40 ans au service des snle

Achéron, Ailette, Bélier, Bison,. Capricorne, Casabianca, Cdt Birot,. Cdt Ducuing, Chevalier Paul, Chevreuil,. Courbet, Émeraude, Esterel,. EV Jacoubet, Gazelle ...
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ÎLE LONGUE 1970-2010

40 ANS AU SERVICE DES SNLE Agapanthe

Amphibie

Mission Agapanthe

Le porte-avions en océan Indien

Exercice Émerald Move

Entretien Contre-amiral Kérignard PAGE 8

PAGE 6

PAGE 21

BI-MENSUEL DE LA MARINE NATIONALE

SOMMAIRE

ÉDITORIAL

AZIMUTS

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APERÇU

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Mission Agapanthe

INTERVIEW

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Le contre-amiral Jean-Louis Kérignard

ÎLE LONGUE LA PRESQU’ÎLE SECRÈTE PAGE 10 ENCART

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CIFUSIL : les fusiliers concourent à la posture de dissuasion • Île Longue : SNLE en indisponibilité pour entretien au bassin nord • Hommage : Amiral Joire-Noulens 1915-2010

INFO ACTUS

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Emerald Move : l’amphibie à l’heure européenne • Le Charles de Gaulle passe Suez

CHRONIQUE DU PERSONNEL

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Le juriste à la mer : l’apport du commissaire embarqué

DANS NOS PORTS

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Brest : des compétences au contact des entreprises • PPI Toulon 2010 • Le bâtiment hydrographique La Pérouse met à jour les cartes marines de Bretagne nord • Lorient : le Bagad de Lann-Bihoué récompensé par l’académie de marine

ÊTRE COMBATIF

rès de 2 400 personnes franchissent chaque jour les portes de l’île Longue. La moitié d’entre elles arrivent de Brest et du Léon par la mer, l’autre moitié de la presqu’île de Crozon, de Cornouaille, de Quimper et même de Lorient, par la route. Un millier sont des militaires, les autres des civils de la Défense ou des salariés d’organismes publics ou d’entreprises privées. Les femmes sont encore très minoritaires : environ 10 %. La masse salariale de l’île Longue représente environ un million d’euros par jour ! Ces femmes et ces hommes possèdent, outre les différents métiers exercés par les équipages des sousmarins, les compétences professionnelles les plus variées : agents de prévention des risques, atomiciens, pyrotechniciens, missiliers, planificateurs, mécaniciens, électriciens, secrétaires, conducteurs de travaux, informaticiens, chefs d’équipe, grutiers, conducteurs, maçons, terrassiers, monteurs, peintres, pompiers, fusiliers, gendarmes, cuisiniers, maîtres d’hôtel, magasiniers, médecins, infirmiers, moniteurs de sport, techniciens en radioprotection, manœuvriers… La multitude de ces compétences et des actions conduites chaque jour sur le site pourraient donner une impression de désordre à un observateur non averti. Il n’en est rien. Tous agissent vers le même but, toutes les actions convergent vers le même point : la tenue de la posture. Cette omniprésente et obsédante posture définie par le président de la République est tenue

P

PASSION MARINE

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L’armada de l’espoir • Exploit réussi pour l’équipage du Défi Intégration

COURRIER DES LECTEURS

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ESPACE LOISIRS

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depuis une quarantaine d’années sans la moindre faille. L’action de chacun sur le site y concourt : qu’il s’agisse de remettre en conditions opérationnelles le sous-marin qui doit appareiller dans quelques jours, d’assembler le missile qui doit être embarqué dans quelques semaines ou de construire l’installation qui doit soutenir les sous-marins dans quelques années. Chacun contribue, avec sa propre échelle de temps, avec son propre métier et avec son propre niveau de compétence à ce chef d’œuvre, au sens médiéval du terme, c’està-dire à cette preuve d’excellence. Depuis quarante ans, c’est grâce à l’enthousiasme, au dévouement et aux compétences de celles et ceux qui ont travaillé ou travaillent à l’île Longue que tout a été possible. Qu’ils reçoivent, par cet éditorial, un témoignage public de l’admiration, des félicitations et des remerciements du commandant de ce site exceptionnel.

Capitaine de vaisseau Bernard Jacquet, commandant la base opérationnelle de l’île Longue

Les ailes de l’aéro se posent au Musée COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  3

Azimuts Au moins un sous-marin lanceur d’engin SNLE en patrouille permanente

KURU KURU Mission de police des pêches.

HYDRO Mission de travaux hydrographiques ayant pour but de cartographier les zones terrestres et littorales.

EMERALD MOVE Exercice amphibie européen en océan Atlantique. PRINCIPALES MISSIONS HORS EAUX TERRITORIALES

DÉPLOYÉS

APPROCHES FRANÇAISES

OCÉAN INDIEN

ATLANTIQUE

FAÇADE ATLANTIQUE

MÉDITERRANÉE

Aconit (Atalanta) Améthyste (Agapanthe) Cdt Bouan (Enduring Freedom) Charles de Gaulle (Agapanthe) De Grasse (Atalanta) Dupleix Floréal (Atalanta) Forbin (Agapanthe) Meuse (Agapanthe) Somme Tourville (Agapanthe)

Cassard (Emerald Move) Foudre (Emerald Move) Germinal Siroco (Corymbe) Tonnerre (Emerald Move)

Fulmar Guépard La Motte-Picquet Panthère Primauguet Rubis Styx

Arago, Pluton, Saphir

4  COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010

MÉDITERRANÉE

La Fayette PACIFIQUE

Prairial (ZEE Polynésie française)

MANCHE/MER DU NORD

Cormoran Pluvier

OCÉAN PACIFIQUE

Dumont d’Urville, La Moqueuse La Railleuse (Kuru Kuru) ANTILLES

La Capricieuse, La Gracieuse Ventôse OCÉAN INDIEN

La Grandière La Rieuse

CHERBOURG BREST

AGAPANTHE

TOULON

Déploiement du GAN en mer Méditerranée, océan Indien et Golfe, en soutien des opérations en cours.

BAYONNE

ENDURING FREEDOM Opération de lutte contre les réseaux terroristes et trafics illicites dans le nord de l’océan Indien.

CORYMBE

ATALANTA

Mission de permanence opérationnelle dans la zone du golfe de Guinée.

Opération de l’Union européenne de lutte contre la piraterie maritime dans le golfe d’Aden et l’océan Indien. Cartographie en date du 22 novembre 2010.

AU PORT-BASE DAKAR

BREST

TOULON

CHERBOURG

Sabre, 1 Atlantique 2 / 21F

Alcyon, Aldébaran, Altair, Andromède, Antarès, Argonaute, BeautempsBeaupré, Belle Poule, Borda, Buffle, Cassiopée, Cdt Blaison, Cdt L’Herminier, Céphée, Chacal, Croix du Sud, Églantine, Éridan, Étoile, Georges Leygues, Glycine, Grande Hermine, Jaguar, L’Aigle, La Pérouse, Laplace, Latouche-Tréville, Léopard, Lion, LV Lavallée, LV Le Hénaff, Lynx, Malabar, Monge, Mutin, Pégase, PM L’Her, Sagittaire, Tenace, Thétis, Tigre

Achéron, Ailette, Bélier, Bison, Capricorne, Casabianca, Cdt Birot, Cdt Ducuing, Chevalier Paul, Chevreuil, Courbet, Émeraude, Esterel, EV Jacoubet, Gazelle, Grèbe, Guépratte, Hallebarde, Jean Bart, Jean de Vienne, Jonquille, Luberon, Lyre, Malin, Marne, Mistral, Montcalm, Orion, Perle, Rapière, Surcouf, Taape, Var

Acharné, Coralline, Élan, Flamant, Géranium, Glaive, Vulcain

DJIBOUTI

Dague, 1 Atlantique 2 / 23F NOUVELLE-CALÉDONIE

Dumbéa, Jacques Cartier, La Glorieuse, Vendémiaire LA RÉUNION

Albatros, Nivôse GUYANE

L’Audacieuse, Mahury, Organabo

TAHITI

Jasmin, La Tapageuse, Manini, Maroa, Revi ANTILLES

Maito, Violette BAYONNE

Aramis, Athos

COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  5

APERCU

dans la quinzaine

6  COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010

MISSION AGAPANTHE Le porte-avions Charles de Gaulle, la frégate Forbin et le pétrolier-ravitailleur Meuse effectuant un ravitaillement à la mer (RAM) peu après le passage du canal de Suez.

COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  7

INFO

actus

INTERVIEW DU CONTRE-AMIRAL JEAN-LOUIS KÉRIGNARD À plus d’un titre, l’édition 2010 d’Agapanthe a un goût d’inédit. Le contre-amiral Jean-Louis Kérignard, qui commande le groupe aéronaval, a répondu aux questions de Cols Bleus. 1 La France déploie de nouveau son groupe aéronaval en océan Indien. Depuis l’admission au service actif du Charles de Gaulle en 2001, c’est son cinquième appareillage pour l’océan Indien. Ce déploiement intervient à la croisée de deux missions emblématiques de la Marine et de la Défense: la lutte contre la piraterie et l’appui des troupes au sol en Afghanistan. L’une et l’autre sont au centre de l’« arc de crise » et de l’attention que lui porte la politique de défense et de sécurité de la France. Elles illustrent la polyvalence militaire du groupe aéronaval (GAN). À ceci, s’ajoute le premier déploiement opérationnel en océan Indien de la frégate Forbin, le plus puissant bâtiment de surface français après le porte-avions, et les premiers vols du Rafale Marine F3 sur le théâtre Afghan. Amiral, quel est le rôle de votre état-major à bord du Charles de Gaulle ? La mission du groupe aéronaval français – le Charles de Gaulle, son escorte et le groupe aérien embarqué – est de renforcer l’effort militaire français en océan Indien, zone située sur l’arc de crise. Lutte contre la piraterie, contre les réseaux terroristes et soutien aux opérations en Afghanistan pour y assurer la sécurité des populations, tels sont les volets opérationnels de notre mission. S’y ajoutent des coopérations pour conduire des opérations aéromaritimes avec nos alliés et les pays riverains. Vous comprendrez donc aisément qu’avant d’appareiller pour conduire de telles activités pendant plus de quatre mois, il nous faut les planifier. C’est la deuxième responsabilité de mon état-major. Quel est cet « arc de crise » que vous évoquez ? Il est défini dans le Livre blanc de 2008. Il représente une zone d’importance stratégique pour la France et s’étend de l’Atlantique à l’océan Indien. Ce dernier est le théâtre où se déploie le GAN. Une grande part des approvisionnements de notre pays empruntent chaque jour cette voie maritime. Il est donc important d’en garantir la liberté de circulation. La piraterie ne représente pas la seule menace dans cette région. D’autres ferments d’instabilité existent comme les actes de terrorisme qui surviennent malheureusement chaque semaine dans certains pays riverains. Le GAN, outil militaire puis8  COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010

EN 2001, ALORS COMMANDANT DE LA FRÉGATE D’ESCORTE CASSARD, IL PREND PART À L’OPÉRATION INTERALLIÉE EN AFGHANISTAN ENDURING FREEDOM. AUJOURD’HUI, LE CONTRE-AMIRAL JEAN-LOUIS KÉRIGNARD A PRIS SES QUARTIERS AVEC SON ÉTAT-MAJOR TACTIQUE, À BORD DU CHARLES DE GAULLE ET MÈNE L’OPÉRATION DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME.

sant, va donc apporter sa pierre à l’édifice et renforcer le dispositif français déjà présent sur zone. Quels sont vos axes de travail pour ce cinquième déploiement ? Vous suivez comme moi l’actualité : terrorisme par voie maritime, mais également attentats à terre, trafics d’armes, actes de piraterie contre les bâtiments de commerce. L’instabilité en océan Indien s’est sensiblement accrue ces dernières années. Le GAN va donc participer aux opérations de stabilisation en cours, que ce soit en mer comme à terre au-dessus de l’Afghanistan. Mais ce n’est pas tout, nous allons également coopérer avec les forces armées de pays riverains. Ainsi, l’exercice Varuna avec la Marine indienne verra les deux groupes aéronavals mener des opérations de sécurisation de l’espace maritime au large de Bombay. Une interaction est aussi prévue avec l’armée de l’Air des Émirats arabes unis fin janvier. De plus, sur le transit retour en mer Rouge, un rendez-vous est déjà pris avec les forces

INFO

actus

saoudiennes. Ce n’est pas la première fois que nous réalisons ce type d’activité, mais le volume des participants et la complexité des scénarios joués sont chaque fois d’un niveau supérieur. Comment le porte-avions peut-il prêter main forte aux forces qui luttent contre la piraterie ? Le porte-avions contribue au recueil du renseignement grâce notamment à ses nombreux aéronefs embarqués. L’avion radar Hawkeye qui voit à plus de 200 nautiques, mais également les chasseurs et bien sûr les frégates d’escorte et leur hélicoptère participent à cette connaissance de l’espace maritime. Le GAN possède aussi des moyens d’action, tout comme les autres bâtiments militaires engagés dans la lutte contre la piraterie. Nous apporterons ainsi notre soutien aux coalitions présentes dans le golfe d’Aden et la mer d’Arabie.

