Rapport Technique

patients, le Centre hospitalier de St. Mary, le Groupe interuniversitaire .... ici a été retenue en fonction de la performance statistique (quotient inertie inter/ inertie.
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Rapport Technique CLASSIFICATION DES SERVICES D’URGENCE DU QUÉBEC EN FONCTION DES SERVICES OFFERTS AUX PERSONNES ÂGÉES RETOURNANT À LEUR DOMICILE R. Borgès Da Silva1,2,3, J. McCusker1,2, D. Roberge4, A. Ciampi1,2, E. Belzile1 1Centre

Hospitalier de St. Mary, 2Université McGill; 3ESPSS, Équipe de la Direction de santé publique de l’ASSS de Montréal et de l’Institut national de santé publique du Québec, 4Université de Sherbrooke

Centre de Recherche de St. Mary Pavillion Hayes 3830 Avenue Lacombe Montreal, (Quebec) H3T 1M5, Canada Le 2 mars, 2011

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RAPPORT TECHNIQUE CLASSIFICATION DES DÉPARTEMENTS D’URGENCE DU QUÉBEC EN FONCTION DES RESSOURCES HUMAINES ET DES SERVICES OFFERTS AUX PERSONNES ÂGÉES RETOURNANT À LEUR DOMICILE

Date du rapport :

Le 2 mars 2011

Chercheuse principale :

Jane McCusker, M.D., Dr.PH Département d’épidémiologie clinique et d’études communautaires Centre hospitalier de St-Mary 3830, avenue Lacombe Montréal (Québec), H3T 1M5 Tél. : (514) 345-3511 poste 5060 Téléc. : (514) 734-2652 [email protected]

Co-chercheurs :

A. Vadeboncoeur, M.D. D. Roberge, Ph.D. D. Larouche, M.Sc. A. Ciampi, Ph.D. P. Tousignant, M.D.

Remerciements :

Les membres suivants du comité consultatif ont fournis des commentaires sur des versions antérieures du rapport : Bruce Brown, M.D., M.P.H., Raynald Pineault, M.D., Ph.D., Alyson Turner, R.N., M.Sc., Josée Verdon, M.D., M.Sc. , Jacques Morin, M.D., M.Sc. Roxane Borgès Da Silva a participé à cette étude au cours de son PhD et de son postdoctorat. Son stage postdoctoral est financé par le Programme stratégique de formation des IRSC et du RRSPQ en recherche transdisciplinaire sur les interventions en santé publique: Promotion, Prévention et Politiques Publiques (4P)

Financement:

Ce travail a été financé par une subvention des Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ), programme des Recherches sur la problématique des urgences (1er mai 2007 - 30 avril 2011). Les données utilisées ont été récoltées entre mars 2006 et décembre 2007 grâce au financement offert par l’Institut canadien pour la sécurité des patients, le Centre hospitalier de St. Mary, le Groupe interuniversitaire de recherche sur les urgences, et l’Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie.

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RAPPORT TECHNIQUE CLASSIFICATION DES DÉPARTEMENTS D’URGENCE DU QUÉBEC EN FONCTION DES RESSOURCES HUMAINES ET DES SERVICES OFFERTS AUX PERSONNES ÂGÉES RETOURNANT À LEUR DOMICILE R. Borgès Da Silva1,2,3, J. McCusker1,2, D. Roberge4, A. Ciampi1,2, E. Belzile1 Centre Hospitalier de St. Mary, 2Université McGill; 3ESPSS, Équipe de la Direction de santé publique de l’ASSS de Montréal et de l’Institut national de santé publique du Québec, 4Université de Sherbrooke 1

