ClimatLes entreprises inversent la tendance - ISSOL

18 nov. 2015 - confie Eddie Turcon, directeur immobilier du groupe ... duit, les autres mettent en œuvre de nouvelles technologies. Toutes améliorent leur ...
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Norvège Durcir le bois tendre pour protéger les forêts tropicales

novembre 2015 www.lecho.be

Edition spéciale

Farciennes Construire avec des blocs de CO2 PAGE 6

Courtrai Smappee, le Shazam de la consommation électrique PAGE 8

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avec le soutien de

Pendant que les chefs d’Etat et de gouvernement palabrent à Paris lors de la Cop 21, les entreprises fourmillent d’idées pour améliorer l’environnement. Elles en font un business et c’est le climat qui en tire les dividendes.

© FILIP YSENBAERT

Climat Les entreprises inversent la tendance

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L’ECHO MERCREDI 18 NOVEMBRE 2015

En bref «La solution au problème d’emploi? Transformer Naestved en Ressource City.»

© FINN FRaNDSEN

Carsten Rasmussen Maire de Naestved

Naestved, quinzième ville du Danemark, est confrontée à un nombre d’emplois en baisse et à un faible niveau d’éducation. La solution imaginée? Le projet Ressource City, pour transformer la ville en une centrale de recyclage. Le concept repose sur la valorisation, c’est-à-dire l’utilisation des déchets d’une entreprise comme matériaux de production pour une autre. La ville accueille déjà, dans une ancienne usine de

fabrication de papier, une des usines de tri du verre les plus sophistiquées au monde, appartenant au groupe allemand Reiling. Juste à côté, le Suédois RagnSells reçoit des déchets venant de tout le Danemark – il récupère ainsi le verre des vieilles portes et fenêtres pour le revendre à Reiling.

Thomas Faergeman (Politiken)

En Amérique latine, production propre rime avec productivité au Mexique et en Colombie, deux programmes public-privé aident les PME à optimiser leur productivité en introduisant des outils de production propres (cleaning production). Grâce à des sessions de travail réparties sur 10 semaines, les directeurs et employés des PME sont dotés de nouvelles compétences, afin de concevoir leur propre projet de production propre. Pas moins de 70% des entreprises participantes s’engagent à une amélioration continue. Les unes ajoutent de la valeur à leur produit, les autres mettent en œuvre de nouvelles technologies. Toutes améliorent leur productivité. Henry Gómez, professeur émérite à l’IESA (Caracas) et Bart van Hoof, professeur associé à l’UASM (Universidad de Los Andes)

Du photovoltaïque haute couture

Des boues d’épuration transformées en énergie même valeur énergétique qu’un litre de gasoil. Le processus permettra aussi de produire du combustible industriel sous forme de pellets ou encore du substrat de ciment en valorisant les cendres.

Claude Karger (Lëtzebuerger Journal, Luxembourg)

© QaRNOT COMPUTING

La petite entreprise luxembourgeoise Soil-Concept termine la construction d’une unité destinée à générer de l’énergie en transformant en gaz du compost produit sur le site de Diekirch. Trois kilos de ce compost, né d’un mélange de boues d’épuration, déchets verts et écorces de bois, ont environ la

Le photovoltaïque, ça peut être beau, démontre Issol, une petite entreprise belge qui a déjà équipé le ministère français de la Défense à Paris, l’administration des Finances à Liège ou le nouveau bâtiment du Conseil de l’Union européenne à Bruxelles. Christine Scharff (L’Echo)

D Chaleur numérique Chauffer un appartement ou un bureau en recyclant la chaleur des ordinateurs. C’est le credo de la société française Qarnot Computing. Elle a intégré des ordinateurs connectés à internet à l’intérieur de radiateurs classiques. Originalité de cette solution: ce radiateur numérique met à distance la puissance de calcul de ses serveurs à la disposition d’entreprises. En échange, le chauffage est gratuit pour l’occupant des lieux.

Nathalie Silbert (Les Echos)

ans le carnet de commandes d’Issol, les contrats prestigieux s’accumulent. La course contre la montre est lancée pour terminer la façade dorée de l’immeuble de la société de déstockage sur internet Vente-Privée, situé en face du stade de France et de l’autoroute A1 à Saint-Denis. Une façade conçue par le célèbre architecte, urbaniste et designer français Jean-Michel Wilmotte. La petite entreprise belge vient de décrocher le marché pour équiper d’une voile photovoltaïque de 1.000 mètres carrés la Cité musicale à Paris, dessinée par le Japonais Shigeru Ban. Elle a aussi été retenue pour équiper le palais de Justice de Paris de brise-soleil photovoltaïques en façade et de vitrages actifs en toiture. Un bâtiment signé par un autre architecte de très grand renom, l’Italien Renzo Piano. «En décembre, avec la Conférence de Paris sur le Climat, le monde entier va passer devant notre immeuble. Même si le chantier a un

