Transmutation des déchets radioactifs et stockage en profondeur

Un autre défi technique important réside dans le dé- veloppement de procédés ... galeries du dépôt pour déchets hautement radioactifs pourrait être optimisée.
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Transmutation des déchets radioactifs et stockage en profondeur

Transmutation et stockage en profondeur

Des scénarios réalistes d’applications de séparation et transmutation ont été analysés dans le cadre de projets de recherches. Ces scénarios visent la réduction de la radiotoxicité de déchets hautement radioactifs et de leurs effets sur le stockage en profondeur (voir par exemple [2], [4] et [5]). Différents scénarios de cycles du combustible ainsi que des horizons temporels différents ont été analysés dans le cadre du projet de recherche européen « RED-IMPACT » [5]. Les rapports de l’Agence de l’énergie nucléaire ([2] et [4]) résument l’état actuel des connaissances sur la transmutation. En se basant sur ces rapports, les conclusions suivantes peuvent être tirées: • Les différents scénarios considérés conduisent certes à une modification de la composition des déchets. Il subsiste toutefois dans ce cas des composants à vie longue devant être stockés dans un dépôt en profondeur. • Les périodes de demi-vie de la plupart des transuraniens peuvent théoriquement être réduites à quelques centaines d’années. Toutefois, la transmutation de produits de fission mobiles à vie longue est une question en suspens. Cette question concerne par exemple les radionucléides tels que l’iode 129 et le technétium 99.







Selon la technique employée, la transmutation nécessite pour certains radionucléides des périodes de quelques milliers d’années. Les radionucléides doivent être transmutés séparément en fonction d’un procédé spécifique à chaque radionucléide. Autrement, des radionucléides avec une demi-vie plus longue pourraient en résulter (au lieu d’éléments avec une demi-vie plus courte). La transmutation des actinides mineurs tels que le neptunium, l’américium et le curium réduirait la radiotoxicité des déchets de manière significative. A la surface, aucun effet significatif n’en résulterait. Les actinides mineurs sont en effet bien retenus par des roches d’accueil argileuses, comme celles se trouvant en Suisse. Dans le cas d’une incursion humaine non intentionnelle dans un dépôt en couches géologiques profondes, la transmutation des actinides mineurs conduirait à une dose d’irradiation réduite. Les cycles du combustible nucléaire améliorés ainsi que la réutilisation du plutonium et des actinides mineurs ont pour conséquence une réduction de la production de chaleur des déchets. Par-là, la longueur totale des galeries du dépôt pour déchets hautement radioactifs pourrait être optimisée. Cette optimisation dépendrait de la situation géologique, de la conception et de la période d’entreposage.

L’objectif de la transmutation consiste à réduire la radiotoxicité des déchets hautement radioactifs plus rapidement. Ce procédé permettrait également de diminuer la place nécessaire d’un dépôt en couches géologiques profondes. Dans tous les cas, il resterait des déchets radioactifs à vie longue. Des déchets faiblement et moyennement radioactifs subsisteraient également. Ces déchets devraient également être stockés dans des dépôts en couches géologiques profondes. Des projets de recherche sur la transmutation sont actuellement en cours. La démonstration de faisabilité à grande échelle fait toutefois encore défaut. Définition de la transmutation

Une forte radiotoxicité émane des assemblages combustibles usés des centrales nucléaires. Ils contiennent en effet une multitude de radionucléides produits par différentes réactions en chaînes durant l’exploitation du réacteur. Pour cette raison, ils doivent être confinés de manière sûre pendant de longues périodes. La radiotoxicité issue des éléments combustibles usés proviendra après quelques centaines d’années de quelques transuraniens tels que le plutonium, le neptunium, l’américium et le curium ainsi que de produits de fission à vie longue tels que l’iode et le technétium. Par le terme «transmutation», nous désignons généralement la transformation

de nucléides par des réactions nucléaires. En rapport avec les déchets radioactifs, la transmutation renvoie à la transformation ciblée de radionucléides. Ce procédé permet alors de réduire plus rapidement la radiotoxicité des déchets. Dans le cas de produits de fission à vie longue, ce résultat peut être obtenu par la capture de neutrons (voir illustration 1). Dans d’autres cas, par exemple avec les actinides, la fission permet de réaliser la transformation souhaitée. Celle-ci est également possible grâce à la combinaison de fission et de capture de neutrons.

Illustration 1 : exemple d’une transmutation par capture de neutrons et désintégration bêta consécutive en nucléides à vie courte ou stables.

