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PTM. OCHA collabore avec ce réseau et le mécanisme de Coordination Inter-Cluster. (ICC) afin de mieux comprendre les différentes modalités de programmes ...
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Bulletin humanitaire République centrafricaine Numéro 12 | juin 2016

Au sommaire Nouvelle vague de violences en RCA

Batangafo : La reprise des affrontements aggrave la crise humanitaire P.2

FAITS SAILLANTS

Aide par transferts monétaires, un meilleur choix P.5

 Les activités humanitaires gravement affectées par l’insécurité dans tout le pays.  32 400 PDI à Batangafo, préfecture de l’Ouham ; plus de 30 120 dans le camp de déplacés (CCCM)  Programmes de transfert monétaire, le choix de nombreux partenaires humanitaires pour une assistance plus efficace et plus durable à la population.  Un rapport récent dénonce la persistance du recrutement des enfants par les groupes armés à l’intérieur du pays.

Aide à la réinsertion sociale des enfants soldats P.4 Source : OCHA/Cortes

Une flambée de la violence oblige des milliers de personnes à fuir et entrave l’assistance humanitaire Après une période relativement calme, constatée pendant et après les élections, les tensions se sont récemment ravivées dans toute la République centrafricaine (RCA), notamment dans l’ouest et le nord-ouest du pays, provoquant ainsi des déplacements et entravant l’acheminement de l’aide humanitaire. Débutés fin avril dans les préfectures de l’Ouham et de l’Ouham-Pendé, des affrontements entre les groupes antibalaka et exSéléka et d’autres groupes armés ont entraîné le déplacement de plus de 30 000 personnes. La violence entre les groupes ex-Séléka a également forcé quelque 5 000 centrafricains, à majorité des femmes et des enfants, à se réfugier au Tchad. Les affrontements armés qui ont éclaté les 19 et 20 juin près des villes de Kaga Bandoro et Batangafo, dans le nord, ont provoqué la mort d’au moins sept personnes et le déplacement de centaines d’autres.

CHIFFRES CLÉS # de PDI

P.1

415 000

# de réfugiés

467 000

Besoins humanitaires

2,3 M de personnes

Insécurité alimentaire

2,5 M de personnes

FINANCEMENT

531 millions (dollars US) Requis pour 2016

15% du financement reçu du HRP 2016

Pour toutes informations complémentaires : www.unocha.org/car ou www.humanitarianrespon se.info/fr/operations/centr al-african-republic/ ou www.twitter.com/OCHA_ CAR

Juin 2015. Batangafo, RCA. Personnes récemment déplacées. Source : OCHA/Gemma Cortes

Des troubles ont également éclatés à Bangui au mois de juin. Des milliers de personnes ont dû fuir vers des camps de déplacés, notamment celui situé près de l’aéroport de M’Poko, où ils ont bénéficié d’une assistance. Après une interruption temporaire, l’acheminement de l’aide humanitaire d’urgence a partiellement repris dans l’enclave du PK5 dans le troisième arrondissement

de la ville. Globalement, quelque 415 000 centrafricains sont toujours déplacés à l’intérieur du pays, alors que 471 000 personnes sont réfugiées dans les pays voisins, pour un total représentant environ 20 % de la population. Bien que la plupart des déplacés expriment le désir de rentrer chez eux, des conditions de sécurité reste à garantir pouvant permettre un retour en toute sécurité, volontaire et digne. L’assistance humanitaire est sérieusement affectée par l’insécurité dans tout le pays. Médecins sans Frontières (MSF) a été la cible d’attaques à plusieurs reprises au cours

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du mois dernier et deux de ses chauffeurs ont été tués dans des incidents séparés le 18 mai et le 17 juin, obligeant MSF à suspendre ses opérations pendant trois jours dans le pays. En mai, l’ONG international INSO, une ONG œuvrant à la sécurité des agents humanitaires, a enregistré 26 incidents sécuritaire ayant affecté les opérations des ONG en RCA, le nombre supérieur à celles enregistrées en Syrie (24), en République démocratique du Congo (12) et en Afghanistan (12). Le Coordonnateur humanitaire a,i Dr Michel Yao, a condamné la montée de la violence contre les populations civiles. Il a appelé toutes les parties à respecter le droit humanitaire international, à protéger les civils et à leur permettre de quitter les zones dangereuses en toute sécurité.

