Russie

un opéra à Alexandre Borodine. Le 19e siècle consacre le siècle d'or de la littérature russe : de .... LES SERVICES SECRETS SOVIÉTIQUES. Très vite après la ...
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Carnet de voyage

La H

Russie

Tintin au pays des Soviets H

Synopsis à la (re)découverte du plus grand pays du monde ! Tintin et Milou embarquent le 10 janvier 1929 pour un pays qui n’existe plus : l’Union soviétique, ce « pays des Soviets » qui donne son titre à la première aventure de l’intrépide reporter du Petit Vingtième. Union soviétique, Russie : quelle différence ? énorme ! Le présent carnet de voyage vous emporte à la fois dans un état qui n’existe plus et dans un pays bien vivant. Pour comprendre tout cela, lisez attentivement les volets « histoire » et « géographie » de ce carnet de voyage. Ainsi, vous serez prêts à mieux comprendre et aimer le plus grand pays du monde par la superficie !

à savoir

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A

vec ses 17 075 200 km², la Russie est bien le plus étendu des pays du monde. Et encore : elle ne représente qu’environ 75 % de ce qu’était l’Union soviétique, qui englobait des républiques actuellement indépendantes comme l’Ukraine, la Géorgie, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, pour ne citer que les plus économiquement fortes (notamment grâce à des ressources naturelles comme le pétrole). Le territoire russe s’étend depuis l’Europe, à l’ouest, jusqu’à l’océan Pacifique, à l’est, en passant par le nord de la Chine. Les pays entourant la Russie : à l’ouest : Finlande, Norvège, Estonie, Lituanie, Belarus, Ukraine. Au sud : Géorgie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Chine, Mongolie, Corée du Nord. Il ne faut pas oublier l’enclave de Kaliningrad, bordée, au sud, par la Pologne, et la Lituanie, au nord-est.

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Nombre total d’habitants : Au début de l’année 2010, on dénombrait 140 041 247 habitants, soit une densité de 8,2 habitants par km². Selon les régions, on trouve de fortes concentrations de personnes (Moscou, par exemple), ou des territoires pratiquement déserts. Les différentes populations : Les Russes représentent 80 % des habitants ; les Tatars, 4 %. Le reste (16 %) se répartit en une multitude d’ethnies.

Victory Day sur la Place Rouge, Moscou, 8 mai 2007

Légende de la carte A. République socialiste fédérative soviétique de Russie (R.S.F.S.R.) B. République socialiste fédérative sociétique d’Ukraine C. République socialiste fédérative de Russie blanche D. République socialiste fédérative sociétique des Kazakhs E. République socialiste fédérative soviétique de Géorgie F. République socialiste fédérative soviétique d’Azerbaidjan G. République socialiste fédérative soviétique de l’Arménie H. République socialiste fédérative soviétique des Turkmens I. République socialiste fédérative sociétique des Ouzbeks J. République socialiste fédérative sociétique des Kirghizs K. République socialiste fédérative sociétique des Tadjiks

Les religions : 15 à 20 % des Russes se réclament de la religion chrétienne orthodoxe. Avec 10 à 15 %, les musulmans représentent la deuxième religion du pays. Capitale : Moscou. Population : 10 452 000 habitants.

Les villes principales : Saint-Pétersbourg (4 553 000 habitants), Novossibirsk (1 390 000), Lékaterinenbourg (1 313 000), Nijni Novgorod (1 278 000).

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Régime politique : La Russie est une république fédérale de type démocratique. Depuis le 7 mai 2008, son Président est Dimitri Medvedev (né le 14 septembre 1965). Le Premier ministre n’est autre que l’ancien Président, Vladimir Poutine (né le 7 octobre 1952). L’énorme territoire est divisé en 7 districts. Ces derniers englobent 49 provinces, 21 républiques autonomes, 6 territoires, 1 région autonome, auxquels s’ajoutent 10 districts autonomes et deux villes fédérales. Le type de climat : Facile ! à part le tropical, tous les climats sont représentés. Les paysages sont très divers, depuis la montagne jusqu’à la Toundra, en passant par des déserts et des régions marécageuses.

