De La Globalisation

rationalistes qui découlent de l'axiome cartésien du « cogito ergo sum », nous ... partir du renversement d'un tel axiome pour affirmer : sum ergo cogito », en ...
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DE LA GLOBALISATION

C'est avec un certain embarras que nous abordons le theme, toujours plus fréquemment propose, de la confrontation entre l'Islam et l'Europe, l'Islam et l'Ouest, l'Islam et l' Occident, dans la mesure ou l'Islam est une Revelation divine, abrahamique et monothéiste, tandis que l'Europe n'est que l'un des cinq continents, l'Ouest, l'un des quatre points cardinaux, et l'Occident, une expression géogaphique habituellement opposée à un Orient mal défini. On a l'habitude de mettre côte à côte, en les comparant, l'Islam aux continents européen, américain, africain et asiatique, comme s'il représentait lui-même un autre continent, ou peut-être un monde à part, étranger au processus d'une globalisation artificielle, bien différente de la réalité universelle qui est exprimée, par exemple, par la figuration symbolique du Christ, sayyidunâ 'Isa 'alayhi-s-salâm), notre seigneur Jesus, bien present naturellement dans la Tradition islamique, qui tient dans Sa main le globe du monde. Dans le cadre de la mondialisation, par exemple, l'on ne peut plus considérer la Méditerranée comme le Mare Nostrum (« notre mer »), car elle longe les côtes de trois continents, et non seulement deux comme on le pense parfois, si l'on ne veut pas oublier qu'il existe, outre l'Europe et l'Afrique, un troisième continent côtoyé par les mêmes eaux, l'Asie, même si elle est taxée de >. L'Islam est aujourd'hui present, non seulement en Asie et en Afrique, mais également en Occident, qu'il s'agisse de l' Europe, de l'Amerique ou de l'Australie, et ce, certainement pas uniquement à la suite de phénomènes migratoires ou demographiques. Il nous plait alors de penser que l'Islam puisse être considéré comme troisième et dernière Revelation du monothéisme abrahamique. Si l'on acceptait ensuite de considérer que, dans le sens étymologique du terme, Islam signifie soumission à la volonté de Dieu », ce Dieu qui, dans le monothéisme abrahamique, toujours etymologiquement parlant, est « Un » et le mêmes pour tous (et non seulement pour les croyants des trois revelations abrahamiques, un terme qui rappelle celui de « Brahman ») ; et si la doctrine islamique affirme remonter au premier homme et premier prophète islamique Adam, et finir avec l'attente messianique de la seconde venue de Jesus, nous pourrons alors parler d'une veritable « globalisation » qui concerne l' humanité tout entière, depuis le moment de sa creation jusqu'à sa fin, indépendamment de la difference qui peut y ayoir entre les croyants des différentes religions, et finalement entre eux et ceux qui ne croient en aucune d'elles. Sans vouloir ceder à des conceptions panthéistes, ni encore moins à ces conceptions rationalistes qui découlent de l'axiome cartésien du « cogito ergo sum », nous voudrions plutôt partir du renversement d'un tel axiome pour affirmer : sum ergo cogito », en attribuant la 1

globalite et la totalité de l'Etre à Dieu seul, tandis que nous, hommes, ne faisons qu'exister, c' est-à-dire « ex-stare », rester en dehors de la seule essence métaphysique propre à la Divinité, à laquelle nous ne pourrons accéder que par l'extinction de notre individualité humaine, à travers le processus qui nous est offert par la dimension intérieure de toutes les religions orthodoxes, c'est-à-dire elles-mêmes conformes à la volonté divine qui les a révélées pour le salut de nos âmes.