Batangafo : la reprise des affrontements aggrave la crise humanitaire Située au centre du pays, dans la préfecture de l’Ouham, la sous-préfecture de Batangafo est une zone d’affrontements récurrents entre groupes armés depuis 2013. Le Cluster Coordination et Gestion des Camps (CCCM) signale que sur les 32 400 PDI présents dans la sous-préfecture, plus de 30 120 vivent dans les camps des déplacés. La population déplacée est confrontée quotidiennement à des difficultés, particulièrement en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène (EHA). Il est probable que la saison des pluies puisse aggraver la situation humanitaire déjà critique. En outre, la présence de groupes armés représente un risque sérieux pour la protection. Depuis avril 2016, la communauté humanitaire assiste à un mouvement pendulaire des populations entre leur région d’origine et les camps de déplacés. Ces allées et venues sont principalement liées à la présence de groupes armés aux alentours, ce qui constitue un climat d’insécurité permanente et entrave le retour des PDI et des réfugiés. Enfin, le vol de bétail et des litiges au tour des parcelles et des zones de pâturages surviennent quotidiennement, en accentuant la méfiance des communautés les unes envers les autres. Tandis que la communauté humanitaire à Batangafo continue de répondre à la crise humanitaire chronique, l’augmentation des besoins exige une intensification de l’aide humanitaire, laquelle repose sur le soutien essentiel des donateurs.

Garantir aux déplacés un accès à l’eau potable Pour presque un demi-million de personnes déplacées fuyant les violences en RCA, l’eau potable est une question de vie ou de mort, et de dignité. C’est pourquoi l’accès à l’eau potable constitue un des besoins primordiaux à prendre en compte lors de l’acheminement de l’aide.

Février 2016. Bambari, RCA. Personnes faisant la queue pour s’approvisionner en eau dans un camp de déplacés accueillant des éleveurs. Source/Wash cluster/Serge Gazembeti

Moins de 35% de la population à accès à l’eau potable et à des structures sanitaires appropriés. Dans la plupart des sites de déplacés, l’accès à l’eau reste une nécessité permanente en dépit des progrès significatifs apportés par les interventions humanitaires au cours des derniers mois. L’assainissement pose problème en raison du manque de latrines et de difficultés dans la gestion des déchets enregistrés dans certains

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sites surpeuplés du pays. Le Cluster chargé de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène (EHA), dirigé par l’UNICEF et bénéficiant de la collaboration d’ACF, signale que même dans les zones qui ne sont pas touchées par le conflit, les communautés continuent à avoir besoin d’une assistance, avec presque le tiers de la population privée d’accès à l’eau potable et 41% d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition chronique. Privées d’eau potable et de structures sanitaires ou d’hygiène de base, ces communautés, tout particulièrement les enfants de moins de cinq ans, risquent d’attraper des maladies diarrhéiques et des parasites. De même, le manque d’accès à l’eau potable et à des latrines expose ces communautés, en particulier les femmes et les adolescentes, à des actes de violence de la part de groupes armés et autres agresseurs.

