21 mars intégrale

Ce film s'adresse à tout le monde, il intéresse toutes les générations. Ça vous inspire ... Une femme : « Il y a beaucoup de choses intéressantes dans ce documentaire. Pour ... actions qui sont mises en place en direction des jeunes, mais plus la société des adultes quoi, en fait. » ..... C'est humain, il y aura toujours deux.
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Assises de la ville, « Etre jeune à Ivry aujourd’hui, et demain ? »

Samedi 21 mars 2009 Rencontre organisée dans le cadre de la Fête de l’Internet – Espace Gérard Philipe.

Elus présents : - Philippe Bouyssou - Elisabeth Loichot - David Onakaya Menge Service Multimédia : - Philippe Jarry - Jean-Louis Battiston Espace Gérard Philipe : - Elvira Val - Patricia Le Morvan

Une trentaine de participants. Beaucoup de personnes d’un certain âge, surtout des femmes. Quelques enfants.

 Présentation du film « On est là ! » puis débat animé par Philippe Bouyssou. Philippe Bouyssou : « Ce film s’adresse à tout le monde, il intéresse toutes les générations. Ça vous inspire quoi ? Qu’estce que ça vous amène comme réflexions ? On y parle d’emploi, de formation… » -

Une femme : « Je trouve qu’ils ont raison. C’est très bien fait. »

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Une femme : « Il y a un malaise au niveau de l’emploi. Il y a des employeurs qui demandent de l’expérience alors qu’ils sortent de l’école. Et si on ne leur donne pas la chance d’avoir de l’expérience ils ne l’auront jamais. Il faudrait qu’un employeur leur donne la chance de commencer. »

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Une femme : « Il y a beaucoup de choses intéressantes dans ce documentaire. Pour commencer, les jeunes sont de leur temps, de leur génération, c’est-à-dire très consommateurs. Ils demandent beaucoup dans la première partie. On n'a pas l’impression… il faut que le maire, il faut que… ils sont très demandeurs. Mais, eux, en retour, qu’est-ce qu’ils font pour se prendre en charge et pour aller chercher ce qu’ils veulent ? Moi j’habitais Paris avant, ici par rapport à Paris par exemple c’est une ville très agréable à vivre. Parce que d’abord, du point de vue sportif on y fait énormément de choses, on n'est pas obligé de prendre le métro, on peut tout faire à pieds, vous avez un cinéma, vous avez trois théâtres, à des prix très très raisonnables, vous avez des médiathèques dans tous les coins, vous avez des conférences qui sont gratuites que ce soit à la médiathèque ou dans d’autres quartiers… C’est une vie que vous ne trouvez pas dans une ville comme Paris. Et autre chose, bien sûr, pour les jeunes à l’heure actuelle c’est pas facile non plus. Mais ça dépend aussi des générations. C’est vrai aussi que pour rentrer sur le marché du travail, il y a quelque chose à faire. Parce que c’est vrai que là c’est très difficile. Et c’est vrai que les employeurs voudraient qu’ils soient rentables tout de suite. Ça c’est vrai aussi. C’est le gros problème, c’est le marché du travail pour les jeunes aujourd’hui.

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Une femme : « Il n’y a pas de jeunes ici ? »

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Philippe Bouyssou : « Très peu… »

(inaudible) -

Un animateur des EPI : « Je suis Akli Khettou, je suis animateur d’un espace multimédia. Pour rebondir sur ce que vous disiez… sur le fait que les jeunes étaient demandeurs… C’est plus surtout dans la troisième partie… Moi je pense qu’ils n’interpellent pas seulement la mairie mais je pense qu’ils réclament un petit peu d’attention de la part de tout un chacun. C’est le monde des adultes je crois qui est interpellé. Voilà, comme le titre du film le dit bien c’est qu’on est là, voilà. C’est que, même s’il y a des choses très très pertinentes qui sont mises en place par la municipalité, ou par des associations etc… il y a quand même le sentiment chez les jeunes, et on le constate, nous, tous les jours dans nos activités, on a le sentiment que… ben qu’on ne les regarde pas suffisamment, en fait. C’est assez saisissant quand même, ils réclament de l’attention. C’est-à-dire que… y a de ça. Y a rien de pire pour un jeune que l’anonymat, je pense. Et en fait ils demandent à ce que chacun puisse… enfin voilà, ils interrogent la place que les adultes sont prêts à leur laisser. Et puis c’est vrai qu’à un moment y a une espèce de discussion générationnelle où c’est des jeunes qui devraient aller vers des jeunes, c’est heu… en question. Mais je pense que c’est plus de manière globale, je ne pense pas que ce soit seulement la municipalité qui est interrogée, ou la pertinence des actions qui sont mises en place en direction des jeunes, mais plus la société des adultes quoi, en fait. »