Le Palais Stroganoff Saint-Pétersbourg

Le centre-ville vu du pont Kanavinski à Nijni Novgorod

Novossibirsk sur l’Ob

L’étang municipal de Lékaterinenbourg

paysages et géographie

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la toundra

C’

est la région au Nord de la Russie. Paysage aride, désolé. Climat hostile. La plaine est balayée par des vents glacés. Seuls les mousses et lichens survivent en hiver. L’été est la saison des hautes herbes et des bruyères.

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Le sous-sol au nord de la Toundra est très riche : gaz naturel, cuivre, or, diamants, charbon, nickel, cobalt… Les conditions météorologiques éprouvantes ont empêché une exploitation massive de ce sous-sol. Aujourd’hui, des moyens les plus sophistiqués permettent de contourner l’obstacle, et certains n’hésitent pas à dire que la toundra pourrait devenir une des régions les plus riches de la planète. C’est le pays des Esquimaux, Lapons et Samoyèdes, qui vivent principalement de pêche, mais aussi de viande de rennes. Le renne est l’animal le plus représentatif de la toundra.

Autoportrait de Sergei Mikhailovich Prokoudine-Gorski / Collection Sergei Mikhailovich Prokoudine-Gorski (Library of Congress)

le caucase

C’

est la frontière naturelle la plus évidente entre l’Europe et le Moyen Orient. C’est aussi l’endroit du monde où se côtoient le plus de populations différentes, tant par leurs origines que par leurs coutumes et leurs religions. Au Sud, la Géorgie baigne dans un climat méditerranéen. Pas étonnant que cette république soit connue pour ses vins ! Avec les Arméniens, ils partagent la religion chrétienne orthodoxe.

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Plus au Sud, l’Azerbaïdjan abrite des populations d’origine turque et de religion musulmane. La région est très sensible : riche en pétrole (à Bakou, notamment), elle est voisine de l’Iran. Chacune de ses communautés présentes dans le Caucase sont très attachées à leurs traditions et à leur indépendance vis-à-vis de populations plus nombreuses. Les choses se compliquent, quand on sait que certaines de ces populations minoritaires ont émigré d’Asie, comme les Ossètes et les Kalmouks.

Le Caucase

la taïga

U

ne image de la Taïga ? Le sapin ! Les forêts de conifères reculent cependant devant les campagnes, où se pratiquent la culture, essentiellement, de la pomme de terre, et l’élevage de bétail, ainsi que l’apiculture, comme en témoignent les innombrables ruches qu’aperçoit le voyageur.

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Inutile de préciser que les forêts abritent de nombreuses espèces d’animaux en liberté : ours, élans, loups, cerfs et le tigre de Sibérie, dont la préservation fait l’objet d’accords internationaux et mobilisent les organisations de défense de la nature. Faut-il s’étonner que la Taïga est devenue célèbre pour son commerce de fourrure. Dès l’Antiquité, les Grecs, les Perses et les Chinois s’y fournissaient.

La Taïga

la sibérie

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ù trouve-t-on une région où la température d’hiver varie entre -51°, en moyenne, et -69°, les mauvais jours ? En Sibérie, évidemment ! Nous ne sommes pas loin du Pôle Nord et l’été, ici, ne dure que trois mois. Ce qui n’empêche pas les températures… sibériennes.

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L’habitat typique est l’isba, une maison en bois, au cœur de laquelle se trouve un four de pierre ou, pour les plus récents, en céramique. Les occupants dorment au sommet de ce four. La nature du sol sibérien est un permafrost, aussi appelé pergélisol ou permagel, c’està-dire, un sol qui ne dégèle jamais entièrement. Il semble que sous l’influence du réchauffement climatique global, la pérennité du permafrost pourrait être en danger.

