SANDRINE PELLETIER
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2009/2013
Exposé et relayé depuis 2003, le travail de Sandrine Pelletier s'est d'abord construit à partir d'une production d'objets reprenant des modes d'élaboration empruntés aux arts populaires, aux Arts & Crafts, de leur acception la plus noble à la plus triviale, pour élaborer un corpus d'oeuvres autonomes, liées à l'idée de détournement et à une expérimentation des limites des matériaux, depuis ses première broderies jusqu'aux installations monumentales à base de fil, et aux interventions urbaines. Le trompe l'oeil, l'illusion et l'illusionnisme sont des vecteurs à la fois techniques et métaphoriques prépondérants dans la conception des pièces de Sandrine Pelletier, tout autant que la mise en scène, le display, le storytelling (Sisterhood, 2013). Il s'agit pour Sandrine Pelletier d'absorber habilement la pratique artisanale dans un dialogue perpétuel entre l'objet et sa représentation, entre la matière et le symbole (Parade, 2009-2011), avec les outils de l'art conceptuel et de l'art minimal associés au folklore et aux objets ordinaires. La singularité du travail de Sandrine Pelletier réside dans sa capacité à renouveler la densité des niveaux de lecture et de perception de son univers visuel et à étendre les domaines de la pratique artistique envisagée dès lors comme une activité totale, et un exercice mental. Le passage à la dimension de l'installation et l'élaboration de structures/sculptures à la réalisation complexe, mais au dispositif élémentaire, ont progressivement permis au travail de Sandrine Pelletier de radicaliser sa fascination pour l'artifice et de l'objectiver. Véroniques (2010), puis, Bone Fire (2010) s'inscrivent dans cette évolution conceptuelle et formelle de l'artiste, installations utilisant le thème et le principe même de la vanité: un ensemble de miroirs conservés dans la terre et dont le tain a été volontairement et minutieusement détérioré à l'acide. A la fois sculpture et anti-sculpture, dont les surfaces réfléchissent autant qu'elles dissimulent et dévoilent pour finalement disparaître. En accélérant le processus du temps sur l'instrument même de l'orgueil et de la beauté, le miroir, Sandrine Pelletier magnifie ici ses thèmes de prédilection: la métamorphose, le rituel, la légende. A l'instar de la série de dessins réalisés et imprimés en Egypte, rehaussé à la main et réunis dans le recueil Gohanameya (2013), Sandrine Pelletier poursuit une recherche esthétique autour de la ligne, du motif et de la figure. Elle y explore plus avant la dimension occulte de l'œuvre, comme dans ses pièces les plus récentes (Nafas, 2012), où elle manipule symboles, symbol- iques, perspectives et jeux optiques. Aeg Yesoodth Ryobi Ele_emDrill! (2011) est également une forme géométrique autour de laquelle le regardeur peut tourner jusqu'à en découvrir la lecture à partir d'une multitude de points de vue possibles, tour à tour dessin dans l'espace, enchevêtrement de poutres de bois, étoile et pentacle. Le travail des matériaux à travers l'usage et la maîtrise du feu est un élément essentiel de ces dernières sculptures où la destruction contenue produit une sorte de vestige du rituel jusqu'à en faire un nouvel objet de rite.
