Business Model Storyboard

Les Fées Papillons 31 décembre 2016

Auteurs : Jérôme Boncler, Mariyam Lakhal, Thierry Verstraete. Centre de beauté et de bien-être solidaire. Ce cas entre dans une recherche confiée à l'équipe Entrepreneuriat de l'IRGO. Cette recherche est soutenue par le groupe Impulsion (Crédit Mutuel du Sud- Ouest et Domofrance) de la Fondation Bordeaux Université.

Ce document a été édité à l'aide de GRP Storyteller www.grp-lab.com

GÉNÉRATION Porteur(s) Patricia Chauffourier (52 ans), à la suite d'un parcours professionnel d'une dizaine d'années dans le monde de l'entreprise, et après s'être investie dans un projet patrimonial et entrepreneurial familial, s'est trouvée confrontée à plusieurs accidents de la vie qui l'ont amenée à réfléchir à ses valeurs ; elle décide alors de retrouver sa liberté et de reprendre en main son parcours de vie. Originaire de Bordeaux, elle est diplômée, en 1985, de l'ESC Lyon. Elle a occupé différents postes dans le privé : dans une franchise de bijouterie (formation et communication), dans un cabinet R.H. (développement de l'activité), dans un groupement de distributeurs (service du recrutement). Puis en 1999, elle est revenue à Bordeaux, pour s'occuper de l'aspect commercial et communication d'un domaine acheté par son père. A partir de 2010, elle est alors confrontée à plusieurs accidents de la vie (décès de son frère, conflit avec son père, divorce, maladie grave) qui l'ont amenée à vouloir redonner du sens à son existence.

GÉNÉRATION Proposition de la valeur Les Fées Papillons accueillent des femmes en difficulté (les Papillons), adressées par des structures prescriptrices, et leur proposent un parcours complet de soins de beauté et de bien-être assurés par des professionnelles bénévoles (les Fées) ; en contrepartie, les Papillons s'engagent à adhérer à l'association et à lui consacrer un peu de temps. L'objectif est d'aider des femmes confrontées aux épreuves et aux violences de la vie, à retrouver estime de soi, confiance, énergie et de faciliter leur réintégration sociale. L'équipe de Fées offre des soins de beauté (conseil en image, coiffure, maquillage, soins du visage et du corps,...) et de bien-être (écoute, massage, réflexologie, relaxation, sophrologie,...), organisés dans un parcours complet et personnalisé. L'offre de bien-être, à laquelle de nombreuses femmes n'ont pas accès, par manque de confiance en elles et de ressources économiques, est ici considérée comme un "antidote sérieux et efficace, et non pas superflu ou futile" face aux difficultés du quotidien (logement, travail, santé...). La finalité est de leur procurer douceur et harmonie tout en leur permettant de tisser des liens sociaux.

GÉNÉRATION Fabrication de la valeur Les Fées Papillons ont créé un centre de beauté et de bien-être dans deux appartements mis à disposition par un bailleur social au sein du quartier défavorisé des Aubiers à Bordeaux, su développer des partenariats afin de bénéficier de matériels et de produits à bon prix, réussi à mobiliser des financements privés et publics, suscité l'engagement bénévole de professionnelles. Les bénéficiaires sont adressées par des partenaires prescripteurs les accompagnant dans leur réinsertion sociale et professionnelle. Elles sont accueillies dans des locaux entièrement aménagés, en un "cocon de douceur et de joie". Le fonctionnement de l'association s'appuie à la fois sur l'engagement bénévole de la présidente, du conseil d'administration et des professionnelles dispensant les soins (environ 15), et d'une coordinatrice, salariée initialement grâce au FSE (Fonds Social Européen). La communication des Fées Papillons se fait au travers d'une bonne couverture médiatique complétée par des flyers, des affiches, un site internet et des participations à des salons. Cela leur permet notamment de trouver des professionnelles bénévoles et d'assurer une certaine exposition des partenaires.

RÉMUNÉRATION Sources des revenus Les sources de revenus des Fées Papillons sont essentiellement constituées de subventions ou de financements publics, qui pour la plupart ne sont pas pérennes, même si la présidente a le souhait, malgré les difficultés, de développer la facturation de prestations et le mécénat. Ces apports publics sont justifiés par l'objet de l'association qui contribue au bien-être social et au bien-vivre et par la reconnaissance du travail effectué. Ils demandent un effort important de constitution des dossiers et de reporting. Il faut justifier de l'utilisation des fonds. Il est envisagé de développer la facturation des prestations auprès de certains prescripteurs. Quant à la recherche mécénat, malgré de nombreuses démarches auprès des entreprises, elle s'avère infructueuse. Les cotisations des adhérentes (Fées ou Papillons) sont symboliques mais ont pour but de responsabiliser et d'impliquer. Mme Chauffourier souhaiterait un meilleur équilibre entre les différentes sources de revenus et une moindre dépendance vis-à-vis des financements publics. Au delà des apports financiers, les contributions volontaires en nature constitue une source de revenu sans laquelle l'association ne pourrait pas fonctionner.