LA MISSION AGAPANTHE Le groupe aéronaval (GAN) constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle comprend la frégate de défense aérienne Forbin et la frégate anti-sous-marine Tourville, le pétrolier-ravitailleur Meuse et le sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste. Le groupe aérien embarqué sur le porte-avions compte pour sa part douze Super Étendard Modernisé, dix Rafale Marine, deux avions de guet aérien Hawkeye et quatre hélicoptères, dont un Puma de l’aviation légère de l’armée de Terre. Le groupe assure trois missions principales : • appuyer les efforts militaires français au nord de l’océan Indien (soutien aux opérations en Afghanistan, lutte contre la piraterie au large de la Somalie, lutte contre les réseaux terroristes et trafics en mer Rouge, golfe d’Aden, mer d’Arabie et golfe d’Oman) ; • compléter le dispositif français prépositionné sur l’arc de crise (les forces françaises à Djibouti et aux Émirats arabe unis) ; • éprouver l’interopérabilité des moyens français et développer les savoir-faire communs avec nos partenaires et alliés (activités d’entraînements bilatéraux avec les Américains, Saoudiens, Indiens et Émiriens).

Quel est votre état d’esprit à la veille de l’opération ? Pour le marin français, l’océan Indien est une zone familière. Pour ma part, le premier séjour remonte à trente ans, alors jeune enseigne de vaisseau. C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré celle qui allait devenir mon épouse. J’y suis retourné une nouvelle fois avec la Jeanne d’Arc, puis en 2002 comme commandant de la frégate Cassard pendant l’opération Enduring Freedom. Outre la fierté que je ressens à commander le déploiement actuel, il revêt un caractère particulier car c’est le premier du Charles de Gaulle après sa longue période d’indisponibilité. Depuis 2007, période de la précédente mission, bon nombre de marins de l’équipage du porte-avions et de l’état-major embarqué ont changé. La préparation du déploiement a donc demandé plus de temps aux quelques anciens, mais voir leur expérience transmise aux plus jeunes est une récompense quotidienne.  PROPOS RECUEILLIS PAR EV CHAUMEIL

VISITE D’UN BATEAU SUSPECT EN OCÉAN INDIEN EN 2009 PENDANT L’OPÉRATION ATALANTA.

RAFALE AU DÉCOLLAGE DU PORTE-AVIONS.

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PASSION

Marine

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ÎLE LONGUE LA PRESQU’ÎLE SECRÈTE uin 1965, le gouvernement français décide la création d’une base militaire pour les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins sur la presqu’île de Crozon, dans la rade de Brest. Les travaux, qui débutent en août 1965, sont à l’époque le chantier le plus important d’Europe. Les chiffres sont impressionnants : 300 000 m2 de béton coulés, 6 000 tonnes d’acier pour la construction des structures des bassins, 110 hectares des plates-formes, 11 000 m2 de jetées et de quais. En 1970, le chantier est terminé pour accueillir à temps Le Redoutable, le premier SNLE français. Depuis lors, l’île vit au rythme des patrouilles des sous-marins et de leur entretien. Ruche où se côtoient sous-mariniers, techniciens civils et militaires, fusiliers marins et personnels de soutien, elle n’en reste pas moins l’un des lieux les plus secrets et les mieux protégés de France. Du Redoutable aux programmes d’armement les plus modernes, le site n’a cessé de s’adapter, mais les sous-mariniers d’aujourd’hui restent stupéfaits de la clairvoyance de leurs aînés qui ont su concevoir des installations qui, pour l’essentiel, sont encore celles d’origine.

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DOSSIER : CV BERNARD JACQUET GENEVIÈVE EMON NAUDIN

COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  11

PASSION

Marine

L’ÎLE LONGUE, QUELLE HISTOIRE ! De la lande bretonne aux installations des sous-marins nucléaires, la presqu’île de l’île Longue a connu une singulière histoire. Retour sur les différentes étapes de sa transformation. île Longue, l’Enez Hir des Bretons, ce petit bout de terre dans la rade de Brest, relié à la presqu’île de Rostellec par une chaussée de sable et de cailloux qui, il n’y a pas si longtemps encore – jusque dans les années 50 – était submergée lors des grandes marées, a connu une histoire que nous pouvons qualifier d’exceptionnelle. Peuplée de petits agriculteurs et pêcheurs de sardines, l’île Longue fut aussi un centre important d’exploitation de carrières et ce depuis au moins le XVIIe siècle. Ces pavés, dits « île Longue », très renommés, « habillent » non seulement les rues et quais de Brest, Quimper, Landerneau, mais aussi de La Rochelle, Rochefort, Bordeaux… Par sa position, l’île Longue joue un rôle important dans la défense de la rade de Brest et ce, jusqu’au début du XXe siècle. La toponymie fait état du vocable « Ar Vur » : le mur, ce qui explicite l’existence d’une probable fortification, mais il faut attendre le XVIIe siècle et Vauban, pour que l’on puisse véritablement parler de système de défense. Tout au long des siècles, les fortifications de l’île Longue évoluent en fonction des améliorations constantes des techniques d’armement et des vicissitudes de la politique internationale. L’année 1929 voit l’installation d’un poste de réglage de torpilles détruit lors de la construction de la base des SNLE et, la Seconde Guerre mondiale, la mise en place d’une batterie allemande antiaérienne.

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1 DES INTERNES CIVILS TRAVAILLANT AUX CARRIÈRES. 2 CONSTRUCTION DU CAMP. 3 PLAN DU CAMP.

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L’île Longue c’est aussi la présence d’un camp d’internement durant la Première Guerre mondiale. Quelques jours après la déclaration de guerre, le paquebot hollandais Nieuw Amsterdam, en provenance des États-Unis d’Amérique vers les Pays-Bas et soupçonné de contrebande au bénéfice des empires centraux, est arraisonné par un bâtiment français. À son bord, des passagers civils d’origine allemande, autrichienne, hongroise : des intellectuels, des membres de la bourgeoisie, des patriotes qui cherchent à regagner leurs pays respectifs. Ce paquebot arrive au port de Brest le 3 septembre 1914. Que faire de ces civils que l’on ne peut considérer comme des prisonniers de guerre ? Très vite, le site de l’île Longue attire l’attention des autorités. Il ne reste plus qu’à construire le camp. La composition sociale des internés explique l’existence très active d’ateliers, de clubs sportifs, d’école et de centres d’apprentissage. Le camp compte des prisonniers célèbres : Carl W.H. Doetsch, ethnologue au Togo, Georg Wilhelm Pabst, futur cinéaste (considéré avec Fritz Lang comme l’un des plus grands cinéastes de l’entredeux-guerres), animateur de théâtre à l’île Longue, Johannes Mättig, franc-maçon qui a créé la loge « Des chaînes vers la lumière » à l’île Longue, Hermann Von Boetticher, écrivain et dramaturge, auteur de la pièce biblique Jephta écrite à l’île Longue. Ces internés civils sont bientôt rejoints par des prisonniers de guerre. La vie au camp est rythmée par un emploi du temps bien défini, mais qui n’empêche pas des moments de détente et surtout une activité culturelle intense : troupe de théâtre, concerts, parution d’un journal Die Insel Woche (La Semaine de l’île) qui, malgré la censure, fait paraître quelques articles « subversifs ». La fermeture du camp est définitive le 31 décembre 1919. Les installations sont détruites mais les vestiges sont encore visibles en 1966 et de nos jours, grâce à la conservation de baraques des ex-chantiers de construction navale du Fret. Après une occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale, l’île Longue entre dans une période de tranquille sommeil… Jusqu’au 15 février 1965, où en rentrant d’une visite sur le site de l’École navale à Lanvéoc-Poulmic, le général de Gaulle déclare : « La géographie a peut-être fait de Brest un haut lieu de notre destin. » Cette phrase qui pour des néophytes peut sembler anodine, scelle en fait l’avenir de l’île Longue. Après la période douloureuse des expropriations, les travaux peuvent commencer. À l’époque, c’est le plus grand chantier d’Europe. Une simple comparaison peut suffire à se représenter la dimension du chantier : les éléments métalliques utilisés représentent le poids de la Tour Eiffel ! Un seul impératif : tenir les délais. Le premier Comilo (commandant de l’île Longue), le capitaine de frégate Ladsous, prend officiellement ses fonctions le 5 janvier 1970 et malgré la poursuite des travaux, la base opérationnelle de l’île Longue accueille son premier sous-marin le 25 septembre 1970 : Le Redoutable. Comment expliquer que cette petite péninsule du fin fond du Finistère a depuis toujours connu un destin peu commun pour arriver à entrer dans la grande histoire ?  GENEVIÈVE EMON NAUDIN

LA PRESQU’ÎLE AVANT LES TRAVAUX.

LES TRAVAUX DE CONSTRUCTION DES BASSINS.

LA PRESQU’ÎLE APRÈS LES TRAVAUX.

COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  13

PASSION

Marine

LA BASE OPÉRATIONNELLE DE L’ÎLE LONGUE, À QUOI ÇA SERT ? COMMENT ÇA MARCHE ?

île Longue est, depuis 1970, le port-base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) français, c’est-à-dire depuis le début de leur existence. C’est là qu’ils subissent, au retour de chaque patrouille, une indisponibilité pour entretien (IE) de quelques semaines. Mais la mission essentielle de l’île Longue est de fournir à chaque SNLE, lorsqu’il vient d’être construit à Cherbourg ou lorsqu’il revient d’une période de grand carénage de deux ans à Brest, ses seize missiles intercontinentaux, pouvant emporter chacun six armes nucléaires. C’est donc à l’île Longue que sont réalisés les assemblages finaux des armes nucléaires et des fusées qui les transportent à plusieurs milliers de kilomètres de leur point de lancement. Depuis quarante ans, la base a dû, tout en assurant le soutien des SNLE, s’adapter à la permanente évolution des sous-marins, des armes nucléaires et des missiles. Pour d’évidentes raisons de sécurité, les armes nucléaires arrivent à l’île Longue en éléments séparés qui sont assemblés sur place par une équipe

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permanente d’ingénieurs et de techniciens de la direction des applications militaires de commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA/DAM). Les « têtes » ainsi achevées sont alors livrées à une équipe de DCNS, entreprise de droit privé, émanation de l’ex-direction des constructions navales, qui constitue les parties hautes des missiles, c’est-à-dire des assemblages pouvant contenir jusqu’à six têtes nucléaires. Les étages de propulsion des missiles sont fabriqués par le groupe EADS Astrium dans la région bordelaise, puis transportés vers la pyrotechnie annexe de Guenvénez, à quelques kilomètres de l’île Longue, où ils sont achevés : collage des protections thermiques, mise en place des vérins électriques d’orientation des tuyères, installation des boîtiers électroniques de pilotage et des dispositifs pyrotechniques de séparation d’étages. Achevé, l’étage est placé sur un banc de contrôle simulant toutes les parties manquantes du missile. Lorsque les trois étages constitutifs du missile sont achevés, ils sont

assemblés, à Guenvénez, pour constituer un « vecteur ». Ce dernier est alors acheminé par voie routière à l’île Longue. Aucune activité nucléaire n’a lieu sur le site de Guenvénez où travaillent environ 250 personnes de la société EADS Astrium. Une fois arrivé à l’île Longue, le vecteur reçoit sa « partie haute », c’est-à-dire ses armes nucléaires et devient missile. Il est alors acheminé vers celle des deux cales sèches de l’île Longue où est échoué le sous-marin auquel il est destiné. Inversement, sitôt le missile est débarqué d’un sous-marin – les missiles sont examinés en atelier à intervalles réguliers pour des contrôles périodiques – sitôt la partie haute est séparée de la partie pyrotechnique. C’est également à l’île Longue que chaque sous-marin subit, lorsqu’il rentre de patrouille, une période d’entretien d’une quarantaine de jours. Pour cela il est systématiquement échoué dans l’une des deux cales sèches. Tous les sept ans environ, chaque SNLE subit un grand carénage qui dure deux ans : ses missiles et son combustible nucléaire sont déchargés

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BASCULEMENT À L’HORIZONTAL DE L’ÉQUIPEMENT D’UN VECTEUR TRI-ÉTAGE EN COQUILLE.