Intervention des partenaires En 2016, le Cluster EHA, dont l’objectif est de fournir une assistance à 1,4 million de personnes, a besoin de 36,6 millions de dollars pour mettre en place dans tout le pays des activités bénéfiques des populations hôtes et des déplacés. L’UNICEF, l’ANEA, la LWF, World Vision et ACF ont fourni une aide en eau potable à environ 96 000 personnes grâce à l’installation de forages, de 17 nouveaux puits, à la réhabilitation de 163 autres et à l’installation de 12 points d’eau dans la préfecture de Nana Mambéré. Plus de 88 000 personnes ont été sensibilisées aux bonnes pratiques d’hygiène. Dans les préfectures de Mambéré Kadei et Sangha Mbaéré, PU-AMI, le NRC et la Croix rouge française ont fourni de l’eau potable à plus de 35 000 personnes, principalement des PDI et des retournés, grâce à un acheminement d’eau par camion-citerne, à la réhabilitation de six puits et à l’installation de huit points d’eau. Dans les préfectures de l’Ouham et de l’Ouham Pendé, l’UNICEF, l’ANEA, la SODECA, le DRC et ACF ont fourni de l’eau potable à plus de 97 000 personnes grâce à la réparation de 137 pompes à eau, à la réalisation de 12 nouveaux forages, à la production et à la distribution de 340 mètres cubes d’eau potable par jour. Dans la préfecture de Nana Gribizi, l’ANEA, appuyée par l’UNICEF, l’IRC, le NRC et ACF, a réalisé 21 puits et 3 pompes à eau. 53 puits ont également été réhabilités. Ces actions ont aidé à couvrir les besoins en eau potable de plus de 11 000 personnes déplacées vivant dans des sites et de près de 39 000 personnes vivant à l’extérieur. Dans la préfecture de la Ouaka, l’UNICEF et ses partenaires Triangle, l’ANEA et CARITAS ont construit 350 latrines pour les femmes, 360 pour les hommes, 266 pour les enfants, 136 douches pour les femmes et 154 pour les hommes dans différents sites de déplacés. Ces actions ont permis à environ 20 000 personnes d’avoir des latrines et 7 700 autres d’avoir des douches. En outre, Triangle, l’ANEA et CARITAS ont creusé 7 puits, 31 puits couverts et ont assuré la chloration de 70 puits. Enfin, 190 mètres cubes d’eau potable ont été acheminés par camions citernes vers des camps PDI, couvrant les besoins en eau potable d’environ 67 000 personnes sur place et à l’extérieur.

Lacunes et difficultés Les partenaires du Cluster EHA en RCA sont confrontés à un manque cruel de financement, ce qui compromet l’accès à l’eau potable fournies par les partenaires à des milliers de personnes.

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Bulletin humanitaire RCA | 4 Parmi les autres difficultés majeures rencontrées, on signalera le problème d’accès aux communautés vulnérables en raison de l’insécurité persistante, le mauvais état des routes et le manque d’infrastructures.

L’espoir renaît pour les enfants associés aux groupes armés grâce à une réinsertion au sein des communautés locales En 2014, Romain a rejoint un groupe armé. À l’époque, il avait perdu ses parents pendant la crise et s’était retrouvé seul sur le marché de Bossangoa, une ville située à 305 km de Bangui dans la région au nord de la RCA. Aujourd’hui, le jeune garçon a de la chance parce qu’il participe à un programme de War Child aidant les enfants démobilisés à démarrer une nouvelle vie. Selon l’UNICEF, le nombre d’enfants associés aux forces et groupes armés en RCA a plus que doublé – et peut-être même quadruplé – depuis que les violences intercommunautaires ont éclaté il y a trois ans. On estime le nombre d’enfants associés aux forces et groupes armés entre 6 000 à 10 000 garçons et filles actuellement, contre environ 2 500 au début de la crise. Un rapport récent, publié par l’UNICEF, dénonce la persistance du recrutement d’enfants ou de leur exploitation par les groupes armés à l’intérieur du pays. Certains sont enrôlés de force, alors que d’autres sont poussés par la pauvreté ou sont manipulés suite à la mort de leurs proches parents. Ils sont souvent victimes de violences physiques, mentales ou sexuelles de la part des hommes armés qui les forcent à tuer ou à commettre d’autres actes de violence.

