du trafic IP sera le double de celle attendue en Europe… L’Afrique est le second continent avec une population de plus de 1 milliard d’habitants. Il est difficile de parler de l’Afrique et du Moyen-Orient sans tomber dans les clichés, qu’il s’agisse d’un optimisme béat ou d’un désespoir accablant. La vaste majorité des événements et des marchés détaillés dans ce DigiWorld Yearbook ne traite pas de l’actualité de ce continent. Et pourtant, il est probable que l’Afrique marquera de

Introduction

plus en plus de son empreinte notre monde numérique. C’est ce qui a conduit l’IDATE à publier en 2014 son premier DigiWorld Yearbook, spécial Afrique, et ce qui nous amène à conclure notre introduction avec cette dernière tendance. Un nouveau client mobile sur trois dans le monde en 2014 a été un Africain. Tout le monde connaît l’extraordinaire essor du mobile en Afrique : on sera passé de quelque 15 millions d’usagers mobiles en 2000 à plus de 500 millions aujourd’hui (avec des taux de pénétration qui avoisinent ou dépassent les 100 % du fait d’un équipement multi-SIM). De nombreuses études ont souligné le pouvoir de transformation qui est associé à cet essor, avec en particulier l’exceptionnel développement du paiement mobile. Certes, moins d’un usager sur cinq bénéficie de la 3G ou de la 4G et les réseaux filaires ont un taux de pénétration qui varie de moins de 1 % à 10 %. Dans ces conditions, l’accès à l’internet est encore très limité ou difficile, même si cette appréciation doit être nuancée pour le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Maghreb ou les pays du Golfe. Mais précisément, l’Afrique subsaharienne constitue avec l’Inde le principal réservoir de croissance des décennies à venir pour l’économie de l’internet. Sans mésestimer les obstacles liés à l’insécurité dans de nombreux pays, l’actualité 2014 nous conduit à un certain optimisme. On a vu s’ouvrir de nouveaux câbles sous-marins et la construction de routes optiques à travers le continent. Les marchés nationaux sont très fragmentés, mais on perçoit l’émergence de groupes multinationaux d’origine africaine, moyen-orientale, européenne ou indienne. On observe une nette tendance au partage des infrastructures et à l’externalisation pour étendre les réseaux 3G et engager les déploiements 4G (on dénombre 29 licences LTE, dont 12 nouvelles en 2014). Le passage à la télévision numérique est une occasion d’évolution

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part croissante de leurs revenus à la production de contenus originaux. Alors que les distributeurs commerciaux, le plus souvent des opérateurs de réseaux, avaient accru leur contrôle sur la chaîne de valeur de l’audiovisuel, une nouvelle phase s’ouvre, celle des contenus à nouveau rois. Elle conduit à d’importants mouvements capitalistiques. 2014 a ainsi été marquée par l’acquisition de la société de production All3Media par Discovery et Liberty Global et, par la joint-venture entre Shine Group (groupe Murdoch), Endemol et CORE Media. Mais, au-delà de l’intégration verticale producteur-diffuseur, la logique de ces mouvements est d’abord la constitution de groupes internationaux de production. C’est ainsi que, toujours en 2014, le studio américain Warner Bros. a acquis la société de production néerlandaise Eyeworks, mais également que les groupes allemands ProSiebenSat1 et RTL ont respectivement acheté deux sociétés de production nordaméricaines, Half Yard et 495 Productions, ou que la chaîne anglaise ITV a pris le contrôle de la société américaine Leftfield. Comme dans les autres verticaux, les spécialistes sectoriels sont donc loin d’avoir perdu la bataille face à l’entrée sur le marché des grands acteurs de l’OTT. Mais les acteurs européens, au mieux multinationaux, sont contraints désormais à une internationalisation rapide de leurs activités.

