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Le temps de l’humanisme et de la Renaissance

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principaux foyers de la Renaissance

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200 km

L’Escurial

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grand centre de la Renaissance centre artistique et architectural

Madrid

influence de la Renaissance foyer initial de l’imprimerie

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M é d i t e r r a n é e

principal centre d’humanisme foyer de la Réforme protestante foyer de la Réforme catholique point de départ des principales expéditions de découverte

L’Europe à l’époque de la Renaissance.

La Révolution et la France Le citoyen à Athènes – 500

Naissance et diffusion du christianisme J.-C.

La Méditerranée au XIIe siècle 500

1000

L’Europe dans la 1re moitié du XIXe siècle 1500

2000

Humanisme et Renaissance

120

121

CHAPITRE

6

Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

1400

1420 Van Eyck (1385-1441)

1440

1460

Les époux Arnolfini

Brunelleschi (1377-1446)

1480

Léonard de Vinci (1452-1519)

achèvement du Dôme de Florence

1520 La Joconde

Michel-Ange (1475-1564) Botticelli (1446-1510)

Aux XVe et XVIe s., l’Europe connaît d’importantes transformations. Dans les régions les plus dynamiques et les plus prospères du continent (l’Italie et la Flandre) se propage, dès le XVe s., un vaste courant de renouveau intellectuel, l’humanisme. Il s’accompagne de profondes transformations dans le domaine artistique, c’est la Renaissance.

1500

invention de l‘imprimerie

Le Printemps Érasme (1469-1536) Thomas More (1478-1535)

Éloge de la folie Utopie

1453 prise de Contantinople par les Turcs

Ce double mouvement s’appuie sur une grande confiance en l’homme et en ses possibilités. Dès la fin du XVe s. l’humanisme et la Renaissance se diffusent dans le reste du continent européen.

Comment s’expliquent les profonds changements dans la vie intellectuelle et artistique de l’Europe au XVe s. ? En quoi consistent l’humanisme et la Renaissance ?

2 … à l’expression d’une nouvelle sensibilité artistique. Léonard de Vinci, Monna Lisa, épouse de Francesco del Giocondo, dite La Joconde, 1503-1505, 0,77 x 0,53 m. Musée du Louvre, Paris.

1 D’une volonté de mieux connaître et de mieux comprendre… Jacopo da Barbari, Portrait du mathématicien Luca Pacioli, 1495. Musée de Capodimonte, Naples. Le moine franciscain Luca Pacioli, auteur d’une Somme mathématique, enseigne ici à son élève Guidobaldo de Montefeltro, duc d’Urbino, comment construire un icosaèdre (solide à 20 faces figuré par le quartz taillé), en utilisant le nombre d’or défini par Euclide au IIIe s. av. J.-C. Mobilisation de la science antique, recherche de la perfection, souci de la transmission du savoir : ce tableau illustre l’esprit de la Renaissance.

122

« Qui veut savoir à quel point l’art peut imiter la nature peut s’en rendre compte facilement en imitant cette tête. Les yeux ont ce brillant, cette humidité que l’on observe pendant la vie. La bouche, ses extrémités, qui se lient par le vermillon des lèvres à l’incarnat du visage, ce n’est plus de la couleur, c’est vraiment de la chair. Au creux de la gorge, un observateur attentif surprendrait le battement de l’artère. » D’après Giorgio Vasari, Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes italiens, 1550.

123

DOSSIER

3

La révolution artistique de la Renaissance

Raphaël, La Sainte Famille à l’agneau, 1507. Musée du Prado, Madrid, 29 cm x 21 cm.

Au centre du tableau, la Vierge Marie ; à gauche, Jésus enfant et l’agneau, l’un des symboles du Christ dans l’art chrétien ; à droite, Joseph.

La Madone de la Trinité de Cimabue (XIIIe s.) et la Sainte Famille à l’agneau de Raphaël (XVIe s.) sont deux œuvres centrées sur les mêmes personnages, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus. L’inspiration religieuse, si importante pour les artistes du Moyen Âge, ne disparaît donc pas à la Renaissance. Mais la manière de traiter un tel sujet a considérablement évolué d’une période à l’autre. ●

1

Leon Battista Alberti, Traité de la peinture, vers 1435.

La perspective

Pour toute figure placée à une grande distance, tu commences par perdre d’abord la notion de ses parties les plus petites, et conserves jusqu’à la fin celle des plus grandes, en cessant toutefois de distinguer leurs extrémités ; elles deviennent elliptiques ou sphériques et leurs limites, confuses. En peinture, la perspective se divise en trois parties principales : la première traite de la diminution que subit la dimension des corps à diverses distances, à mesure qu’ils s’éloignent de l’œil ; la seconde concerne l’atténuation de leurs couleurs en s’éloignant de l’œil ; la troisième l’atténuation des formes et contours à diverses distances. Et leurs noms sont : perspective linéaire, perspective de la couleur, perspective de la diminution.

Le travail du peintre

Nous autres peintres, nous voulons, par les mouvements du corps, montrer les mouvements de l’âme […]. Il convient donc que les peintres aient une connaissance parfaite des mouvements du corps et les apprennent de la nature pour imiter, si difficile que ce soit, les multiples mouvements de l’âme. Qui, sans l’avoir essayé, pourrait croire combien il est difficile de représenter un visage qui rit sans le faire triste plutôt que joyeux ? Et encore, qui pourrait, sans grande étude, exprimer des visages où la bouche, le menton, les yeux, les joues, le front s’unissent dans le rire ou les larmes ? Aussi faut-il l’apprendre de la nature en recherchant les aspects les plus fugitifs des choses, et ceux qui font imaginer au spectateur plus qu’il ne voit.

124

4

Léonard de Vinci (1452-1519), Carnets.

Questions A Observer les documents (nature, date, auteur, etc.) 1. À quelle date ont été réalisées les œuvres des doc. 2 et 3 ?

B Retirer des informations des documents 2. Selon le doc. 1, quelle doit être la principale préoccupation du peintre ?

C Mettre en relation les informations des documents

2

Cimabue, Madone de la Trinité, 1285-1286. Musée des Offices, Florence, 3,85 x 2,23 m.

3. Quels personnages retrouve-t-on d’un tableau à l’autre ? 4. Quelles formes géométriques prédominent dans chaque tableau ? Quelles en sont les couleurs ? Qui entoure la Vierge et l’Enfant sur chacun des tableaux ? Que suggèrent ces différences ?

5. Comment les deux tableaux représentent-ils la Vierge ? L’Enfant Jésus ? La relation entre l’Enfant et la Vierge ? 6. Le doc. 3 respecte-t-il les consignes définies par Alberti dans le doc. 1 ? 7. À l’aide du doc. 4, analyser le traitement de l’arrière-plan dans chacune des deux œuvres.

D Rédiger 8. En un paragraphe, présenter les transformations amenées par la Renaissance dans l’art de la peinture, dans l’aspect des tableaux et dans leur finalité.

La Vierge Marie et l’Enfant Jésus entourés par des anges.