Références

[1]: http://nmi3.eu/index.php?rex_img_type=content_half_pop&rex_img_file=neutroncapture.jpg [2]: NEA (2002): Accelerator-driven Systems (ADS) and Fast Reactors (FR) in Advanced Nuclear Fuel Cycles, NEA No. 3109, OECD Nuclear Energy Agency, Paris. [3]: Magill, J., Berthou, V., Haas, D., Galy, J., Schenkel, R., Wiese, H.-W., Heusener, G., Tommasi, J., Youinou, G. (2003): Impact limits of partitioning and transmutation scenarios on the radiotoxicity of actinides in radioactive waste, Nuclear Energy 42 (5), 263-277 (2003) [4]: NEA (2011): Potential Benefits and Impacts of Advanced Nuclear Fuel Cycles with Actinide Partitioning and Transmutation, NEA No. 6894, OECD Nuclear Energy Agency, Paris. [5]: Greneche D., Quiniou B., Boucher L., Delpech M., Gonzalez E., Alvarez F., Cuñado M.A., Serrano G., Cormenzana J.L., Kuckhinrichs W., Odoj R., Lensa v., W., Wallenius J., Westlén D., Zimmermann C., Marivoet J. (2007): RED-IMPACT: Impact of Partitioning, Transmutation and Waste Reduction Technologies on the Final Nuclear Waste Disposal, in Lensa v., W., Nabbi R., and Rossbach M., eds., Forschungszentrum Jülich GmbH, Zentralbibliothek, Verlag, Jülich

Radionucléide

Les radionucléides sont des noyaux atomiques instables. Ils se désintègrent en atomes radioactifs.

Radioactivité

Certains radionucléides déterminés ont la propriété de se transformer sans influence externe. Ils émettent alors des rayonnements électromagnétiques ou des atomes. Cette propriété est appelée radioactivité.

Radiotoxicité

La radiotoxicité est une échelle pour le potentiel de risque induit par les rayonnements (de substances radioactives) sur la santé.

Eléments transuraniens

Les éléments transuraniens ont un numéro atomique plus élevé que l’uranium (plus grand que 92). Ils sont instables et radioactifs. Les périodes de demi-vie se situent entre une fraction de seconde et quelque dix millions d’années. Ils n’existent pas naturellement ou seulement sous forme de traces.

Cycles du combustible nucléaire

La transmutation nécessite des cycles du combustible nucléaire avec séparation et retraitement. Dans plusieurs Etats, les assemblages combustibles ne sont utilisés qu’une seule fois. Ils doivent ensuite être transférés dans des dépôts définitifs. Ce processus correspond au cycle à stockage direct (voir illustration 2A, flèche grise). Dans quelques pays seulement, les éléments combustibles usés sont retraités. Il s’agit du cycle de combustible à retraitement conventionnel. Le plutonium et l’uranium sont alors séparés des éléments combustibles. Ils peuvent ensuite être transformés pour donner lieu à un nouveau combustible. Des types de réacteurs plus modernes font actuellement l’objet de recherches. C’est également le cas pour un cycle du combustible plus élaboré et fermé. Il s’agit ici du cycle avancé du combustible (voir illustration 2C, flèche verte). Cette filière prévoit le retraitement multiple et la réutilisation. Ce concept se base sur la séparation et la transmutation (en anglais Partitioning and Transmutation P&T). Dans ce cadre, les éléments encore utilisables des assemblages combustibles, le plutonium et l’uranium par exemple, sont séparés. Ils sont ensuite réutilisés dans des réacteurs spécialement conçus à cet effet.

Une part importante de la radiotoxicité à long terme est issue des actinides mineurs. Ces éléments, en particulier le neptunium, l’américium et le curium, sont détachés des assemblages combustibles usés. Ils sont par la suite transformés en radionucléides stables ou à vie plus courte. Les réactions par neutrons permettent de réaliser ce processus. Celui-ci pourrait être conduit dans des installations nucléaires qui seraient encore à construire. Les neutrons nécessaires peuvent être produits par exemple dans des accélérateurs de particules en relation avec une source de neutrons. Il s’agit dans ce cas des systèmes d’accélérateurs. Des réacteurs à neutrons rapides ou d’autres installations développées à cet effet peuvent aussi remplir cette fonction. Le réacteur intégral à neutrons rapides (Integral Fast Reactor) est un autre concept. En vertu de ce dernier, les transuraniens pourraient être réutilisés sans séparation préalable. Illustration 3: influence de la séparation (efficacité supposée de séparation de 99,9%) de l’uranium (U), du plutonium (Pu) et des actinides mineurs (AMin) sur la radiotoxicité. Cette influence est calculée sur la base d’une tonne de combustible usé (tML : tonnes de métal lourd) d’un réacteur moderne à eau pressurisée (enrichissement : 4.2% 235U, irradiation : 50 GWd/t, 6 ans de désactivation) [3]

