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4 oct. 2017 - réactions sur les réseaux sociaux et un vif émoi auprès de nos associations. Premièrement, le titre de votre édito « Doigté et fermeté face à l'islam ... chiffres que vous avancez de plusieurs milliers discrédite complètement votre journaliste et ceux qui ont laissé publier de telles inepties. Nous sommes bien ...
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Quand le journal L’Echo se fait l’écho de l’islamophobie qui porte gravement atteinte à la dignité des personnes musulmanes Monsieur le rédacteur en chef du Journal L’Écho, Monsieur Joan Condijts ([email protected]), Nos associations, le Collectif contre l’Islamophobie en Belgique (CCIB) et le Mouvement contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Xénophobie (MRAX), ont pris connaissance de l’édito de votre confrère, Monsieur Jean-Paul Bombaerts, intitulé « Doigté et fermeté face à l’islam » dans votre édition du journal L’Écho du 4 octobre 2017. Nous avons été interpellés par de nombreux citoyens et votre édito a suscité de très nombreuses réactions sur les réseaux sociaux et un vif émoi auprès de nos associations. Premièrement, le titre de votre édito « Doigté et fermeté face à l’islam » montre d’emblée une grande confusion. Votre confrère ne parle pas de dérive ou d’une partie de l’islam, mais bien de l’islam. Par une telle affirmation, il ne propose ni plus ni moins qu’un traitement spécifique et différencié à la deuxième religion de notre pays. On peut lire notamment dans cet édito : « Car ne nous y trompons pas, l’islam est bel et bien une religion conquérante dont les adeptes ne sont pas tous des enfants de chœur », c’est-àdire que d’après ses propos, votre journal ne vise pas une tendance au sein de l’islam, il ne vise pas l’« islamisme radical » ou l’« extrémisme », mais bien la religion musulmane, elle-même, dans son entier. Cette religion serait par sa nature même, intrinsèquement dangereuse, car cherchant à prendre le contrôle du pays de par son caractère conquérant. D’ailleurs, toujours d’après cet édito, cette religion disposerait d’adeptes qui ne sont pas des enfants de chœur, donc qui implicitement pourraient utiliser pour concrétiser cet esprit de conquête des moyens « non conventionnels ». Dans cette dimension conquérante, les adeptes de cette religion disposeraient de 300 lieux de cultes reconnus ou officiels et de milliers (!) de lieux de culte « qui seraient sous le radar », c’est-à-dire clandestins, ce qui renvoie à une rhétorique de dissimulation, voire de stratégie à caractère subversif. De plus, d’après vos « statistiques », la très grande majorité des musulmans fréquenteraient ces lieux de culte à caractère opaque ou clandestin. Cela relève du délire. Les chiffres que vous avancez de plusieurs milliers discrédite complètement votre journaliste et ceux qui ont laissé publier de telles inepties. Nous sommes bien face à une stigmatisation grave d’une majorité de musulmans. Pour rappel, le CSA a récemment sanctionné une publicité parce qu’il estimait qu’elle véhiculait des stéréotypes d’une gravité suffisante pour porter atteinte au respect de l’égalité entre les femmes et les hommes. Il est urgent que votre comité éditorial puisse prendre véritablement conscience

du rôle qu’il joue dans la propagation ou la déconstruction des stéréotypes islamophobes et xénophobes. Il ne s’agit d’aucune manière de remettre en cause votre liberté d’expression qui est essentielle – surtout pour la presse – dans une société démocratique, mais l’incitation à l’hostilité vis-à-vis d’un groupe, du fait de sa religion, de son genre, de son orientation sexuelle (homophobie), de sa supposée race ou ethnie est une infraction pénale. Votre édito, après analyse, constitue une incitation manifeste à la défiance et à l’hostilité à l’égard d’un groupe du fait de son appartenance religieuse et constitue par conséquent une infraction à la loi à caractère islamophobe. À la lecture de votre édito, nous avons été tout simplement consternés par ce qui a été publié. Un tel édito respecte-t-il la ligne éditoriale d'un journal réputé comme l'Écho ? Nous envisageons de réaliser un signalement auprès d’Unia et du Conseil de Déontologie Journalistique. En effet, votre journal s’adresse à un public de cadres et/ou d’indépendants qui par la force des choses, exercent des responsabilités dans la société, notamment dans les entreprises, ce qui peut accroître le phénomène de discriminations à l’embauche et de méfiance vis-à-vis du personnel de confession ou de culture musulmane, phénomène déjà étayé par différentes études. Dans votre article, pour d’une certaine manière vous prémunir de la critique, vous prétendez dans vos assertions que ces personnes « adoptent volontiers une position victimaire ». Ces propos sont aussi graves et montrent une forme de déni de la réalité. Vous comprendrez que, dans un contexte de montée du populisme, du nationalisme et des idéologies extrémistes, notamment d’extrême-droite, ces propos sont graves, ont un impact conséquent tant sur vos lecteurs que sur les personnes visées et ne peuvent rester sans réponse. Nous souhaitons donc vous alerter sur la gravité de ces propos. Néanmoins, nous souhaiterions, dans un esprit de dialogue, recueillir votre point de vue, et voir comment vous comptez réagir en conséquence. Dans l’attente d’une réaction appropriée à la mesure de la gravité de ces propos, et dans l’attente de votre réponse, nous vous adressons, monsieur le Rédacteur en chef, nos salutations distinguées.

Mustapha Chairi, Président du CCIB Carlo Crespo, Président du MRAX