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

125

1

L’humanisme

A. Un temps de renouveau

VOCABULAIRE

doc. 1

■ Au XVe s., l’Occident sort peu à peu des malheurs qui l’ont frappé depuis le milieu du XIVe s. La guerre de Cent Ans prend fin en 1453. Les épidémies de peste ne sont plus aussi meurtrières que celle qui a fait disparaître plus du tiers de la population européenne entre 1348 et 1352. Les famines se font plus rares. La population augmente et l’économie redémarre. Dans les zones les plus dynamiques (Italie, Flandre), la prospérité est de retour.

humaniste : homme de lettres des XVe et XVIe siècles, dont la pensée entend rompre avec le Moyen Âge en s’inspirant des auteurs de l’Antiquité. Les humanistes se montrent aussi critiques à l’égard de ces derniers. Ils se consacrent à l’étude de l’homme et de la nature. philologie : science qui étudie les textes de manière érudite et critique, afin d’en préciser l’authenticité et le sens.

■ Ce renouveau ne fait pas disparaître les angoisses nées de la crise de la fin du Moyen Âge : la peur de l’enfer demeure très vive au sein de la population. Mais dans le climat de confiance retrouvé, des savants s’efforcent de mieux comprendre le monde. Cependant, alors que le Moyen Âge centrait sa réflexion sur Dieu, ces savants, sans rejeter Dieu, s’intéressent d’abord à l’homme : c’est en raison de leur foi en l’homme et en ses capacités qu’on les appelle des humanistes.

Un prince collectionneur, le duc d’Urbino

Ce duc, entre autres actions dignes de louanges, édifia sur l’âpre et difficile site d’Urbino un palais, selon l’opinion de beaucoup le plus beau que l’on trouve dans toute l’Italie ; et il le fournit si bien de toutes choses utiles que ce ne semblait pas être un palais, mais une ville en forme de palais ; il l’emplit non seulement de ce dont on se sert ordinairement pour décorer les pièces, vases d’argent, riches draps d’or, de soie et d’autres choses semblables, mais, à titre d’ornement, il y ajouta une infinité de choses anciennes de marbre et de bronze, de peintures très singulières, d’instruments de musique de toutes sortes ; et il n’y voulut aucune chose qui ne fût très rare et excellente. Il fit ensuite une grande dépense pour rassembler un grand nombre de très excellents et rares livres grecs, latins et hébreux, qu’il fit orner d’or et d’argent, estimant que c’était là la suprême excellence de son grand palais. Balthazar Castiglione, Le Livre du courtisan (1528).

Oxford (1499-1500)

L’homme, selon l’humaniste Pic de La Mirandole

J’ai cru avoir compris pourquoi l’homme est l’être digne de toute admiration et quel est en définitive ce haut rang qui lui est échu dans l’ordre de l’univers. Le Parfait Artisan prit l’homme et lui parla ainsi : « Ô Adam, pour les autres leur nature est régie par des lois que nous avons prescrites, toi tu n’es limité par aucune barrière […]. Je t’ai installé au milieu du monde afin que de là, tu examines plus commodément tout ce qui existe. Nous ne t’avons fait ni céleste, ni terrestre, ni mortel, ni immortel, afin que maître de toi-même tu te composes la fortune que tu auras préférée. Tu pourras dégénérer en formes inférieures qui sont animales, tu pourras au contraire par décision de ton esprit être régénéré en formes supérieures qui sont divines. » Pic de La Mirandole (1463-1494), De la dignité de l’homme, 1498.

1. Qui est le « Parfait Artisan » ? 2. D’après Pic de La Mirandole, quelle est sa place dans le monde ? 3. Quelles sont, selon ce texte, les deux perspectives qui s’offrent à l’homme ?

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(1517-1521)

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Paris (1495-1498) Fribourg (1530-1535)

Strasbourg

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Bâle (1521-1529) (1535-1536)

Milan

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Venise (1507)

15 06

Bologne 200 km

Florence

principaux voyages d’Érasme : entre 1494 et 1500 entre 1506 et 1509

principales villes où Érasme a séjourné

en 1521

5

9 150

126

2

Œuvre de Vasari, 1556, Palazzo Vecchio, Florence.

1508

■ En outre, depuis le milieu du XVe s., l’imprimerie, mise au point à Mayence par l’orfèvre Gutenberg, permet aux humanistes d’accroître considérablement la diffusion de leur pensée. Certains d’entre eux se font imprimeurs ; les ateliers d’imprimerie sont aussi des lieux de rencontre entre humanistes.

1. Au sein de quelles figures le personnage figuré est-il inscrit ? 2. Expliquer le sens du titre donné par Vinci.

Laurent de Médicis, qui dirige Florence de 1469 à 1492, entouré de lettrés de son académie.

09 15

■ Les humanistes se retrouvent dans l’entourage de certains princes, qui leur font profiter de leurs collections et de leurs bibliothèques. Cultivant l’amitié entre gens de lettres, célébrée dans l’Antiquité par Cicéron, ils s’écrivent et se rencontrent lors de leurs nombreux voyages dans tout l’Occident. Ainsi se crée peu à peu en Europe un réseau de relations entre humanistes, une véritable république des lettres : Érasme (1469-1536), le « prince des humanistes », dont l’Éloge de la folie (1511) illustre l’esprit critique de ces penseurs, en est la figure la plus remarquable. Quand, au début du XVIe s., l’humaniste allemand Reuchlin est inquiété par des religieux de l’université de Cologne, il reçoit des soutiens de toute l’Europe des humanistes, preuve de la solidarité existant au sein de cette république des lettres.

« On ne peut rien trouver de plus admirable que l’homme. » Pic de la Mirandole (1463-1494).

3

6 150

doc. 5

Léonard de Vinci, L’Homme de Vitruve, vers 1490. Académie, Venise.

21 15

■ Les textes antiques sont étudiés en tenant compte des règles de la philologie. Les Évangiles sont analysés avec un esprit critique. Cette analyse suppose que l’on comprenne la langue : c’est pourquoi on se met à étudier les langues anciennes, non seulement le latin, que tous les lettrés connaissent alors, mais aussi le grec et parfois l’hébreu. Des écoles sont créées pour leur enseignement : le collège des trois langues à Louvain (1517), et le collège des lecteurs royaux à Paris (1530).

1

Pic de La Mirandole

14 9

■ Ce bouleversement culturel puise son inspiration dans le retour à l’Antiquité. En Italie, on fouille les vestiges romains. Princes et papes collectionnent les objets antiques. On se passionne pour les textes grecs, dont certains sont rapportés en Occident par des érudits byzantins après la prise de Constantinople par les Turcs (1453). À Florence, dans l’entourage des Médicis, des humanistes comme Marsile Ficin et Pic de La Mirandole redécouvrent Platon, philosophe grec du IVe s. av. J.-C. Platon était largement ignoré au Moyen Âge, époque qui se référait surtout à un autre philosophe grec, Aristote.

C. Vers une république des lettres

Marsile Ficin

doc. 2, 3 et 4

Rhône

B. Un retour à l’Antiquité

Rome (1508-1509)

Les déplacements d’un humaniste : les principaux voyages d’Érasme.

1. Quelles sont les principales régions traversées par Érasme ? 2. Dans quelles villes a-t-il séjourné ?

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

127

DOSSIER 7

1

8

6

La révolution de l’imprimerie L’imprimerie est née de la mise au point par Jean Gutenberg des caractères métalliques mobiles : grâce à cette innovation, il édite au début des années 1550, à Mayence, la première Bible imprimée. Son invention bénéficie aussi de nouveaux procédés de fabrication de l’encre et du papier. ●

L’imprimerie se diffuse rapidement en Europe, permettant d’accroître le nombre des livres produits : en 1500, déjà 20 millions d’ouvrages ont été imprimés. L’imprimerie permet de diffuser les œuvres antiques ; elle est également utilisée par les humanistes pour faire connaître leurs idées. C’est pourquoi les États et l’Église s’efforcent de la contrôler.