Prisonniers de guerre autrichiens à proximité d’une caserne, (Carélie) prisionniers de guerre austro-hongrois en Russie, 1915 Collection Sergei Mikhailovich Prokoudine-Gorski (Library of Congress)

la steppe

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a steppe représente un extraordinaire réservoir de la biodiversité. Outre les chevaux, qui firent la réputation des Huns d’Attila et des Mongols de Gengis Khan, on y trouve plusieurs variétés d’ânes à l’état sauvage, les derniers exemplaires de l’antilope saïga. Les habitants de la steppe (Kazakhs, Turkmènes et Kirghiz) ont conservé une existence semi-nomade. Ce qui fait d’eux d’excellents cavaliers ; autrefois, leurs interventions sur les champs de bataille étaient redoutées par leurs ennemis.

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Leur habitat typique est la yourte, sorte de tente circulaire en feutre. On leur doit le yogourt et le koumys, une sorte de bière.

Ci-dessus : Kirghizes dans le Karakorum Ci-contre : la steppe

les fleuves

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vec ses 3 700 kilomètres de long, la Volga traverse la Russie, du nord vers la Mer Caspienne. C’est ce que l’on appelle un « fleuve de plaines », au même titre que l’Oural, le Don et le Dniepr.

Ce sont généralement des fleuves « lents », nécessitant une intervention de haleurs, qui autrefois tiraient les barges — ce sont les fameux « bateliers de la Volga », popularisés par des chants populaires.

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De la Sibérie vers l’Arctique coulent la Lena, l’Ob et l’Ienisseï. Caractéristique générale de ces cours d’eau : ils sont gelés en hiver. Au retour des beaux jours, la débâcle transforme des régions entières en immenses bourbiers.

Ci-dessus : la Volga Ci-contre : l’Ienisseï

deux grandes villes moscou

C

e nom apparaît pour la première fois en 1147. Elle devint la capitale religieuse de la Russie en 1326. C’est là aussi que les princes de Moscovie, devenus tsars, établirent leur capitale, en 1457. C’est un carrefour entre les routes commerciales reliant les fleuves Volga, Dniper, Don et Dvina.

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Moscou réclama en toute simplicité le titre de « troisième Rome », après Rome et Constantinople, deux précédentes capitales d’empire déchus ! En 1712, Pierre le Grand abandonna Moscou pour Saint-Pétersbourg, qu’il avait fait construire. Il fallut attendre jusqu’en 1922, lorsque le pouvoir soviétique y concentra tous ses pouvoirs et ses administrations. En dépit d’importants changements, ces 50 dernières années, Moscou reste une ville chargée d’histoire. Elle fut assiégée par les Allemands, en 1941, mais ils ne parvinrent pas à la soumettre — pas plus que Napoléon, en 1812, quand les Moscovites préfèrent incendier leur ville plutôt que la livrer aux armées françaises. Un des lieux mythiques de la ville est la Place Rouge (ainsi nommée en l’honneur du drapeau rouge brandi par les révolutionnaires bolchéviques de 1917), face au Kremlin (un nom qui signifie « place forte »). Centre culturel, c’est à Moscou que l’on trouve de grands musées (la galerie Tetriakov, le musée des Beaux Arts Pouchkine, le musée Roublev). C’est aussi dans la capitale que sont établis les fameux ballets du Bolchoï. Cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux de Moscou

26 Cathédrale à Moscou

Cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux de Moscou

Moscou

saint-pétersbourg

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oilà une ville qui aura connu bien des tribulations ! Fondée par le tsar Pierre Ier, dit Pierre le Grand, en 1703, cette ville est devenue la capitale de la Russie, dès 1712. Les tsars voulaient indiquer ainsi l’importance qu’ils accordaient à l’ouverture de leur pays sur la Mer Baltique et l’Occident.