Introduction DigiWorld 2015

20

du système de la télévision mais aussi de libération de fréquences basses pour les mobiles. De plus, sont aujourd’hui disponibles des smartphones et des tablettes à des prix qui deviennent abordables pour une part croissante des consommateurs. Il n’y a pas que les opérateurs télécoms, auxquels il faut ajouter les opérateurs satellite, qui soient mobilisés pour préparer l’essor de l’internet en Afrique. Les grands acteurs nord-américains de l’internet y ont vu un réservoir de croissance pour nourrir leurs services. Ils ont multiplié en 2014 les annonces ou les premières expérimentations de solutions non-conventionnelles dans le domaine des infrastructures (ballons, constellations de microsatellites sur orbites défilantes, usage des white spaces de la télédiffusion), ou de la tarification (zero rating pour Facebook). Enfin, l’innovation résidera aussi dans les gigantesques métropoles urbaines en cours de constitution sur le continent. Plus de 50 % des Africains seront urbanisés en

2050 et la notion, encore floue, de Smart City commence à polariser à Lagos ou Johannesburg le potentiel de transformation du numérique. Pour toutes ces raisons, il faudra d’ici la fin de la décennie de plus en plus compter dans le DigiWorld sur le marché de l’Afrique et du Moyen-Orient.

***

Au-delà de ces dix tendances que nous a inspirées l’actualité de ces derniers trimestres, nous avons souhaité pour la première fois dans cette édition du DigiWorld Yearbook nous engager plus directement dans la confrontation des futurs possibles. Vous trouverez dans les paragraphes ciaprès les réflexions de nos équipes sur le devenir de trois grands secteurs à l’horizon 2025.

Scénarios à dix ans pour l’internet, les télécoms et la télévision a rupture originelle de l’internet tient à son environnement technique ouvert, qui a permis une diffusion rapide de technologies standardisées au niveau des couches basses de réseau. Plus récemment, la conquête de nouveaux “verticaux” se fonde sur le développement de technologies clés, généralement combinées entre elles (cloud, analytics/big data, mobilité, réseaux sociaux, haut débit et capteurs). Le recours à de nouvelles technologies, pour la plupart matures (technologies d’interactions mobiles, RFID, impression 3D…), se profile. Il fait peu de doute qu’elles se concrétiseront et contribueront à accélérer et étendre le potentiel de transformation du numérique durant les dix prochaines années. Pour analyser les évolutions de l’internet à l’horizon 2025, il est nécessaire de surtout prendre en compte les principales incertitudes. Elles se concentrent sur deux questions essentielles : l’accès aux données personnelles et l’ouverture de l’écosystème. La première incertitude majeure concerne l’attitude vis-à-vis des données personnelles qu’adopteront les utilisateurs mais aussi les régulateurs. Les données personnelles sont au cœur des modèles économiques de nombreux fournisseurs de services, alors que dans le même temps elles sont au centre des préoccupations d’une majorité d’utilisateurs. Les internautes sont en permanence amenés à arbitrer entre le contrôle de leurs données personnelles, impliquant de nombreux risques ou désagréments (sécurité, vie privée, ciblage commercial parfois intrusif), et l’accès à des services innovants et généralement peu coûteux (voire gratuits). Les régulateurs

sont sensibles à cette ambivalence, même s’ils voient dans les nouveaux risques sur la sécurité publique des arguments pour limiter la confidentialité des données échangées. La combinaison d’un rejet par les consommateurs de la monétisation de leurs données et des contraintes croissantes imposées par la puissance publique, au titre de la défense du consommateur ou de la sécurité publique, obligerait les acteurs de l’internet à migrer vers des modèles d’affaires s’appuyant beaucoup moins sur les données. La seconde incertitude majeure concerne l’organisation de la chaîne de valeur. La transition d’un univers plutôt réseau (TCP/IP), très ouvert au départ pour interconnecter de nombreux domaines, vers un monde plutôt logiciel s’est accompagnée de l’émergence d’acteurs dominants, tirant parti des effets réseau et des rendements croissants des grandes plateformes. Leurs technologies propriétaires tendent à remettre en cause l’ouverture originelle de l’écosystème de l’internet. Mais l’encadrement réglementaire ex ante des plateformes ou des poursuites antitrust pourraient redonner un rôle prépondérant à des standards ouverts.

