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12 janv. 2017 - moment, supprimé notre abonnement à Médiamétrie car je trouvais la course à l'audimat insupportable. • La culture est une dimension de ...
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Sitem 2017 : « Certes, la culture est une industrie, mais elle est avant tout un art » (Jérôme Clément) Paris – Publié le jeudi 12 janvier 2017 à 11 h 10 - Actualité n° 84632

« L’industrie culturelle et le secteur culturel jouent un rôle dans le secteur économique, mais mettre la culture dans une équation économique me paraît une erreur. Certes la culture est une industrie, mais c’est d’abord un art, une dimension humaine qui doit avoir une place à part car elle touche à d’autres cordes qu’uniquement celles de la compétitivité ou de la rentabilité », déclare Jérôme Clément, président de la Fondation Alliance Française, lors de l’atelier Industries Créatives Conseil organisé dans le cadre du 21 Sitem aux Docks Cité de la mode et du design à Paris le 10/01/2017. e

« Les collectivités territoriales ont quelquefois les mêmes défauts que l’État. Elles fonctionnent en silos et certains pensent encore que la culture coûte mais ne rapporte pas. Le budget culture de la Région Grand Est est de 58 millions d’euros sur un budget total d’environ 2 milliards d’euros. C’est peu, mais pour certains, c’est toujours trop. Les grands territoires donnent aujourd’hui la possibilité de construire un vrai intérêt régional. Une politique régionale n’est pas l’addition de grandes structures mais le fait de mettre des acteurs en réseau pour qu’ils mettent en place des projets. Le travail de l’élu est de mettre en place un terrain fertile pour les artistes et les directeurs de structures afin qu’ils puissent mettre en œuvre des projets culturels », ajoute Pascal Mangin, président de la commission culture de la Région Grand Est. Pierre Dutilleul, directeur général du Syndicat National de l’Édition, participait également à cet atelier, modéré par Christophe Rioux, universitaire, écrivain et journaliste, fondateur d’Industries Créatives Conseil.

Pascal Mangin - Jérôme Clément - Christophe Rioux - Pierre Dutilleul - © News Tank

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« Considérer les industries culturelles et créatives uniquement sous le spectre économique est une grave erreur » (Jérôme Clément)    



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« L’envahissement de la sphère publique, la sphère sociale, par l’économique dénature le discours politique. Le temps consacré à la culture ne doit pas forcément être mis sous un angle de part de marché. L’industrie culturelle et le secteur culturel jouent un rôle dans le secteur économique mais mettre la culture dans une équation économique me paraît une erreur. Certes la culture est une industrie, mais c’est d’abord un art, une dimension humaine qui doit avoir une place à part car elle touche à d’autres cordes qu’uniquement celles de la compétitivité ou de la rentabilité. Chez Arte, je me suis toujours battu contre la dictature de l’audimat. J’avais d’ailleurs , à un moment, supprimé notre abonnement à Médiamétrie car je trouvais la course à l’audimat insupportable. La culture est une dimension de l’activité humaine qui a sa spécificité. La France est connue, repérée, comme un pays qui a une âme, une histoire, un patrimoine. Tout cela joue dans l’inconscient collectif international. L’exception culturelle entre dans ce principe. On a toujours eu cette position singulière qui transcende les clivages politiques. On accepte l’idée qu’on donne une place à part à la culture, qui n’est pas une marchandise comme les autres. Considérer les industries culturelles et créatives uniquement sous le spectre économique est non seulement une erreur, mais surtout une faute. La question culturelle ne doit pas sortir de la réflexion collective. Je suis inquiet de voir, depuis quelques années, cette dimension essentielle sortir du champ politique. C’est une grave erreur. Il faut absolument que les projets politiques se ressaisissent du sujet culturel et nous parlent d’autre chose que de la fiscalité et de la sécurité. » Jérôme Clément, président de la Fondation Alliance Française

« La France fait partie des leaders de l’édition dans le monde » (Pierre Dutilleul)    



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« La France, mais surtout l’Europe, a une particularité dans l’édition. Sur les dix groupes d’édition dans le monde, sept sont européens. La France fait partie des leaders. 73 % des Français indiquent qu’ils ont lu au moins un livre dans l’année qui précède. La moyenne européenne est de 68 %. 35 % des personnes qui visitent notre pays disent qu’ils le font à des fins culturelles. Notre influence se fait aussi par les ouvrages que nous importons et que nous traduisons dans notre langue. Ces traductions, dans l’édition française, représentent 17 % du total du chiffre d’affaires de l’édition. Par le biais de cessions de droits, nous faisons en sorte que nos ouvrages soient traduits dans des langues étrangères (environ 7 %). La Chine, l’Italie, l’Espagne, la Pologne et la Corée du Sud sont les principaux acheteurs. Les États-Unis ne figurent pas parmi les 20 premiers pays qui achètent nos droits. Il n’y a pas d’industrie créative s’il n’y a pas de créateurs. De fait, nos créateurs doivent être mis en valeur. La France a nommé une sorte d’ambassadeur, Jacques Toubon, pour défendre la fiscalité des biens culturels en Europe. Si nous obtenons pour le livre numérique un taux réduit de TVA, 2 Newstank – Actualité 84632

nous

le

devrons

beaucoup

à

cette

nomination. »

Pierre Dutilleul, directeur général du Syndicat National de l'Édition

« Dans la Région Grand Est, certains pensent encore que le Centre Pompidou Metz est une folie qui coûte trop cher » (Pascal Mangin) 

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« Pour la Région Grand Est, l’avantage de la réforme territoriale est qu’elle nous permet d’atteindre une forme de masse critique pour être plus influents, plus percutants, aux yeux de nos partenaires. Je rappelle que nous disposons de quatre frontières (Suisse, Allemagne, Luxembourg et Belgique). Les collectivités territoriales ont quelquefois les mêmes défauts que l’État. Elles fonctionnent en silos et certains pensent encore que la culture coûte mais ne rapporte pas. Le budget culture de la Région Grand Est est de 58 millions d’euros sur un budget total d’environ 2 milliards d’euros. C’est peu, mais pour certains, c’est toujours trop. Les grands territoires donnent aujourd’hui la possibilité de construire un vrai intérêt régional. Une politique régionale n’est pas l’addition de grandes structures mais le fait de mettre des acteurs en réseau pour qu’ils mettent en place des projets. Le travail de l’élu est de mettre en place un terrain fertile pour les artistes et les directeurs de structures afin qu’ils puissent mettre en œuvre des projets culturels. J’incite les festivals à travailler entre eux pour que, d’ici deux ou trois ans, nous ayons des propositions communes. La collectivité ne doit pas enfermer mais faire en sorte que des initiatives émergent. Quand on a une région avec beaucoup d’élus, le danger est que chaque élu se préoccupe d’abord de son propre territoire. C’est nocif pour l’intérêt régional. Dans la région à laquelle j’appartiens, certains pensent encore que le Centre Pompidou Metz est une folie qui coûte trop cher. Quand certaines personnes ne sont pas prescriptrices des initiatives de leur propre territoire, cela ne renvoie pas une bonne image. Il faut créer un consensus pour qu’une majorité de personnes considèrent que le chemin qui est pris est le bon. J’invite vraiment à considérer que chacun doit, là où il est, prendre ses responsabilités. Aux acteurs culturels de mettre la pression aux élus et aux élus de dire aux acteurs culturels “proposez nous des actions nouvelles”. » Pascal Mangin, président de la commission culture de la Région Grand Est

Article reproduit avec l’aimable autorisation de News Tank Culture © NTC 2017

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