Des vies changées à jamais La nuit, Romain a du mal à dormir à cause des actes horribles auxquels il a assisté et de la vie difficile qu’il a connue au sein du groupe armé. « Je veux retourner à l’école et trouver un travail quand je serai grand. Je fais encore des cauchemars la nuit, je veux vivre une vie normale comme tous les autres enfants, » a-t-il confié. Les ONG humanitaires, en collaboration avec les agences, les fonds et les programmes des Nations Unies, notamment l’UNICEF, œuvrent pour la réinsertion de ces enfants dans la vie économique et sociale. War Child UK est l’ONG de protection internationale qui accompagne ces enfants sur la voie de la réinsertion sociale dans le nord, le nordouest et le centre de la RCA. À l’aide d’activités variées, War Child UK œuvre à la réinsertion d’enfants qui ont passé plusieurs mois au sein de groupes armés. « On identifie ces enfants grâce à des groupes de discussion, des espaces amis des enfants et des campagnes de sensibilisation menées par War Child et ses partenaires, auprès des chefs de groupes armés », déclare Namdenganana Crépin, coordonnateur de War Child UK à Bossangoa, Bossangoa, RCA. Des enfants ayant été associés à des groupes armés reçoivent un soutien psychologique. À travers ces projets, War Child UK Source : War Child s’emploie à « identifier et réinsérer les enfants associés aux forces et groupes armés, ainsi que les enfants séparés de leurs familles ou non accompagnés », déclare Namdenganana Crépin.

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Bulletin humanitaire RCA | 5 À Bossangoa, 26 enfants associés aux forces et groupes armés – dont 8 filles – et 65 enfants non accompagnés ou séparés ont été identifiés avec le financement de l’OFDA (USAID). Ces enfants ont tous accepté de rendre les armes et d’être réinsérés dans leur communauté. War Child UK organise également des séances de causeries éducatives avec les enfants. Cette activité psychosociale vise à aider les enfants à oublier le temps passé au sein des groupes armés et les expériences qu’ils y ont vécues, et d’envisager leur futur avec une plus grande sérénité. Ces enfants, qui ont vécu pendant longtemps avec les hommes armés, ont accepté de se réinsérer dans la société : « Certains ont choisi de reprendre leurs études, alors que d’autres veulent faire de petits métiers ou exercer une activité génératrice de revenus », ajoute Crépin Namdenganana.

Des familles formées pour accueillir les enfants War child identifie et renforce les compétences des parents qui veulent devenir des familles d’accueil. Le 17 mai, une séance de formation a réuni 44 parents, dont 23 femmes. Selon Namdenganana Crépin, le but de cette formation consistait à informer les familles d’accueil sur leur rôle dans le processus de réinsertion des enfants. Malgré des conditions de vie très difficiles, certains parents déclarent être disposés à accepter dans leur foyer des enfants séparés ou non accompagnés. Rosalie, âgée 45 ans, mère de six enfants, indique qu’elle a accepté d’accueillir chez elle un enfant de 11 ans avec le soutien de War Child. Afin d’appuyer la prise en charge de ces enfants vulnérables, War Child fournit aux familles d’accueil une aide en vivres et non vivres. En février, avril et mai, les familles d’accueil ont reçu des biens non alimentaires, des vêtements et de la nourriture. War Child collabore également avec des ONG locales dans les préfectures de l’Ouham et de l’Ouham Pendé, avec l’appui financier de l’UNICEF. À Paoua, 490 enfants associés aux groupes armés sont en phase de réinsertion. À Batangafo, 178 enfants associés à des groupes armés bénéficient d’un soutien et, à Boguila, 349 enfants ont été identifiés. De plus, 395 enfants ont été identifiés dans la ville de Markounda et sont en phase de réinsertion. Au cours des deux dernières années, War Child a mené cette activité en collaboration avec des ONG locales et l’AFRBD Emergencia RCA. Les efforts visant à la réinsertion des enfants associés aux groupes armés, et des enfants vulnérables dans leur ensemble, se poursuivent et, bien que la priorité soit donnée à la protection des enfants contre toute forme d’exploitation et de violence physiques, morales et psychologiques, une attention toute particulière est accordée à l’éducation, à la formation professionnelle et aux moyens de subsistance.