peu de retard, nous faisons tout pour que cette façade technologique inédite soit terminée. Issol a fabriqué pour nous une mosaïque photovoltaïque dorée qui offre une brillance extrême au soleil. Elle ne passera pas inaperçue», confie Eddie Turcon, directeur immobilier du groupe Vente-Privée. Issol affiche aussi parmi ses références l’audacieux siège de l’administration bruxelloise de l’environnement, surnommé «le grille-pain», la gare TGV de Perpignan, la toiture du ministère de la Défense à Paris ou la tour des Finances à Liège. Sa spécialité: le solaire «haute couture» qui joue les toitures, les façades ou les pare-soleil tout en produisant de l’électricité. Une niche où une petite poignée d’entreprises seulement sont actives en Europe. Ses principaux concurrents? Ertex Solar en Autriche, Energy Glass en Italie et Onyx Solar en Espagne. C’est à Dison, dans l’est de la Belgique, que ses 50 salariés conçoivent et réalisent ces verres actifs hors du commun. Grâce à une technique d’impression céramique, ils peuvent, à la demande, jouer les caméléons et prendre tous les aspects voulus:

«Il ne s’agit pas de solutions impayables, mais de matériaux de construction actifs.» LAURENT QUITTRE FONDaTEUR D’ISSOL

L’ECHO MERCREDI 18 NOVEMBRE 2015

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Sus aux passagers clandestins Involontairement, les bateaux transportent des espèces invasives tout autour du monde. Une société française pionnière dans ce domaine emploie des rayons ultraviolets pour exterminer ces passagers clandestins. Quand un cargo chinois est arrivé à Lima en 1991, il n’a pas déchargé que sa cargaison. Il a aussi vidangé l’eau de ses ballasts et, avec elle, la bacté+ rie du choléra. La maladie s’est disséminée dans 11 pays, tuant quelque 9.000 personnes. L’incident a placé sous les projecteurs un effet indésirable peu connu de notre économie mondialisée: les bateaux qui transportent les marchandises dans le monde déplacent également, chaque année, des millions de tonnes d’eau de mer tout autour de la planète sous forme de ballasts, qui garantissent leur stabilité à la mer. Mais l’eau de ballast contient des bactéries, des plantes et des animaux marins qui, quand ils sont libérés, peuvent provoquer des dommages dévastateurs pour l’environnement dans les domaines écologique, économique et de santé publique. En réponse à ce problème, l’Organisation maritime internationale des Nations Unies et les garde-côtes des états-Unis vont bientôt exiger des navires le traitement de toutes leurs eaux de ballasts

avant leur vidange dans les eaux côtières. L’une des sociétés les plus innovantes et les plus favorables à l’écologie, qui traite ce problème, se trouve dans le sud de la France où Benoît Gillmann a fondé BIO-UV après avoir découvert cette technologie aux rayons ultraviolets. «Quelqu’un m’a parlé d’un gars qui utilisait un machin qu’il avait construit dans son garage pour traiter sa piscine sans chlore» explique Benoît Gillmann. «Le système fonctionnait si bien que j’ai décidé de le commercialiser.» Utilisant la lumière ultraviolette pour inactiver les organismes vivants, BIO-UV a commencé en 2000 en traitant l’eau des piscines avant de détecter de nouvelles opportunités dans le traitement des eaux de ballast une décennie plus tard. Aujourd’hui, la société compte 69 employés en France et aux états-Unis et elle prévoit que son chiffre d’affaires va passer de 12 millions d’euros aujourd’hui à 30 millions d’euros à la fin de 2018. Par l’intermédiaire de sa marque BIOSEA, BIO-UV a récemment fourni un système de traitement des eaux de ballast du nouveau CMA CGM Vasco De Gama, l’un des plus grands cargos du monde. «C’est une grande source de fierté pour l’entreprise» déclaré Benoît Gillmann. C’est aussi une bonne nouvelle pour le reste de la planète.

Nicholas Le Quesne (SPARKNEWS)

S’éclairer au solaire et payer par GSM Ay Kenya, M-KOPA éclaire la vie des gens, grâce à son modèle novateur, alliant énergies renouvelables, technologie GSM et paiement mobile. Hannah McNeish (Sparknews)

