decembre 1946 – decembre 2016

quatre-vingt-dix modèles qu'il esquisse pour sa collection vont bousculer les codes de la mode et de la féminité. Leur silhouette, à la poitrine soulignée, à la ...
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DECEMBRE 1946 – DECEMBRE 2016 Au mois de décembre 1946, Christian Dior termine son contrat de modéliste chez Lucien Lelong et décide de s’isoler plusieurs jours à Fleury-en-Bière, chez ses amis Pierre et Carmen Colle. C’est dans le calme de cette campagne que le couturier fit éclore, il y a soixante-dix ans, les « femmes-fleurs » de sa première collection, qui défilera le 12 février 1947.

© 1989 Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents

Alors qu’il s’apprête à inaugurer sa maison de couture, Christian Dior se promène sous la neige, en pleine forêt de Fontainebleau. La nature l’apaise, l’inspire. Dans ses mémoires, il raconte que « les pierres, les arbres, les êtres, un geste machinal, un rayon de lumière sont aussi porteurs de petits messages balbutiés qu’il faut instantanément capter ». Loin de l’agitation parisienne, il peut enfin se consacrer à la définition des silhouettes d’une mode qu’il porte en lui depuis si longtemps, dont il recouvre ses petits carnets de minuscules croquis, très rapidement. Parmi eux se dessinent deux lignes, Corolle et En 8, sur lesquelles il construit ce qui va devenir le « New Look ». Les quatre-vingt-dix modèles qu’il esquisse pour sa collection vont bousculer les codes de la mode et de la féminité. Leur silhouette, à la poitrine soulignée, à la taille fine et aux

hanches arrondies, brise le moule plus carré dans lequel le corps de la femme était enfermé depuis la Seconde Guerre mondiale. Il insiste sur la légèreté qui l’anime alors : « De toutes mes collections, c’est celle d’ouverture qui m’a coûté le moins d’efforts et causé le moins d’inquiétude. Je ne risquais pas, en effet, de décevoir un public qui, ne me connaissant pas encore, n’attendait rien, n’exigeait rien de moi.» Encore inconnu du grand public, le couturier n’a en effet aucune idée de la révolution qu’il est sur le point de lancer. Ce n’est d’ailleurs pas son ambition. Lui qui voulait être architecte désire humblement être classé « bon faiseur ». Au lendemain des années sombres de l’Occupation, il aspire à « transfigurer l’existence quotidienne en une féerie intense », en renouant avec un certain « art de plaire ». Ses premières robes, baptisées Amour, Tendresse et Bonheur, sonnent comme une promesse. La sienne : « Rendre les femmes non seulement plus belles, mais plus heureuses. ».