Baron Osuna
BONEFIRE CAC (Centre d’art contemporain de Genève) Bois, miroirs (4,5 x 2,3 x 2,8 m) 2010
VERONIQUES In absentia, Super Window Project, Art-o-rama, Marseille, France Miroirs (4 x 40 x 130 cm) 2010
AEG YESOODTH RYOBI ElE_EMDRILL! CAC (Centre d’art contemporain de Genève) Bois et cendre (380 x 380 x 380 cm) 2011
NAFAS La Jeunesse est un art / Jubiläum Manor Kunstpreis 2012 (Aargauer Kunsthaus) Bois et plâtre (380 x 380 x 490 cm) 2012
GOHANAMEYA Livre d’artiste imprimé, (17 x 21 cm) relié et réhaussé au fusain. 100 pages (anglais/arabe), 50 exemplaires numérotés et signés 2012
Al Qahira, Cairo, le Caire. Cthulhu des mille et une nuits à la langue poreuse et importune. Le chaos, partout. Du bruit, en permanence. Des âmes, par millions. Le quartier d'Héliopolis, fondé par le Baron Empain. Un belge excentrique, pléonasme exotique et colonial. Son étrange palais Hindou domine à la ronde, cherchant les rayons d'un soleil de plomb. Architecture incongrue et outrageuse, sortie d'une imagination de tous les possibles. Miroirs polis, déchaussés de leur cadres autrefois or et glorieux, fresques murales défraîchies et effacées, escalier monumental et chefs-d'œuvre de marqueterie recouverts d'excréments de chauves-souris. Folie d'hier, aujourd'hui à l'abandon. Une haie florale presque innocente, couleurs vives et chatoyantes, encercle le jardin. Des Gohanameya*, substitut épineux au fil de fer barbelé. Et la rumeur court toujours. Légendes d’esprits malveillants, satanistes et dealers de drogues. Les murs, recouverts de sang de rat, des prénoms comme des incantations. 1990, âge d'or du metal égyptien. La nuit tombée, les jeunes metalheads squattent le Palais du Baron. Un espace de liberté dans un cadre décadent. Une musique violente et oppressante comme seule résistance. Cheveux longs et têtes hautes. Sorciers en terre sainte. Bière, concerts et marginaux qui rôdent. La chasse est lancée, la sanction sans appel. Un palace désormais surveillé et des dizaines de jeunes sous les verrous, à titre d'exemple. Metalheads, Black et Death Metal, forces d’opposition désorganisées. Face à un gouvernement répressif et des autorités religieuses de plus en plus intransigeantes, la dilution progressive est inévitable. Norme et musique à la guimauve reprennent la main. Ici, dans la cité kaléidoscopique, on parle politique, partout et dans toutes les ruelles. Les oreilles sont partout, le voisin affable, le chauffeur de taxi jovial. Des yeux vous épient de toutes parts. Et le troisième, dans le marc de café ou sur une porte. Ramsa! La multitude se soulève, assoiffée, en quête de jours meilleurs. Personne ne sait vraiment quoi, où et surtout comment. Une horde de manifestants, un vibrato distinct auquel s’ajoute l’appel à la prière du soir. Componium du chaos. Cairo dans la fosse. Une nouvelle génération calque ses ainés. Des visages lisses et juveniles émergent de Mosh Pits endiablés. Jeunesse égyptienne insatiable. Cercles moites, boucles brunes, voiles et ceintures cloutées. La fraise, surnom sucré pour la drogue préférée du Sinaï post révolutionnaire. Le Tramadol, analgésique d’une Egypte en douleur. Shoot de colle dans des sacs en plastique blancs contre canne à sucre au comptoir des échoppes de jus de fruits. Des hauts-parleurs cirés et noirs comme les bouches et les yeux. Allah Akbar. Vie nocturne et métallurgie de quartier. Un âne mort enrubanné de pompons de laine jonche sur le côté de la route. La pleine lune, les rues poussiéreuses. Enfants, poules, chats zombies et stands de poisson. Le