La “guerre des plateformes” reste le scénario le plus probable Le scénario qui paraît le plus probable verrait le prolongement de la situation actuelle : la “guerre des plateformes”. Les leaders nord-américains de l’internet restent dominants. Ils concentrent de plus en plus de données sans rencontrer de fronde de la part des consommateurs,

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L

Introduction

Internet 2025

Scénarios 2025 d’évolution de l’internet

Open

Ecosystem

Pay per trust

Introduction

Low

Low-cost islands +10%

Platform wars +12%

DigiWorld 2015

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ou de dispositions brutales de la part des pouvoirs publics. Ils n’évitent pas des zones de concurrence tout en se distinguant par le mix de leurs modèles d’affaires, qui accordent une part plus ou moins importante aux revenus de la publicité, de la vente d’équipements ou de services aux consommateurs et aux entreprises. Ils bénéficient de l’exceptionnel terreau de créativité logicielle de leur environnement, et renforcent régulièrement la valeur de leur plateforme par des diversifications et des acquisitions. Leurs principaux challengers seront d’autres acteurs capables de muer en plateformes : les nouveaux “disrupteurs” des verticaux (tel Netflix dans la vidéo), les acteurs asiatiques (Tencent, Alibaba…) qui réussiraient à sortir de leur marché domestique, quelques grands opérateurs télécoms, ou les leaders de la distribution et des autres grands secteurs qui auront su se réinventer.

Le scénario des “low-cost islands” L’option alternative la plus sérieuse à la guerre des plateformes serait un mouvement

x%

Closed +9%

Global Internet services market CAGR for 2014-2015, by scenario

Source: IDATE

Open innovation +14%

Availability & openness of data High

Examples of Internet companies adapted to each scenario

allant complètement à contre-courant : le scénario des “low-costs islands”. La faible confiance dans les initiatives des plateformes (et éventuellement des régulations plus strictes) pousserait les internautes à reprendre le contrôle de leurs données et à en limiter la diffusion en dehors de services très disruptifs sur un plan économique (i.e. offrant de très substantielles réductions tarifaires par rapport aux services existants), comme Salesforce, Airbnb ou Netflix. Les utilisateurs se tourneraient également vers des acteurs faisant délibérément le choix de limiter l’exploitation des données personnelles, dans une approche privacy-friendly (qui peine aujourd’hui à percer, autour de DuckDuckGo ou Ello), sachant que la promotion croisée serait rendue marginale par les autorités de la concurrence. Le marché de l’internet serait logiquement plus modeste, mais resterait soutenable grâce à des standards ouverts limitant les coûts de développement. Les autres scénarios contrastés que l’on peut identifier sont nettement moins crédibles au vu des développements récents.

Marché mondial des services internet en 2025

3%

10%

www

7%

27%

1% 23%

229 --> 875 billion EUR

World market growth 2014/2025

■ ■ ■ ■ ■ ■ ■

Paid video Paid music Paid ebooks Paid online games Paid mobile apps Paid communications Paid social apps

Source: IDATE

Low

Availability & openness of data High

Mais il faut garder en tête que le futur le des grandes plateformes se trouverait réplus probable intégrera peu ou prou des duit, avec toutefois un rôle important pour Scénarios 2025 de l’internet les moteurs de recherche comme point caractéristiques des d’évolution différents scénarios d’entrée vers la profusion des innovations. contrastés projetés. Examples of Internet companies adapted to each scenario Dans ce scénario, le ciblage serait globaleLes scénarios “open innovation” ment admis par les innovation Platform wars +12%consommateurs et le vsOpen  “pay per trust” +14% modèle publicitaire deviendrait dominant. Le scénario le plus optimiste implique un À l’opposé, on peut esquisser un scénario développement fondé sur les préceptes associé à une nette détérioration de notre de l’“open innovation”. On verrait émerger environnement social. Le nombre toujours une nouvelle vague d’innovations, combi- croissant de failles de sécurité et de scannant technologies et données (y compris dales autour de l’utilisation des données persensibles) sonnelles permettrait de consacrer un petit Open en provenance de multiples four- Ecosystem Closed nisseurs. Un cadre réglementaire souple nombre d’acteurs positionnés comme des +10% mais renforcé, combiné à des dispositifsPaytiers confiance, +9% disposant à la fois d’une perdetrust Low-cost islands permettant aux utilisateurs de monétiser forte marque pour réassurer et de capacieux-mêmes leurs données (à l’instar de tés avancées en termes d’outils de sécurité, certains VRM), accompagnerait ce modèle. notamment autour du paiement ou des comIl inclurait le développement de normes munications. Dans ce monde du “pay per ouvertes (éventuellement financées et trust”, les modèles économiques dominants impulsées par le secteur public), comme deviennent assez largement les services et aujourd’hui autour de l’internet des objets x%surtout les terminaux payants. La publicité Global Internet services market CAGR for 2014-2015, by scenario ou d’HTML5, et le soutien accordé par les ciblée et même les architectures étendues autorités publiques à l’open data – malgré en cloud sont en perte de vitesse. les résultats plutôt décevants constatés aujourd’hui. Dans ce contexte, le pouvoir Vincent BONNEAU

