Ces Belges qui se battent pour Tsahal

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Ces Belges qui se battent pour Tsahal PROCHE-ORIENT

Devenus Israéliens, ils portent les armes et participent aux combats

Mort au combat, Eytan Barak avait des origines belges. D’autres Belges ont choisi de devenir israéliens et de s’engager dans les rangs de Tsahal. « L’armée, un terreau social », dit l’un d’eux.

ans la nuit du 17 au 18 juillet dernier, le sergent Eytan Barak fut le premier soldat israélien à perdre la vie dans l’offensive contre Gaza. Agé de 20 ans, il était le fils d’une Belge établie en Israël et avait la double nationalité. Le soldat n’était pas le seul Belge à servir dans les rangs du Tsahal : il n’est pas rare que certains jeunes issus de la communauté juive de Belgique se rendent dès leur majorité en Israël pour adopter la nationalité. « Pour beaucoup, l’expérience militaire est envisagée comme un véritable terreau social permettant un meilleur épanouissement collectif », analyse Robby Spiegel, président d’Israël Bonds, une organisation sioniste active en Belgique. L’engagement dans l’armée est obligatoire pour chaque résident israélien, homme ou femme, dès l’âge de 18 ans, à l’exception des Israéliens orthodoxes et musulmans pour qui les règles peuvent différer. Le service militaire des hommes dure trois ans, celui des femmes, deux. S’ensuivent généralement des rappels annuels pour tous les citoyens devenus réservistes, pour une durée d’environ un mois, variant en fonction du profil et du grade, et cela jusqu’à l’âge de 35 ans.

D

« Obligations citoyennes » David Lowy, 29 ans, fait partie de ces Belges qui ont immigré en Israël. C’est là qu’il envisageait son avenir, c’est là aussi qu’il s’est engagé pleinement pendant trois ans dans l’unité parachutiste de l’armée. Une décision prise il y a dix ans et qu’il n’a jamais regrettée. « Mon éducation m’a très tôt fait sentir que mon ap-

Des Belges engagés dans Tsahal, il y en a, mais ils ne sont pas légion. © BELGA.

partenance au peuple juif définissait mon identité. Je voulais vivre mon appartenance au peuple juif de manière décomplexée et m’épanouir pleinement. » Bien que les ambitions aient été franches, se faire une place au sein d’une unité militaire étrangère n’était guère aisé. D’autant que son intégration passait aussi par l’apprentissage de l’hébreu. « Je voulais remplir mes obligations de citoyen. Je me suis donc porté volontaire. Mais avec mon physique de grand blond aux yeux bleus et mon accent à couper au couteau, je ne passais pas inaperçu. Les gars de mon unité me prenaient pour un

farfelu. Encore aujourd’hui, ça ne me quitte pas, ils m’appellent David habelgi (NDLR : « le Belge », en hébreu), c’est assez drôle ! Mais au début, ils ne comprenaient pas pourquoi j’étais venu, car eux avaient été privés de ce choix. » David fait figure d’exception. Contrairement à ceux qui, comme lui, ont souhaité renouer avec leurs racines, les Belgo-Israéliens qui résident toujours en Belgique ne sont pas prêts à prendre les armes. « Rejoindre d’initiative Tsahal, ça se faisait encore il y a 40 ou 50 ans mais aujourd’hui, ça semble totalement irréaliste, confie Sagi, qui a effectué son

service militaire en Israël il y a une quinzaine d’années et qui vit aujourd’hui à Bruxelles avec sa femme et ses deux enfants. Ce n’est pas que nous, les Belgo-Israéliens, ne voulons pas aider Tsahal. C’est que Tsahal n’a pas besoin de nous. Je suis même certain que si je me présentais pour intégrer la réserve, l’armée ne voudrait pas de moi. Je ne suis pas assez entraîné. » Les Belgo-Israéliens seraient d’ailleurs plus utiles, estime Sagi, en menant une bataille médiatique sur les réseaux sociaux, ici, en Belgique. « Parce que pour l’instant, c’est dur, très dur, d’être Israélien en Belgique. On est exposé

à la critique en permanence », déplore le jeune père de famille. « Les gens se focalisent sur les chiffres. Trente morts d’un côté contre 800 de l’autre. Ils ne prennent pas en compte les milliers de roquettes qu’Israël se ramasse. » Sagi avait prévu de passer les vacances au pays avec sa famille installée dans le nord. « On a hésité, avec le cessezle-feu… Mais comme il n’a pas été respecté, on s’est dit qu’avec les enfants, c’était trop risqué. On ne veut pas qu’ils entendent les sirènes ou qu’ils soient obligés de se réfugier dans un abri. » ■

MANON JACOB et LUDIVINE PONCIAU