S’il était possible de séparer ainsi que de réutiliser presque tout le plutonium et l’uranium, la radiotoxicité des déchets hautement radioactifs diminuerait de manière significativement plus rapide. Si les actinides mineurs pouvaient en plus être presque entièrement séparés et transmutés, la radiotoxicité des déchets serait à nouveau réduite nettement plus rapidement (voir illustration 3). Les procédés de séparation chimiques alors nécessaires sont très exigeants. La transformation complète des radionucléides séparés ne peut en effet pas être complètement atteinte, même après plusieurs réutilisations dans un réacteur nucléaire. Pour cette raison, la radiotoxicité des déchets restants décroît plus lentement que supposé dans l’illustration 3.

Illustration 2 : représentation simplifiée de cycles du combustible de réacteurs nucléaires A: «Cycle à stockage direct» les déchets sont stockés après une seule utilisation. B: Séparation du plutonium et de l’uranium du combustible usé, réutilisation (le plus souvent unique). C: Cycle du combustible avancé avec réutilisation de plutonium et d’uranium. Cette réutilisation concerne également certains actinides ou leur totalité (voir par exemple l’illustration 1 dans la référence [2]). Pour la préparation de la transmutation, les installations de retraitement existantes ne sont pas directement appropriées.

Actinides

Les actinides désignent des éléments chimiques semblables à l’actinium. En plus de l’actinium, les quatorze éléments suivants dans le tableau périodique des éléments y appartiennent. Il s’agit du thorium, du protactinium, de l’uranium, du neptunium, du plutonium, de l’américium, du curium, du berkélium, du californium, de l’einsteinium, du fermium, du mendélévium, du nobelium et du lawrencium. Tous les actinides sont instables. Cela signifie qu’ils se désintègrent tous en atomes radioactifs. Les actinides présents en quantités modérées dans le combustible usé sont désignés comme actinides mineurs. En rapport avec la transmutation, les actinides mineurs les plus importants sont le neptunium, l’américium et de curium.

Dose

La dose est une mesure pour l’évaluation du risque sanitaire lié au rayonnement ionisant. Par rapport à cette question, des mesures importantes en radioprotection sont « la dose efficace » et « la dose à l’organe ». Les deux types de dose ont pour unité le sievert (Sv).

Période de demi-vie

Pendant la période de demi-vie, la moitié des noyaux atomiques d’une substance radioactive se transforme ou se désintègre. Plus sa demi-vie est courte et plus rapidement les noyaux atomiques se désintègrent. L’activité donne le nombre de désintégration par seconde. Son unité est le becquerel (Bq).

Faisabilité à grande échelle de la transmutation

La démonstration de faisabilité à grande échelle du procédé de séparation et transmutation fait encore défaut. Des décennies de recherche et développement sont à ce titre encore nécessaires. Des recherches portent également sur des concepts de réacteurs conçus spécialement pour la transmutation et la réutilisation d’assemblages combustibles. Par exemple, le projet MYRRHA traite du concept de cycles avancés du combustible et de prototypes de réacteurs de quatrième génération. Ces réacteurs sont le réacteur rapide refroidi au sodium (Sodium-cooled Fast Reactor SFR), le réacteur à neutrons rapides refroidi au plomb (Lead-cooled fast Reactor LFR) et le réacteur à neutrons rapides refroidi au gaz (Gas-cooled Fast Reactor GFR). Des composants particuliers des technologies nécessaires ont été testés dans le cadre du projet MEGAPIE à la source suisse de neutrons de spallation SINQ (The Swiss Spallation Neutron Source). Cette source se trouve à l’Institut Paul Scherrer à Villigen (AG). Un autre défi technique important réside dans le développement de procédés de séparation. Ces derniers devraient s’appliquer à l’échelle industrielle à des nucléides spécifiques. En outre, il est nécessaire de développer un procédé efficace pour la fabrication industrielle de combustible contenant des actinides mineurs. Pour les produits de fission à vie longue tels que l’iode et le technétium, il n’existe pour l’instant aucun concept de transmutation réaliste au niveau industriel.