M

ichael Saitabau, un garçon de 11 ans, a souvent dû arrêter de faire ses devoirs au coucher du soleil parce qu’il n’y avait plus de lampes à pétrole. Au Kenya, un pays où seulement 20 à 25% des gens ont un raccordement électrique au réseau, la seule source de lumière des foyers modestes parsemant les Ngong Hills, c’était les étoiles. Quand la mère de Michael, Faith, a enfin pu acheter du kérosène supplémentaire, elle fabriquait des objets d’artisanat qu’elle vendait au détriment de sa santé. «Les émanations de fumée me faisaient beaucoup de mal, dit-elle. Quand je les + recrachais en toussant, c’était tout noir.» M-KOPA, le leader de l’énergie solaire au Kenya, vend désormais une solution alternative, renouvelable et à

faible coût. Moyennant un acompte de 35 dollars, le foyer est équipé d’un système solaire domestique comprenant un panneau solaire sur le toit, trois lampes, une radio et un boîtier de commande pour charger un téléphone portable. Il acquitte chaque jour l’équivalent de 0,43 dollar grâce à un système de paiement mobile. Et au bout de l’année, il devient propriétaire de l’installation, ayant ainsi accès à l’électricité gratuitement. Lancé en 2012 par une équipe internationale, M-KOPA s’impose comme principal fournisseur d’énergie à la demande dans le monde pour les maisons hors réseau, ayant remis l’énergie solaire au goût du jour en Afrique de l’Est. Forte de ses 40 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel, la société compte 225.000 clients au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, s’attaquant maintenant au Ghana et à l’Inde. Au Kenya, 75.000 personnes bénéficient désormais de l’électricité gratuite, et l’entreprise en annonce 4 millions d’ici 2020. Lorsque les Saitabau auront fini de payer leur prêt, ils achèteront deux lampes de plus pour la chambre des enfants. «J’adorerais pouvoir lire un livre dans mon lit» dit Michael.

© L35 ARQUITECTOS, AGENCE NICOLAS MICHELIN & ASSOCIéS, PHILIPPE SAMYN AND PARTNERS ARCHITECTS.

bois, marbre, végétal… De quoi aussi concevoir des aspects innovants, qui racontent une histoire et communiquent sur l’identité des occupants. Issol a pour volonté de donner une fonction architecturale au photovoltaïque. «Même si nous fabriquons aussi des panneaux classiques, notre cœur de métier, c’est le photovoltaïque architectural, qui représente désormais 90% de notre chiffre d’affaires», souligne Laurent Quittre, un ancien banquier qui a fondé la société en 2006, dans une région réputée pour l’excellence de ses ingénieurs et la qualité de ses architectes, mais où les coûts salariaux obligent à se démarquer des fabricants de panneaux à bon marché venus de Chine ou d’ailleurs. Son premier client significatif? L’Euro Space Center de Redu, un centre de découverte du spatial installé au cœur des Ardennes belges, où les capteurs d’Issol ont été utilisés pour offrir une nouvelle enveloppe au bâtiment. L’architecte et ingénieur belge Philippe Samyn, qui en a dessiné les plans, cherchait une société capable de réaliser ces vitrages photovoltaïques de différentes formes, très transparents. «Issol fait partie de ces PME qui se caractérisent par leur extraordinaire souplesse et leur écoute, et qui sont à l’avant-garde, dans un secteur où les innovations mettent souvent 25 ans à s’imposer», commente l’architecte. Et

De haut en bas: Sur la gare de Perpignan, Issol a réalisé un toit avec cellules photovoltaïques intégrées, qui rappelle le clavier de piano des Aristochats. Sur le ministère de la Défense à Paris, il a placé en toiture 8.000 m2 de vitrages photovoltaïques à l’aspect zingué. Et il a équipé l’Europa – cette lanterne architecturale qui va devenir le siège du Conseil de l’Union européenne, à Bruxelles – d’une surtoiture en vitrages photovoltaïques semitransparents.

quand Philippe Samyn a décroché le gigantesque projet Europa, cette lanterne architecturale au cœur de Bruxelles qui va devenir le siège du Conseil de l’Union européenne, il s’est à nouveau tourné vers Issol pour les vitrages photovoltaïques semitransparents qui forment la surtoiture de ce bâtiment appelé à être régulièrement sous les feux des médias. Si Laurent Quittre est fier de faire du beau et de concevoir des matériaux hors du commun avec les plus grands architectes, il se méfie du terme «haute couture». «Il ne s’agit pas de solutions impayables, mais de matériaux de construction actifs, qui présentent toutes les qualités mécaniques ou de réaction au feu pour former l’enveloppe des bâtiments.» Et avec la chute des prix de la silice, la matière première des cellules photovoltaïques, le surcoût de ces matériaux s’amortit en quelques années grâce à l’électricité produite. «En outre, suite à la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments, la demande ne vient plus seulement des architectes, mais également des investisseurs, de plus en plus soucieux des performances énergétiques du projet», analyse Laurent Quittre. Aujourd’hui essentiellement active en Belgique et en France, l’entreprise compte appuyer sur l’accélérateur, et trouver dans les pays nordiques un nouveau terrain de jeu.

© M-KOPA SOLAR/GEORGINA GOODWIN.

«Avant, il arrivait que mes enfants ne puissent pas faire leurs devoirs parce que nous manquions de kérosène. Maintenant, ils peuvent étudier tôt le matin et tard le soir», explique Leah Talam, d’Eldama Ravine, au Kenya.