Une révolution est en marche! AWS

Michel Reverchon : Je pense que c'est tout simplement le résultat de notre philosophie de conception particulière. Depuis ses débuts, Goldmund n'a vraiment jamais cherché à copier ses confrères, même les plus prestigieux. Notre vision de la reproduction sonore est différente. Nous réfléchissons à des projets toujours.
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Michel Reverchon

GOLDMUND

Une révolution est en marche! LA PRESENTATION A PARIS D’UN SYSTEME GOLDMUND ET DE LA NOUVELLE PLATINE DE REFERENCE BLU-RAY DE LA MARQUE NOUS A PERMIS DE NOUS ENTRETENIR LONGUEMENT AVEC MICHEL REVERCHON, QUI PRESIDE AUX DESTINEES DE GOLDMUND. CE FUT L’OCCASION POUR NOUS DE DECOUVRIR L’APPARITION D’UN VERITABLE NOUVEAU CONCEPT DEVELOPPE PAR LA MARQUE SUISSE. À VRAI DIRE, MEME, UNE NOUVELLE REVOLUTION DANS LA MANIERE DE CONCEVOIR LA REPRODUCTION SONORE A DOMICILE. EN VOICI LES PRINCIPALES LIGNES…

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Haute-Fidélité : Michel Reverchon, commençons par les choses qui fâchent un peu. Depuis sa création, ou presque, Goldmund est resté relativement en marge des autres marques, même celles qui, comme elle, se situent dans le très haut de gamme. Est-ce une attitude volontaire, ou seulement le fruit d’un certain hasard ? Michel Reverchon : Je pense que c’est tout simplement le résultat de notre philosophie de conception particulière. Depuis ses débuts, Goldmund n’a vraiment jamais cherché à copier ses confrères, même les plus prestigieux. Notre vision de la reproduction sonore est différente. Nous réfléchissons à des projets toujours novateurs, qui débouchent sur la conception d’un ou plusieurs appareils. Nous réunissons ensuite les compétences complémentaires nécessaires, pour dessiner le produit, le fabriquer, et enfin le commercialiser. Peu nous importe alors qu’il entre ou pas en concurrence avec d’autres appareils du marché ! Nous n’avons jamais cherché à suivre les modes, et c’est peut-être d’ailleurs là les raisons d’un succès qui a désormais dépassé ses trente années d’existence ! H.F. : Qu’entendez-vous par « compétences complémentaires » ? M.R. : Eh bien, prenons un exemple : nous avons certainement été parmi les premiers à considérer qu’un amplificateur de puissance, ce n’est pas seulement un étage électronique chargé d’amplifier en tension et en courant un signal électrique. C’est aussi une alimentation spécifique, puis un système d’interfaces amont et aval ; enfin – et de manière très importante –, c’est également un objet soumis à des

contraintes purement mécaniques, tant externes qu’internes. Moyennant quoi, Goldmund s’est toujours appuyé sur les compétences d’experts dans chacun de ces domaines. Sa force étant, justement, de leur permettre de travailler ensemble, en totale synergie, puis de proposer les outils industriels capables de développer le résultat de leurs recherches, en s’approchant le plus possible de la perfection.

H.F. : Malheureusement, cela a un coût. Et un coût très élevé pour les amateurs épris de qualité sonore… M.R. : Oui, car nous n’avons jamais accepté le moindre compromis, et que la très haute qualité a forcément un coût ! Toutefois, nos derniers développements laissent entrevoir, du moins l’espéronsnous, à moyen terme, une vision de la reproduction sonore abordée sous un angle tellement nouveau qu’il devrait intéresser le plus grand nombre. Et qui dit le plus grand nombre, dit réduction des prix, grâce à une production de masse ! H.F. : Vous ne nous parlez pas, là, de la somptueuse platine de lecture Blu-ray que nous venons de voir : la nouvelle Eidos Reference Blu, 82 kg sur son meuble spécial, 50 exemplaires seulement prévus, et un prix de plusieurs dizaines de milliers d’euros ?… M.R : Je vais essayer de vous répondre de la manière la plus directe possible. Nous avons aujourd’hui, dans le monde entier, une clientèle de collectionneurs d’objets de luxe. Nous avons la technologie pour les satisfaire, et nous n’avons donc aucune raison de ne pas le faire ! Or, ces appareils hors normes, très rares et très chers,

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La nouvelle platine Blu-ray Eidos Reference fait partie des maillons Goldmund extrêmement chers, fabriqués en série très limitée pour les collectionneurs d’objets rares et précieux. Et ils se vendent tous très vite… présentent un autre avantage : ils nous permettent de financer des études – comme celle dont j’aimerais vous entretenir maintenant – débouchant sur des appareils accessibles au plus grand nombre. Vous conviendrez avec moi qu’il est plus excitant de développer une Formule 1 qu’une voiture destinée à transporter des milliers de gens au quotidien. Mais cela n’empêche pas la Formule 1 d’avoir permis de développer des technologies qui, aujourd’hui, profitent justement à la voiture de monsieur Tout-le-monde. Eh bien, c’est, toutes proportions gardées, la même chose que nous faisons.