Introduction

7%

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27%

Search RTB Social ads Other display ads Cloud services E-commerce commisions Smart products services Paid content and services

Source: IDATE

Platform wars scenario

Télécoms 2025

Introduction

L

DigiWorld 2015

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es opérateurs de télécommunications sont confrontés à plusieurs défis : - celui, plutôt classique pour d’autres secteurs, d’une concurrence de plus en plus intense qui pèse sur les marges et peut tendre à réduire le modèle de la concurrence à une guerre des prix, au détriment des investissements et de l’innovation ; - celui de la transformation radicale de leur environnement sous l’effet de la généralisation de l’IP ; il leur faut revoir leur modèle tarifaire historiquement bâti pour la voix, investir massivement dans le très haut débit fixe et mobile pour supporter l’explosion du trafic ; il leur faut s’inscrire dans une chaîne de valeur beaucoup plus complexe, avec des applications et services dominés par les grands acteurs de l’internet. Plusieurs curseurs peuvent être activés par les opérateurs pour retrouver des marges de progrès. Globalement, des efforts importants ont été engagés pour baisser les coûts. Ils s’accompagnent d’une tendance à la simplification des modèles tarifaires. Pour autant, le déploiement plus ou moins rapide du très haut débit (4G et fibre) permet des stratégies de différenciation entre les opérateurs (low-cost/premium) et de segmentation nouvelle au sein de la clientèle, pour mieux monétiser l’intensité de la consommation ou la qualité/vitesse des accès. Le mouvement de convergence fixe-mobile, amorcé clairement en Europe, enrichit les offres par des bundles quadruple play et fidélise les abonnés. Si la voix sur IP, les services de type WhatsApp ou l’offre de vidéo OTT développés par les grandes plateformes internet impactent les revenus des opérateurs, ces derniers peuvent aussi réagir en développant de nouveaux modèles tarifaires (fondés plus sur l’accès et les données) en

mettant en avant leurs propres services OTT, et en développant une offre B2B (carrier billing, localisation, CDN …) tournée vers les différents acteurs de la chaîne internet et les entreprises. L’accélération du marché M2M et les perspectives ouvertes plus récemment par les objets connectés repoussent sans cesse les limites du marché de la connectivité et multiplient les opportunités de création de valeur dans les nouveaux “verticaux” (voiture connectée, santé, assurance…). Enfin, l’évolution de l’organisation industrielle du secteur (partage des infrastructures et externalisation, consolidation) peut aider les opérateurs à retrouver des marges financières, en diminuant l’intensité concurrentielle, en réduisant les coûts et en favorisant les économies d’échelle. À partir de ces différentes tendances, auxquelles s’ajoutent bien sûr les éléments contextuels plus génériques, notamment l’évolution du climat économique et les orientations du cadre réglementaire, nous pouvons esquisser schématiquement quelques scénarios contrastés pour le métier d’opérateur à terme.

Le scénario de la “commodisation” Un premier scénario est celui de la “commoditisation”, dans lequel les acteurs de l’internet s’imposent en contrôlant la distribution des offres dans un modèle smart cloud/dump device et en achetant de la connectivité en gros aux opérateurs. Dans ce modèle, l’opérateur est relégué au rang de wholesaler avec le risque que, la concurrence aidant, les marges restent très faibles. Les opérateurs mobiles perdent le contrôle de la carte SIM. On observe un ralentissement dans les investissements télécoms et une extension de l’emprise des grandes plateformes de l’internet sur l’écosystème télécom.

Scénarios 2025 pour les opérateurs télécoms

s They rely on their enhanced connectivity offers

-2%

s)NTERNETPLAYERSGAINAFOOTHOLD in distribution with a smart cloud/dumb device model s4ELCOSSELLTHEMWHOLESALECONNECTIVITY

La “connectivité enrichie” Un deuxième scénario est celui de la “connectivité enrichie”, où les opérateurs sont également peu engagés dans la concurrence frontale avec les grands fournisseurs d’applications et de services. Ils peuvent continuer à facturer eux-mêmes la connectivité à leurs clients. Mais ils ont, grâce aux investissements dans leur réseau, transformé celui-ci en une plateforme d’intermédiation très attractive pour les grands et surtout petits et moyens acteurs innovants de l’internet. Outre la qualité du réseau offerte pour accéder à leurs clientèles résidentielle et professionnelle, les fournisseurs d’applications y trouvent des offres de services performantes (CDN, cloud, authentification, facturation, localisation, ciblage publicitaire…).