RÉSUMÉ Objectif : Notre objectif était d’élaborer une classification des départements d’urgence (DU) basée sur la disponibilité des services pour les personnes âgées renvoyées dans la communauté. Méthodes : Les données sont tirées d’une enquête menée auprès d’intervenants clés (médecins en chef et infirmières en chef) de tous les DU du Québec dans le cadre d’une étude portant sur la sécurité du congé des patients âgés dans la communauté après leur passage dans un DU1. Ces variables ont été classées a priori dans les trois catégories suivantes : 1) disponibilité des ressources humaines; 2) processus de soins et 3) liens avec les services communautaires. Nous avons utilisé une analyse factorielle multiple (AFM) pour analyser globalement les variables par groupe, afin de mettre en lumière non seulement les relations entre les variables au sein de chaque groupe, mais aussi les relations entre les différents groupes. Nous avons ensuite procédé à la classification à l’aide de la méthode de Ward (classification hiérarchique ascendante) appliquée aux dimensions réduites. Résultats : L’échantillon se composait de 103 DU. Les analyses ont porté sur les 68 DU (66 %) ayant fourni des données complètes. Ces 68 DU ne différaient pas en termes de services offerts ou de caractéristiques des patients des 35 autres DU ayant fourni des informations incomplètes. Trois groupes de DU ont été identifiés. Nous les avons qualifiés respectivement comme suit : « plus spécialisés et moins orientés vers la communauté » (n=12), « moyennement spécialisés, moins orientés vers la communauté (n=28) et « moins spécialisés, plus orientés vers la communauté » (n=28). Conclusion : Les trois groupes de DU identifiés dans le cadre de cette étude représentent trois types organisationnels dotés d’atouts et de limites différents. Aucun des groupes ne proposaient simultanément les processus de soins recommandés et les services disponibles dans la communauté 2, 3 . Les plus spécialisés et moins orientés vers la communauté étaient ceux dont les processus de soins internes sont les mieux développés, mais dont les liens avec les services communautaires sont médiocres. Les DU les moins spécialisés, plus orientés vers la communauté semblaient être ceux qui ont les meilleurs liens avec les services communautaires mais dont les processus de soins étaient peu développés. Ces deux groupes étaient les mieux définis et les plus homogènes. Les DU moyennement spécialisés, moins orientés vers la communauté tendaient à présenter des limites en termes de disponibilité des ressources humaines et de processus de soins et leurs liens avec les services communautaires étaient très peu développés. Ce groupe était moins défini et il était aussi le plus hétérogène. La méthodologie utilisée dans le cadre de cette étude a tout de même permis de produire une classification interprétable des DU qui sera utile à la planification des services et aux décideurs. La classification a mis en évidence le fait que les DU sont plus ou moins adaptés pour 2

offrir des soins optimaux aux aînés. Les recherches futures qui seront menées à partir de cette classification porteront sur les caractéristiques et résultats cliniques des patients qui visitent chaque catégorie de DU.

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RAPPORT TECHNIQUE INTRODUCTION Les DU jouent un rôle important dans le système de santé pour la prestation de soins médicaux d’urgence. C’est une voie d’accès à l’hôpital pour les patients ayant besoin d’être hospitalisés. C’est aussi un substitut aux soins primaires lorsque les patients considèrent que les soins primaires ne sont pas facilement accessibles, ou qu’ils ont besoin de ressources non disponibles dans les structures où ces soins sont habituellement offerts (p. ex., radiologie diagnostique ou services de laboratoire)4-7. Les personnes âgées (définies ici comme les personnes âgées de 65 ans ou plus) constituent une clientèle de plus en plus importante pour les DU et les soins qu’elles nécessitent mobilisent une part importante des ressources disponibles dans ces DU, sans compter qu’elles présentent aussi des conditions graves et complexes relativement aux jeunes adultes8. Par ailleurs, les services offerts aux personnes âgées renvoyées dans la communauté et leurs résultats cliniques pourraient être améliorés par des approches systématiques incluant la conduite d’évaluations au sein même des DU et l’orientation des patients vers les services communautaires appropriés (soins infirmiers à domicile et services de soutien)2, 3. Les recherches sur la performance des DU et les résultats cliniques des patients tiennent rarement compte de l’hétérogénéité des DU en termes de taille, de disponibilité des ressources humaines et d’autres caractéristiques organisationnelles7, 9-11. Une classification organisationnelle des DU tenant compte de ces caractéristiques pourrait faciliter les études sur la performance de ces DU et sur leurs résultats. OBJECTIFS Élaborer une classification organisationnelle des DU sous l’angle des soins prodigués aux personnes âgées renvoyées dans la communauté qui tienne compte de la disponibilité des ressources humaines, des processus de soins à l’urgence et de la disponibilité et des liens avec les ressources dans la communauté. MÉTHODES Le choix des dimensions et des variables utilisées s’est appuyé d’une part sur les travaux de Georgopoulos (1986)12 qui conçoit les salles d’urgence comme des systèmes ouverts dont le fonctionnement dépend à la fois des ressources de l’hôpital et de l’environnement. Le choix des attributs des salles d’urgence s’est inspiré aussi de la revue systématique de l’efficacité des interventions destinées aux aînés traités en salle d’urgence et retournant à leur domicile de Hastings et Heflin (2005).3 L’ensemble de ces travaux suggère la prise en compte de trois principales dimensions : (1) les ressources disponibles à l’urgence et dans l’hôpital pour la prestation des soins et des services aux aînés à l’urgence; (2) la présence de processus de soins pour dépister les personnes âgées à risque, évaluer les besoins des aînés et préparer leur congé de l’urgence; (3) les liens établis avec les ressources communautaires. Sources de données Les données utilisées pour la classification provenaient d’une étude réalisée sur la sécurité des congés des personnes âgées après leur passage dans les DU du Québec.1 Cette étude, menée au cours de l’été 2006, consistait en une enquête postale auprès des médecins et des infirmières chefs des 103 DU recensés au Québec. Le cas échéant, la personne chargée de coordonner les soins aux urgences