D’après Innocent VIII, pape de 1484 à 1492 Constitutio inter multiplices (1487).

Le premier livre imprimé : une page de la Bible de Gutenberg, vers 1456.

4 4 5 2

3

L’Église face à l’imprimerie

Notre charge pastorale nous impose avant tout de veiller à ce que les initiatives de notre temps qui sont salutaires et louables soient en harmonie avec la foi catholique et conformes aux bonnes mœurs, au contraire, que celles qui s’avèrent pernicieuses, condamnables et impies soient extirpées dans leur racine. Ainsi l’imprimerie se présente comme une invention très profitable quand elle facilite la diffusion des livres utiles et approuvés. Elle serait au contraire très condamnable si l’on employait cette technique d’une façon perverse pour répandre partout des écrits pernicieux. Nous interdisons donc par les présentes lettres, en vertu de l’autorité apostolique, à tous les imprimeurs, à leurs aides et à leurs collaborateurs, soit qu’ils demeurent à Rome, soit dans les autres régions de l’Italie, de l’Allemagne, de la France, de l’Espagne, de l’Angleterre, de l’Écosse, ou de toute autre nation de la chrétienté, sous peine d’excommunication et d’une amende et nous faisons défense d’imprimer et de laisser imprimer à l’avenir aucun livre, traité ou écrit, quels qu’ils soient, sans en avoir au préalable demandé la permission audit maître du Sacré Palais à la curie romaine et hors de Rome aux ordinaires des lieux, et sans avoir obtenu une autorisation spéciale et expresse qui leur sera délivrée gratuitement.

128

➊ Le typographe compose le texte à l’aide de signes placés dans des casiers, les casses. La plaque composée, la forme ➋ mise sur le marbre ➌ est enduite d’encre ➍. Le châssis ➎ refermé maintient le papier contre la forme pendant l’impression, à l’aide de presses ➏ et ➐. La feuille imprimée est examinée par les correcteurs ➑.



2

1

Un atelier d’imprimerie au XVIe s.

3

1

4

Lettre d’Érasme

J’ai souvent souhaité, très savant Manuce, que tout l’éclat apporté par toi aux littératures grecque et latine, grâce non seulement à ton art et à tes impressions, mais aussi à ton éminente science, revienne vers toi pour te rendre l’équivalent de ce que tu as donné. J’apprends que Platon, que tous les lettrés attendent déjà avec impatience, s’imprime chez toi en caractères grecs. J’aimerais savoir quels ouvrages de médecine tu vas imprimer. Je me demande ce qui t’empêche de nous avoir donné depuis longtemps le Nouveau Testament. Je t’adresse deux tragédies traduites par moi. J’estimerais l’immortalité accordée à mes œuvres, si elles venaient au jour imprimées dans tes caractères, de préférence ceux qui, assez petits, sont les plus jolis de tous. Le volume ainsi serait des plus minces, et la chose réalisée à peu de frais. S’il te paraît opportun d’entreprendre l’affaire, je te fournirai gratuitement l’exemplaire corrigé. D’après Érasme, lettre à Alde Manuce, adressée de Bologne, 28 octobre 1507.

mer du Nord Rostock Lubeck Cambridge Oxford Magdebourg Delft Londres Leipzig Anvers Breslau Cologne Bruxelles Mayence Louvain Prague océan

Paris Strasbourg Angers

Atlantique

Orléans

Bâle

Poitiers

Cracovie

Vienne Budapest

Zurich Trente Venise Padoue Bologne

Saragosse Barcelone

Rome Naples

Valence

Séville

mer Messine

Méditerranée

400 km

centres d’imprimerie avant 1480 de 1481 à 1500

5

Augsbourg

Turin Gênes Florence

Toulouse

Tolède

Ulm

Genève Milan

Lyon

Valladolid Salamanque

Nuremberg

première mise au point de l’imprimerie Bâle centre important

aire d’extension privilégiée et diffusion de l’humanisme

La diffusion de l’imprimerie en Europe pendant la seconde moitié du XVe s.

Questions A Observer les documents (nature, date, auteur, etc.)

C Mettre en relation les informations des documents

B Retirer des informations des documents

6. À l’aide des doc. 2 et 4, montrer que l’imprimerie devient rapidement un enjeu majeur de la vie culturelle et religieuse en Europe.

1. 2. 3. 4. 5.

Quels éléments rappellent les manuscrits du Moyen Âge (doc. 1) ? Quel jugement le pape porte-t-il sur l’imprimerie (doc. 2) ? Combien cet atelier compte-t-il de presses (doc. 3) ? de typographes ? Quels sont les types de livres évoqués dans cette lettre (doc. 4) ? Où l’imprimerie se développe-t-elle d’abord (doc. 5) ? Pourquoi ?

D Rédiger 7. Expliquer dans un paragraphe comment l’imprimerie favorise la circulation des idées.

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

129

2

Les idées des humanistes

A. Sur l’éducation

3

VOCABULAIRE

doc. 3 et 4

■ Alors qu’au Moyen Âge les clercs insistaient sur le péché originel, en plaçant l’existence des fidèles sous le signe de l’expiation, les humanistes ont une conception optimiste de l’homme, dont ils souhaitent exploiter toutes les facultés. Aussi accordent-ils une grande importance à l’éducation, à laquelle Érasme consacre en 1529 un ouvrage, De l’éducation libérale des enfants. L’enseignement des humanistes vise l’esprit autant que le corps : son idéal, qu’exprime Rabelais, est celui d’« un esprit sain dans un corps vigoureux ». Les humanistes souhaitent aussi inculquer à leurs élèves les bonnes manières et le respect des convenances.

langue vernaculaire : langue parlée par la masse de la population, par opposition à une langue de culture comme le latin.

■ Les humanistes sont attentifs à la langue vernaculaire, car si leur réflexion se fonde sur les langues anciennes, c’est en langue vernaculaire qu’elle peut se diffuser. Partout, ils font progresser ces langues : c’est ainsi qu’en France, les poètes Ronsard et Du Bellay publient en 1549 Défense et illustration de la langue française pour enrichir la langue nationale.

Toute leur vie était employée, non d’après les lois, statuts ou règles, mais d’après leur volonté et leur libre arbitre. Ils se levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur venait. Nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boire ni à manger, ni à faire autre chose quelconque. Ainsi l’avait établi Gargantua. Dans leur règle, il n’y avait que cette clause : « Fais ce que voudras », parce que les gens libres, bien instruits, conversant en honnêtes compagnies ont, par nature, un instinct et un aiguillon qui toujours les poussent à accomplir de vertueuses actions et à s’éloigner du vice : c’est ce qu’ils nomment honneur.

B. Sur la société

doc. 1 et 2

■ Soucieux de l’épanouissement de l’individu, les humanistes se préoccupent également de la vie sociale et politique. Ils se montrent favorables à la paix : afin de l’atteindre, Érasme milite pour une entente entre les princes chrétiens, cependant que Rabelais dénonce la guerre dans Gargantua (1534). ■ Dans son ouvrage Utopie (1516), l’humaniste anglais Thomas More imagine une société idéale, où régneraient la paix, l’égalité et la tolérance. Mais la même année, peut-être inspiré par le spectacle qu’offre la vie politique des États italiens, le Florentin Machiavel affirme dans Le Prince que tous les moyens sont bons pour accéder au pouvoir et pour le conserver.