Transferts monétaires pour répondre aux besoins humanitaires La nature des crises humanitaires évolue. Les gens ont besoin d’aide sur des périodes plus longues. C’est exactement le cas en RCA. Afin d’améliorer l’efficacité de la réponse aux besoins des personnes affectées, de nombreux partenaires humanitaires ont opté pour les programmes de transfert monétaire (PTM) comme nouveaux modes d’intervention capables de mieux cerner les besoins et d’apporter une réponse en conséquence. On estime que l’ensemble de l’argent et des coupons remis est passée de moins de 1% en 2004 à environ 6 % du total des dépenses humanitaires en 2015. D’après un premier bilan récemment établi, plus de 50 interventions monétaires ont été enregistrées en RCA. Ces interventions fournissent une assistance multisectorielle, allant du système de coupon inconditionnel, pour assurer la sécurité alimentaire, aux

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Bulletin humanitaire RCA | 6 programmes « argent contre travail », pour la construction d’infrastructures. En situation d’urgence, elles permettent également un relèvement et un développement rapides. Bien que tous les projets n’aient pas encore été comptabilisés, plusieurs Clusters se préparent à promouvoir les PTM. Étendre le recours au PTM est perçu comme une façon d’encourager le développement durable et de réduire la dépendance à l’aide d’urgence dans des pays fragiles comme la RCA. Les transferts monétaires stimulent également les marchés locaux et aident les petits producteurs. L’intérêt pour les transferts monétaires dérive de la frustration engendrée par les limitations de l’aide humanitaire, qui, dans certains contextes, est utilisée pour répondre à des besoins chroniques plutôt qu’urgents. Boda, RCA. Janvier 2016. Les transferts monétaires stimulent les marchés locaux et aident les producteurs des environs. Source : OCHA/Gemma Cortes

En vue d’améliorer le soutien apporté à la communauté humanitaire, plusieurs initiatives ont été mises sur pied, dont la création d’un réseau de PTM. OCHA collabore avec ce réseau et le mécanisme de Coordination Inter-Cluster (ICC) afin de mieux comprendre les différentes modalités de programmes monétaires et ce que les partenaires considèrent être des opportunités et des difficultés spécifiques au contexte centrafricain. Les principales observations révèlent notamment les difficultés opérationnelles rencontrées par les travailleurs dans un environnement instable et les capacités limitées des opérateurs de réseaux mobiles et des fournisseurs de services financiers, en particulier à l’extérieur de Bangui. Malgré ces difficultés, il convient de remarquer que les partenaires ont mené leurs projets à bien. La mise en commun des bonnes pratiques et des enseignements tirés, l’échange des expériences et des connaissances sur divers aspects, tels que les évaluations, aideront à accroître la visibilité des activités liées aux PTM. OCHA s’efforce de promouvoir, entre autres, les structures existantes, de fournir une expertise et d’encourager la communauté humanitaire à contribuer à des initiatives telles que le CASH atlas. Il s’agit d’une carte interactive créée par le Cash Learning Partnership (CaLP) permettant à tous les acteurs participant à la conception et à la mise en œuvre des PTM de mieux comprendre leurs différentes applications. De façon à encourager le partage d’information entre les acteurs de la communauté humanitaire, OCHA a lancé une page internet officielle consacrée aux PTM. Les partenaires peuvent y trouver les informations et les outils relatifs à la situation en RCA, notamment des lignes directrices sur la façon de garantir la protection, le droit des femmes et le principe du « Ne pas nuire ».

L’équipe humanitaire-pays intensifie son action contre l’exploitation et les abus sexuels Depuis 2014, les allégations d’exploitation et d’abus sexuels (EAS) exercés sur la population continuent à se multiplier en RCA. En vue d’assurer la prévention et de garantir l’engagement de la communauté humanitaire dans la lutte contre de telles violations, un code de conduite a été établi et signé le 31 mars par l’Equipe humanitaire pays, laquelle regroupe les agences des Nations Unies, les ONG nationales et internationales et les organisations internationales.

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Afin de mieux faire connaître ce code, plus de soixante points focaux sur la protection contre les actes d’exploitation et d’abus sexuels ont reçu une formation au cours du premier trimestre 2016. Certaines organisations, dont le HCR, le FNUAP, l’UNICEF, OCHA, International Medical Corps et ACF, ont également organisé des séances d’information portant sur l’EAS pour les membres de leur personnel. En plus des efforts réalisés pour prévenir les cas d’exploitation et d’abus sexuels, des mécanismes ont été mis en place afin de fournir une assistance aux survivants de violences sexistes. Une réponse coordonnée permet d’apporter une aide efficace aux survivants tout en préservant leur dignité et leur sécurité.

