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L'UNESCO est un contributeur majeur de la deuxième conférence « Soutenir l'avenir de la Syrie et de la région », organisée par l'Union. Européenne à ...
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Avril 2018

Réponse et Résilience Bulletin du bureau de l’UNESCO pour l’éducation dans les situations d’urgence

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'objectif 4 du programme de développement durable des Nations Unies vise à assurer à tous, d’ici à 2030, un accès à une éducation de qualité, à même de déboucher sur un apprentissage véritablement utile. Mais pour des millions de jeunes Syriens, certains des fondamentaux éducatifs ont malheureusement été négligés depuis trop longtemps.

Le conflit syrien a engendré la plus grande crise humanitaire au monde : on estime à plus de 13,1 millions le nombre de personnes dans le besoin en République arabe syrienne ; à 5,6 millions ceux qui ont fui vers les pays voisins (Jordanie, Liban, Égypte, Iraq et Turquie). De nombreuses régions ont aujourd’hui un besoin d’aide urgente, et ce à tous les niveaux de la société. Pour que la nouvelle génération, et les générations futures, soient en mesure d’affronter le processus de reconstruction et de réconciliation à venir, ce sont en particulier les enfants et jeunes adultes syriens qui ont besoin qu’on les soutienne et qu’on leur donne une chance. Près de 72% des Syriens âgés de 18 à 24 ans ont été forcés de quitter le système éducatif pendant au moins deux ans. Privés des avantages du système éducatif sur le long terme, et sans aucun soutien communautaire pour leur venir en aide, ces jeunes se retrouvent à la merci de menaces multiples : chômage, mines et munitions non explosées, exploitation et autres abus graves. L’UNESCO est un contributeur majeur de la deuxième conférence « Soutenir l'avenir de la Syrie et de la région », organisée par l’Union Européenne à Bruxelles au printemps 2018, ainsi qu’un acteur-clé tant sur le plan de réponse national que sur le « plan régional pour les réfugiés et la résilience (3RP) ». L’Organisation souhaite attirer l’attention de la communauté internationale sur les difficultés qui accablent les jeunes touchés par la crise en cours — qu’ils soient restés en Syrie ou déplacés vers les pays voisins. L’UNESCO joue également un rôle-clé dans la mise en place d’un plan d’action vers une reconstruction durable, susceptible d'orienter le pays vers la réalisation de l'objectif de développement durable 4 pour l'éducation. La planification d’une solution à long terme implique également de répondre aux besoins des jeunes qui reprennent le chemin de l’école : soutien psychologique pour les éducateurs, stratégies visant à améliorer la sécurité des jeunes les plus vulnérables, programmes d’éducation à plusieurs niveaux, amélioration du suivi des résultats.

En zone de conflit, l’éducation est également une question de sécurité L'éducation a cette capacité unique de redonner espoir et de bâtir une communauté, en temps de prospérité comme en temps de crise. Or, depuis le début du conflit en Syrie, le nombre de jeunes inscrits dans les programmes d'éducation a chuté en flèche ; la majorité des jeunes déplacés ont quant à eux passé au minimum cinq ans loin de tout programme d’éducation. C'est une mauvaise nouvelle non seulement pour les jeunes eux-mêmes, mais également pour le progrès et la sécurité de tout le pays, voire de la région. L’UNESCO, par le biais d’une approche intégrée qui se concentre sur les vulnérabilités des jeunes enfants et adultes, est parfaitement consciente des conséquences que le manque d'éducation et le manque d’opportunités en matière d’éducation ont sur l’augmentation des risques en termes de sécurité.

Formation professionnelle d'étudiants syriens en Iraq - ©UNESCO

En Syrie, les adolescents et les jeunes adultes sont de plus en plus victimes de marginalisation, de manipulation et autres abus, devenant la proie d’un extrémisme virulent. L'UNESCO continue son engagement, celui de travailler avec les acteurs locaux afin de garantir le maintien de ces espaces sûrs et neutres que sont les écoles, à la fois en Syrie et pour les réfugiés. Mais il est tout aussi crucial d'accroître l'accès à une éducation et une formation secondaire, technique et professionnelle de qualité, ainsi qu’à l'enseignement supérieur pour les jeunes de 15 à 24 ans touchés par le conflit. Pour ces jeunes, l'éducation représente une manière incontournable de développer la résilience nécessaire pour faire face aux forces d'exploitation qui les menacent. L'éducation, de ce fait, est un investissement tangible vis-à-vis de la sécurité de la région.