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Philippe Bouyssou : « Pour prolonger un peu sur cette idée là et pour réagir un peu à ce que vous avez dit, il y a quand même dans ce film quelques jeunes qui reconnaissent que les moyens mis en œuvre à Ivry sont quand même utiles à leurs réussites. Le premier notamment qui est sur la place Guénet qui dit : moi je suis en master 2, j’ai réussi aussi grâce à cette ville et j’ai fait toutes mes études à Ivry… Il dit deux choses. Il dit qu’à la fois en banlieue on peut réussir, on peut accéder… on peut être issu d’un collège, d’un lycée de banlieue et réussir ses études, et que les moyens mis en œuvre à Ivry sont quelque part des points d’appuis. Mais ça montre aussi que quelque part ces points d’appuis qui sont ce que vous disiez… la médiathèque, l’accès à des loisirs de qualité, à des aspects culturels etc… Un, la question que ça nous pose à nous, municipalité, c’est d’abord est-ce que tous les jeunes d’Ivry en bénéficient, en profite entre guillemets, tous au même niveau ? On peut s’interroger làdessus. Est-ce que ce qu’on développe en matière culturelle ça touche vraiment tous les publics jeunes d’Ivry, tous les jeunes d’Ivry ? Ou est ce qu’il y en a qui restent un petit peu en dehors ? Je serais tenté de dire ça. Et est-ce-qu’on peut, nous, à partir de là, développer… mettre çà plus encore à la disposition de tous. Ça c’est la première question. Est-ce que nous, ville, qui n’avons pas toutes les responsabilités parce que là dedans ils interpellent beaucoup l’Education nationale, notamment, les conseillères d’orientation… cette question de l’orientation qui revient très fort… c’est pas que de notre responsabilité, c’est la responsabilité de l’Etat, c’est la responsabilité de l’Education nationale. Mais est-ce que dans notre politique municipale on doit ou pas développer des choses complémentaires par rapport à ça. Notamment y a un jeune, celui qui est devant la cité Gagarine, qui dit : oui, il faudrait donner un peu de moyens aux jeunes pour les aider à construire leur autonomie… Une autre qui dit : la question du logement, y compris quand on fait des études c’est une question extrêmement importante et pour qu’un jeune réussisse ses études, se construise, il faut qu’il ait un logement pour être tranquille et poursuivre ses études etc… Donc, même si tout ça ne renvoi pas strictement à la responsabilité de la municipalité… On a développé par exemple, avec une association, un foyer de jeunes travailleurs en haut de la cité Spinoza, l’association ALJI, où il y a des chambres pour les jeunes travailleurs un peu en difficulté pour trouver un logement etc… Est-ce que c’est ce type de choses qu’il faut qu’on développe un peu plus pour répondre à plus de… Est-ce qu’on doit mettre en œuvre une espèce d’allocation d’étude pour compléter les bourses de l’Etat qui sont extrêmement faibles etc, etc… Nous, en tant que municipalité, on n'a pas (inaudible)… mais on s’interroge là-dessus. On a envie de savoir ce qu’en pensent les habitants, de toutes les générations d’ailleurs, parce que la ville est à tout le monde. On sent qu’il y a un effort particulier à faire en direction des jeunes parce qu’ils sont plus touchés directement par la crise aujourd’hui. C’est ce que vous disiez sur l’accès au marché du travail etc… c’est de plus en plus dur, donc heu, il y a un souci particulier pour les jeunes. Donc, qu’est-ce qu’on doit développer de plus dans notre politique municipale pour les

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aider dans ce domaine là. C’est l’interrogation qu’on a aujourd’hui et qu’on veut faire avancer. » -