black metal s’incarne dans la rue, chez les souffleurs de verre, sur un tas de poubelle ou dans un microbus. Symphonie de klaxons sans chef d’orchestre, lettres solaires contre lettres lunaires. Al-Qahira jamais vraiment décontractée et extrême, extrême en permanence. Ses véhicules noirs et millénaires. Poussière compacte, poumons à vif et paille de riz se consumant. Tu suffoques, tu gémis. Cairo, comme un écho au Kairos du moment présent. Allégorie de l'occasion opportune, représentée chez les grecs en jeune garçon ailé constamment en mouvement. Kairos et son épaisse touffe de cheveux, pour mieux le saisir et ne pas laisser filer l’éventualité de l’instant. Kairos, Cairo, le Caire, sentir et ressentir. Une dimension du temps à son rythme, une profondeur dans l'instant et l’émotion comme seule mesure. Al-Qahira, la cité victorieuse où l'instant fugitif est soumis au hasard, mais toujours lié à l'absolu. Un moment de basculement décisif ou de rupture. Cairo blanche et noire. L'instant où une foule se réveille et gronde, où une décision est prise, où tout peut basculer. Sandrine Pelletier, juin 2012
*littéralement Plante de l'enfer
SISTERHOOD MCB-A (Musée cantonal des Beaux-arts de Lausanne) Bois, textile, métal, résine (300 x 220 x 30 cm) 2013
PARADE Nylon (450 cm ø) Artissima 18, Super Window Project, Turin. Courtesy Collection Caldic, Pays-Bas 2009-2011
SCARAB Collaboration avec le groupe de metal égyptien Scarab. 28' Ambre, vinyle, bois Disque: 33 cm ø / Boîte: 36 x 36 cm 2013 50 exemplaires numérotés et signés
SANDRINE PELLETIER Née en 1976 à Lausanne Vit et travaille à Lausanne et à Paris FORMATION / DISTINCTION 2012 Résidence atelier du Caire de la Ville de Lausanne 2010 Cité internationale de la tapisserie, Aubusson (finaliste) 2004 Swiss Design Award, Bâle 2002 Ecole cantonale d’art de Lausanne, Lausanne 1999 CEPV, Ecole d’arts appliqués, Vevey EXPOSITIONS PERSONNELLES 2013 Galerie Rosa Turetsky, Genève 2010 Grand Tour, Galerie Rosa Turetsky, Genève 2009 Time To Clown Around, Galerie Taché-Levy Bruxelles GoodBye, Galerie Pieceunic, Genève Out For Lunch, Espace Doll, Lausanne Pays Extérieurs, Super Window Project, Kyoto 2008 Insekts, Fette's gallery, Los Angeles 2006 Défi Fantastique, le Centre culturel français de Milan. Curateur: Baron Osuna Angoraphobia, Galerie Taché Lévy, Bruxelles Allô Allô?, Madame Paris, Les nuits sonores, Lyon 2005 Catwalk, Tsumori Chisato, Paris, France Damoisie, Galerie Frank, Paris MP, Madame Paris , Galerie Basta, Lausanne EXPOSITIONS DE GROUPE 2013 Accrochage Vaud, Musée des Beaux Arts de Lausanne Art Brussels, Super Window Project, Bruxelles Géométrie Variable, Domaine des Crayères, Reims. Curateur: Baron Osuna Last Exit to Ordalia, Paris. Curateur: Marco Costantini Bromer Art Collection BAC, Roggwil Eqqus, La Nef, Le Noirmont. Curateurs: Sylvie et Gérard Aubry 2012 Contemporain...ou bien? Collection BCV - Musée de l'Hermitage de Lausanne Trait Papier, Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds. Curateur: Karine Tissot La Jeunesse est un art, Aargauer Kunsthaus. Commissaire: Madeleine Schuppli In absentia, Super Window Project, Art-o-rama, Marseille Espace Aéré, Jardin de l'école nationale supérieure d'art de Nancy 2011 Bourses, centre d'art contemporain de Genève De l'hétérogène, Art & Rapy x Super Window Project, Monaco Incongru, Musée des Beaux Arts de Lausanne Un jardin, Super Window Project / ACDC, Art-o-rama, Marseille Triennale de Tournai, Belgique Les Nuits Parisiennes, L'éclaireur, Paris Echoes, centre culturel suisse, Paris 2010 Black Mirror, Arsenic, Lausanne. Curateur: Marco Costantini Pas du Jeu, Manoir de Martigny. Curateur: Véronique Ribordy A chacun son dessin, Galerie Rosa Turetsky, Genève 2009 Panic! Espace musée Arlaud, Lausanne. Curateur: Daniel Ruggiero Fils croisés, Galerie L-J Beaubourg, Paris Sur Le fil, Maison folie Wazemmes, Lille Transit, street intervention, Renens Art Osaka, avec Super Window Project, Kyoto