LES MAÎTRISES D’OUVRAGE CONTRACTUALISANT LES DIFFÉRENTS TRAVAUX MENÉS À L’ÎLE LONGUE (PAR ORDRE DE CRÉATION) • Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) : construction et rénovation des bâtiments où sont assemblées les têtes nucléaires, construction et exploitation de la station de traitement des effluents (radioactifs) de la propulsion, rénovation de la piscine de stockage du combustible nucléaire ; • la Direction générale de l’armement (DGA) : construction et rénovation des bâtiments pyrotechniques, achèvement des étages propulsifs et constitution des missiles ; • le Service de soutien de la flotte (SSF) : maintien en condition opérationnelle des sousmarins ; • le Service d’infrastructure de la Défense (SID) : construction, rénovation et entretien de bâtiments, construction rénovation et conduite d’installations portuaires, telles que stations de pompage, production, transformation et distribution d’énergie électrique, quais, ras débordoirs ; • la Direction interarmées des réseaux d’infrastructures et des systèmes de communication (Dirisi) : réseaux de surveillance et d’alarme, réseaux informatiques, transmissions. COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  15

PASSION

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LES DIFFÉRENTES AUTORITÉS EXTÉRIEURES À LA MARINE AYANT POUVOIR D’INSPECTION À L’ÎLE LONGUE • Le Délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités intéressant la défense (DSND) : il est chargé d’étudier et de proposer au ministre de la Défense et au ministre chargé de l’industrie, la politique de sûreté nucléaire et de radioprotection applicable aux installations et activités nucléaires. Il en contrôle l’application ; • l’inspecteur des armements nucléaires (IAN) est chargé de vérifier la pertinence et la bonne application de l’ensemble des mesures concourant au contrôle gouvernemental de la dissuasion nucléaire. Ce contrôle est constitué de l’ensemble des mesures, protégées par le secret de la défense nationale, qui ont pour finalité de garantir au président de la République qu’il dispose en toutes circonstances des moyens de la dissuasion nucléaire. Le contrôle gouvernemental de la dissuasion nucléaire est exercé dans les trois domaines suivants, complémentaires et indissociables : – l’engagement des forces nucléaires, dont le contrôle a pour finalité de garantir à tout moment au président de la République la capacité d’engager les forces nucléaires et de rendre impossible la mise en action des armes nucléaires sans ordre de sa part, – la conformité de l’emploi, dont le contrôle a pour finalité de garantir au président de la République que la posture opérationnelle des forces nucléaires est conforme à ses directives, – l’intégrité des moyens de la dissuasion nucléaire, dont font partie les matières nucléaires et dont le contrôle a pour finalité de garantir au président de la République que l’ensemble de ces moyens est, en tout temps, protégé contre les actes malveillants ou hostiles et contre les atteintes au secret de la défense nationale ; • l’inspecteur de l’armement pour les poudres et explosifs (IPE) est l’autorité française d’inspection de la totalité des établissements pyrotechniques publics ou privés ; • le Contrôle général des armées (CGA) assume, pour la défense, les fonctions d’inspection du travail et d’inspection des installations classées pour la protection de l’environnement. 16  COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010

l’île Longue, puis il est remorqué vers le bassin numéro huit de la base navale de Brest, spécialement équipé pour ces opérations. Au moment où cet article est publié Le Vigilant se trouve justement dans cette phase de déchargement. Il partira début 2011 vers Brest, où ses tubes lance-missiles seront modifiés pour pouvoir recevoir le missile M 51, d’un diamètre et d’une longueur supérieurs à ceux du M 45. Il reviendra à l’île Longue en 2012. Les opérations de maintenance sont menées sous la maîtrise d’ouvrage du service de soutien de la flotte et réalisées principalement par la société DCNS qui compte environ 650 personnes sur le site. Toutes ces opérations doivent impérativement être menées dans les meilleures conditions de sécurité du travail, de sécurité nucléaire, de sécurité pyrotechnique, de protection de l’environnement et de protection du secret de la défense nationale. L’île Longue est donc un lieu où s’appliquent de multiples réglementations relatives à chacun des aspects de la sécurité cités précédemment. L’application de ces réglementations est contrôlée en permanence par la direction de la qualité et de la sûreté du commandant de la base (Comilo), par les inspecteurs de la Marine et par des autorités de contrôle extérieures à la Marine et parfois même au ministère de la Défense (voir encadré). Pour assurer tous ces aspects de la sécurité, une bonne coordination des activités est primordiale. D’autant plus que les travaux exécutés sur le site peuvent avoir été contractualisés par cinq maîtrises d’ouvrage différentes (voir encadré). Cette coordination incombe également à Comilo, chef d’organisme d’accueil au sens du Code du travail. Il dispose pour cela d’un plateau technique de coordination armé par une quinzaine de personnes et dont l’ossature permanente est constituée par une équipe d’ingénieurs et techniciens de la société Assystem. Ce plateau planifie les travaux avec plusieurs échéances temporelles : quinquennales, triennales et trimestrielles. D’autres cellules de coordination réalisent un travail similaire, mais avec un maillage temporel beaucoup plus serré : la journée ou même l’heure. Enfin le poste de commandement de l’île Longue, véritable tour de contrôle de ce système complexe, suit l’activité en temps réel. C’est lui qui, finalement, autorise une opération sensible au sens de la sécurité, après avoir contrôlé que toutes les conditions initiales, notamment l’achèvement des autres opérations sensibles incompatibles avec celle qui doit débuter. Il va de soi que, malgré l’ampleur des travaux d’adaptation des infrastructures de l’île Longue au nouveau missile M 51 et de rénovation des installations, les sous-marins, raison d’être de la base, bénéficient de l’absolue priorité. Toute planification découle de leur programme d’emploi. Au bilan, toutes ces activités sont réalisées par les quelque 2 400 personnes, civiles ou militaires, fonctionnaires ou salariées d’une entreprise privée, qui franchissent quotidiennement l’unique entrée du site. Depuis maintenant quarante ans, c’est grâce à leur professionnalisme, à leur enthousiasme et à leur engagement que tout a été possible.  CAPITAINE DE VAISSEAU BERNARD JACQUET, COMMANDANT LA BASE OPÉRATIONNELLE DE L’ÎLE LONGUE

Poster à détacher

CIFUSIL : LES FUSILIERS CONCOURENT À LA POSTURE DE DISSUASION

Installée au sein de la zone protégée de la base opérationnelle, la compagnie des fusiliers marins de l’île Longue compte plus de 230 marins. Ces hommes ont pour mission d’assurer l’intégrité du site (où œuvrent près de 2 400 personnes sur une superficie totale de 300 hectares) et de lutter contre les malveillances en complément des moyens techniques anti-intrusion. Répartis de façon homogène sur les différentes emprises de la base, ils ont pour spécificité d’agir quotidiennement dans une zone à la fois terrestre et maritime (bordant l’installation prioritaire de défense), de contribuer de façon dynamique à la posture de dissuasion, en assurant une permanence effective sur le terrain de jour comme de nuit. À cet effet, les patrouilles terrestres (avec équipe cynophile) ou nautiques par embarca-

tion rapide veillent chaque jour sur les points névralgiques de la base, en portant une attention particulière aux SNLE. Ces fusiliers marins sont également sollicités pour des missions extérieures, telles que les missions EPE (équipes de protection embarquées) en océan Indien, ou de protection de site comme la base navale d’Abu Dhabi, les centres de transmissions de la Dirisi à La Réunion et le camp de Warehouse à Kaboul. Ces missions renforçant le professionnalisme des équipes de protection. Leur action s’inscrit dans la doctrine d’emploi des fusiliers marins et s’appuie sur le triptyque THO (technique, humain, organisation) combinant les fonctions de dissuasion, détection, freinage (ralentir l’action ennemi) et intervention.

HISTORIQUE 1970 : création de la compagnie de protection (CP) dotée d’un fanion d’unité 1980 : adjonction à la compagnie d’un cynogroupe 1985 : la CP devient compagnie de fusiliers marins (Cifusil) sous l’impulsion de Cofusma (commandement des fusiliers marins) 1995 : la Cifusil devient unité indépendante sous commandement organique de Cofusco (commandement des fusiliers marins et commandos) 1998 : la Cifusil se dote d’un insigne symbolique d’unité 2001 : la Cifusil passe sous commandement organique d’Alfusco (amiral commandant la force des fusiliers marins et commandos) 2010 : la Cifusil devient unité élémentaire rattachée à la base l’île Longue COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  17

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ÎLE LONGUE : SNLE en indisponibilité pour entretien au bassin nord

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HOMMAGE AMIRAL JOIRE-NOULENS 1915-2010 Le quarantième anniversaire de l’île Longue est l’occasion de rappeler le souvenir de l’amiral Albert Joire-Noulens, qui, avant d’être chef d’état-major de la Marine, a été le premier amiral commandant des forces nucléaires stratégiques françaises. L’amiral est décédé le 3 juillet dernier. Le 20 septembre, une cérémonie à sa mémoire a été célébrée en l’église Saint-Louis des Invalides en son hommage. é en 1915, Albert Joire-Noulens entre à l’École navale en 1935. Il embarque pour sa première affectation sur le sous-marin Aréthuse en 1939. Jusqu’en 1956 il poursuit une carrière classique d’officier de marine qui le conduit de Brest à Toulon, en passant par l’Indochine. En 1956, affecté à l’étatmajor général des forces armées, il est chargé des affaires nucléaires auprès du général Ely. Il constate alors que le domaine nucléaire est particulièrement méconnu des hauts gradés de l’époque. En 1960, il prend le commandement de la première escadrille de sous-marins, jusqu’en 1961. De 1965 à 1967, il devient commandant de l’École navale, puis jusqu’en 1969 de l’École des applications militaires de l’énergie atomique. À cette date, il est chargé du projet Coelacanthe, c’est-à-dire de définir et de concevoir les futurs sousmarins. Il supervise notamment le bon déroulement des premières patrouilles du Redoutable et du Terrible. À ce poste, il perçoit les fortes réticences, hors de la Marine, à l’égard de la construction des SNLE et plus globalement le contexte politique hostile à la dissuasion. Il doit aussi, pendant cette période, faire face aux conséquences de la disparition accidentelle des sous-marins Minerve et Eurydice, notamment sur le moral des équipages. Devenu commandant des forces sous-marines en 1970, puis de la force océanique stratégique (Fost) à partir de 1972, il accomplit un travail considéra-