La “boutique numérique” Un troisième scénario est celui de la “boutique numérique”, avec l’émergence de puissants opérateurs, souvent multinationaux, qui s’appuient sur la taille de leur parc d’abonnés pour assurer par

Direct relationships

+2%

Connectivity+

s Operators invest in quality networks s They succeed in offering enhanced connectivity services to both end users and content providers/application developers

eux-mêmes la distribution la plus large des nouveaux services et applications numériques (développés ou non par eux-mêmes). Ils sont alors très souvent en concurrence directe avec les grandes plateformes de l’internet comme avec les petits et moyens innovateurs de l’internet, ou avec les intégrateurs (sur le marché des entreprises). Ils interviennent de tout leur poids dans des domaines aussi variés que la vidéo et la musique, la finance, la santé, l’énergie, la sécurité, l’éducation, l’aménagement urbain, les transports… La réalité sera évidemment beaucoup plus nuancée en combinant plusieurs scénarios, tandis que chacun d’entre eux peut donner lieu à des variantes. Par exemple, le scénario de “commoditisation” peut s’appuyer sur différents types d’organisation concurrentielle (recréation de monopoles locaux, oligopoles organisés, concurrence ouverte) et différents montages (initiative privée, PPP). La taille, et donc l’évolution, du mouvement de consolidation engagé au sein du secteur des télécommunications constitue certainement un paramètre important dans la

Introduction

Customer relationship

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Commoditisation

(video, music, finance, health, energy, security, education, transportation…)



Smart connectivity

Wholesale

Digital mall

s Operators distribute vertical services

Source: IDATE

for telecom services worldwide

-x% 2014-2025 under each scenario

+5%

Product range

+x% Average annual growth rate

Verticals

From dumb pipe to smart platforms?

Des relais de croissance au-delà des activités traditionnelles Three main scenarios for the global telecom services market Billion €

Evolve or die?

Revenue structure Digital mall

2 100

63%

1 900 Connectivity+

1 700 1 500

Digital mall 69%

1 300

Connectivity+

Commoditisation

1 100 900

Commoditisation 700

80% Traditional telecoms (Connectivity & services)

Introduction

2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025

DigiWorld 2015

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place prise par tel ou tel scénario. De la même façon, les évolutions de la régulation du secteur (par exemple au regard des projets de concentration ou vis-à-vis de la neutralité du Net) mais aussi celles relatives à l’encadrement des données (cybersécurité, respect de la vie privée) et des grandes plateformes de l’internet pèseront sur la prééminence d’un de nos modèles.

(Integration, M2M, IaaS, OTT services, marketplaces, vertical products)

Source: IDATE

New businesses

500

En valeur, pour terminer, les différents scénarios ne se différencient pas tant par le niveau du marché final adressable que par la part qui reviendra à ce que l’on continuera d’appeler un opérateur de télécommunications au sein de la chaîne de valeur.

Didier POUILLOT

Télévision 2025 gratuites, qui ne s’adressent qu’à des audiences ; • troisième impact de l’internet, la remise en question du modèle de marché national ou linguistique, hérité de l’époque du monopole public mais qui a survécu à la dérégulation relative du secteur. Les barrières techniques à une distribution mondialisée disparaissent progressivement, la consommation à la demande permet de s’affranchir des différences de pratiques qui justifiaient l’existence de grilles de programmes propres à chaque pays, et l’automatisation du sous-titrage ou même du doublage parachèvera cette évolution.