Une femme : « En premier lieu, le logement. C’est je crois le point crucial, que ce soit des jeunes, des jeunes qui démarrent dans le travail, car ça c’est vrai que c’est extrêmement cher. Je crois que c’est le premier point. Le logement. »

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Une femme : (inaudible). Faudrait que les jeunes se responsabilisent également, parce que c’est beau de demander mais lorsqu’on leur donne, ils font n’importe quoi. Je vois dans certaines ville où on a mis des maisons de quartier, et finalement ces jeunes ils y vont et ils saccagent, ils détruisent… Donc, il faudrait que le jeune aussi abonde dans le même sens. On veut bien lui donner l’occasion de se faire voir mais en même temps il faudrait qu’il respecte ce qu’on fait pour lui… Et je trouve que la jeunesse d’aujourd’hui elle a plus tendance à être violente, je mets entre guillemets certains jeunes c’est pas une généralité, mais je trouve que dans l’ensemble quand même les jeunes c’est pas… c’est pas encore ça. Moi, personnellement, j’ai des enfants et je trouve que dans le milieu des jeunes ils se soutiennent mais pour faire des bêtises. »

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Une femme : « Il y avait un gamin qui demandait un terrain de foot (dans le film). Il y en a un à côté de chez moi. Les gosses, ils jouent sur le parking au ballon. Et il y a quelques mètres à faire pour aller sur le terrain. Ils ne veulent pas y aller parce que c’est plus rigolo de frapper dans les bagnoles. »

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Une femme : « Peut-être aussi, pour les jeunes, pour rebondir sur ce que vous venez de dire, peut-être de leur donner des responsabilités dans leur quartier, de leur confier des choses qui les amèneraient à la vie professionnelle et à voir autre chose. Peut-être qu’ils sont parfois un peu trop encadrés. Je ne sais pas. (inaudible) Essayer de leur donner des responsabilités à leur niveau.

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Philippe Bouyssou : « Ce qu’il faut voir, c’est juste de poser la bonne question : comment dans une ville comme Ivry on peut essayer… parce que les comportements que vous décrivez de jeunes qui font des bêtises… nous on a le sentiment, pour ma ville d’Ivry, que ces comportements là existent, il ne faut pas les nier, hein, ce que vous décrivez sur le côté oisiveté, faire des bêtises, manque de sérieux, on leur confie quelque chose ils n’en prennent pas un profit intéressant mais des fois… C’est des choses qui existent mais qui peut-être... alors là c’est l’élu qui défend sa ville… mais qui peut-être existe un peu moins à Ivry que dans d’autres endroits, je pense, en tout cas globalement, sans dire que ça existe pas et qu’il y a pas des comportements de jeunes qu’il faut être particulièrement attentif etc. Mais en même temps ces jeunes là à Ivry comme ailleurs, ceux qui sont vraiment très très en marge, et en très très mauvais comportement, ils sont largement minoritaires par rapport à l’ensemble de la jeunesse. Heureusement. Quand on voit ces jeunes qui apparaissent dans ce film, ils nous disent des choses, ils nous interpellent sur des questions de fond et ils ne renvoient pas, je trouve, une image d’une jeunesse irresponsable et en complète perdition. Ils ont des attentes fortes, ils veulent construire leur vie… D’ailleurs, certains d’entre nous ont pu dire que si on confronte ce qu’ils disent là et la perception qu’ils ont de leur vie à ce qu’on pouvait penser dans les années soixante-dix et les années soixante, ou c’était plus la recherche d’un certain épanouissement individuel, d’un épanouissement libertaire un petit peu etc… Aujourd’hui il sont rentrés dans des schémas plus… avoir des enfants, avoir un travail, avoir un logement… Ils ne rêvent pas à des choses grandioses, juste des choses qui, il y a dix, vingt, trente ans pouvaient apparaître comme extrêmement basiques. Ça doit nous interpeller un petit peu sur certains reculs du point de vue des idéaux de ce point de vue là, et ça nous interpelle un petit peu au travers de ça même si ça peu donner une image entre guillemets rassurante de la jeunesse. »

