Aux Esprits de la Lutte

similaires(1), il ne s'agit pas d'un travail sur la culture hip hop ou sur un art martial. J'ai voulu parler de la lutte, donc de la vie, et plus exactement de la survie ...
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Aux Esprits de la Lutte Intention artistique

Ce travail a été réalisé pour une part avec des danseurs de Break dance vivant en Guyane, pour une autre avec des lutteurs de capoeira de Guyane et de Salvador de Bahia - Brésil. Bien que ces deux formes d'expression artistique soient liées par des rapports d'influence et des origines similaires(1), il ne s'agit pas d'un travail sur la culture hip hop ou sur un art martial. J'ai voulu parler de la lutte, donc de la vie, et plus exactement de la survie pour une bonne part de la jeunesse en Guyane, au Brésil ou ailleurs... Cela revient à parler de la violence et des énergies (auto) destructrices déployées quand on vit par soi-même et pour soi-même, sans mémoire, sans futur. En photographiant les danseurs comme des lutteurs et les lutteurs comme des danseurs, je me suis servi des corps pour exprimer deux idées principales:



la culture hip hop et la capoeira sont nées d'un même esprit de résistance à l'oppression (2), mais ont évolué différemment. L'une a gardé le culte des anciens, l'esprit communautaire, la transmission des savoirs. L'autre est devenue fortement individualiste, chacun travaillant seul et arborant son propre blason. Le hip hop et la capoeira me permettent donc d'opposer symboliquement les deux "esprits de la lutte": une lutte apaisée, codifiée et partie prenante d'une réelle culture, face à une lutte individuelle, parfois forcenée et auto destructrice.



travailler à partir des corps des danseurs et des lutteurs, me permet aussi de montrer que, même en souffrance et dans la survie, cette jeunesse est beauté, énergie et potentialité.

Pour rendre compte de ces aspects, j'ai privilégié une photographie plasticienne et des techniques numériques. Les textures ont été utilisées comme des peintures guerrières. Prises dans les environnements respectifs des danseurs (textures urbaines) et des lutteurs (textures naturelles), elles radicalisent et opposent les attitudes rebelles (hip hop) et les postures martiales (capoeira). Il en est de même dans l'utilisation qui est faite des couleurs et des teintes sombres, ou au contraire des tons plus clairs ou pastels et qui renvoient aux oppositions: "moi je" / "nous", perte des origines / mémoire des anciens, consumérisme / spiritualité, parcours de formation solitaire / transmission...*

(1) La Break devient une lutte, notamment dans sa forme "Uprock", danse originaire du Bronx à caractère

martial et où deux personnes ou plus s'affrontent en imitant une bagarre. La capoeira est par ailleurs reconnue comme une source fondamentale, notamment dans ses figures aériennes, car très populaire dans l'imaginaire des danseurs issus du Bronx à la fin des années 70

(2) La culture hip-hop naît dans les années 70 à New-York comme alternative à la violence des gangs et

protestation contre la répression policière. Tout comme la capoeira, elle porte une revendication identitaire forte; on pense à Afrika Bambaataa, figure majeure à l'origine de la culture hip hop et qui fonde en 1973 la Zulu Nation en souvenir des luttes héroïques d'une tribu sud-africaine contre les colons anglais. Et comme en écho à Zumbi Dos Palmares, légende et emblème de la résistance des esclaves au Brésil.