Vers une érosion lente et une redistribution de la valeur C’est notre premier scénario. En Europe de l’Ouest, aux États-Unis, les mutations en cours semblent annoncer une érosion lente des revenus du secteur de l'audiovisuel. Les fondamentaux de l’industrie de la télévision sont préoccupants : érosion des tarifs publicitaires, baisse des prix du péage, contraintes budgétaires qui pèsent sur les services publics de télévision. Le piratage, s’il achevait de se généraliser, et l’atteinte d’un point de basculement qui verrait les annonceurs migrer massivement leurs investissements vers un internet de consommateurs plus qualifiés, pourraient précipiter une crise. Et, en parallèle, les coûts de programmes, seul facteur de différenciation des chaînes de télévision et des services à la demande, augmentent, ce qui met le secteur au risque d’un effet de ciseau. Ce scénario peut être tempéré par le gisement de gains de productivité que recèle encore la chaîne de valeur de l’audiovisuel, en particulier par la recentralisation de la diffusion technique dans le cloud. Il induirait

Introduction

a vidéo s’impose partout : sur les sites Web, sur les caméras haute définition des consommateurs, sur les écrans géants des lieux publics, sur nos terminaux individuels. Mais, paradoxalement, la “maison mère de l’image”, l’industrie de la télévision, ne pourra pas nécessairement en tirer parti. Les défis sont en effet nombreux. Le premier est celui de l’abondance de l’offre qui crée une fragmentation du marché, contradictoire avec la notion même de média, et qui fragilise le modèle publicitaire de la télévision. Le second, contradictoire, est l’émergence d’acteurs puissants, mondialisés, capables de bénéficier pleinement des économies d’échelle qu’apporte une exploitation mondiale des programmes. Le troisième, enfin, est la démonétisation relative des contenus audiovisuels, sous l’effet du piratage et de la baisse des prix induite par la concurrence. Comme pour tout “vertical”, internet est la cause fondamentale de la rupture qui s’amorce, déjà matérialisée par le recul de l’audience de la télévision linéaire, l’effondrement des ventes physiques de DVD, la baisse (au moins en Europe de l’Ouest) des recettes publicitaires des chaînes, la stagnation ou la régression du nombre d’abonnés à la télévision à péage : • premier impact de l’internet, la simplification de la chaîne de valeur ajoutée. Les agences sont “désintermédiées” par les processus automatisés et en temps réel de mise aux enchères des écrans publicitaires ; comme peuvent l’être aussi les opérateurs de réseaux dits “managés”, par la distribution “Over-The-Top”, ou les chaînes de télévision face au poids des marques programmes dans un contexte de consommation à la demande ; • deuxième impact, l’importance nouvelle de la relation client, loin du modèle historique des chaînes de télévision, au moins

27 www.idate.org

L

Scénarios 2025 pour le marché de la télévision index 100=2014

Growth or decline?

Business as usual scenario (billion EUR) Free services

180

Traditionnal + OTT

The new golden age

160

Pay services Pay-TV + SVOD

Transactional services VOD

140

9.6 (+0.7%)

120

Europe

Business as usual

100

60.3 (+0.9%)

10.5 (-1.5%)

Commoditisation

60

North America

40 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025

96.7

81.9 (+3.3%)

(+1.4%)

Introduction

(X%): CAGR 2014/2025

DigiWorld 2015

28

néanmoins nécessairement un nouvel équilibre, où la valeur irait prioritairement en amont de la chaîne (les producteurs de programmes et les détenteurs de droits), et en aval (le consommateur qui bénéficierait de services moins onéreux). Les échelons intermédiaires, et en particulier la distribution commerciale, seraient eux particulièrement en risque.

Le scénario du nouvel âge d’or du média personnel La consommation de vidéo deviendrait de plus en plus à la demande et individuelle. Les perspectives du marché de l’audiovisuel apparaîtraient bien meilleures si cette tendance se traduisait par la mutation d’un marché du foyer vers un marché de l’individu. Certes, les audiences sont mesurées sur une base individuelle, mais elles ne permettent pas de valoriser un téléspectateur comme peut l’être un internaute inscrit sur un site Web. Et les abonnements à la télévision à péage sont souscrits par des foyers. De même que le marché de la téléphonie a été durablement porté par

Source: IDATE

80

39.0 (+0.4%)

l’émergence de l’abonnement (mobile) individuel, une télévision individuelle verrait son marché démultiplié. Mais les obstacles sont nombreux avant que ce scénario devienne réalité. • Il suppose d’abord que les acteurs de l’audiovisuel traditionnel parviennent à qualifier leurs audiences, comme savent le faire ceux de l’internet, qu’ils conservent pour cela le contrôle des services à la demande dont ils ont largement contribué à financer les programmes, qu’ils acquièrent la maîtrise des technologies avancées de CRM, et enfin que les réseaux de télévision linéaire, via leurs voies de retour, alimentent les éditeurs de services de données pertinentes. • Il faut d’autre part une évolution profonde de la commercialisation des services à péage, qui permette l’émergence d’abonnements individuels, sans doute dans un premier temps pour des produits de niche, puis pour la totalité des offres. Là encore, la connaissance fine de la base clients sera une condition essentielle de réussite.