Art Brussels, avec Taché-Levy Gallery Will your white hair turn black again?, Galerie Rosa Turetsky, Genève Prix de Lausanne, collection Repetto, Hôtel de Ville de Lausanne Kitch & Catch, Sèves (France) Fiber show, Lyons Wier Ortt Gallery, New York La marque jeune, musée d’ethnographie, Neuchâtel 2008 Kitch & Catch, Lille. Curateur: Barnabé Mons 2007 Aqua Art Fair (#105), Miami Robert Berman Gallery, Santa Monica Bestial, Musée Arlaud, Lausanne Serie Noire, Villa Bernasconi, Genève. Curateur: BySelf, Marseille A.K.A, Fette's gallery, Los Angeles Voltashow 03, Basel / ArtBrussels 07 Knochen Regen (avec Lauris Paulus) Galerie Lucy Mackintosh, Lausanne Nit/Threads, Koroska Gallery of Fine Arts, Slovenj Gradec, (Slovenia) Eau Sauvage part II, Fieldgate gallery, Londres. Curateurs: Jean-Luc Manz, Juan Bolivar, Marco Costantini Alone in the Dark, Galerie Bortier, Bruxelles. Curateur: Justin Morin Séries et Multiples, Espace Eugène Beaudouin, Antony 2006 La Nuit des Musées, Collection BCV, Lausanne. Curateur: Catherine Othenin-Girard Galerie Ravenstein, Bruxelles Can Buildings curate, galerie Lucy Mackintosh, Lausanne Eau sauvage, galerie Lucy Mackintosh, Lausanne. Curateurs: Jean-Luc Manz, Juan Bolivar, Marco Costantini 2004 Unpainted, Villa Grisebach, Berlin Swiss design, winner of the federal design competition, Museum Bellerive, Zürick 2003 Lee 3 Tau Ceti Central Armory Show, Villa Arson, Nice. Curateurs: Stéphane Magnin et Laurence Gateau Graduation work, Elac, Lausanne Signes des écoles d’arts, Centre national d’art moderne Georges Pompidou, Paris COLLECTIONS BCV Lausanne, Ville de Lausanne, Kunstmuseum Liechtenstein, Caldic Collection WORKSHOPS / JURYS / ENSEIGNEMENT ENBA (Lyon), Head (Geneva), ESAH (Le Havre). PUBLICATIONS PERSONNELLES 2012, Gohanameya, anglais/arabe, livre d’artiste à 50 ex.100 pages 2011, SP, magazine Français, 16 pages - Texte par Marco Costantini 2011, English Boyfriend, Lithographie - éditions 20/20, Lausanne 2006, This book was made for my cat Figaro by Sandrine Pelletier Anglais, 48 pages, textes par Marguerite Pilven & Marco Costantini PUBLICATIONS COLLECTIVES Trait Papier, Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds, 2012 La Jeunesse est un art, Aargauer Kunsthaus, 2012 Incongru, Musée des Beaux Arts de Lausanne. Ed. Infolio, Gollion - 196 pages - 2011 Echoes, Centre culturel suisse, Paris. Ed. Centre culturel suisse - 96 pages - 2011 Black Mirror/In Between Out, Arsenic, Lausanne. Ed. Sang-Bleu - 130 pages - 2010 Pas du Jeu, Manoir de Martigny. Ed. Art-Ray - 48 pages - 2010 Transit, street intervention, Renens. Ed. Ville de Renens - 80 pages - 2010 La marque jeune, musée d’Ethnographie, Neuchâtel. Ed MEN - 266 pages - 2009 Kitch & Catch, Lille. Ed. MIAM - 80 pages - 2008 Nit/Threads, Koroska Gallery of Fine Arts, Slovenj Gradec. Ed. Koroska - 48 pages - 2007 Unpainted, Villa Grisebach, Berlin. Ed. Grisebach - 40 pages - 2004 Lee 3 Tau Ceti Central Armory Show. Ed. Les presses du réel - 139 pages - 2004 Signes des écoles d’arts, Centre national d’art moderne Georges Pompidou, Paris Éd. du Centre Georges Pompidou - 128 pages - 2003