Comment réussir la transition

tout un paradoxe sur le plan émotif. » – Nadia Desbiens .... Frank Vitaro, Alain Girard, Daniel Pérusse et Richard. Tremblay (Université de Montréal) et Mara.
3MB taille 5 téléchargements 147 vues
{ F&S } FAMILLE ET SANTÉ

Comment réussir la transition

du primaire au secondaire Le passage du primaire vers le secondaire est une étape déterminante dans la vie d’un enfant. Votre préado s’apprête à franchir ce pas ? Nadia Desbiens, professeure titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, vous offre quelques conseils pour l’aider à le faire avec succès. Par Annie Lavoie

Les défis du passage primaire-secondaire Sur le plan social

Sur le plan scolaire

Sur le plan de l’organisation

• Se faire de nouveaux amis dans une école plus grande réunissant des jeunes de plusieurs quartiers

• S’adapter aux méthodes d’enseignement qui varient d’un enseignant à l’autre

• Apprendre à gérer son horaire, son matériel scolaire, ses activités parascolaires, ses déplacements dans l’école, etc.

• Créer un lien de confiance avec de nouveaux enseignants et intervenants

Mon enfant est plus à risque de moins bien s’adapter si… ¡ Il est anxieux et timide ¡ Il a cumulé un retard scolaire ¡ Il manque de motivation et d’engagement sur le plan scolaire

30

¡ Il éprouve de la difficulté à s’adapter sur le plan social et relationnel ¡ Il vit de l’intimidation ¡ Il a des troubles de comportement

• S’adapter à de nouvelles méthodes d’apprentissage et à de nouveaux critères d’évaluation

• Créer un équilibre entre les différentes sphères de sa vie : école, famille, amis, loisirs…

« Les jeunes sont souvent très enthouLes études disent que 30 % des siastes à l’idée jeunes risquent de vivre d’aller à l’école plus difficilement leur secondaire, mais passage du primaire vers en même temps, le secondaire. De ce nombre, la moitié se compose ils sont un peu d’élèves en difficulté. anxieux. Ils vivent – Nadia Desbiens tout un paradoxe sur le plan émotif. » – Nadia Desbiens

Photo : Shutterstock

G

arderie, maternelle, primaire… depuis sa naissance, votre enfant a connu différentes transitions nécessitant une certaine capacité d’adaptation. Aujourd’hui, alors qu’il devient adolescent, il s’apprête à faire un autre grand pas, celui de passer de l’école primaire à l’école secondaire. « Chez un jeune, c’est la transition qui présente le plus haut risque de difficultés, puisqu’elle arrive au moment même où il vit de gros changements développementaux dus à une autre transition, celle de l’enfance à l’adolescence », explique la professeure.

Gabrielle Vol. 3, no 10 · Août – Septembre 2014

F_G0310_030_F&S_Full Ado_V2.indd 30

14-07-15 9:39 AM

Conseils de mamans Douce transition

– Josée « J’ai inscrit mon fils dans une école où il n’y avait que du secondaire 1 et 2 : je trouvais ça moins imposant comme changement. Tout s’est très bien passé. »

Échange entre ados

– Danielle « Ma fille avait une cousine d’un an son aînée qui fréquentait déjà l’école secondaire. Je lui ai suggéré de lui parler de ses inquiétudes. C’est ce qu’elle a fait et ça l’a vraiment rassurée ! »

Quand parler de cette transition avec notre enfant ? On devrait commencer à s’intéresser à la question à partir de la 5e année, nous dit Nadia Desbiens. « En même temps, il faut faire attention. Si on en parle trop tôt ou qu’on semble insistant, le jeune va penser : “ Est-ce si pire que ça ? ”. » Il est donc important de bien doser, ajoute-t-elle. À son avis, l’idée n’est pas nécessairement d’aborder le sujet de front, mais plutôt

Photo : Shutterstock

Temps d’adaptation Normalement, trois ou quatre mois après son entrée au secondaire, notre enfant devrait s’être bien adapté à son nouveau milieu, selon Mme Desbiens. Elle ajoute que si on s’aperçoit que c’est encore très difficile après ce délai, c’est qu’il a peut-être besoin d’un accompagnement. « Il ne faut pas hésiter à en parler avec un intervenant de l’école. La transition primaire-secondaire est une période critique. L’élève doit accrocher assez rapidement à sa nouvelle école, car sinon le processus de démotivation s’enclenchera et pourrait risquer de l’amener à décrocher deux ou trois ans plus tard. »

de guider tranquillement notre enfant vers une plus grande autonomie. « Au primaire, les jeunes sont très encadrés, presque maternés, ce qui n’est pas le cas au secondaire. Subtilement, on commence à donner à notre enfant des moyens pour se responsabiliser. En lui apprenant à noter ses choses dans son agenda pour s’assurer qu’il n’a rien oublié, par exemple. »