Une réponse coordonnée et globale La réponse coordonnée du HCR, de l’UNICEF, du FNUAP et de leurs partenaires opérationnels à Dekoa illustre de telles approches globales. Un groupe de travail, qui a bénéficié du soutien d’une équipe technique basée à Bangui, a été mis en place à Dekoa. Des réunions hebdomadaires régulières sont organisées pour discuter de l’assistance fournie aux victimes, de sa qualité et des besoins potentiels identifiés. Un recensement des parties prenantes de la commune a été effectué afin d’orienter les victimes vers les services d’aide. Il rend plus facile l’identification des services disponibles en vue d’analyser les lacunes identifiées et de leur apporter une réponse. L’aide aux victimes comporte une prise en charge médicale, psychosociale et socioéconomique afin d’améliorer leurs moyens de subsistance, ainsi qu’une assistance matérielle et légale. La coordination garantit l’accès immédiat des victimes identifiées à une aide conforme aux normes éthiques qui prenne en compte les besoins spécifiques des mineurs lorsqu’ils font l’objet de tels abus. La coordination permet également aux victimes de bénéficier d’un accompagnement pendant leur audience. La coordination garantit l’engagement de la communauté contre l’EAS au moyen de séances d’information portant sur les normes prévues et sur la conduite des agents humanitaires, sur les mécanismes de plaintes, la référence médicale des survivantes d’EAS et le rôle des familles dans l’aide psychosociale apportée aux victimes. Plusieurs séances d’information impliquant diverses structures communautaires ont été engagées avec les communautés.

Portrait d’une organisation locale « La Fondation les enfants d’abord » (FLEDA) est une ONG nationale, créée en 2004. Cette organisation humanitaire intervient dans le domaine de la protection de l’enfant et de l’éducation. FLEDA est constituée des enfants et de jeunes gens œuvrant, à titre bénévole, au bien-être des enfants en RCA. FLEDA a pour objectif de promouvoir les droits de l’enfant, de les associer à la prise des décisions qui les concernent, de lutter contre l’illettrisme, les drogues et le VIH. L’organisation assiste également les orphelins et les autres enfants vulnérables. Bangui, RCA. Des membres de la FLEDA avec le Representant de l’UNICEF, Mohamed Fall, devant l’Assemblée nationale, lors du Forum national des enfants. Source : FLEDA

Au cours des douze dernières années, la FLEDA a mené des projets à Bangui et à Bimbo, dans

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Bulletin humanitaire RCA | 8 huit arrondissements, à Bossangoa (préfecture d’Ouham), Bria (préfecture de HauteKotto), Bambari (Ouaka), Bozoum (Ouham Pende), Kaga Bandoro (Nana-Gribizi) et M’baiki (Lobaye). Depuis sa création, la FLEDA réalise des projets dans les domaines suivants : formation et sensibilisation sur la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant ; séminaires et groupes de discussion au cours de journées spéciales, journées de réflexion, programme radio intitulé « Priorité aux enfants » et diffusé sur les ondes de Radio Notre Dame et Radio La Voix de la grâce. Cette émission parle des droits de l’enfant et de sa protection. La FLEDA a joué un rôle dans l’accès à l’eau potable en construisant un forage dans le e 8 arrondissement de Bangui. Une activité menée avec le soutien de Mercy Corps dans le cadre du « Projet d’appui aux groupes vulnérables ». Les principaux partenaires financiers et techniques de la FLEDA sont: l’UNICEF, Save the Children, World Vison, le Ministère des Affaires sociales et de la réconciliation nationale et le Conseil national de la Jeunesse. Contactez FLEDA à l’adresse suivante : [email protected] Téléphone : (+236) 72 44 72 45 et 75 13 64 33