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Une femme : « Dans les années soixante-soixante dix… on ne peut pas faire la comparaison, on avait d’autres problèmes mais, seulement, le travail y en avait partout. Après la libération il y a eu une liberté qu’il n’y avait pas, et qu’il y a aujourd’hui, mais qu’il n’y avait pas à l’époque. Mais il y a une grande différence, c’est qu’il n'y avait pas de problème de travail, il fallait se déplacer bien sûr, mais par rapport à aujourd’hui… »

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(brouhaha, inaudible) -

Une femme : « Il y a des jeunes qui arrivent… »

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Akli Khettou : « Je voulais réagir, quand vous disiez qu’il faudrait responsabiliser les jeunes, les rendre acteurs… Complètement d’accord, mais en même temps ce qui est très très paradoxal c’est que dans le film ils réclament du cadre, ils réclament d’être accompagnés finalement, de pouvoir s’essayer, d’expérimenter, tout en gardant la sécurité… ben s’ils se trompent, et bien d’être aiguillé… C’est ça qui est, pour faire le parallèle avec des problématiques des jeunes dans les années soixante-dix, avec un recul des idéaux etc… ce qui est frappant c’est la demande comme ça de cadre, d’être accompagnés, quasiment pris par la main… et ça se pose pour la question de l’école de la recherche de travail… on devrait nous aider à faire des cv, on devrait nous aider à… il y a toute cette demande et je trouve ça assez paradoxal. Parce qu’en, même temps, lorsque ces choses sont faites… »

(5 ou 6 jeunes entrent, on les invite à s’installer) -

Une femme : « Par rapport aux années soixante et soixante-dix, l’école la fin c’était quatorze ans, et il y en avait beaucoup qui rentraient dans le monde du travail à quatorze ans. Et donc, ils avaient beaucoup plus de maturité que les jeunes d’aujourd’hui qui vont à l’école jusqu’à minimum seize ans. C’est une grosse différence. »

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Philippe Bouysou : « Est-ce que vous ne croyez pas, et les jeunes pourront nous dire ce qu’ils en pensent, par rapport à avant quand on allait dans le monde du travail à quatorze on avait me semble-t-il moins besoin de qualifications. Les emplois proposés étaient des emplois dans l’industrie, je prends cet exemple-là, les apprentis etc… c’étaient beaucoup des emplois je dirais à caractère manuel, il y en a toujours aujourd’hui et le travail manuel à besoin d’être valorisé et il y a plein de secteurs aujourd’hui où il y a de l’emploi mais où il n'y a personne qui peut postuler parce qu’ils n’ont pas acquis les formations, les compétences pour le faire. Il y a deux domaines qui sont toujours cités c’est l’hôtellerie et le bâtiment public où on a du mal à trouver des employés qualifiés qui peuvent répondre à ces questions là. Le patronat le dit souvent. Alors je ne sais pas si le patronat à raison là-dessus mais il y a souvent des éléments comme ça. Mais à l’époque où on rentrait sur le marché du travail à quatorze ans, avec des qualifications moins importantes, je serais tenté de dire, aujourd’hui les emplois une grande partie des emplois qui sont sur le marché du travail, c’est des emplois qui demandent des qualifications supplémentaires, qui demandent d’être très pointu, très affûté sur un certain nombre de questions et qui fait qu’aujourd’hui les choses ont un peu changées. D’ailleurs dans le film il y a un jeune qui dit ça, qui dit : les adultes ils pensent encore que c’est comme avant, alors qu’aujourd’hui c’est quand même plus compliqué d’accéder au marché du travail, on nous demande des niveaux de qualification… »

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Un jeune : « Pour l’emploi ce n’est pas comme avant. On n'a pas les qualifications ou on est pas assez mature. Parce que nous on a seize dix-sept ans et ils nous disent qu’en fait il faut avoir dix-huit ans minimum. Alors vous dites que vous pouviez travailler dès quatorze ans, nous il nous faut avoir dix-huit ans minimum. »

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Un homme : « Moi je vais rebondir sur l’histoire de mature ou pas. Moi j’ai commencé à quinze ans à travailler… Dans les mines les enfants y commençaient à dix ans et ils n'étaient pas matures… c’est une question de société. J’ai commencé à quinze ans et j’étais sous contrat. Et je considère qu’aujourd’hui la société est complètement différente, il est beaucoup plus difficile de pouvoir s’en sortir aujourd’hui. Je crois que c’est ça la différence. »