H.F. : Alors, quelle est donc cette nouvelle technologie dont vous souhaitez nous entretenir ?…

M.R. : Si vous considérez les systèmes de reproduction sonore actuels, vous vous apercevez que, depuis que la notion de haute-fidélité existe, rien n’a changé. L’amateur doit tout d’abord se satisfaire des sources que les « industriels » de la musique lui offrent : le disque vinyle, la cassette, puis le disque CD audio, et, aujourd’hui, des fichiers numériques de qualité variable, sur supports de plus en plus variés. Quand il décide de s’offrir une chaîne hi-fi, il commence généralement par choisir ses enceintes acoustiques. Puis, ensuite, il « remonte » vers l’amplificateur. Ceux pour qui la reproduction sonore se transforme en passion entrent alors dans une sorte de spirale dont les limites restent ces maillons bien connus, avec, désormais,

quelques éléments périphériques essentiels : câbles, supports, etc. Mais dans tous les cas, un élément fondamental n’est jamais pris en compte : la pièce d’écoute et son acoustique !

H.F. : Vous nous ressortez là, si nous osons dire, le vieux serpent de mer de la haute-fidélité : le premier maillon de la chaîne, c’est la pièce. Mais on sait que, justement, toutes les tentatives d’analyse, avec force microphones, instruments de mesure, et égaliseurs, n’ont jamais débouché que sur des solutions bancales ou, pour être gentil, aux résultats aléatoires d’une pièce à une autre. Et ce n’est pas le multicanal qui a arrangé cela… M.R. : Eh bien c’est là que Goldmund www.hautefidelite-hifi.com - 23

entend apporter une solution radicalement nouvelle. Nous nous sommes attaché les compétences d’une ingénieure acousticienne, Véronique Adam, de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, et nous avons décidé de reprendre le problème à l’envers. C’est-à-dire de considérer en premier lieu la pièce d’écoute, puis d’y intégrer parfaitement, au sens acoustique et électronique du terme, le système de reproduction sonore.

H.F. : Donc vous nous refaites bien le coup des micros de mesure, des égaliseurs et des lignes à retard. Ou le retour des enceintes asservies ! ? M.R. : Pas du tout ! Certes, il y a bien un principe d’asservissement, mais totalement nouveau. Car ce système ne nécessite aucune mesure ponctuelle, ni d’ailleurs aucun microphone. Il est basé sur un logiciel de modélisation mathématique de la pièce appelé Proteus. Nous créons le modèle acoustique d’une pièce, reprenant donc toutes ses caractéristiques purement acoustiques. Cette modélisation est ensuite capable de faire, pour tous les hautparleurs placés tout autour de la pièce, une addition ou une soustraction sur chacun des signaux en amplitude, en phase, et en temps. Ainsi, la somme finale, à l’endroit de l’écoute, est neutre sur tous les paramètres. Dit comme cela, c’est tout bête. A ma connaissance, personne n’a encore tenté d’effectuer cette modélisation mathématique d’une salle, ne concernant que sa « personnalité » sur un plan purement acoustique. C’est évidemment très compliqué à faire. H.F. : Mais il faut bien s’appuyer sur des éléments tangibles ? M.R. : Oui, mais ils restent fondamentaux et simples : les dimensions physiques de la pièce, la nature acoustique des matériaux qui recouvrent les murs, le nombre et la taille des ouvrants ; et aussi, bien sûr, les meubles présents dans celle-ci et leur

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nature plus ou moins amortissante ou au contraire réfléchissante. Ce qui est nouveau, c’est que tout d’abord le logiciel donne le nombre et l’emplacement optimaux des différents haut-parleurs. Ce qu’il fait, ensuite, c’est simultanément une correction en fréquence, en amplitude et en phase temporelle de chacun de ces hautparleurs, qui doit donc bénéficier de son propre circuit de correction et de son propre amplificateur. Mais à aucun moment on ne mesure quoi que ce soit avec un microphone, après coup, si j’ose dire. Car c’est ainsi qu’on introduit des remèdes finalement pires que les maux.