Dans le but de désacraliser le régime autocratique de Nicolas II, Saint-Pétersbourg devint, entre 1914 et 1924, Petrograd, ce qui signifie « la ville de Pierre ». à la mort de Lénine (voir « Histoire et Culture »), nouveau nom : Leningrad.

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Entre 1941 et 1944, Leningrad fut assiégée par les troupes nazies. La population subit des bombardements intensifs et quasi-continuels, ainsi qu’un embargo, provoquant famine et morts par dizaines de mille.

Saint-Pétersbourg en 1901

Aujourd’hui, l’ancienne capitale de l’empire russe détient certains des plus beaux musées au monde : l’Ermitage, le Musée russe, le Musée ethnographique, le Musée de la Marine. Dans le domaine de l’architecture, les visiteurs se précipitent pour admirer la célèbre « Perspective Nevski », une avenue de plus de 4 kilomètres de long, appelée ainsi en hommage à Alexandre Nevski, qui libéra le pays des envahisseurs mongols et des chevaliers teutoniques.

La Perspective Nevski

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Le Musée Russe

Le Musée de l’Ermitage

Le Musée central de la Marine de guerre

Le Musée ethnographique

le chemin de fer

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ui dit « train » en Russie pense immédiatement au Transsibérien.

Sa construction a débuté le 19 mai 1891 à Vladivostok, sur ordre du tsar Alexandre III. Il fallut 20 ans pour terminer l’ensemble de ce chantier : on dit que chaque kilomètre coûta une vie humaine.

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C’est la plus longue voie ferroviaire au monde : 7 411 kilomètres, reliant Moscou à Vladivostok, sur la côte de l’océan Pacifique. Avec les voies de délestage, cela représente 7 600 kilomètres de rails et 96 gares. La fréquence des trains (un convoi toutes les 5 minutes vers l’Est ; un autre, toutes les 15 minutes vers l’Ouest) représente 9 % du trafic mondial. On construisit des embranchements vers la Mongolie (Oulan-Bator) et la Chine. Le matériel est solide : chaque convoi pèse environ 4 500 tonnes, et il faut que l’infrastructure et les machines résistent à des écarts de température allant, en Sibérie, de + 40° en été et — 60° en hiver.

Gare d’Oulan Oude, Bouriatie. Sur le transsibérien, mars 2009

La ligne transsibérienne en 1904

histoire et culture

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histoire

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istoire mouvementée que celle de la Russie ! Et d’autant plus difficile à cerner que le nom « Russie » a recouvert plusieurs entités géographiques différentes au fil des siècles.

700 : les premiers contacts sont établis avec l’empire byzantin, héritier de l’empire romain. à peu près à la même époque, Charles Martel stoppe l’avancée des musulmans à Poitiers (732).

Aux environs de l’an 2000 avant notre ère, des tribus slaves quittent les régions de l’Est et descendent vers la Mer Noire.

862 : le Viking Riourik, de la tribu des Varègues, devient prince de Novgorod — à cette époque, cette ville est la plus importante. Elle est située entre Moscou, au sud, et Saint-Pétersbourg, au nord.

Vers 800 avant notre ère, des Scythes et des Sarmates viennent d’Asie et entrent en conflit avec les populations slaves. En 300 de notre ère, poussés dans le dos par les migrations de peuplades asiatiques, les Goths envahissent ce qui deviendra la Russie.

972 : les descendants de Riourik s’établissent à Kiev et s’autoproclament ducs de Kiev.

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988 : le duc Vladimir se convertit au christianisme orthodoxe, tel que pratiqué par les Byzantins.

Le monument conçu pour la venue de Riourik en tant que premier prince de Novgorod (862)

1019-1054 : le duc Yaroslav mène une politique internationale, en mariant ses filles en France, Hongrie et Norvège.