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Elisabeth Loichot : « Je voulais dire, parmi ce qui a été dit par les jeunes, pour schématiser un peu, il y a deux types… Il y a les jeunes qui demandent des logements, ils ne sont que dans la demande… Et il y a une autre partie des jeunes qui disent il faut nous aider à trouver des stages, faut nous aider à trouver du boulot, faut nous aider et, donnant des idées, à nous élus, en disant on connaît pas assez bien les entreprises à Ivry, pour nous c’est abstrait, on sait pas ce que c’est donc on peut pas demander… ça incite pas les jeunes à aller postuler et à aller candidater pour des stages etc… C’est très bien pour nous, je crois qu’il faut reprendre cette idée exprimée par les jeunes dans le film. Et il y a, pour faire très schématique, donc,

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l’autre demande de jeunes qui disent nous, sur l’orientation qui revient partout, il y a toujours deux façons. Il y a les jeunes qui nous disent il nous faut ceci cela, et il y a d’autres jeunes qui disent : non mais, attendez, ça ne va pas ce qu’on nous propose, la façon de faire ça ne va pas, moi je voulais faire ça on me dit tu ne pourras jamais faire ça, ça ne se fait pas, tu ne pourras jamais faire ça c’est trop dur etc… Et il y a deux jeunes qui disent heureusement que j’ai continué parce que… et que j’y suis arrivé. Mais les premières années, la personne qui était là pour l’aider n’a pas arrêté de dire tu ne peux pas faire ça, c’est pas pour toi ce boulot. Là, les jeunes pointent, voilà… Comme partout il y a des jeunes qui veulent ceci cela, et il y en a d’autres qui veulent des outils pour réussir leur vie. C’est humain, il y aura toujours deux catégories comme ça. Ce que je crois aussi qu’il faut dire, par rapport aux années soixantedix et par rapport à la stimulation du jeune aujourd’hui à aller trouver du boulot… parce que c’est pas très marrant, hein, tout d’un coup faut obéir à un chef, machin… c’est rude le passage, y a rien pour préparer la transition, hein. Mais le problème, je pense qu’avant y avait une motivation, c’est-à-dire que les jeunes y trouvaient beaucoup plus facilement du travail, d’abord parce qu’il y avait des usines tout ça, des gens non qualifiés pouvaient y rentrer, et comme après soixante-huit et les accords de Grenelle, il y avait un SMIC, quand même pour tout le monde, y compris les jeunes… Et on trouvait des logements qui… et même quand on était au SMIC on pouvait trouver des logements… Donc, il y avait ce truc, bon c’est pas très marrant mais je vais pouvoir quitter ma famille et je vais pouvoir monter, heu, vivre ma vie etc… Or ce qui se trouve c’est qu’aujourd’hui un jeune même s’il arrive à trouver du boulot et bien il ne peut pas, très souvent, il peut pas quand même quitter sa famille, il peut pas commencer sa vie à lui. Il y a ce double truc, qui fait que c’est pas très stimulant quand même. Moi je me souviens, il y avait cette stimulation qui nous faisait passer le cap de la chaîne, du boulot répétitif et tout ça. Donc, je pense qu’il faut regarder ces jeunes en fonction de ça, enfin je veux dire, il y a toute une catégorie de jeunes, on le voit bien dans ce film, qui veulent qu’on leur donne des outils, pas qu’on leur donne un logement gratuit, un stade gratuit, tout gratoche et continuer en fait à rester enfant très longtemps avec papa maman qui payent etc… mais qui veulent vraiment acquérir leur autonomie. Commençons par ces jeunes là, par bien écouter ce qu’ils nous disent et ils nous donnent là, dans le film notamment, des pistes que je trouve tout à fait pertinentes personnellement. Donc, je regrette beaucoup que vus n’ayez pas vu le film (aux jeunes retardataires) pour nous dire ce que vous en pensez mais peut-être une autre fois parce qu’il va repasser, je vous assure que c’est… » -