C. Sur la religion

devotio moderna : mouvement spirituel apparu aux Pays-Bas à la fin du Moyen Âge et insistant sur la piété individuelle.

1

L’optimisme des humanistes : la règle de l’abbaye de Thélème

L’éducation selon Érasme

Nous pouvons également veiller avec soin à ce que la fatigue soit réduite à l’extrême et que, par conséquent, le dommage soit insignifiant. C’est ce qui se produira si nous n’inculquons pas aux enfants des connaissances multiples et désordonnées, mais seulement celles qui sont les meilleures et qui conviennent à leur âge, où l’agrément est plus captivant que la subtilité. En outre, telle manière douce de les communiquer les fera ressembler à un jeu et non à un travail. Car, à cet âge, il est nécessaire de les tromper avec des appâts séduisants puisqu’ils ne peuvent pas encore comprendre tout le fruit, tout le prestige, tout le plaisir que les études doivent leur procurer dans l’avenir. Ce résultat sera obtenu en partie par la douceur et la bonne grâce du maître, en partie par son ingéniosité et son habileté, qui lui feront imaginer divers moyens pour rendre l’étude agréable à l’enfant et l’empêcher d’en ressentir la fatigue. Rien n’est en effet plus néfaste qu’un précepteur dont le caractère amène les enfants à haïr les études avant d’être en mesure de comprendre pourquoi il faut les aimer. Érasme, Lettre à Guillaume, duc de Clèves, 1529.

1. Selon Érasme, comment l’éducateur doit-il s’y prendre pour intéresser les enfants ? 2. Comparer sa méthode à celle des maîtres traditionnels, représentée doc. 4.

4

BNF, Paris.

6

Rabelais, Gargantua (1534).

1. Qu’est-ce que la règle d’une abbaye ? 2. Comment Gargantua justifie-t-il la règle qu’il établit pour l’abbaye de Thélème ?

■ Ce n’est pas parce que les humanistes s’intéressent à l’homme qu’ils sont hostiles à la religion. Ils pensent au contraire que, Dieu ayant créé l’homme à son image, étudier l’homme permet de se rapprocher de Dieu.

Érasme, préface à la traduction du Nouveau Testament, 1516.

■ Mais ils n’envisagent pas la relation avec Dieu de la même manière que l’Église. Selon eux, cette relation doit se construire directement à partir de la parole de Dieu : en souhaitant une religion plus individuelle, ils retrouvent les aspirations à une foi plus personnelle apparue à la fin du Moyen Âge parmi les adeptes de la devotio moderna. C’est pourquoi ils estiment si important de rétablir le texte de la Bible – qui contient la parole de Dieu – par-delà les déformations qu’il a subies au cours des siècles. Ils traduisent aussi cette Bible en langue vernaculaire, afin de la rendre accessible à la masse des fidèles.

130

Pourquoi traduire la Bible

Je suis tout à fait opposé à l’avis de ceux qui ne veulent pas que la Bible soit traduite en langue commune pour être lue par des gens du peuple, comme si l’enseignement du Christ était si voilé que seule une poignée de théologiens pouvaient le comprendre, ou comme si la religion chrétienne se fondait sur l’ignorance. Je voudrais que les plus humbles des femmes lisent les Évangiles, les Épîtres de Paul. Puisse ce livre être traduit dans toutes les langues, de sorte que les Écossais, les Irlandais, mais aussi les Turcs et les Sarrasins soient en mesure de le lire et de le connaître […]. Puisse le paysan au manche de sa charrue en chanter les louanges, le tisserand à ses navettes en moduler quelques airs, ou le voyageur alléger la fatigue de sa route avec ses récits.

doc. 5 et 6

■ Certains humanistes dénoncent le culte des reliques – qu’ils jugent superstitieux –, l’incompétence de certains clercs ou le luxe dans lequel vivent beaucoup de prélats. En soulignant ainsi les défauts de l’Église, tout en défendant une pratique plus personnelle, les humanistes ne manquent pas de susciter l’inquiétude des autorités religieuses. Mais en proposant une foi plus épurée, ils ne répondent pas forcément aux attentes de la masse des fidèles, attachés aux rites traditionnels qui les rassurent face à leur angoisse de la mort et de l’enfer. Le désir des humanistes d’améliorer la vie religieuse n’évite donc pas toujours de graves contradictions.

La persistance des formes d’éducation médiévale, Livres d’Heures de Marie de Chantault, XVIe s.

1. Montrer que ce texte reflète bien les idées des humanistes sur la religion. 2. Pourquoi Érasme souhaite-t-il que les Turcs et les Sarrasins lisent la Bible ?

5

Le Cabinet de travail de saint Augustin, fresque de Carpaccio, 1502-1507. Scuola di San Giorgio, Saint-Georges-des-Esclavons, Venise.

2

Érasme (1469-1536), le prince des humanistes. Tableau de Hans Holbein le Jeune, XVIe siècle. Musée du Louvre, Paris.

Saint Augustin est figuré ici sous les traits du cardinal Bessarion, dont la bibliothèque, qui a été transférée de Byzance à Venise après la prise de Constantinople par les Turcs, a permis la diffusion de textes grecs en Occident où ils étaient jusqu’alors inconnus : c’est donc à la fois un homme d’Église et un humaniste qui est ici représenté, ce qui illustre les liens entre la religion et l’humanisme.

1. Relever les éléments du tableau qui évoquent la religion. 2. Relever ceux qui évoquent l’humanisme.

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

131

3

L’affirmation de la Renaissance

A. Des conditions nouvelles

VOCABULAIRE

doc. 4 et 5

■ Au XV s., en Italie et en Flandre surtout, la prospérité assure aux notables, dirigeants de l’Église et aux princes les moyens de passer des commandes aux artistes. Les mécènes sont nombreux, en particulier en Italie, où les rivalités entre villes entraînent la multiplication des chantiers d’églises et de palais. Considérés jusqu’alors comme de simples artisans anonymes, les artistes, qui signent désormais leurs œuvres, deviennent des personnalités connues de tous. e

mécène : personne riche qui soutient financièrement les écrivains et les artistes. Renaissance : période artistique qui couvre le XVe et le XVIe s., mais concerne surtout la période 1450-1550. Le terme est utilisé pour la première fois par Vasari en 1550. Il souligne que les artistes de l’époque entendent faire renaître l’Antiquité.

■ Les arts bénéficient de progrès techniques. La sculpture exploite l’amélioration de la métallurgie du bronze. L’architecture s’appuie sur le progrès du savoir-faire des ingénieurs, comme le montre la construction de la coupole de l’église Santa Maria del Fiore à Florence par Brunelleschi au début du XVe s. En peinture, le tableau sur toile et chevalet se développe parallèlement à la fresque ; la technique de la peinture à l’huile est mise au point en Flandre.