Comment rassurer notre enfant ? Prendre le temps d’écouter ses préoccupations, le laisser verbaliser ses craintes et en discuter avec lui est la meilleure chose à faire selon Mme Desbiens. « Pendant la discussion, on note ses questions et on lui dit qu’on va l’aider à y répondre. C’est une bonne façon de ne pas nier ce que l’enfant exprime et de le sécuriser. » Pour trouver les réponses, Mme Desbiens suggère d’aller sur le site Web de la future école secondaire ou même d’apporter la liste de questions lors de la visite de l’établissement scolaire.

Quoi faire pour faciliter la transition ? • Être à l’écoute et amener notre jeune à parler de ce qu’il vit à l’école • L’aider dans son organisation scolaire ainsi que dans sa gestion du temps et de ses priorités • Voir à ce qu’il dispose d’un endroit approprié pour faire ses travaux • Être à l’affût des signes tels qu’une diminution du rendement scolaire, une baisse de motivation pour l’école ou une dégradation de son estime personnelle • Participer aux rencontres avec les enseignants, et ce, dès le primaire • Trouver avec lui un moyen pour qu’il continue à voir ses amis même s’ils ne fréquentent plus la même école que lui

Ressources

…pour les parents et ados ¡ Carte routière pour le secondaire : w3.uqo.ca/transition/tps/ ¡ Allô Prof : alloprof.qc.ca ¡ Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport : mels.gouv.qc.ca

Gabrielle Vol. 3, no 10 · Août – Septembre 2014

F_G0310_030_F&S_Full Ado_V2.indd 31

31

14-07-15 9:40 AM

{ F&S } FAMILLE ET SANTÉ

Mon enfant est rejet :

comment l’aider ? Le rejet fait mal. Et quand il s’installe, il peut sembler difficile d’y mettre fin. Si votre enfant est rejeté par ses pairs, vous souhaitez sans doute l’aider à se sortir de cet enfer. Conseils de Nancy Doyon, coach familial, technicienne en éducation spécialisée (TES), auteure et conférencière. Par Annie Lavoie

L

orsque le jeune vit du rejet, un grand malaise s’installe. « Bien souvent, ça devient comme un cercle vicieux où le rejet vécu par l’enfant induit chez lui des réactions inappropriées venant à leur tour alimenter les moqueries », explique Nancy Doyon. Toutefois, il n’est jamais trop tard pour briser ce cycle, assure-t-elle.

Rejet : quelques signes à reconnaître

Les jeunes qui risquent de vivre le rejet « Trop gros, trop mince, trop bon à l’école ou pas assez… ceux qui sortent du lot courent le risque de vivre du rejet », nous dit Mme Doyon. Cette dernière précise toutefois que ceux qui acceptent leurs différences et qui ont de bonnes habiletés sociales réussissent généralement à bien s’intégrer. « Le danger, c’est qu’en se faisant taquiner à propos de ses différences, le jeune qui ne les accepte pas luimême risque de le prendre de façon très émotive et de se renfermer sur lui-même, risquant même de s’autorejeter », prévient-elle.

À l’école primaire, entre 5 et 10 % des enfants vivent des situations de rejet ou de victimisation. Source : Étude parue dans Child Development. Par Michel Boivin et Ginette Dionne (Université Laval), Frank Vitaro, Alain Girard, Daniel Pérusse et Richard Tremblay (Université de Montréal) et Mara Brendgen (UQAM).

« En s’affirmant, le jeune ne fera peut-être pas cesser le rejet, mais au moins, il ne sera plus victime. » – Nancy Doyon

ü Est souvent triste.

ü Ne va jamais sur Facebook. ü Ne sort pas la fin de semaine.

• En jaser ouvertement avec lui, accueillir sa peine et le consoler.

ü Se sent stressé à l’idée d’aller à l’école.

• L’aider à déterminer ses forces.

ü Démontre une sensibilité exacerbée.

• Le diriger dans une activité dans laquelle il pourra rehausser son estime personnelle et rencontrer des gens avec qui il a des affinités.

ü Tend à être agressif.

30

Que faire si mon enfant vit du rejet ? • Travailler avec lui ses habiletés sociales. Quoi mettre en place pour se faire des amis ? Comment réagir à ceux qui le rejettent ? Si on se rend compte que la situation dépasse ses compétences parentales, consulter un professionnel, qu’il s’agisse d’un psychologue ou d’un coach familial.