David Onakaya Menge : « Ce que je voudrais dire à ces jeunes issus de la diversité, parce que je suis issu de la diversité… Dans le film, quand une demoiselle dit pour trouver du boulot en France il faut être un Dupont… elle se décourage avant de chercher du travail en (inaudible) par rapport à ses origines sociales ou ses origines ethniques ne pas trouver du travail. Moi je crois qu’actuellement ça devient un faux problème même si ça a été vrai par le passé, aujourd’hui ça devient un faux problème. Ce qu’il faut c’est bien s’orienter aussi, choisir une filière qui est adaptée aux besoins d’aujourd’hui, par exemple si vous faites du droit il faut savoir que vous aurez du souci, les avocats eux-mêmes ont du mal à s’installer. Tandis que si vous vous orientez vers la médecine vous savez que là vous avez plus d’ouverture, plus de compétences à trouver du travail. C’est une chose dont il faut tenir compte. Les jeunes n’ont pas seulement des droits, ils ont aussi des devoirs. Et dans leurs relations conflictuelles, ils l’ont dit dans le film, il y a parfois des relations difficiles entre les enseignants et les élèves, c’est parfois une question de discipline, car pour transmettre la connaissance, si on n'est pas discipliné c’est difficile. Alors quand on est discipliné l’enseignant aura des facilités à transmettre la connaissance aux élèves pour qu’ils deviennent les citoyens de demain. Moi même je suis issu de la diversité, ça fait vingt ans que je suis à Ivry et j’ai pas mal d’efforts personnels, je suis conseiller municipal (inaudible). Ne considérez pas vos origines comme une barrière qui vous empêche d’accéder à un emploi. »

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Philippe Bouyssou : « Sur cette question là, par ce que ça revient quand même dans le film de la part des jeunes la question de la discrimination. Alors ça peut être, comme vient de le dire David, la discrimination d’après les origines, ou la discrimination d’après le lieu de résidence, qu’on s’appelle Camara ou pas, qu’on vienne d’une banlieue, des fois y a peut-être des images qui sont accrochées au fait de venir de banlieue alors, je ne sais pas si Ivry, de ce point de vue là c’est vraiment un handicap parce qu'il y a quand même pas mal de gens qui ont réussi en venant d’Ivry quelle que soit leur origine etc… Est-ce que les jeunes, cette histoire de la discrimination, de la discrimination de la banlieue ou la discrimination des

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origines, vous y avez déjà été confronté ou est-ce que vous le ressentez ou est-ce que pour vous c’est comme dit David un problème secondaire qui ne doit pas être un frein à développer sa vie, à développer ses ambitions professionnelles etc… Est-ce que là-dessus vous avez quelque chose, un sentiment à nous faire part. » -

Un jeune : « Je peux pas dire oui et je peux pas dire non. Parce qu’on peut pas dire que ça nous freine mais la discrimination est quand même présente. La discrimination que ce soit l’emploi ou même dehors dans la vie quotidienne de tous les jours. On est souvent confrontés à une image qui nous est collée et qui nous suit partout. C’est difficile de s’en détacher car il y a beaucoup d’amalgames aujourd’hui, on nous met tous un peu dans le même sac. Mais voilà on a pas tous les mêmes ambitions, on a pas tous les mêmes valeurs. Moi ce que je voudrais c’est qu’il n'y ai pas d’amalgame et qu’on nous juge pour ce qu’on a à l’intérieur de nous mais pas à notre image. »

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Philippe Bouyssou : « Et à votre avis est-ce que la municipalité, la ville, sur une question comme celle-là par exemple, de donner une autre image de la jeunesse, de ne pas se laisser coller des étiquettes de jeunes délinquants qui vont tout casser etc… Qu’est-ce qu’on pourrait faire nous avec les moyens qu’on a, on en a pas énormément mais on en a un petit peu, pour essayer de faire reculer ces images là et ces idées là ? Qu’est-ce qu’il faudrait faire ? »

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Un jeune : « Nous, là, on travaille sur un projet qui s’appelle « Ici et ailleurs », c’est pour le festival Regard sur la cité, et en fait dedans on veut expliquer qu’on est tous d’ici, et on est tous d’ailleurs. Même si on vient d’ailleurs, on est tous les mêmes, quoi. On veut tous la même chose, réussir (inaudible) On a l’occasion de monter ce projet, d’ailleurs on va faire une fête Ici et d’ailleurs (inaudible) de différentes nationalités, du Sénégal, des Antilles, des Français (inaudible). »

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Philippe Bouyssou : « Et bien, on viendra. »