1246-1263 : le grand duc Alexandre Nevsky règne et établit l’indépendance de son pays, face aux visées de chevaliers teutoniques, notamment, mais aussi face aux conquêtes de tribus mongoles (1237 à 1240). Son fils Daniel (1263-1303) est le premier à porter le titre de Grand Duc de Moscovie.

Territoire de la Principauté de Kiev

1380 : Dimitri III Donskoï remporte une victoire décisive sur les envahisseurs Tatars. Il s’attribue le titre de Grand Duc de toutes les Russies.

1547 : Ivan IV, dit « le Terrible », devient tsar de toutes les Russies. Le titre « tsar » est une déformation du latin Caesar (César). 1613 : après bien des tribulations et des interventions polonaises et suédoises, un lointain descendant d’Ivan le Terrible, Michael Romanov réalise l’unité des Russes. Il a 17 ans et inaugure la dynastie des Romanov. Il va régner jusqu’en 1645.

5 mars 1953 : mort de Staline. Il sera finalement remplacé par Nikita Krouchtchev, lui-même déposé, en 1964. 4 octobre 1957 : lancement de Spoutnik, le premier satellite artificiel. 12 avril 1961 : le Soviétique Youri Gagarine est le premier homme dans l’espace.

1703 : Pierre Ier, dit le Grand (1682-1725), fonde la ville de Saint-Pétersbourg. 1917 : Nicolas II, dernier tsar de la dynastie des Romanov, est obligé d’abdiquer, en mars. Le régime impérial est renversé par la révolution bolchévique, en octobre. Le 16 juillet 1918, la famille impériale est exécutée à Ekaterinenburg. 38

Vladimir Ilitch Oulianov

21 janvier 1924 : mort de Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, premier dictateur de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Le système politique de l’URSS est dominé par le système des assemblées du peuple, les soviets. Le parti communiste dirige seul le pays.

1929 : le nouveau maître de l’URSS est Joseph Vissarionovitch Djougachvili. Aux débuts de la révolution, il a pris le nom de guerre « Staline » (l’homme d’acier). 1941 : l’Allemagne nazie attaque l’Union soviétique. Cette guerre féroce fera plus de 20 millions de victimes dans le camp de Staline.

Youri Gagarine, en visite à Malmö, Suède, 1964

Spoutnik 1, le 1er satellite artificiel de la Terre, lancé par l’URSS

11 mars 1985 : désignation de Mikhaïl Gorbatchev comme nouveau secrétaire général du parti communiste. 26 décembre 1991 : dissolution officielle de l’Union soviétique. Boris Eltsine devient le premier président élu de la Fédération de Russie. Avec certaines des anciennes républiques formant l’ex-URSS, la Fédération de Russie créera la Communauté des états Indépendants (CEI). 26 mars 2000 : élection présidentielle de Vladimir Poutine. 7 mai 2008 : élection de son successeur, Dimitri Medvedev.

culture

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a culture russe est à la fois riche et variée, représentant bien toutes les traditions des peuples constituant cet immense pays.

La réalisation d’une icône est très longue et relève d’un artisanat millénaire, déjà présent à la cour de l’empire byzantin, disparu depuis le 29 mai 1453. La préparation du bois, l’application de plusieurs couches de peinture et addition de l’or, très présent dans les icônes : c’est tout cela qui fait le prix de ces images pieuses.

L’écriture : l’écriture cyrillique, assez différente de notre alphabet latin, est d’origine grecque. C’est, en effet, un moine grec, Cyrille, qui inventa cet alphabet. Les signes de son alphabet convenaient mieux à la prononciation slave ; le but de Cyrille était de traduire les évangiles dans une écriture propre aux Slaves.

Kasimir Malevitch

écriture cyrillique

Peinture : on ne peut pas parler de peinture russe sans évoquer l’art minutieux de l’icône (du russe, ikona, lui-même d’origine grecque). Il s’agit d’une peinture sur bois, représentant le Christ, la Vierge Marie ou les saints. La religion orthodoxe encourage ces représentations, qui se retrouvent aussi bien dans les églises que dans la demeure des croyants.

