critical connoisseur

photo grand format, des vidéos, des installations. Par mesure d'économie, je me ... manière d'un scénario et accompagnées d'une photo de sculpture culinaire.
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The Creator / Les créateurs

CRITICAL CONNOISSEUR Toronto-born artist Esther Choi serves up a multi-course meal’s worth of subversive recipes in her upcoming book Le Corbuffet: Edible Art and Design Classics. / Dans son livre à paraître, Le Corbuffet: Edible Art and Design Classics, l’artiste torontoise Esther Choi nous mitonne tout un repas à partir de recettes subversives. AS TOLD TO / PROPOS RECUEILLIS PAR ISA TOUSIGNANT

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The Creator / Les créateurs

(OPPOSITE / PAGE CI-CONTRE) PHOTO BY / PAR CATHERINE HYLAND; IMAGES COURTESY OF / FOURNIES PAR PRESTEL PUBLISHING

Choi’s book includes original, architecturally inspired—and winking—recipes like Rem Brûlée , after Dutch superstar architect Rem Koolhaas (right), and a Korean side dish called Shigeru Banchan Two Ways (left). / Parmi les recettes originales d’Esther Choi : Rem Brûlée (à droite), en clin d’œil au célèbre architecte néerlandais Rem Koolhaas, et un accompagnement coréen intitulé Shigeru Banchan Two Ways (à gauche).

I OPERATE between the realms of art and architecture. My Le Corbuffet

series began in 2015 when I started throwing Fluxus-inspired social events involving food in my Brooklyn apartment as a way to critique “aesthetic consumption”: how food, art and design have become privatized forms of connoisseurship. They featured dishes based on puns on artworks or architecture, like Carolee Schneemann Meat Joy Balls or Chris Burden Shooters. Part of the joke of naming the series after Le Corbusier was that he was misogynistic; as a feminist gesture, I enjoyed putting him in a domestic situation. I’m an avid cook, but I’d never previously thought of food as a medium for my work. I made large photographs, videos and installations. But as a result of an economy of means, I started using what was in front of me. Food became a design tool—a social and aesthetic medium—like a building or a portrait that could bring different people into relation. My family is from different parts of the world: Bolivia, Barbados, North Korea and South Korea. When I was a child, food gave me a vocabulary to talk about difference, identity, migration. It’s been a conduit for storytelling and conversation. I hope the book encourages the reader or participant to be creative and productive in their own way rather than to aspire to re-enact the “original” events. Each recipe is written as an “action script” and is accompanied by a photograph of a food sculpture. There’s a type of perfect Instagram sheen that’s associated with representations of food today, and that image economy generates tremendous waste. That’s not how produce actually appears. When you start to look at food through a sculptural lens, you begin to see so-called imperfections in a whole new way.

JE TRAVAILLE à mi-chemin entre l’art et l’architecture. Ma série intitulée Le Corbuffet est née en 2015, quand j’ai commencé à organiser des événements culinaires d’inspiration Fluxus dans mon appartement de Brooklyn. Une façon de critiquer la « consommation esthétique » : la cuisine, l’art et le design réservés aux seuls connaisseurs. Elle se compose de plats basés sur des jeux de mots avec des œuvres d’art ou des monuments. Je l’ai appelée Le Corbuffet en référence à Le Corbusier, un misogyne notoire : la féministe en moi a joui de le mettre aux fourneaux. J’aime beaucoup cuisiner, mais je n’avais jamais considéré jusqu’alors la nourriture comme moyen d’expression. Je faisais de la photo grand format, des vidéos, des installations. Par mesure d’économie, je me suis mise à utiliser ce que j’avais sous la main. Les aliments sont devenus des instruments, un moyen d’expression social et esthétique, comme l’est un bâtiment ou un portrait, qui peut amener des gens différents à se rencontrer. Ma famille vient des quatre coins du monde : Bolivie, Barbade, Corée du Nord et Corée du Sud. Petite, la nourriture m’a permis de mettre des mots sur la différence, l’identité, la migration. C’est un véhicule d’histoires et de conversations. J’espère que mon livre, combinant art comestible et grands classiques de l’architecture, donnera envie aux gens d’exprimer leur créativité et de ne pas simplement recopier. Les recettes sont écrites à la manière d’un scénario et accompagnées d’une photo de sculpture culinaire. Il y a aujourd’hui un lissé parfait, à la Instagram, associé à la représentation des aliments. Cette économie de l’image produit un énorme gaspillage. Un produit frais ne ressemble pas à ça. En le regardant avec l’œil du sculpteur, on voit ces soi-disant imperfections sous un nouvel angle. BLOCK!/!17