La nouvelle distribution des services payants audiovisuels Breakdown of consumer expenses

OTT distribution changes where the money goes

2013 4% 15%

Self-distribution

Listing Paid peering

Commercial distributors

TV channels

Networks

8888

A

36.9%

Netflix 15%

Retail market

(USA) 67% 12%

3%

39%

HBO (USA) 46%

B Country B

Programming

Producer

& other direct costs

C National rights

Country C

Nonexclusive agreements

Classical TV

Integrated sales

C’est en fait de la résolution d’un oxymore que dépend l’avènement de ce nouvel âge d’or du média personnel : concilier, optimiser la puissance de la télévision comme média de masse et pouvoir adresser à chacun de ses clients une proposition personnalisée.

Vers une globalisation du secteur Le scénario du nouvel âge d’or du média personnel s’accompagnerait d’une triple globalisation du secteur de l’audiovisuel : celle des services, celle des producteurs de contenus et par conséquent celle du négoce des droits. Optimiser l’amortissement des programmes, mutualiser l’expertise technologique, limiter le piratage par une exploitation simultanée des droits, imposer des marques fortes, militent pour cette consolidation.

Distribution Marketing Technology/development SG&A

Il n’est pas certain, contrairement à l’opinion dominante, qu’elle passera par la constitution de groupes européens puissants sur le marché européen. Déjà, les passerelles se multiplient entre ces groupes (qui acquièrent des sociétés aux États-Unis) et leurs homologues nord-américains (qui viennent produire en Europe). C’est donc une mondialisation qui devrait s’imposer plutôt que la constitution de blocs continentaux d’acteurs puissants sur leurs marchés. Dans ce contexte, le secteur public de la télévision apparaîtra, au moins en Europe, comme un atout essentiel de souveraineté culturelle. Il subsistera et se développera, malgré les contraintes financières, par des coopérations transnationales accrues.

Gilles FONTAINE, Jacques BAJON

Introduction

Country A

29 www.idate.org

Exclusive global rights

OTT video service Worldwide

Source: IDATE

OTT TV

DigiWorld 2015

30 L'économie mondiale des TIC

IDATE L’INTELLIGENCE DE L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE Depuis 1977, l’IDATE, reconnu pour la qualité de ses équipes d’analystes et de consultants spécialistes des secteurs clés du numérique, assure son indépendance en associant étroitement trois lignes d’activités : • DigiWorld Institute, un think tank européen de près de 50 membres, avec un programme annuel comprenant les Clubs mensuels de Bruxelles, Londres et Paris, les événements majeurs comme le cycle DigiWorld Future ou le DigiWorld Summit, les publications phare DigiWorld Yearbook et COMMUNICATIONS & STRATEGIES ainsi que les Programmes de Recherches Collaboratives. • DigiWorld Research, un observatoire mondial des marchés et de l’innovation numérique, qui a pour vocation d’organiser une veille active à travers un catalogue complet de rapports et de bases de données : Future Networks, Telecom Strategies, Media Strategies et Internet Economies. • IDATE Consulting, une offre d’études et de conseil proposée par nos équipes d’économistes et d’ingénieurs, qui ont établi leur crédibilité et leur indépendance à travers la réalisation de centaines de missions confiées chaque année par les grands acteurs de l’industrie et les pouvoirs publics.

DIGIWORLD RESEARCH LA VEILLE INTERNATIONALE DES MARCHÉS ET DES STRATÉGIES Le programme de veille de DigiWorld Research constitue le prolongement naturel du travail de nos équipes d'analystes spécialisées et de nos investissements continus dans un système d'information et de suivi des marchés et des principaux acteurs de l'économie numérique. Le catalogue 2015 est organisé autour de quatre domaines recouvrant dix thématiques spécifiques, permettant un suivi des marchés clés à travers un ensemble complet de documents : bases de données, rapports d’études et synthèses au format Powerpoint. Future Networks