Cycles du combustible nucléaire

La transmutation nécessite des cycles du combustible nucléaire avec séparation et retraitement. Dans plusieurs Etats, les assemblages combustibles ne sont utilisés qu’une seule fois. Ils doivent ensuite être transférés dans des dépôts définitifs. Ce processus correspond au cycle à stockage direct (voir illustration 2A, flèche grise). Dans quelques pays seulement, les éléments combustibles usés sont retraités. Il s’agit du cycle de combustible à retraitement conventionnel. Le plutonium et l’uranium sont alors séparés des éléments combustibles. Ils peuvent ensuite être transformés pour donner lieu à un nouveau combustible. Des types de réacteurs plus modernes font actuellement l’objet de recherches. C’est également le cas pour un cycle du combustible plus élaboré et fermé. Il s’agit ici du cycle avancé du combustible (voir illustration 2C, flèche verte). Cette filière prévoit le retraitement multiple et la réutilisation. Ce concept se base sur la séparation et la transmutation (en anglais Partitioning and Transmutation P&T). Dans ce cadre, les éléments encore utilisables des assemblages combustibles, le plutonium et l’uranium par exemple, sont séparés. Ils sont ensuite réutilisés dans des réacteurs spécialement conçus à cet effet.

Une part importante de la radiotoxicité à long terme est issue des actinides mineurs. Ces éléments, en particulier le neptunium, l’américium et le curium, sont détachés des assemblages combustibles usés. Ils sont par la suite transformés en radionucléides stables ou à vie plus courte. Les réactions par neutrons permettent de réaliser ce processus. Celui-ci pourrait être conduit dans des installations nucléaires qui seraient encore à construire. Les neutrons nécessaires peuvent être produits par exemple dans des accélérateurs de particules en relation avec une source de neutrons. Il s’agit dans ce cas des systèmes d’accélérateurs. Des réacteurs à neutrons rapides ou d’autres installations développées à cet effet peuvent aussi remplir cette fonction. Le réacteur intégral à neutrons rapides (Integral Fast Reactor) est un autre concept. En vertu de ce dernier, les transuraniens pourraient être réutilisés sans séparation préalable. Illustration 3: influence de la séparation (efficacité supposée de séparation de 99,9%) de l’uranium (U), du plutonium (Pu) et des actinides mineurs (AMin) sur la radiotoxicité. Cette influence est calculée sur la base d’une tonne de combustible usé (tML : tonnes de métal lourd) d’un réacteur moderne à eau pressurisée (enrichissement : 4.2% 235U, irradiation : 50 GWd/t, 6 ans de désactivation) [3]

S’il était possible de séparer ainsi que de réutiliser presque tout le plutonium et l’uranium, la radiotoxicité des déchets hautement radioactifs diminuerait de manière significativement plus rapide. Si les actinides mineurs pouvaient en plus être presque entièrement séparés et transmutés, la radiotoxicité des déchets serait à nouveau réduite nettement plus rapidement (voir illustration 3). Les procédés de séparation chimiques alors nécessaires sont très exigeants. La transformation complète des radionucléides séparés ne peut en effet pas être complètement atteinte, même après plusieurs réutilisations dans un réacteur nucléaire. Pour cette raison, la radiotoxicité des déchets restants décroît plus lentement que supposé dans l’illustration 3.

Illustration 2 : représentation simplifiée de cycles du combustible de réacteurs nucléaires A: «Cycle à stockage direct» les déchets sont stockés après une seule utilisation. B: Séparation du plutonium et de l’uranium du combustible usé, réutilisation (le plus souvent unique). C: Cycle du combustible avancé avec réutilisation de plutonium et d’uranium. Cette réutilisation concerne également certains actinides ou leur totalité (voir par exemple l’illustration 1 dans la référence [2]). Pour la préparation de la transmutation, les installations de retraitement existantes ne sont pas directement appropriées.

Actinides

Les actinides désignent des éléments chimiques semblables à l’actinium. En plus de l’actinium, les quatorze éléments suivants dans le tableau périodique des éléments y appartiennent. Il s’agit du thorium, du protactinium, de l’uranium, du neptunium, du plutonium, de l’américium, du curium, du berkélium, du californium, de l’einsteinium, du fermium, du mendélévium, du nobelium et du lawrencium. Tous les actinides sont instables. Cela signifie qu’ils se désintègrent tous en atomes radioactifs. Les actinides présents en quantités modérées dans le combustible usé sont désignés comme actinides mineurs. En rapport avec la transmutation, les actinides mineurs les plus importants sont le neptunium, l’américium et de curium.