B. Des thèmes nouveaux

doc. 1 et 2

■ Marqués par l’humanisme, les mécènes, comme les artistes, rejettent l’art du Moyen Âge. Ils se tournent vers les modèles antiques, dont les exemples sont nombreux en Italie : c’est pourquoi la période est appelée Renaissance. Les architectes reprennent les principes du théoricien romain du Ier s av. J.-C. Vitruve, en recherchant les proportions idéales, l’harmonie, la symétrie. En peinture, les sujets religieux ne sont pas rejetés mais les sujets non religieux deviennent plus fréquents. Les thèmes du portrait et du corps, de la représentation des paysages et de la nature se développent. Dans la sculpture, qui n’est plus un simple élément de décoration architecturale, apparaissent les statues équestres et le nu masculin, imités de l’art romain. ■ Les peintres du XVe s. maîtrisent la perspective : pour cela, ils jouent à la fois sur la construction des lignes et sur le dégradé des couleurs. Grâce à la perspective, ils représentent la réalité avec plus de justesse, alors qu’au Moyen Âge les artistes étaient attentifs en priorité au sens religieux de l’œuvre. Mais la Renaissance est également tournée vers la recherche du beau idéal, qu’encouragent les valeurs platoniciennes de l’humanisme.

C. De Florence à Rome

■ C’est à Florence que s’épanouit d’abord la Renaissance, grâce au mécénat des Médicis et à la présence des humanistes réunis à l’Académie. Après les premières expériences du peintre Giotto (1266-1337), l’art nouveau se développe avec Brunelleschi (1377-1446) qui impose la symétrie en architecture, Donatello (1386-1466) dont la sculpture reprend l’héritage antique, et Masaccio (14011428) qui introduit le premier la perspective dans la peinture. Il est illustré ensuite par Piero della Francesca (1416-1492) et par Sandro Botticelli (1446-1510). ■ Mais à la fin du XVe s., Florence connaît une période de troubles. Rome devient alors le grand foyer de la Renaissance. Les papes Jules II et Léon X y multiplient les chantiers. Sur celui de la basilique Saint-Pierre, ils font travailler l’architecte Bramante (1444-1514), les peintres Raphaël (1483-1520) et Michel-Ange (1475-1564). Ce dernier, artiste complet, peint le plafond de la chapelle Sixtine, conçoit le plan de la place du Capitole et réalise la Pietà conservée dans la basilique Saint-Pierre.

132

Michel-Ange, La Création d’Adam (1508-1512). Détail de la fresque de la voûte de la chapelle Sixtine, palais du Vatican, Rome, 2,80 x 5,70 m.

4

Jan Van Eyck (vers 1390-1441), Les Époux Arnolfini, 1434, Huile sur bois, National Gallery, Londres, 0,84 x 0,64 m.

1. Définir le genre et le sujet du tableau. 2. Décrire le tableau (personnages, décor, origine de la lumière). 3. Comment l’artiste montre-t-il l’aisance des époux ? 4. Observer le miroir rond sur le mur 쑺 du fond. Qu’y voit-on précisément ? Détail du miroir.

5

1

Raphaël, Le Mariage de la Vierge, 1504, huile sur toile, 1,70 x 1,17 m, pinacothèque de Brera, Milan.

2 doc. 3

3

La redécouverte de l’Antiquité par l’architecte florentin Brunelleschi

Il s’en alla à Rome ; à cette époque s’offraient au regard du public beaucoup de belles œuvres. Tout en regardant les sculptures, il remarqua aussi le mode de construction des Anciens et sa symétrie : il crut y reconnaître une sorte d’ordre comme de membres et d’os, en homme que Dieu éclairait pour de grandes choses ; ce type de construction le frappa comme étant très différent de celui qu’on employait alors. Vasari, Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes italiens, 1550.

1. Qu’est-ce qui caractérise l’architecture des Anciens, selon ce texte ? 2. Qui, à côté des Anciens, inspire ici Brunelleschi ?

La peinture flamande

a. Jean van Eyck commença à réfléchir afin de trouver le moyen de faire une sorte de vernis qui sécherait à l’ombre, sans qu’on soit obligé de mettre la peinture au soleil. Après avoir expérimenté beaucoup de choses, l’huile de lin et l’huile de noix, bouillies avec d’autres mélanges, lui donnèrent le vernis désiré. La renommée de l’invention s’étant répandue en Flandre, en Italie et ailleurs, fit naître chez les artistes un très grand désir de savoir par quel moyen il communiquait tant de perfection à son œuvre. Devenu vieux, il le fit connaître à Roger de Bruges. D’après Vasari, Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes italiens, 1550.

b. La peinture flamande satisfera un dévot plus qu’aucun peintre d’Italie. Elle plaira aux femmes comme aux nonnes et à certains gentilshommes privés du sens musical et de la véritable harmonie. On peint en Flandre pour tromper la vue extérieure, soit des choses agréables à voir, soit des choses dont on ne puisse dire du mal, comme par exemple des saints et des prophètes. Cette peinture n’est que chiffons, masures, verdure de champ, ombres d’arbres, et ponts et rivières qu’ils nomment paysages. Michel-Ange, entretien avec le peintre espagnol F. da Hollanda, milieu du XVIe s.

1. D’après ces textes, quel est l’apport de la peinture flamande à l’art de la Renaissance ? 2. Quels arguments Michel-Ange emploie-t-il pour critiquer la peinture flamande ?

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

133

DOSSIER Un foyer majeur de la Renaissance : Florence Toutes les conditions favorisent l’épanouissement de la Renaissance dans la Florence du Quattrocento (XVe s.) : prospérité, goût de la bourgeoisie pour les choses de l’art et de l’esprit et mécénat des Médicis qui gouvernent la cité. ●

Au temps de Cosme de Médicis (1429-1464) s’y illustrent l’architecte Brunelleschi, le sculpteur Donatello et le peintre Masaccio, cependant que les plus grands humanistes se retrouvent à l’Académie platonicienne, autour de Marsile Ficin. Sous Laurent de Médicis (1469-1492), Florence connaît son apogée culturel avec Botticelli et Léonard de Vinci. ●

Au Cinquecento (XVIe s.), Florence perd de son éclat. Mais son rayonnement fait ensuite longtemps sentir ses effets en Italie et en Europe. ●

VOCABULAIRE Quattrocento : nom donné en Italie au XVe siècle (les années commençant par 14..), le XVIe s. étant appelé Cinquecento et le XIVe s. Trecento.

Donatello, David, vers 1430.

3

Francesco Rosselli, Vue de Florence, dite Vue de la Chaîne, vers 1472. Musée des Offices, Florence.

Dominée par les clochers de ses églises et par le dôme de sa cathédrale, Santa Maria del Fiore (au centre de l’image), Florence s’étend surtout sur la rive nord du fleuve Arno. La puissance politique de la cité est matérialisée par ses remparts, et par le Palazzo Vecchio, siège des autorités de l’État, à droite de la cathédrale.

1

Bronze, musée du Bargello, Florence, hauteur : 1,59 m.

4

Le rôle de Laurent de Médicis

Laurent de Médicis songea ensuite à rendre sa cité plus grande et plus belle. Comme elle renfermait beaucoup d’espaces dépourvus d’habitations, il fit tracer sur ces terrains de nouvelles rues pour y construire des bâtiments, ce qui la rendit plus belle et plus grande. Grâce à lui, la ville, chaque fois qu’elle n’était pas en guerre, était perpétuellement en fête, assistant à des tournois, à des cortèges où l’on représentait les événements et les plus hauts faits de l’Antiquité. Son but était de maintenir l’abondance dans la patrie, l’union parmi le peuple et de voir la noblesse honorée. Il chérissait et s’attachait tous ceux qui excellaient dans les arts ; il protégeait les gens de lettres […]. Laurent faisait surtout ses délices de la musique, de l’architecture, de la poésie. Il existe de lui, dans ce dernier genre, plusieurs morceaux qu’il a non seulement composés, mais encore enrichis de commentaires. Afin que la jeunesse de Florence pût se livrer à l’étude des belles-lettres, il fonda l’université de Pise où il appela les hommes les plus instruits qui fussent alors en Italie. Nicolas Machiavel (1469-1527), homme politique et philosophe florentin, dont la pensée politique porte sur le pouvoir, les moyens de le conquérir puis de le conserver, Histoires florentines, vers 1520.

