RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DES SYSTÈMES ÉDUCATIFS DANS LES CONTEXTES FRAGILES RÉSUMÉ Ce document a pour but de définir les besoins en renforcement des capacités d’éducation dans les contextes fragiles. Il aborde d’abord le thème de la fragilité, pour tenter d’en discerner les phases, les types et les causes. Les États fragiles sont ceux qui ne possèdent ni la capacité ni la volonté d’exercer les fonctions gouvernementales de base pour le bien de tous. L’éducation peut être à la fois une cause et une conséquence de la fragilité, avec ses propres problèmes de légitimité, de contribution aux conflits comme à la paix, d’extrême inégalité et de faiblesse au niveau de la gouvernance. Le document identifie l’édification de l’État (state building) comme un problème essentiel, et explique en quoi les systèmes éducatifs permettraient d’accroître la responsabilisation, la confiance, la participation civique et le capital social qui caractérisent un État fort. Le renforcement des capacités va au-delà des connaissances techniques et des compétences des individus. Il concerne également les processus d’amélioration des performances organisationnelles, des cultures institutionnelles et, à terme, de la situation sociale, économique et politique. La question se pose alors de savoir à quels critères s’attaquer en priorité et dans quel ordre. Le changement organisationnel consiste à améliorer la réglementation et l’efficacité d’organes tels que les ministères de l’éducation, tandis que le changement institutionnel s’intéresse aux cultures cachées et aux règles informelles du lieu de travail, notamment à l’exercice du pouvoir et de l’autorité, au népotisme et à la corruption. Le cadre environnant attire l’attention sur le rôle de l’éducation dans les tensions ethniques ou religieuses et sur la nécessité d’apporter un soin particulier aux programmes d’enseignement, aux livres scolaires et aux relations entre les élèves afin de favoriser la cohésion sociale. Le présent document montre les rôles parallèles que jouent les systèmes administratifs de l’éducation et les institutions d’enseignement dans la restauration des fonctions de l’État. Pour améliorer la transparence et l’efficacité, les systèmes administratifs s’appuient sur le renforcement des capacités au niveau des fonctions réglementaires, de la planification, de la comptabilité, de la gestion financière et de la communication, dans le but de mettre en place des indicateurs de suivi et d’évaluation, sachant que l’appropriation par les citoyens et par les communautés est importante au niveau local. Pour améliorer la participation et le capital social, les institutions d’enseignement ont besoin de formation professionnelle pour les enseignants dans des domaines tels que l’éducation politique, l’éducation civique, les droits de l’homme, la compréhension des médias, la non-violence et l’autonomisation des femmes. Pour améliorer le capital humain, un renforcement des capacités est nécessaire au niveau de la formation continue ciblée et de l’analyse du marché du travail, mais aussi dans des secteurs tels que l’éducation à la santé, l’esprit d’entreprise et la résolution des problèmes. Tout cela s’applique autant à l’éducation des adultes qu’à celle des enfants et des jeunes à travers l’école. En ce qui concerne les axes à privilégier, la décision dépendra évidemment de la situation considérée. Il faudra également tenir compte des rôles et des positionnements des donateurs. Le document présente différentes réponses méthodologiques mises au point par les partenaires à ce jour, que ce soit en termes de principes d’engagement, d’approches par étapes successives ou d’approches axées sur les problèmes. Ces choix sont également liés aux décisions prises au sujet de l’alignement des donateurs, des relations avec le gouvernement et des parties prenantes partenaires. Le document évoque aussi les pistes d’amélioration possibles au niveau national, régional et mondial. En situation précaire, pour réussir à renforcer les capacités de manière durable, il faut a) analyser honnêtement le niveau de fragilité, b) rechercher des influences multiples, c) motiver les bénéficiaires visés, d) cibler ceux qui peuvent interrompre les cycles de fragilité et e) disposer d’indicateurs sur l’impact du renforcement des capacités.