Dose

La dose est une mesure pour l’évaluation du risque sanitaire lié au rayonnement ionisant. Par rapport à cette question, des mesures importantes en radioprotection sont « la dose efficace » et « la dose à l’organe ». Les deux types de dose ont pour unité le sievert (Sv).

Période de demi-vie

Pendant la période de demi-vie, la moitié des noyaux atomiques d’une substance radioactive se transforme ou se désintègre. Plus sa demi-vie est courte et plus rapidement les noyaux atomiques se désintègrent. L’activité donne le nombre de désintégration par seconde. Son unité est le becquerel (Bq).

Faisabilité à grande échelle de la transmutation

La démonstration de faisabilité à grande échelle du procédé de séparation et transmutation fait encore défaut. Des décennies de recherche et développement sont à ce titre encore nécessaires. Des recherches portent également sur des concepts de réacteurs conçus spécialement pour la transmutation et la réutilisation d’assemblages combustibles. Par exemple, le projet MYRRHA traite du concept de cycles avancés du combustible et de prototypes de réacteurs de quatrième génération. Ces réacteurs sont le réacteur rapide refroidi au sodium (Sodium-cooled Fast Reactor SFR), le réacteur à neutrons rapides refroidi au plomb (Lead-cooled fast Reactor LFR) et le réacteur à neutrons rapides refroidi au gaz (Gas-cooled Fast Reactor GFR). Des composants particuliers des technologies nécessaires ont été testés dans le cadre du projet MEGAPIE à la source suisse de neutrons de spallation SINQ (The Swiss Spallation Neutron Source). Cette source se trouve à l’Institut Paul Scherrer à Villigen (AG). Un autre défi technique important réside dans le développement de procédés de séparation. Ces derniers devraient s’appliquer à l’échelle industrielle à des nucléides spécifiques. En outre, il est nécessaire de développer un procédé efficace pour la fabrication industrielle de combustible contenant des actinides mineurs. Pour les produits de fission à vie longue tels que l’iode et le technétium, il n’existe pour l’instant aucun concept de transmutation réaliste au niveau industriel.

Transmutation des déchets radioactifs et stockage en profondeur

Transmutation et stockage en profondeur

Des scénarios réalistes d’applications de séparation et transmutation ont été analysés dans le cadre de projets de recherches. Ces scénarios visent la réduction de la radiotoxicité de déchets hautement radioactifs et de leurs effets sur le stockage en profondeur (voir par exemple [2], [4] et [5]). Différents scénarios de cycles du combustible ainsi que des horizons temporels différents ont été analysés dans le cadre du projet de recherche européen « RED-IMPACT » [5]. Les rapports de l’Agence de l’énergie nucléaire ([2] et [4]) résument l’état actuel des connaissances sur la transmutation. En se basant sur ces rapports, les conclusions suivantes peuvent être tirées: • Les différents scénarios considérés conduisent certes à une modification de la composition des déchets. Il subsiste toutefois dans ce cas des composants à vie longue devant être stockés dans un dépôt en profondeur. • Les périodes de demi-vie de la plupart des transuraniens peuvent théoriquement être réduites à quelques centaines d’années. Toutefois, la transmutation de produits de fission mobiles à vie longue est une question en suspens. Cette question concerne par exemple les radionucléides tels que l’iode 129 et le technétium 99.







Selon la technique employée, la transmutation nécessite pour certains radionucléides des périodes de quelques milliers d’années. Les radionucléides doivent être transmutés séparément en fonction d’un procédé spécifique à chaque radionucléide. Autrement, des radionucléides avec une demi-vie plus longue pourraient en résulter (au lieu d’éléments avec une demi-vie plus courte). La transmutation des actinides mineurs tels que le neptunium, l’américium et le curium réduirait la radiotoxicité des déchets de manière significative. A la surface, aucun effet significatif n’en résulterait. Les actinides mineurs sont en effet bien retenus par des roches d’accueil argileuses, comme celles se trouvant en Suisse. Dans le cas d’une incursion humaine non intentionnelle dans un dépôt en couches géologiques profondes, la transmutation des actinides mineurs conduirait à une dose d’irradiation réduite. Les cycles du combustible nucléaire améliorés ainsi que la réutilisation du plutonium et des actinides mineurs ont pour conséquence une réduction de la production de chaleur des déchets. Par-là, la longueur totale des galeries du dépôt pour déchets hautement radioactifs pourrait être optimisée. Cette optimisation dépendrait de la situation géologique, de la conception et de la période d’entreposage.