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ble d’organisation. Il avait une vision claire de la stratégie de dissuasion, mais restait aussi très attentif aux contraintes techniques, humaines et budgétaires. Il fut le véritable artisan de la création des forces sous-marines modernes, conformément aux souhaits du général de Gaulle, puis de Georges Pompidou. Sa tâche était d’autant plus ardue que le principe de la dissuasion était contesté hors et dans la Marine, pour des raisons tout autant politiques que morales ou religieuses. Par ailleurs, pour la création de la Fost, il devait mener de front plusieurs chantiers : la programmation des premiers SNLE, la conception des armements associés, la construction de grandes infrastructures, notamment à l’île Longue, la sélection et la formation des personnels constituant les premiers équipages. Enfin, il fallait définir les zones possibles de patrouille des sous-marins. Il savait aussi que la crédibilité des forces nucléaires pouvait être à la merci d’un incident imprévu. Ses relations avec le Président Pompidou étaient particulièrement étroites et empreintes de confiance, mais c’est le Président Giscard d’Estaing qui, parmi plusieurs candidats, le choisit en 1974 pour devenir chef d’état-major de la Marine. Il resta à ce poste jusqu’en 1976. À la demande du Président, il mena une politique de rajeunissement des cadres et engagea la féminisation de la Marine. Vis-à-vis du président de la République, il a voulu

montrer que la Marine était toujours prête à répondre aux besoins urgents. À plusieurs reprises, il prit des décisions hardies. Ainsi au printemps 1975, pendant la crise du Liban, il n’hésita pas à ordonner à la Jeanne d’Arc, sur le point de rentrer à Brest, de rallier le Liban. Le projet n’aura pas de suite, mais l’effet avait atteint son but, le Président savait « que la Marine donnait lorsqu’il y avait urgence », dira-t-il par la suite. Quelques mois plus tard, pour envoyer d’urgence un bateau aux Comores, il réquisitionna le Tourville encore aux mains de la CPPE. Il fit de même pour une troisième crise, avec la Tunisie cette fois. Enfin, c’est pendant cette période, en décembre 1974, qu’une partie importante de la flotte fut transférée de Brest à Toulon. Il s’agissait de prendre en compte l’importance nouvelle de la Méditerranée dans la politique de défense. En août 1974, l’amiral Joire-Noulens était admis en deuxième section des officiers généraux. Jusqu’en novembre 1980, il sera conseiller d’État en service extraordinaire. De ce marin d’exception, l’amiral Forissier a dit, en conclusion de son intervention à la messe d’hommage aux Invalides : « Féru d’innovation technologique, heureux à bord des sous-marins – sa deuxième passion après sa famille – il savait parler à tous avec des mots simples et fermes, sans démagogie. Il obtenait de chaque officier ce qu’il était capable de donner et le demandait de façon adaptée à sa personnalité. » 

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EMERALD MOVE L’AMPHIBIE À L’HEURE EUROPÉENNE Pour une force militaire autonome, la capacité amphibie consiste à se déployer sur un théâtre lointain sans soutien. Pour Emerald Move, la mise en commun des hommes et du matériel offre des perspectives inédites aux opérations amphibies européennes.

1 Mission amphibie, Emerald Move réunit dix navires de guerre et prévoit de débarquer 2 500 hommes, Français et étrangers, depuis la mer vers la terre. Du 8 au 28 novembre, le Sénégal est le théâtre d’une démonstration amphibie interalliée. Emerald Move est organisé par les cinq pays (Pays-Bas, Italie, France, Royaume-Uni et Espagne) à l’origine de l’Initiative amphibie européenne (IAE). La France, en charge de la direction d’Emerald Move 2010, commande le dispositif naval, terrestre et aérien soutenu par les Forces françaises du Cap-Vert. L’objectif de cet entraînement est de démontrer la capacité de l’IAE à planifier et à conduire une opération amphibie à plus de 6 000 km du cœur de l’Europe, avec un éventail de missions qui comprend le raid amphibie, l’évacuation de ressortissants et le combat en zone lagunaire. Au large de Dakar, les troupes italiennes, hollandaises et françaises œuvrent de concert. Avec eux 220 militaires sénégalais s’associent aux opérations de débarquement. Pour la France, qui participe déjà aux alertes des forces maritimes de réaction rapide de l’Otan, le

domaine de l’amphibie est un des secteurs essentiels de la stratégie navale fixée par le Livre blanc de 2008. L’ordre de ballastage a été donné, l’eau s’engouffre dans le radier et s’empare des embarcations. Dans le ventre de la Foudre, les chalands se débattent furieusement et frappent d’un bruit sourd les parois du TCD. Les cris du bosco et de la quinzaine de manœuvriers couvrent à peine le tapage. Des troupes de marines hollandaises et le

HOMMES ET MATÉRIELS • 5 000 hommes (dont la moitié déployée à terre) • 10 bâtiments de surface (4 français, 3 sénégalais, 2 italiens, 1 néerlandais) • 18 aéronefs (8 avions de chasse et de patrouille et 10 hélicoptères d’attaque et de transport)

LE JOHAN DE WITT EST LE DERNIER NÉ DES BÂTIMENTS AMPHIBIE DE LA MARINE HOLLANDAISE.

3e RIMa, la « vieille marine » disaiton au XVIIe siècle, sont entassés dans les chalands. Au milieu d’eux, une douzaine de véhicules, dont deux chars AMX 10 RC du régiment d’infanterie chars de marine de Poitiers. L’opération Festina Lente de ce matin réunit trois coy, les compagnies Alpha, Bravo et Charlie, pour une évacuation de ressortissants depuis la red beach, la plage de Nianning, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar. Il est 5 h « zoulou ». L’extraction peut commencer. Elle va durer plus de dix heures. Pour le lieutenant-colonel Pierre qui supervise le raid amphibie « le plus délicat dans cette manœuvre tactique c’est l’arrivée sur le rivage. On y est le plus vulnérable. Entre la mer et la terre, on appelle ça une “rupture de terrain”. La compagnie française est chargée de prendre et de tenir la plage avant que les troupes hollandaises mécanisées prennent pied dans le village de N’Diamane, à 12 km en profondeur dans les terres, pour recueillir les ressortissants ». Avec le levé du jour les CTM heurtent la plage, le signal du départ pour les troupes. Quelques heures plus tôt, des plongeurs de la COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  21

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220 MILITAIRES SÉNÉGALAIS SONT ASSOCIÉS AUX OPÉRATIONS DE DÉBARQUEMENT.

L’INITIATIVE AMPHIBIE EUROPÉENNE, LE TOURNOI DES CINQ NATIONS Née en décembre 2000, l’Initiative amphibie européenne (IAE) n’a pas pour ambition de créer une force amphibie constituée, mais elle traduit la volonté de ses cinq nations instigatrices de faire progresser l’interopérabilité militaire dans ce domaine. Selon la déclaration d’intention signée par le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie et la France : « Cette initiative a pour but d’améliorer plus en avant la coopération par un meilleur usage des structures existantes, et de franchir une nouvelle étape vers l’établissement de pratiques opérationnelles et tactiques communes. » Son objectif est de disposer d’une capacité amphibie européenne qui peut être engagée sous mandat de l’Union européenne ou au sein de l’Otan. Des exemples de relations étroites entre les forces amphibies des pays membres de l’Union européenne existent déjà, tels que la force anglonéerlandaise ou italo-espagnole. Forte de son expérience dans le domaine de l’amphibie, la France s’est associée à cette structure. Actuellement, elle assure la présidence tournante de l’IAE pour une durée de six mois. Pour le vice-amiral Hinden : « Emerald Move est probablement la première d’une longue série d’actions qui va montrer que nous sommes interopérables et efficients. » Pour l’heure, cette armada navale apprend à travailler ensemble. À l’issue de cette mission commune, elle atteindra sa pleine capacité opérationnelle et s’inscrira parmi les forces militaires de l’Union européenne. L’IAE devra alors être capable de se déployer sur ordre pour des gestions de crises comme pour des opérations humanitaires. 22  COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010

flottille amphibie ont mesuré le radian et balisé le passage pour faciliter leur arrivée. Les trois vagues de CTM déversent chacune sur la plage un flot continu d’hommes, 350 en tout, et de véhicules. Entre deux rotations, la plage retrouve une tranquillité éphémère. Les 150 hommes de l’infanterie de marine y ont établi leur tête de pont. Élémentaire d’apparence mais complexe dans son application, ce type d’opération est découpé en séquences (planification, embarquement, répétition et mouvements) et commandé pendant la phase maritime par un étatmajor interarmées embarqué.

« Welcome aboard the little Tonnerre! » Depuis le bâtiment de projection et de commandement Tonnerre, le viceamiral Alain Hinden est à la tête de la direction de l’exercice Emerald Move. Son chef d’état-major est le capitaine de vaisseau Damien Lorge : « L’étatmajor de contrôle n’a pas de rôle tactique. Son objectif est de donner les éléments pour que l’échelon supérieur prenne les décisions tactiques. » « L’échelon supérieur » est justement à quelques encablures. Le navire hollandais Johan de Witt abrite deux des

quatre chefs d’orchestre des opérations : le commodore Lenselink de la marine royale commandant la Task Force et le contre-amiral italien Serra à la tête des forces de débarquements, trois groupes de navires amphibies et leurs escortes. « Welcome aboard the little Tonnerre! », tonne un marin dans un anglais approximatif. Et celui-ci de présenter avec force et conviction les similitudes du vaisseau amiral hollandais avec le Tonnerre. Son radier d’abord, plus modeste mais tout aussi impressionnant et capable d’accueillir deux chalands de transport et de débarquement, son hôpital ensuite avec ses deux salles d’opérations et enfin son pont d’envol à deux spots prêt à recevoir les hélicoptères Lynx, Chinook et Sea King. Mis à l’eau dix ans après son sistership le HNLMS Rotterdam, le Johan de Witt possède en plus de son aîné une capacité de commandement. Pouvant effectuer quotidiennement 600 km, le Johan de Witt est le navire ambassadeur de la Marine hollandaise. Le pays, riche d’une longue tradition maritime et commerciale, a conservé une marine vigoureuse. Pour l’amiral Lenselink, la mise en commun de toutes ces forces amphibies européennes est une affaire

À L’ÉPREUVE DE L’INTEROPÉRABILITÉ UN HÉLICOPTÈRE ITALIEN SE POSE SUR LE PONT DU TONNERRE.

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de complémentarité : « L’enjeu de cet exercice est la compatibilité des matériels et des équipements entre nos différentes armées et également un travail d’interopérabilité des états-majors. » Et l’amiral Hinden d’enchérir : « Nos pays respectifs ont consenti à un effort important, du matériel d’abord et des hommes ensuite ; et là encore nous avons un grand besoin de tisser des liens. Il y a toujours eu cette notion d’interopérabilité auparavant mais aujourd’hui, entre la Marine et les troupes de marine, entre la France et ses alliés européens, nous allons vers l’intégration. » Du côté de la Marine française on assure que cette interopérabilité est maîtrisée, notamment grâce à son implication depuis 2004 dans la prise d’alerte de la force maritime de réaction rapide de l’Otan. Chaque rendez-vous maritime de l’Alliance réunit pas moins de douze nations et autant

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ENTRETIEN

« NOTRE CONTRAT POUR L’AVENIR : CONTRIBUER EFFICACEMENT AUX OPÉRATIONS MILITAIRES INTERNATIONALES AMPHIBIES » Le capitaine de frégate Oumar Wade est affecté à l’état-major de la Marine nationale sénégalaise, division « opérations ». Formé à l’École navale du Poulmic il y a maintenant vingt-deux ans, le commandant Wade retrouve aujourd’hui à bord du Tonnerre des officiers français de sa promotion. Pour Emerald Move, le commandant Wade remplit le rôle d’officier de liaison au sein de l’échelon de direction de l’exercice. 1 Commandant, que peut attendre la Marine sénégalaise de sa participation à Emerald Move ? C’est d’abord une remarquable opportunité d’entraînement. La Marine sénégalaise, comme les autres marines possédant équipages et navires, a besoin de ces rendez-vous incontournables. Nous sommes actuellement aux côtés d’une force amphibie européenne qui a des moyens significatifs. Chaque jour nous permet de qualifier notre personnel marin et de l’armée de Terre. Nous avons des fusiliers marins et deux compagnies d’infanteries. Pour beaucoup d’entre eux c’est la première fois qu’ils participent à une opération amphibie de cette envergure avec des moyens motorisés. À titre personnel, je découvre un état-major multinational sur le bâtiment de projection et de commandement Tonnerre et je compte bien faire partager cette expérience enrichissante dès mon retour. Avec cet apprentissage des manœuvres amphibies, l’armée sénégalaise espère bientôt être en mesure de travailler avec n’importe quelle force. Pouvez-vous nous présenter les capa-

cités et les missions de votre Marine ? Notre Marine dispose de 800 hommes, d’une flottille de bâtiments de surveillance côtière, d’une flottille de vedettes rapides, de transport et de patrouille de haute mer. Pour l’heure, nous n’avons pas l’ambition de réaliser de missions de projection de force. Les moyens que nous possédons sont donc adaptés aux missions de surveillance et de présence qui sont nos principales préoccupations. C’est notre devoir de sécuriser les eaux sous notre juridiction, de savoir ce qu’il s’y passe pour favoriser le développement économique et pour maintenir

l’attractivité du port de Dakar. La Marine sénégalaise patrouille donc en mer pour mettre un terme aux trafics illicites et pour assurer des missions d’assistance en mer. Voilà ce qu’on appelle notre « contrat opérationnel ». Mais il est clair que ces moyens ne peuvent pas durer en mer, car ils ont des capacités logistiques limitées. D’autre part, chaque État a aussi le droit d’assurer sa défense. Audelà de cette mission d’action de l’État en mer, il nous faut avoir une marine opérationnelle, c’est un des objectifs que nous visons à travers notre participation à Emerald Move.