Bureau de l'UNESCO pour l'éducation dans les situations d'urgence

Garantir aux enseignants une formation de soutien psychologique L'UNESCO est consciente des séquelles psychologiques auxquelles font face les jeunes Syriens, ayant passé le plus clair de leur vie en situation de conflit — séquelles qui peuvent perdurer jusque dans l'âge adulte. Avec quelque 180 000 enseignants et personnels de l'éducation tués, ou déplacés, depuis le début de la guerre, le pays connaît un besoin urgent en termes de formation des enseignants, afin que ces derniers soient en mesure de répondre aux besoins émotionnels et psychologiques des jeunes. Pour renforcer la résilience des élèves, le Cadre d'Action pour l'Éducation 2030 met l'accent sur le développement professionnel des enseignants, en leur apprenant notamment à subvenir aux besoins psychosociaux des élèves. L'UNESCO s'est engagée à garantir cette formation à près de 50 000 enseignants, en leur fournissant les conseils nécessaires pour adapter leurs programmes et leurs objectifs d'apprentissage aux élèves exposés au conflit en Syrie. Conformément au Plan pour la Syrie 2018-2019, l'UNESCO s'est fixé un objectif de formation d'au moins 5 000 enseignants en soutien psychosocial, en insistant sur la mise en place d’activités comme le sport, l'artisanat et le théâtre. Celles-ci, en plus de renforcer l’esprit communautaire, permettront de transmettre aux jeunes les connaissances et compétences nécessaires à la reconstruction et à la résilience. Fournir cette formation cruciale constituera en outre pour les enseignants une occasion unique d’améliorer la confiance en soi d’une génération d'élèves et de développer leurs compétences interpersonnelles — qualités utiles non seulement à l’optimisation du rendement scolaire, mais qui avant tout diminuent le risque que ces jeunes se joignent eux-mêmes au conflit. Le soutien psychosocial se mesure ainsi à l’aune des bénéfices individuels, apportant aux élèves les compétences d'inclusion sociale favorables à la construction de la paix, pour un meilleur avenir collectif.

L’éducation non-formelle, pour retrouver le chemin de l’école Des millions de jeunes Syriens sont aujourd’hui privés d’éducation ; près d'un tiers des écoles du pays ont été détruites. Par quels moyens peut-on dès lors envisager de bâtir un avenir pour le pays ? Tout d’abord en promouvant l’instauration de formations non-traditionnelles et professionnelles, en Syrie comme auprès des jeunes déplacés dans les pays voisins. Une telle stratégie s’inscrit dans le cadre de l'engagement de l'UNESCO à relier aide humanitaire et développement, et témoigne de l’esprit du quatrième objectif de développement durable relatif à l’éducation. Les jeunes Syriens qui ont trouvé refuge au Liban bénéficient déjà d’une telle initiative. La mise en place d'éducation non-formelle s’applique à renforcer l’esprit de résilience que l'apprentissage est à même de favoriser chez les élèves. En partenariat avec le Ministère de l'Éducation du Liban, des parcours d'apprentissage alternatifs pour le développement durable (« Alternative Learning Pathways for Sustainable Development ») ont été inaugurés, afin de façonner des programmes d’éducation innovants et de définir le contenu et l'administration des programmes d'éducation non-formelle. L'UNESCO travaille également en Jordanie voisine, en partenariat avec le Ministère de l'Éducation, pour soutenir le développement de parcours d'apprentissage alternatifs pour les jeunes réfugiés non scolarisés. Le conflit a eu un impact catastrophique sur l'éducation en Syrie : en plus d’avoir forcé des millions d'enfants et d'adolescents à abandonner les bancs d’école, la crise affecte également les résultats et le bien-être de ceux qui sont encore scolarisés. En 2016, un « programme de la deuxième chance » est né, et a soutenu avec succès environ 70 000 élèves dans l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) aux niveaux basique et secondaire, dans 13 gouvernorats, y compris dans des zones difficiles d’accès. Parmi ces dernières, on compte des écoles de l'UNRWA pour les enfants réfugiés palestiniens. Capitalisant sur les enseignements des évaluations internes (des Ministères de l’Éducation) comme externes (UNESCO) de cette initiative très populaire, et au succès indéniable, le programme d'été a été renouvelé en 2017 pour venir en aide aux enfants et adolescents à risque. Son but : soutenir la poursuite de l'apprentissage afin de garantir le développement de connaissances, des compétences et de foi en l'avenir. Le taux de réussite global du programme a été estimé à 80%, bénéficiant de manière égale aux garçons et aux filles. L'ouverture de ces voies d'éducation non-formelle est au centre des préoccupations de l'UNESCO dans la région depuis 2015, dans le cadre de ses efforts pour améliorer la qualité de l'éducation, ainsi que la rétention et la transition scolaire. En plus de couvrir les frais de scolarité, afin d’alléger le fardeau financier pour les familles, l'UNESCO travaille à l'expansion de l'éducation nonformelle certifiée, de l'équivalence et d'autres programmes agréés, afin d’assimiler les élèves dans les systèmes éducatifs de leurs pays d'accueil.

Million

Les étudiants ont ainsi la possibilité de se rendre dans des centres communautaires, dans un environnement sécurisé, tout en travaillant à franchir les étapes scolaires nécessaires à leur entrée dans les écoles du pays d'accueil.

Cette initiative, à court et à long terme, sera adaptée aux besoins et aux objectifs de la jeunesse syrienne, dans une approche holistique de l'éducation dans le pays. Conformément à la stratégie Éducation 2030, l'UNESCO se tiendra au fait des progrès grâce à des procédures d'évaluation telles que le Système d’Information pour la Gestion de l’Éducation (SIGE) et les indicateurs de qualité comme les taux de transition et d'abandon.

Contacts des coordinateurs :

Mme Yayoi Segi-Vltchek : [email protected] Mme Kerstin Holst : [email protected] Pour plus d’informations concernant le Cadre stratégique de l'UNESCO pour l'éducation dans les situations d'urgence dans la région arabe, cliquez ici.