Je remercie les organisateurs de cette conference internationale qui ont voulu m'inviter, et me permettre ainsi de me retrouver de nouveau parmi les représentants des religions du monothéisme abrahamique. Je me suis efforcé de chercher, selon le theme de ce jour, les points de rencontre entre nos doctrines respectives, mais, dans le domaine strictement théologique, je dois confesser de n'en avoir trouvé qu'un : Dieu! Pour le reste, si le Judaïsme est le seul

à

se référer à la signification étymologique du

monothéisme d'Abraham, le Christianisme, quoi que sans renoncer à la conception unitaire de Dieu, l'inscrit dans le Credo de la Tres Sainte Trinité, que le Judaïsme ne peut reconnaître; et l'Islam ajoute, dans son témoignage de foi qui affirme qu'il n'y a pas de dieu si ce n'est Dieu – telle est la signification du mot Allâh l'affirmation que "Muhammad ( Mahomet) est Son envoyé", chose en laquelle ni les juifs ni les chrétiens ne veulent croire. Cependant, si nous ne voulons pas, en limitant notre vision à la seule culture de la paix, que tout soit réduit au niveau d'un nouvel humanisme entre les croyants des différentes religions, nous ne pouvons pas non plus nous référer seulement aux points de rencontre qu'il est possible de trouver au niveau des bonnes intentions, de la morale ou du sentimentalisme émotif, mais nous devons accepter les differences doctrinales qui existent nécessairement entre les diverses theologies. En effet, nous ne pouvons nous reconn a ître mutuellement par le seul fait d'être des hommes à la recherche d'une vérité qui pourrait satisfaire nos propres exigences individuelles, alors que devrions avant tout nous référer à cette Vérité absolue représentée par le Dieu Unique qui S'est révélé en des lieux, des temps et des formes différentes, pour nous transmettre les moyens du salut qui est l'unique raison d'être non seulement des religions mais de la vie humaine elle-même.

Il s'agit donc d'accepter les differences des diverses revelations du Dieu unique et d'en reconnaître la vérité relative -en italien, les mots "relative" et "révélée"(relativo e rivelato) contiennent les mêmes lettres. "Relative" non dans le sens d'une "dictature du relativisme", mais dans celui du respect de la Vérité absolue, et dans le sens d'''inhérente" à un peuple élu parmi les peuples : le peuple hébreu, une femme élue entre toutes les femmes : la Vierge Marie, et à un homme élu parmi les hommes, intellectuellement vierge : le Prophète Muhammad, afin de recevoir le Verbe qui s'est fait Loi pour les juifs : la Torah, Homme pour les chrétiens : Jesus, et Livre ou Ecriture sacrée pour les musulmans : le Coran.

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Cela signifie se référer de nouveau à Dieu et Le remettre au centre de l'univers, à la difference des tendances modernes qui voudraient au contraire y mettre l'homme, en dépit de l'adage de l'Eglise orthodoxe disant: "Si Dieu S'est fait homme, c'est pour que l' homme se fasse Dieu". Certes non pour s'idolâtrer par l'affirmation de l'individu, comme le voudraient certaines conceptions " atheistico-laïcistes " actuelles, mais plutôt à travers la dimension spirituelle présente dans chacune des religions orthodoxes. C'est, en effet, en chacune d'elles que se trouve un autre point de rencontre que l'on oublie souvent, comme je l'ai fait moi-même de prime abord, et qui est celui de l' eschatologie, celui de l'attente messianique de nos frères juifs, qui correspond à la seconde venue de Jesus pour les chrétiens ainsi que pour les musulmans. Tout cela est toutefois indêpendant du fait qu'il soit pour les premiers "Fils de Dieu", et pour les seconds "Esprit de Dieu", Rûh-Allâh, le Ruah hébraïque qui rappelle le souffle lui même insufflé par Dieu en Adam, premier homme et premier prophète islamique, fait à Son image et à Sa ressemblance. Mais les temps du Paradis terrestre sont loin, comme est éloignée cette connaissance qu'Adam voulait toute pour lui, au lieu de la l'accepter comme résérvée à Dieu Seul, selon l'interdiction qui lui était imposée. Ainsi, l'homme moderne retombe dans le péché originel de l'orgueil qui lui fait croire tout savoir sans avoir besoin de la religion. Il écoute, au contraire, ce serpent qui est toujours present, sous la forme de l'Antéchrist qui, comme le dit l'Evangile viendra avant le Messie pour "tromper même les élus si c' était possible", à l'approche de la fin du monde qui ne sera, en réalité, que la fin "d'un monde". C'est dans l'attente de cette derrière que nous devrions preparer ces semences de l'Arche de l'Alliance – et non les "semences du Verbe" comme nous, musulmans, sommes taxes de l'être – qui sont l'espérance pour un nouveau cycle de l'existence de l' homme sur cette terre.