Pourquoi la Marine sénégalaise porte un intérêt particulier au domaine de l’amphibie ? Le domaine de l’amphibie offre une gamme d’actions que les marines se doivent de maîtriser afin d’être en mesure de mener, à partir de la mer, des opérations qui peuvent être décisives sur la terre. Qu’il s’agisse de la simple présence, de la projection de force, d’évacuation de non-combattants ou d’actions humanitaires, l’amphibie demande des compétences que la Marine sénégalaise a besoin d’acquérir pour contribuer efficacement aux opérations militaires internationales. Avec quels pays du continent africain, la Marine sénégalaise travaille-t-elle ? C’est dans le cadre de nos missions de l’action de l’État en mer que nous travaillons avec les marines africaines voisines. On l’a fait dans le passé avec la Mauritanie et la Guinée dans des missions de surveillance des pêches ou de recherche et de sauvetage en mer. Cependant le niveau de coopération reste encore faible pour ce qui est de l’entraînement commun de nos forces navales. 

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L’ESCOUADE DES AVISOS TOULONNAIS : POUR MIEUX ACCOMPLIR NOS MISSIONS

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d’occasions d’échanger avec les marines étrangères. À l’échelle européenne, cette maîtrise technique de l’interopérabilité est à chaque instant mise à profit ; des hélicoptères italiens se posent sur le pont du BPC Tonnerre et les chalands de débarquement néerlandais, italiens et français travaillent avec n’importe lequel des bâtiments de la Force. « Clairement, c’est l’opération militaire qui demande le plus de coordination de matériels d’origine multiple et travaillant dans des milieux différents, résume l’amiral Hinden. Cette mise en commun des moyens offre des perspectives inédites aux opérations amphibies européennes. » Mais tous les pays membres de l’Union n’ont pas de bâtiments amphibies, car ils sont chers et complexes à mettre en œuvre.

« Au-delà de l’opération militaire » Depuis les années 90, le développement des capacités françaises amphibies s’est accéléré avec la construction des TCD de type Foudre, puis des bâtiments de projection et de commandement type Mistral. Le domaine de l’amphibie est un des secteurs capitaux de la stratégie navale française et si son intérêt s’accroît avec le temps, c’est que des situations récentes ont prouvé son efficacité. « L’opération Baliste est sans doute la plus vibrante démonstration de sa force, se rappelle un ancien second maître du Mistral. Avec le Siroco, nous avons extrait plus de 7 000 ressortissants de Beyrouth vers le port de Larnaca à Chypre, puis de Chypre vers la France. » Les manœuvres amphibies permettent de faire face en cas de mise en danger de populations civiles ou de besoin d’assistance humanitaire dans des situations où l’évacuation aérienne est compromise. « C’est une des grandes forces de l’amphibie, avance le capitaine de vaisseau Damien Lorge. Nous pouvons l’utiliser

en temps de paix, de crise ou de guerre. Aujourd’hui nous jouons en première action la crise, c’est-à-dire que nous débarquons des hommes sur une zone sans port ni aéroport pour apporter une stabilisation. C’est l’opération de base amphibie. Mais vous pouvez faire bien plus. Les avantages les plus frappants de l’amphibie, ce sont naturellement ses qualités intrinsèques : ses capacités de transport, hospitalière et de commandement. Et tout ceci peut être utilisé dans bien des domaines audelà de l’opération militaire pure. Vous avez de nombreux exemples récents, comme celui de l’assistance internationale à Haïti. L’amphibie permet donc d’avoir à disposition des décideurs politiques une énorme possibilité d’action. » Souple et modulable, l’opération amphibie est donc une véritable boîte à outils militaire pour agir à partir des eaux internationales par influence ou par intervention directe. Alors, à 6 000 km du cœur de l’Europe, les limites d’un déploiement de cette ampleur sont-elles dans la logistique ? « Absolument pas, répond le capitaine de corvette Camilio Ciot, de la cellule de soutien. Notre logistique – eau, fuel, nourriture, médicaments – ne dépend pas de la nation hôte. Avec cet exercice, la Force montre qu’elle est capable d’intervenir de façon autonome partout dans le monde. » À terre, les unités combattantes ont deux jours de nourriture et leur approvisionnement par voie maritime ou aérienne est une responsabilité nationale. En mer, les navires sont ravitaillés pour tenir la durée de l’exercice. Et si la mission se prolongeait, « il faudrait dès lors envisager une rotation de nos différents navires afin d’assurer en priorité un support optimal des troupes au sol », reprend le commandant Ciot. 

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EV GRÉGOIRE CHAUMEIL

Regroupant les avisos Commandant Birot, Enseigne de vaisseau Jacoubet, Commandant Ducuing et Commandant Bouan, l’escouade des avisos de la façade méditerranéenne a été créée le 1er juillet 2010. La constitution de l’escouade vise à améliorer la préparation des avisos toulonnais à leurs missions, en favorisant le travail collaboratif et le partage des savoir-faire. Elle permet ainsi de mutualiser les ressources et les compétences détenues sur chacun des bâtiments et d’apporter aussi souvent que possible des réponses communes dans le cadre du dialogue organique. Animée par les commandants selon le principe d’une présidence tournante, la vie de l’escouade est rythmée par des réunions trimestrielles, au cours desquelles des objectifs communs sont définis. Des responsabilités de suivi de domaine étant de plus attribuées à chaque bâtiment, les unités peuvent ensuite se saisir au fil de l’eau d’un sujet au nom de l’escouade, selon les besoins exprimés par les membres ou en réponse à une sollicitation extérieure. La dynamique est lancée et l’escouade vit et vogue désormais officiellement, consolidant un esprit d’équipe déjà bien ancré. NEUTRALISATION D’UNE BOMBE AMÉRICAINE DE 250 LIVRES À SAINT-MARTIN-DE-VARREVILLE

Dans la petite commune de Saint-Martin-de-Varreville, au cœur d’Utah beach (Manche), une bombe américaine de 250 livres a été découverte par un promeneur anglais. Mardi 16 novembre, l’engin, datant de la Seconde Guerre mondiale, a été contreminé en mer en milieu d’après-midi par le groupe des plongeurs démineurs de la Manche et de la mer du Nord après avoir été neutralisé. Une neutralisation qui consistait à séparer la fusée (système de mise à feu) du reste de la bombe, afin de rendre cette dernière totalement inoffensive. Après avoir tenté sans succès une première méthode correspondant à une extraction manuelle à distance de la fusée, les plongeurs démineurs sont passés à la vitesse supérieure en utilisant un système pyrotechnique qui a très bien fonctionné. Le groupe des plongeurs démineurs a terminé son opération de neutralisation à 11 h 25 avant de déplacer l’engin à 3 000 mètres des côtes pour un pétardement à 14 h 42 en pleine mer, à plus de 10 mètres de profondeur.

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LE CHARLES DE GAULLE PASSE SUEZ 1 Le jeudi 11 novembre, le Charles de Gaulle a quitté la Méditerranée pour rejoindre la mer Rouge et les théâtres d’opérations. Parti à 2 h du matin de Port-Saïd, le porte-avions, escorté par son « ange gardien » la frégate de défense aérienne Forbin et un important dispositif militaire égyptien, a achevé son transit du canal de Suez, sans encombre, quatorze heures plus tard. Depuis la première mission du porteavions en océan Indien, la traversée du canal de Suez, à l’aller comme au retour, est l’occasion d’une courserelais de six heures sur le pont d’envol : les « six heures de Suez ». Des premières lueurs de l’aube à midi, heure à laquelle la chaleur devient éprouvante, 59 équipes de 10 personnes se sont relayées dans la bonne humeur et un solide esprit de cohésion. Pour tout marin, a fortiori pour celui qui le traverse pour la première fois, le canal revêt une symbolique toute particulière. C’est d’abord un passage, au sens initiatique, entre le monde médi-

terranéen, connu, et l’Orient, plus insaisissable. Suez, c’est aussi une atmosphère chaude et humide contrastant avec l’automne européen, un bras de mer entouré de déserts et de palmeraies, un lieu chargé d’histoire où la France a joué un rôle de premier plan… En mer Rouge, le Charles de Gaulle et le Forbin ont retrouvé la Meuse pour un premier ravitaillement à la mer (RAM). Puis les bâtiments ont stationné à Djibouti pour une escale technique, avant de mettre le cap vers l’océan Indien.

La TF 473 en ordre de bataille Les unités du groupe aéronaval sont à présent en océan Indien. Contrarié par un aléa technique survenu sur le Charles de Gaulle, le délai n’en a pas moins été mise à profit par les autres bâtiments de la Force pour soutenir les opérations en Méditerranée, puis contre la piraterie dans le golfe d’Aden. À travers ce déploiement d’une durée

RAVITAIILEMENT À LA MER.

LE PORTE-AVIONS PENDANT LE PASSAGE DU CANAL DE SUEZ.