Photo : Shutterstock

ü Ne parle jamais de ses amis, n’en invite jamais.

Gabrielle Vol. 3, no 8 · Juin 2014

F_G0308_030_F&S_Full Ado.indd 30

14-04-29 1:58 PM

Conseils de mamans Partir du bon pied – Claudia

« Je crois qu’il est important de travailler la confiance en soi dès la petite enfance. L’autodérision est aussi une bonne chose à appendre à nos enfants pour mieux les outiller. »

Rehausser l’estime – Nathalie

Astuces pour favoriser l’affirmation de soi

« Pense à une personne qui a une belle prestance, qui a confiance en elle, et glisse-toi dans sa peau ! » – Nancy • Utiliser l’humour avec une pointe d’arrogance. • Marcher avec assurance, la tête haute et les épaules relevées. • Regarder dans les yeux.

• Sourire davantage. • Remplacer son costume de poussinpas-de-plumes par un costume de lion.

Les conseils de Nancy pour prévenir le rejet

Photo : Shutterstock

2. Minimiser les reproches sur ses habiletés sociales. Si on ne cesse de lui dire « Dis bonjour à la dame, regarde dans les yeux quand les gens te parlent, etc. », l’enfant grandira avec l’impression qu’il est incompétent socialement et craindra les prochaines rencontres.

Ressources …pour les parents ¡ Nancy Doyon, Non à l’intimidation, Éditions Midi trente. ¡ Nancy Doyon, Prévenir l’intimidation : guide d’intervention, Éditions Midi trente.

Un jeune qui a développé de bonnes habiletés sociales risque moins de vivre le rejet. Trois conseils de base pour mieux outiller nos enfants. 1. Éviter de le surprotéger. En lui disant constamment quoi faire et comment le faire, on nuit à sa confiance en lui. Résultat : on l’insécurise et il sera moins outillé pour faire face aux autres.

« J’ai vécu le rejet pendant mon enfance et mon adolescence, et ce qui m’a aidée dans mon estime, c’est que mes parents m’encouragent à faire des activités dans lesquelles j’étais bonne. C’était à l’extérieur de l’école, je pouvais donc m’amuser en paix. »

3. Favoriser les rencontres avec les amis le weekend. C’est là que les vraies amitiés se tissent. Et c’est tellement plus facile pour un enfant timide de tisser des liens dans le cocon familial qu’à l’école, où il y a plein de monde et où tout va vite. En tant que parent, on évite alors de surcharger les weekends d’activités.

¡ Nancy Doyon, Agir contre l’intimidation : programme d’animation, Éditions Midi trente.

…pour les enfants ¡ Tel-Jeunes : teljeunes.com, 1 800 263-2266 ou 514 600-1002 (messages SMS). ¡ Jeunesse j’écoute : jeunessejecoute.ca, 1 800 668-6868.

Gabrielle Vol. 3, no 8 · Juin 2014

F_G0308_030_F&S_Full Ado.indd 31

31

14-04-29 1:58 PM

{ F&S } FAMILLE ET SANTÉ

La première relation sexuelle : comment en parler ? Notre enfant a vécu plusieurs premières fois. Premiers pas, premier mot, premier baiser… Aujourd’hui, il s’apprête à vivre une autre première fois : celle où il aura sa première relation sexuelle. Prêt à aborder le sujet avec lui ? Jocelyne Robert, sexologue, vous fait cadeau de quelques précieux conseils. Par Annie Lavoie

Comment aborder le sujet ? Selon la sexologue, ça risque de se présenter assez aisément si on a déjà parlé de sexualité avec notre enfant.

À éviter • Faire les réponses et les questions • Dramatiser • Juger • Faire comme si on avait la vérité infuse • Se « débarrasser » du sujet une fois pour toutes

30

Pour 50 % des adolescents, la première relation sexuelle avec pénétration se déroule vers l’âge de 15-16 ans. Source : http ://itss.gouv.qc.ca

« Un jour, on va sentir qu’il est amoureux. On va voir qu’il se passe des choses et ça va venir tout seul. » À son avis, il faut faire preuve

d’ouverture et faire comprendre à notre ado qu’on n’est pas là pour le juger, mais pour l’aider. « On va lui dire qu’on comprend qu’il est en amour, que s’il est prêt à avoir une vie sexuelle active, il n’est pas obligé de tout nous raconter, mais qu’on tient à ce qu’il ne se blesse pas, à ce qu’il prévienne les maladies, les infections et les grossesses. » Jocelyne Robert conseille d’aborder le sujet dans un contexte quotidien. « On peut profiter d’une scène d’amour dans un film, par exemple. Rien ne sert de prévoir un souper officiel au resto. Ça rendrait la chose dramatique et ce n’est pas ce qu’on veut ! », ajoute-t-elle.