5

Dôme de Santa Maria del Fiore. Elle fut construite par Brunelleschi entre 1420 et 1436.

Questions A Observer les documents (nature, date, auteur, etc.)

4. À partir du doc. 4, montrer pourquoi on peut qualifier Laurent le Magnifique de « prince de la Renaissance ».

B Retirer des informations des documents

2

Benozzo Gozzoli, Le Cortège des rois mages. Fresque de la chapelle Riccardi-Médicis (détail), Florence, vers 1460.

Cette fresque, dont le thème est tiré de l’Évangile, est en réalité un prétexte pour figurer Laurent de Médicis (Laurent « le Magnifique » que l’on voit au premier plan en tunique jaune) chevauchant en nombreuse compagnie à travers la campagne florentine. Laurent de Médicis n’est plus ici un marchand, mais un prince à la tête d’un État qui comprend la ville de Florence, où s’est constituée la fortune de sa famille, et les campagnes environnantes.

134

1. Quelles innovations de la Renaissance le doc. 1 illustre-t-il ? 2. Quels éléments caractéristiques de l’art de la Renaissance apparaissent sur le doc. 2 ? 3. Relever dans les doc. 3 et 5 les éléments qui témoignent du dynamisme de Florence au temps de la Renaissance.

C Mettre en relation les informations des documents 5. À partir des doc. 2, 3, 4 et 5, décrire les principaux aspects du paysage de Florence à l’époque de Laurent de Médicis.

D Rédiger 6. Présenter les caractères de la Renaissance florentine vers 1500.

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

135

F ICHE DE RÉVISION DATES

L’ ESSENTIEL

À RETENIR

■ 1436 : Achèvement du dôme de Santa Maria del Fiore à Florence ■ 1453 : Prise de Constantinople par les Turcs ■ Vers 1455 : Bible de Gutenberg ■ 1503-1505 : La Joconde ■ 1516 : l’Utopie de Thomas More

1. L’émergence de l’humanisme Les humanistes se tournent vers l’héritage de l’Antiquité, dont les textes sont minutieusement analysés à la lumière de la philologie. ■ Ils forment à travers l’Europe une république des lettres. Ils diffusent leurs idées grâce à l’imprimerie, mise au point vers 1450.

2. Les idées des humanistes Pour améliorer l’homme, les humanistes comptent sur l’éducation. Pour mieux faire connaître leurs idées, ils s’expriment en langue vernaculaire. ■ Les humanistes défendent les idées de paix, d’égalité, de tolérance. ■ Ils souhaitent une religion plus personnelle et plus simple, vécue à partir de la lecture directe des textes sacrés.

3. L’affirmation de la Renaissance

Gutenberg (vers 1395-1468), inventeur de l’imprimerie moderne. (Voir biographie complète p. 315)

Érasme (1469-1536), le plus grand des humanistes. (Voir biographie complète p. 315)

Léonard de Vinci (1452-1519), artiste et homme de science. (Voir biographie complète p. 316)

Raphaël (1483-1520), peintre. (Voir biographie complète p. 318)

Michel-Ange (1475-1564), sculpteur, peintre et architecte. (Voir biographie complète p.317)

136

Les idées de Rabelais sur l’éducation, présentées à travers une lettre de Gargantua à son fils Pantagruel





B IOGRAPHIES

EXERCICE

■ De multiples conditions favorisent l’essor de la Renaissance : – conditions matérielles : prospérité économique, rôle des mécènes ; – conditions techniques : rôle des ingénieurs en architecture, mise au point des règles de la perspective en peinture. – conditions intellectuelles : influence de l’Antiquité, intérêt nouveau pour l’homme et pour son corps, recherche du beau idéal que favorise l’influence des idées néoplatoniciennes (de Platon, philosophe grec du IVe s. av. J.-C.) ; ■ La Renaissance connaît un éclat tout particulier à Florence au cours du XVe s. (avec l’architecte Brunelleschi, le sculpteur Donatello, le peintre Léonard de Vinci). Elle s’épanouit à la fin du siècle à Rome, grâce au mécénat des papes Jules II et Léon X, qui font travailler l’architecte Bramante, le peintre et sculpteur Michel-Ange, le peintre Raphaël.

NE

PAS CONFONDRE

Humanisme et Renaissance ➤ L’humanisme est un mouvement intellectuel apparu au XVe s. qui aspire à perfectionner l’homme. Pour cela, il se tourne vers l’étude des textes antiques, et il accorde une grande importance à l’éducation. ➤ La Renaissance est d’abord un mouvement artistique développé depuis l’Italie à travers toute l’Europe aux XVe et XVIe s. Par extension, le mot désigne aussi l’esprit d’une époque convaincue d’ouvrir une ère nouvelle. De ce point de vue, l’humanisme est l’une des composantes de la Renaissance. Deux mécènes, Cosme l’Ancien et Laurent le Magnifique ➤ Cosme de Médicis, dit l’Ancien (1389-1464), est d’abord un entrepreneur. Il fait de l’entreprise familiale des Médicis l’affaire la plus importante de Florence (banque, industrie de la laine et de la soie). Il n’exerce aucune charge officielle mais la famille Médicis dirige la ville de Florence, pratique un mécénat actif, s’entourant de philosophes, d’écrivains, d’artistes, crée des bibliothèques et une académie néoplatonicienne. ➤ Petit-fils de Cosme, Laurent de Médicis, dit le Magnifique (1449-1492) est d’abord un mécène ; il fait jouer à Florence un rôle politique prééminent en Italie. Mécène comme son grand-père, il s’entoure de peintres, de philosophes et d’écrivains (Marsile Ficin, Botticelli). Fresque et tableau ➤ La fresque est une peinture murale de grande dimension pratiquée sur un enduit frais qui absorbe les couleurs en séchant. L’enduit ne reste frais que 6 à 8 heures, ce qui oblige l’artiste à réaliser rapidement son œuvre, et lui interdit les retouches. ➤ Le tableau est de taille plus réduite. Peint sur un support de bois ou de toile, il répond aux commandes d’une clientèle individuelle, plus bourgeoise.