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pour les personnes âgées a secondé l’infirmière chef pour répondre aux questions plus détaillées sur les processus de soins. Les taux de réponse ont été de 71 % pour les médecins et de 90 % pour les infirmières. Les questionnaires de cette enquête incluaient des variables caractérisant la structure et l’organisation des services gériatriques des DU au Québec, applicables aux soins prodigués aux personnes âgées qui sont retournées au domicile après leur passage aux urgences. Les répondants ont fourni des informations sur 7 facteurs de dotation en personnel, 6 mesures des processus de soins et 5 mesures des services communautaires (voir Tableau 1). Disponibilité des ressources humaines : ratio du nombre d’infirmières et du nombre de médecins rapporté au nombre officiel de lits* aux urgences, classifié comme faible (quartile le plus bas), moyen (les 2 quartiles intermédiaires) et élevé (quartile le plus élevé); pourcentage de médecins rattachés aux urgences travaillant à temps plein; disponibilité d’un pharmacien (aucun, sur appel seulement, rattaché aux urgences); niveau de pluridisciplinarité (faible = maximum de 2 professionnels différents rattachés aux urgences ou sur appel, élevé = 3 ou plus, en tenant compte des professionnels suivants : infirmière de liaison, infirmière clinicienne spécialisée en gériatrie, travailleur social, ergothérapeute, physiothérapeute et pharmacien); existence d’une consultation en gériatrie ou en psychogériatrie (aucune, rarement disponible, habituellement disponible); et présence de résidents en médecine aux urgences. Processus de soins : dépistage des patients (aucun ou non systématique, systématique); utilisation d’outils d’évaluation standardisés (oui, non); protocole de planification des congés (oui, non); différents types d’informations écrites fournies aux patients lors du congé (aucun, 1 à 4 types, 5 types ou plus); fréquence du suivi des patients après le congé (jamais/rarement, parfois/souvent); et fréquence de la transmission d’informations au médecin de famille ou au médecin traitant (jamais/rarement, parfois/souvent). Services communautaires : dispositions prises pour le partage d’informations et (ou) de personnel avec les services locaux à domicile (aucune, partage d’informations seulement, partage de personnel); disponibilité de services à domicile; disponibilité de services communautaires pour les personnes âgées (cliniques de gériatrie externes, hôpitaux de jour); alternatives à l’hospitalisation, telles que soins à domicile, soins de réadaptation, hôpitaux de jour, centres médicaux de jour, unités d’évaluation préopératoire, cliniques d’évaluation gériatrique externes (0-2, 3-4, 5 ou plus services alternatifs offerts); et fréquence de la transmission d’informations du médecin de famille ou médecin traitant (jamais/rarement, parfois/souvent). Toutes ces variables étaient basées sur la perception des infirmières et des médecins. Variables supplémentaires. Quelques caractéristiques choisies, propres aux urgences, qui n’ont pas été utilisées pour élaborer la classification ont été utilisées comme descripteurs supplémentaires des urgences : taille du service (nombre officiel de lits aux urgences) et localisation géographique à partir du ZIM (Zone Influence Métropolitaine)13: métropolitain (ZIM=1), urbain (ZIM=2 à 4) et rural (ZIM=5 à 7).