À 12 ans, mon ado se dit prêt…Quoi lui dire ? « On lui dit que ça ne se peut pas, qu’il se raconte des histoires ! Qu’un jeune de 12 ans ne peut pas être prêt, à moins qu’il soit un être exceptionnel ! », répond d’emblée la sexologue, amusée par la question. Cette dernière croit qu’il est important de faire comprendre à son jeune, avec un brin d’humour, que ça prend une certaine maturité, une considération de l’autre et une capacité de partage. « Il ne faut toutefois pas nier l’effervescence sexuelle qui l’habite. Il faut lui dire qu’on reconnaît son envie, qu’il peut fantasmer et se masturber, que c’est tout à fait naturel. Mais que vivre une sexualité partagée, c’est autre chose », conclut-elle.

« L’idéal, c’est que les deux parents discutent avec l’ado pour lui transmettre des messages propres à chacun. Si l’un des deux parents n’est pas à l’aise, il laissera la parole à l’autre. » – Jocelyne Robert

Photo : Shutterstock

D’

entrée de jeu, Mme Robert y va d’une mise au point : « Il faut savoir que la première fois d’aujourd’hui n’a rien à voir avec la première fois d’il y a 20 ans. En 2014, les jeunes ont beaucoup plus d’intimité sexuelle et génitale. Ils ont souvent pratiqué un cunnilingus ou une fellation avant leur première fois. On devrait donc parler de première relation avec pénétration », précise-t-elle.

Gabrielle Vol. 3, no 9 · Juillet 2014

F_G0309_030_F&S_Full Ado.indd 30

14-06-06 1:09 PM

Conseils de mamans

Échanger d’égal à égal – Sylvie

« Il faut être ouvert à parler de nous aussi si on veut que nos ados nous parlent. Avec nos filles, on a fait preuve d’ouverture d’esprit et ça s’est bien passé. Au final, c’est un sujet comme les autres. »

Se respecter

Déconstruire le mythe pornographique Avec Internet et les réseaux sociaux, le matériel pornographique n’a jamais été aussi accessible. En voyant toutes sortes de choses sur le Web, les ados en viennent à avoir une vision déformée de la sexualité, selon Mme Robert. « Ils ont vu tellement d’affaires ! Ils

pensent que les gars ont des érections qui durent cinq heures, que les filles jouissent comme des cinglées la première fois, qu’elles ont un orgasme en faisant une fellation... Dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça. C’est du spectacle, il faut leur dire ! »

Amener notre jeune à se poser les vraies questions • Est-ce que j’en ai vraiment envie ? • Est-ce que je le fais pour moi, pour faire plaisir à l’autre ou encore pour faire comme mes amis ?

Photo : Shutterstock

• Est-ce que j’ai confiance en mon partenaire ? • Quelles sont mes attentes pour cette première fois ?

• Est-ce que j’ai prévu des moyens de me protéger contre les ITS et la grossesse ?

« Dans une maison où se trouvent des ados de 14 ans et plus, il devrait toujours y avoir des condoms dans la pharmacie ! » – Jocelyne

• Est-ce que j’ai prévu que ça se passe dans un contexte serein, agréable ?

« Même si la première fois ne l’amène pas au septième ciel, s’il passe un bon et tendre moment, le jeune aura un beau souvenir et aura envie d’explorer davantage les fois suivantes. » – Jocelyne

– Fanny

« Moi, avec mes deux adolescentes, j’ai surtout parlé du respect de leur corps et du droit de dire non. Je leur ai dit que lorsqu’on franchit une telle étape, on peut difficilement revenir en arrière. »

Ressources …pour les parents  Jocelyne Robert, Full sexuel, Les Éditions de l’Homme  Jocelyne Robert, Parlez-leur d’amour et de sexualité, Les Éditions de l’Homme

…pour les ados  Tel-Jeunes : teljeunes.com, 1 800 263-2266 ou 514 600-1002 (messages SMS).  Jeunesse j’écoute: jeunessejecoute.ca, 1 800 668-6868.

Gabrielle Vol. 3, no 9 · Juillet 2014

F_G0309_030_F&S_Full Ado.indd 31

31

14-06-12 08:38