RÉMUNÉRATION Volume des revenus La présidente estime nécessaire de disposer a minima d'un budget annuel de 30 000 euros, provenant pour l'instant à 95 % de financements privés (fondations) ou de financements publics, afin de pouvoir fonctionner correctement ; cette somme sert principalement à rémunérer l'indispensable coordinatrice (les dons et le bénévolat ne suffiraient pas). Grâce au financement du Fonds d'Innovation Sociale (40 000 euros), ce salaire a pu être pris en charge en 2014-2015. Pour les trois années à venir, ce salaire sera pérennisé par la signature avec la préfecture d'un Contrat Adulte Relais financé à hauteur de 18 000 euros. Le contrat de la coordinatrice étant un contrat aidé, le CNASEA intervient à hauteur de 6 000 euros annuels. De plus, l'association bénéficie de subventions publiques, variables suivant les années. De façon marginale, la vente de prestations et les cotisations (de l'ordre de 700 euros) abondent aux produits. En intégrant les contributions volontaires en nature, le volume des produits des Fées Papillons font plus que doubler.

RÉMUNÉRATION Performances Les Fées Papillons parviennent à équilibrer leurs comptes, voire à dégager un report à nouveau, malgré un manque notable de visibilité et des difficultés récurrentes pour obtenir les financements nécessaires, même si l'association bénéficie d'une bonne reconnaissance de son activité par les institutionnels et les médias. On constate que les produits sont supérieurs aux prévisions et les charges inférieures (d'où le report à nouveau qui peut permettre à l'association de faire face à d'éventuels imprévus ou difficultés de financement). La performance des Fées Papillons passe aussi et surtout par sa capacité à mobiliser les contributions volontaires (appartements mis à disposition par Domofrance, bénévolat des Fées) qui, valorisées, double le budget de l'association. Les Fées Papillons bénéficient régulièrement de nombreux reportages dans la presse écrite et audio-visuelle démontrant ainsi la qualité du travail réalisé et la pertinence des actions entreprises.

PARTAGE Parties prenantes La présidente des Fées Papillons imagine son réseau de parties prenantes comme une araignée tissant sa toile entre des parties prenantes internes (les Papillons, les Fées, la coordinatrice, les membres du bureau) et des parties prenantes externes tels que les prescripteurs ou encore les apporteurs de moyens (Domofrance, fondations, mairie, préfecture). Ces derniers ont permis le démarrage de l'activité de l'association et aujourd'hui son fonctionnement en apportant des moyens financiers ou matériels. Les Fées Papillons entretiennent de bonnes relations avec l'ensemble de leurs partenaires. Au-delà de l'apport de moyens, ces derniers développent une attitude de bienveillance et de reconnaissance à l'égard du travail effectué. Cette crédibilité accordée à l'association se retrouve dans les reportages effectués par les médias. Cependant, l'objet de l'association n'aurait pas lieu d'être sans, d'une part, les Papillons (identifiés grâce à la relation de confiance instaurée au fil du temps avec un réseau de prescripteurs) et, d'autre part, les Fées (elles viennent la plupart du temps par bouche à oreille et apportent leurs compétences professionnelles bénévolement).

PARTAGE Conventions Les Fées Papillons ont su à la fois créer leurs propres conventions afin de permettre un fonctionnement adapté de la structure, vis-à-vis aussi bien des Papillons ou des Fées, utiliser les conventions traditionnelles du fonctionnement associatif, et tenir compte des conventions extérieures comme celles du secteur de l'ESS, des partenaires ou du quartier. Afin d'apporter aux Papillons la prestation la plus qualitative possible, une procédure d'accueil et de détection des besoins a été mise en place. Avec les Fées, il est convenu que la relation soit plus informelle. Quant au fonctionnement associatif, même s'il respecte les aspects juridiques, il est volontairement souple. Les Fées Papillons partagent les valeurs du secteur de l'Economie Sociale et Solidaire mais se veulent également proche du fonctionnement d'une entreprise (même si l'objet est particulier). Vis-à-vis des partenaires, les Fées Papillons respectent les conventions engendrées par les partenariats tout en préservant leur indépendance. Enfin, l'association fait partie intégrante des actions sociales développées sur son quartier d'implantation. Cependant, elle recherche une certaine discrétion vis-à-vis des habitants afin d'éviter des désagréments.

PARTAGE Écosystème Par son objet et la situation sociale actuelle, les Fées Papillons seront toujours malheureusement confrontées à une détresse de femmes en difficulté nécessitant la mobilisation de partenaires et de ressources. Le cadre politique à la date du cas, avec la perspective des élections présidentielles de 2017, constitue un élément d'incertitude. La situation économique, en particulier la crise financière des collectivités locales, nécessite de rechercher de nouvelles sources de financement. La situation sociale fait que l'objet de l'association (venir en aide à des femmes en difficulté) est plus que jamais d'actualité. Les évolutions technologiques, et plus spécifiquement les technologies de l'information et de la communication, ont du mal à être intégrées par l'association. Déjà présente dans une démarche environnementale, l'association souhaiterait davantage s'y impliquer, notamment par l'utilisation de produits naturels. Quant au cadre légal du monde associatif, il est vécu comme étant souple et flexible.