*

Dans tout le rapport, le terme lit est utilisé pour civière

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Analyse statistique Nous avons utilisé une analyse factorielle multiple (AFM)14, 15. L’intérêt de l’AFM réside dans le fait qu’elle permet d’utiliser simultanément des variables qualitatives et quantitatives. L’AFM permet également d’analyser les variables par groupe (disponibilité des ressources humaines, processus et services communautaires). Elle se déroule en deux étapes. Dans un premier temps, une analyse factorielle (analyse en composante principale si les variables du groupe sont quantitatives, analyse de correspondance multiple si les variables du groupe sont catégorielles) est réalisée sur chacun des groupes de variables. On extrait un nombre d’axes factoriels pour chacun des groupes à partir desquels l’AFM réalise une analyse en composante principale globale. Par conséquent, l’AFM nous a permit de mettre en lumière non seulement les relations entre les variables au sein de chaque groupe, mais aussi les relations entre les groupes de variables. Nous avons ensuite procédé à la classification des DU en employant une technique de classification hiérarchique ascendante16 fondée sur les critères de Ward (classification hiérarchique ascendante) appliquée aux dimensions réduites. Tous les calculs ont été réalisés à l’aide du programme SPAD 7.0. RÉSULTATS Compte tenu des taux de réponse des infirmières et des médecins, les analyses présentées ici correspondent aux 68 DU (66 %) ayant fourni des données complètes. Ces DU ne différaient pas significativement des 35 DU exclus en termes de taille, du volume de visites et de la localisation géographique (données non présentées). Pour la première étape de l’analyse, nous avons réalisé une analyse de correspondance multiple pour chaque groupe de variables, à savoir la disponibilité des ressources humaines, les processus de soins et les services communautaires. Après observation des valeurs propres et des contributions des modalités aux axes, nous avons choisi de garder deux axes pour chacun des groupes, ce qui correspond à respectivement 31,58 %, 43,09 % et 43,60 % d’inertie cumulée. Dans un deuxième temps, nous avons réalisé une analyse en composante principale (ACP) basée sur 6 axes factoriels; nous avons conservé les deux premiers axes pour l’analyse groupée, ce qui correspondait à 19,99 % de la variance expliquée. Les corrélations entre le premier axe et les trois groupes de variables (disponibilité des ressources humaines, processus de soins, services communautaires) sont les suivantes : 0,7259, 0,8346, et 0,6428. Les corrélations entre le premier axe et les trois groupes de variables sont les suivantes : 0,6659, 0,5226 et 0,8572. La classification présentée ici a été retenue en fonction de la performance statistique (quotient inertie inter/ inertie totale) et de l’interprétabilité. Les trois catégories de DU ont été désignées respectivement par les appellations suivantes : « plus spécialisés et moins orientés vers la communauté » (n=12), « moyennement spécialisés, moins orientés vers la communauté (n=28) et « moins spécialisés et plus orientés vers la communauté » (n=28) (voir Tableau 1). Les 12 DU les plus spécialisés, moins orientés vers la communauté (17,6 %) étaient plus susceptibles de présenter les caractéristiques suivantes : ratio élevé d’infirmières rapporté au nombre de lits, ratio moyen de médecins rapporté au nombre de lits, proportion élevée de médecins à temps plein, disponibilité d’un pharmacien rattaché au service, plus grand éventail de professionnels de santé, consultation en gériatrie et présence de résidents dans le service. Au niveau des processus, ces DU étaient également plus susceptibles de procéder à un dépistage systématique des patients et d’utiliser des outils d’évaluation standardisés pour les personnes âgées, d’avoir un protocole de planification des congés et d’effectuer un suivi post-congé. Au niveau des services communautaires, ces DU étaient plus susceptibles de transmettre des informations (et d’en recevoir) au médecin traitant ou médecin de famille et de présenter la plus forte disponibilité perçue de soins à domicile et d’autres services communautaires pour les personnes âgées.