Outre les icônes, les peintres russes ont commencé assez tardivement à exercer leurs talents. C’est essentiellement aux 19e et 20e siècle que de grands noms se font connaître et exercent une influence sur l’art mondial : Malevitch (dont le traitement des noirs et blancs influença Hergé dans ses premières années), Rodtchenko et les représentants du mouvement futuriste. L’art de l’affiche se développe aussi sous le communisme.

Musique : avant la seconde moitié du 19e siècle, elle ne se développe guère. Mais avec Michael Glinka (1804-1857), Alexandre Borodine (1833-1887), Modeste Moussorgski (1839-1881), Piotr Tchaïkovski (1840-1893) ou Nicolaï RimskiKorsakov (1844-1908), la musique russe se joue des frontières. Igor Stravinski (1882-1971), Serge Prokofiev (1891-1953) et Dimitri Chostakovitch (1906-1975) sont les représentants de la modernité dans la musique russe.

Instruments de musique Russe

Littérature : il y eut une première littérature épique, dont fait partie le Dit du Prince Igor (fin du 12e siècle), qui inspira un opéra à Alexandre Borodine. Cinéma : l’Union soviétique comprit très vite l’impact que pouvait avoir le cinéma sur les foules. Elle s’en servit pour développer un cinéma, souvent influencé par la propagande. C’est le cas du Cuirassé Potemkine, La Grève, Octobre, Alexandre Nevski, quatre des films réalisés par Serguei Eisenstein (18981948). Mais le cinéma russe a donné d’autres grands réalisateurs, tel Nikita Mikhalkov (né en 1945), auquel on doit notamment Soleil trompeur (1994) et Le Barbier de Sibérie (1998).

Le 19e siècle consacre le siècle d’or de la littérature russe : de grandes figures, telles qu’Alexandre Pouchkine (1799-1837) et son roman Eugène Onéguine ; Nicolas Gogol (1809-1852) et son Tarass Boulba ; Léon Tolstoï (1828-1910) et ses monumentaux romans, Guerre et Paix et Anna Karénine ; Fiodor Dostoïevski (1821-1881) et Les Frères Karamazov et Crime et châtiment ; Anton Tchekhov (1860-1904).

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Au 20e siècle, on retiendra Maxime Gorki (1868-1936) et ses Universités ; Boris Pasternak (1890-1960), Prix Nobel de littérature en 1958 et auteur du Docteur Jivago ; le poète Vladimir Maïakovski (1893-1930), Mikhaïl Boulgakov (1891-1940) et son Maître et Marguerite et Mikhaïl Cholkhov (1905-1984) et son Don Paisible.

Illustration d’Ivan Bilibin, Le Dit du Prince d’Igor

Sergueï Eisenstein

Photographie en surimpression prise la nuit à Moscou, 1928

tintin et la russie

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a Russie, c’est le premier voyage-reportage de Tintin. Il l’entreprend le 10 janvier 1929, dans les pages du Petit Vingtième, supplément pour la jeunesse du quotidien bruxellois, Le Vingtième Siècle. En gare du Nord, à Bruxelles, il embarque dans un train qui annonce sa destination, « Moscou, via Berlin ». C’est bien ainsi que les voyageurs se rendaient en Russie, à cette époque lointaine.

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Les habitants des pays à l’ouest de l’Europe continuaient à parler de « la Russie », alors que, depuis 1922, cet immense empire portait le nom d’« Union des Républiques Socialistes Soviétiques » (URSS). Petite erreur de documentation : en gare de Bruxelles, les trains pour Berlin partaient en fin de journée. Les voyageurs dormaient dans le train avant d’arriver à gare Hauptbahnhof, une des 8 gares de Berlin, le lendemain soir. Le train repartait pour l’Union soviétique et traversait ce qui deviendra la Tchéquie pour arriver à la frontière de l’Urss.