LA FRÉGATE FORBIN DEVANT PORT-SAÏD.

de quatre mois, la France vise à contribuer à la stabilité d’une région d’intérêt stratégique. La Task Force 473, articulée autour du Charles de Gaulle, comprend les frégates Tourville et Forbin, le pétrolier Meuse et le sous-marin Améthyste. Dix Rafale, douze Super Étendard et deux Hawkeye composent le groupe aérien embarqué. Durant cette période, le groupe aéronaval participera aux opérations de sécurisation des voies maritimes et s’entraînera avec les forces armées des

pays riverains. Les aéronefs embarqués, quant à eux, seront engagés audessus de l’Afghanistan en appui des troupes de la FIAS. Comme annoncé par le président de la République lors de son passage sur le Charles de Gaulle : « Avec le porte-avions et son escorte, la France dispose d’un instrument politique de premier plan. C’est un outil décisif pour que la France exerce les responsabilités qui lui incombent en tant qu’acteur majeur sur la scène internationale. » 

CHRONIQUE

dupersonnel

LE JURISTE À LA MER L’APPORT DU COMMISSAIRE EMBARQUÉ Les nombreuses opérations de lutte contre les activités illicites en mer nécessitent une approche juridique sur des questions variées. Les commissaires de la marine embarqués apportent quotidiennement leur expertise. 1 Du conseil au matelot à celui du commandant, les commissaires de la marine ont une compétence juridique appréciée à bord des bâtiments. Sans être des puits de science, ils ajoutent une approche différente sur les problématiques diverses qui surviennent lors des opérations à la mer. La capacité à travailler sur un texte juridique et à interpréter des règles pour en dégager des solutions sont des compétences utiles à bord. Leur parcours antérieur (formation universitaire, expériences professionnelles dans le monde civil…) est un atout que la formation initiale relie avec les aspects maritimes et opérationnels. Sur les bâtiments qui en sont pourvu, le commissaire est souvent la personne vers laquelle les marins se tournent pour obtenir un conseil sur des questions d’ordre juridique : un litige avec un commerçant, un différend avec une administration, les exemples ne manquent pas. Les sollicitations prennent aujourd’hui une dimension particulière dans le domaine du droit maritime opérationnel, notamment à l’occasion des déploiements récents. La plus-value du commissaire est intéressante, surtout lorsque la finalité même de l’opération vise à traduire des personnes devant la justice. C’est le cas de toutes les opérations de lutte contre les activités illicites en mer. Si l’auteur d’un acte de piraterie ou un

LE SAVIEZ-VOUS ? Les commissaires de la marine embarqués à bord des bâtiments font partie des officiers habilités à rechercher et à constater des infractions : • à la convention internationale de la prévention contre la pollution par les navires (Marpol) ; • au code rural et de la pêche maritime ; • à la législation contre le trafic illicite de stupéfiants lors d’opérations de visite ; • à la législation en matière d’immigration illicite par mer.

narcotrafiquant ne peuvent pas être condamnés à cause d’une erreur de procédure, c’est toute l’action des moyens engagés qui n’aura servi à rien. Et le risque existe ! En mai dernier, la Cour européenne des droits de l’homme s’est prononcée, entre autres

UN COMMISSAIRE À LA BARRE… DU TRIBUNAL Témoignage du CR2 Nicolas Pendriez Dans le cadre de l’opération Atalanta, certains États riverains de l’océan Indien acceptent de juger les pirates interceptés en haute mer. « J’ai donc été appelé à témoigner au cours du procès mené par les autorités seychelloises à l’encontre des onze pirates présumés appréhendés, raconte cet ancien commissaire du Nivôse. Ma présence était requise en tant que chef de la cellule info crise : j’ai dû certifier la réalité des prises de vue. Le Kenya et les Seychelles sont des États de common law (1), qui portent une attention toute particulière à la continuité et au suivi des preuves. » Le 3 novembre dernier, le tribunal rendait son jugement et les onze pirates étaient chacun condamnés à six ans d’emprisonnement. (1) Catégorie de droit d’influence anglo-saxonne par opposition au droit d’influence romaine qui est constitué de textes codifiés comme c’est le cas en France.

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questions dans cette affaire, sur les conditions de rétention de narcotrafiquants présumés à bord de l’un de nos bâtiments. C’est le travail de toute une chaîne qui fut ainsi validé par les juges. Les tribunaux français sont régulièrement saisis pour des infractions constatées par des moyens de la Marine nationale : pollution maritime, pêche illicite… Dans tous les cas, le juriste est le gardien de la procédure et des preuves, dans l’intérêt de l’opération.

L’enjeu de la rétention La rétention en mer, que ce soit à bord d’un navire militaire ou du navire dérouté, de personnes suspectées d’activités illicites suscite un intérêt croissant. Il s’agit d’une question de restriction de liberté, alors il faut être irréprochable. Un projet de loi est actuellement en discussion devant le Parlement pour préciser les conditions de rétention à la mer. En attendant, il faut faire avec les moyens du bord. Nombre de commissaires de frégates déployées en opé-

ration Atalanta ont concouru à la conception des règles de rétention. Une fois les pirates présumés à bord, le respect des procédures et des droits de chacun gagne à être supervisé par un homme de l’art. C’est un gage de sérénité pour le commandant, de savoir que la responsabilité des marins ne sera pas engagée car la procédure est solide.

La guerre des images L’histoire le montre, une mission accomplie sur le plan militaire peut se révéler être un fiasco sur le plan médiatique. Photos, vidéos, enregistrements sonores, inventaire des biens illicites ou suspects présents à bord du navire intercepté : autant d’éléments qui serviront à la fois à rendre compte de l’action mais aussi à matérialiser une infraction. Le rôle de la cellule info crise est capital. À sa tête, le commissaire oriente le recueil d’information. Il faut ensuite la trier pour isoler les images illustrant le mieux l’action, en vue d’informer les autorités militaires et judiciaires puis, si nécessaire, communiquer vers l’extérieur. La qualité des enregistrements et la rigueur dans la procédure de saisie des armes ou des nombreux objets permettant la réalisation d’une infraction garantiront la solidité des preuves. Là encore, l’œil du juriste s’avère très précieux.  CR1 THOMAS PAILLOUX

PERMUTATIONS

ANNONCES CLASSÉES

GECOLL SM Bat Gecoll (Motel), affecté GSBdD Brest antenne du Poulmic (adjoint gérant mess officiers de l’École navale à Lanvéoc), recherche permutation à Toulon. Contact au 06 32 03 59 83 (laisser un message).

L’AVISO ESCORTEUR EV HENRY Aux anciens de l’aviso escorteur EV Henry qui, après avoir traversé l’Atlantique, le canal de Panama et une partie du Pacifique, ont découvert, le 13 janvier 1974, la splendide baie des Vierges, située dans l’archipel des Marquises, à Fatu Hiva, il est demandé de donner de leurs nouvelles (mentionnez votre adresse). CV Michel Privé, 283 chemin de la Pinède 83000 Toulon.

SM Bat Gecoll (Cuisi), affecté SVR Toulon (terre), recherche permutation Brest embarqué, de préférence sur petites unités mais étudie toutes propositions. Contact au 06 88 64 40 91.

ÉDITIONS

QM1 Bat Gecoll (Commis), affecté Brest terre (GSBdD), recherche place Brest embarqué (FASM ou autre). Ne pas hésiter à me contacter pour plus d’informations au 06 82 47 67 87 (après 16 h).

MANEU QM1 Bat Maneu, affecté Marseille terre, cherche permutation Toulon embarqué, étudie toutes propositions. Contact au 06 66 02 66 28 ou 06 67 21 56 69 (laisser un message). MOPONT QMF Mopont affecté Toulon Service marins portuaires (SMP) à terre. Brigadier d’engins cherche permutation rapidement à Cherbourg, indifférent, ou Brest terre. Contact au 06 66 78 73 00. Mot QMF (féminin), affectée SMP Brest (remorqueurs côtiers), cherche permutation Brest embarqué ou possibilité Toulon embarqué. Contact au 06 76 89 44 01 (laisser un message).

Les Éditions Thélès recherchent de nouveaux auteurs. Envoyer vos manuscrits à notre comité de lecture à l’adresse suivante : 11 rue Martel 75010 Paris. Renseignements au 01 40 20 09 10. Recevez notre catalogue et des informations sur nos ouvrages (récits militaires, expériences vécues, mémoires, romans, poésie) sur simple demande aux Éditions Thélès. Contrats participatifs. www.theles.fr LIVRE : D’UN MONDE À L’AUTRE

Tout militaire, quel que soit son grade, est ou sera confronté un jour à la reconversion. Pour beaucoup elle signifie l’arrivée dans le monde inconnu et intimidant de l’entreprise privée, où les codes, les habitudes, les objectifs sont très différents de la défense. Rémy Nicolas, ancien officier de l’armée de l’Air, illustre de façon concrète et parfois humoristique cette aventure. D’un monde à l’autre, Rémy Nicolas. Éditions Rémy Nicolas, 135 pages, 12 €.

INFO

dans nos ports

BREST DES COMPÉTENCES AU CONTACT DES ENTREPRISES e 12 octobre dernier, le pôle Défense Mobilité de Brest a organisé un forum emploi au Cercle de la Marine à Brest. Ce forum était ouvert à tous les militaires et civils de la Défense en reclassement professionnel, ainsi qu’à leur conjoint. Plus de 1 000 candidats sont venus rencontrer les 85 entreprises et partenaires publics présents ce jour-là. Ils ont pu assister à des témoignages de marins reconvertis, ainsi qu’à des conférences sur le thème de l’emploi : l’accès à la fonction publique, le marché de l’emploi, les secteurs qui recrutent… Le contre-amiral Charles Henri Du-Che, adjoint territorial, et le capitaine de frégate Bertrand Aumont, chef du pôle Défense Mobilité de Brest, ont souligné l’excellente tenue de ce forum et l’importance que revêt cette manifestation dans le cadre des réorganisations du ministère de la Défense. À l’occasion de cette rencontre, le capitaine de vaisseau André Martin, sous-directeur de Défense Mobilité, et M. Armel Le Strat, président de La Touline, association reconnue d’utilité publique, ont signé une convention de partenariat. Cette dernière per-

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met de faciliter l’accès à l’emploi dans le domaine maritime civil des ressortissants de la Défense et de leur conjoint. Elle officialise des relations de partenariat construites sur la base d’échanges, de valeurs partagées et permet ainsi de pérenniser leurs axes de collaboration : l’orientation, le conseil, l’accompagnement dans les actions de formation et de validation des

PPI TOULON 2010 es 17 et 18 novembre, la préfecture du Var et la préfecture maritime de la Méditerranée ont organisé et participé à un exercice nucléaire grandeur nature : PPI (plan particulier d’intervention) Toulon 2010. Le scénario était le suivant : un incident sur une chaufferie de SNA à la mer, puis dégradation de la situation lors de l’arrivée au port, déclenchement du plan d’urgence interne du SNA et du site. Les règles de conception et d’exploitation des installations rendent tout à fait improbable un scénario tel qu’il a été joué lors du PPI. Toutefois, la nécessité de faire jouer l’ensemble des acteurs de la gestion de crise dans la durée conduit à multiplier les défaillances qui

acquis de l’expérience. Ce partenariat implique plus particulièrement les pôles Défense Mobilité de Brest, Toulon et Marseille, en liaison permanente avec les bureaux de Brest et Marseille de La Touline. Ces deux rendez-vous ont ainsi marqué l’engagement du pôle Défense Mobilité de Brest dans le reclassement de ses candidats auprès des entreprises régionales du Finistère, des Côtes-d’Armor et du Morbihan. Très présente dans ces régions, Défense Mobilité développe un tissu relationnel sans équivalent avec les entreprises. Ainsi, les conseillers de Défense Mobilité cernent mieux les attentes des employeurs et leur proposent les profils les plus adaptés à leurs demandes. En 2011, afin de poursuivre son élan, Défense Mobilité organisera de nombreux forums emplois sur tout le territoire métropolitain, notamment à Brest, Toulon et Cherbourg.  N° Vert : 0 800 64 50 85, appel gratuit depuis un poste fixe.

de décision de déclanchement du PPI en temps réel) ; – tester les dispositifs d’alerte de la population (sirènes, systèmes téléphoniques) ; – poursuivre la sensibilisation de la population au risque radiologique. 

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pourraient mener à une telle situation. Les objectifs sont de quatre ordres : – tester l’organisation de crise de l’exploitant et des pouvoirs publics, aux niveaux local et national ; – s’entraîner à la mise en œuvre du plan d’urgence interne (PUI) et du PPI (et tester le processus de prise

LE BÂTIMENT HYDROGRAPHIQUE LA PÉROUSE MET À JOUR LES CARTES MARINES DE BRETAGNE NORD arti de Brest le 13 septembre, le bâtiment hydrographique La Pérouse a sillonné pendant deux mois le littoral de la Bretagne nord, près des côtes de Saint-Brieuc, afin de mettre à jour les cartes marines de la région. En effet, l’état de la connaissance en France sur ce sujet est morcelé, les études s’étant concentrées au départ sur les grands ports et les grandes voies de navigation. De ce fait, les cartes marines reposent parfois sur des renseignements remontant à 1870 et certains secteurs n’ont pas encore été analysés. Le navire

P

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La Pérouse multiplie actuellement les relevés sousmarins qui permettent notamment de détecter les épaves et les obstacles, et d’analyser la force et la direction des courants. Comme ces données, indispensables à la sécurité de la navigation, intéressent bien évidemment les élus locaux, le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) a profité d’une escale du La Pérouse à SaintMalo pour présenter le travail des bâtiments hydrographiques, ainsi que les avancées technologiques disponibles. 

