Cinq raisons de manifester pour le logement samedi

est en suspens depuis leur éva- cuation (lire page 4). Malgré l'assurance par les autorités que « tout est mis en œuvre » pour les aider, les arrêtés de pé-.
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La Marseillaise / samedi 2 au dimanche 3 février 2019

L’ÉVÉNEMENT Rue d’Aubagne : un cahier spécial de « l’Humanité » lundi 4 février Nos consœurs et confrères de l’Humanité tiennent ferme la barre dans la tempête alors que les lecteurs et les salariés du journal créé par Jean Jaurès attendent une décision cruciale pour l’avenir du titre, le 7 février. Lundi 4 février, jour du conseil municipal de Marseille et veille d’un triste anniversaire – la mort, trois mois jour pour jour, de huit Marseillais dans l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne – l’Humanité publie un cahier spécial de quatre pages avec des textes de Frédéric Valabrègue, Valérie Manteau, Michea Jacobi et Roberto Ferrucci ainsi que des photos de Franck Pourcel et des dessins de Kamel Khelif. Ce cahier a été réalisé sur la proposition de Pascal Jourdana et d’Alain Paire. Le meilleur moyen de soutenir ce journal ? L’acheter et le lire ! F.V. Depuis le 5 novembre, plusieurs milliers de Marseillais ont manifesté pour le droit à un logement digne. Samedi, ils seront à nouveau présents à partir de 14 heures au métro Notre-Dame-du-Mont (6 e). PHOTO M.RI.

Cinq raisons de manifester pour le logement samedi MOBILISATION À l’appel d’associations et de collectifs citoyens, une grande marche pour le logement et le droit à la ville s’organise samedi à 14h au départ de NotreDame-du-Mont (6e) à Marseille. L’occasion pour les citoyens d’affirmer, une fois encore, que la ville ne se fera plus sans eux.

C

e n’est pas la pluie ». Ce slogan, martelé à chaque marche pour un logement digne, devrait retentir une fois encore sous les fenêtres de l’hôtel de ville ce samedi. Près de trois mois après les effondrements des 63 et 65 rue d’Aubagne, l’émotion suscitée par le drame ne retombe pas. À l’avant-veille d’un conseil municipal qui s’annonce, une fois encore, houleux, la mobilisation citoyenne entend bien maintenir la pression sur les autorités afin que la tragédie

ne se reproduise plus jamais. Voici quelques bonnes raisons, si nécessaire, d’aller manifester ce samedi.

1. Parce que les délogés

n’ont toujours pas retrouvé une vie normale

2 017 personnes ont été délogées depuis le drame, selon le dernier décompte transmis par la mairie. Arrachés de leurs appartements, trimballés d’hôtel en hôtel, en quête d’informations souvent imprécises ou contradictoires, la vie des délogés des taudis Marseillais est en suspens depuis leur évacuation (lire page 4). Malgré l’assurance par les autorités que « tout est mis en œuvre » pour les aider, les arrêtés de péril tombent sans discontinuer. Les réintégrations, elles, se font au compte-gouttes. À ce jour, seuls 89 baux, définitifs ou temporaires, ont été signés.

2. Parce que la crise est loin d’être terminée

Le décompte des immeubles dégradés n’est pas encore terminé. L’audit sur l’habitat insalubre promis par Christophe

Castaner, le jour du drame, n’a toujours pas été lancé. Ce nouveau recensement fait craindre de nouvelles évacuations. Les 13, 14, 15 et 16e arrondissements, relativement épargnés par les arrêtés de péril jusqu’ici, pourraient à leur tour être touchés. Certains quartiers présentent en effet des immeubles très dégradés, dont les occupants n’ont pas été évacués.

3. Parce qu’un effet d’aubaine est à craindre

Plusieurs délogés, malgré leurs demandes et les promesses faites par la municipalité, n’ont eu pour seules propositions de relogement que des appartements situés hors de leur quartier. La crainte d’un éloignement des plus pauvres du centre-ville est dans toutes les têtes. D’autant que face à l’ampleur de la crise et du montant (souvent astronomique) des rénovations préconisées par les experts mandatés, la Ville se prépare à démolir plusieurs immeubles. Une délibération présentée, lundi, au conseil municipal prévoit la démolition des immeubles situés au 78, 80

et 82 rue Bernard du Bois, à deux pas de la gare SaintCharles. La déconstruction des 41 et 43 rue de la Palud, eux aussi fortement endommagés, doit débuter mardi. Une liste de 19 immeubles très dégradés appartenant à la Ville a été effectuée. En vue de démolitions ? Trois mois après le drame, la municipalité tente de rattraper à toute hâte l’inaction passée. Lors d’un déjeuner de presse, jeudi, le directeur général des services, Jean-Claude Gondard ne faisait pas mystère des intentions de la mairie : « Nous allons vers une transformation des quartiers anciens qui ne vont pas plaire aux habitants sensibles au charme de ce type de bâti. Cela passera forcément par des démolitions au vu de l’ampleur des signalements »...

4. Parce que la

mobilisation fait bouger les lignes

Après trois manifestations réunissant 10 000 personnes criant « Gaudin démission ! » au pied de la mairie, la municipalité n’a plus les coudées franches. La recommandation par

le commissaire enquêteur de l’abandon du partenariat Public-Privé sur les écoles ou l’abandon de l’hôpital privé à Saint-Barnabé en sont la preuve.

5. Parce que la ville doit

se faire avec ses habitants

C’est une, si ce n’est la première réclamation des signataires du manifeste pour un Marseille vivant et populaire. Les citoyens marseillais sont lassés d’un pouvoir municipal droit dans ses bottes reconduit tous les six ans, depuis 24 ans. Transparence et concertation, si éloignées de la culture politique de la majorité menée par Jean-Claude Gaudin, sont réclamées par les Marseillais. Marie Emmanuelle Assidon, préfète déléguée à l’égalité des chances ne s’y est pas trompée en déclarant mercredi lors des vœux de la rénovation urbaine : « Le 5 novembre nous a fait changer d’époque. Aucun projet de rénovation urbaine ne pourra être mené à bien sans réelle concertation. Ce n’est pas un gadget ». Chiche ?

Marius Rivière