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Les 28 DU moyennement spécialisés, moins orientés vers la communauté (41,2 %) présentaient pour leur part les caractéristiques suivantes : ratio moyen d’infirmières rapporté au nombre de lits, faible ratio de médecins rapporté au nombre de lits, et majorité de médecins à temps plein. Aucun pharmacien n’était rattaché aux services et l’éventail des professionnels de santé est relativement large. Ces DU n’offraient pas de consultation en gériatrie. Au niveau des processus, ces DU n’avaient pas recours au dépistage systématique des patients et à des outils d’évaluation standardisés pour les personnes âgées. La plupart n’avaient pas de protocoles de planification des congés et ne réalisaient aucun suivi post-congé; ils étaient aussi moins susceptibles de fournir les informations aux patients au moment de leur congé. Au niveau des services communautaires, la plupart de ces DU n’avaient pas de liens avec les centres de santé communautaire et ne disposaient d’aucun service de soins à domicile ou d’autres services communautaires pour les personnes âgées. Il est à noter que ce groupe était le plus hétérogène des trois. Les 28 DU les moins spécialisés et les plus orientés vers la communauté (41,2 %) présentaient les caractéristiques suivantes : la plupart avaient un ratio faible ou moyen d’infirmières rapporté au nombre de lits, un ratio moyen ou élevé de médecins rapporté au nombre de lits, un éventail restreint de professionnels rattachés aux urgences. Ces DU étaient également ceux qui avaient les plus faibles proportions de médecins à temps plein, de pharmaciens et de consultations en gériatrie. Au niveau des processus, les taux de recours au dépistage systématique des patients, à des outils d’évaluation standardisés pour les personnes âgées, à des protocoles de planification des congés et de suivi post-congé sont faibles, contrairement aux taux de distribution d’informations aux patients au moment de leur congé. Au niveau des services communautaires, ces DU étaient plus susceptibles d’échanger des informations avec les médecins dans la communauté et d’avoir la plus haute disponibilité perçue de soins à domicile et d’autres services communautaires pour les personnes âgées. En ce qui concerne les deux caractéristiques complémentaires (localisation géographique et taille), les DU spécialisés étaient généralement plus grands et situés en région métropolitaine, alors que les DU plus orientés vers la communauté étaient pour la plupart de taille réduite et situés dans des zones non métropolitaines. Les DU moyennement spécialisés se situaient entre ces deux groupes. DISCUSSION L’objectif de l’étude était d’élaborer une classification des DU à l’aune des services offerts aux personnes âgées renvoyées dans la communauté. Nous avons caractérisé trois types différents de DU qui se distinguaient selon la disponibilité des ressources humaines, les processus de soins et les services communautaires. La méthode utilisée dans cette étude relève des statistiques exploratoires multidimensionnelles. Elle s’est déroulée en deux étapes. Tout d’abord nous avons mis en œuvre une AFM. Ce type d’analyse factorielle était particulièrement adapté dans le cas d’analyses de variables regroupées en dimension, et en présence de variables quantitatives et qualitatives. L’AFM a aussi mis en lumière les structures de données les plus marquantes (axes factoriels ou facteurs), cohérentes avec le positionnement conceptuel de départ. En plus des indicateurs statistiques associés aux valeurs d’inertie des différents facteurs et à la dispersion des individus et des variables, une large part des décisions, quant au nombre de facteurs à retenir, a été tributaire de l’interprétation des facteurs, tel que recommandé par Lebart, Morineau et Piron (2000)17 qui accordent une grande importance aux connaissances sur l’objet d’étude.

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La technique de classification hiérarchique ascendante s’est avérée une stratégie efficace pour identifier les groupes de partitions pour lesquels la variance interne de chaque classe est minimale et la variance entre les classes est maximale (en procédant par perte d’inertie par agrégation de deux éléments : critère de Ward généralisé). Le nombre de partitions retenu pour la classification finale provenait de la confrontation des résultats des analyses statistiques (distances interclasses; quotient d’inertie) à la plausibilité théorique des regroupements. En terminant, on ne peut toutefois conclure quant à la reproductibilité de la solution obtenue, c’està-dire quant à la capacité d’obtenir un nombre similaire de groupes et une composition semblable en ayant recours à des méthodes de réplication usuelles. Ces dernières consistent notamment à appliquer la même méthode d’analyse sur un autre échantillon ou encore à comparer les résultats obtenus sur l’échantillon initial mais qui est fractionné en deux parts égales18 . La taille relativement petite de notre échantillon (n=68) et les moyens limités à notre disposition n’ont pas permis d’apprécier la reproductibilité de la solution obtenue. La classification que nous avons élaborée s’est efforcée de tenir compte de la complexité des DU et a pris en considération non seulement les ressources internes et les processus de soins, mais aussi les relations entre le service d’urgence et les fournisseurs de soins dans la communauté, en dehors des urgences. Du fait de cette complexité, il était difficile de créer des groupes homogènes de DU. Cette classification a présenté plusieurs limites. La première tenait au fait qu’il s’agit d’une analyse secondaire de données recueillies dans un autre objectif. Si l’enquête devait être refaite dans un objectif de classification des urgences, il faudrait documenter avec plus de précision la nature des liens avec les ressources communautaires et la disponibilité et l’accès à ces ressources. Certaines questions mériteraient d’être formulées différemment, de manière à circonscrire avec plus de précision notamment la disponibilité des pharmaciens et des gériatres dans les DU et l’accès aux ressources dans la communauté. Deuxièmement, bien que les répondants sollicités soient ceux qui sont les plus susceptibles de transmettre des informations organisationnelles fiables, nous n’avons pas été en mesure de valider ces informations par d’autres sources. CONCLUSION Les groupes de DU identifiés dans le cadre de cette étude représentaient trois types organisationnels dotés de différents atouts et limites. Aucun des groupes ne proposaient simultanément les processus de soins recommandés dans les DU et une forte orientation vers les services disponibles dans la communauté2, 3. Les DU les plus spécialisés, moins orientés vers la communauté étaient ceux qui ont les meilleurs processus de soins internes, mais les services communautaires et le lien entre les urgences et ces services doivent être renforcés. Les DU les moins spécialisés et les plus orientés vers la communauté étaient ceux qui proposaient les meilleurs services communautaires et entretenaient des liens avec ces services, mais dont les processus de soins étaient les moins bien développés. Ces deux groupes étaient les mieux définis et les plus homogènes. Les DU moyennement spécialisés, moins orientés vers la communauté tendaient à présenter des limites à la fois en termes de disponibilité des ressources humaines et de processus de soins et à avoir des liens peu développés avec les services communautaires. Ce groupe était le moins défini et le plus hétérogène. Il pouvait regrouper plusieurs sous-types.