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Une femme : « J’ai pas l’impression qu’à Ivry il y ai eu beaucoup de problèmes avec les jeunes. Il n'y a pas eu les casseurs, il n'y a pas eu.. non… ça à l’air d’être une ville relativement calme. Il ne semble pas qu’il y ai des problèmes. Ça ne veut pas dire que eux n’en n’ont pas… Mais j’ai pas l’impression qu’Ivry a une mauvaise cote pour les jeunes qui vont chercher du travail… »

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Philippe Bouyssou : « La question c’est, est-ce que le fait de venir d’Ivry ça pose un problème pour trouver du travail ou pour accéder à un certain nombre de formations, est-ce qu’il y a une étiquette particulièrement forte liée au fait de vivre à Ivry ? Alors toi tu dis non ? »

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Un jeune : « Je ne crois pas qu’il y a une étiquette (inaudible)… »

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Un jeune : « Je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit parce qu’ici je crois qu’on a une image. Par exemple, je connais des gens pour trouver des établissements en dehors de la banlieue (inaudible) parce qu’ils viennent de banlieue, ils ont une adresse dans la banlieue, c’est-à-dire que c’est difficile de trouver un lycée, un établissement en dehors de la banlieue. Oui je pense qu’on a une étiquette qui nous suit. »

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David Onakaya Menge : « Moi je ne pense qu’un jeune qui veut trouver une place dans un établissement privé soit pas pris parce qu’il vient d’Ivry. Souvent c’est que les établissements privés regardent les notes, donc si on n'a pas de bonnes notes… Vous savez que chaque enseignant, dans le livret scolaire, chaque enseignant note le comportement de l’élève aussi et quand ils regardent le dossier d’inscription ils regardent tout ça. Donc ils tiennent compte de la note de l’élève et son comportement. Et avec le comportement, même si vous avez une bonne note, les écoles privées ne vous prendront pas. Mais ce n’est pas parce qu’on est issu d’Ivry et qu’on est de telle catégorie sociale ? Ça c’est faux. Parce que moi, dans les écoles privées je participe beaucoup, et ils prennent en compte les notes. »

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Elisabeth Loichot : « Je voudrais juste dire par rapport à madame qui dit qu'il n'y a pas tellement de problèmes pour les jeunes, vous avez pas l’impression, mais je peux vous assurer que il y en a, pas plus qu’ailleurs, mais il y a un réel réel problème… Je me souviens,

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il y a déjà cinq ans, à une réunion organisée par la mairie, il y avait des gens du foyer de la rue Jean-Jacques Rousseau, donc maliens. C’était dans une rencontre sur ce qu’on pouvait apporter, nous les élus, aux maliens, et je me souviens très bien, c’est comme ça que j’ai pris conscience des problèmes des maliens, il y avait des messieurs d’une soixantaine d’années qui disaient : Ecoutez, nous ça va, rien pour nous, mais vous aidez nos enfants, parce que nous on a fait tous ces sacrifices pour nos enfants. Et il y en avait un qui avait amené sa fille qui était en Deug, qui allait passer en licence, donc on peut imaginer les sacrifices qu’ils ont fait pour ça, et elle ne pouvait pas continuer parce qu’elle ne trouvait pas un stage d’entreprise. Voilà. Visiblement ce n’était pas le seul cas. Ils nous ont dit : nous on s’est sacrifié pour nos enfants, donc maintenant, si vous n’aidez pas nos enfants, tout ce sacrifice ne sert à rien. Ses filles avaient fait leurs études dans des conditions qui ne sont pas forcément les meilleures, elles se sont accrochées, la famille les a aidé. Et puis, paf, il y a barrage parce qu’il faut passer le stage d’entreprise. Et s’il n’y pas ce stage d’entreprise, elles ne peuvent pas aller plus loin. Donc là, il y a un vrai problème. C’est parce qu’à Ivry il y a une culture d’écoute qu’il n'y a pas un vrai problème, la seule chose c’est qu’il n'y a pas d’expression violente sur cette discrimination. » -

Une femme : « C’est pas propre à Ivry. Je connais des jeunes, bien français, ils ont des problèmes pour trouver des stages, pareil. »