Il existait une autre possibilité : changer de train à Berlin et partir vers la Pologne, puis redescendre vers l’Urss, en passant par Bialystok, avant de franchir la frontière à Stolbtzy. En 1929, l’Urss était dirigée par Staline, qui avait instauré un sévère régime policier. Dès que les trains, venus de Berlin, franchissaient la frontière, des Gardes rouges (soldats de l’Union soviétique) montaient dans tous les wagons, empêchant les voyageurs de descendre avant le terminus à Moscou, en la gare de Beloroussky, construite en 1870 et considérée, aujourd’hui encore, comme la « porte vers l’Occident ». C’est sans doute ce dernier choix qu’effectue Tintin, victime d’un arrêt forcé à Berlin par la faute d’un agent bolchévique, qui fait exploser une bombe dans le train Bruxelles-Berlin. En 1929, le voyage Bruxelles-Moscou durait 65 heures !

la documentation

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ergé a consulté deux sources principales : le récit autobiographique d’un ancien diplomate belge, en poste à Moscou, Joseph Douillet. En 1927, il a publié Moscou sans voiles. Il s’agit plus d’un pamphlet que d’un récit intellectuellement honnête. On relève de nombreuses inexactitudes et même des inventions pures et simples !

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Deuxième source d’inspiration : le comte Perovsky, aristocrate russe ayant fui le régime soviétique. Il avait trouvé un travail au quotidien Le Vingtième Siècle, où il tenait la chronique à travers le pays des Soviets.

Moscou sans voiles de Joseph Douillet

les soviets

C

ontrairement à ce que l’on croit trop souvent, les « Soviets » ne sont pas une invention de l’Union… soviétique !

Les premiers Soviets ont vu le jour à la fin du régime tsariste. « soviet » signifie « assemblée ». Il est vrai que ce système a été multiplié sous le régime soviétique : soviet suprême (assemblée de tous les soviets des régions, républiques et territoires), soviets de république, soviets de villes, soviets de quartiers, soviets d’usines, soviets de locataires, etc…

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Au départ, il s’agissait de donner la parole au plus grand nombre possible de citoyens. Une réforme démocratique en diable. Le problème, c’est que le parti communiste, seul parti à régner pendant plus de 70 ans, a voulu contrôler tous les soviets. Au moment où Tintin débarque au cœur du « pays des Soviets », les soviets ne servent plus qu’à accepter sans discuter les ordres venus du pouvoir central, à Moscou.

les services secrets soviétiques

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rès vite après la révolution d’octobre 1917, le pouvoir communiste a instauré des organes policiers, chargés principalement d’arrêter les opposants au régime. Il y eut d’abord la Tchéka (un acronyme qui signifie « Commission extraordinaire panrusse pour la répression de la contrerévolution et du sabotage »). Ce service secret entra en action dès décembre 1917, sous la direction de Félix Dzerjinski.

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Son programme ne laisse aucun doute sur sa nature : il s’agit d’instaurer un « régime de terreur », dans lequel « la contrainte prolétarienne sous toutes ses formes, en commençant par les exécutions capitales, constitue une méthode, en vue de créer l’homme communiste ». Dans les années 1930, le régime répressif de l’Union soviétique faisait l’unanimité contre lui.

Portrait de Félix Dzerjinski

La Guépéou (Gossoudarstvénnoïe Polititcheskoié Oupravlénié) signifiait « direction politique d’état ». Officiellement, elle s’occupait de l’application des plans économiques de 5 ans (quinquennaux). En réalité, elle servait surtout à traquer les contestataires de ces plans, puis des politiques de l’état soviétique. Elle a été fondée en février 1922, toujours par Félix Dzerjinski, après la dissolution de la Tchéka. De novembre 1923 à juillet 1934, elle devient l’OGPU (O pour Obiédinionnoïe, unifié), mais on continuera à l’appeler Guépéou. Elle a été remplacée par le NKVD (Narodnii Komissariat Vnoutrennikh Diel — commissariat du peuple aux Affaites intérieures), en 1934, lui-même supprimé pour faire place au MVD (Ministerstvo Vnoutrennikh Diel - Ministère des Affaires intérieures) , en 1946. En 1929, Tintin a donc affaire à la Guépéou, qui compte, à ce moment-là, plus de 300 000 agents, dans la police, l’armée et dans les administrations !