L’objectif de la transmutation consiste à réduire la radiotoxicité des déchets hautement radioactifs plus rapidement. Ce procédé permettrait également de diminuer la place nécessaire d’un dépôt en couches géologiques profondes. Dans tous les cas, il resterait des déchets radioactifs à vie longue. Des déchets faiblement et moyennement radioactifs subsisteraient également. Ces déchets devraient également être stockés dans des dépôts en couches géologiques profondes. Des projets de recherche sur la transmutation sont actuellement en cours. La démonstration de faisabilité à grande échelle fait toutefois encore défaut. Définition de la transmutation

Une forte radiotoxicité émane des assemblages combustibles usés des centrales nucléaires. Ils contiennent en effet une multitude de radionucléides produits par différentes réactions en chaînes durant l’exploitation du réacteur. Pour cette raison, ils doivent être confinés de manière sûre pendant de longues périodes. La radiotoxicité issue des éléments combustibles usés proviendra après quelques centaines d’années de quelques transuraniens tels que le plutonium, le neptunium, l’américium et le curium ainsi que de produits de fission à vie longue tels que l’iode et le technétium. Par le terme «transmutation», nous désignons généralement la transformation

de nucléides par des réactions nucléaires. En rapport avec les déchets radioactifs, la transmutation renvoie à la transformation ciblée de radionucléides. Ce procédé permet alors de réduire plus rapidement la radiotoxicité des déchets. Dans le cas de produits de fission à vie longue, ce résultat peut être obtenu par la capture de neutrons (voir illustration 1). Dans d’autres cas, par exemple avec les actinides, la fission permet de réaliser la transformation souhaitée. Celle-ci est également possible grâce à la combinaison de fission et de capture de neutrons.

Illustration 1 : exemple d’une transmutation par capture de neutrons et désintégration bêta consécutive en nucléides à vie courte ou stables.

Références

[1]: http://nmi3.eu/index.php?rex_img_type=content_half_pop&rex_img_file=neutroncapture.jpg [2]: NEA (2002): Accelerator-driven Systems (ADS) and Fast Reactors (FR) in Advanced Nuclear Fuel Cycles, NEA No. 3109, OECD Nuclear Energy Agency, Paris. [3]: Magill, J., Berthou, V., Haas, D., Galy, J., Schenkel, R., Wiese, H.-W., Heusener, G., Tommasi, J., Youinou, G. (2003): Impact limits of partitioning and transmutation scenarios on the radiotoxicity of actinides in radioactive waste, Nuclear Energy 42 (5), 263-277 (2003) [4]: NEA (2011): Potential Benefits and Impacts of Advanced Nuclear Fuel Cycles with Actinide Partitioning and Transmutation, NEA No. 6894, OECD Nuclear Energy Agency, Paris. [5]: Greneche D., Quiniou B., Boucher L., Delpech M., Gonzalez E., Alvarez F., Cuñado M.A., Serrano G., Cormenzana J.L., Kuckhinrichs W., Odoj R., Lensa v., W., Wallenius J., Westlén D., Zimmermann C., Marivoet J. (2007): RED-IMPACT: Impact of Partitioning, Transmutation and Waste Reduction Technologies on the Final Nuclear Waste Disposal, in Lensa v., W., Nabbi R., and Rossbach M., eds., Forschungszentrum Jülich GmbH, Zentralbibliothek, Verlag, Jülich

Radionucléide

Les radionucléides sont des noyaux atomiques instables. Ils se désintègrent en atomes radioactifs.

Radioactivité

Certains radionucléides déterminés ont la propriété de se transformer sans influence externe. Ils émettent alors des rayonnements électromagnétiques ou des atomes. Cette propriété est appelée radioactivité.

Radiotoxicité

La radiotoxicité est une échelle pour le potentiel de risque induit par les rayonnements (de substances radioactives) sur la santé.

Eléments transuraniens

Les éléments transuraniens ont un numéro atomique plus élevé que l’uranium (plus grand que 92). Ils sont instables et radioactifs. Les périodes de demi-vie se situent entre une fraction de seconde et quelque dix millions d’années. Ils n’existent pas naturellement ou seulement sous forme de traces.