Aperçu de la situation financière Les opérations humanitaires sont compromises par un grave sousfinancement : seuls 15 % du financement requis a été reçu en 2016. À la date du 29 juin, l’appel humanitaire de 2016 (531 millions de dollars US) n’a reçu qu’un financement de 80,5 millions de dollars US. Cette somme représente un manque de 85 % par rapport à la demande de financement totale indiquée dans le Plan de réponse humanitaire 2016. Ce niveau de financement extrêmement bas met en danger la réalisation d’activités humanitaires essentielles, certains partenaires opérationnels ayant annoncé, ou projeté, le retrait d’opérations vitales. Selon les chiffres transmis, les quatre principaux contributeurs au Plan de réponse humanitaire sont l’Union européenne (18%), les États-Unis (18%), l’Allemagne (14%) et le Canada (11%). Les partenaires et les donateurs sont encouragés à continuer d’indiquer leur financement sur le site du FTS : http://fts.unocha.org

En bref Regain de violence dans la région du nord-ouest au mois de juin Suite à une soudaine recrudescence de la violence à Ngaoundaye, dans la préfecture de l’Ouham-Pende, de nombreuses maisons ont été brûlées et des biens pillés. Des milliers de personnes ont dû fuir vers d’autres villages ainsi que vers le Tchad et le Cameroun voisins. Dans le sud du Tchad, plus de 5 000 victimes de cette flambée de violence (majorité des femmes et des enfants) ont trouvé refuge dans deux villages de la sous-préfecture de Bitoye. Ces personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, notamment une aide alimentaire, des abris, des soins médicaux, un soutien psychosocial et une protection.

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Taux élevé de malnutrition à Ouambe Le taux élevé de malnutrition a été enregistré dans la zone de Ouambe, préfecture de Basse Kotto, avec un taux global de 16,7 %, tandis que le taux de malnutrition aiguë sévère est de 5,9 %, selon une étude de SMART, réalisée du 18 au 22 mai. L’UNICEF et le PAM prévoient d’acheminer des vivres. Les Clusters EHA et Santé se joindront également à cette action afin d’assurer une approche multisectorielle.

Dialogue positif entre les communautés de Bimbo Un dialogue positif entre les communautés vivant dans le quartier Cité Dameca sur la « façon de faire renaître leur quartier » a été organisé par OCHA, en collaboration avec ACTED, ACF, UNICEF, ECHO, NRC, MINUSCA, forces sécurité nationales, des responsables gouvernementaux et des autorités locales. Le programme du dialogue comprenait neuf points, parmi lesquels prédominait la question de la sécurité. La population a demandé à ce que les Casques bleus puissent installer au moins quatre points de contrôle par mesure de tranquillité. Après délibération, il a été décidé que la MINUSCA sécuriserait cette zone en assurant des patrouilles mobiles nuit et jour. Il s’agit du huitième dialogue communautaire tenu à Bangui depuis mars. Divers partenaires ont participé à ce dialogue afin de faire la synthèse des points de vue communautaires concernant les opérations de sécurité, le logement, l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement. Cette méthodologie renforce les principes de l’action humanitaire, dont fait partie l’approche « Ne pas nuire ».

Plusieurs attaques de la LRA signalées dans la préfecture du Haut-Mbomou Le 13 juin, des membres présumés de l’Armée de Résistance du Seigneur ont attaqué et pillé le village de Kadjemah, où ils auraient enlevé 17 personnes, dont trois femmes et deux garçons. La présence de l’ARS a également été signalée du 7 au 9 juin sur l’axe de Dembia, à 200 km au nord-est de Rafai, poussant la population à fuir dans la brousse. Les agents humanitaires suivent la situation tout en réalisant une évaluation du nombre de personnes déplacées et de leurs besoins.

Pour tout renseignement complémentaire, prière de contacter : OCHA CAR : Caroline Péguet, Chef de bureau p. i. +2 36 7 0113434, [email protected] ; Laura Fultang, Chef de l’information publique, [email protected] Virginie Bero, Assistante à l’information publique, [email protected] Des articles de presse d’OCHA sont disponibles à http://ochaonline.un.org or www.reliefweb.int.

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