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Implication pour les décideurs L’étude montre que les services gériatriques dispensés dans les urgences sont constitués d’éléments reliés entre eux de manière cohérente. Elle met en lumière que les indicateurs conventionnels de performance des DU qui se centrent sur les processus internes conduisent à les appréhender et à tenter de solutionner leurs problèmes comme si ces départements étaient des systèmes fermés. Or, il est bien connu que les DU sont des systèmes ouverts et complexes et que leur fonctionnement dépend non seulement des structures et des processus internes mais aussi de facteurs en amont et en aval. Or, on constate que la méthodologie utilisée amène à une lecture plus nuancée et plus complète des services gériatriques offerts dans les DUs. Il s’agit d’une instrumentation qui est mieux adaptée à l’analyse systémique des services de santé. Par conséquent, la méthodologie que nous avons utilisée permet d’obtenir une classification interprétable des services gériatriques proposés dans les urgences qui pourrait être utile à la planification des services et aux décideurs. Elle permet aussi de dresser un portrait des différents types de SU selon la localisation géographique (métropolitaine, urbaine et rurale) des régions socio sanitaires. D’autres recherches basées sur cette classification porteront sur les caractéristiques et résultats cliniques des patients qui consultent dans chacun de ces DU.

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REFERENCES 1. 2. 3. 4.

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Variables Effectif (n=68) n % Disponibilité des ressources humaines Ratio nombre d'infirmière par lit Faible 17 25 Moyen 34 50 Élevé 17 25

vers la communauté (n=12) %

vers la communauté (n=28) %

orientés vers la communauté (n=28) %

8 42 50

21 61 18

36 43 21

Chi-carré**

p-value 0,145

Ratio nombre de médecins par lit Faible 16 Moyen 34 Élevé 18

23 50 27

8 58 33

39 50 11

14 46 39

Médecins à temps plein

39

57

100

64

32

Pharmacien Aucun Sur appel Dans l'urgence

10 37 21

15 54 31

8 8 83

18 57 25

14 71 14

Équipe multidisciplinaire Faible Élevé

29 39

43 57

17 83

29 71

68 32

Disponibilité d'un gériatre ou d'un psychogériatre Aucun 36 53 Rarement disponible 9 13 Habituellement 23 34

17 25 58

57 11 32

64 11 25

Présence de résidents

40

59

75

68

43

0,075

Processus de soins Dépistage systématique des personnes âgées

22

32

67

29

21

0,017

Outils standardisés d'évaluation des personnes âgées

12

18

50

7

14

0,007

Protocole de planification du congé

10

15

42

4

14

0,011

Documents d'information remis Aucun 1à4 5à7

au patient au moment du départ 35 51 25 21 31 58 12 18 17

79 18 4

36 32 32

49

72

42

75

82

19

28

58

25

18

21 79

11 89

Suivi après congé Jamais ou rarement Quelquefois, souvent ou toujours

0,041