H.F. : Cela sous-entend donc une intégration totale, avec des modifications de la salle d’écoute ? M.R. : En ce qui concerne l’intégration, considérée pièce par pièce, la réponse est oui. Par contre, il n’est absolument pas nécessaire de changer quoi ce soit à son ameublement ou à sa disposition d’origine, qui est prise en compte par le modèle. On peut rendre l’ensemble du système totalement invisible. Mais pour ceux qui le souhaitent, rien n’interdit de laisser les maillons et les enceintes/haut-parleurs visibles, comme partie intégrante volontaire des meubles ! H.F. Mais tout cela coûte forcément très cher ? M.R. : Pour l’instant, dans la mesure où nous avons traité des pièces de grandes dimensions, parallèlement à leur décoration intégrale et avec des systèmes audio/vidéo complets, oui, l’investissement est élevé. Mais cette technique présente des avantages indéniables. Premièrement, fini les « accessoires » coûteux et compliqués à choisir – câbles, etc. : tous ces éléments sont pris en considération dans le traitement acoustique, et semblent n’avoir jamais été que des cautères sur des jambes de bois. Mieux encore, le traitement s’avère efficace sur des haut-parleurs de

Jefferson, distributeur Goldmund pour la France, était personnellement à la manœuvre pour la présentation d’un système complet, à l’hôtel Bristol de Paris

qualité tout à fait standard. Donc de prix réduit. On peut donc envisager assez rapidement des installations beaucoup plus simples que celles que nous avons déjà mises en œuvre, avec des maillons moins nombreux et plus standard.

H.F. : Mais cela ne s’applique qu’aux installations home cinéma ?

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Voici, en exclusivité, deux des plans concernant la deuxième salle Goldmund bénéficiant de la modélisation informatique Proteus. Elle est située à Tokyo. Vous pouvez y voir chacun des groupes de haut-parleurs avec, cicontre à droite, le détail d’un des canaux principaux. il s’agit d’ensembles Logos, chacun des haut-parleurs (sept, ici) bénéficiant de son propre filtrage et amplificateur de puissance.

M.R. : Pas du tout ! Par son principe même, cette intégration acoustique élimine toute barrière entre la notion de son stéréo et de son multicanal, de haute-fidélité et de home cinéma. Quelle que soit la source, on recrée réellement un espace sonore enveloppant, acoustiquement totalement indépendant de la salle dans laquelle il se déploie. Cependant, nos premiers résultats sont tellement spectaculaires que même les audiophiles intégristes constatent qu’une image vidéo peut parfaitement être présente, sans nuire au résultat émotionnel final. Au contraire d’ailleurs : certains de vos confrères du magazine japonais Stereo Sound, qui ne juraient auparavant que par les reproductions à deux enceintes, de préférence avec des disques vinyle, nous ont avoué qu’ils n’avaient jamais été aussi heureux et proches de ce qu’ils recherchaient depuis des années qu’à l’écoute/vision de concerts tournés par la télévision japonaise NHK. H.F. : Et cela se passait où ? M.R. : Dans le dernier auditorium où nous avons appliqué ces nouvelles théories, à Tokyo. C’est notre seconde salle, la première ayant été conçue et réalisée à Los Angeles. Il est d’ailleurs amusant de constater que la première est une salle à la décoration dépouillée, dans l’esprit asiatique, et au son qualifié de réfléchissant, tandis que la seconde est très amortie. Or, de l’avis de tous ceux qui ont écouté le système dans les deux endroits, le son et les formidables impressions de naturel sonore sont rigoureusement les mêmes ! H.F. : Alors, à quand une nouvelle salle ainsi équipée, mais cette fois en Europe ?… M.R. : Nous étudions actuellement plusieurs projets, à Genève, à New York, à

Monaco, ou peut-être à Londres. Nous espérons que la première réalisation européenne interviendra le plus vite possible. Nous pensons en effet sincèrement que nous détenons là un nouveau concept réellement révolutionnaire. Plus il se développera vite, plus notre logiciel de modélisation sera efficace et imparable. Et plus il sera possible, aussi, d’appliquer ses énormes avantages à des systèmes plus abordables. Donc de contenter plus de personnes, donc de réduire encore les

coûts de fabrication et le prix final. Goldmund ne fera jamais de concession sur la qualité. Mais Goldmund n’est pas non plus, n’en déplaise à ses détracteurs, une marque qui se complaît volontairement dans les appareils hors de prix réservés à une élite fortunée. Et notre vœu le plus cher – qui est d’ailleurs aussi notre intérêt économique – concerne la démocratisation de la reproduction sonore en haute-fidélité. Mais avec des résultats tangibles, ne présentant, eux, aucune concession. www.hautefidelite-hifi.com - 25