les prisons soviétiques

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ui dit « régime répressif » pense immédiatement aux prisons. Deux termes symbolisent cet aspect du régime soviétique : la prison Loubianka et le goulag. La Loubianka est un ancien immeuble, construit en 1898, appartenant à la compagnie d’assurances Rossia. Dès 1922, il devient le quartier général de la Tchéka. On transforme l’intérieur pour y prévoir une centaine de cellules, qui abritèrent jusqu’à 600 prisonniers. Dans les années 30, la Loubianka devient un centre de torture et d’exécutions capitales.

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Un autre nom redouté : la Kolyma. Au nord de la Sibérie, où les condamnés travaillaient notamment dans les mines d’or.

La sinistre Loubianka

Le Goulag est la version soviétique du camp de concentration. Quand Tintin se trouve en Union soviétique, on connaît surtout les camps des îles Solovski, où les prisonniers de droit commun et les détenus politiques étaient volontairement mélangés. C’étaient des camps de travail, mais aussi de lente mise à mort.

Une affiche bolchevique provenant d’Odessa du temps de la guerre civile

les animaux au pays des soviets

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a faune de la « Russie soviétique » (comme on disait en 1929) est très riche et très bigarrée. Chevaux sauvages, tigres, castors, ours : la liste est très longue, et elle est due à l’immensité du territoire, ainsi qu’à la variété des climats. En 1929, un voyageur en Union soviétique aurait pu rencontrer tous les animaux qui apparaissent dans Tintin au pays des Soviets !

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l’ économie au pays des soviets

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ne des causes de la révolution d’octobre 1917 se trouve dans l’économie russe, mal adaptée au monde moderne.

L’ économie se base essentiellement sur l’agriculture et la gestion des forêts. La Russie des tsars a complètement manqué le virage de l’Europe vers la société industrielle. La révolution va désarticuler l’économie, provoquant ainsi des famines. à l’arrivée de Staline au pouvoir, l’Union soviétique va tenter de rattraper son retard, on va assister à une marche forcée vers l’industrialisation du pays. 58

La propagande soviétique n’avait pas de pareille pour « gonfler » les incontestables réussites de l’industrialisation. Ce qui explique certaines séquences mémorables dans Tintin !

60 De gauche à droite : Sculpture de Staline se trouvant sur la place devant le théâtre Bolchoï - Sculpture de Lénine, elle, se trouvant derrière l’immeuble du Gosplan

Maquette de la fin des années 1930, pour un monument ou une sculpture, artiste anonyme

le terrorisme soviétique

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ujourd’hui, on l’a oublié. Mais dans les années 1920-1930, l’Union soviétique faisait aussi peur au monde que les actuels terroristes de la mouvance Al Qu’aida !

De véritables « chasses aux bolchéviques » étaient organisées (elles dureront jusque dans les années 1950, aux États-Unis). Parfois exagérée, la peur de la menace soviétique s’appuyait sur des faits. Des espions sillonnaient l’Europe de l’Ouest. Des opposants au pouvoir de Staline, réfugiés à l’étranger, étaient supprimés.

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En Union soviétique, on célébrait les terroristes antioccidentaux comme des héros !

Cartes postales d’Odessa de 1921 contre les saboteurs antisoviétiques

crédits photos et remerciements à : • Elise wiszniewiecki • Collection Sergei Mikhailovich Prokudin-Gorskii (Library of Congress) • Quentin Moreau • Daphné Hertsens

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