A ce propos, et étant donne que notre theme d'aujourd'hui mentionne le troisième millénaire, je voudrais citer la phrase d'André Malraux qui a affirmé: "Le XXlème siècle sera religieux ou ne sera pas". Nous pourrions être d'accord avec cette affirmation, si elle n'entendait pas exclure le fait que les siècles precedents, eux aussi, n'auraient pas "été" s'ils n'avaient été religieux, parce que la religion est la seule raison, tant de l'existence de ce monde que de la presence de l' homme sur cette terre. Mais qui nous garantit que le troisième millénaire, même s'il doit être religieux, existera vraiment, alors que justement, toutes les doctrines contenues dans les textes sacrés de toutes les

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Traditions prévoient, au contraire, une fin des temps dont les signs sont aujourd'hui toujours plus évidents, comme s'ils confirmaient la prophétie médiévale "mille et non plus mile"? Nous pourrions faire remonter le debut du premier mmillénaire, non à la date de la naissance du Christ, mais

à

celle de l'an 313 (trois cent treize) après J.-C. sur lui la

Paix), date de la promulgation de l'Edit de Constantin, c'est à dire celle de l'officialisation de la juridiction chrétienne en Occident, et le faire s'achever en 1313 (treize cent treize), date du procès des Templiers et de la fin de la presence officielle des organisations initiatiques et contemplatives chrétiennes liées au Catholicisme. Cette manière de compter, par rapport à celle qui a terrorise les millénaristes médiévaux et ceux de l'an 2000, porterait le "non plus mile" (cite plus haut) d'ici à la date finale de 2312, ce qui nous donnerait un "délai supplémentaire" de trois cent ans, trois cent ans qui sont ajouter au calendrier aztèque qui prévoit la fin du monde pour 2012. Effectivement, l'lnquisition s'est autrefois aussi opposée à ceux qui, de l'autre côte des remparts de Jerusalem, cherchaient d'une manière identique à combattre pour une Terre sainte, dans une guerre qui était toute aussi sainte pour les deux protagonistes, dans la mesure où elle était vouée d'un côte à la reconquête et de l'autre côte à la defense des Lieux saints, qui, ne l'oublions pas, le sont aussi pour le Judaïsme, comme ils le sont pour l'Islam Aujourd'hui, au sein même de l'Islam, l'Inquisition est bel et bien contemporaine et entièrement consubstantielle au fondamentalisme actuel qui est, à l'origine, une idéologie moderne toute occidentale. Ill est pourtant peut-être encore possible pour nous de réaliser la veritable signification du jihâd, c'est à dire celle d'un effort intérieur qui peut, selon les paroles d'un saint musulman soufi du XXème siècle – c'est le titre de sa biographie – " élever notre Esprit au-dessus de nous-mêmes". Assalamu 'alaykum wa RahmatuLlahi wa BarakatuHu Shaykh 'Abd al-Wahid Pallavicini President

CO.RE.IS. (Comunità Religiosa Islamica) Italiana Via G. Meda, 9 20136 – Milan - Italie Tel + 39 02 83 93 340 Fax + 39 02 83 93 350 www.coreis.it t i .siero@ csieroc

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