Une Liga de plus en plus tournée vers l'Asie Depuis plusieurs années, la LFP cherche à conquérir le marché asiatique, largement dominé par la Premier League depuis les années 90. Si le Real Madrid ou le Barça disposent d'une fanbase importante sur le continent, force est de constater que l'exposition des autres clubs espagnols y était jusqu'à peu quasiment nulle.

Souvent critiquée, à raison la plupart du temps, force est de constater que la LFP réalise un travail de qualité lorsqu'il s'agit de promouvoir le championnat à l'international. Face à un marché européen plus ou moins conquis, un marché américain déjà dans la poche et une Afrique pas forcément intéressante au niveau des droits TV ou du merchandising, la LFP s'est tout naturellement tournée vers l'Asie. Un réveil tardif, notamment quand on compare avec ce que fait la Premier League depuis des années, mais qui commence déjà à porter ses fruits. La preuve ; quatre clubs de Liga (Real Madrid, FC Barcelone, Atlético de Madrid et Valence) figurent dans le classement des dix clubs les plus populaires en Asie, élaboré par l'agence Euromericas. Du travail de terrain L'instauration des matchs à midi (19h heure de Pékin) en 2011, souvent critiquée par les supporters, a été la première poignée de main de la LFP vers le continent asiatique. Depuis, les initiatives de la Liga de Futbol Profesional pour développer ses produits en Asie sont nombreuses. Exemple récent ; la signature d'un accord avec Charm Communications, leader en matière de communication en Chine, en septembre dernier. Un pacte visant à populariser et faire connaître le championnat espagnol dans toute l'Asie via des campagnes de publicité et autres services de branding.

Tant la LFP que les clubs ont compris qu'il y a de l'argent et des parts de marché à prendre en Asie, en témoigne le recrutement de Teerasil Dangda par Almeria. Si le "Falcao Thailandais" - c'est ainsi qu'il a été présenté en Espagne - a pour l'instant offert un rendement sportif peu convaincant pour ne pas dire inexistant, il a contribué à lui seul à faire des Andalous l'une des formations les plus suivies chez nos amis asiatiques. Avant son arrivée dans le sud de l'Espagne, le club comptait à peine 15.000 fans sur Facebook, pour presque 400.000 aujourd'hui, la plupart des publications étant "likées" et commentées par des Thailandais. Le club du sud de l'Espagne a d'ailleurs disputé deux rencontres cet été, en Thailande justement, dans le cadre de la LFP World Challenge, projet mené par la LFP qui vise entre autres à organiser des tournois entre clubs espagnols et clubs locaux à travers les quatre coins du monde. Dans leur deux matchs face aux équipes de Muangthong et Phuket, les Rojiblancos ont connu un franc succès et ont attiré des milliers de Thailandais au stade. Autre joueur arrivé de l'autre côté des Pyrénées cet été, Mike Havenaar, l'attaquant japonais de Cordoue, qui ne joue quasiment pas en Liga mais qui a contribué à susciter un intérêt nouveau pour le championnat ibérique chez les fans et journalistes du Pays du Soleil Levant. Le Rayo Vallecano serait pour sa part en train de suivre de très près l'attaquant chinois Zhang Ghengdong (25 ans). Il convient de signaler que tant Dangda qu'Havenaar viennent de quitter leur club respectif au mercato hivernal. Un choix qui s'est avéré payant d'un point de vue économique ou marketing, mais qui a été un véritable fiasco sur le plan sportif. Des entrées d'argent conséquentes Outre l'arrivée de Peter Lim du côté de Valence qui devrait permettre aux Ché de retrouver leurs lettres de noblesse grâce à l'argent de Meriton - holding détenue par l'homme d'affaires singapourien - un autre club du haut du classement devrait recevoir une injection d'argent importante. Wang Jianlin, deuxième fortune de Chine, vient d'entrer dans le capital de l'Atlético de Madrid à hauteur de 20 % via Wanda Group et accroîtra ainsi le potentiel économique du club de la capitale. Mais au-delà de la récente présence d'investisseurs étrangers, c'est sur les maillots des clubs que l'Asie s'invite. Quatre équipes affichent comme sponsor principal une entreprise d'Asie orientale, à savoir la Real Sociedad (Qbao.com), le Rayo Vallecano (Qbao.com également), Levante (East United) et Séville (état de Malaisie), et d'autres ont également le logo ou le nom d'un groupe asiatique quelque part sur leur maillot ou sur leur short, à l'image du FC Barcelone (Beko) ou de l'Atlético (Huawei). Villarreal a pour équipementier la marque chinoise Xtep. "Nous voulons faire sentir aux Chinois que la Real est leur équipe en Espagne", expliquait par exemple la Real Sociedad sur son site au moment de l'officialisation de l'accord avec Qbao.

Le club d'Eibar a affiché un sponsor chinois le temps d'un match, face au Real Madrid le 22 novembre dernier. Sur la photo, des actionnaires chinois du club posent avec le maillot dans les rues de la petite ville basque.

En Espagne, le football n'est pas rentable. Les deux groupes qui diffusent les matchs du championnat national, Canal+ et Gol TV, voient leur nombre d'abonnés chuter d'année en année et sont dans le rouge. Le groupe français a d'ailleurs enregistré 58,1 millions de pertes sur l'exercice 2013. Pourtant les montants que percevront les clubs espagnols à partir de la saison 2016/2017 - date de la prochaine négociation des droits qui sera d'ailleurs centralisée et non individuelle, plus équilibrée donc - devraient augmenter, et ce grâce au marché asiatique. D'après les estimations de la Cadena SER, la LFP touchera 1.100 millions d'euros, contre 750 millions perçus actuellement. Une hausse des revenus assez importante qui devrait logiquement contribuer à l'amélioration du championnat. Reste désormais à voir si la Ligue saura gérer cette ouverture vers l'Asie tout en n'altérant pas les traditions bien espagnoles, notamment via des horaires "Premier League" avec des matchs à 13h ou à 14h comme le craignent beaucoup de supporters. En attendant, les investissements asiatiques en Espagne devraient continuer puisqu’un groupe chinois est sur le point de s’offrir 95% des actions de Malaga.