INFO

dans nos ports

LORIENT LE BAGAD DE LANN-BIHOUÉ RÉCOMPENSÉ PAR L’ACADÉMIE DE MARINE e 13 octobre dernier, le Bagad de Lann-Bihoué, vieux de plus de cinquante ans et dernier Bagad de la Marine française, s’est vu décerner un prix par l’Académie de Marine pour l’album L’essentiel du Bagad de Lann-Bihoué. L’orchestre y reprend quarante et une œuvres modernes et airs traditionnels parmi les plus connus, issus des répertoires irlandais, écossais et bien évidemment breton. Ce prix vient récompenser « le grand mérite des trente sonneurs et batteurs qui s’inscrit dans la continuité et le respect de ce patrimoine et dans celui de la Marine » (extrait du discours prononcé lors de la remise de prix). L’année 2010 fut un succès pour le Bagad de LannBihoué : choisi le 7 mai dernier comme « ambassadeur culturel de la Bretagne » par l’association Produit en Bretagne, le Bagad constitue un vecteur de choix pour la culture bretonne et pour l’uniforme de marin à travers elle. Il s’associe ainsi au rayonnement culturel et économique d’une région qui puise son dynamisme de ses traditions culturelles. L’année qui s’achève a été riche pour la formation musicale militaire : plateaux télévisés (notamment un Vivement Dimanche consacré à Jacques Perrin

avec le Cercle Celtique du Croisty, afin de donner au public une image encore plus vivante de la tonicité culturelle bretonne. 

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COMPOSITION DU BAGAD DE LANN-BIHOUÉ

LE CD PEUT ÊTRE COMMANDÉ AUPRÈS DE : LABEL PRODUCTION 24 RUE SAINT MARC 29 000 QUIMPER. PRIX : 22 EUROS [email protected]

pour la sortie de son film Océans), festival interceltique 2010 (succès populaire sans précédent), tournée française et séjour au Canada… La prochaine saison s’annonce au moins aussi dense que la précédente. À l’agenda : une grande tournée nationale à l’occasion de la Saint-Patrick, un projet de voyage en Italie, ainsi qu’une collaboration sur scène

Le Bagad de Lann-Bihoué se compose de trente-deux personnes dont : • un Penn-Bagad, que l’on peut apparenter à un régisseur général ; • un officier marinier, chargé de la vie militaire du groupe ; • vingt-neuf sonneurs répartis dans trois pupitres (cornemuse, bombarde et batterie) ; • un porte-drapeau, jouant également d’un instrument. L’année se divise en deux parties : la préparation, durant laquelle le groupe travaille les 90 minutes du répertoire, et les sorties, qui se déroulent de mars à mi-novembre.

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ÊTRE

combatif

L’ARMADA DE L’ESPOIR Du 2 au 6 novembre, le CIN de Brest a organisé la première édition de l’Armada de l’espoir. À destination des jeunes du CIN intégrés dans le Plan Égalité des chances du ministère de la Défense, mais aussi des jeunes de l’Epide, des cadets de la défense, d’associations et de missions locales, ainsi que des élèves de lycées de Bretagne, il s’agit de leur faire vivre un parcours éducatif à bord de grands voiliers, dont l’Étoile. 1 Un à un, derrière le Belem, sept grands voiliers rentrent de quatre jours de mer dans le port de Concarneau. La réunion d’une pareille escadre française est un événement : la foule et les autorités sur les quais ne cachent pas leur plaisir. C’est à bord que le bonheur est exceptionnel, avec 140 jeunes admis, reçus et mélangés aux meilleurs équipages. Une chance unique pour ceux qui n’en avaient pas eu beaucoup jusqu’ici. Garçons et filles venant de tous les coins de France. Les chemins qui les ont conduits aux coupées tiennent souvent au mérite d’avoir été assidus à un club de sport ou à la chance d’avoir été remarqués par un éducateur. Les moins nombreux, tirés au sort, portent déjà le bleu marine des mousses et des autres écoles de la rade de Brest. Tous volontaires, avec déjà l’horizon du large dans les regards. Comment refuser une place à bord, une place en mer ? Le capitaine de vaisseau Riou, commandant le CIN de Brest, n’a pas seulement réuni des bateaux et des équi-

pages invités partout, il a réussi à donner la mer pour école, « comme nulle autre ». Le contre-amiral Jean-Louis Vichot, commandant le CESM, représente la direction du personnel militaire de la Marine (DPMM) pour l’accueillir à sa descente du Belem avec les compliments solides d’un breton de Brest. Et chez les marins de fortune qui descendent ensuite, l’expression qui revient le plus souvent est : « J’ai été utile ! » Pour avoir lové une écoute, bien comme il faut sans torsion, et avoir été complimenté pour ce travail réussi… le bonheur rayonne. L’écho de ce classique « Bien ! » que répond le chef de quart, tout banal qu’il soit, est pour eux le pas en avant qui sera désormais suivi de beaucoup d’autres. Ils ont laissé leurs problèmes à terre, portables et internet coupés : « Comme ça fait du bien », reconnaissent les plus accros à ces communications fugaces. Mais aussitôt débarqués, il faut envoyer aux proches les preuves de sa réussite, prononcer les mots justes d’un voca-

bulaire riche et précis, rire d’avoir été malade et rire davantage encore d’avoir le mal de terre, comme un vrai marin. Le commandant Riou précise : « Aussitôt sortis de la rade de Brest, une grande houle ne nous a pas fait de cadeau ! » Puis le temps a été plus clément, quelques-uns ont pu dormir sur le pont, sous les étoiles. Le préfet du Finistère soulignera devant les organisateurs : « En mer, on ne peut pas dire ‘pouce’ et quitter l’aventure, il faut à la fois se dépasser et respecter les autres : grand marin ne fait le malin… » Et se tournant vers le capitaine de vaisseau Riou, maître d’œuvre de cette armada : « C’est formidable, commandant, d’avoir fait partager ces valeurs ! L’État restera engagé l’an prochain et dans l’avenir, je le déclare avec force. » Le maire de Concarneau, André Fide-

lin, réunira tout le monde pour un dîner, après avoir renouvelé l’invitation : « À l’année prochaine. Nous resterons un partenaire fidèle et passionné. » Les équipages se mélangent, les marins parlent de leurs passions. Le peintre de la Marine Michel Bellion  garde en tête les inspirations que son talent sait traduire. En charge de l’égalité des chances auprès du ministre de la Défense, le général Philippe Levé résume : « Vous n’oublierez jamais ces journées, où vous étiez à la fois seul et ensemble. » Et d’un bout à l’autre de la salle municipale, des hourras sont lancés par les groupes de jeunes pour remercier les équipages. Les jeunes invités n’ont pas été des spectateurs étrangers, ils font désormais partie de cette humanité choisie, « les gens de mer ».  CC (R) ERIC LEBEC

EXPLOIT RÉUSSI POUR L’ÉQUIPAGE DU DÉFI INTÉGRATION Après soixante-huit jours de mer, le voilier Jolokia a franchi la ligne d’arrivée à l’île Maurice le 15 novembre à 13 h. 1 Parti de l’île de Groix le 8 septembre dernier pour rejoindre l’île Maurice, l’équipage du Jolokia, voilier de l’association du Défi Intégration, composé de sportifs valides et handicapés, a réussi son pari de parcourir les 17 000 kilomètres du périple. Un courage, une détermination et une solidarité sans faille ont été nécessaires pour réussir un pareil exploit. Au total, l’expédition aura duré très exactement 68 jours, 22 heures, 52 minutes et 2 secondes. Aventure atypique, fortement soutenue par l’amiral Forissier qui en est également le parrain, le Défi Intégration a permis de démontrer que la navigation était accessible à tous les passionnés de la mer, aux navigateurs handicapés comme valides. Le succès de cette association n’a été possible que par la

mise en commun des qualités et des compétences de chaque membre de l’équipage. Pour se faire, le Jolokia avait été spécialement conçu pour que chaque équipier invalide puisse le manœuvrer facilement et en toute sécurité.

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Concernant les skippers, ils avaient reçu une formation spéciale, normalement dispensée aux pilotes de l’aéronautique navale, sur la base de Lanvéoc, ainsi qu’un stage de survie en mer (suivi par l’équipage entier cette fois-ci), au Cessan (Centre d’entraî-

nement à la survie et au sauvetage de l’aéronautique navale). La présence de navigateurs handicapés a permis de simuler des méthodes de sauvetage applicables aux marins blessés dans un accident. L’équipage « handi-valide » du Défi Intégration est désormais le premier à détenir un grand record océanique à la voile. Preuve s’il en est que la mer, parfois redoutable, peut se maîtriser grâce aux sensations ressenties, comme l’explique Nicolas, lors d’une manœuvre avec Olivier, non-voyant : « Il m’arrive souvent de fermer les yeux pour ressentir les sensations d’Olivier et chercher les mots justes correspondant à ces repères communs. J’essaie de traduire l’univers de la mer et du bateau en sensations, en chiffres, en figures, en intensités, en tension de barre, d’écoutes, c’est un autre dictionnaire de la mer. » 

COURRIER

des lecteurs

VOS COUPS DE CŒUR… ET COUPS DE COLÈRE ! Lecteurs, cette rubrique est la vôtre. Merci à tous ceux qui nous ont écrit. Continuez, vos courriers ou mails nous sont utiles pour faire évoluer le magazine.



Depuis la rentrée, le magazine ne comporte plus de mots croisés. Je vous demande pourquoi ? Cela était si intéressant de compléter ces grilles. Une abonnée. Avant de supprimer cette rubrique, nous avons interrogé de nombreux marins, et il s’avère que très peu d’entre eux étaient intéressés. Par ailleurs, comme nous devions trouver de la place pour de nouvelles rubriques, notamment « Dans nos ports » et « Espace loisirs », nous avons donc fait le choix de supprimer les mots croisés. 



Cols Bleus est désormais bimensuel, mais le prix n’a pas changé, nous avons donc deux fois moins de numéros pour le même prix ! Un abonné. Le changement de périodicité de Cols Bleus et le prix de l’abonnement ont fait l’objet de nombreuses interrogations de la part de nos abonnés. Il va de soi qu’avec l’ECPAD, en charge de la gestion administrative et financière des abonnements, nous avons étudié la situation de manière à ne léser personne et de prendre en compte la parution bimensuelle. Il existait deux situations : les abonnements souscrits avant septembre 2010, c’est-à-dire avant le

passage au rythme bimensuel et les nouveaux abonnements souscrits depuis. Dans le premier cas, l’ECPAD a décidé de proroger les abonnements au prorata du nombre de numéros encore à adresser à chaque abonné. Par exemple un abonnement souscrit pour un an et arrivé à son sixième mois a été prorogé automatiquement d’un an ; l’abonné recevra donc un nombre de numéros exactement équivalent à son abonnement initial. Pour les nouveaux abonnements, les prix ont été sensiblement diminués pour prendre en compte la réduction du nombre de parutions. Les nouvelles conditions sont d’ailleurs détaillées en page 34. 



J’ai trouvé le dernier numéro sur le chantier du Dixmude passionnant car il aborde un sujet connu, les BPC, mais sous un angle original. Pourriez-vous renouveler ce genre de sujets ? Un CA (2S). Nous essayons autant que possible d’aborder les différents sujets que nous publions sous un angle original. Celui sur la construction du Dixmude s’y prêtait particulièrement bien puisqu’il traitait du

bateau sous un angle industriel et militaire. Dans le même objectif, nous envisageons de consacrer un dossier à la frégate Aquitaine et plus généralement au programme des Fremm au premier trimestre 2011. 



Vos illustrations sont toujours de très bonne qualité, mais les légendes sont souvent trop courtes ou absentes. Pourriez-vous être plus précis ? Un abonné (non marin). Nous prenons note de votre remarque et ferons notre possible pour être plus précis dans nos légendes. 