Très cher fils […], l’époque [de ma jeunesse], comme tu peux bien le comprendre, n’était pas aussi opportune ni commode pour étudier les lettres qu’elle l’est à présent, et il n’existait alors aucun précepteur qui puisse ressembler à ceux que tu as eus. Les temps étaient encore ténébreux, ils sentaient l’infélicité et la calamité des Goths, qui avaient ruiné toute bonne littérature. […] Maintenant toutes les disciplines sont restaurées, les langues mises à l’honneur : le grec, sans lequel il est honteux qu’on se dise savant, l’hébreu, le chaldéen, le latin. Des livres imprimés, fort élégants et corrects, sont utilisés partout, qui ont été inventés à mon époque par inspiration divine, comme inversement l’artillerie l’a été par suggestion du diable. Le monde entier est plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de bibliothèques très vastes. […] Pour cette raison, mon fils, je te conjure d’employer ta jeunesse à bien profiter en étude et en vertu […]. J’entends et veux que tu apprennes parfaitement les langues, d’abord le grec, comme le veut Quintilien, puis le latin et l’hébreu pour l’Écriture sainte, le chaldéen et l’arabe pour la même raison ; pour le grec, forme ton style en imitant Platon, et Cicéron pour le latin. Qu’il n’y ait aucun fait historique que tu n’aies en mémoire […]. Des arts libéraux, la géométrie, l’arithmétique et la musique, je t’ai donné le goût quand tu étais encore petit, à cinq ou six ans : continue et deviens savant dans tous les domaines de l’astronomie, mais laisse-moi de côté l’astrologie divinatrice. Du droit civil, je veux que tu saches par cœur tous les beaux textes, et me les commentes avec sagesse. Quant à la connaissance de la nature, je veux que tu t’y appliques avec soin : qu’il n’y ait mer, rivière ou source dont tu ne connaisses les poissons ; tous les oiseaux de l’air, tous les arbres, arbustes et buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tout l’Orient et du Midi. Que rien ne te soit inconnu. Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes et latins […] et, par de fréquentes dissections, acquiers une parfaite connaissance de cet autre monde qu’est l’homme. Et quelques heures par jour, commence à lire l’Écriture sainte, d’abord en grec le Nouveau Testament et les Épîtres des Apôtres, puis en hébreu l’Ancien Testament. En somme, que je voie en toi un abîme de

François Rabelais (1494-1553). Huile sur toile, école française,

XVIIe

siècle, musée du château, Versailles.

science : car maintenant que tu es un homme il te faudra sortir du repos de l’étude et apprendre la chevalerie et les armes pour défendre ma maison. Mais parce que, selon le sage Salomon, la sagesse n’entre jamais dans une âme méchante, et que science sans conscience n’est que ruine de l’âme, il te faut servir, aimer et craindre Dieu, et en Lui mettre toutes tes pensées et tout ton espoir […]. Mon fils, que la paix et la grâce de notre Seigneur soient avec toi. Amen. D’Utopie, le dix-septième jour du mois de mars. Ton père, Gargantua. François Rabelais, Pantagruel (1532), chapitre VIII.

Questions 1. Comment Gargantua juge-t-il l’évolution du monde depuis l’époque de sa jeunesse ?

6. Comment peut-on qualifier le programme éducatif établi par Gargantua ?

2. De quelles langues Gargantua recommande-t-il l’étude à son fils ? Pourquoi ?

7. À quels principes de l’humanisme se rapporte la phrase soulignée ?

3. Le programme de Gargantua est-il tourné contre la religion ? Est-ce surprenant de la part d’un humaniste ? 4. Sur quels textes le programme de Gargantua s’appuie-t-il ? Quels rapports entre ces textes et l’humanisme ? 5. Quelles disciplines Gargantua rejette-t-il ? Pourquoi ?

8. De quel lieu Gargantua écrit-il sa lettre ? À quoi ce lieu fait-il allusion ?

Sujet de composition Montrer en quoi ce texte reflète les aspirations des humanistes.

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

137

4/8

Analyser un tableau

MÉTHODE

L’Allégorie du Printemps, de Sandro Botticelli (1477-1478)



Comment faire ?

1 Présenter le tableau • Nature : Il faut préciser, si possible : – le genre : religieux, historique, mythologique, paysage, portrait ; – la forme et les dimensions ; – le support : bois, toile, papier ; – les techniques utilisées : huile, dessin, gravure. • Auteur : si son nom est mentionné, en faire une rapide présentation. • Date et contexte : un tableau est toujours le reflet de son époque. – Il faut donc le replacer dans son cadre politique, religieux, artistique. – Il ne faut pas oublier qu’il nous renseigne à la fois sur celui qui l’a commandé (le mécène), sur celui qui l’a réalisé (le peintre), sur ceux qui le verront (les spectateurs, qu’il peut avoir pour fonction d’impressionner, d’influencer, d’instruire, etc.).

2 Analyser l’image

1

Sandro Botticelli, Primavera ou L’Allégorie du Printemps, 1477-1478, Détrempe sur bois, galerie des Offices, Florence, 2,05 x 3,14 m.

• Description du tableau * la composition : elle conditionne, elle oriente le regard (présence ou absence de profondeur, distinction des plans ; lignes de force, construction) ; * la couleur et la lumière : – couleurs utilisées, chaudes (jaune, rouge…) ou froides (bleu) ; – rôle de la lumière (que met-elle en valeur ?) ; * les personnages et les objets : décrire les personnages, leurs attitudes, leurs attributs, les éléments d’architecture et les objets ; examiner les rapports et les relations qui existent entre ces éléments, comme ici, par exemple, entre le dynamisme de certains personnages, qui renvoie à la passion, et l’attitude apaisée d’autres, qui évoque la sagesse.

2

• Question 2 – Distinguer le premier plan de l’arrière-plan. Comparer les couleurs utilisées pour représenter les personnages, le sol et les arbres. Comment se répartit la lumière sur le tableau ? Comment l’artiste applique-t-il ici les règles de la perspective linéaire ? Y a-t-il convergence des lignes vers un point de fuite situé à l’horizon ? Analyser la manière dont sont ici traités les corps, les drapés et les transparences. • Question 3 – Identifier les personnages. Comparer l’attitude des uns et des autres, en distinguant ceux qui sont en mouvement et ceux qui sont statiques. Quel est le sens des gestes de la main de Vénus et de Mercure ? • Question 5 – Réfléchir à la manière dont Botticelli utilise ici la mythologie antique. – Quel sens peut avoir la confrontation entre la passion et la sagesse qu’il présente ici ? – Quel peut être l’intérêt de faire figurer une telle confrontation dans le palais d’un jeune prince ?

4

4. Dans quel contexte ce tableau a-t-il été réalisé ? 5. Quelle est la signification de cette œuvre ?

Biographie de Botticelli

Sandro Botticelli, L’Adoration des mages, 1474. Galerie des Offices, Florence, 1,11 x 1,34 m.

3

Éléments de mythologie

Botticelli

Questions 1. Présenter le document. 2. Décrire la composition et les couleurs du tableau. 3. Décrire les personnages. 4. Quelle est la signification de cette œuvre ?

4/8

Botticelli recourt ici à des allégories : il utilise des personnages de la mythologie pour représenter des idées. – Son tableau présente à droite la nymphe Chloris poursuivie par Zéphyr et transformée en Flore. Une nymphe est une divinité de la nature : Flore est celle des fleurs et du printemps, et Zéphyr qui est une autre divinité de cette saison, apporte la pluie bienfaisante. – Au centre, Vénus, déesse de l’amour et du mariage, est considérée à la Renaissance comme une déesse de la modération. Au-dessus, Cupidon, dont l’arc envoie les flèches qui déclenchent l’amour. – À gauche, les trois Grâces sont des filles de Zeus ; ce sont des Muses, qui président aux travaux de l’esprit. – À l’extrême gauche, Mercure, dieu du commerce, considéré ici comme le dieu de la conversation.

Cosme de Médicis

Une illustration des liens entre Botticelli et les Médicis qui ont servi de modèles aux personnages de la scène.