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Philippe Bouyssou : « Ça c’est vrai que sur la question des stages, je ne sais pas si les jeunes qui sont là ont déjà été confrontés au problème du stage qu’on a à faire en troisième, d’accès à la vie professionnelle de quelques semaines dans une entreprise… Ce qu’on voit quand même c’est qu’il y a énormément de jeunes en difficulté pour trouver des lieux de stage et ça quelle que soit l’origine. Ne serait-ce que sur Ivry, l’ensemble des jeunes est en difficulté avec ça. Si on n'a pas des parents qui travaillent dans une entreprise et qui vont pouvoir entre guillemets pistonner je dirais leur enfant, pour parler direct, pour les jeunes dont les parents sont dans des situations soit de chômage soit de travail très difficile où le patron n’écoute pas vraiment, il y a une vraie difficulté. Il y a des choses qui commencent à se faire du point de vue des services municipaux là-dessus pour avancer et faire une espèce de guichet pour aider les jeunes les plus en difficulté à trouver ces lieux de stage, soit dans les services municipaux, parce qu’on peut aussi en accueillir quelques-uns dans une série de services municipaux… ça je pense d’ailleurs que les engagements qu’on prendra au sortir de ces Assises, il faudra qu’on travaille sérieusement là-dessus pour regarder combien de jeunes on peut accueillir dans nos services municipaux chaque année, essayer d’augmenter ce nombre et réserver ces stages aux jeunes qui sont le plus en difficulté pour en trouver. Je vais vite, il ne faut pas que les employés communaux qui sont dans la salle se heurtent de ce que je vais dire, mais il ne faut pas que ce soit une chose réservée qu’aux enfants qui ont la chance d’avoir des parents qui travaillent dans le personnel communal, par exemple. Je le donne de manière un petit peu directe, mais il faut que là-dessus nous aussi on progresse sans doute un petit peu. Et ça, quand ils disent nous mettre le pied à l’étrier, nous aider un petit peu, ça peu être des… Et travailler en direction des entreprises d’Ivry, comme Leclerc, la Fnac, Carrefour, toutes les entreprises privées qui sont installées sur Ivry jouent aussi le jeu et essayent de filer le coup de main aux jeunes d’Ivry, ne serait-ce que pour trouver ces stages. Et qu’on fasse un partenariat, comme disait Elisabeth par rapport à la parole de ce jeune qui dit : aidez nous à mettre en lien avec les entreprises. Je pense que là-dessus on a un véritable rôle à jouer et il va falloir qu’on prenne des dispositions. Pour le faire. »

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Mousse Othmani : « Il y a le mot difficulté qui revient souvent, mais il ne faut pas occulter ce qu’il y a de positif, de dynamique, l’exemple que prenais le jeune homme tout à l’heure : la rencontre qu’ils vont organiser, ce serait intéressant de le mettre en exergue. Il y a quand même des jeunes qui se portent bien, qui vont bien, qui font leur bonhomme de chemin, qui font des projets, qui ont des idées etc… Mettre les jeunes au centre des Assises, je m’en félicite, mais s’il y a des difficultés au sein du public jeune, s’il y a une certaine violence, on ne peut pas l’occulter, au sein des jeunes… s’il y a des difficultés en résumé c’est parce que la société a beaucoup de difficultés. Je rejoins ce que disait le collègue tout à l’heure, si les jeunes ont des problèmes à l’école… je travaille au Point information jeunesse, je peux vous assurer que le système, malheureusement, éducatif au niveau national ne répond pas aux besoins des enfants, des jeunes, des universitaires etc… Donc, ils pâtissent de la situation, de ce qu’on leur apporte sur un plateau. Et ça je ne le vois pas qu’au niveau local mais

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national. Si chez les jeunes il y a une certaine violence, je m’excuse, mais nous les adultes les premiers on est d’une violence… On allume la télé c’est la guerre, on se bagarre à des feux rouges parce qu’on a refusé un stop… je veux dire que la violence s’est banalisée. Ne pas oublier que ces jeunes qui peuvent êtres coupables de méfaits, de super difficultés etc… sont les premières victimes. Ils reflètent la société. Nous les adultes, si on leur propose pas une alternative, un monde meilleur de manière un peu plus optimale, il faut se battre pour l’avoir, ça risque d’être un peu plus compliqué. Mais il y a énormément de choses positives. »

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