Telecom Strategies

Media Strategies

Internet Economics

Wireline

Telecom Players & Markets

Television & Video OTT

Connected Objects

Wireless

Telecom & Over-The-Top

Video Distribution & Devices

Personal Data & Ad

Cloud & Infrastructure

Digital Entertainment

Une sélection de rapports et de bases de données phare par domaine : • M2M

• World LTE market

• World telecom players & markets

• World TV & video services market

• Public safety spectrum & systems

• Telecom consolidation in Europe

• Netflix in Europe

• Increasing ARPU

• Audiovisual industry going global

• Connected cars

• Network optimisation technologies

• World OTT market

• Cloud TV

• Telco cloud

• The Future of Internet

• World video games market

• World online advertising

• World FTTx market

• Telcos & digital services strategies

• Wearables and its verticals • Real-Time Bidding

• Data Monetisation

• Serious gaming

Information : Isabel Jimenez - +33 (0) 467 144 404 – [email protected]

COMMUNICATIONS & STRATEGIES L’ANALYSE ACADÉMIQUE DES GRANDES TENDANCES DE L’INDUSTRIE NUMÉRIQUE COMMUNICATIONS & STRATEGIES (The DigiWorld Economic Journal) est une revue académique internationale couvrant les secteurs des télécommunications, de l’internet et des nouveaux médias, et offrant une tribune aux meilleurs travaux d’analyse socio-économique. Avec plus de 20 ans d’expérience et le soutien d’un comité scientifique international de renommée, COMMUNICATIONS & STRATEGIES est devenue une revue de référence dans les domaines des politiques publiques, des organisations industrielles et des stratégies d’entreprise. Elle est labellisée CNRS et est référencée sur plusieurs bases de données scientifiques internationales. Entièrement publié en anglais, chaque numéro est organisé autour d’un dossier thématique proposant plusieurs articles scientifiques complétés par des interviews de personnalités du monde institutionnel ou industriel. Une sélection d’articles hors dossier, choisis pour leur caractère innovant, des analyses en prise avec l’actualité ("Features"), ainsi qu’une revue bibliographique sont également proposées dans chaque numéro. Dernières parutions

En préparation

• No. 94 (2nd Q. 2014) Video game business models and monetisation

• No. 98 (2nd Q. 2015) Ex ante regulation in e-communications: towards a new balance of symmetric and SMP remedies?

• No. 95 (3rd Q. 2014) The future of patents in communication technologies • No. 96 (4th Q. 2014) Challenges and prospects of the smart city • No. 97 (1st Q. 2015) Big data: Economic, business and policy challenges

Information et abonnement : Sophie Nigon www.comstrat.org Tel : +33 (0) 467 144 416 – [email protected]

• No. 99 (3rd Q. 2015) The Economics of Platform Markets: Competition or Regulation? • No. 100 (4th Q. 2015) Special Jubilee Issue Digital innovation, productivity and growth

Digital-First

ICT players vs. the new disrupters

37e conférence internationale sur le futur de l’économie numérique Chaque année, le DigiWorld Summit est le rendez-vous incontournable des acteurs du numérique. À partir des analyses des experts de l’IDATE, ils confrontent leurs visions et réfléchissent ensemble aux grandes options de l’organisation future de notre monde numérique. L’événement incontournable en Europe pour comprendre les bouleversements à venir et leurs impacts sur les marchés des télécoms, de l’internet et des médias.

Les acteurs clés du numérique

Débats et networking

• Les analyses des équipes spécialisées de l’IDATE • Le point de vue des dirigeants et experts des leaders et des start-up • La participation des responsables des politiques publiques et de la régulation • Les contributions originales d’économistes de premier plan

• Les sessions plénières sur le thème de l’année avec des interventions de très haut niveau • Les forums pour approfondir les sujets clés : réseaux du futur, smart city, TV & vidéo, Internet des objets, jeux vidéo… • Et les soirées, nightcaps, rendez-vous business…

DigiWorld Week Pour sa 2e édition, la DigiWorld Week – une semaine entière consacrée au numérique – se déroulera du 14 au 22 novembre. L’occasion d’étendre les thématiques proposées – santé connectée, start-up, mooc, impression 3D… – à travers un programme d’évènements partenaires : conférences, workshops, hackathons, expositions…

2 000 participants 150 intervenants 100 partenaires 25 nationalités Information, programme & sponsoring : Christine Barre Tel : +33 (0) 467 144 447 – [email protected]

Achevé d’imprimer en mai 2015 SEP, Nîmes Dépôt légal mai 2015