Cols Bleus est le magazine des marins. Si vous aimez écrire, vous pouvez participer à sa rédaction en nous apportant votre contribution. N’hésitez pas à contacter la rédaction par courrier, mail ou téléphone afin d’en discuter. Merci par avance à toutes les bonnes volontés. Cols Bleus 2 rue Royale 75008 Paris [email protected] Téléphone : 01 42 92 70 17

COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  31

ESPACE

loisirs

LES AILES DE L’AÉRO SE POSENT AU MUSÉE Depuis le 27 octobre, le musée de la Marine célèbre les cent ans d’âge de l’aéronautique navale avec une nouvelle collection permanente. Visite guidée des lieux.

1 Au bout, tout au bout de la longue galerie, la force de frappe aéronavale de la Marine d’aujourd’hui trône là, en vitrine, à l’échelle 1/100e. L’histoire, pourtant, ne semble pas s’arrêter aux Rafale et Super Étendard Modernisé du Charles ; elle marcherait même à rebours à en juger par cet anachro-

nisme tombé du ciel. Suspendue dans le vide, la lourde nacelle d’un ballon d’observation captif de la Grande Guerre fait lever les têtes. La visite continue. Bienvenue cent ans en arrière, dans l’antre de l’aéronautique navale ! Pourquoi une nacelle ? On l’oublie

32  COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010

parfois, quarante ans avant le biplan Farman du LV Byasson, c’est en ballon, dès 1870, que les marins se sont lancés à l’assaut du ciel. Les similitudes entre la navigation sur mer et dans les airs les rendaient tout particulièrement aptes au pilotage des ballons libres lors du siège de Paris.

« Cette exposition est destinée aux néophytes. Les pièces exposées doivent donner au visiteur les points de repère, les clefs pour comprendre l’évolution de la dimension aérienne dans la Marine », détaille le vice-amiral JeanNoël Gard, directeur du musée. Un maître mot, donc : vulgariser. La

ESPACE

loisirs

DÉCOLLAGE D’UN LEVASSEUR PL.7, TRIPLACE DE TORPILLAGE ET DE BOMBARDEMENT, DU PORTE-AVIONS BÉARN.

contrainte de l’espace – 100 mètres carrés – y est aussi pour quelque chose. « Raconter un siècle d’aéronavale sur une superficie aussi exiguë était une gageure, il fallait faire des choix clairs et pédagogiques. Nous avons choisi de raconter deux histoires, celle de l’aéronautique navale embarquée et celle basée à terre », poursuit l’amiral. Une caverne d’Ali Baba aux teintes bleu marine s’offre alors au visiteur. Des trésors de guerre courent le long des murs, tels ce compas de navire utilisé par les fous volants de l’aéro balbutiante, le siège éjectable MartinBaker Mk5 du Crouze, cette pale d’hélice d’un dirigeable Astra-Torrès, l’épaisse tenue de vol molletonnée d’un pilote de 1939 que l’on croirait tout droit sortie d’un roman de Jules Verne, ou ce tableau de bord d’un « lourd » de la Patmar, le Lockheed P2V6 Neptune… Au cœur de la pièce, un diorama sous verre retrace l’histoire des porte-aéronefs de la Marine. Quatre-vingt-dix ans seulement séparent le croiseur porte-hydravions Foudre des 40 000 tonnes d’acier du Charles de Gaulle… Au bas des vitrines, deux frises égrènent en parallèle les tournants de l’aviation embarquée, de France et d’ailleurs. Car l’aventure aéronavale n’a pas été qu’une affaire tricolore.

« On est dans l’information, pas dans la propagande », rappelle le maître des lieux. On y apprend, en effet, que le premier décollage depuis un bateau fut l’œuvre de l’Américain Eugene Burton Ely, auteur du premier appontage quelques mois plus tard ; que la catapulte est une invention britannique et que des pays comme le Canada ou les Pays-Bas ont un jour compté dans le cercle fermé des puissances aéronavales… avant de jeter l’éponge, faute de budget suffisant. À noter, enfin, le soin particulier porté à l’audiovisuel. Des images tremblantes des pigeons voyageurs embarqués à bord des patrouilles d’hydravions de 1917 aux Rafale M de la « Douzef », trois courts-métrages (visibles en ligne sur le site de l’exposition) embrassent ce siècle d’aéro.  FLORIAN MARTIN

1910-2010 – Cent ans d’aéronautique navale au musée national de la Marine. Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10 h à 18 h. Visite virtuelle : www.museemarine.fr/public/virtuel/aeron avale/index.html

PRÈS DE QUATRE-VINGT-DIX ANS APRÈS LE PREMIER APPONTAGE DU LV PAUL TESTÉ SUR LE BÉARN, LES AÉRONEFS SANS-PILOTE FONT LEUR APPARITION DANS LA MARINE NATIONALE. ICI, LE DRONE ORKA D’EADS SUR LE BPC MISTRAL.

LA BREGUET TYPE XX « AÉRONAUTIQUE NAVALE » DE 1960 Une montre mythique parmi les pilotes, la Breguet Type XX « Aéronautique navale » de 1960, est exposée en bonne place… Au cours des années 50, le ministère des Armées souhaite équiper ses pilotes d’instruments de mesure du temps particulièrement fiables et énonce un cahier des charges pour la fourniture de chronomètres Type XX. Breguet remporte le marché. Le 13 janvier 1960, l’horloger fournit à la Marine 500 exemplaires d’une Type XX, dont le revers porte les mentions « Breguet – Marine nationale – Aéronautique navale ». Cette montre en acier est frappée de chiffres arabes luminescents sur cadran noir et intègre deux compteurs auxiliaires, l’indication des minutes à 3 h et des secondes à 9 h. Son remontage est automatique et sa réserve de marche supérieure à trente heures. Deux spécificités la distinguent des autres Type XX : un boîtier interne doté d’une protection anti-magnétique et un mécanisme d’une très grande précision, la fonction « retour en vol » (ou « flyback ») qui permet de remettre les compteurs à zéro et de lancer un autre chronométrage. COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010  33

ESPACE

loisirs

CD « IMPRESSIONS »

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1 L’orchestre de la Musique des équipages de la flotte de Brest présente dans ce CD un programme très éclectique qui permet à chacun, autour de musiques riches en sonorités tziganes, espagnoles, japonaises et jazz, de laisser libre cours à ses impressions. 

Prix : 10 euros TTC. Commande en joignant un chèque à l’ordre de : Amicale des Musiciens de la flotte de Brest Chez Mme Edith Lucasse, 9 rue du Plateau 29217 Plougonvelin

COLS BLEUS TARIFS DES ABONNEMENTS Ces conditions d’abonnement prennent en compte la parution désormais bimensuelle du magazine. Trois options sont possibles : 6 mois soit 10 numéros, 1 an soit 21 numéros, 2 ans soit 42 numéros. France métropolitaine  18 €  32 €  57 €

Normal Dom-Tom par avion

Étranger par avion

 27 €  50 €  92 €

 32 €  59 €  110 €

La presqu’île de l’île Longue est l’un des lieux les mieux protégés et les plus secrets de France. Depuis quarante ans, elle abrite la base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la Force océanique stratégique. À cette occasion, Cols Bleus raconte l’histoire, parfois surprenante, de cette bande de terre de la rade de Brest et ce qu’on y fait depuis quatre décennies. Le porte-avions Charles de Gaulle est de retour en océan Indien pour une cinquième mission Agapanthe. Le contre-amiral Kérignard, qui commande la force, a accordé un entretien à Cols Bleus et explique quelles sont les raisons de cette mission. L’amphibie est aujourd’hui une mission essentielle des marines occidentales. Un grand exercice a eu lieu en novembre au Sénégal. L’envoyé de Cols Bleus présente le déroulement de cet exercice. Le musée national de la Marine a ouvert récemment deux salles à l’occasion du centenaire de la création de l’aéronautique navale. Visite guidée. COUVERTURE : ALAIN MONOT

CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS APERÇU

Spécial*

PAGES 6-7 : MN/JACQUES TONARD

France métropolitaine

Dom-Tom par avion

 15 €  28 €  50 €

 24 €  45 €  85 €

* Le tarif spécial est conditionné par l’envoi d’un justificatif par le bénéficiaire. Il est réservé aux amicalistes, aux réservistes, aux moins de 25 ans, aux personnels civils et militaires de la Défense et aux mairies ou correspondants Défense.

Bulletin à retourner à l’ECPAD accompagné de votre règlement à l’ordre de : Agent comptable de l’ECPAD, à l’adresse ci-dessous : Établissement de communication et de Production audiovisuelle de la Défense Service Abonnements 2 à 8 route du Fort – 94205 Ivry-sur-Seine CEDEX Tél. : 01 49 60 52 44 / Fax : 01 49 60 59 92 Courriel : [email protected] Si vous souhaitez recevoir une facture, merci de cocher la case 

INTERVIEW PAGES 8-9 : MN/STEPHANE DZIOBA/JEROME HARY/JOHANN GUIAVARCH PASSION MARINE PAGES 10-11 : MN/CHRISTIAN-GEORGES QUILLIVIC/JULIE BARTHELEMY PAGES 12-13 : ARCHIVES DEPARTEMENTALES DU FINISTERE 9R7/9R33/SERVICE INFRASTRUCTURE DEFENSE BREST ARCHIVES DTM/ILE LONGUE PAGES 14-15 : MN/MAEL PRIGENT PAGE 16 : MN/MAEL PRIGENT PAGES 18-19 : MN/CHRISTIAN-GEORGES QUILLIVIC PAGE 20 : MN/SEBASTIEN LAURENT/DCNS INFO ACTUS PAGE 21 : MN/JACQUES TONARD/MARINE ROYALE DES PAYS-BAS PAGE 22 : MN/JACQUES TONARD PAGE 23 : MN/JACQUES TONARD PAGE 24 : MN/JONATHAN BELLENAND PAGE 25 : MN/JEREMY LEMPIN/YANNICK BISSON/CYRIL DAVESNE CHRONIQUE DU PERSONNEL PAGE 26 : MN DANS NOS PORTS PAGE 28 : MN/BENJAMIN RUPIN/ALAIN MONOT/JOEL TRIANTAFYLLIDES ÊTRE COMBATIF PAGE 30 : MN/ALAIN MONOT ESPACE LOISIRS PAGES 32-33 : © MN/MUSEE NATIONAL DE LA MARINE/A.FUX/S.DONDAIN

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

RÉDACTION : 2, rue Royale – 75008 Paris  Tél. : 01 42 92 17 17 – Télécopie : 01 42 92 17 01  E-mail : [email protected] – Internet : www.defense.gouv.fr/marine  Directeur de la rédaction : CF Jérôme Baroë  Rédacteur en chef adjoint : LV Clémence Viel  Secrétaire : SM Anaëlle Basle  Rédacteurs et journalistes : LV Charlotte Berger, EV1 Grégoire Chaumeil, Stéphane Dugast  Infographie : Serge Millot  Directeur de la publication : Hugues du Plessis d’Argentré, capitaine de vaisseau commandant le service d’information et de relations publiques de la Marine  Abonnements : 01 49 60 52 44  Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8, route du Fort, 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Thierry Lepsch – Tél. : 01 49 60 58 56 – Télécopie : 01 49 60 59 92  Conception-réalisation : Idé Édition, 33, rue des Jeûneurs, 75002 Paris – Direction artistique : André Haillotte – Secrétaire de rédaction : Céline Le Coq – Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Virginie Gervais, Nathalie Pilant, Laurent Villemont  Photogravure : Beauclair – 15, avenue Bernard-Palissy, 92210 Saint-Cloud  Imprimerie : Quebecor – 6, route de la Ferté-sous-Jouarre, 77440 Mary-sur-Marne  Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction  Commission paritaire n° 0211 B 05692/28/02/2011  ISBN : 00 10 18 34  Dépôt légal : à parution  34  COLS BLEUS  N° 2960  27 NOVEMBRE 2010