MÉTHODE

Sandro Botticelli, de son vrai nom Alessandro di Mariano Filipipi, né à Florence en 1445 dans un milieu d’artisans, a d’abord reçu une formation d’orfèvre, avant de commencer, sous la direction de Filippo Lippi, une brillante carrière de peintre. Rapidement remarqué par les Médicis qu’il représente dans son tableau, L’Adoration des mages, Botticelli se trouve, dans leur cour, en contact avec toute l’élite florentine, notamment avec les philosophes qui s’intéressent à Platon et dont les réflexions inspireront certaines de ses œuvres. Peintre réputé, il réalise de nombreux tableaux, dont Primavera et La Naissance de Vénus. En 1492, les Médicis sont chassés de Florence et le moine Savonarole établit dans la cité une dictature puritaine (1494-1498). Botticelli a peut-être partagé les idées de Savonarole ; on n’en a pas la certitude, mais à la fin de sa vie, son œuvre évolue dans un sens plus mystique. Botticelli meurt en 1510 à Florence où il a vécu presque toute son existence. Oubliée pendant plusieurs siècles, sa peinture n’est redécouverte qu’au XIXe s.

138

3 Aide pour répondre aux questions

Application

Questions 1. Présenter le document. 2. Décrire la composition et les couleurs du tableau. 3. Décrire les personnages.

• Explication – Repérer les influences observables dans la forme (techniques utilisées) et dans le fond (thèmes traités) : ici, les références à la mythologie antique sont un élément caractéristique d’un tableau de la Renaissance ; – se demander ce qu’a voulu exprimer l’artiste ; – se demander aussi si l’œuvre est représentative de son époque, ou si au contraire elle est en rupture avec elle.

Laurent de Médicis

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

139

Vers le BAC

쑺쑺쑺

Explication d’un document

Méthode

(3/3)

Sujet : Tableau de Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, 1533

1 Avant de répondre aux questions, il faut …

A

a. Observer attentivement le tableau – Utiliser les éléments d’identification dans le titre ; – en déterminer le genre (peinture d’histoire, peinture religieuse, portrait ou nature morte) et la technique (à base d’eau, de gomme, de colle, d’œuf ou de peinture à l’huile). – l’examiner attentivement. Les détails sont nombreux : l’âge des personnages est indiqué sur le fourreau du poignard pour l’un, sur la tranche d’un livre pour l’autre.

c. Compléter ses informations. – Le tableau est signé et daté : se renseigner sur la carrière de l’artiste (voir la biographie de Holbein le Jeune, sinon consulter un dictionnaire ou une encyclopédie de la peinture). – Le titre renvoie à deux personnages dont les noms sont connus. La consultation d’un dictionnaire et un examen attentif du tableau peuvent permettre d’en savoir plus sur eux.

B

Jean de Dinteville

– dans le cas particulier de ce tableau : l’observer en se déplaçant sur le côté pour déchiffrer l’anamorphose. b. Procéder comme pour tout autre document : le replacer dans son contexte historique : c’est la période de l’humanisme et de la Renaissance.

E

Georges de Selve

G C

D

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ho

orp nam

a

F

Définitions 2 Attitude critique face à l’œuvre On peut étudier l’œuvre d’un point de vue anecdotique : recherche des éléments d’identification des deux personnages, caractérisation du décor et des accessoires. On peut aussi y rechercher les centres d’intérêt de l’artiste et de ses modèles.

Le nombre d’or (앓 1,618) définit un rapport de proportion idéal qui assure l’harmonie de la composition. Il est tel si, dans un rectangle ABCD : le total des dimensions AB + BC / AB = AB / BC. Une anamorphose est la représentation déformée d’un objet, d’un animal, d’un visage selon une projection géométrique complexe. Pour retrouver la forme initiale, l’observateur doit se déplacer ou utiliser un verre cylindrique.

3 Aide pour répondre à certaines questions • Aide à la question 1 : Présenter le document. Comment l’œuvre est-elle composée ? Repérer les lignes directrices, la disposition des personnages et des accessoires, les couleurs. Utiliser le schéma.

Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, 1533.

BIOGRAPHIE Hans Holbein le Jeune

Questions 1. Présenter le document. Comment l’œuvre est-elle composée ? 2. Décrire les deux personnages. Montrer que l’œuvre est un portrait. 3. Étudier le décor et les accessoires. Pourquoi peut-on considérer que l’œuvre est aussi une nature morte ? 4. À quoi reconnaît-on le caractère scientifique ? 5. Montrer qu’on peut en faire une lecture humaniste et spirituelle.

140

■ 1497 : naissance à Augsbourg. ■ 1515 : installation à Bâle où Holbein fait des débuts prometteurs (gravures, portraits) et se lie avec Érasme. ■ 1519 : inscription à la guilde (association) des peintres de Bâle. ■ 1519-1524 : œuvres décoratives, œuvres religieuses, portraits. ■ 1524-1528 : séjours à Paris et à Londres (Holbein est le protégé de Thomas More) puis retour à Bâle. ■ 1532 : installation en Angleterre ; portraits de riches marchands allemands, d’aristocrates anglais. Holbein devient le peintre d’Henri VIII. ■ 1543 : Holbein meurt de la peste.

La description doit être ordonnée : posture, visage, costume, parure. À quelle(s) catégorie(s) sociale(s) appartiennent-ils ? • Aide à la question 3 : Étudier le décor et les accessoires. Pourquoi peut-on considérer que l’œuvre est aussi une nature morte ? La description doit, ici aussi, être ordonnée. Comment les objets sont-ils disposés et mis en valeur ? • Aide à la question 4 : À quoi reconnaît-on le caractère scientifique ? Rassembler les observations faites sur la composition, l’anamorphose, le décor et les accessoires. • Aide à la question 5 : Montrer qu’on peut en faire une lecture humaniste et spirituelle. À quels domaines de la connaissance les objets se rapportentils ? Recenser les références à la mort (corde de luth cassée, ornement de la toque, anamorphose, par exemple). Que signifient-elles ?

❚ CHAPITRE 6 ❚ Les débuts de l’humanisme et de la Renaissance

141

Vers le BAC

Huile sur bois (2,07 x 2,09 m), National Gallery, Londres.

Réponse proposée : Les Ambassadeurs est un tableau peint par Holbein le jeune en 1533, alors qu’il est installé en Angleterre depuis un an et qu’il a déjà réalisé de nombreuses œuvres. Le tableau représente un ambassadeur de François Ier auprès d’Henri VIII et son ami. Le panneau a été peint à l’huile. L’œuvre est conservée à la National Gallery de Londres. La composition semble simple : la ligne verticale principale (coude, luth, tête de l’anamorphose) est décalée vers la droite. Les lignes horizontales sont plus marquées : horizontalité des yeux des personnages, des plateaux de la console. Les objets posés sur la console s’inscrivent dans un angle dont le sommet est la pointe du triangle du pavement et dont les côtés joignent les deux globes d’une part, le luth et la main droite de l’évêque d’autre part. Le luth (en G) dessine un carré avec le haut et le côté gauche du tableau (carré AEGD). Le triangle central attire l’attention sur l’anamorphose. La disposition des couleurs (fond vert, détails rouges) renforce les lignes horizontales.

• Aide à la question 2 : Décrire les deux personnages. Montrer que l’œuvre est un portrait.